Automobile : comment Renault veut mettre le turbo pour sortir ses nouvelles voitures
Renault a décidé de faire de la vitesse sa marque de fabrique. Non pas celle qui s'affiche au compteur quand on écrase l'accélérateur, mais la rapidité avec laquelle le constructeur veut être capable de sortir de nouveaux modèles. En novembre dernier, le patron du groupe Luca de Meo avait placé la barre très haut en déclarant, lors de la journée analystes d'Ampere , la filiale spécialisée dans les voitures électriques, que la future Twingo à batterie serait développée en deux ans. Il veut désormais aller encore plus vite. Selon nos informations, le constructeur s'est fixé l'objectif de réduire à 100 semaines seulement, soit 23 mois, le délai entre le « concept freeze » (le moment où le concept du véhicule est figé) et le début de la production. Baptisé en interne « Leap 100 », ce programme fait partie d'un plan plus général baptisé « Speed of Lightness » (la vitesse de la légèreté), évoqué pour la première fois fin juillet par Luca de Meo. Objectif annoncé par le dirigeant sur LinkedIn : « doubler le rythme d'exécution des principaux processus de l'entreprise ». Réduire les délais pour baisser les coûts La nécessité de mettre le turbo pour développer la future Twingo peut s'expliquer. Comprimer le planning est indispensable pour parvenir à un prix d'appel de 20.000 euros pour la petite citadine. Il s'agit également d'arriver dès 2026 sur un marché où la concurrence s'annonce vive. Pour tenir les délais, le constructeur a d'ailleurs sous-traité le développement de ce modèle à une société d'ingénierie chinoise. Renault entend toutefois faire de cette célérité la future norme. Le plan prévoit également d'appliquer cette cible de 100 semaines de développement à tous les futurs modèles, pas seulement ceux qui rouleront à batterie. La quatrième génération de la Dacia Sandero , qui sera proposée aussi bien en hybride qu'en électrique et qui était jusqu'ici attendue en 2028, pourrait inaugurer ce nouveau programme. LIRE AUSSI : Comment les marques chinoises imposent un sprint pour lancer une nouvelle voiture Le plan du patron de la R&D de Renault pour sortir la future Twingo en deux ans L'objectif est extrêmement ambitieux. Comme tous les constructeurs historiques, Renault est engoncé dans une organisation assez lourde, un travers qu'un demi-siècle de gestion directe par l'Etat (jusqu'en 1996) n'a pas arrangé. La précédente génération de modèles (Renault Captur, Megane E-Tech…) a nécessité quatre ans de mise au point. Sous la pression de la concurrence chinoise, le développement de la nouvelle R5 a été ramené à trois ans. Il s'agit désormais de faire aussi bien, voire mieux, que les jeunes pousses chinoises capables de sortir une nouvelle voiture en deux ans. A titre de comparaison, Volkswagen s'est fixé comme objectif de passer de 50 à 36 mois d'ici à 2028.
