Grâce à l’IA, les stars d’Hollywood n’ont plus d’âge
Bienvenue dans l'époque des comédiens « synthétiques ». Dans le film « Here - Les plus belles années de notre vie », en salle en France depuis mercredi, l' intelligence artificielle générative joue le premier rôle. En rajeunissant ou vieillissant à souhait Tom Hanks et Robin Wright, l'IA fait traverser les époques à ce couple qui se retrouve à l'écran trente ans après « Forrest Gump ». Certes, ce type d'initiative n'est pas nouveau pour le septième art, mais dans ce long-métrage l'utilisation de l'IA est assez omniprésente. Pour faire voyager les deux protagonistes dans le temps, le producteur Miramax et le réalisateur Robert Zemeckis (« Forrest Gump », « Retour vers le futur »…) ont fait appel à la start-up d'IA Metaphysic qui avait notamment ressuscité Elvis en 2022 pour le programme télévisé « America's Got Talent. Dans le dernier « Indiana Jones » en 2023, le producteur Lucasfilm (Disney) s'était servi de ses technologies pour rajeunir l'octogénaire Harrison Ford. Vers une forme d'immortalité ? « Avec l'IA, on touche au transhumanisme et on repousse les limites dans lesquelles les artistes peuvent participer à une intrigue », observe Elizabeth Le Hot, directrice générale gérante de l'Adami, l'organisme qui gère les droits de 44.000 artistes-interprètes (comédiens, musiciens, etc.) en France. « On crée même une forme d'immortalité » poursuit-elle tout en appelant à la vigilance car les technologies d'IA pourraient « imposer une forme de barrière à l'entrée pour de nouveaux artistes. » LIRE AUSSI : Les chiffres affolants d'OpenAI, la star de l'IA générative DECRYPTAGE - L'IA générative monte en puissance au Festival de Cannes « C'est à la fois fascinant et inquiétant : on est face à l'avènement de technologies qui vont redéfinir les limites du « star-système », abonde Nicolas Gaudemet, en charge de la pratique IA chez Onepoint. L'allongement des carrières de stars est déjà bien visible à Hollywood. En témoigne le record de « box-office » de Tom Cruise en 2022 dans la suite de « Top Gun », trente-six ans après le premier opus. Selon Nicolas Gaudemet, « l'IA générative permet désormais d'imaginer que dans cent ou deux cents ans il y aura encore des films avec Tom Cruise, Tom Hanks ou Julia Roberts après leur mort ». Dans le dernier « Indiana Jones » en 2023, le producteur Lucasfilm s'était servi de ses technologies pour rajeunir l'octogénaire Harrison Ford.Lucasfilm Ltd. & TM Quant aux entreprises de la tech, elles multiplient les initiatives touchant le cinéma ou l'audiovisuel mais se concentrent en général sur des solutions qui génèrent des vidéos à partir de prompts textuels. Depuis février, OpenAI teste son outil ( Sora ) tandis que Google est en train de développer un autre projet, Veo. Meta a, de son côté, noué un partenariat avec un producteur de films d'horreur, Bloomhouse. Acteurs « hybrides » Si cette technologie permet de réaliser des prouesses dans le secteur, elle suscite aussi des inquiétudes. Elle permet par exemple de créer des avatars ou des acteurs « hybrides » empruntant le nez à une star, les yeux à une autre et la bouche à une autre encore… Le tout étant rendu possible par la numérisation des traits de visage, de la silhouette, la gestuelle et la voix. LIRE AUSSI : ANALYSE - Culture : quand l'IA pousse à la « surproduction » OpenAI et Microsoft tentent de redorer leur image auprès des médias américains Aux Etats-Unis, à l'issue de la grève qui a paralysé Hollywood l'an dernier, le puissant syndicat Sag-Aftra a obtenu des clauses très protectrices pour les droits des comédiens et des figurants contre les éventuels « pillages ». Des initiatives existent aussi pour protéger leur identité numérique contre les deepfakes. La Creative Artists Agency (l'agence de talents contrôlée par la famille Pinault) s'est associée par exemple avec la start-up Veritone pour proposer un service de stockage des « actifs numériques » des comédiens. Risques de « pillages » et de pertes d'emploi Le sujet est très anxiogène pour les créateurs et les comédiens. Dans une pétition internationale, plus de 30.000 écrivains, chanteurs mais aussi des stars d'Hollywood comme Julianne Moore et Kevin Bacon s'insurgent contre les risques de l'IA générative. Et une récente étude de l'Adami montre que 74 % des artistes-interprètes français craignent un remplacement par l'IA. Dans le cinéma français, les risques les plus immédiats portent sur les métiers du doublage, de la postproduction et de l'écriture de scénarios. En septembre dernier, la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) a trouvé un accord de principe avec Genario, une start-up qui utilise l'IA pour générer des scénarios, afin de garantir la rémunération des ayants droit. Et le 23 octobre, la SACD a signé avec les syndicats des producteurs français un accord pour assurer un cadre transparent et protecteur aux auteurs face aux applications de l'IA générative, met en avant Patrick Raude, son secrétaire général.
