Après le succès fulgurant de ChatGPT, des sites Web réclament leur part
Le succès d'OpenAI risque fort de lui coûter de plus en plus cher. Déjà aux prises avec la problématique de sa grandissante facture informatique (700.000 dollars par… jour), le laboratoire d'intelligence artificielle à l'origine du phénomène ChatGPT fait maintenant face à des revendications très intéressées de la part de certains sites Web. Ils reprochent à la société valorisée plus de 29 milliards de dollars d'avoir aspiré leurs contenus pour entraîner ses algorithmes, sans aucune contrepartie financière. Ainsi la plateforme de forums de discussion Reddit va bientôt rendre payant l'accès à ses données en cas d'utilisation intensive telle que procédé par OpenAI. Pour rendre leur logiciel conversationnel capable d'apporter une réponse construite à n'importe quelle question, les pères de ChatGPT ont de leur propre aveu travaillé en grande partie avec des conversations de Reddit. Google a fait de même pour son service rival, Bard. Appels à la négociation « Nous n'avons pas besoin de donner gratuitement toute cette valeur à certaines des plus grandes entreprises du monde », a indiqué mi-avril au « New York Times » Steve Huffman, le fondateur et directeur général du site aux 57 millions d'utilisateurs par jour, en pleine préparation de son introduction en Bourse. Quelques jours plus tard, le patron de Stack Overflow, un forum consacré à des millions de questions de développement informatique, défendait le même point de vue. « Les plateformes communautaires qui alimentent les grands modèles de langages doivent absolument être rémunérées pour leurs contributions », poussait Prashanth Chandrasekar dans « Wired », en soutien à Reddit. LIRE AUSSI : PANORAMA - Intelligence artificielle : la révolution ChatGPT en marche Les images, l'autre révolution de l'intelligence artificielle générative Nouveau rival d'OpenAI, Elon Musk a, lui aussi, récemment semblé accuser ChatGPT de pomper illégalement les données de Twitter et a menacé de poursuites devant les tribunaux. Réunie au sein de la News Media Alliance, la presse anglo-saxonne appelle de son côté OpenAI à entrer en négociation. Réflexions en France Alors que ChatGPT est désormais consulté par près de 200 millions d'utilisateurs par mois, l'entreprise de Sam Altman se retrouve en première ligne pour défendre les sources de connaissance de son chatbot révolutionnaire. L'enjeu n'est pas neutre dans un contexte où OpenAI pourrait voir son corpus de données d'entraînement se réduire également par l'action des CNIL européennes au nom de la protection des données personnelles . LIRE AUSSI : Pour le père fondateur de l'IA, les progrès actuels sont « effrayants » DECRYPTAGE - ChatGPT : l'intelligence artificielle confrontée à la délicate question des données personnelles En France, les mêmes réflexions commencent à poindre. Mais le sujet est encore embryonnaire par rapport au débat outre-Atlantique. « Je n'ai pas la moindre idée de si OpenAI aspire nos sites Web », reconnaît Antoine Hermite, le directeur général de Webedia, l'éditeur de Jeuxvideo.com et d'AlloCiné. A la tête de LeBonCoin, le groupe Adevinta rappelle que la pratique est interdite et qu'elle essaye de s'en prémunir à l'aide d'un logiciel de cybersécurité. Le rêve des droits voisins sur ChatGPT Rien n'empêche toutefois de rêver de récupérer une part du succès américain. Alors qu'il est difficile de détecter le passage des robots d'indexation d'OpenAI, le Geste (la fédération de 90 éditeurs en ligne) travaille sur un marqueur technique. L'idée est ensuite d'ouvrir la voie à des négociations. Il est assez utopique d'imaginer un accord commercial. Jérémy Parola directeur du numérique de Reworld Media « Il est assez utopique d'imaginer un accord commercial avec ces sociétés qui nous diront qu'elles ne tirent pas directement profit de nos contenus. Mais elles font un profit indirect, ce qui ouvre la voie à une rémunération via les droits voisins », note Jérémy Parola, le directeur du numérique de Reworld Media (Doctissimo, Marmiton). A la manière de ce qui s'est fait avec Google et Meta, il espère un cadre législatif qui, tôt ou tard, pousserait OpenAI à discuter avec les éditeurs.
