HOSPITALITY LAB & PRACTICE FOR BRANDS

Blog2017-10-23T13:43:48+00:00

GDPR : L’hospitalité des marques fait loi en Europe.

GDPR : L’hospitalité des marques fait loi en Europe.

En imposant aux marques de privilégier l’intérêt de leurs clients dans la gestion des données qu’elles détiennent, l’Europe fait de l’hospitalité le vecteur principal de leur croissance.

1. AUJOURD’HUI, LA CROISSANCE DES MARQUES PASSE PAR LA QUALITÉ DE LEUR RELATION CLIENTS.

Dans un monde digital, « Les Marchés sont des Conversations ».

Dès 1999, Doc Searls et ses co-auteurs avaient mis cette idée au coeur de leur “Clue Train Manifesto” (Manifeste des Evidences) (1), démontrant alors avec brio comment le développement du “capital relationnel” de la marque pouvait devenir le principal moteur de la croissance des entreprises.

L’arrivée des sites internet dans la fin des années 1990 avait eu en effet le mérite de faire prendre conscience qu’il pouvait se nouer une relation directe entre l’entreprise et ses clients, sans passer par un distributeur ; et que ces nouveaux liens produisaient énormément de données qu’il était probablement intéressant d’exploiter : ainsi, pour développer plus loin l’idée du “Clue Train”, lorsqu’il s’agit de générer une croissance durable des ventes et des profits, les meilleurs atouts de la marque sont sa légitimité à susciter des échanges autour de son coeur de métier (Conversation), son intelligence à les analyser (Curation), sa capacité à apporter des réponses adaptées aux besoins exprimés (Customization), et finalement son empathie relationnelle, propre à mettre le client en résonance avec la marque (Communion). Autant d’atouts qui précèdent dorénavant la simple « qualité des produits » mis au catalogue, autrefois le principal fer de lance des entreprises.
Une vision depuis partagée par Interbrand(2), qui dans sa publication annuelle du classement de la valeur des marques insiste sur le fait que “la croissance est la conséquence d’une stratégie claire et d’expériences exceptionnelles délivrées au consommateur”.
Voici donc venu le temps pour les marques soucieuses de croissance durable de passer un nouveau contrat relationnel avec leurs consommateurs, où l’achat et la livraison du produit n’est plus la fin mais le début de la relation : un contrat qui couvre d’abord l’usage, et l’expérience qui l’accompagne. Un contrat qui est aussi l’occasion de proposer de nouveaux moments de consommation, de nouveaux services, qui sont autant de chiffre d’affaires supplémentaire pour les marques. Mais un contrat relationnel d’abord fondé sur le respect de l’intérêt du client, notamment en matière d’utilisation de ses données.

 