Dopé par Trump, le bitcoin vole de record en record
Le monde des cryptos jubile à mesure que les derniers résultats de l'élection présidentielle américaine tombent et confirment la victoire sans appel de Donald Trump. Alors qu'une poignée de scrutins restent à dépouiller, les républicains se rapprochent du « grand chelem » : Maison-Blanche, Sénat et Chambre des représentants. Du petit-lait pour tout l'écosystème largement acquis à la cause du candidat républicain. Pour cause, ce dernier avait fait de la défense des cryptos un cheval de bataille pendant la campagne. Après avoir déjà battu le record des 80.000 dollars dimanche, le bitcoin, qui est négocié 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 sur toute la planète, a dépassé, ce lundi, les 84.000 dollars pour la première fois. Et il continue sur sa lancée, portant son envolée depuis le début de l'année à plus de 90 %. Certains traders ont désormais le cap symbolique des 100.000 dollars en ligne de mire. Vers une régulation moins stricte Dans son sillage, les autres cryptomonnaies sont aussi à la fête. A l'image du Solana, qui a bondi de 36 % en une semaine. « Pour le bitcoin, l'un des plus risqués des actifs à risque, c'est l'heure de gloire, explique Eswar Prasad, professeur d'économie à l'Université de Cornell, cité par le « Financial Times ». Les nuages de la régulation s'éloignent. Les conditions financières s'assouplissent et les conditions macroéconomiques aux Etats-Unis continuent de briller. »
Climat : à Bakou, une COP29 décisive pour savoir qui va payer
La COP28 a été une COP des fossiles, en mettant sur les rails la « sortie progressive » du charbon et des hydrocarbures. La suivante, qui débute ce lundi et pour deux semaines à Bakou, en Azerbaïdjan, sera une COP de la finance. C'est en tout cas le sujet qui mobilise le plus les négociateurs en amont de l'événement. Et pour cause, les pays membres de la Conférence of the Parties (COP), qui se tient chaque année sous l'égide des Nations Unies, vont devoir se mettre d'accord sur un objectif de financement des pays du Nord vers ceux du Sud pour les aider à mettre en oeuvre leur transition climatique. Cet objectif est baptisé NCQG pour « new collective quantified goal ». Adopté en 2009, il stipule que les pays industrialisés, selon la définition des Nations Unies, devaient verser 100 milliards de dollars par an aux pays du Sud à partir de 2020. L'objectif a été atteint, mais avec deux ans de retard, ce qui a largement entamé la confiance des pays du Sud dans leurs partenaires du Nord. Selon l'accord de Paris, signé lors de la COP21, les pays doivent fixer un nouveau montant « avant 2025 ». Pas de définition de la finance climat « Après trois ans de négociations techniques, on n'a pas la moindre idée du montant que les pays industrialisés vont proposer à Bakou », constate Mark Tuddenham, responsable de l'information au Citepa, l'organisme public chargé, entre autres, du calcul des émissions de gaz à effet de serre de la France. LIRE AUSSI : La COP29 se présente sous de mauvais auspices La COP29 est donc le moment ou jamais de se mettre d'accord, mais les discussions piétinent, aussi bien sur le montant - les besoins des pays en voie de développement ont été évalués à 2.400 milliards de dollars par an d'ici à 2030 par des experts mandatés par l'ONU, mais ce montant ne fait pas consensus. « Qu'est-ce que la finance climat ? D'où vient l'argent ? Pour quoi faire ? Il n'y a pas de définition commune », soulignait Yannick Glemarec, ancien directeur du Fonds vert pour le climat, lors d'une audition au Sénat la semaine dernière. Fonds privés, fonds publics, dons, prêts bonifiés, prêts concessionnels, la palette des outils de la finance climat est large et explique que les estimations, selon le périmètre, puissent varier du simple au triple. L'une des tentations pour les pays riches est d'y