La nouvelle enseigne « Nous » située près de Rennes vend à prix cassés des articles refusés par la grande distribution. Un concept qui doit faire ses preuves…
 
 
Le concept est osé et plutôt dans l’air du temps : vendre à prix cassés des articles refusés par la grande distribution. Inauguré le 4 mai à deux pas d’un Super U dans la commune de Melesse près de Rennes, Nous est un magasin qui propose tous les produits que les supermarchés traditionnels ne veulent pas. Un emballage abimé ou qui présente une erreur d’information, un délai légal de consommation trop court, des petits défauts physiques, un retard de livraison dans la grande surface où il devait être livré, un article remplacé par une nouvelle référence… Tous ces produits se retrouvent dans les rayons de Nous…
 
Imaginée par deux Parisiens, Charles Lottmann et Vincent Justin, cette enseigne est le fruit d’un triste bilan : chaque année, dix millions de tonnes de nourriture sont jetées en France. Près de 10% de la production est écartée des réseaux conventionnels de distribution alors qu’il s’agit de produits parfaitement consommables. Le gaspillage est également responsable de 3% de l’ensemble des émissions carbone dans l’hexagone, un chiffre cinq fois supérieur à celui du trafic aérien intérieur. Face à ce constat, Nous est né.
 
 
Une économie mensuelle de 200 euros pour une famille
 
Cet ancien étudiant de l’Essec qui a travaillé dans la finance s’est ensuite spécialisé dans le développement durable en rejoignant les Gueules cassées. « C’est une initiative qui a été lancée pour ne plus jeter tous les fruits et légumes considérés comme mal calibrés par les grandes surfaces », expliquait l’entrepreneur dans un entretien accordé au quotidien régional Ouest France « J’ai beaucoup parlé avec les producteurs, les distributeurs, les fabricants. J’ai dû en rencontrer plus de 500 dans toute la France. Je me suis rendu compte que des millions de produits alimentaires étaient mis à la poubelle alors qu’ils sont bons à la consommation ».
 
Pour autant, l’enseigne qu’il a créée n’est pas une association caritative. Son objectif est clairement de dégager des bénéfices. L’épicerie rachète les articles aux producteurs à 70 % de leur prix initial et les revend en magasin 30 % moins cher qu’en supermarché. Le modèle est gagnant-gagnant-gagnant. Les agriculteurs et les industriels dégagent des recettes sur des articles qui devaient passer à la poubelle. Les consommateurs achètent des produits irréprochables à prix cassés. Une famille de quatre personnes pourrait ainsi économiser près de 200 euros par mois en faisant ses courses chez Nous. Le distributeur compte, lui, dégager des profits en vendant des références dont personne ne veut.
 
 
La Bretagne, un choix logique
 
Le choix d’ouvrir le premier magasin près de Rennes n’est pas innocent. « La Bretagne est la première région agricole et agroalimentaire », précise Charles Lottmann « Des études sociologiques démontrent que les Bretons sont particulièrement sensibles au développement durable et à la lutte contre le gaspillage. Melesse est juste à côté de Rennes, c’est une commune qui a des actions fortes pour atteindre zéro déchet. On s’implante près d’autres commerçants car nous sommes complémentaires ». 
 
L’enseigne dépend toutefois de la bonne volonté de ses fournisseurs « C’est vrai qu’il y a beaucoup d’aléas », reconnaît le jeune start-upper dans un entretien accordé au Télégramme. « Ce qui est important pour maintenir l’offre, c’est d’avoir suffisamment de contacts ». L’homme d’affaires en a, pour l’instant, 150. Son ambition est d’inaugurer dans les prochains mois deux autres magasins en Bretagne. A terme, Nous souhaite devenir une franchise dans l’ouest de la France, même s le succès de cette initiative n’est toutefois pas garanti.

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