2. GDPR : UNE RÉGLEMENTATION POUR SAISIR DE NOUVELLES OPPORTUNITÉS DE CROISSANCE.

Selon une étude récente de la Commission Européenne(3), 72% des Européens s’inquiètent en effet de laisser trop de données personnelles aux entreprises, souvent à leur insu, et surtout de ne pas en recevoir de réelle contrepartie. D’ailleurs, la connaissance plus précise du client semble ne faciliter en rien la capacité de l’entreprise à mieux cibler ses offres : selon tous les indicateurs(4), le taux d’ouverture des mails diminue alors que les désabonnements (opt-out) augmentent, ce qui fragilise largement la rentabilité des investissements lourds consentis dans le CRM.
La Commission souligne également que le marché en ligne est constitué à 57% d’échanges avec des opérateurs américains, alors que seulement 4% des échanges se font au travers d’opérateurs pan-européens. Elle estime que si les 100 plus grosses entreprises Européennes faisaient un usage judicieux de leurs données clients, le PNB Européen pourrait s’octroyer 1,9% de progression supplémentaire d’ici 2020, soit plus de 200 Milliard d’Euros de gain potentiel.
C’est avant tout à cette opportunité de croissance que la GDPR s’attaque : permettre une meilleure utilisation des données pour les entreprises grâce à un consentement avéré des consommateurs, favoriser les échanges intra-européens au sein d’un univers mieux sécurisé. Loin d’être une contrainte, la GDPR est une chance de développement de nouvelles sources de revenus pour les marques européennes : elle conduit à un modèle de croissance durable rendu possible par une approche choisie et non plus subie de la consommation. Avec la GDPR, les marques doivent négocier avec chacun de leurs clients un contrat relationnel : elles doivent se mettre à l’écoute, comprendre les besoins, proposer leurs services, et définir les modalités de la relation ; le tout dans la transparence ( accès aux données, droit de modification) qui établit la confiance, l’attachement. Les marques deviennent alors attachantes dans le bon sens du terme, et c’est de cet attachement que nait la croissance durable.
C’est à ce nouveau modèle relationnel qu’appellait lui-même Doc Searls dans son “Clue Train Manifesto” : il lui avait même trouvé un nom, la VRM (Vendor Relationship Management). Une approche basée sur le consentement avéré du client vis à vis de ses fournisseurs (vendeurs) avec un postulat simple : “un consommateur libre a plus de valeur qu’un consommateur captif – pour lui-même, pour les marques et pour l’économie en général”.
Encore faut-il s’entendre sur la définition du consommateur “libre”. Searls le définit en cinq points :
1. Il entre en relation avec les marques de manière indépendante et sans contrainte.
2. Il est le point d’intégration de sa propre donnée (c’est lui seul qui peut relier sa donnée à sa personne).
3. Il a le contrôle de la donnée qu’il génère et collecte. Il décide de ce qu’il veut partager, à qui et comment.
4. Il définit son propre niveau d’engagement avec les marques.
5. Il est libre d’exprimer ses exigences et ses intentions en dehors du contrôle de toute entreprise.
C’est ce consommateur “libre” que la GDPR souhaite aujourd’hui promouvoir, afin d’en faire le vecteur de croissance de l’économie.

3. L’HOSPITALITE DES MARQUES, PRINCIPAL VECTEUR DE LEUR PROPRE CROISSANCE.

Accueillir un consommateur “libre” est sans doute une perspective qui effraie bon nombre de marques, tant elle ont été construites sur la notion d’un marketing manipulateur et insidieux, capable d’influencer jusqu’aux émotions pour enfermer les clients dans un tunnel de vente dont la seule issue est l’achat du produit. Avec la GDPR, ce n’est plus le produit qu’il va falloir vendre, c’est la marque qui doit apprendre à se faire acheter. Et pour cela, il va falloir qu’elle se montre hospitalière vis à vis de ses clients : bienveillante, humaine et proche.
Le produit devient simplement la porte d’entrée à la marque, celui qui va forger les impressions de la première rencontre, et donc le début (et non la fin) de l’histoire. Le produit n’est plus qu’un prétexte, c’est la marque qui devient le réel support de l’expérience pour le consommateur : c’est d’ailleurs à elle qu’il va naturellement s’adresser s’il a besoin d’assistance ou s’il a simplement des remarques à formuler. À la marque de se montrer engageante, accueillante, généreuse et humaine pour fidéliser le consommateur au-delà du premier produit, et pour entretenir une relation proche, intime, qui permettra de continuer à vendre sans qu’il soit besoin de déployer la coûteuse armada publicitaire du premier jour : avoir une stratégie à long terme d’entretien de la relation, plutôt que de s’épuiser dans des efforts permanents de recrutement.
Autant le “tunnel de vente” était indifférencié et anonyme, donc étranger à toute notion d’hospitalité, autant le “cycle de décision d’achat” est personnalisé et fait appel à la relation humaine : c’est de la capacité de la marque à accueillir que dépend la fidélisation du client, et encore plus, sa propension à devenir activement promoteur vis à vis de ses pairs. Pour le dire différemment, c’est du niveau d’hospitalité de la marque que va découler l’amplitude de la réalisation du cycle d’achat, et donc le montant de la valeur créée.
Autant le “tunnel de vente” s’envisageait dans un temps le plus court possible, avec l’espoir de limiter la durée d’exposition nécessaire pour déclencher l’achat afin de réduire les coûts, autant le “cycle de décision d’achat” s’inscrit dans la durée la plus longue possible afin de maximiser les revenus. En se plaçant dans une notion de permanence, on met forcément en exergue la qualité de l’hospitalité, seule capable de générer de la pérennité dans la relation.
Plus le consommateur progresse avec la marque, plus la marque fait preuve de « disponibilité » vis à vis des demandes du consommateur, plus se crée la confiance dans la relation, le consommateur récupérant de plus en plus de valeur d’usage en retour de sa relation avec la marque, la marque obtenant de plus en plus de “permissions” qui lui permettent d’aller encore plus loin dans son service du consommateur.
C’est bien là le cercle vertueux de l’hospitalité des marques : un marketing “on demand” (inbound marketing), un marketing de l’échange, de la confiance, de la permission, du partage de la valeur, où les clients sont aussi des hôtes ; un marketing qui se définit d’abord par rapport au client pour qu’il puisse adopter lui-même la marque, la faire sienne et en devenir à son tour le porte-parole…
Alors que la GDPR fait des marques le gibier de consommateurs devenus madrés, l’hospitalité est la meilleure réponse pour faire de ces mêmes marques les plus désirables des proies : avec bienveillance, humanité et intimité. Assurant ainsi la pérennité de leur croissance.