inclure le maximum d'acteurs et de sources de financement possible, mais comme le rappelait le chef de l'ONU Climat, Simon Stiell, les financements publics doivent être « le coeur » de la nouvelle enveloppe pour lui donner un socle solide. Sur les 116 milliards de dollars versés en 2022 dans le cadre du NCQG, 15 milliards provenaient de fonds privés. LIRE AUSSI : A Bonn, une pré-COP sous tension « Un bon accord pour les pays occidentaux, ce serait un accord avec un montant atteignable. Une promesse intenable serait un échec. Mais un bon accord, de leur point de vue, c'est aussi un accord avec davantage de contributeurs », estime Sébastien Treyer, directeur général de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). La question des contributeurs sera au centre des débats car la liste des pays ayant l'obligation de fournir un soutien financier, censée regrouper les pays les plus riches de la planète, n'a pas évolué depuis 1992 ! « Singapour ne contribue pas alors que son PIB est trois fois plus élevé que celui du Portugal », relève Yannick Glemarec. Dans la ligne de mire des négociateurs européens figurent les pays du Golfe, la Corée du Sud mais surtout la Chine. En réalité, ces pays contribuent déjà volontairement à la finance climat, « mais pas au niveau de leur capacité à agir », indique-t-on à Bercy, et de façon peu transparente. Pour l'Union européenne, l'élargissement des contributeurs est une condition sine qua non pour s'entendre sur un montant financier. Vers + 3,1 °C d'ici à 2100 Les questions financières seront donc au centre de la COP29, avec le risque qu'elles éclipsent les autres sujets, voire qu'elles les fassent capoter. « Les difficultés pour aboutir sont nombreuses et il est tout à fait possible qu'il n'y ait pas d'accord », juge Thomas Melonio, chef économiste de l'Agence française de développement (AFD). Or pas d'accord sur le financement fragiliserait grandement les négociations sur l'atténuation, c'est-à-dire la baisse des émissions de gaz à effet de serre, qui est aussi au coeur de la diplomatie climatique. C'est en tous les cas le message que les pays en voie de développement - et pas forcément les moins bien dotés financièrement - font entendre. Un « chantage » qui irrite les pays industrialisés. Ces tensions n'augurent rien de bon sur l'ambition que vont afficher les différents pays pour respecter l'accord de Paris, à savoir contenir le réchauffement bien en dessous de 2 °C et poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5 °C, par rapport à 1850-1900. LIRE AUSSI : Les milliards nécessaires à l'adaptation au réchauffement manquent toujours cruellement Selon le dernier bulletin de Copernicus, le météo France européen, paru jeudi, la température mondiale des douze derniers mois était supérieure de 1,62 °C à la moyenne préindustrielle. Les 1,5 °C sont donc déjà dépassés, et l'ONU a calculé que les promesses d'effort de réduction des émissions fait par les différents pays - baptisés NDC pour contributions déterminés au niveau national - nous mènent vers un réchauffement de 3,1 °C d'ici à 2100. Ces NDC sont censées détailler la stratégie de décarbonation mise en oeuvre par les pays signataires de l'accord de Paris. « Il y a un double déficit. Un déficit d'offre car les NDC ne sont pas assez ambitieuses, et un déficit de mise en oeuvre », estime Philippe Deprédurand, sous-directeur de l'action internationale au ministère de la Transition écologique. Les pays ont jusqu'au 10 février 2025 pour soumettre leurs contributions mises à jour mais la pression est forte sur les grands émetteurs pour remettre leur copie bien avant, lors de la COP29. Les Emirats arabes unis, hôte de la dernière COP, ont publié la leur tout récemment. Le Brésil et le Royaume-Uni ont promis de le faire d'ici quelques jours. Tout comme les Etats-Unis. Une promesse faite avant l'élection de Donald Trump .
