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Opinion | Lutter contre la pollution plastique, maintenant ou jamais !

À travers le monde, près d'un million de bouteilles en plastique sont vendues chaque minute. Depuis 2015, ce sont plus de 6,9 milliards de tonnes de déchets plastiques qui ont été produites, dont 9 % ont été recyclées, 12 % ont été incinérées et 79 % ont été accumulées dans des décharges ou dans la nature. Les plastiques représentent 85 % des déchets dans les mers et les océans. Ces chiffres, au-delà d'être alarmants, appellent à une réaction concertée d'ampleur de la part de la communauté internationale pour lutter contre la pollution plastique dans le monde et préserver les milieux marins. Un texte revu à la baisse Alors qu'ont lieu les négociations de la dernière chance à Busan (Corée du Sud) pendant la cinquième - et dernière - session de négociations du Traité mondial contre la pollution plastique, la France doit se mobiliser pour obtenir un traité aussi ambitieux dans ses exigences que contraignant dans ses provisions pour apporter une réponse efficace à la hauteur des enjeux. Le plastique représente une menace environnementale et de santé publique majeure qui ne peut plus être ignorée. LIRE AUSSI : ZOOM - Le plastique, un poison pour l'homme Il est urgent et indispensable que notre société accélère les analyses de l'évaluation des risques liés au plastique et prenne les mesures nécessaires, en se référant notamment au principe de précaution. Et pourtant, alors que la pollution plastique est en constante augmentation, depuis le début des négociations, le texte du traité a été revu à la baisse. Aujourd'hui, ces négociations se jouent davantage entre pays préoccupés par la préservation d'intérêts politiques et économiques qu'entre nations engagées pour la préservation de notre planète, prenant ainsi en otage l'humanité tout entière. Nous regrettons d'ailleurs le manque de représentation de la société civile dans ces négociations. Fausses bonnes idées Nous mettons en garde contre les fausses bonnes idées qui pourraient irriguer le texte du traité en cas de statu quo. Si le recyclage fait partie de la solution, il ne suffit pas. Seuls 9 % des produits plastiques fabriqués à travers le monde sont recyclés et tous les plastiques ne sont pas recyclables. Il faut aller plus loin et être plus exigeant ! Pour cela, nous appelons notamment à inscrire l'interdiction de principe des plastiques à usage unique d'ici 2040 dans le traité. Cessons de cultiver l'illusion confortable selon laquelle le recyclage pourra résoudre à lui seul le problème de pollution plastique et de production de déchets plastiques. Pour réduire la pollution plastique, c'est l'entièreté du cycle de vie qui doit être prise en compte. Il faut inclure dans le traité la notion « d'empreinte plastique » similaire à celle d'empreinte carbone. Elle permettra de mesurer et d'évaluer l'impact réel des produits fabriqués en plastique. LIRE AUSSI : EN CHIFFRES - Où produit-on le plus de plastique dans le monde ? CHRONIQUE - De l'utilité d'un « GIEC » du plastique ! Enfin, et surtout, il faut s'assurer de l'efficacité du traité, pour ne pas aboutir à une énième contrainte réglementaire non respectée, non appliquée voire décriée. Pour cela, nous souhaitons un traité international de type convention spécifique assortie d'annexes techniques. Ce type de texte permettra de s'entendre sur des objectifs précis au sein du traité et de le faire évoluer de façon souple grâce à ses annexes techniques. Alors que l'impact des activités humaines sur le changement climatique n'a jamais été aussi évident, que la récente élection américaine semble inaugurer un recul des engagements environnementaux internationaux, la France, qui fait partie de la Coalition pour la Haute ambition pour ce trait, a un rôle de leader à jouer. Nous appelons de nos voeux qu'elle se saisisse pleinement de cette dernière chance pour obtenir un texte réellement protecteur de notre planète et de ses citoyens. Nathalie Van Den Broeck est présidente de Surfrider Foundation Europe, rapporteure de l'avis du Conseil économique social et environnemental sur le Traité international sur la pollution par les plastiques. Sabine Roux de Bézieux est présidente de la Fondation de la mer, rapporteure de l'avis du Conseil économique social et environnemental sur le Traité international sur la pollution par les plastiques.

By |2024-12-03T17:17:39+00:00December 3rd, 2024|Scoop.it|0 Comments

La France évincée du Sahel après la décision du Tchad de rompre les accords de défense