Immobilier : l’avenir radieux de la taxe foncière
L'immobilier est une véritable mine d'or pour l'Etat et les collectivités locales. Au total, ce ne sont pas moins d'une quarantaine d'impôts et de taxes en tous genres qui sont prélevés sur la pierre pour une collecte annuelle de 90 milliards d'euros. Une véritable manne, dont les communes sont les grandes bénéficiaires et dont une catégorie de contribuables est en train de devenir le principal, si ce n'est l'unique, contributeur : les propriétaires. L'arrivée dans les boîtes aux lettres ces jours-ci des avis de taxe foncière en apporte une nouvelle preuve. Cette année encore, la facture de cet impôt payé chaque automne par les possesseurs d'appartements ou de maisons va enfler. Pas de manière uniforme sur tout le territoire, puisque les maires peuvent en moduler le taux, mais sans coup férir ou presque. En moyenne, elle augmentera de 4 % au minimum cette année, après avoir grimpé de près de 5 % en 2022 et de plus de 9 % l'an dernier. Sur la décennie écoulée, censée être celle de la stabilité fiscale dans le pays, sa hausse cumulée aura atteint 30 %. Résultat : la taxe foncière rapporte aujourd'hui une quarantaine de milliards, soit l'équivalent de la moitié des recettes de l'impôt sur le revenu. Et aucune pause n'est en vue, bien au contraire, pour deux raisons. Cliquez ici si la barre de recherche ne fonctionne pas. Nouvelles hausses programmées La première est liée à une réforme votée en 2020, dont l'objectif louable est de corriger une véritable anomalie . Il s'agit de remettre à niveau la valeur locative théorique des habitations, le principal déterminant de la taxe foncière sur lequel s'applique le taux décidé par chaque commune. Une opération qui n'a pas été effectuée depuis un demi-siècle ! Chaque année, l'évolution de cette valeur est bien indexée sur l'inflation - ce qui explique d'ailleurs une bonne partie de la hausse de 2023 dans le sillage de la flambée des prix -, mais elle ne reflète plus la réalité du marché locatif, qui a progressé beaucoup plus vite depuis les années 1970. LIRE AUSSI : Immobilier : futurs propriétaires, attention au poids de la taxe foncière ! Cette actualisation prévue en 2028 se traduira à coup sûr par un fort rebond de la taxe foncière pour une partie des propriétaires. Les possesseurs de logements anciens en ville, dont la valeur est très décotée, devraient être les plus pénalisés. Les appartements et maisons datant d'avant 1920 pourraient même subir des révisions supérieures à 20 % de leur valeur locative. De quoi inquiéter tout particulièrement les bataillons de propriétaires parisiens et des plus grandes métropoles. Dindons de la farce Si les propriétaires sont condamnés à devenir les dindons de la farce de la fiscalité locale, c'est aussi et peut-être surtout pour des raisons liées à la suppression de la taxe d'habitation sur les résidences principales . Historiquement, locataires et propriétaires se partageaient l'essentiel de la pression fiscale immobilière par le biais de la taxe d'habitation payée par les premiers et la taxe foncière à la charge des seconds. Mais avec la quasi-disparition de la taxe d'habitation, l'une des promesses phares de la campagne présidentielle 2017 du candidat Macron, les possesseurs d'appartements et de maisons se retrouvent seuls ou presque face aux collectivités locales. Un tête-à-tête qui risque de leur coûter très cher. LIRE AUSSI : Taxe foncière et d'habitation en 10 questions Impôts : une dépendance toxique à l'immobilier La réforme Macron ne s'est pourtant pas faite au détriment des collectivités locales. L'Etat leur a octroyé des recettes équivalentes à celles que leur versaient les locataires (23 milliards d'euros) et tout aussi dynamiques dans le temps. Mais il a mécaniquement réduit le champ des impôts à la main des élus locaux, ceux sur lesquels ils peuvent agir à leur guise. Cette part se limite désormais à 40 % de leurs revenus fiscaux et se concentre pour l'essentiel sur les taxes foncières et les impôts de production payés par les entreprises, sachant que ces derniers ont baissé dans le cadre de la politique de l'offre. Un piège parfait Dans ces conditions, les propriétaires se retrouvent pris au piège. Face à des communes, dont les besoins de financement ne cessent de progresser - leurs dépenses de fonctionnement ont encore augmenté de 7 % sur les sept premiers mois de l'année -, ils apparaissent comme des victimes désignées, à la fois captives et a priori solvables. Par conséquent, un nombre croissant de villes majorent leur taux de taxe foncière pour boucler leur budget. Plus d'un quart des agglomérations de plus de 100.000 habitants ont encore opté pour cette solution cette année. Dans certaines communes aux finances dégradées, comme Paris , la progression est tellement forte qu'elle a effacé le bénéfice pour les contribuables propriétaires de la disparition de la taxe d'habitation… A cela s'ajoute dorénavant la faculté donnée aux communes où il est difficile de se loger de surtaxer les propriétaires de résidences secondaires présents sur leur territoire. Une pratique en plein essor. On peut évidemment trouver cela normal. Après tout, les ménages propriétaires ne sont pas les contribuables les plus modestes. Mais dans un pays où l'on déplore une crise historique de la construction, alors même que le stock de logements existant est de l'avis général insuffisant, il y a quelque chose de paradoxal à pénaliser les propriétaires.
