Sanofi : l’américain CD&R va racheter le Doliprane pour plus de 15 milliards d’euros
Ce sera un pavillon américain ! Le Doliprane et la centaine de médicaments sans ordonnance de Sanofi sont en voie de passer dans le giron de CD&R. Le fonds d'investissement américain a offert 15,5 milliards d'euros au géant pharmaceutique français pour une participation de contrôle de 50% dans Opella, son pôle de 11.000 salariés, présent dans 150 pays. De quoi clore une bataille de plusieurs mois d'enchères, avec le fonds français PAI. Cette offre a convaincu, ce jeudi, le conseil d'administration de Sanofi d'engager « des négociations avec CD&R pour la cession potentielle d'une participation de contrôle de 50% dans Opella, son activité de santé grand public», indique le groupe dans un communiqué. Le prix valorise le pôle santé grand public de l'ordre de 11 à 13 fois son résultat opérationnel. Des points de vigilance à Bercy Dans la foulée de cette annonce, les ministres de l'Economie et de l'Industrie, Antoine Armand et Marc Ferracci ont pointé leurs points de vigilance : «un certain nombre d'engagement économiques seront exigés de la part de Sanofi et du futur repreneur CD&R. Ceux-ci visent en particulier à garantir le maintien du siège et des centres de décisions sur le territoire national, et à préserver l'empreinte industrielle française d'Opella». «Le ministre de l'Industrie respecte le choix de Sanofi de poursuivre des discussions exclusives avec CD&R», indique néanmoins son cabinet. Marc Ferracci estime qu'il s'agit « d'un fonds d'investissement sérieux qui présente des perspectives positives pour le développement global d'Opella ainsi que pour les sites implantés en France ». A ce stade, rien n'exclut néanmoins que certains envisagent d'enclencher une bataille politique au nom d'intérêts tricolores. LIRE AUSSI : PODCAST : Le Doliprane restera-t-il Français ? Biogaran et Sanofi, crash-tests de la souveraineté sanitaire Les Etats-Unis, premier marché Dans le projet de CD&R toutefois, il est prévu que Sanofi garde une part très significative du capital, puisqu'il pourrait rester investi à environ la moitié de sa division, renforcée il y a sept ans avec les actifs de Boehringer Ingelheim . En 2017 le groupe français avait échangé son activité santé animale, valorisée 11,4 milliards d'euros, contre le pôle santé grand public du laboratoire allemand, élargissant son portefeuille de marques avec le laxatif Dulcolax ou le traitement pour le rhume Lysopaïne. Une opération conseillée par Lazard côté Sanofi. La banque est depuis passée à la manoeuvre... aux côtés de CD&R avec la banque d'affaires Citi. En vendant une participation de contrôle de 50% dans sa division santé grand public au fonds américain, Sanofi pourra, si les discussions aboutissent, retourner à ses actionnaires une belle quote-part des plus de 7 milliards d'euros de la part cédée. Le groupe dirigé par Paul Hudson choisit aussi avec CD&R un allié précieux pour relancer la croissance de son premier marché, les Etats-Unis qui pèsent 24 % de ses 5,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires. L'an dernier, les ventes d'Opella y ont baissé de 0,9 % à 1,247 milliard d'euros. En cause ? La baisse des ventes des catégories Hygiène personnelle, Douleur et Allergie. Tout en accélérant la simplification du portefeuille de marques, Julie Marie Van Ongevalle, la dirigeante d'Opella, a renforcé l'empreinte du pôle grand public de Sanofi aux Etats-Unis en rachetant pour 1,4 milliard de dollars en septembre 2023 le Qunol .
