HOSPITALITY LAB & PRACTICE FOR BRANDS

Blog2017-10-23T13:43:48+00:00

GDPR : L’hospitalité des marques fait loi en Europe.

GDPR : L’hospitalité des marques fait loi en Europe.

En imposant aux marques de privilégier l’intérêt de leurs clients dans la gestion des données qu’elles détiennent, l’Europe fait de l’hospitalité le vecteur principal de leur croissance.

1. AUJOURD’HUI, LA CROISSANCE DES MARQUES PASSE PAR LA QUALITÉ DE LEUR RELATION CLIENTS.

Dans un monde digital, « Les Marchés sont des Conversations ».

Dès 1999, Doc Searls et ses co-auteurs avaient mis cette idée au coeur de leur “Clue Train Manifesto” (Manifeste des Evidences) (1), démontrant alors avec brio comment le développement du “capital relationnel” de la marque pouvait devenir le principal moteur de la croissance des entreprises.

L’arrivée des sites internet dans la fin des années 1990 avait eu en effet le mérite de faire prendre conscience qu’il pouvait se nouer une relation directe entre l’entreprise et ses clients, sans passer par un distributeur ; et que ces nouveaux liens produisaient énormément de données qu’il était probablement intéressant d’exploiter : ainsi, pour développer plus loin l’idée du “Clue Train”, lorsqu’il s’agit de générer une croissance durable des ventes et des profits, les meilleurs atouts de la marque sont sa légitimité à susciter des échanges autour de son coeur de métier (Conversation), son intelligence à les analyser (Curation), sa capacité à apporter des réponses adaptées aux besoins exprimés (Customization), et finalement son empathie relationnelle, propre à mettre le client en résonance avec la marque (Communion). Autant d’atouts qui précèdent dorénavant la simple « qualité des produits » mis au catalogue, autrefois le principal fer de lance des entreprises.
Une vision depuis partagée par Interbrand(2), qui dans sa publication annuelle du classement de la valeur des marques insiste sur le fait que “la croissance est la conséquence d’une stratégie claire et d’expériences exceptionnelles délivrées au consommateur”.
Voici donc venu le temps pour les marques soucieuses de croissance durable de passer un nouveau contrat relationnel avec leurs consommateurs, où l’achat et la livraison du produit n’est plus la fin mais le début de la relation : un contrat qui couvre d’abord l’usage, et l’expérience qui l’accompagne. Un contrat qui est aussi l’occasion de proposer de nouveaux moments de consommation, de nouveaux services, qui sont autant de chiffre d’affaires supplémentaire pour les marques. Mais un contrat relationnel d’abord fondé sur le respect de l’intérêt du client, notamment en matière d’utilisation de ses données.

 

2. GDPR : UNE RÉGLEMENTATION POUR SAISIR DE NOUVELLES OPPORTUNITÉS DE CROISSANCE.

Selon une étude récente de la Commission Européenne(3), 72% des Européens s’inquiètent en effet de laisser trop de données personnelles aux entreprises, souvent à leur insu, et surtout de ne pas en recevoir de réelle contrepartie. D’ailleurs, la connaissance plus précise du client semble ne faciliter en rien la capacité de l’entreprise à mieux cibler ses offres : selon tous les indicateurs(4), le taux d’ouverture des mails diminue alors que les désabonnements (opt-out) augmentent, ce qui fragilise largement la rentabilité des investissements lourds consentis dans le CRM.
La Commission souligne également que le marché en ligne est constitué à 57% d’échanges avec des opérateurs américains, alors que seulement 4% des échanges se font au travers d’opérateurs pan-européens. Elle estime que si les 100 plus grosses entreprises Européennes faisaient un usage judicieux de leurs données clients, le PNB Européen pourrait s’octroyer 1,9% de progression supplémentaire d’ici 2020, soit plus de 200 Milliard d’Euros de gain potentiel.
C’est avant tout à cette opportunité de croissance que la GDPR s’attaque : permettre une meilleure utilisation des données pour les entreprises grâce à un consentement avéré des consommateurs, favoriser les échanges intra-européens au sein d’un univers mieux sécurisé. Loin d’être une contrainte, la GDPR est une chance de développement de nouvelles sources de revenus pour les marques européennes : elle conduit à un modèle de croissance durable rendu possible par une approche choisie et non plus subie de la consommation. Avec la GDPR, les marques doivent négocier avec chacun de leurs clients un contrat relationnel : elles doivent se mettre à l’écoute, comprendre les besoins, proposer leurs services, et définir les modalités de la relation ; le tout dans la transparence ( accès aux données, droit de modification) qui établit la confiance, l’attachement. Les marques deviennent alors attachantes dans le bon sens du terme, et c’est de cet attachement que nait la croissance durable.
C’est à ce nouveau modèle relationnel qu’appellait lui-même Doc Searls dans son “Clue Train Manifesto” : il lui avait même trouvé un nom, la VRM (Vendor Relationship Management). Une approche basée sur le consentement avéré du client vis à vis de ses fournisseurs (vendeurs) avec un postulat simple : “un consommateur libre a plus de valeur qu’un consommateur captif – pour lui-même, pour les marques et pour l’économie en général”.
Encore faut-il s’entendre sur la définition du consommateur “libre”. Searls le définit en cinq points :
1. Il entre en relation avec les marques de manière indépendante et sans contrainte.
2. Il est le point d’intégration de sa propre donnée (c’est lui seul qui peut relier sa donnée à sa personne).
3. Il a le contrôle de la donnée qu’il génère et collecte. Il décide de ce qu’il veut partager, à qui et comment.
4. Il définit son propre niveau d’engagement avec les marques.
5. Il est libre d’exprimer ses exigences et ses intentions en dehors du contrôle de toute entreprise.
C’est ce consommateur “libre” que la GDPR souhaite aujourd’hui promouvoir, afin d’en faire le vecteur de croissance de l’économie.