Disparue depuis près de deux ans à La Réunion, Brigitte Ligney, maire d’une commune du Doubs déclarée décédée
Brigitte Ligney, maire de La Chenalotte dans le Doubs, a disparu le 26 juillet 2021 lors d’une randonnée dans le secteur du Piton de la Fournaise. Un hommage lui sera rendu ce samedi 6 mai dans la commune où elle avait entamé un deuxième mandat. La procédure ouverte par le parquet de La Réunion est close. Les recherches officiellement terminées. Depuis le 24 mars 2023, 21 mois après sa disparition, l’élue de 63 ans n’est plus considérée comme disparue, mais décédée, bien qu’aucun corps n’ait été retrouvé. “On s’attendait à cette décision. Cela ravive la douleur pour nous, et pour la famille” explique Dimitri Coulouvrat, maire de La Chenalotte par intérim. Brigitte Ligney prise en photo quelques heures avant sa disparition, le 26 juillet 2021 à La Réunion. • © Facebook Disparue lors d’une randonnée avec son compagnon Voici la dernière photo de Brigitte Ligney, en bermuda, sac-à-dos et appareil photo autour du cou. Elle randonnait le 21 juillet 2021, jour de sa disparition avec son compagnon sur le GR R2 au départ de Saint-Philippe, à La Réunion. Elle le devance à un moment. Il ne la retrouvera jamais. Brigitte n’a plus été vue à partir de 16h30, au pied du Piton de Bert. Des recherches dans un milieu parfois difficile. • © Alain Bertil De nombreuses recherches sont alors déclenchées par le peloton de gendarmerie de haute montagne, puis pendant des jours par des bénévoles sur l'île de la Réunion. Une page Facebook fédère les bonnes volontés Il restera de Brigitte Ligney, une présence forte, son attachement à la commune, son dévouement, ses projets initiés dont l’extension rénovation de l’école qu’elle n’aura jamais vue. Dimitri Coulouvrat, adjoint au maire de La Chenalotte par intérim Un temps d’hommage dans la petite commune de 570 habitants À La Chenalotte, la nouvelle de la disparition de Brigitte Ligney a été un choc. Les jours, les semaines, les mois ont filé, estompant tout espoir de revoir la sexagénaire en vie. L'équipe municipale a dû gérer cette situation particulière. Le premier adjoint a été désigné maire, pour motif de “maire empêché” jusqu’au 24 mars dernier. Il est désormais maire par intérim. Samedi 6 mai à 15 heures, se déroulera dans la commune du Haut-Doubs une cérémonie religieuse puis un hommage républicain en présence de nombreux élus, de la famille de Brigitte Ligney et des habitants du village. “Cette cérémonie, c’est aussi une étape dans le chemin du deuil, tant pour nous que pour la famille, même si on n’a pas retrouvé son corps” ajoute l’élu. Des élections en juin prochain Après l’hommage, viendront des élections. Trois postes sont à pourvoir dans la commune de La Chenalotte. Celui de Brigitte Ligney, disparue, et de deux personnes qui ont donné leur démission ces derniers mois. À La Chenalotte, les habitants sont donc appelés à voter les 11 et 18 juin 2023.
Le paysage de la publicité en ligne bouleversé par l’intelligence artificielle
Meta, Snap, Pinterest, Alphabet… Les deux dernières semaines ont été riches d'enseignement sur le nouveau paysage de la publicité en ligne. Des géants de la tech, Meta en tête, ont démontré leur capacité à attirer les publicitaires malgré un contexte difficile. Au contraire, les ventes de Snap et de Pinterest, deux acteurs de plus petite taille, se sont effondrées. « Ce à quoi nous assistons en ce moment, c'est à une transformation du paysage de la publicité en ligne sur les réseaux sociaux, explique Jasmine Enberg, analyste chez Insider Intelligence. C'est une bascule vers un système plus automatisé, qui transforme en profondeur le marché. » « Les grandes plateformes, et notamment Meta, réussissent à utiliser davantage l'intelligence artificielle, poursuit l'experte. Elles bénéficient également de leur taille. Dans un contexte très incertain, les annonceurs recherchent des plateformes qui ont fait leurs preuves et les plus grands acteurs bénéficient de cette tendance. » Plus d'automatisation En août