JO de Paris 2024 : ce qui se cache derrière la polémique sur la fiscalisation des primes des médaillés
C'est une discipline pour laquelle la France pourrait sans doute prétendre à une médaille d'or si jamais elle venait à être inscrite aux Jeux Olympiques . Dans l'épreuve de créativité fiscale - option figures libres - le député Olivier Marleix (Les Républicains) s'est ainsi illustré mardi en proposant de créer une nouvelle niche en matière d'imposition. « Exonérons nos médaillés aux JO et Jeux paralympiques d'impôt sur leurs primes », a réclamé sur X (ex-Twitter) l'ancien chef du groupe parlementaire des LR à l'Assemblée nationale, réélu de justesse en juillet dernier . « Une PPL (proposition de loi, NDLR) consensuelle pour débuter la législature et poursuivre dans l'hémicycle un moment d'unité nationale ! », a-t-il ajouté, signe que cette nouvelle législature n'est visiblement pas placée sous le signe du redressement des comptes publics. Primes plus généreuses L'élu d'Eure-et-Loir ne faisait que réagir à la polémique lancée la veille par son ancien camarade sur les bancs de la droite à l'Assemblée nationale, David Douillet, dont le passage en politique a toutefois laissé moins de traces que sur les tatamis (double champion olympique de judo en 1996 et 2000). Soumettre à l'impôt sur le revenu les primes versées aux athlètes ? Un « scandale » pour l'ancien champion. « Pour certains athlètes, c'est de l'argent de poche, et pour d'autres, dans des petits sports, c'est immense. Fiscaliser ça ? Je trouve que c'est une honte », a-t-il lancé lundi sur RMC. Mettre fin à ce « scandale » aboutirait toutefois à une situation assez paradoxale. Cette fiscalisation des primes vient de loin, de 2011 quand… David Douillet était lui-même ministre des Sports. Depuis, les gouvernements successifs ont visiblement bien du mal à se dépatouiller de cette mesure, qui rapporte peu au niveau budgétaire mais coûte beaucoup en matière de cote de popularité dans le milieu sportif. Des mesures d'exonération ponctuelles avaient ainsi été prises pour les JO d'été de Rio en 2016 et d'hiver à Pyongchang en 2018. En 2021 pour les Jeux de Tokyo, les athlètes ont fini par ne plus y couper, avec toutefois un dispositif d'étalement sur quatre ans de l'impôt à payer. Les athlètes sont-ils allergiques au fisc ? Ces JO ont en tout cas abouti au deuxième total le plus faible depuis ceux de Barcelone en 1992.
Elon Musk attaque en justice de puissants annonceurs accusés d’un boycott de X
Avec Elon Musk, il se passe toujours quelque chose. Le réseau social X, anciennement Twitter, propriété de l’entrepreneur, attaque en justice un groupement d’annonceurs et des annonceurs individuels accusés de le boycotter et de lui [...]
Comment Cathay Pacific espère retrouver sa splendeur passée
En Chine plus qu'ailleurs, les chiffres ont aussi valeur de symbole. L'annonce ce mercredi par Cathay Pacific d'une commande de 30 Airbus A330-900, en est une nouvelle illustration. Avec ce nouveau contrat, la compagnie de Hong Kong porte à 100 le nombre d'avions commandés depuis la fin de la pandémie. Et ce, dans le cadre d'un plan d'investissements de 100 milliards de dollars hong-kongais (11,73 milliards d'euros), destiné à restaurer sa splendeur passée, du temps où elle rivalisait avec Singapore Airlines pour le titre de meilleure compagnie aérienne au monde. Une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, quand les compagnies du Golfe n'existaient pas et que l'ex-colonie britannique était encore la principale porte d'entrée aérienne du marché chinois. La répression des manifestations étudiantes de 2019 et la crise du Covid n'ont fait qu'aggraver un long déclin. Au point de faire dire en 2022 au directeur de l'association du transport aérien internationale, Willie Walsh, que Hong Kong avait disparu de la carte mondiale des grands aéroports, et qu'il lui serait bien difficile de rétablir sa réputation. Une situation financière rétablie C'est la lourde tâche à laquelle s'est attelée Patrick Healy, le président du groupe Cathay, avec le soutien de ses deux principaux actionnaires, le groupe hongkongais Swire, qui détient encore 45 % du capital, et Air China, pour 40 %. Sous sa direction et celle du directeur général Ronald Lam, Cathay a déjà réussi à revenir aux bénéfices en 2023, après trois années de pertes. Le groupe a aussi remboursé plus de la moitié des 2,3 milliards d'euros d'aide financière apportée par le gouvernement de Hong Kong durant la pandémie.