Comment l’industrie travaille les jeunes au corps pour les séduire
C'est une bonne semaine pour la réindustrialisation : l'inauguration en présence d'Emmanuel Macron de l'usine ultra-innovante de Sanofice mardi en Rhône-Alpes en est le point d'orgue, mais le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq, en aura aussi inauguré deux autres. A Trets, dans les Bouches-du-Rhône, il a célébré mardi matin la mise en route de la première usine du fabricant de smarts-circuits EYCO. Il inaugure aussi mercredi à Mably, dans la Loire, celle de MGA MedTech, qui conçoit et réalise des machines sur mesure et des équipements clés en main pour l'industrie des technologies médicales. Pour que ce mouvement de renaissance industrielle soit durable, un obstacle de taille devra néanmoins être levé : celui des compétences. Chaque année, 140.000 emplois sont en effet proposés par l'industrie sur le marché du travail, mais 60.000 - soit plus de 40 % de ces postes - ne trouvent pas preneurs, selon l'opérateur de compétences interindustriel OPCO 2i qui regroupe 29 branches de l'industrie. La situation ne peut que se dégrader avec le départ en retraite des baby-boomers. Selon le ministre démissionnaire de l'Industrie, Roland Lescure, il faudra d'ici à dix ans 1,3 million de personnes supplémentaires pour répondre aux ambitions de réindustrialisation. Surfer sur l'effet JO En s'invitant mardi soir tous les deux à l'inauguration de la compétition internationale Worldskills à Lyon, équivalent des Olympiades des métiers qui se dérouleront jusqu'au 15 septembre et où l'industrie compte un tiers des 59 emplois représentés, le président de la République et le patron du bras armé de la réindustrialisation française illustrent l'importance de renforcer l'attractivité du secteur. Une vingtaine de jeunes champions de l'Hexagone sur près de 470 apprentis inscrits pour l'industrie tenteront de se démarquer au travers d'épreuves techniques et de faire rêver les quelque 125.000 visiteurs scolaires attendus sur place.
Zéro artificialisation nette : les pistes de financement pour les collectivités locales
Le zéro artificialisation nette, plus connu sous le nom de ZAN, n'a pas fini d'alimenter les débats sur l'évolution de la fiscalité locale et les besoins d'investissement des collectivités. La Fondation pour la nature et pour l'homme y prend sa part dans un rapport qu'elle vient de publier et qui a le mérite de formuler plusieurs propositions précises. Pour rappel, l'objectif zéro artificialisation nette a été instauré en 2021 par la loi Climat et résilience selon les modalités suivantes : l'artificialisation des sols doit être réduite de moitié d'ici à 2031 par rapport à ce qui a été fait entre 2011 et 2021, et l'objectif du zéro artificialisation nette doit être atteint en 2050, ce qui suppose que chaque surface artificialisée devra être compensée par une surface renaturée. Premier coup de rabot Cet objectif très ambitieux ne pourra être atteint sans une refonte du système de financement des collectivités locales, estime la FNH. Et sans une pérennisation du Fonds vert notamment, entré en vigueur en 2023 et qui pourrait justement faire l'objet de sévères coupes budgétaires si l'on se réfère à la lettre plafond envoyée par Matignon il y a quelques jours au ministère de la Transition écologique. Après un premier coup de rabot de 500 millions au printemps dernier, le Fonds vert pourrait faire les frais d'une deuxième lame d'économies. Au grand dam des élus locaux. « Réussir le ZAN dans l'architecture fiscale et budgétaire actuelle n'est pas possible », estime Thomas Uthayakumar, directeur des programmes et du plaidoyer de la FNH. « On demande beaucoup d'efforts aux collectivités locales, il faut ensuite que les investissements que l'on met en face soient à la hauteur », poursuit-il. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Budget 2025 : bras de fer entre les élus locaux et Bercy sur la dérive de la dépense publique DECRYPTAGE - Les collectivités locales ont désormais leur « budget vert » Le ZAN suppose par exemple de réhabiliter des friches industrielles. En 2023, 368 millions venant du Fonds vert y ont été consacrés, permettant de réhabiliter près de 1.200 hectares et de créer 26.500 logements et 200 hectares de surface consacrée aux activités économiques. L'objectif - le moins ambitieux au regard des exigences de la loi Climat - est d'en faire autant chaque année jusqu'en 2027, date à laquelle le Fonds vert doit expirer. Un objectif qui ne sera pas atteignable selon les calculs de la FNH car les crédits du Fonds vert doivent aussi servir à la rénovation énergétique des bâtiments scolaires ou encore aux solutions de mobilité durable. Faire des choix « Le contexte budgétaire pousse à faire des choix. Or l'allocation actuelle des subventions amène à bétonner davantage », regrette Thomas Uthayakumar, qui plaide dans le rapport, dont il est co-auteur, pour réorienter une partie des dépenses de voirie (59 % des dépenses d'équipements des départements) vers des projets de renaturation de sites par exemple. Actuellement, « plus une commune artificialise ses sols en étendant son linéaire de voirie, plus elle bénéficie de ressources et de dotations », pointe la FNH. LIRE AUSSI : Tous les projets industriels échappent au zéro artificialisation nette des sols CHRONIQUE - Transition énergétique : le rôle clé du dialogue Etat-collectivités Enfin, la FNH propose plusieurs aménagements pour rapprocher la valeur fiscale des espaces naturels et agricoles des espaces urbanisés et constructibles. « Augmenter la taxation sur les plus-values de cessions de terrains qui deviennent constructibles permettrait de diminuer l'intérêt des propriétaires à souhaiter un changement d'usage de leurs terres », indique le rapport. La taxe foncière, devenue le principal levier de rentrée fiscale pour les collectivités locales, pourrait aussi être déterminée par rapport à la valeur non pas du seul bâti, mais aussi des surfaces et des parcelles détenues par les propriétaires. « L'augmentation de la taxe foncière ainsi induite pourrait accélérer la cession de biens 'en sous densité' », estime la FNH. Autant de pistes de réflexion qui pourraient venir alimenter le futur débat budgétaire, une fois le gouvernement constitué.
En Chine, Huawei fait sensation avec le premier smartphone au monde qui se plie en trois
Smartphones, écouteurs connectés, tablette : voilà plusieurs années que Gem, un jeune Chinois de 26 ans qui se fait appeler ainsi en anglais, ne jure que par Huawei pour tous ses produits high-tech. Pas question pour lui de revenir aux iPhone d'Apple. « Les iPhone ne changent pas suffisamment d'année en année. Je n'aime pas Tim Cook, c'est un simple entrepreneur, là où Steve Jobs était un vrai créateur de la tech », explique le jeune homme dans l'énorme magasin amiral de Huawei situé rue de Nankin, la grande artère commerçante et piétonne de Shanghai. Alors quand il a appris que Huawei allait lancer ce mardi le Mate XT Tri Fold, le premier smartphone au monde qui se plie en trois, Gem n'a pas hésité. Comme presque 3 millions de Chinois, le jeune homme s'est préenregistré sur les différentes plateformes de Huawei pour pouvoir l'acheter à partir du 20 septembre, lorsqu'il sera disponible. « J'ai beaucoup d'attentes pour ce téléphone, qui pourra aussi me servir de tablette ! » dit Gem, qui utilise déjà au quotidien deux smartphones - tous siglés Huawei. Trois-en-un Le géant chinois des télécoms a fait sensation en Chine avec son nouveau smartphone, qui se veut une vitrine de son savoir-faire technologique, au moment où les Etats-Unis continuent de mener la guerre contre la tech chinoise. Dans un pied de nez assez savoureux, le lancement du Mate XT Tri Fold a eu lieu au lendemain de la présentation des nouveaux iPhone 16, lundi, en Californie.
