Baisse des taux : pour les banques, un remède mais aussi un casse-tête
Au secours, les taux rebaissent ! Les banques françaises ont souffert depuis deux ans de la remontée à marche forcée des taux d'intérêt déclenchée par la Banque centrale européenne (BCE) pour lutter contre l'inflation. Un mouvement qui vient à peine de s'infléchir. Les établissements ont vu le coût de leurs ressources se renchérir, un coût qu'elles n'ont pu que très progressivement répercuter sur les taux des crédits accordés : à l'arrivée, les marges et les revenus se sont tassés. Et comme emprunter est devenu plus cher, la demande de crédits immobiliers a flanché. Il fallait sans doute en passer par là pour juguler l'inflation, mais le secteur bancaire français et son modèle de prêts à taux fixe en ont subi les conséquences. A présent que la valse des étiquettes se calme, la BCE commence à faire marche arrière… mais contrairement à ce que l'on pourrait penser, cela ne fait pas immédiatement le bonheur du secteur. Plus qu'un remède miracle, la baisse des taux va constituer un nouveau casse-tête. Des erreurs de pilotage Car, avec cette nouvelle donne monétaire, la période peut devenir porteuse (avec un effet de relance de l'économie), mais aussi très risquée. « Ce n'est pas tant le niveau des taux en tant que tel qui pose problème, on peut toujours s'adapter mais plutôt les moments de transition », expliquait récemment un grand banquier français. Ces périodes sont difficiles à décoder en raison de leurs effets multiples et parfois contradictoires sur le bilan de la banque. De quoi provoquer des erreurs de pilotage et autres effets inattendus. LIRE AUSSI : EN CHIFFRES - Les grandes banques européennes passent le cap historique des 100 milliards de profits DECRYPTAGE - Zone euro : du mieux en juillet pour les crédits aux ménages et aux entreprises Que les taux montent ou qu'ils baissent, les banques tentent généralement de limiter l'impact de ces mouvements, voire de le neutraliser, au moyen d'instruments de couvertures (produits dérivés…). Le choix des bonnes couvertures, et l'adaptation du portefeuille (céder une créance, choisir de prêter davantage ou au contraire de freiner…) font partie de la gestion « actif-passif » (ou ALM) , une compétence clé pour les banques. Celle-ci s'est trouvée sous les projecteurs ces deux dernières années, justement car certains établissements n'avaient pas anticipé que les taux monteraient aussi vite et aussi fortement entre 2022 et 2023. Société Générale et la Banque Postale en ont fait les frais, avec à la clé un impact non négligeable sur les comptes. De nouvelles erreurs de navigation sont-elles envisageables ? Cela dépendra beaucoup de la communication de la banque centrale, laissant anticiper avec plus ou moins de clarté sa politique monétaire pour les mois à venir. Le retour de la « pentification » Une autre grande question est de voir comment cette baisse de taux va affecter les groupes bancaires dans leur activité de crédit. La réponse varie selon les catégories de prêts et leur durée. Pour le crédit à la consommation ou les financements automobiles, les banquiers se montrent optimistes. Ces types de prêts (accordés et refinancés sur des périodes relativement courtes, de trois à sept ans) vont bénéficier grâce à la baisse des taux d'un retour de la « pentification », terme bancaire signifiant qu'il y a à nouveau un écart intéressant entre les taux courts (censés être plus faibles que ceux des taux longs) auxquels la banque emprunte et les taux longs auxquels la banque prête. Ce mécanisme recrée une rentabilité qui s'était largement effritée. LIRE AUSSI : SONDAGE - Immobilier : pourquoi les Français hésitent toujours à investir DECRYPTAGE - Dans la banque, attirer des clients est devenu un sport de combat La situation, en revanche, reste préoccupante pour les crédits immobiliers, portés plus longtemps sur le bilan, et très volumineux. En stock, les banques restent coincées par l'énorme masse de prêts accordés sur la période 2016-2022 à des niveaux de prix très faibles. Un prêt immobilier se rembourse en moyenne en une dizaine d'années (souvent en cas d'achat-revente). Ainsi, le secteur risque de traîner ce boulet jusque dans les années 2030, indépendamment du niveau de taux de la BCE. Quant aux nouveaux prêts, à la différence du crédit à la consommation, ils nécessitent des refinancements de long terme… pour lesquels la fameuse « pentification » n'est toujours pas à l'ordre du jour. Les marges restant assez faibles, il reste à espérer que les volumes soient au rendez-vous. Sur le papier, cela devrait être le cas, puisqu'une baisse des taux rend du pouvoir d'achat aux emprunteurs et vient ainsi stimuler la demande.