Assurance-vie luxembourgeoise : FWU Life Insurance Lux S.A. est déclarée insolvable
C'est l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), organe de supervision français de la banque et de l'assurance qui vient de lancer l'alerte mercredi 7 août. Elle a été elle-même avertie par le Commissariat aux Assurances (CAA), autorité compétente de surveillance du secteur des assurances au Luxembourg qui a communiqué les 19 juillet et 2 août 2024 sur la situation de l'entreprise d'assurance FWU Life Insurance Lux S.A. La société qui se présente comme une entreprise privée familiale et indépendante, pionnière de l'assurance-vie en unités de compte, revendique 2 milliards d'euros d'actifs sous gestion et un million de clients dans le monde entier. La compagnie d'assurances FWU Life, anciennement Atlanticlux, est basée au Luxembourg et le siège de FWU AG est installé à Munich. L'ACPR informe que dans le cadre de la sanction administrative du 4 août 2022 prononcée par le CAA à l'encontre de FWU Life Insurance Lux S.A., les produits de la génération F-Series portés par l'assureur sont interdits de commercialisation sur le territoire français. Depuis, la commercialisation d'aucun autre produit de l'assureur n'a été autorisée dans notre pays.
Pourquoi l’avance technologique de la Chine dans les voitures électriques va perdurer
Puissance automobile en pleine ascension, la Chine le doit aussi à ses chercheurs. Pas qu'à ses usines, à ses subventions étatiques et à ses coûts de production imbattables. L'Empire du milieu est le pays qui publie le plus d'articles de recherche « à impact » au monde relatifs à la voiture électrique, relève un think tank américain, l'Information Technology & Innovation Foundation (Itif) dans une étude publiée fin juillet. Depuis 2013, les centres de recherche chinois ont multiplié par près de dix le nombre de travaux de recherche figurant dans le Top 10 des publications les plus citées dans ce domaine. Celles-ci sont passées de 20 à près de 200 en 2023, contre 150 pour l'Europe, dénombre l'Itif. La domination de la Chine dans la fabrication de batteries - elle y détient 75 % de parts de marché - se retrouve dans la recherche. En 2023, les institutions chinoises ont publié 20 % de toutes les publications sur les piles pour voitures. Dépassant tous les autres pays en quantité, l'Empire du milieu les supplante encore davantage en qualité. Les centres de recherche chinois ont publié 65 % de la recherche à fort impact en 2023, contre 12 % pour les Etats-Unis ou encore 2,8 % pour l'Allemagne. Batteries à bas coûts L'explosion de la recherche chinoise dans les batteries a eu des conséquences très concrètes. L'Itif explique que cela a entraîné des progrès considérables dans la technologie à bas coût dite LFP (Lithium-fer-phosphate), que lorgnent désormais tous les constructeurs européens pour abaisser le prix de vente de leurs voitures. LIRE AUSSI : DOSSIER - Plongée en Chine, le nouveau réacteur de l'automobile mondiale Le numéro un mondial des batteries, le chinois CATL , a porté l'année dernière ses dépenses de R&D à plus de 2 milliards d'euros, employant plus de 18.000 personnes dans ce département. Le numéro deux mondial de la même nationalité, BYD - qui construit aussi des voitures, a lui dépensé 5 milliards de dollars en recherche et développement. Cet investissement a récemment débouché sur la mise au point de ses batteries « blades » (lames, en anglais), où les cellules sont positionnées verticalement de façon très compactées. Pluie de brevets Les travaux de recherche et ses milliards alloués à la R&D mènent logiquement à des dépôts de brevets de plus en plus nombreux. Dans le domaine des véhicules à moteur, ils ont augmenté de 700 % en dix ans, atteignant en 2023 le niveau de l'Europe (sans l'Allemagne). Dans les moteurs électriques, la progression est tout aussi marquante, avec 660 brevets déposés en 2023, contre 31 seulement en 2013. Grâce à ce bond de 2.000 %, la Chine a dépassé tous les autres pays, et de loin. Deuxième pays au monde dans ce domaine, l'Allemagne n'a déposé qu'un peu plus de 400 brevets. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Automobile : les marques chinoises loin du tsunami redouté en Europe DECRYPTAGE - Automobile : « sanglante », la guerre des prix fait des ravages en Chine Dans les batteries, les experts européens veulent croire que les chinois n'ont pas pris une avance impossible à combler. « Personne n'a dix ans d'avance dans le monde des batteries », insiste, comme pour conjurer la peur du péril chinois, un chercheur français. Les Européens et Américains pariant sur les batteries solides , bien plus denses en énergies que les technologies actuelles, pour l'emporter à terme sur les chinois. Mais celles-ci ne pèseront, selon les projections d'Avicennes Energy, qu'environ 10 % du marché à horizon 2035. Copies et espionnage Encore faudra-t-il que les Occidentaux conservent cette avance, si elle se concrétise. L'Itif prévient que le bond chinois dans l'électrique s'est aussi construit, au départ, sur la copie de technologies occidentales. Via les coentreprises que les Volkswagen, GM ou PSA ont dû créer pour s'installer en Chine. Via, surtout, l'espionnage industriel. Et l'ITIF de rappeler l'avertissement, en 2020, du directeur du FBI, Christopher Wray : « La Chine s'est fait une priorité de voler des technologies relatives à la voiture électrique. »
Procès Google : les mesures potentielles pour mettre fin au monopole
Les géants de la tech ne sont plus protégés. Un tribunal fédéral de Washington vient de frapper fort en condamnant Alphabet, la maison mère de Google, pour pratiques anticoncurrentielles concernant son moteur de recherche. « Google est un monopole, et a agi en monopole », a assené le juge Amit Mehta, après un procès-fleuve ouvert en septembre 2023. A la suite de cette décision, la firme de Mountain View a indiqué vouloir faire appel, ce qui va faire repousser de plusieurs mois ou plusieurs années la clôture de l'affaire. Le tribunal n'a pas encore émis d'injonctions contre Google, mais plusieurs scénarios sont possibles. 1. Proposer plusieurs moteurs de recherche dans les navigateurs Le moteur de recherche de Google est souvent proposé par défaut par les navigateurs Web, que ce soit sur Android ou Apple, sur ordinateur ou mobile. Pour avoir une place ultraprivilégiée sur les smartphones Android, Google « regroupe » ses logiciels propriétaires (Chrome, Google Maps, Google Pay et YouTube) avec son moteur de recherche. Les fabricants de téléphones qui souhaitent donc acquérir une licence pour un logiciel doivent aussi embarquer la brique recherche. Côté Apple, le schéma est différent puisque Google rémunère la marque à la pomme pour être le moteur par défaut. Permettre aux utilisateurs de sélectionner le moteur de recherche qu'ils souhaitent répondrait à cette problématique. En 2018, la Commission européenne a d'ailleurs ordonné à Google de proposer plusieurs choix de moteur de recherche pour les appareils Android, accompagné d'une amende de… 4,34 milliards d'euros (qui avait ensuite été abaissée à 4,1 milliards ). « Bien qu'il soit facile de changer de fournisseur, la réticence des consommateurs à s'éloigner de Google constitue un obstacle de taille », estime Tessie LiJu Su, économiste, interrogé par Bloomberg. Selon une étude de CEPR (The Centre for Economic Policy Research), les pays qui ont imposé plusieurs choix d'écran ont permis de réduire la part de marché de Google (-1 point dans les pays européens, et -10 points pour la Russie et la Turquie) « Les différences proviennent des nuances de l'intervention, y compris la taille du groupe d'utilisateurs ciblés, les caractéristiques du marché local et la conception des mesures correctives », indiquent les auteurs du rapport. 2. Mieux encadrer la transaction avec Apple Google paierait environ 20 milliards de dollars par an à Apple pour faire de Google le moteur de recherche par défaut de ses ordinateurs Mac et son iPhone, y compris sur le navigateur web Safari d'Apple. Un montant que ne pourrait pas débourser Bing (Microsoft), son plus « proche » concurrent, dont les recettes publicitaires mondiales se sont élevées à « seulement » 6,92 milliards de dollars en 2023. LIRE AUSSI : Android, dix ans de domination Concurrence dans la publicité en ligne : Bruxelles prête à utiliser l'arme atomique contre Google Le juge pourrait donc limiter le montant ou la manière dont Google paie. « Une mesure corrective empêchant Google d'effectuer des paiements à Apple pour être le moteur de recherche par défaut sur n'importe quel point d'accès à la recherche sur les appareils Apple serait simple à mettre en oeuvre et efficace », estiment les auteurs de l'étude de CEPR. 3. S'associer à d'autres moteurs de recherche Autre mesure possible : obliger Google à fournir des résultats de