Bus autonome, robots qui dansent : Elon Musk dévoile le Cybercab, le robot-taxi de Tesla
Jeudi soir à Los Angeles, dans les décors de film de Warner, Elon Musk devait dévoiler la voiture du futur. Avec près d'une heure de retard, il a finalement débarqué sur scène à bord d'un robot-taxi. La voiture grise, qui se conduit toute seule, ressemble à un croisement entre une Model Y, le SUV de Tesla, pour ses lignes sportives, avec des accents rappelant le Cybertruck, son pick-up anguleux. Elle est baptisée « Cybercab ». Depuis avril, le milliardaire promet de mettre au point une nouvelle génération de voitures entièrement autonomes, qui devraient, selon lui, révolutionner les transports. Les modèles présentés jeudi à une foule d'analystes et de fans, triés sur le volet, sont encore des prototypes. Leur lancement pourrait avoir lieu dès 2026, même si Elon Musk a reconnu qu'il avait « tendance à être un peu optimiste sur les dates ». Le milliardaire espère en tout cas que le logiciel d'aide à la conduite de Tesla, baptisé Full Self Driving, sera disponible en version non supervisée au Texas et en Californie dès l'année prochaine. Pour l'instant, il est nécessaire de garder les mains sur le volant en conduisant une Tesla. Scepticisme des marchés Les marchés financiers ont peu réagi à cette présentation, qui était pourtant très attendue. L'action Tesla a plongé de 7% avant l'ouverture des marchés financiers. Depuis le début d'année, le constructeur automobile est plombé par ses ventes en baisse, malgré un coup de rabot sur les prix. LIRE AUSSI : Tesla veut lancer son système de conduite autonome en Europe dans les prochains mois DECRYPTAGE - Pourquoi Tesla se fait doubler dans les voitures autonomes Face à la concurrence des constructeurs chinois, Tesla doit convaincre les investisseurs qu'il peut encore innover et retrouver le chemin de la croissance. En misant tout sur la conduite autonome, Elon Musk cherche à les convaincre que l'entreprise est encore capable de bousculer les codes du secteur automobile.
La baisse des prix fait chuter le chiffre d’affaires d’Ikea
Le géant suédois du meuble a en effet indiqué ce jeudi une chute de 5,3 % de ses ventes pour son exercice 2023-2024 clos fin août, à 45,1 milliards d'euros. Ingka Group, le holding regroupant la plupart des magasins Ikea, avait affiché un an auparavant des ventes en hausse dans la même proportion, malgré sa sortie de Russie. Un investissement de 2 milliards La maison jaune et bleu attribue dans son communiqué le creux de son activité « essentiellement à la baisse des prix ». Après avoir dû annoncer en décembre 2021 une rare hausse de ses tarifs, de 9 % en moyenne en raison de l'inflation, elle a entrepris en septembre 2023 de réduire ses coûts pour repartir à la baisse avec l'espoir d'endiguer l'érosion de ses ventes en volume. Ikea a ainsi investi 2,1 milliards d'euros dans ses étiquettes. LIRE AUSSI : Meubles : Ikea baisse ses prix, Maisons du monde en difficulté Selon Ingka Group, la stratégie aurait payé puisqu'en regard de l'inflexion des ventes en valeur, le holding indique qu'Ikea « a enregistré une hausse de la fréquentation des magasins (+3,3 % à 727 millions de visiteurs) et des visites en ligne (+21 %), tandis que les volumes augmentent en raison de la demande croissante des consommateurs ». « C'était la bonne chose à faire. Nous savions que cela aurait un impact sur notre chiffre d'affaires », a conclu Tolga Oncu, directeur des opérations d'Ingka auprès de l'AFP. Marché mondial en baisse de 3,8 %. Mais le plongeon des ventes d'Ikea traduit aussi la morosité du marché mondial de l'équipement de la maison. Le groupe qui ne détaille pas son chiffre d'affaires par zone géographique évoque dans son communiqué un exercice marqué par « des incertitudes économiques avec des taux d'intérêt élevés et une inflation persistante ». Il mesure un marché mondial en baisse de 3,8 %. Les taux d'intérêt freinent les transactions immobilières et, partout dans le monde, les consommateurs achètent des meubles lorsqu'ils déménagent. Les taux d'intérêt freinent les transactions immobilières et, partout dans le monde, les consommateurs achètent des meubles lorsqu'ils déménagent. Ikea indique dans ce contexte le maintien de sa part de marché à hauteur de 5,7 %. L'enseigne annonce également avoir investi 1,3 milliard d'euros dans l'extension de son réseau de magasins avec 43 ouvertures pour un total de 482 points de vente. La baisse du chiffre d'affaires présentée n'est donc pas à périmètre constant. Avec 10 % de magasins en plus, elle est supérieure aux 5,3 % annoncés à nombre de points de vente identique. La diminution des prix n'est pas la seule cause du creux qu'a affronté le grand paquebot suédois charpenté par Ingvar Kamprad.