3. L’HOSPITALITE DES MARQUES, PRINCIPAL VECTEUR DE LEUR PROPRE CROISSANCE.

Accueillir un consommateur “libre” est sans doute une perspective qui effraie bon nombre de marques, tant elle ont été construites sur la notion d’un marketing manipulateur et insidieux, capable d’influencer jusqu’aux émotions pour enfermer les clients dans un tunnel de vente dont la seule issue est l’achat du produit. Avec la GDPR, ce n’est plus le produit qu’il va falloir vendre, c’est la marque qui doit apprendre à se faire acheter. Et pour cela, il va falloir qu’elle se montre hospitalière vis à vis de ses clients : bienveillante, humaine et proche.
Le produit devient simplement la porte d’entrée à la marque, celui qui va forger les impressions de la première rencontre, et donc le début (et non la fin) de l’histoire. Le produit n’est plus qu’un prétexte, c’est la marque qui devient le réel support de l’expérience pour le consommateur : c’est d’ailleurs à elle qu’il va naturellement s’adresser s’il a besoin d’assistance ou s’il a simplement des remarques à formuler. À la marque de se montrer engageante, accueillante, généreuse et humaine pour fidéliser le consommateur au-delà du premier produit, et pour entretenir une relation proche, intime, qui permettra de continuer à vendre sans qu’il soit besoin de déployer la coûteuse armada publicitaire du premier jour : avoir une stratégie à long terme d’entretien de la relation, plutôt que de s’épuiser dans des efforts permanents de recrutement.
Autant le “tunnel de vente” était indifférencié et anonyme, donc étranger à toute notion d’hospitalité, autant le “cycle de décision d’achat” est personnalisé et fait appel à la relation humaine : c’est de la capacité de la marque à accueillir que dépend la fidélisation du client, et encore plus, sa propension à devenir activement promoteur vis à vis de ses pairs. Pour le dire différemment, c’est du niveau d’hospitalité de la marque que va découler l’amplitude de la réalisation du cycle d’achat, et donc le montant de la valeur créée.
Autant le “tunnel de vente” s’envisageait dans un temps le plus court possible, avec l’espoir de limiter la durée d’exposition nécessaire pour déclencher l’achat afin de réduire les coûts, autant le “cycle de décision d’achat” s’inscrit dans la durée la plus longue possible afin de maximiser les revenus. En se plaçant dans une notion de permanence, on met forcément en exergue la qualité de l’hospitalité, seule capable de générer de la pérennité dans la relation.
Plus le consommateur progresse avec la marque, plus la marque fait preuve de « disponibilité » vis à vis des demandes du consommateur, plus se crée la confiance dans la relation, le consommateur récupérant de plus en plus de valeur d’usage en retour de sa relation avec la marque, la marque obtenant de plus en plus de “permissions” qui lui permettent d’aller encore plus loin dans son service du consommateur.
C’est bien là le cercle vertueux de l’hospitalité des marques : un marketing “on demand” (inbound marketing), un marketing de l’échange, de la confiance, de la permission, du partage de la valeur, où les clients sont aussi des hôtes ; un marketing qui se définit d’abord par rapport au client pour qu’il puisse adopter lui-même la marque, la faire sienne et en devenir à son tour le porte-parole…
Alors que la GDPR fait des marques le gibier de consommateurs devenus madrés, l’hospitalité est la meilleure réponse pour faire de ces mêmes marques les plus désirables des proies : avec bienveillance, humanité et intimité. Assurant ainsi la pérennité de leur croissance.