Opinion | Pour une souveraineté numérique articulée autour de l’IA
Le numérique et l'intelligence artificielle (IA) représentent des enjeux déterminants pour l'avenir de notre pays , récemment regroupés au sein d'un même secrétariat d'Etat qui a quitté Bercy pour rejoindre la tutelle de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Alors que Michel Barnier vient de former son gouvernement, il est essentiel de rappeler que ces secteurs stratégiques sont au coeur de la souveraineté nationale et de la compétitivité de la France sur la scène internationale. Une refondation s'impose pour garantir notre souveraineté numérique et le succès de la French Tech. Une nouvelle phase pour la French Tech L'écosystème numérique français a été fragilisé par des mois d'instabilité politique et une lenteur du monde public à comprendre les nouveaux enjeux liés à l'IA. En dépit des talents mathématiques français et de quelques success stories parmi les start-up , la France est loin d'avoir gagné cette nouvelle bataille de long terme qui dépend aussi du rythme de diffusion de la technologie dans notre société et parmi les entreprises. Dans le récent « Technology and the Rise of Great Powers » (non traduit), Jeffrey Ding montre que c'est cette capacité de diffusion des nouvelles technologies, et non le nombre de brevets ou de start-up, qui définit in fine la place des nations dans la course technologique et la contribution de cette dernière au PIB. LIRE AUSSI : IA - 10 pépites françaises à suivre INTERVIEW - IA : « La France est face à une opportunité qui ne se produit qu'une fois par siècle » La French Tech, après une décennie de succès, doit passer à une nouvelle phase marquée par la maturité et la consolidation. Les start-up, certes florissantes, peinent encore à évoluer en PME et ETI technologiques capables de structurer notre économie. Ce défi est d'autant plus important que la crise mondiale a montré les limites des modèles purement basés sur le capital-risque. Aujourd'hui, l'enjeu est de consolider ces entreprises, pour qu'elles deviennent des acteurs incontournables sur la scène internationale, tout en préservant l'intérêt national et en rassurant les investisseurs étrangers. Urgence absolue La souveraineté numérique doit être l'une des urgences absolues du secrétariat d'Etat. Or, elle n'a jamais été la priorité de l'écosystème trop ébloui par le mythe du startuper déconnecté de la sphère publique. Nous ne pouvons plus nous contenter de suivre des modes dictées par des intérêts étrangers et de faire preuve d'autant de naïveté : acceptable sur l'e-commerce ou les réseaux sociaux, elle porte en germe notre déclassement général si on la transpose dans les domaines de la cybersécurité, de l'IA et de la robotique. La France doit reprendre le contrôle de sa destinée en matière de cybersécurité et de localisation des infrastructures critiques telles que les data centers. Le temps est venu de consolider nos acquis et d'accélérer notre marche vers l'avenir, avec enthousiasme, car la France est aussi une nation d'ingénieurs résolument prométhéenne et innovatrice. L'IA génère une transformation radicale de l'économie mondiale. D'ici 2027, la France doit se positionner en tête de cette révolution, en anticipant les enjeux de l'intelligence artificielle générale (AGI) et en structurant un écosystème solide et compétitif. Cela implique d'accroître le soutien à nos talents locaux et de lancer des initiatives internationales, notamment à l'approche du Sommet IA de 2025 que la France accueillera. Ce sommet sera une occasion unique de démontrer notre leadership sur la scène mondiale. Nous pouvons garantir à la France une place de premier rang dans la compétition technologique mondiale, tout en veillant à ce que cette transformation profite à l'ensemble de nos concitoyens , et non seulement à une élite parisienne et cosmopolite. Le temps est venu de consolider nos acquis et d'accélérer notre marche vers l'avenir, avec enthousiasme, car la France est aussi une nation d'ingénieurs résolument prométhéenne et innovatrice. Sébastien Laye est le fondateur du think tank The Economic Singularity Institute.