Après La Banque Postale, quel avenir pour KissKissBankBank ?
Il s'annonçait comme une révolution face au crédit bancaire. Dix ans après son lancement, le crowdfunding est en pleines turbulences. Dans ce paysage, KissKissBankBank faisait figure de pionnier. Racheté à 100 % en 2017 par La Banque Postale, le groupe serait aujourd'hui à vendre . L'ensemble du groupe représente autour d'une centaine de salariés. Ayant grandi au fil des acquisitions, KissKissBankBank & Co compte des jeunes pousses comme Lendopolis (financement participatif dans les énergies renouvelables), Goodeed (régie publicitaire solidaire), Youmatter (média et formation RSE) et KissKissBankBank elle-même. Il fait les frais du recentrage de La Banque Postale sur ses fondamentaux. Une stratégie mise en place par son patron Stéphane Dedeyan, nommé au printemps après le départ surprise de son prédécesseur. Les start-up de la galaxie KissKissBankBank ne seraient pas rentables. L'ambition de la banque de les faire grandir en distribuant dans son réseau ces types de financement disruptifs et bons en termes d'image ne s'est pas réalisée. Le train du numérique Dans l'ensemble, l'heure est moins à l'intégration de start-up dans les grands groupes bancaires et donc aussi à La Banque Postale. Celle-ci s'est déjà séparée de plusieurs d'entre elles depuis l'an dernier. Sa banque en ligne, Ma French Bank est également en voie de disparition . Ses 700.000 clients sont appelés à basculer sur La Banque Postale « classique ». Une opération plus délicate qu'il n'y paraît. LIRE AUSSI : Substack, crowdfunding : quand les auteurs choisissent d'éviter les éditeurs Pour KissKissBankBank, poursuivre l'aventure comporte des défis. Le contexte a été récemment moins favorable pour le crowdfunding qu'à ses débuts. La faute aux taux bas, qui ont placé les banques dans une position de force sur le financement. L'argument de facilité et de communauté du crowdfunding s'est affaibli face aux enseignes bancaires dont les cordons de la bourse se sont déliés jusqu'en 2022. Challengées au début par la numérisation, les banques classiques ont aussi su avec efficacité rattraper ce train en marche.
Elon Musk Is All In on MAGA. Donald Trump’s Supporters Are Loving It
As Musk took the stage, he was greeted with cheers. Thousands of people took out their phones to film him. Musk called on Trump’s supporters to register to vote, saying, “Get everyone you know, and everyone you don’t know. Drag them to register to vote.” FEATURED VIDEO Volcanologist Answers Volcano Questions From Twitter “If they don’t, this will be the last election,” he added ominously. “That’s my prediction.” And Trump supporters in Butler who spoke to WIRED said that, although they’d been planning to attend the rally regardless of Musk’s presence, they were excited to have him in the MAGA fold. Some had even come from out of town to attend the event. “That definitely did sweeten the deal,” says Sherry O’Donnell, a Trump supporter who attended the Butler rally. “I was excited because I really like Elon Musk, and we love what he's doing with the space program,” Brian Yanoviak, who drove from eastern Pennsylvania to attend the rally, told WIRED. Yanoviak was a delegate to the Republican National Convention. “He's very intelligent, very innovative. He understands what's happening to the United States. And he truly cares about the future of our country. Very similar to Trump, very similar to Tucker Carlson, very similar to RFK Jr. … It's truly a movement, and it's a movement to make America great again, because if we don't, we're going to lose our republic.” Musk’s appearance at the rally was part of a larger get-out-the-vote effort from the billionaire and X owner. Over the past few months, Musk has gone all in for the Trump campaign and Republican candidates all over the country, spending millions of dollars. Musk has also used his personal X account to get out the vote, posting voter registration links in swing states to his 200 million followers.