Fermeture de Ma French Bank : une délicate transition pour les 700.000 clients
Attention, période sensible. La cessation des activités de la banque en ligne du groupe La Poste, entérinée le 25 avril, contraint les 700.000 clients de Ma French Bank à fermer leur compte bancaire. En parallèle, certains services deviennent inaccessibles. La Banque Postale prévoit que l'arrêt des activités de Ma French Bank s'étende sur une période de 12 à 15 mois. Mais les clients, contactés par vagues successives depuis juin, bénéficient de délais variables pour rapatrier leurs avoirs. Tout dépend en réalité du moment auquel la missive de la banque les informant de la cessation des activités de Ma French Bank leur est parvenue. Démarches à effectuer « Si la fermeture du compte n'a pas été réalisée dans les deux mois suivant la réception de ce courrier, nous mettrons fin par écrit au contrat lié à votre compte », stipulent les courriers de la banque en ligne, que « Les Echos » ont pu consulter. Une nouvelle période de deux mois est ensuite prévue, pour permettre aux clients de transférer le solde de leur compte « auprès de la banque de leur choix ». LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Banques en ligne : l'échec d'Orange Bank et de Ma French Bank marque la fin d'un cycle DECRYPTAGE - Banques en ligne : les acteurs historiques font de la résistance Le groupe public espère néanmoins bénéficier d'un transfert de clients vers sa maison mère. Pour les inciter à basculer, La Banque Postale met en avant une prime de bienvenue de 50 euros. La gratuité des commissions sur les paiements et retraits à l'étranger, du 1er juillet au 31 décembre 2024, est aussi prévue. La formule, courante dans les néobanques, était d'ailleurs proposée par Ma French Bank. Fin du paiement mobile Le reste de la missive dicte une série d'étapes à suivre. En plus d'être invités à récupérer leur argent, les clients qui utilisaient leur compte Ma French Bank comme compte secondaire sont appelés à effectuer, eux-mêmes, les démarches pour communiquer leurs nouvelles coordonnées bancaires aux organismes procédant à des virements ou prélèvements sur leur compte. Ceux qui font appel au service d'aide à la mobilité bancaire sont exemptés. Les délais se précisent aussi sur le plan des services. Dans un e-mail envoyé aux clients le 26 septembre, Ma French Bank les prévient de l'arrêt de son service paiement mobile, le 4 décembre prochain. En clair, ils ne pourront plus effectuer de paiement grâce à leur smartphone. Il ne sera également plus possible d'enregistrer sa carte dans un « wallet », de type Apple Pay, ou de payer en ligne grâce à ces portefeuilles numériques.