Bientôt la fin définitive de la présence française au Sahel ? Le Tchad, dernier pays sahélien à abriter des forces tricolores et maillon clef de la présence militaire française en Afrique, a annoncé jeudi soir mettre fin aux accords de sécurité et de défense avec Paris, une annonce survenue quelques heures après une visite du chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot. « La France est un partenaire essentiel mais elle doit aussi considérer désormais que le Tchad a grandi, a mûri et que le Tchad est un Etat souverain et très jaloux de sa souveraineté », avait relevé un peu plus tôt le ministre des Affaires étrangères tchadien, Abderaman Koulamallah, à l'issue une rencontre entre le président Mahamat Idriss Déby Itno et Jean-Noël Barrot . Ce dernier, arrivé jeudi soir en Ethiopie, n'était pas immédiatement joignable pour réagir à cette information, tout comme le ministère français des Armées. « Pas une rupture » En mai dernier se sont achevées à N'Djamena trois années de transition avec l'élection de Mahamat Idriss Déby Itno , porté au pouvoir par une junte militaire après la mort de son père Idriss Déby tué par des rebelles au front. Menacé par des offensives rebelles, Déby père avait pu compter sur l'appui de l'armée française pour repousser celles-ci en 2008 puis en 2019. LIRE AUSSI : ENQUÊTE - Les banques françaises désertent l'Afrique OPINION - Une « gueule de bois » entre la France et l'Afrique, vraiment ? « Ce n'est pas une rupture avec la France comme le Niger ou ailleurs », a assuré à l'AFP Abderaman Koulamallah, joint par téléphone, dont le pays abrite encore environ un millier de militaires français , constituant le dernier point d'ancrage de Paris au Sahel après les retraits forcés de ses troupes au Mali, au Burkina Faso et au Niger. « Le Tchad, conformément aux dispositions de l'accord, s'engage à respecter les modalités prévues pour sa résiliation, y compris le délai de préavis », précise le communiqué ministériel, qui n'évoque pas de date de retrait des troupes françaises. La décision a été « prise après une analyse approfondie » et marque un « tournant historique », a souligné le chef de la diplomatie du Tchad dans son communiqué. « Après 66 ans de la proclamation de la république du Tchad, il est temps pour le Tchad d'affirmer sa souveraineté pleine et entière, et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon les priorités nationales », a-t-il ajouté, assurant que la visite de Jean-Noël Barrot avait par ailleurs permis de renforcer les relations bilatérales « à tous les niveaux ». Un soldat Français de la force Barkhane patrouille dans les rues de Faya-Largeau dans le nord du Tchad le 2 juin 2022.AFP Seulement 200 militaires français en base permanente à terme en Afrique Une réduction en peau de chagrin mais qui ne chagrine pas tous les Africains. La présence militaire française, qui apporte un soutien en logistique, formation et appui des forces locales pour certaines opérations de combat mais sert aussi à protéger des intérêts économiques et les ressortissants vivant sur place, s'est réduite drastiquement ces dernières années, au fil des expulsions par des régimes putschistes. Ceux-ci n'appréciant pas les admonestations de Paris sur l'Etat de droit et le respect des Droits de l'Homme, ou simplement par volonté, au demeurant légitime, d'afficher souveraineté et capacité à se défendre seul. Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a ainsi déclaré que la souveraineté de son pays était « incompatible avec la présence durable de bases militaires étrangères ». Résultat, la France ne conserve plus que cinq bases militaires permanentes dans ce continent dont jadis, grosso modo, un tiers était constitué de ses colonies ; au Gabon, avec 350 militaires, des effectifs équivalents au Sénégal, près de 600 en Côte d'Ivoire et 1.000 au Tchad, où la dénonciation de l'accord de coopération devrait, normalement, faire tomber les effectifs à zéro, et enfin 1.500 à Djibouti. Des effectifs (non compris ceux engagés sous mandat de mission internationale, essentiellement l'ONU) relativement stables depuis des décennies, contrastant avec le « redéploiement » - en clair le retrait - imposé par les régimes putschistes du Mali, du Burkina Faso et du Niger. 2 militaires Français sur la base de N'Djamena au Tchad le 13 novembre 2007.Thomas Coex/AFP Point d'appui clé Ce dernier, avec jusqu'à 1.500 militaires à Niamey, était pourtant considéré comme le point d'appui clé de la France notamment pour lutter contre les djihadistes au Sahel. Au Mali, la lutte contre, précisément, des djihadistes qui s'apprêtaient prendre Bamako début 2013, avait imposé le déploiement de jusqu'à 3.000 militaires français. La France a dû aussi quitter la République centrafricaine. Un rapport au président Macron de son envoyé spécial en Afrique, Jean-Marie Bockel, et qui a récemment « fuité », préconise d'ailleurs de réduire ces effectifs à 100 militaires au Gabon, tout comme en Côte d'Ivoire et au Sénégal, ainsi que 300 au Tchad (une préconisation qui semble désormais obsolète pour ce dernier pays), voire le Sénégal. Soit un total, à terme, d'à peine 200 hommes sur des bases permanentes, contre… 7.000 il y a seulement dix-huit mois, un niveau équivalent au demeurant à celui fixé en 1981. Au temps de la « splendeur » de la présence militaire française en Afrique, c'est-à-dire juste après l'indépendance en 1960, la France maintenait au total 60.000 hommes dans près de 90 garnisons sur le continent et Madagascar. La France va devoir fermer ses bases au Sénégal Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a indiqué jeudi que la France allait devoir fermer ses bases militaires dans son pays. « Le Sénégal est un pays indépendant, c'est un pays souverain et la souveraineté ne s'accommode pas de la présence de base militaire dans un pays souverain », a-t-il justifié. « La mise à jour de notre doctrine militaire n'est pas seulement portée sur la question de la présence militaire, elle va au-delà. Elle impose évidemment qu'il n'y ait plus de bases militaires de quelque pays que ce soit au Sénégal, mais elle impose aussi d'autres évolutions dans la coopération militaire avec ces différents pays qui entendent encore la maintenir avec le Sénégal », a-t-il précisé. Les Echos MONDE Emmanuel Macron à Riyad pour signer un partenariat stratégique avec l'Arabie saoudite INTERVIEW « En Europe, la désindustrialisation va encore plus vite que la décarbonation » DÉCRYPTAGE Echec des négociations pour un traité mondial sur la pollution plastique Etats-Unis : Joe Biden accorde la grâce présidentielle à son fils Hunter Roumanie : percée de l'extrême droite aux élections législatives