Apple, Samsung, Google : le match de l’IA dans les smartphones est lancé
De la parole aux actes, Apple n'aura laissé filer que le temps d'un été. Critiquée pour être resté quasi-muette l'an dernier, quand le phénomène ChatGPT bouleversait la tech mondiale, l'entreprise de Cupertino vient de présenter de nouveaux iPhone dopés avec cette fameuse intelligence artificielle générative. Commercialisés courant septembre, ils s'enrichiront au fil des mois et des mises à jour avec de multiples fonctionnalités, déjà esquissées en juin dernier lors d'une première prise de parole du PDG, Tim Cook, sur le sujet. Baptisée « Apple Intelligence », l'IA d'Apple promet d'améliorer l'assistant vocal Siri, via lequel il sera possible de rechercher un e-mail ou une photo. Pour les messages, Apple Intelligence proposera de réécrire les textes sur différents tons, voire d'inventer ses propres emojis. A noter, la date de disponibilité de ces services en Europe n'est pas encore connue en raison, dit Apple, d'« incertitudes réglementaires ». Les rivaux d'Apple n'ont pas attendu Mais le temps a jusqu'ici joué pour ses principaux rivaux. En matière d'intelligence artificielle, Google n'a pas attendu pour intégrer ses propres modèles d'IA générative aux dernières versions de son système d'exploitation Android. Concrètement, les propriétaires de smartphone Android (toutes les marques sauf Apple et Huawei) peuvent désormais entourer du bout des doigts les détails d'une image puis lancer une recherche visuelle. Les adeptes des smartphones Pixel de l'entreprise de Mountain View, eux, profitent carrément du robot conversationnel Gemini en permanence au fond de leur poche. Encore distribués de façon très hétérogène selon les pays du monde, les Google Pixel ne constituent toutefois pas la menace principale pour l'iPhone 16.
Avantages fiscaux : Apple contraint de restituer 13 milliards à l’Irlande
C'est une lourde défaite pour Apple et une superbe victoire pour Margrethe Vestager, la vice-présidente de la Commission européenne chargée de la concurrence, qui va bientôt quitter ses fonctions, après dix ans de service. Mardi, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) lui a offert un beau cadeau de départ en lui donnant raison quand, en 2016, elle avait enjoint à Apple de rembourser 13 milliards à l'Irlande, estimant que la firme à la pomme avait bénéficié d'aides fiscales illégales. Un jugement définitif qui met donc fin à ce feuilleton judiciaire. A l'époque, l'affaire avait fait grand bruit, les Etats-Unis avaient averti l'Europe qu'elle risquait de « saper les investissements étrangers » et le PDG d'Apple, Tim Cook, avait qualifié la décision de l'UE de « connerie politique totale ». Dans un jugement tout aussi tonitruant, le Tribunal de l'UE avait ensuite « cassé », en 2020, cette décision de la Commission, l'estimant entachée d'erreurs. Aide illégale Or, pour la CJUE, c'est bien le Tribunal qui s'est trompé, pas la Commission : l'Irlande a bel et bien « accordé à Apple une aide illégale que cet Etat est tenu de récupérer », juge-t-elle dans son arrêt rendu mardi. LIRE AUSSI : Bruxelles en passe de forcer Apple à régler son ardoise de 13 milliards d'euros En cause, des avantages fiscaux indus perçus par Apple via deux mécanismes de rescrits fiscaux accordés par l'Irlande pour y doper l'emploi. L'affaire portait sur des licences de propriété intellectuelle détenues par deux filiales irlandaises du fabricant de l'iPhone et les bénéfices correspondants qui auraient dû leur être attribués. « Aujourd'hui marque un pas en avant », a triomphé Margrethe Vestager, la larme à l'oeil. « Il n'est pas possible que certains Etats membres autorisent des accords spéciaux pour attirer certaines entreprises en proposant des taux d'imposition des sociétés effectivement bas, alors que dans d'autres pays, toutes les entreprises paient leurs impôts », a-t-elle notamment commenté. « Nous sommes déçus par la décision prise aujourd'hui, car le Tribunal a déjà examiné les faits et a catégoriquement annulé cette affaire », a réagi le groupe américain, accusant la Commission de « modifier rétroactivement les règles » et d'ignorer « comme l'exige le droit fiscal international » que les revenus d'Apple sont « déjà soumis à l'impôt aux Etats-Unis ».