1.500 milliards d’euros : le coût de la mobilité durable en Europe d’ici 2050
EIT Urban Mobility - une initiative de l’Institut européen de technologie et d’innovation (EIT), un organisme de l’Union européenne - vient de dévoiler sa dernière étude intitulée “Coût et bénéfice de la transition de la mobilité urbaine”. Cette recherche approfondie explore la façon dont les villes européennes peuvent atteindre les objectifs fixés par le Pacte vert européen dans le secteur des transports d’ici 2030 et 2050, en évaluant les impacts financiers et sociétaux des diverses stratégies de mobilité. Trois scénarios L’étude propose une simulation détaillée de trois scénarios de transition dans douze prototypes de villes européennes, reflétant la diversité des environnements urbains au sein de l’UE. Elle révèle que si les avancées technologiques pourraient à elles seules réduire les émissions de CO2 de 21 % d’ici à 2030, la réalisation des objectifs du Pacte vert nécessite des mesures beaucoup plus ambitieuses. La seule voie de réduction des émissions pour la mobilité urbaine permettant d’atteindre les objectifs du Pacte vert pour 2030 implique une réduction de 44 % des émissions, mais elle s’accompagne de défis importants en matière d’acceptation par le public et de changement des comportements. L’étude souligne que les mesures les plus efficaces pour réduire l’utilisation de la voiture particulière, et donc les émissions de carbone, repose sur la mise en place simultanée de transports publics attrayants, d’options de mobilité partagée et de restrictions d’accès sur l’exemple des zones dédiées aux véhicules à faible émission. D’ici à 2030, ces mesures pourraient entraîner une augmentation de 7 % de la fréquentation des transports publics et une réduction de 16 % de l’utilisation de la voiture chez les particuliers. D’ici 2050, les trois scénarios analysés dans l’étude supposent atteindre les objectifs de décarbonisation du Pacte vert dans le secteur des transports, principalement grâce à la poursuite des avancées technologiques et au renouvellement du parc automobile. L’étude estime que la réalisation de ces objectifs nécessitera des investissements d’au moins 1.500 milliards d’euros, dont 500 milliards pour la mise en œuvre et la gestion de diverses mesures de mobilité durable. Des bénéfices Bien que ces coûts soient importants, l’étude souligne que les avantages, tels que la réduction des émissions de CO2, l’amélioration de la santé publique et la diminution des coûts externes, compensent les dépenses. Le passage à des modes de transport plus actifs, tels que la marche et le vélo, pourrait se traduire en une réduction des dépenses de l’ordre 1.170 euros par habitant d’ici à 2050 dans le domaine de la santé, favorisée par un mode de vie plus actif. Par ailleurs, des améliorations de la sécurité routière sont attendues, avec une réduction potentielle de 70 % du nombre de morts sur la route d’ici à 2050, grâce à des infrastructures plus sûres et à l’adoption de systèmes de transport intelligents. L’étude souligne que, quelles que soient les caractéristiques d’une ville européenne, il est essentiel de donner la priorité aux transports publics pour assurer une transition équitable et durable de la mobilité urbaine. Les transports publics offrent un compromis idéal entre les réductions d’émissions de CO2 et les investissements, mais ils constituent également la seule option de mobilité inclusive pour tous les segments de la population. Même en tenant compte des coûts d’infrastructure et d’investissement, les transports publics s’imposent comme une option abordable mêlant mobilité inclusive et faible émission de CO2, et comme l’une des approches les plus réalistes et fiables pour atteindre les objectifs du Pacte vert.