By |2024-12-03T17:16:31+00:00December 3rd, 2024|Scoop.it|0 Comments

Comment va fonctionner le futur « écoscore » des vêtements

Huit mois après avoir présenté son projet de calculateur pour mesurer l'impact environnemental des vêtements, le gouvernement entre dans le dur. Jeudi, à la veille du Black Friday, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé la mise en consultation des textes qui permettront aux marques d'attribuer une note à chaque vêtement, un peu à la manière du Nutriscore pour les produits alimentaires. L'affichage environnemental, qui restera dans un premier temps volontaire, est prévu par la loi climat et résilience de 2021. « Il s'agit à la fois d'aider les fabricants à piloter leurs efforts d'écoconception des vêtements, et de donner aux consommateurs une information sur le coût environnemental des produits qu'ils achètent », précise-t-on au ministère de la Transition écologique. Impact sur le climat L'enjeu est loin d'être négligeable. Le textile représente entre 8 % et 10 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Il génère une quantité astronomique de déchets, notamment plastiques, entraînant une pollution dramatique dans l'eau ou les sols. Son traitement et sa teinture génèrent 20 % de la pollution des eaux. Même les fibres naturelles ont un impact négatif : le coton est la première culture consommatrice de pesticides. LIRE AUSSI : ENQUETE - La mode commence à s'habiller plus vert Matérialisé par une note en « points d'impact » comprise entre 0 et l'infini, qui s'affichera sur un logo en noir et blanc en forme d'étiquette, cet « écoscore » entend mesurer à la fois l'impact sur le climat et sur la biodiversité. Il s'appuie sur l'outil d'évaluation développé depuis 2013 par la Commission européenne, le Product Environmental Footprint (PEF), qui comporte seize critères (émissions de gaz à effet de serre, toxicité de l'eau douce, utilisation d'eau et de ressources fossiles, émission de particules, etc.). Mais la France y a ajouté trois critères spécifiques : les conditions de fin de vie du produit, avec une note très pénalisante (5.000 points d'impact par kilo) s'ils sont exportés hors d'Europe après avoir été portés ; les émissions de microfibres, qui entraînent une forte pollution ; et un coefficient de « durabilité », mesuré à partir de la largeur de gamme, la réparabilité, et la traçabilité géographique des étapes de production. Avec ce dernier critère, l'idée est de pénaliser aussi les marques dites de fast-fashion, qui renouvellent très rapidement des collections vendues à des prix défiant toute concurrence - et plombent les filières plus vertueuses. Selon un rapport publié mercredi par l'ONG Les Amis de la Terre, la fast-fashion a provoqué la destruction de 300.000 emplois dans l'industrie textile française depuis 1990. L'Assemblée nationale avait adopté en mars une proposition de loi pour la limiter, mais son parcours législatif a été interrompu avec la dissolution. Mise en oeuvre au printemps L'outil est toutefois, comme en avril, vivement critiqué - même si selon le ministère, le calculateur présenté en avril a été simplifié. Notamment parce qu'il diffère de l'outil européen, en cours de finalisation. « Contrairement au PEF qui s'appuie sur des critères scientifiques, cet 'écoscore' prend en compte des critères politiques comme le made in France, qui ne devraient pas être son objet », explique Christophe Girardier, fondateur de Glimpact, une société qui aide les marques à utiliser le PEF. « L'outil français pénalise par exemple fortement une marque comme Lacoste, qui affiche un grand nombre de références », poursuit le dirigeant, qui revendique parmi ses clients non seulement Lacoste, mais aussi Decathlon, Carrefour, Pimkie, Chantelle, Celio, ou Aigle. LIRE AUSSI : TRIBUNE - La mode peut-elle devenir écologique ? L'Union des industries textiles se dit à l'inverse plutôt satisfaite. « Nous sommes très favorables à un affichage environnemental, or cet outil est à la fois simple d'utilisation et transparent », indique Sophie Frachon, responsable RSE de l'UIT. D'autant que selon elle, le PEF européen n'est pas satisfaisant à ce stade. « Il ne pénalise pas l''ultra fast-fashion', ne prend pas assez en compte la biodiversité, ni les microplastiques… » pointe-t-elle, toute en reconnaissant qu'« une convergence sera nécessaire » d'ici à mi-2025, lors du vote sur le PEF européen. En attendant, l'arrêté correspondant a été publié ce jeudi sous forme de projet, pour consultation réglementaire pendant vingt et un jours. Il sera ensuite notifié à la Commission européenne, dont l'approbation est attendue sous trois mois. « Nous visons une mise en oeuvre au printemps 2025 », dit-on au ministère, tout en espérant que de nombreuses marques joueront le jeu. Il mise notamment sur H&M, Kiabi, Monoprix, Pimkie, Petit Bateau, ou 1083, qui ont participé à l'élaboration de ce nouvel « écoscore ».