Mode : le luxe ne sera plus la locomotive de la croissance en 2025
Pour l'industrie de la mode, 2025 devrait s'inscrire dans la continuité de 2024 et la croissance du chiffre d'affaires se stabiliser à un niveau inférieur à 10 %, selon le rapport annuel « State of Fashion » du cabinet américain McKinsey. Les dirigeants sont aussi inquiets que l'an dernier et 39 % voient même la situation se dégrader. Petite révolution : le non-luxe devrait être le principal moteur de la création de valeur et générer l'essentiel de l'accroissement des bénéfices pour la première fois depuis 2010 (hors Covid-19). L'autre changement historique concerne la donne géographique : le secteur bénéficierait de l'augmentation du tourisme en Europe, tout comme des nouveaux moteurs de croissance en Asie, pour contrebalancer l'incertitude entourant les dépenses de consommation en Chine. Si le pays reste le centre de gravité de la région, les marques se tournent vers le Japon, la Corée et l'Inde. Editorialiser l'offre en ligne Le luxe a connu des difficultés dans ses ventes physiques et les acteurs de la mode, conscients d'être face à des consommateurs plus attentifs au rapport qualité-prix, veulent saisir les nouvelles opportunités en élargissant leurs gammes et en enrichissant l'expérience d'achat avec un personnel bien formé dans les magasins. Ceux-ci ont d'ailleurs retrouvé leurs niveaux de fréquentation d'avant pandémie dans une grande partie du monde. Les acteurs du e-commerce se concentrent, eux, sur de nouvelles manières de présenter leurs produits. Car les clients, autrefois éblouis par le choix infini offert en ligne, déplorent aujourd'hui la difficulté de trouver ce qu'ils veulent. La curation, le contenu et l'IA pourraient les aider à découvrir les marques et les produits plus efficacement. Une vague d'acteurs innovants Autre tournant : la « Silver Generation » de plus de 50 ans. Cette dernière représente une part croissante de la population et des dépenses. Résultat : les marques devraient spécialement la courtiser en 2025 après avoir toujours privilégié les jeunes acheteurs. Les enseignes plus récentes, libérées des carcans historiques que ce soit en matière de gammes, de magasins et de clients, devraient s'imposer, particulièrement dans les vêtements de sport où les opérateurs traditionnels sont concurrencés par une vague de petits acteurs innovants qui conquièrent rapidement des parts de marché.
Mode : le luxe ne sera plus la locomotive de la croissance en 2025
Pour l'industrie de la mode, 2025 devrait s'inscrire dans la continuité de 2024 et la croissance du chiffre d'affaires se stabiliser à un niveau inférieur à 10 %, selon le rapport annuel « State of Fashion » du cabinet américain McKinsey. Les dirigeants sont aussi inquiets que l'an dernier et 39 % voient même la situation se dégrader. Petite révolution : le non-luxe devrait être le principal moteur de la création de valeur et générer l'essentiel de l'accroissement des bénéfices pour la première fois depuis 2010 (hors Covid-19). L'autre changement historique concerne la donne géographique : le secteur bénéficierait de l'augmentation du tourisme en Europe, tout comme des nouveaux moteurs de croissance en Asie, pour contrebalancer l'incertitude entourant les dépenses de consommation en Chine. Si le pays reste le centre de gravité de la région, les marques se tournent vers le Japon, la Corée et l'Inde. Editorialiser l'offre en ligne Le luxe a connu des difficultés dans ses ventes physiques et les acteurs de la mode, conscients d'être face à des consommateurs plus attentifs au rapport qualité-prix, veulent saisir les nouvelles opportunités en élargissant leurs gammes et en enrichissant l'expérience d'achat avec un personnel bien formé dans les magasins. Ceux-ci ont d'ailleurs retrouvé leurs niveaux de fréquentation d'avant pandémie dans une grande partie du monde. Les acteurs du e-commerce se concentrent, eux, sur de nouvelles manières de présenter leurs produits. Car les clients, autrefois éblouis par le choix infini offert en ligne, déplorent aujourd'hui la difficulté de trouver ce qu'ils veulent. La curation, le contenu et l'IA pourraient les aider à découvrir les marques et les produits plus efficacement. Une vague d'acteurs innovants Autre tournant : la « Silver Generation » de plus de 50 ans. Cette dernière représente une part croissante de la population et des dépenses. Résultat : les marques devraient spécialement la courtiser en 2025 après avoir toujours privilégié les jeunes acheteurs. Les enseignes plus récentes, libérées des carcans historiques que ce soit en matière de gammes, de magasins et de clients, devraient s'imposer, particulièrement dans les vêtements de sport où les opérateurs traditionnels sont concurrencés par une vague de petits acteurs innovants qui conquièrent rapidement des parts de marché.