Bureaux vides, tours obsolètes… : le plan de sauvetage imaginé pour la Défense
« Nous sommes à un moment clé de l'histoire de la Défense, celui de la fin d'un modèle » : c'est le constat tiré par Cédric de Lestrange, administrateur de l'AUDE. L'association des utilisateurs de la Défense, qui regroupe 66 membres - de grands groupes comme Allianz, Saint-Gobain, Suez ou TotalEnergies, à des PME en passant par des écoles d'enseignement supérieur - veut participer à la transformation du quartier d'affaires francilien, afin d'éviter qu'il ne périclite. Elle a commandé, pour ce faire, une étude au cabinet Deloitte, présentée ce mardi, qui dresse un constat sombre : le taux de vacance des bureaux atteint désormais 14,7 % à la Défense (Hauts-de-Seine) , et même 19 % en intégrant les surfaces non encore commercialisées. Ceci à comparer à 4,6 % en 2019. Si rien n'est fait, Deloitte calcule qu'en 2034, le taux de vacance des bureaux pourrait grimper à 39 % dans le quartier des Hauts-de-Seine. « Le risque est aussi que les propriétaires de tours obsolètes suspendent leurs projets de redéveloppement dans l'attente de jours meilleurs », indique Géraud Colcombet, manager au sein du cabinet de conseil. « Statu quo dangereux » Le développement accéléré du télétravail et la chasse aux mètres carrés inutilisés au sein des immeubles de bureaux ont déjà fait des dégâts. La hausse du taux de vacance tire les loyers à la baisse, réduit la valeur des immeubles et rend économiquement plus complexes les opérations de réhabilitation des tours obsolètes. Avant l'épidémie de Covid-19, souligne Deloitte, la valeur d'une tour vide à réhabiliter s'établissait en moyenne à 6.400 euros du mètre carré. C'est désormais 233 euros. LIRE AUSSI : En Ile-de-France, la surproduction de bureaux apparaît au grand jour Les appartements s'invitent doucement dans les bureaux vacants « Le statu quo serait dangereux », insiste Cédric de Lestrange. « Nous avons tous collectivement investi beaucoup dans la Défense. C'est bien davantage que 40 milliards d'euros de valeur immobilière. C'est un élément de notre attractivité », poursuit-il. Créer du logement Avec une vacance croissante des bureaux, les recettes de l'établissement public Paris-La Défense se trouveraient fortement réduites, avec pour conséquence « une dégradation du cadre de vie » tant pour les 180.000 salariés de la Défense que pour ses 70.000 étudiants et ses 50.000 habitants. Pour éviter un tel scénario et limiter le taux de vacance à 12 % en 2034, la Défense doit mettre fin au tout bureau et devenir un quartier plus mixte, avec des commerces, des restaurants, des salles de sport ou des équipements culturels, mais aussi du logement, estime l'AUDE. Un travail déjà engagé par l'établissement public - au travers, notamment, de son appel à projets Empreintes - qui prévoit des résidences étudiantes ou de coliving pour les actifs. LIRE AUSSI : La production de bureaux s'est effondrée en Ile-de-France Immobilier : le prix des bureaux en Ile-de-France a fondu de 23 % en un an Il s'agit aussi de faire du quartier d'affaires un « campus de l'innovation et de la connaissance ». Là encore, la Défense a déjà commencé à attirer des écoles d'enseignement supérieur, des centres de formation ou des incubateurs d'entreprises. « Le campus cyber [QG de la cybersécurité installé dans le quartier depuis 2022 , NDLR] fait figure de pionnier de ce dispositif », note Armel Ract-Madoux, associé chez Deloitte. Il s'agirait d'aller plus loin.