recherche « syndiqués ». La plupart des autres moteurs comme DuckDuckGo, Yahoo ou encore Qwant syndiquent les résultats de recherche de Bing. En somme, ils ont signé un contrat avec Microsoft pour acheter ses liens organiques. En échange, ils acceptent d'afficher des annonces de recherche à côté des liens organiques. Les revenus générés par les annonces de recherche sont ensuite partagés entre les deux parties. LIRE AUSSI : Publicité en ligne : plus de 30 médias européens portent plainte contre Google Les émissions de carbone de Google explosent à cause de l'IA A noter que le moteur de recherche « vert », Ecosia, a signé un contrat avec Google en 2023 dans ce domaine après des années d'engagement avec Microsoft. Pour Wired, ce changement est en grande partie dû à l'essor de l'intelligence artificielle générative qui est en train de bouleverser le secteur. « Pour un petit fournisseur comme Ecosia, les bouleversements récents dans le domaine de la recherche pourraient être l'occasion d'atteindre de nouveaux marchés et d'offrir de nouveaux services aux utilisateurs et aux annonceurs. Mais ce paysage changeant comporte aussi de nombreux défis », estime le média américain. 4. Une scission d'Alphabet C'est le scénario le plus extrême et le moins probable tant il serait difficile à mettre en place. Les auteurs du rapport CEPR évoquent la vente forcée de Chrome. Aux Etats-Unis, il s'agit du premier navigateur sur le segment des ordinateurs et il détient une part de marché importante sur les smartphones. « Toute cession de Chrome serait compliquée parce qu'il faudrait décider quelles fonctions devraient être incluses dans un Google Chrome autonome », alertent les auteurs du rapport. Le navigateur Web comprend plusieurs autres fonctionnalités comme un gestionnaire de mots de passe, l'intégration avec d'autres produits et services Google tels que Gmail et Google Drive… Une scission d'Android pourrait être envisagée mais « serait dangereuse et causerait probablement plus de tort que de bien aux consommateurs », estime Tessie LiJu Su. « Google fournit de nombreux produits et services basés sur sa plateforme Android qui sont complémentaires les uns des autres. Cette approche, combinée aux effets de réseau, est extrêmement compliquée et une analyse complète et multimarchés dépasse le cadre de ce litige », ajoute-t-elle.
Ce que l’on sait de la lourde défaite des mercenaires de Wagner au Mali
C'est une défaite qu'il est difficile de nier, car largement documentée en photos et vidéos. Samedi 27 juillet, des mercenaires de la société militaire privée (SMP) russe Wagner et des soldats des forces armées du Mali (Fama) ont subi une lourde défaite dans le nord du pays, près du village de Tin Zaouatine, non loin de la frontière avec l'Algérie. LA NEWSLETTER INTERNATIONAL Tous les mardis à 11h Recevez le meilleur de l’actualité internationale. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. Après trois jours « d'intenses combats », la colonne armée a été détruite, a annoncé le Cadre stratégique et permanent pour une Défense du peuple de l'Azawad (CSP-DPA). Cette alliance de plusieurs groupes séparatistes touaregs, qui demande l'indépendance de la région de l'Azawad, est depuis plusieurs mois en conflit ouvert contre le pouvoir militaire de Bamako, soutenu par Wagner. À lire aussi Ukraine, Syrie, Mali… Le groupe Wagner mis à nu dans un livre Exactions de Wagner Arrivés au Mali peu avant le départ des dernières troupes françaises en 2022, les « musiciens » (surnoms des mercenaires de Wagner) sont, depuis, régulièrement accusés de commettre des exactions sur la population civile, souvent au côté des Fama. Il serait autour de 1 600 combattants. Le nord Mali est une zone difficile d'accès, où la plupart des groupes terroristes, JNIM (Al-Qaïda) et État islamique en tête, ont trouvé refuge. Depuis la fin de l'opération militaire française Barkhane, la région échappe en grande partie au pouvoir malien. Partie de Kidal, ville reprise par l'armée malienne et Wagner en novembre 2023, la colonne était arrivée à une vingtaine de kilomètres de Tin Zaouatine quand une tempête de sable s'est déclarée. Profitant des conditions météorologiques, les combattants de CSP-DPA ont alors attaqué. Sur plusieurs vidéos, on peut entendre d'importants échanges de tirs. Un hélicoptère d'attaque MI-24, venu appuyer les Fama et Wagner, a dû rebrousser chemin, avant de s'écraser près de Kidal.