Simplification : Michel Barnier veut rapprocher Business France et Atout France
Le tourisme s’est invité dans le discours de politique générale de Michel Barnier. Le Premier ministre a en effet plaidé pour des « mesures de mutualisation, de simplification et de déconcentration » qui permettraient « bien des améliorations ». Et Michel Barnier a utilisé un exemple concret. « Nous allons mutualiser et regrouper des agences, des opérateurs et des fonds qui ont des objectifs communs comme Business France et Atout France ». « Nous allons développer partout une culture de l’évaluation. Nous ne pourrons pas dépenser plus. Nous dépenserons mieux », a-t-il encore estimé. Le Premier ministre a également annoncé la fusion de France Stratégie, organisme chargé de conseiller le gouvernement, et du Haut Commissariat au plan, chargé d’éclairer les choix des pouvoirs publics au regard des enjeux démographiques, économiques, sociaux, environnementaux. Atout France emploie 300 personnes Le nouveau ministre chargé du Budget et des Comptes publics Laurent Saint-Martin dirigeait depuis janvier 2023 Business France, chargée d’accompagner les entreprises françaises à l’étranger et aussi d’inciter les entreprises étrangères à investir en France. Business France emploie 1 400 personnes et couvre 100 pays, à l’aide de 71 bureaux. Elle gère notamment le volontariat international en entreprises (VIE). Sur le même sujet Tourisme durable : deux téléskis obsolètes démontés dans les… Oct 2, 2024 Ouverture de l’InterContinental Chantilly Château Mont Royal Oct 1, 2024 Station de Métabief : « il faut entamer le deuil du ski en… Oct 1, 2024 Mi-juin, la directrice d’Atout France depuis 2019 Caroline Leboucher avait annoncé qu’elle quittait ses fonctions. Les pouvoirs publics avaient annoncé en mai leur intention de « moderniser » cette agence, un « renforcement des synergies avec d’autres opérateurs » faisant partie des pistes envisagées. Une proposition de réforme devait être présentée fin 2024 et être applicable début 2025, selon le calendrier dévoilé à ce moment-là. Atout France est un groupement d’intérêt économique (GIE) qui emploie un peu plus de 300 personnes dans l’Hexagone et à l’étranger, se dédiant à la promotion touristique et attribuant les « étoiles » aux hôtels. Elle compte 1 200 adhérents.
Tourisme durable : deux téléskis obsolètes démontés dans les Vosges
Domaines skiables de France (DSF) a commencé le démontage de deux téléskis à perche situé dans l’ancien stade de neige de la station de Retournemer, dans les Vosges. Quatre pylônes ont été démontés et 600 mètres de câbles retirés au cours de la première journée d’intervention. « La suite du programme de réhabilitation du site sera effectué d’ici la fin du mois de novembre de cette année avec le démontage et le recyclage de la totalité des structures déposées ainsi que la remise en état des sols », précise DSF. Au total, ce sont deux téléskis sur Retournemer, plus un téléski et un chalet sur Le Collet qui seront démontés et évacués dans les Vosges d’ici la fin de cet automne. Une station à l’arrêt depuis le début des années 2010 La station vosgienne du Retournemer se situe sur la commune de Xonrupt-Longemer, située entre 1050 et 1225 mètres d’altitude. Le domaine comptait un parc de deux remontées mécaniques desservant un total de 7 pistes (1 verte et 6 bleues). Retournemer était connue pour ses pistes, adaptées aux skieurs débutants ou aux familles, avec une clientèle de proximité. Les téléskis ont fonctionné jusqu’au début des années 2010. L’exploitation a été suspendue administrativement en 2014. Le site est très prisé désormais pour des activités de plein air comme la randonnée et le tourisme nature. Sur le même sujet Simplification : Michel Barnier veut rapprocher Business… Oct 1, 2024 Ouverture de l’InterContinental Chantilly Château Mont Royal Oct 1, 2024 Station de Métabief : « il faut entamer le deuil du ski en… Oct 1, 2024 Encore 70 appareils obsolètes Ces démontages de remontées mécaniques obsolètes s’inscrivent dans la feuille de route environnemental de DSF, initiée en 2020. La structure a pris 16 éco-engagements, notamment celui de démonter, au minimum, trois installations obsolètes chaque année. Onze opérations de démontages ont déjà été réalisés. DSF vise notamment que « les installations abandonnées ne constituent plus des risques de mise en danger de personnes ou d’animaux, et ne soient plus sources de pollution visuelle sur les sites où il n’y a plus de sociétés de remontées mécaniques en activité et en charge du domaine skiable ». Un inventaire précis a été établi par DSF. A l’issue du démontage en cours, il restera 70 appareils obsolètes (65 téléskis, 4 télésièges + 1 bâtiment de télésiège), répartis sur 41 sites dans 5 massifs montagneux français.
