Les bols et les boîtes en plastique hermétiques de Tupperware n’ont pas dit leur dernier mot. Mardi, le groupe américain a annoncé avoir trouvé un accord avec ses créanciers, à la suite de négociations au tribunal de commerce de Wilmington, dans le Delaware. Tupperware, qui s’était placé sous la protection du régime des faillites à la mi-septembre, échappe ainsi à une liquidation.
Ce groupe de créanciers a accepté de renoncer à 63,8 millions de dollars de dettes (sur 818 millions de dettes au total) et de payer 23,5 millions de dollars en cash pour acheter la marque et une partie des opérations. Les fonds d’investissement Alden Global Capital, Stonehill Institutional Partners et des courtiers de Bank of America sont signataires de l’accord.
Entre les créanciers, la dispute s’était envenimée en septembre. Les détenteurs de 460 millions de dettes exigeaient de l’entreprise qu’elle cesse de dépenser de l’argent pour se réorganiser et qu’elle soit vendue à la découpe, afin de récupérer une partie de leur mise. Il a fallu toute la diplomatie et l’expérience du juge Shannon pour trouver un terrain d’entente.
Dans cette opération, la partie cash a été ajoutée afin d’apaiser les créanciers non acheteurs qui voulaient bénéficier, eux aussi, de la cession. Elle permettra de commencer à rembourser le reste de la dette. L’accord trouvé ce mardi doit être finalisé la semaine prochaine et recevoir officiellement l’accord du tribunal.
Plastique pas chic
Tupperware n’est pas encore tiré d’affaire. Tout reste à construire pour ressusciter une entreprise qui a vu sa valeur boursière dégringoler de 5 milliards de dollars en 2013 à moins de 2 millions aujourd’hui. La « marchandise de Tupper », du nom d’Earl Tupper, qui a mis au point et commercialisé la fameuse boîte ronde en 1942, n’a plus la cote dans les foyers.
A l’origine, le groupe de Floride a eu du succès grâce à son modèle original de distribution en vente directe. Les ménagères des années 1950 à 1970 ont constitué la force de vente de la marque, en organisant des « réunions Tupperware » à leur domicile, et en vendant les boîtes, révolutionnaires à l’époque, à d’autres femmes au foyer.
Mais cette méthode commerciale est tombée en désuétude en même temps que le modèle familial. Et le plastique a perdu de son chic – il est polluant et considéré comme potentiellement toxique dans l’alimentation. Tupperware est entré tardivement dans les supermarchés. Aux Etats-Unis, il a fait son apparition dans les chaînes Target en 2022. La dernière usine américaine du groupe, située en Caroline du Sud, a fermé cette année.
Tupperware, qui était déjà menacé d’un dépôt de bilan à la veille du Covid, a bénéficié d’un sursis en obtenant un refinancement fin 2021. En 2020, le titre est un moment devenu un « meme stock », soutenu par une meute de petits actionnaires, à l’instar de GameStop. La chute n’en est que plus dure.
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