dernier, Meta a dévoilé Advantage+, un outil qui offre aux annonceurs d'automatiser leurs campagnes de publicité. Il permet de créer plusieurs versions d'une même campagne de publicité, avec des visuels différents. L'outil sélectionne ensuite la meilleure version, affirme l'entreprise, afin de montrer à chaque utilisateur la version à laquelle ils sont le plus susceptibles de réagir. LIRE AUSSI : RESULTATS - Meta redresse la barre après une année catastrophique La directrice financière de Meta, Susan Li, a assuré que ce nouvel outil « continue à gagner du terrain et reçoit des retours positifs des annonceurs », lors de la publication de résultats trimestriels la semaine dernière. Elle n'a pas donné davantage de précision sur les revenus dégagés par Advantage+. Boîte noire De même, Google a aussi déployé un outil qui permet, selon lui, d'optimiser les résultats d'une campagne publicitaire en déployant automatiquement des publicités sur Search et sur YouTube. Ces nouveaux outils constituent néanmoins une « boîte noire » pour les annonceurs, dont certains se plaignent de l'opacité du système. Chez Amazon qui est devenu un géant de la publicité, les recettes ont encore bondi de plus de 20 % sur les trois premiers mois de 2023 et dépassent les 9,5 milliards. Le géant du commerce, du cloud et de la tech met lui aussi de plus en plus l'accent sur des solutions basées sur l'intelligence artificielle. Son service permet de mettre en avant des publicités et des produits de façon de plus en plus ciblée et pertinente en s'adressant directement à des consommateurs prêts à concrétiser une intention d'achat. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Publicité en ligne : l'effritement du duopole Google/Facebook s'accélère Ces outils basés sur l'intelligence artificielle « ont été d'excellents arguments pour rendre, mine de rien, le marché plus opaque », s'offusque sur LinkedIn Mathieu Ceccarelli, un consultant spécialisé en marketing numérique. « L'effet est que les annonceurs ont moins de contrôle sur leurs campagnes publicitaires et moins d'informations sur leurs dépenses. » Snap et Pinterest chutent Malgré ces inconvénients, les géants de la tech semblent parvenir de plus en plus à vendre cette solution automatisée aux entreprises, et notamment aux PME et aux start-up. Au contraire, leurs rivaux de plus petite taille rencontrent davantage de difficultés à attirer les annonceurs en l'absence de produits automatisés. Les actions de Pinterest et de Snap, en particulier, se sont effondrées depuis la publication de leurs résultats fin avril. Pour remonter la pente, Snap veut investir dans Spotlight, un fil de vidéos courtes. Il a aussi lancé MyAI, un chatbot qui peut répondre aux questions des utilisateurs, mais qui crée la controverse à cause de réponses approximatives ou choquantes. LIRE AUSSI : Snapchat accélère dans l'IA générative RESULTATS - Nouvelle chute de Snap, de mauvais augure pour ses concurrents « Tous ces investissements visent à augmenter la surface où les annonceurs pourront déployer des publicités, explique Jasmine Enberg. Mais Snap prend le risque d'aliéner une partie de ses utilisateurs, qui utilisent la plateforme comme un service de messagerie entre amis. » Twitter porté disparu Quant à Twitter, la plateforme acquise par Elon Musk, elle a presque disparu du paysage de la publicité en ligne. « Le modèle économique de Twitter dépendait largement des grandes marques et ces dernières sont loin d'avoir recommencé à dépenser autant qu'avant » l'acquisition, note l'analyste. « Il y a de plus petites entreprises qui occupent ces espaces publicitaires. Mais cela ne suffit pas à compenser l'exode des grands comptes. Et Twitter Blue ne va bien sûr jamais rapporter assez d'argent pour compenser les pertes liées à la publicité, ajoute l'experte. Twitter avait des problèmes avant l'arrivée d'Elon Musk, mais maintenant c'est lui le principal problème. » Le comportement erratique du milliardaire a effrayé les annonceurs, qui assuraient l'essentiel des revenus de la plateforme.
