Le distributeur nordiste a divisé par deux son résultat net en 2017. Mais il reste dans le vert, grâce notamment à sa filiale chinoise.

« Nos résultats ne sont pas excellents, mais nous nous rassurons en regardant ceux de nos concurrents », glisse discrètement un dirigeant d’Auchan Holding. Le distributeur nordiste a publié vendredi des résultats en forte baisse. L’excédent brut d’exploitation (Ebitda) du groupe qui comprend, outre les magasins éponymes, la banque Oney et la foncière Immochan a baissé en 2017 de 8 %, à 2,4 milliards d’euros (dont 426 millions apportés par Immochan). L’Ebitda de la branche « retail », l’essentiel de l’activité avec 52 milliards de chiffre d’affaires sur 53, a lui plongé de 12 %, à 1,9 milliard. Le résultat des magasins français chute, lui, de 29 %.

Quant au résultat net part du groupe, il est divisé par deux, à 275 millions d’euros, en raison de 173 millions de charges exceptionnelles, liées pour 118 millions à la dépréciation des actifs italiens. Il demeure toutefois largement positif contrairement à celui de Carrefour qui vient de publier un déficit de 531 millions d’euros, en dépréciant de 700 millions sa filiale italienne.

Baisse de la pression promotionnelle

« Nous sommes en difficulté en France et en Russie  », reconnaît Wilhelm Hubner, directeur général d’Auchan Retail. « La crise du pouvoir d’achat a connu une forte dégradation en Russie en 2017 », précise celui qui connaît bien le marché pour avoir longtemps dirigé la filiale russe. L’Europe de l’Est représente 19 % des ventes d’Auchan, qui ne donne pas le détail par pays.

L’enseigne recule pour la cinquième année consécutive en France. Les ventes ont perdu 0,6 %, pénalisées par la baisse des hypermarchés aux prises avec la concurrence féroce de Leclerc ou Casino et des spécialistes d’e-commerce, Amazon en tête, dans les rayons non alimentaires. « Nous avons voulu diminuer nos efforts promotionnels et nous sommes allés trop loin dans ce sens », constate le directeur général, au moment où les concurrents ont, au contraire, poussé les feux des prix barrés.

Un nouveau concept

Wilhelm Hubner confirme attendre une inversion de la tendance des ventes des hypermarchés « au second semestre 2018  ». Il annonce surtout pour 2019 un nouveau concept d’hypermarché. « On dévoilera la grande surface alimentaire de demain au printemps », affirme celui qui refuse de réduire la surface – comme le font Casino et Carrefour – de ses usines à vendre. L’accent sera mis sur les produits frais, les rayons dits à service (boucherie, poissonnerie, etc.), le non-alimentaire, avec des marques propres relancées, mais aussi sur les animations. Les grands magasins pourront aussi servir de plates-formes de préparation de commandes sur Internet.

C’est en tout cas ce que prévoit de faire  Auchan en Chine avec Alibaba , désormais coactionnaire de la filiale Sun Art. La livraison en une heure des 600 millions de clients situés aux alentours des quelque 500 hypers RT-Mart ou Auchan est la priorité de la société. Celle-ci a vu son chiffre d’affaires progresser légèrement, de 1,9 % en 2017 (signe du poids de l’e-commerce chinois dans l’univers des produits de grande consommation), pour un résultat opérationnel lui en forte progression de 15 %.

Le sens de l’histoire de la consommation pousse tout de même le distributeur fondé par Gérard Mulliez à ne plus ouvrir, ou presque, que des magasins de proximité nettement plus petits que les hypermarchés. L’an passé,  les supermarchés ont trusté 84 % des 186 ouvertures.

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