By |2024-12-03T16:33:30+00:00December 3rd, 2024|Scoop.it|0 Comments

Comment la Corse passe à l’électricité verte à marche forcée

Après plus de vingt ans d'attente, et près de dix ans après la décision politique de fermer la vieille centrale polluante du Vazzio, EDF a enfin posé la première pierre de la future usine de production électrique d'Ajaccio, ce vendredi. « Un moment heureux qui vient de loin », a souligné Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse. Le projet a en effet « généré tellement d'attente, de peur, d'anxiété dans notre population », a rappelé Stéphane Sbraggia, le maire d'Ajaccio. Mais il faudra encore patienter trois années avant qu'un carburant à base d'huile de colza fasse tourner les huit moteurs à cylindre de la future centrale du Ricanto, qui couvrira environ 15 % des besoins de l'Ile de Beauté. En attendant, le Vazzio reste la dernière centrale au fioul lourd en activité en France, depuis la fermeture de Porcheville en 2017, et l'une des dernières en Europe. Virage vert Le Ricanto « va ouvrir une nouvelle page dans l'histoire de l'électricité en Corse pour renforcer l'autonomie et la résilience du territoire », explique Luc Rémont, PDG d'EDF. L'énergéticien public va investir « plus d'un milliard d'euros dans les cinq années qui viennent » sur l'île de Beauté, dont 800 millions d'euros pour le Ricanto. Car « la sécurité d'approvisionnement de la Corse est encore très tendue », rappelle Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie. En atteste encore, l'été dernier, l'arrêt d'un câble électrique reliant la Sardaigne à la Corse. La centrale du Ricanto se dressera à quelques centaines de mètres de la plage du même nom, sur une bande de terre de 3,5 ha coincée entre la route de l'aéroport d'Ajaccio et les contreforts d'une colline où se dressent, depuis plus de quarante ans, les deux cheminées du Vazzio. Peintes en rouge et blanc, elles dominent le littoral de 85 mètres et font de l'ombre aux maisons tout proches. Leurs remplaçantes surplomberont la mer de 50 mètres. De couleur grise, elles devraient se fondre davantage dans le paysage, tout comme la centrale elle-même, avec ses bardages en bois. LIRE AUSSI : Malgré un démarrage « modeste », le biofioul croit en son avenir Après le « black-out » , la Guadeloupe s'inquiète pour le tourisme Ce projet symbolise le virage vert pris par la Corse, qui devrait atteindre une production électrique locale 100 % verte « en 2030 », selon Luc Rémont. Mais sans l'aide du nucléaire comme sur le continent. « Dans un territoire insulaire, l'électricité est déjà au XXIe siècle. Nous avons l'occasion d'y déployer les technologies les plus avancées », rappelle le patron d'EDF. Première étape avec le Ricanto : « nous allons passer de 34 % d'énergies renouvelables à 74 % » en 2028, pointe Gilles Simeoni. Restera à convertir la centrale au fioul léger de Lucciano, au nord de l'île, à la biomasse liquide. Une transition déjà expérimentée par EDF à La Réunion, pour la centrale de Port-Est. La Corse devra aussi cesser de recourir à des groupes électrogènes, fonctionnant au gazole, pour absorber les pics de consommation, dus notamment à la climatisation en été. Le site du Ricanto rejettera dans l'atmosphère trois fois moins de CO2 que le Vazzio, soit 300.000 tonnes de moins chaque année, promet EDF. Un calcul qui prend en compte les émissions liées à la production d'huile de colza et à son transport par bateau. Autres promesses : une baisse de 75 % des émissions d'oxydes d'azote, de 90 % pour les poussières, et plus un gramme d'oxyde de soufre. Les besoins en eau seront quant à eux inférieurs de 90 % aux 350.000 mètres cubes nécessaires pour refroidir le Vazzio. Une électricité plus chère La biomasse liquide n'était toutefois pas le choix initial de la Corse. L'île avait d'abord misé sur le gaz avant l'abandon d'un projet d'un gazoduc qui devait relier l'Algérie à l'Italie, via la Corse. La flambée du prix du gaz causée par la guerre en Ukraine a définitivement disqualifié ce combustible fossile, au profit du biocarburant. Avec ses 130 MW, la centrale du Ricanto ne sera pas plus puissante que celle du Vazzio, et loin des 250 MW envisagés initialement pour le gaz. Il faudra 100.000 tonnes de biocarburant, d'origine européenne, pour la faire tourner chaque année, soit la production de « 60.000 hectares de colza », précise Cédric Dupuis, directeur du projet du Ricanto, chez EDF. Pour une tonne de colza récoltée, une grosse moitié servira à fabriquer des tourteaux pour l'alimentation animale , et le reste du biocarburant. Le fonctionnement de la centrale coûtera 6,3 milliards d'euros sur vingt-cinq ans, précise la CRE. Aux cours actuels, le mégawattheure (MWh) produit au Ricanto reviendrait à « 400 euros », contre « 230 euros » pour le fioul lourd au Vazzio et « 280 euros » pour le fioul léger de Lucciana, précise Amandine Bono, cheffe du service de gestion du système électrique d'EDF en Corse. L'Etat met déjà la main à la poche - 370 millions d'euros l'an dernier - pour que les Corses paient leur électricité au même prix qu'ailleurs en France. Un système de péréquation qui fonctionne aussi outre-mer. Dépendance à l'Italie Contrairement à ces territoires, la Corse bénéficie toutefois d'une connexion avec le continent, via la Sardaigne et l'Italie. Cette électricité importée coûte « 100 euros le MWh », selon Amandine Bono. Provenant de sources carbonées ou non, elle a représenté l'an dernier 27 % de l'électricité consommée en Corse. « En 2050, ce sera toujours de l'ordre de 30 % », indique Amandine Bono. Une entorse à l'autonomie énergétique promise par l'exécutif corse à cet horizon. EDF va d'ailleurs investir dans la modernisation et l'augmentation de la capacité de la liaison par câble avec l'Italie SACOI3 (de 50 à 100 MW). « En 2050, nous voulons être capables, uniquement à travers la maîtrise de l'énergie et la montée en puissance des énergies de renouvelables, de produire en théorie la totalité [de l'électricité] sur le territoire insulaire », réaffirme toutefois Gilles Simeoni. Les barrages hydroélectriques, éoliennes et panneaux solaires en représentent déjà un tiers, produit essentiellement par EDF, mais aussi Corsica Sole. Pour lisser cet approvisionnement, par nature intermittent et aléatoire, l'île va investir dans des batteries de stockages. EDF veut aussi transformer une de ses stations hydroélectriques, pour pomper l'eau en aval et la réinjecter dans les turbines en amont. Les projets à base d'hydrogène restent en revanche embryonnaires sur l'île. Dernier levier pour absorber la demande croissante : changer les habitudes des consommateurs. EDF expérimente sur l'île les heures creuses (moins chères) en journée plutôt que la nuit.

By |2024-12-03T16:19:21+00:00December 3rd, 2024|Scoop.it|0 Comments

Commerce : l’étonnante proposition de Christine Lagarde face à la politique de Donald Trump