Ce que révèle ChatGPT sur l’avenir du bitcoin
ChatGPT est-il le moins mauvais des prévisionnistes des cours du bitcoin et des cryptos, ou en tout le moins partisan ? Le rebond des marchés en 2023 a conduit les particuliers à se tourner vers cet outil de l'intelligence artificielle très populaire pour se faire une opinion sur le juste prix du bitcoin ou de l'ethereum. P . Interrogé par « Les Echos », ChatGPT avertit d'emblée que « le marché du bitcoin est très volatil et que les prévisions (de cours) peuvent être imprécises ». La valeur de la star des cryptos peut « fluctuer considérablement en raison de facteurs tels que la demande du marché, les réglementations gouvernementales et les événements mondiaux ». « À mesure que le marché des cryptos mûrit et que de plus en plus de gens prennent conscience du potentiel des monnaies numériques, bitcoin deviendra probablement plus largement accepté et sa valeur continuera d'augmenter », ajoute ChatGPT. S'il se déclare non compétent pour faire des prédictions, ChatGPT évoque tout de même des « valeurs hypothétiques » possibles pour le bitcoin : 150.000 dollars en 2024, 200.000 dollars deux années plus tard et 300.000 en 2030. En 2030, l'ethereum - la deuxième crypto au monde derrière le bitcoin -, actuellement sous les 2.000 dollars, pourrait valoir entre 5.000 et 20.000 dollars. Dans les sept prochaines années, ChatGPT table sur des rendements annuels du bitcoin décroissant de 16 % à 9 %. Avec le temps, la performance de la leader des cryptos rentrerait dans le rang et convergerait vers celles des classes d'actifs traditionnelles. Les actions ont ainsi un rendement réel de long terme de 5 % pour les pays développés, selon l'étude annuelle du Credit Suisse. LIRE AUSSI : ChatGPT est déjà un as de la finance ChatGPT, l'oracle qui murmure à l'oreille des marchés Bitcoin, ethereum et dogecoin L'intelligence artificielle ne paraît pas foncièrement hostile aux « monnaies artificielles ». Interrogé sur les possibles évolutions du bitcoin, ChatGPT n'évoque que celles qui prévoient une hausse. « Certaines prévisions optimistes suggèrent que le prix du Bitcoin pourrait atteindre des sommets allant jusqu'à 500.000 dollars, tandis que d'autres prévisions plus conservatrices prévoient une croissance plus modérée », estime l'IA. Il est peu probable que le bitcoin disparaisse complètement, mais il est possible que sa popularité et sa valeur diminuent considérablement dans le futur ». Conor Crogan, le responsable des produits commerciaux de Coinbase, a poussé ChatGPT dans ses retranchements en « débridant » l'outil pour qu'il prenne davantage ses responsabilités sur des prévisions. D'ici à 2035, le bitcoin a 15 % de chances de disparaître selon les probabilités déduites. Pour la seconde crypto, l'ethereum, la probabilité de disparaître est de 20 %. Dogecoin, la crypto parodique favorite d'Elon Musk, joue son avenir à pile ou face. Perfectionné dans les années à venir, ChatGPT deviendra-t-il le nouvel oracle du bitcoin et des autres cryptos au point de concurrencer les gourous « en chair et en os » ? Il n'est pour le moment pas explicite sur son modèle d'évaluation et les hypothèses qu'il privilégie. En février, la première plateforme au monde - Binance - estimait sur son blog que « ChatGPT est très prometteur en termes d'information et d'éducation. Cela peut aider à éduquer les utilisateurs sur les concepts de blockchain et de crypto et rendre la technologie plus accessible à un public plus large ». Mais trois mois plus tard, le groupe évoquait dans le magazine « Fortune » la part d'ombre de l'intelligence artificielle. Elle est utilisée depuis plusieurs semaines pour mener une campagne de dénigrement à l'égard de son dirigeant Changpeng Zhao (CZ), accusé d'être un membre du parti communiste chinois à la solde de Pékin.
