La Banque Postale choisit de céder KissKissBankBank par petits bouts. Le groupe bancaire vient en effet d’annoncer la vente de Lendopolis, une plateforme de financement participatif spécialisée dans la transition écologique, à son concurrent direct, Lendosphere. Il s’agit de la première étape dans la revente de KissKissBankbank et de l’ensemble de ses filiales (à l’exception de Microdon).
La plateforme Lendopolis n’a « pas été épargnée par le contexte économique difficile, sur fond d’inflation et de hausse historique des taux d’intérêt qui ont fragilisé son modèle en matière de marge », explique La Banque Postale, interrogée par « Les Echos ». « Son modèle économique à marge faible et sur des cycles de vente long nécessiterait un fort investissement pour assurer sa pérennité et sa croissance », poursuit la banque. Concernant la séparation de KissKissBankBank de sa filiale, « les synergies économiques étaient limitées, les séparer n’était pas un sujet », confie un proche du dossier.
Pour l’heure, la banque publique ne donne pas plus de détails concernant la cession de KissKissBankBank – qui avait été racheté en 2017 , en plein boum du marché du crowdfunding – et de ses filiales, à savoir Goodeed (régie publicitaire solidaire) et Youmatter (média et formation RSE). Une revue stratégique est cependant toujours en cours, indique la banque, dans le cadre de son « plan de transformation » et le « recentrage de ses activités bancaires ». C’est notamment la mission du nouveau patron de La Banque Postale, Stéphane Dedeyan, nommé officiellement au printemps, après le départ de Philippe Heim.
Nouveau leader européen
Les détails financiers de l’opération réalisée avec Lendosphere n’ont pas été communiqués. La plateforme de Lendopolis, sa marque et ses équipes seront maintenues. Tout comme les contrats d’apporteur d’affaires qui lient l’entreprise de 13 personnes à La Banque Postale. Autrement dit, les offres d’investissement de Lendopolis resteront accessibles aux clients bancaires et patrimoniaux de la banque, via le réseau des bureaux de postes et de sa banque privée.
« Cette cession permet de maintenir l’impact sociétal de cette activité et de consolider la valeur créée », souligne La Banque Postale. Avec Lendosphere – détenu par le fonds d’investissement 123 IM -, le nouvel ensemble a de quoi s’imposer comme l’un des leaders européens du financement participatif pour des projets d’énergies renouvelables. Ensemble, les deux entreprises représentent un total de 600 millions d’euros de financements réalisés (330 millions pour Lendosphere, 300 millions pour Lendopolis) et près de 100.000 investisseurs inscrits sur l’une des deux plateformes.
« C’est une opération transformante pour Lendosphere, explique Laure Verhaeghe, cofondatrice de la plateforme. Nous doublons de volume et nous bénéficions d’un réseau de distribution (les agences de La Banque Postale, NDLR) très complémentaire du nôtre. » Spécialisé dès l’origine sur les énergies renouvelables, Lendosphere assure être rentable depuis sa création et enregistrer une « croissance à deux chiffres » chaque année. De son côté, créé en 2014 par les fondateurs de KissKissBankBank, Lendopolis a basculé exclusivement sur le financement des énergies renouvelable en 2019 ce qui lui a permis de réduire à zéro son taux de défaut. La plateforme assure qu’elle devrait atteindre la rentabilité cette année.
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