Cryptos : la baisse des taux marque la fin de l’argent facile du géant Tether
Le premier émetteur de cryptostable (stablecoins), Tether (USDT) a enregistré un profit record de 5,2 milliards de dollars au premier semestre. Une prouesse pour une entreprise d'une centaine de collaborateurs, dont les effectifs devraient doubler en 2025. La société, qui se voit comme une crypto-tech, doit en grande partie ses bénéfices astronomiques à la Réserve fédérale (Fed) américaine et à sa lenteur à baisser ses taux. Une cryptostable adossée à la monnaie américaine comme Tether est une sorte de « dollar sur la blockchain ». Celui qui veut en obtenir dépose ses dollars chez un émetteur de stablecoins comme Tether qui lui donne en contrepartie ces quasi-dollars sous forme de crypto. Avec eux, il peut pénétrer le secteur des cryptos pour investir de manière bien plus aisée. Tether, qui détient des dollars en garantie de ses cryptos stables émises, les investit ensuite sur la dette d'Etat américaine, essentiellement de maturité inférieure à 90 jours (Treasury bill), afin de générer des profits. Depuis 2023, le rendement du T-Bill a évolué entre 4,4 % et 5,4 %. Le groupe a ainsi profité des taux élevés aux Etats-Unis pour engranger des bénéfices de manière bien moins risquée que s'il était un fonds ou une firme de trading qui spéculait sur le marché. Avec un portefeuille d'obligations du Trésor américain (Treasuries) de près de 98 milliards de dollars, Tether est au 18e rang mondial des détenteurs de Treasuries, devant un pays comme l'Allemagne. Il a aussi investi de manière plus marginale sur l'or et le bitcoin. Le Tether (USDT) pèse 119 milliards de dollars. C'est largement plus que ses concurrents, l'USDC de Circle (35 milliards), le DAI (5 milliards) et le First Digital USD (3 milliards). Sur les stablecoins, le leader Tether pèse 68 % du marché, un poids bien plus important que celui du bitcoin dans la capitalisation des cryptos (classiques), autour de 56 %. Malgré les polémiques, les ennuis judiciaires (amendes aux Etats-Unis) et les crises (FTX), Tether a conforté sa place de leader, en tenant à bonne distance ses concurrents. Pour tenter de gagner des parts de marché, certains d'entre eux décident de reverser une partie des intérêts qu'ils gagnent sur leurs placements obligataires à leurs utilisateurs. Tether s'y refuse. Tether aussi indispensable que le bitcoin L'entrée des Etats-Unis dans un nouveau cycle d'assouplissement monétaire va faire baisser les rendements des obligations du Trésor (Treasuries) et donc diminuer les profits des placements de Tether. La chute de ses bénéfices dépendra de l'ampleur des assouplissements monétaires de la Réserve fédérale. Tether pourrait toutefois se rattraper sur les volumes. Les baisses de taux constituent un environnement favorable pour les actifs risqués en général et les cryptos en particulier. Le groupe pourrait ainsi enregistrer davantage d'activité de la part des traders et des investisseurs qui vont lui apporter leurs dollars pour récupérer des stablecoins qui leur serviront ensuite à acheter des cryptos. LIRE AUSSI : L'instabilité des cryptos stables inquiète les Etats Stablecoins : les nouvelles règles européennes des « cryptos stables » en 5 questions Deux années et 9 mois de taux élevés (de 2022 à septembre 2024) ont permis au leader des émetteurs de stablecoins d'amasser des profits élevés, réinvestis pour partie dans le secteur des cryptos (minage de bitcoins…) mais pas seulement. Pour se diversifier, la société souhaite investir 1 milliard de dollars dans l'intelligence artificielle (IA), les biotechs et les fintechs (entreprises à mi-chemin des banques et de la tech) d'ici à l'été prochain. Lancé en 2014, le deuxième plus ancien stablecoin après BitUSD a évité les tornades qui n'ont pas épargné son secteur, à l'image du TerraUSD , qui s'est effondré en 24 heures au printemps de 2022. Il est de loin le plus liquide et le plus traité, conservant donc la confiance des principales firmes de trading, fonds cryptos et plateformes. Tether reste un actif incontournable jouant le rôle de liquidités sur les marchés, pour tout l'écosystème financier des cryptos. Il s'estime diffamé et mal compris par la presse américaine qui voit en lui une cryptobanque de l'ombre qui a exploité tous les avantages des paradis fiscaux (îles vierges britanniques) pour échapper à la régulation. Il n'en demeure pas moins qu'à cause de son manque de transparence, il est très mal noté (4 sur 5) par l'agence S&P Global ratings pour sa capacité à maintenir son lien stable face au dollar.