Concurrence : Google perd un procès historique face au gouvernement américain
C'est un jugement qui fera date dans l'histoire de l'antitrust américain. Après deux décennies où tout semblait permis aux géants du Net, un tribunal fédéral de Washington a infligé lundi un sérieux revers à Alphabet , la maison mère de Google. Un verdict qui en annonce peut-être d'autres dans le secteur, tant les mastodontes de l'ère numérique sont désormais dans le collimateur, d'Apple à Meta en passant par Nvidia. Selon le juge Amit Mehta, Google a fait barrage à ses concurrents de façon déloyale dans le monde des smartphones, afin de s'y tailler la première place en tant que moteur de recherche. En effet, en 2021, Google a payé 26 milliards de dollars à des éditeurs de logiciels de navigation, des opérateurs télécoms et des fabricants comme Samsung ou Apple pour installer son logiciel par défaut sur les appareils mobiles. LIRE AUSSI : ANALYSE Le procès Google, heure de vérité de l'antitrust aux Etats-Unis En échange de ces deals appelés « partage de revenus » (les revenus publicitaires de Google en 2021 s'élevaient à 146 milliards de dollars), Google a pu non seulement être installé par défaut sur les smartphones, mais en plus être assuré de l'exclusivité : aucun autre moteur de recherche généraliste ne pouvait être livré embarqué dans un appareil neuf. L'annonce a fait chuter plus avant le titre Alphabet, qui a terminé en baisse de 4,35 % au Nasdaq lundi, mais aussi celui d'Apple, qui va devoir se passer de recettes plantureuses. Ce dernier a plongé de 6,24 % sur un marché déjà secoué par la déflagration boursière mondiale survenue le même jour. « Google est un monopole » « Les accords de distribution de Google ont capté une portion substantielle du marché des services généraux de recherche et ont réduit les opportunités concurrentielles de ses rivaux », écrit Amin Mehta dans le jugement de près de 300 pages qui clôt un procès-fleuve, ouvert en septembre 2023. « Google est un monopole, et a agi en monopole », assène-t-il également. La part de marché de Google dans la recherche Internet, qui était de 80 % aux Etats-Unis en 2009, « n'a fait que croître » depuis, souligne le juge, à 90 % en 2020, et presque 95 % sur les smartphones. Certes, la société à « embauché des milliers d'ingénieurs hautement qualifiés, innové constamment, et pris des décisions stratégiques pertinentes », et dispose donc d'un outil excellent. LIRE AUSSI : Procès Google aux Etats-Unis : la première phase s'achève CHRONIQUE US vs. Google, le procès du siècle Mais il s'est aussi servi d'un atout invisible, la distribution par défaut, pour accumuler des tonnes de données sur les utilisateurs de smartphone, qui en retour lui ont permis d'améliorer son logiciel. C'est un tel avantage compétitif, que Google conserve pendant dix-huit mois l'historique des recherches et de l'activité en ligne des internautes, souligne le juge. Cela lui permet de vendre plus d'espaces aux annonceurs. En comparaison, en 2022, le principal concurrent de Google dans la recherche, Bing, a réalisé moins de 12 milliards de revenus publicitaires. Une victoire pour le département de la Justice Ce jugement est une belle victoire pour le département américain de la Justice, qui avait porté plainte. Elle témoigne de la volonté de l'administration Biden de sévir contre les géants du Net - même si le procès a initialement été intenté sous Donald Trump, en 2020. La dernière fois qu'un titan de la tech a perdu un procès d'envergure contre le gouvernement américain, c'était Microsoft, en 2001, pour avoir abusé de sa position dominante avec le logiciel Windows. Dans un communiqué, Google indique qu'il fera appel de cette décision. Dans tous les cas, des remèdes vont devoir être trouvés pour mettre fin à cet abus de position