Crypto : le fisc prend position sur la taxation de certains NFT
Les NFT, pour non fungible tokens, sont des nouveaux outils numériques aux finalités variées. Ils peuvent être des images de collection potentiellement spéculatives , des objets ou des avatars dans un jeu vidéo qui s'achètent et s'échangent en ligne. L'intérêt de passer par le format NFT est de rendre ces objets uniques. En effet, alors qu'une image numérique est aisément falsifiable et duplicable (comme un copier-coller d'une photo en ligne), un NFT est construit pour associer un droit de propriété à des actifs numériques. C'est la raison pour laquelle certains sont prêts à payer, et même parfois payer très cher, pour ces objets numériques. En avril 2021, la vente aux enchères de cubes numériques de l'artiste Pak avait ainsi atteint près de 17 millions de dollars. Cadre fiscal de l'impôt sur le revenu en cours de construction Mais, comme les NFT sont tout récents, le cadre fiscal est encore en cours de construction. Du côté des investisseurs, ils sont actuellement assimilés à de la cryptomonnaie, comme le Bitcoin. Mais les fiscalistes s'intéressant à l'univers crypto sont nombreux à penser que ce régime d'imposition n'est pas adapté. Ils plaident pour un traitement au cas par cas, en fonction du sous-jacent du NFT. Suivant cette logique, une oeuvre numérique « tokénisée » devrait être fiscalement considérée comme une oeuvre d'art et non être imposée à la flat-tax. Toutefois, rares sont les investisseurs à vouloir déposer une demande de rescrit auprès de l'administration fiscale. Cette démarche permet d'exposer à la Direction générale des finances publiques (DGFIP) une situation particulière et détaillée où le demandeur présente ce qu'il pense être le bon mode d'imposition. En retour, l'Administration prend position. « L'intérêt du rescrit est que la réponse de l'Administration lui est opposable par son bénéficiaire. Ainsi, une fois que la personne à l'origine du rescrit a l'avis de l'administration, si elle s'y conforme, elle n'a plus de risque que l'administration revienne sur sa position », explique Alexandre Lourimi, avocat fiscaliste pour le cabinet ORWL, spécialisé dans la crypto. LIRE AUSSI : MODE D'EMPLOI Impôts 2023 : comment bien déclarer ses cryptos et NFT et éviter l'amende de 10.000 euros FOCUS Le centre Pompidou confère aux NFT une respectabilité artistique Si les demandes de rescrit sur une même problématique se multiplient, ces prises de position sur des cas particuliers peuvent aboutir à ce qu'on appelle un Bofip, autrement dit une publication au Bulletin officiel des finances publiques qui officialise la position arrêtée par l'Administration. « Pour le traitement fiscal des NFT, ce serait intellectuellement intéressant de faire des demandes de rescrit, mais je ne suis pas sûr que, pour le client, ce soit forcément dans son intérêt », explique Alexandre Lourimi. Car comme les NFT peuvent avoir des sous-jacents très différents, l'exercice serait potentiellement complexe. Et les conclusions pourraient ne pas s'adapter à la réalité d'un secteur très jeune, redoutent leurs détenteurs. Un avis rendu sur la TVA Récemment, l'Administration fiscale a tout de même été sollicitée sur la taxation des NFT par plusieurs sociétés. Cela ne concerne pas l'impôt sur le revenu mais l'assujettissement ou non à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Pour rappel, la TVA est un impôt indirect collecté par les entreprises mais payé par les clients lorsqu'ils achètent des biens et services. En l'occurrence, ces demandes de rescrit concernent des circonstances spécifiques de mise en vente de NFT. L'une émane d'une société souhaitant développer un jeu vidéo dans un « métavers », du nom de ces espaces numériques où les joueurs peuvent facilement interagir. Pour financer son développement, l'entreprise compte notamment sur la vente des NFT des personnages qui serviront ensuite à accéder à son métavers. L'achat de ces NFT confère également à leurs porteurs un droit de vote sur les décisions clés relatives au développement du projet. Dans ce cadre, ces objets numériques sont-ils considérés comme des biens et services assujettis à la TVA ? Telle était la question principale posée par cette entreprise. Le service Patrimoine des « Echos » a eu accès au rescrit de la DGFIP en réponse à cette entreprise. A sa lecture, on comprend que l'entreprise soutenait que ses NFT ne devaient pas être soumis à la TVA, en raison de l'aléa existant au moment de leur vente quant à l'achèvement du projet et donc quant à la concrétisation des contreparties offertes à leurs acquéreurs. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE Cryptos : le risque de vol sous-estimé par les investisseurs EXCLUSIF Livrets cryptos : les clients de Coinhouse n'ont pas tout perdu L'administration fiscale a donné raison à la société. Son raisonnement passe par plusieurs étapes. D'abord, la DGFIP dresse le constat que « les opérations réalisées par la société consistent à vendre des [NFT] dont la détention permettra un accès à divers services, non existants à de jour ». En théorie, « du point de vue de la TVA, les [NFT] n'étant pas des biens corporels, les opérations entre parties portant sur des droits d'utilisation d'un service (futur au cas d'espèce) doivent être qualifiées de prestations de services », indique la DGFIP. Cependant, en l'occurrence, « l'accès à des services associés, dont le développement n'est pas encore achevé, est par définition incertain, empêchant de reconnaître un lien direct entre le service rendu et la contre-valeur reçue à la date de la vente », nuance l'Administration. De fait, « la vente des [NFT] dont la propriété est en réalité un pré-requis à l'accès à un panel de services, est hors du champ de la TVA au jour de la vente de ces NFT », conclut l'Administration fiscale. Prolongement du raisonnement sur les ICO Pour Alexandre Lourimi, avocat fiscaliste spécialisé dans les cryptos, cette décision n'est pas surprenante. La DGFIP s'inscrit ainsi dans le prolongement du raisonnement qu'elle avait eu en 2019 sur les ICO. Ces « Initial Coin Offering » sont peu ou prou l'équivalent d'une introduction en Bourse dans l'écosystème crypto. En échange de l'achat d'un jeton, son détenteur bénéficie d'avantages particuliers en lien avec le projet qu'il aide à financer. Il peut parfois être associé à son développement. Sur les ICO, la DGFIP estime qu'« en raison de l'existence d'un aléa sur le principe même des contreparties futures, il n'existe pas de lien direct au sens de la TVA au moment de l'émission et de l'acquisition du jeton avec un quelconque bien ou service. Partant, il s'ensuit qu'au moment de la levée des fonds donnant lieu à la remise de jetons dans le cadre de l'offre au public, les sommes perçues par la société émettrice des jetons n'ont pas à être soumises à la TVA », peut-on lire dans le Bofip publié le 7 août 2019. Il s'agit donc d'un argumentaire semblable au rescrit sur les NFT. « La décision de l'Administration fiscale me semble assez logique, analyse Alexandre Lourimi. Mais elle aurait pu considérer que le NFT représente une image, donc que l'entreprise a vendu un bien incorporel soumis à la TVA. L'Administration est vraisemblablement entrée dans le détail de ce que constitue un NFT », explique l'avocat spécialisé. Royalties exonérés de TVA Dans le détail, le questionnement de la jeune entreprise allait un peu plus loin. Notamment, elle interrogeait aussi le fisc sur l'assujettissement à la taxe sur la valeur ajoutée des royalties que l'entreprise percevrait au moment où les détenteurs de ses NFT les revendraient à d'autres joueurs. Dans son modèle économique, la société prévoit en effet de percevoir un pourcentage fixe assis sur le montant des transactions. Elle soutenait que ces commissions ne devaient pas être taxées en raison de l'absence de rapport juridique avec la personne qui ferait l'acquisition de ses NFT sur le marché secondaire. LIRE AUSSI : ENQUÊTE Gestion de patrimoine : les innovations au service de votre argent DECRYPTAGE Fiscalité des NFT : 10 questions pour essayer de s'y retrouver Là encore, la DGFIP valide cet argument : « la jurisprudence européenne conditionne l'assujettissement à la TVA, en ce qui concerne le droit de suite, à l'existence d'un rapport juridique entre le vendeur et l'acheteur dans le cadre d'une revente d'oeuvre originale », indique l'administration. En l'espèce, « la perception de la commission s'effectuant hors cadre de tout rapport contractuel [avec] les acheteurs successifs, le service confirme qu'il n'y a pas lieu de faire entrer ces opérations dans le champ de la TVA », conclut la DGFIP. L'administration fiscale rappelle toutefois que ces raisonnements ont été tenus au regard des éléments que la PME a portés à sa connaissance. En cas d'incomplétude, d'erreurs ou d'évolution législative par la suite, ces conclusions pourraient ne plus être valables. Pour rappel, cette position de l'Administration n'est pour l'instant opposable que par le demandeur. « Mais elle pourrait avoir une portée générale si l'administration décidait de publier le rescrit », explique Alexandre Lourimi du cabinet ORWL.
Joyned, l’outil de commerce social dédié aux voyages de groupe –
Le module développé par Joyned propose aux voyageurs d’inviter leur cercle d’amis ou familial dans les discussions concernant l’organisation d’un voyage en groupe. Amis et famille peuvent ainsi discuter et collaborer au projet dans un espace privé. Les voyageurs ont la possibilité de réserver leur séjour quand ils le souhaitent. L’objectif est de faire de l’organisation d’un voyage de groupe un moment d’échanges, de partage et d’offrir une expérience client améliorée et simplifiée. Pour les plateformes adoptant cette solution, cela leur permet d’obtenir des données et informations supplémentaires comme la perception des prix et la cartographie du parcours d’achat. Récemment, la jeune pousse s’est associée à Amadeus qui intégrera Joyned Booking à sa plateforme de réservation. L’accord prévoit que le logiciel de réservation de groupe soit proposé aux agences de voyages en ligne et aux autres acteurs du voyage numérique à travers le monde.