Émissions de gaz à effet de serre : ça va être chaud ! – Hommes et Sciences
Alors que la température moyenne à la surface du globe a déjà dépassé de 1,45 °C la moyenne préindustrielle (1850-1900), les dernières données publiées par l’AIE et l’ONU-E il y a quelques jours sont claires : les objectifs de la conférence de Paris risquent d’être hors de portée. A moins que… Année record en 2023 Les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) ont ont atteint 57,1 GtCO2eq en 2023, soit 1,3% de plus qu’en 2022. Cette progression relative est supérieure au taux moyen des augmentations annuelles observées au cours de la décennie pré-Covid qui était de 0,8%. A l’exception du secteur de l’utilisation des terres-changement d’affectation des terres et foresterie (UTCATF) toutes les sources de GES ont augmenté en 2023 : la production d’électricité (15,1 GtCO2eq), le transport (8.4 GtCO2eq), l’agriculture (6,5 GtCO2eq) et l’industrie (6,5 GtCO2eq ). Les secteurs dont les émissions ont progressé de plus de 2,5% comprennent les fuites dans de la infrastructures de production de ressources énergétiques fossiles (pétrole, gaz et charbon), dans le transport routier et dans l’industrie (Source UNEP 2024). Il y a de grandes disparités régionales. Les émissions de GES des pays du G20 ont augmenté de 1,8 % en 2023 pour s élever à 40,9 GtCO2eq soit 77% du total mondial. Six pays ou régions ont produit environ plus de 60 % des émissions mondiales l’an passé : la Chine (30%), les États-Unis (11%) et l’Inde (8%), l’Union européenne (6%), la Russie (5%), le Brésil 2 %. La part des émissions des 55 pays de l’Union africaine atteint seulement 5 % et les pays les moins développés ne représentaient que 3% de toutes les émissions de GES en 2023. Malgré leur évolution au cours des deux dernières décennies, on observe des écarts significatifs sur les émissions par habitant par rapport à la moyenne mondiale de 6,6 tCOeq/an/habitant : 19 en Russie, 18 au États-Unis, 11 en Chine, 7,3 dans l’Union Européenne (UE), 6 au Brésil, 2,9 en Inde, 2,2 pour l’Union Africaine et 1,5 pour les pays les moins développés. Alors que les émissions ont baissé de 7,5 % dans l’ensemble de l’UE et de 1,4 % aux États-Unis elle ont augmenté plus que la moyenne mondiale en Inde (6,1%), en Chine (5%) et en Russie (2%). Les objectifs de l’accord de Paris risquent d’être dépassés L’accord de Paris pour le climat (2015) a pour objectif primordial de maintenir « l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels » et de poursuivre les efforts « pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. ». Ses 195 signataires définissent eux-mêmes les contributions qu’ils apportent pour atteindre ces objectifs avec des plans d’action appelés contributions déterminées au niveau national (CDN). Ou en est on aujourd’hui ? La lutte contre le réchauffement climatique a pris du retard. La poursuite des politiques actuelles conduiront à une augmentation de la température planétaire moyenne de 3,1° C d’ici à la fin du siècle. Si elles sont mis en œuvre mise en œuvre, les CDN connues à ce jour nous nous mènent vers un réchauffement global de 2,6 °C en 2100. Pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, les émissions de GES doivent diminuer de 43% d’ici à 2030 (par rapport aux niveaux de 2019), or les engagements actuels des pays signataires se traduiront par une baisse des émissions de 2,6 % à la fin de la décennie. Il est encore « techniquement » possible de se maintenir sous 1,5 °C… …s’il y a une « mobilisation internationale d’une ampleur et d’un rythme sans précédent » (PNUE). En pratique ce la signifie que les émissions mondiales doivent diminuer de 9% par an des émissions mondiales d’ici à 2030. (NB : pendant la pandémie Covid au cours de laquelle l’économie mondiale a été