Nestlé : 2 millions d’euros pour clore l’affaire des eaux minérales
La Justice a tranché. Le parquet d'Epinal dans les Vosges a mis un terme aux enquêtes et aux plaintes déposées contre Nestlé Waters par Foodwatch pour tromperie du consommateur et par des associations de défense de l'environnement pour forages illégaux destinés à produire de l'eau sous les marques Hépar, Vittel et Contrex. La division eaux du géant suisse qui a utilisé des filtres qui n'étaient pas autorisés par la réglementation devra s'acquitter d'une amende de 2 millions d'euros dans un délai de trois mois, après avoir conclu une convention judiciaire d'intérêt public (CJIP) avec le parquet d'Epinal. Elle devra également « renaturer l'environnement de deux cours d'eau, le Petit Vair et le Vair, affluents de la Meuse, et restaurer les zones humides sur le territoire de Vittel et de Contrexeville. Cet engagement de long terme sera supervisé par l'Office français de la biodiversité. Nestlé Waters y investira 1,1 million d'euros », a indiqué l'entreprise. La CJIP explique qu' « aux termes des enquêtes menées, les forages exploités dans le bassin des Vosges ont été régularisés en 2019, qu'« aucun préjudice à la santé publique n'est à déplorer, que les traitements réalisés sur les eaux captées n'ont en rien altéré la composition minérale des eaux commercialisées ». Des suites… Les associations à l'origine des plaintes contre Nestlé Waters, Foodwatch, VNE et Eau88 ont été invitées à chiffrer leur préjudice. Foodwatch, qui s'y est refusée, se réserve le droit de « donner une suite à cette affaire », même s'il n'est pas possible de contester une CJIP. Ce type de dispositif transactionnel éteint toute action légale contre Nestlé à Epinal. « L'organisation de défense des consommateurs est déterminée à ne rien lâcher. Plus de 16.000 personnes ont signé la pétition de Foodwatch demandant que les entreprises impliquées rendent des comptes. Foodwatch utilisera tous les moyens légaux pour briser le climat d'impunité », précise l'association.