Faire du troc. En schématisant, c'est ce que propose la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, face aux menaces de Donald Trump d'imposer des droits de douane sur les produits européens exportés aux Etats-Unis. Dans une interview au « Financial Times », elle recommande à l'Union européenne (UE) de négocier avec le prochain président américain plutôt que de s'engager dans une guerre commerciale dure. « Je pense qu'il s'agit d'un meilleur scénario qu'une stratégie de représailles pure et simple […], où personne n'est vraiment gagnant », indique-t-elle. En cas de « guerre commerciale au sens large », elle prédit « un résultat négatif pour tout le monde » et une « réduction mondiale du PIB ». Buy America « Je ne suis pas une spécialiste du commerce […]. Mais en général, l'Europe pourrait discuter de l'achat de plus de gaz naturel liquéfié aux Etats-Unis. Il y a évidemment des équipements de défense dont certains ne sont pas en mesure d'être produits ici en Europe et qui pourraient être achetés », détaille-t-elle. En clair, elle ne propose rien de moins que d'entrer dans le jeu de Donald Trump, homme d'affaires et de « deal » avant tout . LIRE AUSSI : Comment l'Europe peut riposter aux attaques commerciales de Donald Trump « L'idée de dire que l'Europe s'engage à acheter plus de certains produits aux Etats-Unis me paraît curieuse. Elle le fera si elle en a besoin. Acheter plus de gaz, si c'est du gaz de schiste, est en complète contradiction avec les objectifs d'une économie européenne décarbonée », commente Pascal Lamy, l'ancien directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). « Je trouve curieux qu'une haute autorité européenne propose de céder à un chantage de mafieux », ajoute-t-il. « Je suis perplexe face à la soumission du Canada et de l'Union européenne, avance Elvire Fabry, spécialiste des questions de géopolitique commerciale à l'institut Jacques-Delors. Les Européens se doivent de réagir. Ils seront plus crédibles si la cohésion des Vingt-Sept est réelle. Il s'agit d'être en position de force. Si Donald Trump perçoit le moindre manque de fermeté, il ira plus loin. L'Europe risque de subir un double choc de compétitivité avec la dérégulation aux Etats-Unis et des taxes douanières. Il est vital de répondre, à moyen terme, par un sursaut en matière d'investissement, d'innovation, et réaliser enfin l'intégration du marché financier ». L'exemple de Jean-Claude Juncker Quoi qu'il en soit, « l'Europe a besoin d'un visage et d'une voix pour négocier avec Trump, légitimée par un mandat clair du Conseil européen et s'appuyant sur les services de la Commission, comme dans le cadre du Brexit », juge Thierry Chopin, professeur invité au Collège d'Europe à Bruges. Jean-Luc Demarty, l'ancien directeur général de la division commerce de la Commission européenne, rappelle d'ailleurs ce qu'avait obtenu le prédécesseur d'Ursula von der Leyen sous le premier mandat Trump. « Je suis pour un transatlantisme debout et non un transatlantisme couché. L'approche de Christine Lagarde me gêne dans la mesure où elle semble prête à accepter le relèvement des droits de douane de Donald Trump. L'Europe ne peut pas rester sans réagir face à ces menaces du président américain. D'autant que nous disposons des outils nécessaires pour le faire. En 2018 sous la commission Juncker, nous avions répondu aux taxes américaines sur l'acier et l'aluminium en taxant des produits américains de manière ciblée pour des montants de droits équivalents, et nous avions évité l'instauration de droits de douane américains sur les automobiles européennes » , explique-t-il. Quid de l'OMC ? Pascal Lamy se montre en outre étonné de la teneur de l'interview. « Je suis surpris de ne pas trouver, dans cette interview, le moindre mot sur la défense des principes d'un système commercial international ouvert et basé sur des règles ». A ses yeux, « l'Europe doit menacer les Etats-Unis de mesures de rétorsion et exercer ses droits à l'OMC. Elle doit prendre, au sein de l'organisation, la tête d'une coalition contre les pratiques américaines. Il ne faut pas oublier que 90 % des pays de la planète sont en faveur d'un système commercial avec des règles ». LIRE AUSSI : Donald Trump déclenche une guerre commerciale avec les trois principaux partenaires de l'Amérique DECRYPTAGE - Avec le retour de Trump, les marchés misent sur une baisse des taux plus rapide en Europe Certes, mais comment manoeuvrer avec une administration américaine qui se désintéresse de cette organisation multilatérale et la bloque même dans certaines de ses prérogatives, comme le règlement des différends commerciaux ? L'effet inflationniste incertain Le risque, à ce stade, est d'assister à une floraison de taxes douanières américaines dans le seul but de réduire les déficits commerciaux que les Etats-Unis enregistrent avec la Chine et les pays de l'UE. Avec pour conséquence de possibles effets sur l'inflation et donc, des implications sur la politique monétaire de la BCE. D'autres soutiennent la position de Christine Lagarde. « Il est dans l'intérêt des Européens de ne pas prendre de mesure de rétorsion telles que des hausses de droits de douane », estime ainsi Nicolas Goetzmann, chef économiste de la Financière de la Cité. « Acheter du GNL et des armes aux Etats-Unis, cela va aider politiquement. Mais il s'agit d'un ajustement à la marge. Cela ne va pas permettre de corriger le déséquilibre structurel des balances commerciales entre les deux zones qui est d'abord dû à un manque de demande intérieure dans la zone euro », poursuit-il. Pour lui, « ce rééquilibrage des balances commerciales voulu par les Américains passe nécessairement par une hausse de la demande intérieure européenne et pourrait passer par une baisse des taux d'intérêt pour relancer la machine économique. Réagir à Trump de cette manière est dans notre intérêt. Cela permettrait de commencer à répondre à la crise du pouvoir d'achat et de redonner de l'oxygène à nos entreprises ».