ralentie (PIB -2,8%), les émissions des GES ont baissé de 5 % en 2020 versus 2019). Outre l’accélération de la substitution des énergies fossiles par des ressources décarbonée et la protection des puits de carbone naturels, c’est la gouvernance globale coordonnée de politiques volontaristes dans tous les pays qu’il convient d’activer parallèlement à la réorganisation des ressources financières internationales nécessaire à la réussite de cette mobilisation qui ne pourra s’affranchir d’un véritable soutien des pays développés au bénéfice des pays en développement. A l’approche de la COP 29 qui se tiendra dans deux semaines il n’est inutile de rappeler le réchauffement climatique n’a pas de frontières.
Air France : le casse-tête sans précédent de la sécurité des vols
Y a-t-il un problème de sécurité chez Air France ? On pourrait le penser au vu des incidents spectaculaires qui ont défrayé la chronique ces derniers mois. Des incidents à répétition qui n'ont heureusement fait aucune victime, mais qui ont indéniablement suscité des interrogations, y compris en interne, même si du côté d'Air France, on souligne que les indicateurs en matière de sécurité des vols « évoluent favorablement depuis la sortie de la période Covid. » Le dernier incident en date est la décision d'Air France de suspendre les survols de la mer Rouge le 3 novembre dernier, après que les pilotes d'un vol en route pour La Réunion ont signalé un « objet lumineux » au-dessus du Soudan, ressemblant à un tir de missile. Le vol a poursuivi sa route vers Saint-Denis de La Réunion. En revanche, suite à ce signalement, la compagnie a demandé à deux autres vols, l'un pour Nairobi et l'autre pour Antanarivo, de faire demi-tour. Air France a également décidé de rerouter tous ses vols vers le Kenya, La Réunion, l'île Maurice et Madagascar, avant d'éviter la zone. Et ce, sans attendre d'en savoir plus sur le risque réel. Air France, seule à éviter le survol de la mer Rouge Depuis, aucune autre compagnie qu'Air France n'a jugé nécessaire d'éviter la mer Rouge, ce qui rallonge ses vols vers Nairobi, Saint-Denis, Maurice et Tananarive de plus d'une heure. Et rien n'est venu confirmer la dangerosité de ce mystérieux objet lumineux. Pour les autorités de l'aviation civile françaises et européennes, la zone ne présente aucun risque particulier et la reprise des vols d'Air France au-dessus de la mer Rouge serait imminente. Cependant, ce nouvel incident illustre les tensions actuelles chez Air France sur les questions de sûreté et de sécurité. Des tensions dues à une accumulation de problèmes, qui mettent parfois à rude épreuve les nerfs des pilotes et l'image de marque de la compagnie. Le précédent cuisant du Paris-Dubaï L'année 2024 avait mal commencé, avec un atterrissage manqué à Toronto suivi d'une remise des gaz en janvier, durant laquelle l'arrière d'un Airbus A350 avait raclé la piste. Un « tail strike » sans dommage pour les passagers, mais qui avait valu à l'appareil des mois d'immobilisation et des millions de dollars de réparations. LIRE AUSSI : Comment un vol d'Air France s'est retrouvé en dessous des missiles iraniens lancés sur Israël Mais l'évènement le plus médiatisé dernièrement fut la présence d'un vol d'Air France dans le ciel irakien, le 1er octobre dernier, au moment même où l'Iran lançait quelque 200 missiles balistiques sur Israël . Un événement là encore sans conséquence pour la sécurité des passagers, la trajectoire de ces missiles passant très au-dessous de l'altitude de croisière d'un vol commercial, mais qui a laissé des traces chez Air France, où une enquête interne est toujours en cours. Car contrairement à Air France, Lufthansa et British Airways avaient dérouté leurs vols avant cette attaque, dont l'imminence avait été annoncée par des médias américains