French Tech : la licorne Pennylane réalise sa première acquisition
Pennylane entre dans une nouvelle dynamique. Après avoir obtenu le statut de licorne en début d'année grâce à une levée de fonds de 40 millions d'euros, l'heure est aux acquisitions. Cette jeune société qui a développé un logiciel de production pour les experts-comptables et un outil de gestion financière pour leurs clients TPE-PME, vient de racheter Billy - par un mélange de cash et d'échange de titres - pour un montant non dévoilé. La dizaine de salariés rejoint Pennylane, qui passe la barre des 500 salariés. Créé en 2022, Billy développe des connecteurs pour des logiciels de comptabilité, d'e-commerce, de gestion de trésorerie ou encore de relation client. Elle a créé un connecteur entre Pennylane et HubSpot, sorte de Salesforce pour les PME. « Cela permet de convertir automatiquement les devis sur HubSpot en factures sur Pennylane. Puis ça va directement dans la comptabilité », résume Arthur Waller, cofondateur de la licorne tricolore. Cette automatisation est un gain de temps pour les experts-comptables. « Avant, ils exportaient les données sur HubSpot une fois par mois puis les importaient chez nous, ce qui ne permet pas d'avoir des données en temps réel », souligne le dirigeant. Certains logiciels n'ont en revanche pas besoin de connecteurs. « On se connecte directement à Qonto, car on récupère juste les transactions bancaires. Pour HubSpot, c'est plus complexe car c'est un outil plus personnalisable », ajoute-t-il. Plateforme de gestion financière Les connexions sont clé pour Pennylane, qui se positionne comme une alternative plus moderne et technologique que les acteurs historiques de son secteur que sont Cegid, Sage et ACD. A terme, elle compte créer une sorte d'App Store où les experts-comptables et les entreprises pourront trouver tous les connecteurs qu'ils souhaitent. Un modèle inspiré de Shopify, le spécialiste de l'e-commerce. Plus globalement, Pennylane veut devenir une plateforme de gestion financière tout-en-un. Après la comptabilité, la start-up a ajouté des fonctionnalités comme de la facturation électronique, de la gestion de trésorerie, du crédit court terme ou encore un compte professionnel associé à une carte. Elle prévoit de proposer prochainement d'autres typologies de crédit et des outils de paiements. A ce jour, la jeune pousse compte 200.000 utilisateurs (les TPE-PME clientes des cabinets), contre 140.000 en début d'année. LIRE AUSSI : Comment la fintech Pennylane a séduit Sequoia, le fonds star de la Silicon Valley Supervizor, la fintech à l'assaut de l'audit comptable Un rythme de croissance significatif qui devrait se poursuivre avec la généralisation de la facturation électronique (émission et réception) à partir du 1er septembre 2026 pour toutes les entreprises établies en France. La licorne vient d'être certifiée plateforme de dématérialisation partenaire (PDP), autrement dit : elle est devenue un partenaire de confiance pour l'administration fiscale. « En Italie, où la facturation électronique est opérationnelle, cela a boosté le taux d'équipement des TPE en outils de facturation et comptabilité », raconte Arthur Waller. D'ici à septembre 2026, Pennylane aura aussi réalisé d'autres acquisitions. « On regarde déjà », indique le patron.