Pour le père fondateur de l’IA, les progrès actuels sont « effrayants »
La nouvelle a fait grand bruit dans le petit monde de l'intelligence artificielle. Lundi 1er mai, dans une interview au « New York Times », Geoffrey Hinton a annoncé son départ de Google, où il occupait depuis 2013 le poste d'ingénieur en chef. Professeur émérite à l'université de Toronto, ce chercheur de 75 ans est souvent qualifié de « père fondateur de l'intelligence artificielle », car ses travaux sur les réseaux de neurones et l'apprentissage automatique profond (« deep learning ») ont révolutionné la discipline à partir des années 2000. Cinq ans après avoir été récompensé par le prix Turing , équivalent du Nobel pour l'informatique, aux côtés de deux de ses confrères, le Français Yann Le Cun et le Canadien Yoshua Bengio, Geoffrey Hinton ne cache plus ses inquiétudes face aux derniers progrès de l'intelligence artificielle, et en particulier des grands modèles de langue (« large language models ») comme GPT-4 d'OpenAI . « Je suis parti pour pouvoir parler des dangers de l'IA sans que cela ait un impact pour Google », avait précisé le chercheur dans un tweet après l'annonce de son départ. Mercredi, pour sa première apparition publique depuis la parution de l'article, Geoffrey Hinton s'est expliqué longuement sur les raisons de son départ. Interrogé en visioconférence lors de la conférence EmTech Digital, organisée à Boston par la « MIT Technology Review », le chercheur a indiqué avoir « très récemment changé d'avis » sur la capacité des modèles informatiques à apprendre mieux que le cerveau humain. « Plusieurs éléments m'ont amené à cette conclusion, l'un d'entre eux étant la performance de systèmes tels que GPT-4. » LIRE AUSSI : ENQUETE - Hinton, Le Cun, Bengio : la « conspiration » du deep learning Avec seulement 1.000 milliards de connexions, ces systèmes ont, selon lui, « une sorte de sens commun sur tout, et en savent probablement mille fois plus qu'une personne, dont le cerveau a plus de 100.000 milliards de connexions. Cela veut dire que leur algorithme d'apprentissage pourrait être bien meilleur que le nôtre, et c'est effrayant ! » D'autant que, comme ces nouvelles formes d'intelligence sont numériques, elles peuvent partager instantanément tout ce qu'elles ont appris, ce dont les humains sont bien incapables… Risque de manipulation Reconnaissant qu'il avait longtemps refusé de croire aux dangers existentiels posés par l'intelligence artificielle, et en particulier à celui d'une « prise de contrôle » de l'humanité par des machines devenues superintelligentes, Geoffrey Hinton n'hésite plus à évoquer ce scénario catastrophe. « Ces choses auront tout appris de nous, lu tous les livres de Machiavel, et si elles sont plus intelligentes que nous, elles n'auront pas de mal à nous manipuler. » Avant d'ajouter, avec un humour pince-sans-rire : « Et si on sait manipuler les gens, on peut envahir un bâtiment à Washington sans être sur place. » LIRE AUSSI : Elon Musk et des experts appellent à une pause dans l'IA PANORAMA- Intelligence artificielle générative : la révolution ChatGPT en marche Face à un tel risque, le chercheur avoue « ne pas avoir de solution simple à proposer. Mais je pense qu'il faut y réfléchir sérieusement. » En revanche, il ne croit pas qu'il soit possible de mettre la recherche sur l'IA en pause, comme l'ont demandé de nombreuses personnalités de la tech dans une lettre ouverte . « Si les Etats-Unis cessent de développer, la Chine ne le fera pas et s'en servira pour des armes, estime Geoffrey Hinton. Donc, oui, je pense qu'arrêter de les développer pourrait être une décision rationnelle, mais il n'y a aucune chance que cela se produise. Il est donc ridicule de signer des pétitions pour ça. » LIRE AUSSI : ChatGPT : l'intelligence artificielle confrontée à la délicate question des données personnelles Après le succès fulgurant de ChatGPT, des sites Web réclament leur part Le même argument lui sert à défendre son ancien employeur. Google a en effet créé certaines technologies à l'origine de GPT il y a plusieurs années, mais « sans les lâcher dans la nature, par peur des conséquences », explique-t-il. « Google a été très prudent, mais quand OpenAI et Microsoft ont développé des choses similaires et les ont rendues publiques, il n'avait plus le choix. Dans un système capitaliste, vous ne pouvez pas empêcher Google d'être en compétition avec Microsoft, tout comme vous ne pouvez pas empêcher les Etats-Unis d'être en compétition avec la Chine. »