4. QUELLES APPROCHES POUR LES MARQUES FACE A LA GDPR ?

Ce serait peine perdue pour les marques que de se contenter de « mettre en conformité » leur bases de données tout en espérant garder les mêmes pratiques relationnelles. Car la GDPR est d’abord une invitation à renverser ses pratiques relationnelles pour faire montre d’hospitalité vis à vis de ses clients ; et c’est ce renversement d’attitude qui est lui même porteur de croissance pour les marques. Avec la GDPR, l’hospitalité ouvre pour les marques de nouvelles perspectives de croissance.
Une étude publiée en Mai dernier par le gouvernement Britannique4 s’était alarmée sur le fait que seulement 30% des grandes entreprises du pays avaient commencé à prendre les mesures nécessaires à la mise en conformité de leurs pratiques d’utilisation des données, alors que la transcription dans la loi Britannique vient d’être réalisée en ce mois d’Août, et qu’elle survivra au Brexit. Les autres pays feront-ils preuve de la même insouciance, par rapport à une échéance qui dans la plupart des pays européens, a été fixée à Mai 2018 ?
La GDPR transforme radicalement la manière dont les entreprises utilisent les données. Il va falloir arrêter d’acheter des listes d’adresses, et même se débarasser des listes qu’on aura pu acheter auparavant. Contacter un client exigera d’avoir les permissions nécessaires, sauf à s’exposer à des amendes prévues pour atteindre jusqu’à 4% du chiffre d’affaires.
Il n’y aura donc pas d’échappatoires.
Mais n’est-ce pas justement l’opportunité d’une prise de conscience salutaire dans le futur de la relation client ? Quelle marque aujourd’hui a encore besoin d’avoir accès à des millions de noms dont simplement un infime pourcentage montre un intérêt pour ses propositions ? Ne vaudrait-il pas mieux établir une véritable relation avec moins de clients mais qui ont un véritabe intérêt à avoir un dialogue, un échange, une conversation avec la marque ?
N’est-il pas temps, tout simplement, que les marques apprennent à devenir hospitalières vis à vis de leurs clients ?
Et si la GDPR n’était qu’un manifeste pour l’hospitalité des marques ? Une manière de sauver les marques traditionnelles à l’heure du digital ? La dernière opportunité à saisir avant liquidation ou reprise par les acteurs de la nouvelle économie ?
En développant leur hospitalité pour se mettre en conformité avec la GDPR, ce n’est pas tant l’amende que les marques vont éviter, c’est leur futur qu’elle vont assurer.
Aucune raison d’attendre. Embrassons la GDPR en développant l’hospitalité des marques (5).

 

 

(1) Le Cluetrain Manifesto (Manifeste des évidences) est un texte rédigé par Rick Levine, Christopher Locke, Doc Searls, et David Weinberger. Il est d’abord diffusé sur le web en 1999 comme un ensemble de quatre-vingt-quinze thèses, puis est publié sous forme de livre en 2000 avec les thèses prolongées de sept essais. https://www.amazon.com/Cluetrain-Manifesto-End-Business-Usual/dp/0738204315
(2) Etude 2016 Interbrand : http://interbrand.com/best-brands/best-global-brands/2016/
(3) Etude de la Commission Européenne : https://ec.europa.eu/commission/publications/why-we-need-digital-single-market_en
(4) Citée par Tanya Joseph dans le magazine Marketing Week (UK) du 7 Août 2017, New data laws are a chance to reset customer relationships : https://www.marketingweek.com/2017/08/07/tanya-joseph-data-law/
(5) Cf, “Manifeste pour l’Hospitalité des Marques”, Georges-Edouard DIAS, Edition Netexplo : https://www.amazon.fr/dp/2954667230/