Les trois idées fausses sur l’extrême droite européenne
Dimanche, l'Autriche a vécu un séisme politique. A l'issue des élections législatives, l'extrême droite est devenue la première force du pays, avec plus de 29 % des voix. Cette victoire ne fera pas « tomber le système », comme le clamait le Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ) avant les élections. Mais il fait tout de même tomber des idées reçues. Au moins trois enseignements peuvent être tirés de ce succès, qui intervient après ceux de l'extrême droite en Allemagne, début septembre. D'abord, une « normalisation » de l'extrême droite n'a rien d'une évidence. Sur le plan politique, on considère souvent le « recentrage » comme une étape inévitable pour ces partis. Afin d'élargir son audience, à un moment ou un autre, il faut mordre sur l'électorat conservateur, sceller des alliances et cesser de choquer. C'est le chemin suivi par Marine Le Pen avec sa stratégie de « dédiabolisation ». Dans ce cadre, le Rassemblement national a abandonné la sortie de l'euro, l'interdiction de la double nationalité et pris ses distances avec les remarques antisémites de son père. Imposée par le système politique français, cette stratégie vise à rallier 50 % des électeurs lors d'une présidentielle. Retour sur terre ? Mais les succès de l'extrême droite en Allemagne montrent que cette évolution n'est pas forcément le sens de l'histoire. Depuis sa création en 2013, le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) n'a cessé de durcir son discours sur l'immigration. La formation, qui se vit comme un parti antisystème, a plutôt cherché à installer ses idées radicales dans le débat public et à polariser. Malgré ses outrances, elle est créditée de 18-19 % d'intention de vote outre-Rhin. LIRE AUSSI : ENQUETE - Plus radicale que le RN, l'extrême droite autrichienne aux portes du pouvoir Seconde idée fausse, l'exercice du pouvoir serait le moment du retour sur terre. Le raisonnement est le suivant. Si l'extrême droite applique sa politique économique et sociale, sa popularité s'effondrera car les électeurs constateront que la formation est incapable de tenir ses promesses. L'alternative réaliste, c'est donc la « normalisation », à l'image du chemin suivie par Giorgia Meloni en Italie. Après avoir bâti une partie de son succès sur des attaques de la bureaucratie bruxelloises, la dirigeante des Fratelli d'Italia a suivi une ligne très proche de celle de Mario Draghi sur la politique industrielle, le budget ou la guerre en Ukraine. Ce choix n'a pas porté à conséquence. Aux élections européennes, son parti est arrivé largement en tête en Italie, avec près de 29 % des suffrages. « Le chancelier du peuple » Là encore, cette évolution n'a rien d'une évidence. L'extrême droite autrichienne a participé à des coalitions avec les conservateurs en 2000 et 2017. Mais cela ne l'a pas empêché de se radicaliser de plus en plus au fil des années. « Le parti ne s'est recentré en aucune façon, bien au contraire. Sur la durée, il n'a pas non plus perdu en popularité en participant à des coalitions », explique Kai Arzheimer, professeur de sciences politiques à l'université de Mayence et spécialiste de l'extrême droite. Sous l'impulsion de son leader, Herbert Kickl, le FPÖ s'est au contraire radicalisé. Il a repris les thèses complotistes des antivax, dénonce le « communisme climatique » et prône une politique de « remigration » pour l'Autriche. Adepte des outrances verbales, le chef du FPÖ qualifie les mouvements identitaires autrichiens d'« ONG de la droite » et se présente comme « le chancelier du peuple », une expression utilisée par Adolf Hitler.
