Quand bien même le boom attendu des voitures électriques surpasserait toutes les espérances, celles-ci seraient très loin de garantir une moindre pollution. En Chine, la politique très volontariste en faveur des électriques a même conduit à une augmentation des émissions de CO2. Une étude publiée en avril dans la revue Nature Energy expliquait que les voitures électriques avaient tendance à être rechargées pendant les heures « pleines », c’est-à-dire en plein pic de consommation. Ce qui entraînait un surplus d’activité des centrales à charbon et générait d’autant plus de gaz à effet de serre. En d’autres termes, électrifier les transports ne sert à rien si la production primaire d’énergie qui les alimente continue d’avoir recours aux énergies fossiles.
Mais les voitures électriques ne consomment pas de l’énergie uniquement lorsqu’on les recharge. L’énergie nécessaire à leur fabrication est également considérable. Du fait des nombreux métaux nécessaires à sa batterie, qu’il faut extraire du sol, acheminer, transformer, la voiture électrique nécessiterait 3 à 4 fois plus d’énergie qu’une voiture à essence pour être fabriquée, avance Guillaume Pitron, journaliste auteur du livre-enquête La guerre des métaux rares (Les liens qui libères, 2018). « Durant leur cycle de vie, les voitures électriques peuvent générer les trois quarts des émissions d’une voiture carburant au pétrole », nous assurait l’auteur en mars.
Une autre étude est moins sévère. Les travaux de l’université VUB de Bruxelles, réalisés pour l’ONG Transport & Environment, estiment que l’allongement de la durée de vie des batteries et l’amélioration des technologies disponibles, ainsi que de l’énergie primaire utilisée, réduisent considérablement la note. Une voiture électrique n’émettrait ainsi que 25 % de CO2 de moins qu’un véhicule diesel en Pologne, pays où l’électricité dépend énormément du charbon, mais 80 % de moins en France, où la recharge est essentiellement fournit par l’énergie nucléaire. Nous sommes malgré tout encore loin de la promesse de véhicules « zéro émission ».
Les électriques épuisent les métaux rares
C’est l’autre facette qui écorne l’image de technologie « durable » des voitures électriques. Les batteries lithium-ion qui les propulsent sont bourrées de « métaux rares », ces métaux présents ou accessibles en quantité limitées sur Terre et dont Guillaume Pitron démontre le risque d’épuisement dans les décennies à venir. Nickel, cobalt, aluminum, manganèse, graphite… Les voitures électriques consommeraient deux fois plus de métaux rares que les voitures à essence, avance le journaliste. Or, les réserves rentables de nickel seront par exemple épuisées dans 35 ans, voire 13 ans si un boom de la production intervient. Le cobalt, de même, n’en aurait plus que pour 22 à 57 ans.
Concernant le coeur des batteries, le lithium, les réserves ne seraient pas un problème, à en croire une étude de l’IFP Energies nouvelles parue en septembre sur le sujet. « Ce ne sont pas les ressources géologiques qui seront limitantes, elles sont gigantesques et on va en trouver d’autres. Il y a notamment le lithium de l’océan », nous assure Emmanuel Hache, économiste-prospectiviste à l’IFP énergies nouvelles.
Sourced through Scoop.it from: usbeketrica.com
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