4. QUELLES APPROCHES POUR LES MARQUES FACE A LA GDPR ?

Ce serait peine perdue pour les marques que de se contenter de « mettre en conformité » leur bases de données tout en espérant garder les mêmes pratiques relationnelles. Car la GDPR est d’abord une invitation à renverser ses pratiques relationnelles pour faire montre d’hospitalité vis à vis de ses clients ; et c’est ce renversement d’attitude qui est lui même porteur de croissance pour les marques. Avec la GDPR, l’hospitalité ouvre pour les marques de nouvelles perspectives de croissance.
Une étude publiée en Mai dernier par le gouvernement Britannique4 s’était alarmée sur le fait que seulement 30% des grandes entreprises du pays avaient commencé à prendre les mesures nécessaires à la mise en conformité de leurs pratiques d’utilisation des données, alors que la transcription dans la loi Britannique vient d’être réalisée en ce mois d’Août, et qu’elle survivra au Brexit. Les autres pays feront-ils preuve de la même insouciance, par rapport à une échéance qui dans la plupart des pays européens, a été fixée à Mai 2018 ?
La GDPR transforme radicalement la manière dont les entreprises utilisent les données. Il va falloir arrêter d’acheter des listes d’adresses, et même se débarasser des listes qu’on aura pu acheter auparavant. Contacter un client exigera d’avoir les permissions nécessaires, sauf à s’exposer à des amendes prévues pour atteindre jusqu’à 4% du chiffre d’affaires.
Il n’y aura donc pas d’échappatoires.
Mais n’est-ce pas justement l’opportunité d’une prise de conscience salutaire dans le futur de la relation client ? Quelle marque aujourd’hui a encore besoin d’avoir accès à des millions de noms dont simplement un infime pourcentage montre un intérêt pour ses propositions ? Ne vaudrait-il pas mieux établir une véritable relation avec moins de clients mais qui ont un véritabe intérêt à avoir un dialogue, un échange, une conversation avec la marque ?
N’est-il pas temps, tout simplement, que les marques apprennent à devenir hospitalières vis à vis de leurs clients ?
Et si la GDPR n’était qu’un manifeste pour l’hospitalité des marques ? Une manière de sauver les marques traditionnelles à l’heure du digital ? La dernière opportunité à saisir avant liquidation ou reprise par les acteurs de la nouvelle économie ?
En développant leur hospitalité pour se mettre en conformité avec la GDPR, ce n’est pas tant l’amende que les marques vont éviter, c’est leur futur qu’elle vont assurer.
Aucune raison d’attendre. Embrassons la GDPR en développant l’hospitalité des marques (5).

 

 

(1) Le Cluetrain Manifesto (Manifeste des évidences) est un texte rédigé par Rick Levine, Christopher Locke, Doc Searls, et David Weinberger. Il est d’abord diffusé sur le web en 1999 comme un ensemble de quatre-vingt-quinze thèses, puis est publié sous forme de livre en 2000 avec les thèses prolongées de sept essais. https://www.amazon.com/Cluetrain-Manifesto-End-Business-Usual/dp/0738204315
(2) Etude 2016 Interbrand : http://interbrand.com/best-brands/best-global-brands/2016/
(3) Etude de la Commission Européenne : https://ec.europa.eu/commission/publications/why-we-need-digital-single-market_en
(4) Citée par Tanya Joseph dans le magazine Marketing Week (UK) du 7 Août 2017, New data laws are a chance to reset customer relationships : https://www.marketingweek.com/2017/08/07/tanya-joseph-data-law/
(5) Cf, “Manifeste pour l’Hospitalité des Marques”, Georges-Edouard DIAS, Edition Netexplo : https://www.amazon.fr/dp/2954667230/

L’Organisation météorologique mondiale dresse un bilan apocalyptique de l’année 2022

By |April 21st, 2023|Categories: Scoop.it|

La Terre a été le théâtre d'un véritable « chaos climatique » en 2022. Des océans aux glaciers en passant par les plaines, aucune zone n'a été épargnée par le réchauffement climatique, constate l'Organisation météorologique mondiale (OMM) dans son rapport annuel sur l'état du climat dans le monde, publié ce vendredi. C'est désormais confirmé : les huit dernières années sont les plus chaudes jamais enregistrées « malgré l'effet refroidissant d'un épisode La Niña au cours des trois dernières », précise l'organisation onusienne. En 2022, la température moyenne mondiale a été supérieure de 1,15 °C à celle de la période préindustrielle, dopée par des concentrations de gaz à effet de serre qui ont battu de nouveaux records. Côté océans, le constat est tout aussi accablant . « Le niveau de la mer et la chaleur des océans atteignent des niveaux record, et cette tendance se poursuivra pendant plusieurs siècles », alerte l'agence météo de l'ONU. Ainsi, 58 % de la surface des océans a connu au moins une vague de chaleur marine au cours de l'année 2022. Par ailleurs, le niveau de la mer monte deux fois plus vite que dans les années 1990. Records de fonte des glaciers PUBLICITÉ La glace de mer de l'Antarctique a atteint son niveau le plus bas jamais enregistré et « la fonte de certains glaciers européens a littéralement dépassé les records », tonne l'agence mondiale. Les glaciers de référence ont perdu, en moyenne, 1,3 mètre d'épaisseur entre octobre 2021 et octobre 2022. « Cette perte est beaucoup plus importante que la moyenne des dix dernières années », note l'organisation. Les Alpes européennes ont battu des records de fonte des glaciers l'an dernier en raison d'une combinaison de faible enneigement hivernal, d'une intrusion de poussière saharienne en mars et de vagues de chaleur entre mai et début septembre. De nouveaux records de température ont aussi été relevés au sommet du Mont-Blanc.

