L’avènement des néo-banques n’a pourtant en soi rien de vraiment surprenant. Depuis quelques années déjà, la tendance est à la dématérialisation dans ce secteur, avec des clients qui gèrent désormais en grande majorité leurs comptes en ligne pour les opérations courantes : virements, commandes de chéquiers, suivi des mouvements sur leurs comptes…

Conséquence : les réseaux physiques des principales banques françaises se résorbent progressivement ou se réorganisent autour d’agences de plus en plus automatisées et digitalisées. Rendre visite à son conseiller devient exceptionnel et sert bien souvent à obtenir un prêt bancaire ou à échanger sur des placements spécifiques.

Autre aspect favorisant l’arrivée de ces nouveaux acteurs : les évolutions législatives. La loi Macron , entrée en vigueur en février 2017, facilite déjà le changement de banque, puisque c’est le nouvel établissement qui se charge d’effectuer toutes les démarches à la place du client.

Mais, surtout, la directive européenne sur les services de paiement, initiée en 2007, s’apprête à être renforcée par le biais d’une nouvelle directive, connue sous le nom de DSP2 , qui permettra à des acteurs non bancaires d’accéder, dès 2018, aux comptes de clients consentants pour réaliser directement des opérations financières.

Développer un écosystème de services

Dans ce contexte, les banques traditionnelles sont sommées de réagir, au risque d’assister en simples spectatrices à ce grand bouleversement. Contrairement à une idée reçue, elles sont déjà en ordre de bataille.

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Leur stratégie consiste notamment à acquérir des FinTech pour développer de nouveaux services à valeur ajoutée pour leurs clients. Certaines mettent ainsi la main sur des plates-formes de gestion budgétaire. C’est le cas du Crédit Agricole, entré au capital de Linxo , une application de gestion de son budget et de ses comptes bancaires, ou de la BNP, qui a racheté Nickel , permettant d’ouvrir un compte en 5 minutes chez son buraliste.

Il s’agit désormais pour elles de construire un écosystème de services, intégrant la bancarisation classique, sans s’y limiter. Il leur faut donc voir plus grand, plus loin, et élargir leur périmètre d’intervention.

Les banques traditionnelles conservent l’avantage

Pour tous les acteurs traditionnels, l’objectif est ainsi de proposer une expérience simplifiée, mais aussi enrichie. Ils doivent également adopter des stratégies d’engagement plus innovantes et sortir de leur schéma habituel de relation client pour se projeter dans ces nouveaux usages.

D’autant qu’ils ont tout à gagner dans cette révolution digitale et conservent un avantage fondamental sur les nouveaux entrants  : un fort pouvoir d’investissement, leur permettant de développer des programmes de fidélisation et des services à valeur ajoutée.

Cela sera-t-il suffisant pour faire la différence ? Une chose est sûre : le monde change, la banque aussi et ce qui prévalait il y a 20 ans, à savoir que l’on restait toute sa vie dans le même établissement, est définitivement révolu.

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