Les mineurs de bitcoins face à une inévitable consolidation

By |July 2nd, 2024|Categories: Scoop.it|

L'heure est aux grandes manoeuvres chez les mineurs de bitcoin. Ces entreprises, qui utilisent d'énormes entrepôts de serveurs pour générer de nouvelles pièces et vérifier les transactions sur la blockchain, ont vu leurs revenus divisés par deux en avril, avec le « halving » du bitcoin . Ce processus, quadriennal, vise à entretenir la rareté du bitcoin. Et il rebat les cartes de l'industrie. Dans ce contexte de rentabilité dégradée, qui plus est par un bitcoin en repli de 10 % sur un mois (61.400 dollars), les gros mangent les petits. Jeudi, le mineur américain CleanSpark (3,66 milliards de dollars de valorisation au Nasdaq), a ainsi annoncé acquérir Griid Infrastructure (47,9 millions de valorisation en Bourse), pour une valeur d'entreprise de 155 millions de dollars, payée en actions. Les plans contrariés du géant Riot En revanche, Riot Platforms a annoncé lundi retirer son offre publique d'achat à 950 millions de dollars sur le canadien Bitfarms. Riot, déjà monté à hauteur de 14,9 % du capital de sa cible, devenant le premier actionnaire, avait lancé son OPA le 22 avril, deux jours après le halving. L'offre, non sollicitée, avait été rejetée mi-juin par Bitfarms, qui s'estimait « considérablement sous-évalué » - l'entreprise pèse 1,46 milliard de dollars en Bourse, contre 2,62 milliards pour Riot. Si ce dernier s'est replié à ce jour, il indique rester « pleinement déterminé à poursuivre une transaction avec Bitfarms » pour créer « le premier mineur de bitcoin coté en Bourse au monde ». LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Comment l'IA rebat les cartes pour les mineurs de cryptos Bitcoin : la rentabilité des mineurs au plus bas Le lendemain, le mineur Core Scientific rebondissait d'une autre façon après avoir refusé de se faire racheter par le spécialiste du cloud CoreWeave début juin - l'offre, qui valorisait l'entreprise à 1,02 milliard de dollars, fut également jugée « considérablement » insuffisante, Core Scientific étant valorisé 1,58 milliard en Bourse. Plutôt que de se faire avaler, Core Scientific a noué un gros contrat avec CoreWeave en vue de se diversifier sur le calcul pour l'intelligence artificielle. Le pivot vers l'IA, apprécié par la Bourse Le deal, annoncé le 6 juin, a été renforcé vingt jours plus tard. Au total, il fournira 270 mégawatts de capacité à CoreWeave, soit 4,7 milliards de revenus additionnels estimés sur douze ans. Cette exposition renforcée au secteur de l'IA a fait doubler le cours de Bourse de Core Scientific en juin. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - L'Ethiopie, nouvel eldorado des mineurs chinois de bitcoins Car là est l'autre point de pivot pour les mineurs. Hut8 l'a bien compris, qui vient d'annoncer avoir reçu 150 millions de dollars de Coatue Management pour se développer dans l'IA. Alors que cette industrie a soif de capacité de calcul, les mineurs en manque de rentabilité sont des cibles de choix. Depuis l'annonce de Core Scientific de se tourner vers l'IA début juin, les 14 mineurs de bitcoin suivis par les analystes de JP Morgan ont vu leur valeur boursière progresser de 22 %.