French Tech : de nouvelles propositions pour relancer le financement des start-up

By |April 21st, 2023|Categories: Scoop.it|

C'est l'heure du premier bilan pour Paul Midy. Après avoir consulté des pans entiers de la French Tech (patrons, investisseurs, associations, etc.), de la sphère politique (ministres, secrétaires d'Etat, etc.) et réalisé un voyage exploratoire au Royaume-Uni, le député Renaissance, qui pilote une mission parlementaire sur le soutien à l'investissement dans les start-up et les PME innovantes, a dévoilé, mercredi 19 avril, ses premières pistes de réflexion. Ce point d'étape intervient dans un contexte difficile pour la French Tech. Au premier trimestre 2023, les financements ont plongé de 66 % sur un an (1,8 milliard d'euros). Les valorisations sont revues à la baisse et beaucoup de jeunes pousses préfèrent se serrer la ceinture plutôt que de se refinancer dans des conditions difficiles. Une réalité qui se traduit par un faible nombre de tours de table depuis le début de l'année (205 seulement entre janvier et mars). Tout est bon à prendre Actuellement, des start-up emblématiques de l'écosystème se séparent de salariés ( PayFit , Back Market, Ankorstore, Ynsect , etc.) et celles à court de cash se revendent à bas prix, dévoilait récemment une étude de la banque d'affaires Avolta Partners. LIRE AUSSI : Paul Midy, le nouvel allié de la French Tech à l'Assemblée nationale Dans ce contexte morose, toute nouvelle source de financement est bonne à prendre. Le député de l'Essonne estime ainsi qu'il serait possible de mobiliser jusqu'à 3 milliards d'euros par an supplémentaires pour l'écosystème, en s'appuyant notamment sur l'argent disponible qui dort sur les comptes en banque. « Il y a 5.000 milliards d'euros d'épargne privée en France », insiste-t-il. Dans le détail, l'ancien salarié de Jumia et Frichti suggère de reconfigurer le dispositif « jeune entreprise innovante », en créant deux catégories distinctes : les JEIC (jeunes entreprises d'innovation et de croissance) et les JEIR (jeunes entreprises d'innovation et de rupture), qui désigneraient les deeptechs. Des déductions fiscales pour les deeptechs Les personnes qui investiraient dans ces sociétés labellisées par l'Etat bénéficieraient d'avantages fiscaux. Pour le premier millier d'euros investi dans une JEIC ou une JEIR, un particulier aurait droit par exemple à une déduction fiscale de 50 % sur l'impôt sur le revenu (IR).

Les Français toujours plus attirés par les cryptomonnaies

By |April 21st, 2023|Categories: Scoop.it|

Rien ne semble entamer le pouvoir d'attraction des cryptos en France, malgré un léger ralentissement de la dynamique. D'après une étude menée par Ipsos et KPMG pour l'Association pour le développement des actifs numériques (Adan), 9,4 % des Français déclaraient posséder des cryptomonnaies en 2022. Ils étaient 8 % en 2021 , et 3 % en 2020. Sur la période étudiée, le marché a pourtant été divisé par trois après les effondrements brutaux - aux conséquences massives - de la crypto Terra en mai et de la plateforme FTX en novembre . Pour lisser les effets de ces krachs, les auteurs de l'étude ont fait déborder leur enquête jusqu'en mars 2023, afin de mesurer si la chute de FTX , intervenue en fin d'année, avait dissuadé certains candidats à l'investissement. C'est l'inverse. Avec la reprise du cours des cryptos depuis janvier (+77 % pour le bitcoin), « nous voyons une hausse nette des adoptions, avec environ 100.000 Français en plus », assure Stanislas Barthelemi, manager Cryptos & Web3 chez KPMG France. Un Français sur deux réticent En 2022, la connaissance des cryptoactifs a continué de progresser. Désormais, 85 % des Français déclarent avoir déjà entendu parler des cryptos contre 77 % l'année précédente. En termes d'intention, 37 % sont intéressés par l'acquisition de cryptomonnaies alors que 48 % se montrent réticents. Mais qui sont ces investisseurs ? A 60 % - soit un peu plus que l'année dernière - ce sont d'abord des hommes . Ensuite, ils sont jeunes : 17 % des 18-35 ans ont des cryptos, contre 12 % en 2021. « Pour eux, la crypto devient une classe d'actifs comme une autre », estime l'auteur de l'étude, qui remet en avant la thèse du transfert générationnel déjà évoquée l'an passé : ces jeunes hériteront d'un capital dont une part pourra être investie en crypto. Enfin, les cryptofans appartiennent de plus en plus aux catégories socioprofessionnelles supérieures. Leur motivation principale reste la recherche de rendements à court et à long termes. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Plus rentables et spéculatives, les cryptos concurrencent la Bourse DECRYPTAGE - Dans la crypto, les « arnaques à la bouilloire » se portent bien Après le crash de FTX qui a touché des épargnants français , l'Adan, lobby des cryptos, met en avant leur prudence : « En moyenne, ils n'investissent pas plus de 11 % de leur épargne dans les cryptos. » Dans 70 % des cas, il s'agit de 5.000 euros. Pour Stanislas Barthelemi, ces données « contreviennent à l'image de l'investisseur qui fait n'importe quoi avec son argent ». D'ailleurs, les trois quarts des investisseurs cryptos ne sont pas si débutants, puisqu'ils possèdent aussi des actions. Coinbase, non régulé mais plébiscité Malheureusement, l'étude ne dresse aucun état des lieux des gains et des pertes. Or, nul doute qu'une année aussi chahutée que 2022 aurait été riche d'enseignements. Elle pointe cependant que ceux qui ont abandonné les cryptos en 2022 sont ceux disposant des plus faibles revenus. LIRE AUSSI : Cryptos : le monopole de Binance s'effrite mais reste solide Le scandale FTX a aussi amené les auteurs de l'étude à se pencher sur les plateformes favorites des Français pour acheter leurs cryptos. S'il n'est pas surprenant de voir le leader mondial - Binance - arriver en tête(39 %), il est un peu plus inquiétant de voir l'américain Coinbase se classer deuxième (28 %), lui qui ne possède aucun enregistrement de prestataire sur actifs numériques (PSAN) auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Revolut, Lydia et NFT de marques Il est intéressant de noter que les FinTech Revolut (20 %) et Lydia (13 %) sont aussi plébiscitées par les Français ; des offres respectivement proposées en marque blanche par les plateformes Bitstamp et Bitpanda. Pour Stanislas Barthelemi, l'éclaircissement à venir de l'environnement réglementaire européen avec le vote final du règlement MiCA cette semaine pourrait débloquer le canal bancaire comme nouvelle façon d'acquérir des cryptos, une demande d'ailleurs formulée par les sondés. Une autre catégorie de cryptoactifs attire les investisseurs hexagonaux : les NFT (jetons non fongibles). Alors que ce marché a été divisé par dix en volume en 2022, le nombre de Français qui en détiennent a doublé de 2 % à 4 %. Au centre de cette évolution : les jetons proposés par les marques .