By |2024-12-02T17:58:18+00:00December 2nd, 2024|Scoop.it|0 Comments

Nucléaire : l’Etat doit choisir ses champions dans la course aux mini-réacteurs

Il y a tout juste un an, six start-up rejoignaient le club très fermé des nouveaux acteurs du nucléaire soutenus par l'Etat français, dans le cadre du programme France 2030. Avec la troisième vague, en mars dernier, 11 jeunes pousses au total, dont Jimmy, Newcleo ou Naarea bénéficient de ce programme de subventions publiques, destiné à faire émerger de nouvelles pépites, au côté du géant français du nucléaire EDF. Leur créneau : les SMR, pour « small modular reactors » ou AMR pour « advanced modular reactor », autrement dit les mini-réacteurs nucléaires. Leur promesse : produire de l'électricité ou de la chaleur décarbonée, à l'aide d'une technologie de rupture. Rendez-vous début 2025 Mais en cette fin d'année, les start-up piaffent et l'enthousiasme semble en partie retombé. Sur le milliard d'euros promis par l'Etat, seuls 130 millions d'euros leur ont été attribués, et la deuxième vague de financements publics se fait attendre. D'autant que l'enveloppe promise a d'emblée été amputée de 500 millions d'euros, promis à EDF. Problème, le projet de mini-réacteur de l'énergéticien tricolore, Nuward, parti initialement pour être le champion français, a été mis en pause, l'été dernier. LIRE AUSSI : ENQUETE - Nucléaire : le marathon des start-up de l'atome Les déboires d'EDF vont-ils faire tache d'huile et l'argent promis sera-t-il mis sur la table, en ces temps de disette budgétaire ? Les start-up et leurs investisseurs attendaient un nouveau coup de pouce financier cet automne, mais il n'est pas venu. Le prochain conseil de politique nucléaire prévu en décembre a été repoussé début 2025, selon plusieurs sources. Or, ce dernier doit acter le choix du gouvernement des start-up qu'il veut continuer à soutenir, après l'évaluation de haut vol pilotée cet été par le haut-commissaire à l'énergie atomique, Vincent Berger. Cet audit, classé secret-défense, vise à faire le tri parmi toutes les promesses incroyables de ces start-up. De fait, les jeunes pousses craignent désormais d'être exclues de la deuxième phase de subventions, au motif que leur design compterait parmi les moins matures. Une crainte ravivée en fin de semaine par un article sans concessions du « Point », pointant la très faible maturité de la plupart des concepts. « Logique d'entonnoir » Dans la deuxième phase de subventions, « on ne va pas se focaliser uniquement sur les technologies les moins risquées en termes d'innovation, explique Matignon aux 'Echos'. Le resserrement de l'appel à projet dans une logique d'entonnoir ne veut pas dire que l'on va abandonner les projets basés sur des innovations de rupture. » En d'autres termes, l'Etat ne va pas choisir une famille de projets, mais sélectionner, dans chacune, une ou plusieurs initiatives. LIRE AUSSI : Quand la pépite du nucléaire italien joue au glouton du secteur Les conclusions du haut-commissaire rejoignent aussi, dans les grandes lignes, celles de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), estiment plusieurs sources. Au printemps, l'ASN avait dressé le panorama des technologies SMR, des réacteurs à eau légère proches du marché, comme le projet de Calogena (groupe Gorgé) aux réacteurs au plomb (Newcleo) ou à sels fondus (Naarea, Thorizon, Stellaria), plus hypothétiques. Chaque start-up a bénéficié, ce mois-ci, d'une restitution orale sur son projet… et s'est félicitée des conclusions rendues. « C'est un peu l'école des fans, le but n'est pas de classer les start-up », explique un fondateur de start-up. Mais à mesure que le temps des décisions politiques s'allonge, le doute, lui, commence à s'installer. D'autant que l'audit de l'Etat n'est pas public. « C'est dommage car pour les fonds, c'est la meilleure 'due diligence' possible, pour sélectionner leurs projets d'investissements sur un sujet aussi régalien », explique un observateur. Coup de frein sur les levées de fonds Ces derniers mois, seules deux start-up tricolores ont bouclé une levée de fonds. Blue Capsule a réuni 2 millions d'euros avant l'été et Otrera 2,5 millions d'euros ce mois-ci. Un soulagement pour les jeunes pousses, qui doivent attirer des investisseurs privés pour débloquer leur enveloppe de 10 millions d'euros de subventions. LIRE AUSSI : ANALYSE - Northvolt : les quatre racines du mal qui frappe les constructeurs européens de batteries Mais pour les acteurs plus mûrs, la tâche est plus ardue. « Nos actionnaires actuels continuent de nous soutenir et de réinvestir, mais les nouveaux investisseurs potentiels attendent tous une prise de position du gouvernement, en particulier les français », déclare Jean-Luc Alexandre, président de Naarea. Sa société de 300 personnes, qui revendique 69 millions d'euros de capital et quasi-capital, cherche depuis l'an dernier 125 millions d'euros supplémentaires. Jimmy espère de son côté conclure un nouveau tour de table significatif, début 2025. « La dynamique des levées de fonds est légitimement plus prudente qu'il y a deux trois ans, après le Covid, constate son cofondateur, Antoine Guyot. Les déboires de certaines start-up industrielles, encore récemment, contribuent à ce ralentissement. » Une allusion à la chute d'Ynsect en France, ou de Northvolt, dans les batteries. Mais pour lui, le nucléaire demeure « une valeur sûre ».

By |2024-12-02T17:57:03+00:00December 2nd, 2024|Scoop.it|0 Comments

En Afrique, l’indispensable chasse aux milliards volatilisés

L'Europe se serre la ceinture et c'est a priori une mauvaise nouvelle pour l'Afrique. Pour faire des économies, les pays du Vieux Continent sabrent en priorité dans les budgets de l'aide au développement : la Suède, les Pays-Bas et la Finlande ont d'ores et déjà annoncé un rabotage de l'aide financière apportée aux pays pauvres. En Allemagne, championne européenne de ces aides, les libéraux du FPD caressent l'idée de supprimer le ministère du Développement. Mais le record pourrait bien venir de France : le projet de loi de finance présenté au Parlement devrait diminuer de 34 % le budget de l'aide au développement. De l'autre côté de l'Atlantique, les nouvelles ne sont pas meilleures : le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, qui avait qualifié les pays africains de « pays de merde » lors de son précédent mandat, pourrait également signifier une baisse significative de ces aides. Selon les chiffres de l'OCDE, Washington injecte chaque année près de 10 milliards de dollars dans l'aide au développement en Afrique. Mais jusqu'à quand ? Qualité de vie Ces budgets financent des secteurs délaissés, stimulent l'économie des pays en développement et améliorent in fine la qualité de vie des populations. En 2020, les montants de l'aide publique au développement à destination de l'Afrique représentaient 83,7 milliards de dollars. Or, le continent pourrait presque empocher la même somme en s'attaquant durablement aux flux financiers illicites (FFI), un terme qui englobe les marchés illégaux, le blanchiment, le financement du terrorisme et la corruption. Selon un rapport des Nations unies, ces flux financiers coûteraient annuellement près de 89 milliards de dollars à l'Afrique, soit 3,7 % de son PIB. 30 à 52 milliards de dollars les flux financiers illicites de la corruption, de l'exploitation illégale et de la fraude fiscale En tête des flux financiers illicites les plus coûteux : ceux provenant du secteur extractif. Un enjeu stratégique pour l'Afrique qui tire près de 85 % de ses revenus des ressources de son sous-sol. Or, toujours d'après les Nations unies, le continent perdrait entre 30 et 52 milliards de dollars dans ce secteur à cause de la corruption, l'exploitation illégale ou la fraude fiscale. L'exploitation de l'or en Afrique de l'Ouest, par exemple, contribuerait directement au financement de groupes armés terroristes en traversant les frontières poreuses de la région. Selon la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), des groupes armés auraient empoché près de 126 millions de dollars en exploitant l'or du Burkina Faso . Fraude fiscale La fraude fiscale coûte également des milliards de dollars aux budgets des Etats africains. Environ 8 milliards, d'après un rapport de Tax Justice Network de 2023. En République du Congo, ces pertes représenteraient 578 millions d'euros par an, soit la moitié du budget national. En République démocratique du Congo, pays voisin au sous-sol riche en minerais, elles seraient équivalentes à 89 % du budget de la santé. LIRE AUSSI : En Afrique, le fléau de la contrebande d'or prend de l'ampleur CHRONIQUE - Aide publique au développement : le grand rétropédalage Autre priorité : la lutte contre le blanchiment d'argent. En effet, sur les 20 pays qui constituent la liste grise des pays sous « surveillance renforcée » de la GAFI, la vigie internationale de la lutte contre le blanchiment d'argent, 12 sont africains. En 2021, le Sénégal avait été ajouté à cette liste à cause de ses lacunes en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Un manque à gagner pour l'Etat et un mauvais signal envoyé aux investisseurs étrangers qui ont poussé Dakar à renforcer son arsenal législatif ces derniers mois pour être finalement retiré de cette liste il y a quelques semaines. Délocalisation des profits des multinationales Malgré les efforts de certains pays africains pour stopper ces flux financiers illicites, une partie de ces sommes continuent de passer sous les radars. Plusieurs millions de dollars sont en effet soustraits à la fiscalité via des circuits opaques mais légaux : évitement fiscal, délocalisation des profits, optimisation fiscale agressive de la part de multinationales… En 2021, le FMI indiquait que 15 pays d'Afrique perdaient entre 450 et 730 millions de dollars par an en recettes fiscales à cause de transferts de bénéfices réalisés par les multinationales étrangères. LIRE AUSSI : La souveraineté économique, priorité du nouveau président du Sénégal « Les organisations comme le GAFI ne considèrent pas que l'évitement fiscal pratiqué par certaines multinationales implantées sur le continent soit un flux financier illicite. Donc ça ne sera pas pris en compte pour lister les pays à risque » rapporte Idriss Linge, de l'ONG Tax Justice Network. La solution selon lui : « s'attaquer à l'opacité financière qui bénéficie aux multinationales et aux pays riches. » Toujours au Sénégal, le gouvernement a justement sonné la charge il y a quelques mois contre l'entreprise pétrolière Woodside, qui exploite le gisement de Sangomar , au large des côtes du pays. Le fisc sénégalais, qui estime que l'entreprise australienne a contourné certaines règles, lui réclame 62,5 millions d'euros.