La Suisse innove et accueille les premières cotations de PME sur Ethereum
En Suisse, depuis 2021, la loi DLT reconnaît les actifs numériques comme des actifs financiers traditionnels et il est possible d'émettre et d'échanger des titres directement sur une blockchain, ce qui permet d'améliorer leur liquidité. C'est le sens du partenariat entre la start-up Aktionariat, experte dans la tokenisation d'actions de sociétés non cotée, et Taurus, éditeur d'une plateforme d'échange de tokens - qui a levé 65 millions de dollars en février 2023 avec Credit Suisse et Deutsche Bank. Concrètement, une PME qui contacte Aktionariat transforme ses actions en jetons numériques compatibles avec la blockchain Ethereum. Puis, grâce à ce partenariat, ces jetons sont distribués (24 heures sur 24, 7 jours sur 7) sur la plateforme Taurus Digital Exchange (TDX). L'objectif est « d'augmenter la liquidité et de libérer la valeur des PME ainsi que de leurs actionnaires en leur offrant un accès au réseau TDX, qui inclut des banques, les investisseurs professionnels et les clients particuliers », écrivent les partenaires dans un communiqué. « Comme dans l'e-commerce, ce doit être aussi simple d'acheter et de vendre des titres de sociétés non cotées qu'un livre sur Amazon », compare Lamine Brahimi, cofondateur de Taurus. Débloquer le financement des PME Les infrastructures de marché sont réputées efficaces et fiables, mais elles souffrent de leur lourdeur et de leurs coûts. Avec la blockchain (ou DLT, pour registre distribué), les émetteurs de titres s'adressent directement aux investisseurs, sans intermédiaire - sinon la plateforme TDX, ici. Pour la Capital Markets and Technology Association (CMTA), une organisation suisse promouvant l'innovation en finance, la tokenisation de titres doit mener plus de PME à être cotées. Actuellement, seulement 250 le sont dans le pays, sur des Bourses traditionnelles, pour un vivier de près de 600.000 entreprises. Pour Lamine Brahimi, le potentiel dépasse la Suisse. Interrogé par « Les Echos » en 2023, il estimait qu'il existe dans l'Union européenne 10.000 sociétés cotées sur un total de 27 millions. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Pourquoi la tokenisation des actifs financiers ne sera pas aussi massive que prévu Parmi les premières PME tokenisées qui devraient intégrer TDX, figure RealUnit Schweiz, une société d'investissement suisse. Elle avait déjà inscrit ses parts de capital sur la blockchain Ethereum. Bientôt, les investisseurs pourront les acheter et les conserver dans n'importe quel portefeuille crypto, au côté de leurs bitcoins, et de leurs images de punks et de singes en NFT… Au sein de l'Union européenne, ce genre d'opération ne fait pas partie du règlement MiCA, qui entrera en vigueur en 2025, mais du régime pilote DLT, entré en vigueur en mars 2023. Il permet d'expérimenter, pour une durée de trois ans, la tokenisation d'actifs financiers dans un environnement contrôlé et sous supervision réglementaire. Mais les cas d'usage restent limités. Des cas d'usage dans les starting-blocks En France, Société Générale Forge a utilisé ce cadre pour lancer des obligations financières tokenisées. Le Luxembourg Stock Exchange (LuxSE) a exploré des solutions pour les titres obligataires tokenisés. En Allemagne, la Deutsche Börse a également lancé plusieurs initiatives, en particulier dans le cadre de son projet D7, une plateforme digitale visant l'émission et le trading de titres financiers. On peut citer aussi Euronext, qui imagine numériser le marché des capitaux. LIRE AUSSI : ANALYSE - Immobilier, finance, montres : le pari de la « token économie » Les plus grands acteurs financiers de la planète ont des projets de tokenisation. Parmi eux, on trouve BlackRock (BUIDL), JPMorgan Chase (JPM Coin) ou encore Citigroup (Citi Token Services). Mais si cette révolution numérique est censée profiter à tous les acteurs de la chaîne, à court terme, le coût d'investissement mêlé à l'incertitude réglementaire freine encore son développement.