Publicis, Omnicom, IPG… : le retour en grâce des grandes agences de publicité

By |April 21st, 2023|Categories: Scoop.it|

On les disait dépassées, certaines Cassandre leur prédisaient même d'être condamnées à long terme… Mais la petite musique aux airs de déclins concernant les grandes agences de publicité - WPP, Publicis, Omnicom, IPG, Dentsu - s'est doucement estompée et le vent a tourné à un moment où le reste du secteur des médias est très affecté par la hausse des taux et l'inflation. Encore ce mardi, Omnicom a publié ses résultats trimestriels et a battu les attentes des marchés financiers avec une croissance trimestrielle organique de 5,2 %, quand le consensus tablait sur 3,9 %. Même scénario pour le français Publicis qui a fait mieux encore et a révélé - ce jeudi matin, également à l'occasion de la communication de ses résultats trimestriels - qu'il affichait une croissance organique de 7,1 % sur un an, quand les investisseurs pariaient sur 4,5 %. Sur l'année en cours, le groupe français a confirmé son objectif de croissance organique, précisant que celle-ci serait située « dans la moitié haute de la fourchette de 3 % à 5 % ». Hausse des cours En Bourse, Omnicom et Publicis tutoient actuellement leurs pics historiques. Installé comme la principale capitalisation boursière mondiale du secteur depuis plusieurs semaines, Publicis pourrait même prochainement franchir, pour la première fois de sa longue histoire, le double cap des 80 euros de cours de Bourse et de 20 milliards d'euros de capitalisation. Tout un symbole. LIRE AUSSI : Le fonds Bridgepoint rachète l'adtech française Equativ valorisée 350 millions Cette période dorée pour les grandes agences intervient après plusieurs années de vaches maigres à la fin des années 2010. « A ce moment-là, une conjonction de phénomènes a joué contre elles et certains les voyaient déjà comme des dinosaures, se remémore Christophe Cherblanc, responsable de la recherche Actions dans le secteur des médias chez Société Générale. Plusieurs marques de grande consommation avaient commencé à questionner leurs dépenses marketing suivant le fondement du 'budget base zéro' du fonds d'investissement 3G, tandis que certains grands groupes internalisaient de plus en plus de métiers propres à la publicité. » Réinvention « Entre 2017 et 2019, la croissance des agences a ralenti chaque trimestre, rappelle Julien Roch, analyste chez Barclays. Et avec l'avènement de la publicité numérique, certains ont cru un temps qu'il n'y aurait plus besoin d'intermédiaire entre les annonceurs et les Gafam. Sans compter que la concurrence des grandes entreprises de consulting comme Accenture était alors très menaçante. » Comment expliquer une telle renaissance ? « Déjà, il s'est avéré que les Gafam ont pour base de clientèle les petites et moyennes entreprises qui n'ont jamais fait vivre les agences qui travaillent essentiellement avec les grands groupes », fait valoir Julien Roch.