By |2024-12-02T17:56:03+00:00December 2nd, 2024|Scoop.it|0 Comments

Grandes écoles : une levée de fonds record pour HEC Paris

C'est un record dans l'enseignement supérieur en France. La Fondation HEC vient de lever 213 millions d'euros, pour financer des aides aux étudiants et alimenter ses activités de recherche et d'enseignement supérieur. Le montant est à comparer aux 113 millions de la précédente campagne, clôturée en 2013. Le résultat a été dévoilé mardi, lors d'une soirée avec les donateurs, parmi lesquels figurent des anciens élèves et des entreprises, mais aussi des fondations et des particuliers non diplômés d'HEC Paris - « une nouveauté », se félicite l'école. 6.000 donateurs Le coup d'envoi de la campagne avait été donné en 2019, avec un objectif de 200 millions d'euros. En cinq ans, 6.000 donateurs se sont manifestés, le nombre de grands donateurs (plus de 1 million d'euros) a doublé, les dons en provenance de l'international ont augmenté (30 % du total) et les 53 entreprises mécènes représentent 40 % des dons. Les 213 millions récoltés ont déjà été utilisés en grande partie, pour des bourses, pour la refonte des cursus et pour alimenter le fonds d'endowment (100 millions d'euros), dont les intérêts serviront à alimenter d'autres projets. « Hors endowment, 50 % des fonds ont été alloués aux programmes de diversité, d'égalité des chances et d'expérience étudiante, et 50 % à la recherche et à la pédagogie », précise Delphine Colson, déléguée générale de la Fondation HEC. « Il faut financer des bourses pour plus de diversité, témoigne un petit donateur. Le business et l'entre-soi, c'est nul, ça ne correspond pas à la vraie vie. » Il est scandaleux que beaucoup d'universités et d'écoles en France soient subventionnées, et que HEC n'ait pas 1 euro [d'argent public]. Jean-Paul Agon, président du conseil d'administration de la Fondation HEC Cette levée de fonds est surtout un moyen de « renforcer le modèle de financement autonome », souligne l'école. La fondation a « accru considérablement sa participation à la gouvernance du conseil d'administration » d'HEC, indique son président, Olivier Sevillia. En août dernier, la Cour des comptes avait déjà relevé cette « montée rapide de la fondation au capital social de l'école », au vu de l'importance des financements apportés par cette voie. « Cette trajectoire a vocation à se poursuivre et à s'accompagner d'un rôle croissant de la fondation dans la gouvernance de l'établissement, aux côtés de la chambre de commerce et d'industrie qui restera actionnaire majoritaire », indiquaient les magistrats financiers. La fondation en route pour monter au capital Selon les statuts de l'école, la chambre de commerce et d'industrie ne peut détenir moins de 50 % du capital, mais la fondation peut y renforcer sa présence jusqu'à 34 % (contre 17,4 % aujourd'hui, selon « Challenges »). « On va continuer [sur cette voie], confie aux « Echos » Olivier Sevillia. On peut monter jusqu'à 34 % et on va le faire progressivement. » Dans l'entourage de l'école, certains jugent probable que ce niveau soit atteint dans les cinq prochaines années. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Polytechnique lance une levée de fonds XXL pour faire face à la concurrence internationale DECRYPTAGE - HEC : le concours pour le grand projet de rénovation du campus est lancé L'accélération de la montée de la fondation au capital pourrait venir du très gros projet immobilier en cours qui contraint HEC Paris à devoir lever des fonds pour le financer. Si la fondation détient 34 % du capital et que la chambre diminue sa part à 50 % - les statuts lui imposent de rester majoritaire -, « il reste une place pour un troisième actionnaire », glisse un fin connaisseur de l'enseignement supérieur. Pour le moment, « il n'y a personne d'autre que la fondation et la chambre de commerce », balaie Eloïc Peyrache, doyen et directeur général de l'école. « Cela fait quelques années qu'il n'y a plus de subventions publiques ou parapubliques relevant de la collecte de taxes, insiste Olivier Sevillia. L'école doit s'autofinancer. Et la philanthropie devient un pilier de plus en plus important pour assurer le développement de l'école. » C'est un soutien « vital » et « existentiel » pour que l'école devienne « une marque mondiale », abonde Eloïc Peyrache. « Ces ressources sont le turbo éducatif, le turbo en matière de recherche, le turbo en matière d'égalité des chances, s'enthousiasme Jean-Paul Agon, président du conseil d'administration d'HEC Paris et lui-même grand donateur. L'argent des donateurs est devenu indispensable, c'est le kérosène de l'école. » « Cette école n'est pas aidée » Le président du conseil d'administration de L'Oréal juge « scandaleux que beaucoup d'universités et d'écoles en France soient subventionnées, que HEC n'ait pas 1 euro, et que la chambre - qu'on adore - ne donne pas non plus 1 euro ». Pour financer des projets de recherche, Eloïc Peyrache verrait d'un bon oeil un système de « matching money », où l'Etat abonderait les sommes investies par HEC Paris. « Je ne demande pas d'argent public pour gérer le campus ni pour gérer HEC, confie-t-il. Mais nous avons l'un des meilleurs centres de recherche d'Europe en sciences sociales et en management, et la recherche, c'est un bien public. » « Cette école n'est pas aidée, alors que c'est une école extraordinaire », déplore encore Jean-Paul Agon. En oubliant de mentionner que le gouvernement vient de confirmer à l'école qu'elle recevrait bien les 70 millions d'euros sur cinq ans, issus des fonds de France 2030, pour le centre d'intelligence artificielle Hi ! Paris qu'elle partage avec l'Institut polytechnique de Paris.