Mark Zuckerberg, l’aventurier tenace du métavers et des mondes virtuels
Entre le métavers et l'intelligence artificielle, Meta a choisi de ne pas choisir. Très critiquée pour avoir englouti près de 60 milliards de dollars dans les mondes virtuels, l'entreprise de Mark Zuckerberg avait fortement chuté en Bourse avant de retrouver des sommets grâce à ses travaux tout aussi onéreux dans l'intelligence artificielle (IA). Mais le milliardaire, seul aux commandes de son empire des réseaux sociaux, n'abandonne pas ses rêves d'immersion dans l'espace numérique. Mercredi soir à Menlo Park, au siège de l'entreprise californienne, l'entrepreneur au look toujours plus geek a ainsi présenté une nouvelle version du casque de réalité virtuelle de Meta, une nouvelle paire de lunettes de réalité augmentée en partenariat avec Ray-Ban et même un tout nouveau prototype de casque holographique encore plus futuriste que les autres. Tout juste rassure-t-il ses investisseurs en précisant que Meta se contentera de prendre une part « symbolique » du capital d'EssilorLuxottica , le lunetier franco-italien avec qui des discussions capitalistiques ont commencé. Mais aucune perte ne semble trop grosse pour dévier le patron de sa trajectoire. Le pari d'une décennie « Je pense que le métavers est le prochain chapitre d'Internet », disait-il en 2021 à propos de ce concept appelant les internautes à plonger dans un univers tout en pixels pour y vivre une partie de leur vie. Malgré le retombé du buzz autour de ces technologies, rien n'indique que le propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp renierait aujourd'hui ses paroles. Et qu'importe si son entité dédiée au métavers a encore perdu 4 milliards de dollars au printemps ! Son pari était celui d'une décennie, et il l'avait annoncé. D'ailleurs, les suppressions de postes décidées fin 2022 et début 2023, quand l'entreprise était au creux de la vague, ont davantage touché les services administratifs et les cadres de Meta que les équipes spécialisées dans le métavers. Depuis, le renouveau de l'IA a même pu conforter l'entrepreneur dans son entêtement. Complémentarité avec l'IA Il faut écouter ses lieutenants dans l'IA pour s'en rendre compte. Ainsi le directeur scientifique de l'entreprise, le Français Yann Le Cun, ne prend plus la parole sur scène sans porter sa paire de lunettes de réalité augmentée - en quelque sorte l'antichambre du métavers - avec laquelle il fait la démonstration de l'utilité d'un assistant intelligent associé à un système de reconnaissance d'images. Désormais, les porteurs Ray-Ban par Meta pourront aussi expérimenter cet assistant Meta AI sur leurs lunettes aux Etats-Unis. LIRE AUSSI : Mark Zuckerberg détaille la stratégie de Meta dans l'IA générative « Nous parlons beaucoup plus de métavers en interne qu'en externe », confirme Joëlle Pineau, l'autre patronne de la recherche en IA du groupe. De passage à Paris courant septembre, elle souligne même les complémentarités entre sa spécialité et le métavers. « La réalité virtuelle, comme les modèles d'intelligence artificielle, appelle à développer des modèles de représentation du monde. Les lunettes de réalité augmentée deviennent aussi un outil pour lequel les modèles d'IA multimodales (qui combinent du texte, du son et de