L’incroyable renaissance du libraire américain Barnes & Noble

By |April 21st, 2023|Categories: Scoop.it|

L'expansion est de retour après dix ans de glaciation du réseau. Pour les Américains, c'était un crève-coeur de voir les boutiques s'empoussiérer puis disparaître. Les librairies au papier peint vert-chasseur ont bercé leur enfance. Dans l'inconscient collectif, l'esperluette en vitrine du magasin principal, sur Union Square, à New York, est aussi évocatrice que le « M » jaune de McDonald's. Le vaisseau amiral de Barnes & Noble, sur Union Square, à New York. © Arturo Stanig pour Les Echos Week-End « Avant, les magasins étaient sombres, vert foncé. Ici, tout est léger et lumineux », s'extasie Shirley, une grande femme d'origine asiatique qui s'est accordé une pause entre deux rendez-vous professionnels pour feuilleter romans et thrillers dans le nouveau magasin du New Jersey. Une gaieté qu'accentuent encore les alignements d'ouvrages pimpants et multicolores - bien plus qu'en France, où un graphisme classique reste de mise pour la grande littérature. La boutique lui sert de showroom : « J'adore regarder les couvertures, poursuit Shirley. Mais je vais probablement acheter en ligne. J'irai sur leur site Web, par loyauté, et par nostalgie ! » « Mieux organisé qu'avant » Le passé glorieux du libraire n'émeut pas un instant David et son copain, deux étudiants latinos qu'on rencontre, l'un accroupi en train de remplir un grand sac avec une quinzaine de mangas, l'autre debout à balayer du doigt les ouvrages en rayon. « On se fiche du design de la boutique. On est venus à l'ouverture pour prendre les introuvables avant qu'ils ne disparaissent », explique David, en serrant trois volumes de « Vagabond » d'Inoue Takehiko comme s'il s'agissait d'incunables. Les deux experts n'ont pas de temps à perdre avec plus de questions. On serpente dans les « pièces » de ce magasin-maison, organisé en compartiments - romances, polars, mangas, arts, documents, etc. Ici, un lecteur concentré est assis dans un fauteuil, près d'une table basse. On sort sur la pointe des pieds de son salon. Là, c'est le quartier des enfants, joyeux, tout se passe au ras du sol, mais les kids sont encore à l'école. Au rayon cuisine, Dallis trouve que c'est vraiment « mieux organisé » qu'avant. « Il fallait demander de l'aide pour trouver quelque chose, maintenant, on peut se débrouiller sans eux », explique cette grand-mère qui vient à la librairie au moins deux fois par mois avec sa petite fille autiste et déscolarisée, « pour qu'elle ne régresse pas ». « Une atmosphère vibrante » Depuis que les magasins ont rouvert en juin 2020, après le choc initial du Covid, l'organisation a été repensée pour limiter les contacts avec les vendeurs, donc les risques de contagion. Les libraires ont écrit des commentaires sur leurs livres préférés, et les étiquettes ont été collées sur les rayonnages. Une réussite. « Moi, j'aime les livres de management ou d'histoire, un autre employé préfère la fiction. Nous aimons tous les livres ici, et le week-end, nous lisons. On suggère à chacun d'émettre ses recommandations et on trouve sans peine des volontaires », explique Nicola Sterling, la patronne du nouveau magasin.

Le rôle de Twitter montré du doigt dans la panique bancaire de SVB

By |April 21st, 2023|Categories: Scoop.it|

 Un cas d'école, chimiquement pur », s'étonne encore une banquière de premier plan. Plus d'un mois après sa fermeture, le 10 mars dernier, l'enchaînement d'évènements qui ont conduit Silicon Valley Bank (SVB) à sa perte fascine encore. Après les erreurs manifestes de la direction, les retraits massifs des dépôts par les clients (« bank run »), le rôle des superviseurs californiens, celui des réseaux sociaux est à présent pointé du doigt. Une récente étude menée notamment par des chercheurs de Dauphine et de l'Université d'Arizona (1) pointe que Twitter « a en effet contribué à la panique bancaire vécue par SVB », et que « d'autres banques connaissent un risque similaire ». LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Bourse : l'onde de choc SVB en 5 questions clés RECIT - Ces 15 jours de panique qui ont ébranlé le système bancaire L'effet spécifique de Twitter apparaît d'abord dans l'évolution des cours de Bourse. En explorant l'historique des conversations entre le 1er et le 15 mars (avant et après la chute de SVB), les auteurs indiquent que les banques apparaissant le plus dans les discussions ont connu une baisse moyenne de cours supérieure aux autres établissements. Une communauté très présente sur Twitter L'étude se concentre ensuite sur le contenu et le rythme de ces conversations. Entre le 8 et le 13 mars, « les utilisateurs ont posté 6.628 tweets incluant le mot « run » à propos de SVB, environ cinq fois plus » que pour les autres banques concernées par le même type de risque. Ces tweets émanent dans un premier temps davantage d'investisseurs, avant de se répandre ensuite dans la sphère plus large des déposants, ceux-là mêmes qui précipiteront la crise en récupérant leurs fonds. Cela laisse penser que « l'exposition aux médias sociaux a provoqué un risque de panique bancaire, et n'en est pas seulement le reflet », écrivent les auteurs. Dans le cas de SVB, le rôle de Twitter a encore été amplifié par le fait que la banque s'était spécialisée sur une clientèle de start-up. « De nature très connectée, cette communauté de start-up » avait non seulement fortement recours à SVB, « mais démontrait aussi un degré élevé de communication sur Twitter ». LIRE AUSSI : SVB : les régulateurs livrent leur première explication de la crise « Tout s'est effondré beaucoup plus vite que jamais » « Il y a eu quelques tweets, puis tout s'est effondré beaucoup plus vite que jamais auparavant. Et franchement, je pense que les régulateurs ont fait du bon travail en réagissant très rapidement, car normalement, il faut plus de temps pour réagir à ce genre de situation », a déclaré en mars Jane Fraser, la patronne de Citigroup. Le sujet s'est aussi invité aux réunions du printemps du Fonds monétaire international, début avril. « Nous avons vu avec SVB qu'avec les technologies que nous avons aujourd'hui - à la fois en termes de communication et de rapidité d'accès aux comptes bancaires - les paniques bancaires peuvent aller beaucoup plus vite », a insisté le gouverneur de la Banque d'Angleterre Andrew Bailey.

