On croyait les conglomérats condamnés. On se trompait. Ils sont juste en train de changer de forme. A l’heure du déclin de General Electric, de nombreux experts et encore plus d’investisseurs semblent convaincus que les groupes qui se voulaient des touches à tout actifs dans plein de métiers différents n’ayant pas toujours de liens entre eux ne sont plus pertinents. Pour gagner dans les affaires, la mode est au « pure player », une entreprise centrée sur un métier. Mieux vaut faire très bien quelque chose que pas trop mal plein de choses. Mieux vaut que le management soit focalisé sur une activité et quelques prises de décisions stratégiques plutôt qu’il soit sans arrêt en train de gérer des problèmes d’allocations d’actifs et de ressources.
En se diversifiant dans les services de vidéo à la demande, de télévision payante et de kiosque numérique, après s’être lancé dans la musique, Apple emprunte pourtant une autre voie. La firme à la pomme aurait pu se contenter d’être un distributeur de produits imaginés par d’autres. Il a décidé de remonter dans la logique d’intégration verticale pour devenir lui-même producteur de contenus. Il ne va pas simplement se rémunérer en prélevant des commissions, il veut facturer ses clients pour un service qu’il maîtrise totalement. Apple qui n’était au départ qu’un industriel combinant avec talent des compétences dans le « hard » (le matériel comme les Mac, les iPhones ou iPad) et le « soft » (ses logiciels), bascule à son tour dans le monde de l’abonnement et de la vente de services qu’il conçoit.
Cette diversification est a priori logique . D’abord parce qu’Apple dispose d’une base de clients colossale. Plus de 900 millions de personnes utilisent un iPhone (1,4 milliard de personnes en incluant tablettes et ordinateurs). Même s’il n’arrivait à vendre qu’un petit service en plus tous les mois à une bonne partie de sa base, la firme pourrait générer d’importants revenus. Surtout que la logique de l’abonnement a ceci de vertueux qu’un client utilisant plusieurs services fournis par une même entreprise a tendance à être plus fidèle. L’objectif d’Apple n’est de ce fait pas aujourd’hui de voler tous les clients de Netflix mais de chercher à fidéliser et à mieux rentabiliser ses clients actuels.
Uber, Airbnb, Amazon, Google, Facebook ou même un BlaBlacar qui se lance dans les bus longue distance , cherchent tous aussi à élargir leur offre pour mieux valoriser leurs clients et les datas qu’ils sont capables d’en extraire. A leur manière les nouveaux champions du digital sont nos nouveaux conglomérats. Il y a toutefois fort à parier que certains pousseront trop loin leur diversification et que le marché les incitera à revenir à leurs fondamentaux.
Sourced through Scoop.it from: www.lesechos.fr
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