Baisse des taux : pour les banques, un remède mais aussi un casse-tête
Au secours, les taux rebaissent ! Les banques françaises ont souffert depuis deux ans de la remontée à marche forcée des taux d'intérêt déclenchée par la Banque centrale européenne (BCE) pour lutter contre l'inflation. Un mouvement qui vient à peine de s'infléchir. Les établissements ont vu le coût de leurs ressources se renchérir, un coût qu'elles n'ont pu que très progressivement répercuter sur les taux des crédits accordés : à l'arrivée, les marges et les revenus se sont tassés. Et comme emprunter est devenu plus cher, la demande de crédits immobiliers a flanché. Il fallait sans doute en passer par là pour juguler l'inflation, mais le secteur bancaire français et son modèle de prêts à taux fixe en ont subi les conséquences. A présent que la valse des étiquettes se calme, la BCE commence à faire marche arrière… mais contrairement à ce que l'on pourrait penser, cela ne fait pas immédiatement le bonheur du secteur. Plus qu'un remède miracle, la baisse des taux va constituer un nouveau casse-tête. Des erreurs de pilotage Car, avec cette nouvelle donne monétaire, la période peut devenir porteuse (avec un effet de relance de l'économie), mais aussi très risquée. « Ce n'est pas tant le niveau des taux en tant que tel qui pose problème, on peut toujours s'adapter mais plutôt les moments de transition », expliquait récemment un grand banquier français. Ces périodes sont difficiles à décoder en raison de leurs effets multiples et parfois contradictoires sur le bilan de la banque. De quoi provoquer des erreurs de pilotage et autres effets inattendus. LIRE AUSSI : EN CHIFFRES - Les grandes banques européennes passent le cap historique des 100 milliards de profits DECRYPTAGE - Zone euro : du mieux en juillet pour les crédits aux ménages et aux entreprises Que les taux montent ou qu'ils baissent, les banques tentent généralement de limiter l'impact de ces mouvements, voire de le neutraliser, au moyen d'instruments de couvertures (produits dérivés…). Le choix des bonnes couvertures, et l'adaptation du portefeuille (céder une créance, choisir de prêter davantage ou au contraire de freiner…) font partie de la gestion « actif-passif » (ou ALM) , une compétence clé pour les banques. Celle-ci s'est trouvée sous les projecteurs ces deux dernières années, justement car certains établissements n'avaient pas anticipé que les taux monteraient aussi vite et aussi fortement entre 2022 et 2023. Société Générale et la Banque Postale en ont fait les frais, avec à la clé un impact non négligeable sur les comptes. De nouvelles erreurs de navigation sont-elles envisageables ? Cela dépendra beaucoup de la communication de la banque centrale, laissant anticiper avec plus ou moins de clarté sa politique monétaire pour les mois à venir. Le retour de la « pentification » Une autre grande question est de voir comment cette baisse de taux va affecter les groupes bancaires dans leur activité de crédit. La réponse varie selon les catégories de prêts et leur durée. Pour le crédit à la consommation ou les financements automobiles, les banquiers se montrent optimistes. Ces types de prêts (accordés et refinancés sur des périodes relativement courtes, de trois à sept ans) vont bénéficier grâce à la baisse des taux d'un retour de la « pentification », terme bancaire signifiant qu'il y a à nouveau un écart intéressant entre les taux courts (censés être plus faibles que ceux des taux longs) auxquels la banque emprunte et les taux longs auxquels la banque prête. Ce mécanisme recrée une rentabilité qui s'était largement effritée. LIRE AUSSI : SONDAGE - Immobilier : pourquoi les Français hésitent toujours à investir DECRYPTAGE - Dans la banque, attirer des clients est devenu un sport de combat La situation, en revanche, reste préoccupante pour les crédits immobiliers, portés plus longtemps sur le bilan, et très volumineux. En stock, les banques restent coincées par l'énorme masse de prêts accordés sur la période 2016-2022 à des niveaux de prix très faibles. Un prêt immobilier se rembourse en moyenne en une dizaine d'années (souvent en cas d'achat-revente). Ainsi, le secteur risque de traîner ce boulet jusque dans les années 2030, indépendamment du niveau de taux de la BCE. Quant aux nouveaux prêts, à la différence du crédit à la consommation, ils nécessitent des refinancements de long terme… pour lesquels la fameuse « pentification » n'est toujours pas à l'ordre du jour. Les marges restant assez faibles, il reste à espérer que les volumes soient au rendez-vous. Sur le papier, cela devrait être le cas, puisqu'une baisse des taux rend du pouvoir d'achat aux emprunteurs et vient ainsi stimuler la demande.