Le casse-tête des bornes électriques en immeuble

By |April 18th, 2023|Categories: Scoop.it|

« Je ne vous ai pas vu à la fête des voisins ! » La vingtaine de copropriétaires d'un immeuble rennais se réunit comme chaque année pour leur assemblée générale. A l'ordre du jour : « Donner des informations sur l'installation de recharge de véhicule électrique. » « Il faut décider rapidement, sinon ce sera l'anarchie », met en garde le gestionnaire de copropriété, qui propose des travaux communs afin d'éviter une addition disparate d'initiatives individuelles. Et de rappeler que l'Union européenne interdira la vente de moteurs thermiques à partir de 2035.  Encore prématuré pour une partie des copropriétaires. L'un d'entre eux fait néanmoins savoir qu'il se pose la question d'acheter une voiture électrique dans les prochaines années. Un autre roule en véhicule de fonction, « et mon entreprise va peut-être nous mettre à l'électrique ». Une troisième pense qu'une borne de recharge sur sa place de parking au sous-sol serait une plus-value pour son appartement qu'elle met en location. Alors OK pour de grands travaux coordonnés, mais il faut choisir entre différents modèles. Pages 5 et 6 du dossier fourni par le syndic. Pour les non-initiés, les termes sont techniques. Une copropriétaire jette des regards à ses voisins, cherchant des complices aussi perdus qu'elle. Le sujet est de toute manière clos pour un an et sera discuté lors de la prochaine assemblée générale.

Le patron de la SNCF veut faire payer l’aérien pour rénover les rails

By |April 14th, 2023|Categories: Scoop.it|

Mercredi 12 avril, à l’Assemblée nationale, le président de la SNCF Jean-Pierre Farandou a proposé de taxer le secteur de l’aérien et le secteur autoroutier pour financer le plan à 100 milliards d’euros promis pour le ferroviaire. Ce montant correspond à l’estimation des besoins lancée par le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, qui envisageait cette dépense sur quinze ans. Lors de l’annonce du plan, fin février 2023, le gouvernement avait expliqué qu’il se fonderait sur un scénario dit « de planification écologique ». Celui-ci s’éloigne du cadrage budgétaire actuel pour ajouter des investissements jugés « les plus pertinents pour faciliter le report de la route vers les transports collectifs et de la décarbonation ». Mais Jean-Pierre Farandou, sans doute désireux de battre le fer tant qu’il est chaud maintenant que son projet défendu depuis de long mois est validé par l’exécutif, veut accélérer les choses. Et il a déjà désigné ceux qui devraient, selon lui, mettre au pot : l’aérien et les autoroutes. Un chantage de la SNCF ? En effet, le président de la SNCF  a demandé un plan de financement avec des ressources pérennes et « une loi de programmation pluriannuelle » afin de garantir la mise en œuvre du plan. « S’il n’est pas financé, ce projet ne se fera pas », a prévenu Jean-Pierre Farandou, dans une position proche du chantage. Il faut faire appel « à toutes les sources de financement accessibles », a-t-il insisté. Il a ainsi cité les « nouvelles fiscalités européennes autour des quotas carbone » mais aussi des taxes, qui pourraient peser sur les types de transport ayant un « impact plus négatif sur l’environnement ». « Je pense à l’aérien, je pense aux poids lourds et on a aussi les autoroutes qui sont une source de financement importante », a proposé le président du groupe ferroviaire. D’après lui, « une partie de la manne autoroutière pourrait servir à financer le ferroviaire ». Les collectivités locales devraient aussi être mises à contribution pour financer les projets de services express régionaux. Les fameux « RER métropolitains » qu’Emmanuel Macron avait appelé de ses voeux avec « des TER cadencés au quart d’heure » pour « irriguer » les grandes métropoles. La SNCF prendra aussi sa part « à hauteur de sa capacité contributive réelle mais limitée » et avec une « ligne rouge : ne pas revenir au déficit », a insisté Jean-Pierre Farandou. Vers une confrontation aérien/train ? Le patron du groupe public a enfin dit espérer « qu’un large consensus transpartisan puisse créer les conditions nécessaires d’une loi de programmation pluriannuelle ». Et ce afin de conforter « la mise en œuvre de ce plan d’avenir pour les transports ferroviaires de notre pays ». Mais il semble oublier la position du Syndicat des compagnies aériennes autonomes (Scara), un syndicat professionnel de l’aérien revendiquant 50% des compagnies aériennes françaises. Le Scara « refuse l’idée d’être une fois de plus taxé pour financer le plan de développement du transport ferroviaire », avait-il déclaré le 28 février. Et d’ajouter : « Le transport aérien, […] finance à hauteur de 200 M€ par an les infrastructures routières, ferroviaires, fluviales et portuaires, et […] il sera le seul mode de transport en France à compenser entièrement ses émissions de CO2 des vols domestiques dès 2024 ». Le chemin vers le consensus semble encore long. Les 100 milliards serviront à la régénération et la modernisation du réseau, dont l’âge moyen est de 30 ans en France, « là où en Allemagne il est de 17 ans et en Suisse, qui est une référence européenne en matière de ferroviaire, il est de 15 ans ».