plusieurs heures avant. L'enquête interne doit permettre de comprendre pourquoi cette alerte et les changements de cap des vols de British Airways et de Lufthansa n'ont pas été davantage pris en compte et imités. Selon nos informations, les responsables du Centre de contrôle des opérations d'Air France se seraient un peu trop fiés aux autorités françaises, qui n'auraient pas confirmé une menace imminente. Depuis, la compagnie n'a pas repris ses vols dans le corridor aérien irakien qui longe la frontière iranienne. Et ce, bien que la DGAC le considère fréquentable à condition de rester à plus de 10.000 mètres d'altitude. Un quart de l'espace aérien mondial interdit Mais pour la compagnie tricolore, dont le réseau est l'un des plus étendu au monde, l'évitement des zones à risque devient de plus en plus complexe. Pour se rendre en Extrême-Orient, les vols d'Air France, comme ceux des autres compagnies européennes, ne peuvent plus survoler la Russie, ce qui les oblige à passer plus au Sud. Air France ne peut pas non plus survoler la Syrie, ni l'Iran. Elle a aussi dû suspendre ses vols vers Israël et le Liban. Ce qui lui laisse donc seulement deux routes ouvertes vers l'Est, par-dessus la mer Rouge et l'Arabie Saoudite ou l'Azerbaïdjan. LIRE AUSSI : Les vols d'Air France au Mali sous la menace des missiles russes de Wagner En Afrique, Air France s'est vu interdire l'accès au ciel du Niger, après celui de Libye et du Soudan. Et si elle peut encore survoler le Mali, elle a dû suspendre la desserte de Bamako pour des questions de sécurité. Même chose pour Ouagadougou et Bangui, dont les aéroports, comme celui de Bamako, sont contrôlés par des mercenaires russes du groupe Wagner, qui disposent de missiles antiaériens. Une situation « totalement inédite » selon un pilote, qui n'avait jamais connu des restrictions de vols aussi étendues. Environ un quart de l'espace aérien mondial serait aujourd'hui inaccessible aux avions d'Air France. Avec les risques d'erreur que cela induit pour ses pilotes, obligés de jongler avec les contraintes. Pénurie de pièces détachées pour la maintenance A cela s'ajoute une autre situation inédite : la pénurie de pièces détachées et les problèmes de moteurs, qui contribuent également à tendre les relations internes. Du fait des difficultés de production des équipementiers aéronautiques, Air France, comme toutes les autres compagnies, doit parfois faire voler des avions avec des problèmes techniques sans danger pour la sécurité des vols, mais qui contribuent à exaspérer les pilotes. Ces « tolérances techniques » prévues par la réglementation auraient été particulièrement nombreuses en fin d'année dernière et durant le 1er semestre 2024. Depuis, la situation se serait toutefois normalisée. En revanche, Air France ne prévoit pas d'amélioration à court terme en ce qui concerne les problèmes de moteurs Pratt & Withney, victimes d'une sorte de vieillissement prématuré. Là encore, le problème ne présente pas de risque pour la sécurité des vols, mais il complique la vie du réseau court moyen-courrier. Sur les 38 A220 monocouloirs d'Air France, cinq sont toujours cloués au sol faute de moteur de rechange. Et la liste devrait continuer à s'allonger, le motoriste américain n'étant pas en mesure de régler ce défaut de fabrication avant 2026.
Invivo réinvente la manière dont les agriculteurs, les artisans et les agro-industriels s’approvisionnent
Stéphane Marcel est Chief Digital Officer d’InVivo, l’union française de coopératives agricoles qui réunit 192 coopératives. Il est CEO de son entité digitale transverse, InVivo Digital Factory. Il fait le point sur la transition digitale du groupe qui multiplie les initiatives. Stéphane Marcel interviendra lors du débat « Design d’expérience numérique en B2B : Améliorer expérience […]