Concurrence dans les TGV : le big bang européen est en route

By |July 2nd, 2024|Categories: Scoop.it|

La France est partie avec un temps de retard par rapport à l'Italie ou à l'Espagne sur l'ouverture des grandes lignes ferroviaires à la concurrence, mais le signal du départ est bel et bien donné. Après l'arrivée des opérateurs historiques, l'italien Trenitalia en 2021 et l'espagnol Renfe en 2023, sur quelques axes rentables, de nouveaux venus domestiques se préparent activement à concurrencer les TGV de la SNCF. Proxima, Le Train ou Kevin Speed (sous la marque « Ilisto ») veulent se lancer avec des arrivées programmées entre 2026 et 2028. « Si l'ensemble des différents projets annoncés parviennent à se lancer, le marché français deviendra le plus concurrentiel d'Europe sur la grande vitesse », selon une étude du cabinet E-Cube Strategy Consultants. A condition que le prochain gouvernement joue le jeu, n'entrave pas le mouvement dicté par des textes européens. Et trouve les improbables ressources budgétaires pour concrétiser le plan de 100 milliards pour moderniser le système ferroviaire, annoncé en son temps par l'ex-Première ministre Elisabeth Borne. Billets moins chers pour les clients Au vu des cas de l'Italie et de l'Espagne, « le retour d'expérience est positif pour les passagers », selon Etienne Jan, associate partner du cabinet. Par un choc d'offre, « l'ouverture à la concurrence a généré une augmentation de la fréquence de 30 à 60 % et du trafic de 50 à 75 % en Espagne et en Italie sur les lignes ouvertes ». Quant au prix des billets, les clients sont largement gagnants, l'arrivée de nouveaux entrants ayant généré, après une première vague de promotions destinées à acheter des parts de marché, « une réduction des prix moyens de 10 à 20 % pour l'usager », selon l'étude. LIRE AUSSI : TGV : le premier concurrent français de la SNCF a trouvé un milliard d'euros et 12 trains La SNCF relance ses TGV à l'assaut de l'Italie Ainsi en Espagne, la double arrivée de la SNCF, avec Ouigo Espana, et de Trenitalia avec Iryo a contraint la Renfe à lancer à son tour ses trains low cost Avlo. Aussitôt, le trafic a augmenté de 50 % sur les liaisons principales entre 2019 et 2023, avec des clients auparavant habitués à prendre leur voiture. Et le choc d'offre a entraîné « une baisse des prix de plus de 20 % sur les lignes Madrid-Barcelone et Madrid-Valence ». Même constat avec le précédent italien. Un marché domestique transalpin que la SNCF s'apprête à conquérir à son tour, à partir de 2026, avec un produit low cost dérivé du produit Ouigo et ses 15 nouveaux TGV à deux étages et densifiés, selon le projet « Allegro » déjà dévoilé en interne. Une concurrence « par le bas » à l'égard des deux opérateurs actuels, Trenitalia et Italo (NTV), qui exploitent respectivement 59 % et 41 % des fréquences vendues sur la voie royale Rome-Milan. Péages plus élevés en France Le marché français fera-t-il autant la part belle aux nouveaux entrants que ses deux voisins d'Europe du Sud ? De nombreuses barrières à l'entrée subsistent dans l'Hexagone, observe Etienne Jan. « Des barrières industrielles pour avoir accès aux trains, les accès aux sillons sur les voies si beaucoup d'acteurs en demandent, des difficultés à trouver de la place dans les gares, et les tarifs des péages ferroviaires », énumère-t-il. Comme l'infrastructure est moins subventionnée qu'ailleurs en Europe, « le péage moyen sur le réseau français à grande vitesse était en 2019 de 16 euros par train-km, contre 5 euros en Italie ou 7 euros en Espagne », rappelle le consultant. Un frein matériel à la baisse des tarifs. Réduire le prix des péages - une réflexion lancée de longue date en France mais sans résultat concret -, pourrait, si le futur gouvernement issu des urnes s'y résout, améliorer la compétitivité du train, le bilan carbone global des transports, et créer une demande induite de trains. Donc à terme, plus de passagers annuels, et plus de recettes pour le gestionnaire d'infrastructures, SNCF Réseau. Fréquentation de la ligne Madrid-Barcelone, entre 2019 et 2023« Les Echos » LIRE AUSSI : TGV : le marché français résiste plus que prévu à Trenitalia Ferroviaire : le gendarme de la concurrence juge insuffisante l'ouverture du marché national Favorable aux clients du rail, l'arrivée de la concurrence l'est-elle également pour les opérateurs historiques ? Visiblement pas à court terme. Ces derniers doivent avoir les reins solides avant d'entrevoir la rentabilité. Avec l'arrivée de Trenitalia, la SNCF a perdu son monopole historique sur Paris-Lyon, la liaison la plus fréquentée d'Europe (44 millions de passagers, soit un tiers du trafic longue distance en France), rappelle le cabinet E-Cube. Gonflant pour le groupe français le poids relatif de ses lignes domestiques déficitaires, par exemple vers Arras, Chambéry ou Nancy, qui ne seront jamais convoitées par ses rivaux. Grosses pertes de Trenitalia en France Or même sur cette voie royale, prolongée vers Turin et Milan, Trenitalia France a perdu 34,5 millions d'euros en 2022, pour un chiffre d'affaires quasi équivalent de 39,5 millions, selon nos informations. Pas mieux pour la SNCF qui a connu un lancement similaire avec Ouigo Espagne , qui a généré des pertes de 36 millions en 2022, souligne E-Cube. Le premier équilibre est toutefois prévu pour cette année, ajoute l'état-major de SNCF Voyageurs. Une chose est sûre : le terrain de jeu des opérateurs de TGV n'est plus domestique mais européen, comme le démontre déjà le match à trois entre SNCF, Trenitalia et Renfe. En débarquant en Italie en 2026 sur les lignes Turin-Rome-Naples et Turin-Venise, l'opérateur français espère bien rogner la marge de Trenitalia sur son marché domestique, pour freiner ses capacités d'investissements à l'international, selon les plans déjà présentés au comité d'entreprise européen.