Usbek & Rica – Bunkers de luxe, refuges blindés… Comment les ultra-riches se préparent à l’effondrement

By |April 12th, 2023|Categories: Scoop.it|

« L'événement » - ou « The Event », dans la langue de Shakespeare. Voilà comment ce mystérieux club des cinq envisage, ce jour-là, « l’effondrement imminent » des sociétés contemporaines. Réchauffement climatique, guerre nucléaire, pandémie… À une époque où les risques systémiques paraissent chaque jour s’accentuer un peu plus, eux ont déjà choisi leur camp : celui de la fuite en avant. Et ils ne sont pas les seuls. Comme le démontre Douglas Rushkoff dans son nouveau passionnant livre-enquête, Survival of the Richest : Escape fantasies of the tech billionaires (éditions Scribe, pas encore traduit en français), de plus en plus d’ultra-riches établissent en toute discrétion des protocoles pour se réfugier sur des sites entièrement privatisés en cas de « danger ». D’autres optent pour des refuges souterrains ultra-sécurisés, voire des hôtels, censément « autonomes » en alimentation et en électricité. Tous se retrouvent en tout cas dans une sorte de grand fantasme sécessionniste, dans la droite lignée de ce que la pop culture met régulièrement en scène depuis quelques années, de Don’t look up à 2012 en passant par L’effondrement. Capture d'écran du site Oppidum © https://oppidum.ch/ Sauf que le phénomène n’a ici rien de fictionnel, et devrait justement tous nous alerter. C’est d’ailleurs le point central sur lequel insiste Rushkoff dans la première partie de son livre. Avec un style narratif très prenant, l’auteur américain décrit le processus de radicalisation solitaire des milliardaires les plus obsessionnels, désormais persuadés que « l’effondrement » (terme flou que la plupart ne prend même pas la peine de définir) est à leurs portes. Au point de faire passer certains entrepreneurs collapsologues saugrenus pour des doux modérés, à l’image de l’ancien président de la Chambre de commerce américaine en Lettonie, J. C. Cole, aujourd’hui fer de lance d’une entreprise de « fermes refuges » autonomes secrètes dans la région de New York. « Les projets qui attirent le plus d’attention et d’argent [dans ce secteur] sont ceux qui consistent à faire cavalier seul » L’auteur américain Douglas Rushkoff Partager sur Twitter Partager sur Facebook Pourtant engagé dans un business model clairement effondriste, ce dernier n’a ainsi « réussi à convaincre personne d’investir dans ses fermes » pour l’instant, tout simplement parce que « les projets qui attirent le plus d’attention et d’argent [dans ce secteur] sont ceux qui n’ont aucun élément coopératif et qui consistent, au contraire, à faire cavalier seul », écrit Rushkoff. « La plupart des milliardaires ‘préparateurs’ [‘preppers’, littéralement ‘ceux qui se préparent’, ndlr] ne veulent pas apprendre à s’entendre avec une communauté d’agriculteurs ou, pire, dépenser leurs profits pour financer un programme national de résilience alimentaire, observe avec effarement l’écrivain. L’état d’esprit qui les anime (…) consiste moins à prévenir de tels dilemmes moraux qu’à les garder hors de leur champ de vision. » Sauver sa peau Agences immobilières spécialisées dans les logements « résistants aux catastrophes », entreprises du BTP tournées vers les « habitations souterraines », sociétés de sécurité privée offrant toutes sortes de « gestion des risques »… C’est une véritable économie parallèle que décrit l’auteur de Program or be Programmed: Ten Commands for a Digital Age (2010, éditions OR Books). Entre autres cas d’études saisissants, le livre prend notamment l’exemple des refuges Oppidum, en République tchèque, sorte de suites hôtelières souterraines de luxe qui prétendent entretenir la « santé psychologique à long terme » de leurs résidents grâce à des « ampoules imitant la lumière naturelle, des piscines, des jardins artificiels et des caves à vin ». Et peu importe si les « menaces » que cette débauche de moyens est censée préparer restent largement imprévisibles ; peu importe si les îles privées que certains convoitent sont menacées par la montée des eaux ; peu importe si systèmes de sécurité de ces projets s’avèrent déjà défaillants : l’essentiel est pour eux « d’essayer » de sauver leur peau. Capture d'écran du site Oppidum © https://oppidum.ch/ Que retenir exactement de ce terrifiant voyage ? Sans doute que les protagonistes de ce nouveau monde sont en réalité « les grands perdants » de leur propre jeu. Dans son ultime chapitre, l’auteur boucle ainsi son récit par un plaidoyer (un peu classique) pour la coopération et l’entraide, seule solution face à ces stratégies communautaires aussi « pitoyables » que vouées à l’échec. « Les milliardaires qui m’ont fait venir au milieu du désert pour évaluer leurs bunkers ne sont pas tant les vainqueurs de cette économie que les victimes de ses règles perverses. Ils ont succombé à un état d’esprit où ‘gagner’ signifie gagner suffisamment d’argent pour se protéger des dommages qu’ils créent… en gagnant de l’argent de cette façon », analyse avec une pointe d’ironie Rushkoff. Et d’en conclure : « Le bunker du milliardaire correspond moins à une stratégie durable qu’à une métaphore de leur approche complètement déconnectée de la vie. Le style de vie qu’il implique ressemble plus à celui d’une forteresse assiégée qu’à celui d’une oasis accueillante. » Comme les relents d’une certaine mauvaise conscience.

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