By |2024-12-02T17:48:19+00:00December 2nd, 2024|Scoop.it|0 Comments

Comment SNCF Connect & Tech souhaite-t-elle professionnaliser le numérique responsable ? –

SNCF Connect & Tech s’engage en faveur des solutions numériques plus sobres et inclusives et obtient le label Numérique Responsable. La plateforme souhaite professionnaliser le numérique responsable et en faire le fil conducteur de chaque projet développé en interne.  Ce label RSE valorise le niveau de maturité, « des actions concrètes mises en place par l’entreprise et déployé par l’ensemble des collaborateurs afin d’intégrer les principes de sobriété, d’accessibilité et d’inclusion », est-il précisé à travers un communiqué. Selon SNCF Connect & Tech, cette certification vient reconnaître les engagements de la plateforme en tant que distributeur de mobilités durables et comme celle de créateur de services et solutions numériques pour le groupe SNCF, les territoires et les collectivités. L’objectif de cette labélisation est de professionnaliser le numérique responsable dans l’ensemble des projets. L’écoconception mais pas que… Sur son site, SNCF Connect & Tech, détaille sa démarche d’éco-conception en précisant optimiser son impact environnemental à travers l’architecture de son application et site, l’expérience utilisateurs, les contenus ou bien encore en front et back-end. Contactée par la rédaction, Anne Pruvot, directrice générale SNCF Connect & Tech, nous confie que cette labellisation est avant tout un moyen de s’attacher à des standards qui permettent d’avoir un cadre de travail cohérent. « Le numérique responsable n’est pas qu’une question d’écoconception et de nombreux standards existent mais restent encore peu développés ou inconnus. Aujourd’hui, en tant qu’acteur du numérique qui innove pour rendre la mobilité durable plus accessible, nous devons être capables de mesurer notre impact environnemental », ajoute-t-elle. SNCF Connect & Tech précise que le numérique est responsable de 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et, que d’ici 2040, cette part pourrait augmenter de 60% si rien n’est fait pour les réduire. « Notre objectif est de minimiser notre impact environnemental en travaillant sur l’affichage, l’usage du processeur selon le device utilisé, la transmission des informations…Et de facilité l’utilisation de nos solutions, quelque soit le public. Pour cela, nous avions besoin de nous appuyer sur des éléments tangibles », explique la directrice générale. Pour rappel, en 2022, l’ex-OUI.SNCF, s’était déjà engagée pour développer une solution moins énergivore. Un audit par Greenspector avait alors été lancé.

By |2024-12-02T17:46:29+00:00December 2nd, 2024|Scoop.it|0 Comments

Qui est Anne Kerdi, cette IA bretonne présente sur Instagram ? –

Tombée dessus par hasard, la rédaction de TOM.travel s’est vite demandée qui se cache derrière le profil Instagram d’Anne Kerdi. Sur sa bio, l’influenceuse précise « intelligence artificielle bretonne ». Contacté par la rédaction, le CRT Bretagne nous avoue qu’il n’est pas à l’initiative de ce compte Instagram et que l’identité du « créateur » leur est inconnue. De quoi attiser (encore plus) notre curiosité. Après quelques échanges par mail avec Anne, son créateur nous propose un rendez-vous téléphonique. En reconversion professionnelle pour devenir développeur, Sébastien K. s’est lancé dans ce projet dans le but d’améliorer ses connaissances en intelligence artificielle et la pratiquer pour se professionnaliser. Ce Breton, qui n’est absolument pas en relation avec France Tourisme Bretagne, souhaite mettre en avant sa région ainsi que son patrimoine économique et culturel. L’IA au profit de la valorisation des territoires L’IA qu’il a créée, Anne, est capable de générer des images et du texte. C’est elle qui choisit le contenu qu’elle souhaite mettre en avant sur son profil, avec un texte qu’elle a généré et des images, sauf lorsque Sébastien utilise de « vraies » photos qu’il a l’autorisation de diffuser. Selon lui, ce projet vise à démocratiser l’IA et à montrer que son usage peut être mis à profit de quelque chose de positif. Il se dit agréablement surpris des retours et du succès de Anne : « J’ai eu très peu de mauvais retours et Anne reçoit de nombreux messages bienveillants. » En parallèle, Anne lui permet de proposer du contenu plus ludique et de montrer sa région sous différents aspects. Pour ce Breton, il y a une vraie demande, du moins de la place, pour l’IA dans le secteur du Tourisme : « Les voyageurs veulent une information moins classique que celle disponible sur les sites officiels et les réseaux sociaux permettent de toucher une cible plus large, plus jeune. » Anne n’est pas directement connectée à Instagram, c’est Sébastien qui se charge de faire le « switch » entre les demandes ou interactions sur un logiciel qu’il a lui-même configuré. Pour la suite, plusieurs entreprises lui ont faire part de leur intérêt et Anne à vocation à se professionnaliser. En revanche, il assure ne pas avoir eu de contact avec le CRT ou Offices de Tourisme pour le moment…

By |2024-12-02T17:36:26+00:00December 2nd, 2024|Scoop.it|0 Comments