Menaces sur les futurs TGV, RER, tunnels, canaux
La France a-t-elle les moyens de ses ambitions en matière de transports, tout particulièrement sur les questions de décarbonation et de report modal vers les solutions peu émettrices de CO2 ? La période actuelle vient sérieusement contredire les ambitions affichées hier. Successivement à travers la loi d'orientation sur les mobilités (LOM) promulguée en décembre 2019, puis le « plan à 100 milliards » en faveur du ferroviaire, et enfin des multiples projets de SERM, ces « RER métropolitains » qui attendent un engagement sonnant et trébuchant de la puissance publique. Symbole des difficultés à faire jouer l'« effet de ruissellement » tant attendu par les professionnels : le budget de l'Afit France (Agence de financement des infrastructures de transport), qui devait en toute logique augmenter cette année d'environ un milliard d'euros, pour financer de multiples projets dans l'Hexagone… se trouve pris dans les méandres politiques actuels. Budget théorique en hausse En début d'année, l'Agence étatique pouvait compter sur un budget théorique de 4,6 milliards d'euros à dépenser dans les différents modes : une hausse sans précédent par rapport aux 3,6 milliards exécutés courant 2023 et aux 3,2 milliards de 2022. La grande majorité étant fléchée vers les modes alternatifs à la route. Or désormais, « on sait que l'Etat va serrer la vis, le nouveau gouvernement va certainement apporter sa touche, mais nous n'avons que des rumeurs et pas de chiffres », avance Franck Leroy, président de l'Afit France depuis mars dernier, en remplacement de Patrice Vergriete, parti au ministère des Transports, pour encore quelques jours. LIRE AUSSI : RER métropolitains : le financement encore loin d'être sur les rails La société de financement des LGV du Sud-Ouest est en place « Ce n'est pas nous qui définissons la trajectoire. Le budget de l'Afit n'a fait que croître ces dernières années, son rôle est avant tout de tenir les engagements pris par l'Etat, engagements contractuels pris souvent 8 ou 10 ans plus tôt », explique l'homme politique (ex-Horizons) qui préside par ailleurs la région Grand Est. De fait, les incertitudes sur l'exécution des sommes exactes, pour financer tel ou tel projet, ne date pas d'aujourd'hui. Depuis plusieurs mois, Bercy avait déjà préparé dans un cadre plus large un tour de vis pour le budget de l'Afit, adopté en début d'année, budget assis sur différentes taxes faciles à mobiliser ailleurs. Puis la dissolution a mis à mal ce projet, et l'agence publique attend désormais sa nouvelle feuille de route, via la loi de finances rectificative pour 2024. Or elle ne sera pas connue à bref délai dans le contexte politique que l'on sait, avec des finances publiques plus tendues que jamais. Démarrage du plan à 100 milliards Avec beaucoup d'hypothèses budgétaires non confirmées à court terme, le brouillard grandit, notamment pour le démarrage du plan à 100 milliards en faveur du ferroviaire d'ici à 2040, promis par Elisabeth Borne en février 2023. Pendant ce temps, les chantiers abondent, comme la future ligne de TGV Bordeaux-Toulouse, les accès au futur tunnel ferroviaire Lyon-Turin, le canal fluvial Seine-Nord-Europe ou les RER métropolitains. Si Bruxelles apporte son écot à de tels grands programmes d'infrastructures, l'Etat est logiquement forcé de suivre… quitte à gagner un peu de temps. LIRE AUSSI : La taxe sur les autoroutes et les grands aéroports validée par le Conseil constitutionnel Impôts : ces dossiers fiscaux en suspens depuis la dissolution Cet attentisme budgétaire cadre mal avec la frénésie de nouvelles ressources de l'Afit, grandement élargie ces dernières années. Dernière trouvaille en date, la taxe « sur les infrastructures de transport de longue distance », acquittée par les grandes sociétés d'autoroutes et à un degré moindre par les six aéroports du pays. Récemment validée par le Conseil constitutionnel, elle rapportera 600 millions d'euros dès cette année. Les ressources élargies Sur la période 2015-2021, les ressources de l'Afit étaient exclusivement issues du mode routier (péages, carburants…). Puis au fil du temps, l'imagination de l'exécutif s'est sensiblement débridée en la matière - toujours au nom de la décarbonation des modes de transport - pour s'élargir à une première contribution sur les billets d'avion en 2022, à une partie de la manne des radars automatiques, ou encore à la TICPE sur les maisons chauffées au fioul domestique. Tous les élus locaux de l'Hexagone associés aux 24 projets de RER métropolitains, labellisés à la hâte en juin-juillet par le ministère des transports, sans que cela ne coûte un euro à l'Etat, aimeraient maintenant voir la couleur de l'argent, pour passer au concret.