Le TGV M ouvre-t-il la voie aux trains autonomes ? –
Le TGV M va être doté de plusieurs nouvelles fonctionnalités, dont une capacité du nombre de passagers de +20%, une réduction de la consommation d’énergie réduite de 20% et un montant d’acquisition lui aussi réduit de 20%. En parallèle, il sera doté d’un système embarqué qui permettra de récolter de la data tout au long du trajet et de donner en temps réel un « bilan de santé » du train aux équipes de maintenance. Avec le TGV M nous allons entrer dans l’ère de la maintenance prédictive et ses données vont également pouvoir être utilisées par plusieurs corps de métier au sein de la SNCF. Du côté des voyageurs, les baies vitrées vont être élargies pour avoir une meilleure visibilité sur l’extérieur, la climatisation va fonctionner en prenant compte du nombre de passagers à bord et l’éclairage sera modulable. Concernant la connectivité à bord, la 5G sera disponible et le Wifi sera capable de supporter le streaming, ce qui n’est pas le cas dans les TGV actuels. Pour les clients à mobilité réduite, une salle leur sera dédiée et pourra accueillir jusqu’à 5 personnes en fauteuil roulant en leur permettant d’avoir accès à des toilettes répondants aux normes PMR. Vous parliez de train modulable, qu’est-ce que cela veut dire ? Les trains pourront être composés de 7, 8 ou 9 voitures, selon les besoins en capacité. Mais, surtout, la quasi-totalité du mobilier à l’intérieur de chaque voiture sera modulable. Nous serons en mesure d’aménager des espaces pour des particuliers ou des professionnels très facilement, pour des salles de réunion par exemple ou bien encore transformer une seconde classe en Première et inversement en un temps record. Selon la saisonnalité, le nombre de cases à bagages pourra également être augmenté ou réduit pour mettre plus ou moins de sièges passagers…Tout pourra être changé facilement dans des délais très courts. Des améliorations seront ensuite faites, si nécessaire, selon les retours des usagers lorsque les trains entreront en circulation. Nous avions déjà abordé le sujet des trains autonomes avec la SNCF, est ce que ce train sera capable de supporter ce type de système ? Ce nouveau TGV sera effectivement pré-câblé pour une autonomisation de niveau 2 (le conducteur surveille et prend le contrôle en cas de besoin, ndlr). Les systèmes internes seront en mesure de prendre en charge tous les aspects de la conduite mais un conducteur sera présent en cabine pour pouvoir intervenir en cas de problème. Nous ne sommes pas sur un circuit fermé et il y a trop d’éléments extérieurs à prendre en compte pour se passer de conducteur à bord. Au total, 115 rames ont été commandées et seront livrées au rythme de 1 par mois à compter de 2024 jusqu’en 2032. A savoir que le parc SNCF compte plus de 300 rames, ce qui veut dire que toutes les rames ne seront pas remplacées.
Apple, dernier des géants de la tech à rassurer les marchés
Les résultats d'Apple, en légère baisse, ont rassuré les marchés, qui s'attendaient à une chute plus marquée. La semaine dernière, d'autres géants de la tech - Alphabet, Meta, Amazon et Microsoft - avaient déjà montré leur capacité à continuer à croître malgré un environnement difficile. L'action Apple a progressé de 2,5 % dans les échanges après la fermeture de Wall Street. Les revenus trimestriels d'Apple se sont établis à 94,8 milliards de dollars en trois mois, en recul de 3 % sur un an. Ses ventes auraient progressé d'une année sur l'autre si le dollar s'était maintenu à son niveau de l'année dernière, nuance son PDG. Le bénéfice net a atteint les 24 milliards de dollars, ce qui est supérieur aux prévisions des analystes. L'année dernière, le groupe avait néanmoins dégagé plus de 25 milliards de bénéfices. Avancée de l'iPhone, recul du Mac Les ventes d'iPhone, son produit phare, ont rapporté 51,3 milliards de dollars à l'entreprise, en légère progression sur un an. Le signe, selon l'analyste Dan Ives, que la marque californienne continue à gagner du terrain en Chine malgré les difficultés économiques. Les services ont également progressé, à un rythme moins soutenu que par le passé.