l'image, NDLR) deviennent primordiaux », reprend-elle. En un mot, les dollars investis dans l'une de ses deux spécialités servent la seconde. Investissements records Or, Meta surfe en ce moment sur des performances commerciales qui lui laissent les coudées franches pour poursuivre son pari et continuer à investir. Sur Instagram, Facebook et WhatsApp, ses technologies de publicité ciblées séduisent les annonceurs. Les résultats du deuxième trimestre de l'année, notamment un chiffre d'affaires en hausse de 22 % sur un an et 13,5 milliards de dollars de bénéfice net, avaient déjà réduit au silence les analystes les plus sceptiques sur ses dépenses. Les perspectives pour le troisième trimestre (des revenus en hausse de 31 %) plaidaient même pour une accélération de la cadence. Message reçu cinq sur cinq à Menlo Park : en 2024, Meta compte investir - tous projets confondus - entre 37 et 40 milliards de dollars, soit près de 30 % des revenus de 2023. Un record.
A La Réunion, l’ancienne gare de Saint-Benoît a été choisie par la Mission patrimoine
Cette année, un seul site ferroviaire, l’ancienne gare de Saint-Benoît sur l’île de La Réunion, fait partie des projets de réhabilitation retenus par la Mission Patrimoine dans le cadre de la septième édition de l’offre de jeux permettant au grand public de cofinancer les travaux. La Mission Patrimoine confiée à Stéphane Bern, déployée par la Fondation du patrimoine et soutenue par le ministère de la Culture et la Française des Jeux, a dévoilé le 2 septembre la liste des 100 projets départementaux lauréats en 2024. Ceux-ci bénéficieront du soutien financier de la 7e édition de l’offre de jeux à gratter Mission Patrimoine, qui a été mise en vente le même jour chez les buralistes. Le principe ? Le ticket de jeu est vendu 15 €, et le montant du prélèvement sur les mises revenant normalement à l’État (soit 1,83 € par ticket acheté) sera reversé à la Fondation du patrimoine. Un seul site ferroviaire figure parmi les 100 sites sélectionnés cette année : l’ancienne gare de Saint-Benoît, dans l’est de l’île de La Réunion. Construite en 1882, elle était l’une des treize gares où s’arrêtait le Ti Train du Chemin de fer de la Réunion, liaison ferroviaire entre Saint-Benoît et Saint-Pierre. La gare a été fermée au début des années 1960 et aujourd’hui ne subsiste plus que l’un des trois bâtiments d’origine, le bâtiment voyageurs. « Il s’agit d’un bâtiment modeste mais marqueur historique de la commune son attractivité passée », juge la commune de Saint-Benoît, qui souhaite faire de celui- ci un lieu de vie. Lieu d’expositions, une fois restaurée dans sa globalité dans ses dispositions d’origine, l’ancienne gare pourra accueillir entre autres des oeuvres du musée d’art contemporain basé à Saint-Denis et un espace de présentation de ses archives. Selon la commune de Saint-Benoît, le projet vise aussi « à faire connaître l’épopée du rail, encore assez méconnue à La Réunion, avec une scénographie explicative. » Les travaux prévus consistent à poser une nouvelle toiture et des menuiseries et murées sur les ouvertures, réparer ou remplacer des linteaux, faire de la maçonnerie sur les murs endommagés et poser des enduits de façades. Le chantier doit démarrer en septembre 2025 pour une durée de neuf mois environ.