« Imaginez un pays où l’Etat n’a pas le droit de demander deux fois dans une vie la même information au citoyen. Imaginez un pays où toutes les démarches se font en ligne avec une carte unique – sauf le mariage, le divorce et les achats immobiliers (par choix et pour l’instant). Imaginez un pays où vous pouvez voter du fond de votre canapé en quelques minutes, souscrire un emprunt sans sortir de chez vous. » Dans leur essai Demain, tous estoniens ?, publié récemment aux éditions Cent Mille Milliards, Violaine Champetier de Ribes (fondatrice de l’agence de stratégie d’influence Le Meunier Qui Dort et secrétaire générale de l’association France-Estonie), et Jean Spiri (directeur recherche et développement du think tank Atelier Europe et spécialiste de l’intégration européenne) dressent le portrait du « paradis administratif » que constitue selon eux l’Estonie.

Coincé entre l’Europe de l’Est et celle du Nord, le pays était classé « première société numérique au monde » par le magazine Wired en 2017, et détient l’un des plus hauts taux européens de start-ups par habitant (avec Skype comme fer de lance et déjà quatre « licornes », ces entreprises dont la valeur dépasse le milliard de dollars). L’Etat n’est pas en reste : depuis 2014, son projet d’« e-résidence » permet à des personnes du monde entier de bénéficier d’une identité numérique leur permettant d’accéder à différents services numériques : création d’entreprise, services bancaires… En 2017, l’Etat estonien a même décidé d’ouvrir au Luxembourg la première « e-ambassade » pour y conserver les données de ses citoyens en cas d’invasion. Nous avons interrogé les deux auteurs du livre sur ce « modèle d’Etat-nation à l’ère numérique », et ce qu’il dit de notre propre retard par rapport aux grandes entreprises de la Silicon Valley.

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