dominante. Google pourrait par exemple être contraint de revendre son système d'exploitation pour smartphones Android, ce qui reviendrait à démanteler le groupe. Il pourrait aussi être forcé de partager les données récoltées auprès des utilisateurs avec ses concurrents afin qu'ils puissent eux aussi améliorer leur moteur de recherche. Google a d'autres affaires judiciaires pendantes aux Etats-Unis. Le géant est attaqué par l'éditeur du jeu Fortnite, Epic Games, parce qu'il prélève une rente de 30 % sur les téléchargements d'applications via son magasin en ligne. Puis en janvier 2023, le gouvernement fédéral et huit Etats américains ont lancé des poursuites contre Alphabet pour abus de position dominante dans les technologies d'achat et de vente de publicité (adtech), réclamant la scission du groupe. LIRE AUSSI : Publicité en ligne : Washington plaide pour une scission de Google Intelligence artificielle : l'antitrust américain sur le pied de guerre Meta joue gros Par ailleurs, d'autres éminences de la Big Tech font l'objet d'enquêtes ou de poursuites fédérales pouvant mener, en dernière extrémité, à un démantèlement. Ainsi, Meta joue gros avec la Federal Trade Commission, qui a porté plainte en décembre 2020, considérant que le rachat de WhatsApp (19 milliards de dollars) et d'Instagram pourrait avoir été un moyen d'étouffer la concurrence. Dernièrement, ce sont les investissements considérables dans l'intelligence artificielle qui suscitent l'intérêt des régulateurs. La Federal Trade Commission enquête sur les pratiques de Microsoft et d'OpenAI, et le département de la Justice, sur Nvidia. Les « sept magnifiques », des sociétés de la Silicon Valley qui pèsent des milliers de milliards de dollars après vingt ans d'expansion rapide, ont peut-être mangé leur pain blanc. En cette période électorale aux Etats-Unis, elles ne peuvent compter ni sur les démocrates, ni sur les républicains, pour faire rempart contre l'antitrust. Ce sont les nouveaux Rockefeller. Or on sait comment l'histoire s'est terminée pour ces grands monopolistes américains.
Cyberattaque : une quarantaine de musées rançonnés
Les experts de la cybersécurité craignaient une recrudescence des attaques pendant les JO, les musées français confirment. Une source policière a appris à l'AFP que le Grand Palais et une quarantaine d'établissements culturels en France ont été victimes d'une attaque par rançongiciel ce week-end. Les cybercriminels ont ciblé dans la nuit de samedi à dimanche le système permettant la « centralisation de données financières » d' enseignes situées au sein de ces lieux . Ils ont ensuite menacé de diffuser les données chiffrées contre une rançon. L'Agence française de sécurité informatique (Anssi) a confirmé à l'AFP avoir été « alertée de l'incident » mais assure que « les systèmes d'information impliqués dans le déroulement des Jeux Olympiques et Paralympiques » n'ont pas été affectés. Le Grand Palais accueille en effet les épreuves d'escrime. LIRE AUSSI : Cyberattaques : les dirigeants, cible préférée des hackers Cybersécurité : les demandes de rançon explosent, même dans les PME Une enquête a été ouverte pour atteinte à un système de traitement automatisé des données et extorsion en bande organisée, confiée à la Brigade de lutte contre la cybercriminalité (BL2C) de la police judiciaire parisienne. Les musées sont loin d'être les premières cibles des délinquants numériques. Les entreprises sont souvent les plus exposées. Début juillet, l'Autorité bancaire européenne (EBA) publiait son baromètre de la cybersécurité montrant une intensification des attaques. Plus de la moitié des banques interrogées par l'institution disent avoir subi une cyberattaque « réussie ». Mais l'an dernier, un musée d'Ottawa avait été rançonné et avait dû fermer un temps.