Commerce : la victoire par KO du modèle de la coopérative

By |July 2nd, 2024|Categories: Scoop.it|

Cela fait plusieurs années que les chiffres le montrent. Le succès de Leclerc sur le plus gros marché du commerce français, l'alimentaire, l'illustre brillamment : le modèle des coopératives de commerçants est efficace et plus performant, dans bien des cas, que le modèle intégré des enseignes qui possèdent leurs magasins. Le dernier bilan de la Fédération du commerce coopératif et associé (FCA) pointe les bons résultats du système où chaque point de vente appartient à un exploitant différent (même si, dans les faits, un adhérent peut posséder plusieurs unités du réseau). En 2023, les groupements du commerce coopératif et associé ont enregistré un chiffre d'affaires de près de 200 milliards d'euros, en hausse de 13,5 %. Une progression à comparer avec celle de l'ensemble du commerce de détail en France, qui a affiché une baisse de 2,9 %, d'après les données de la Banque de France. Un tiers du commerce La FCA, qui regroupe 180 enseignes et 36.000 entrepreneurs, pour 600.000 salariés, soit un tiers du commerce français, a vu arriver l'an passé de nouveaux adhérents. Elle précise donc qu'à périmètre constant, le chiffre d'affaires du secteur qu'elle recouvre a été de 189,6 milliards d'euros et sa croissance, de 7,4 %. LIRE AUSSI : Comment E.Leclerc est devenu la star des hypers Dans le détail des principaux secteurs, l'alimentaire a représenté la plus grande part du volume d'activité avec 135,16 milliards d'euros de chiffre d'affaires (en hausse de 6,9 %), suivi par la santé (18,44 milliards d'euros, + 8,3 %), la construction et le bricolage (10,31 milliards d'euros, + 2,9 %), le sport et les loisirs (4,5 milliards d'euros, + 6,2 %), le tourisme et l'hôtellerie (3,6 milliards d'euros, + 9,3 %), l'optique (2,85 milliards d'euros, + 6,5 %), les services (2,6 milliards d'euros, + 7,1 %), l'équipement de la maison (911 millions d'euros, + 2,4 %), et enfin le jouet et la puériculture (470 millions d'euros, + 5,5 %). Dans l'optique, Krys et Optic 2000 dominent leurs concurrents. Réactivité Toutes les progressions incluent une grande part d'inflation, notamment dans l'alimentaire, qui a connu une hausse des prix d'environ 10 % en 2023. Dans plusieurs secteurs, l'alimentaire un peu, beaucoup le bricolage, les volumes baissent. Il n'en reste pas moins qu'avec plus d'un point gagné en douze mois et près de 24 % de part de marché, Leclerc a écrasé ses concurrents et s'est installé comme le solide numéro un du commerce du quotidien, loin devant Carrefour (20 %). Intermarché et La Coopérative U ont été les autres gagnants de 2023. Il s'agit là encore de coopératives. LIRE AUSSI : Primark, Action, Stokomani, Gifi : le discount et le déstockage ont le vent en poupe « La meilleure preuve du succès des coopératives tient au fait que l'an passé, leur croissance n'a pas été que de la croissance organique mais aussi de la croissance externe », ajoute Olivier Urrutia, le délégué général de la FCA. De fait, après avoir repris Bricorama il y a trois ans, les Mousquetaires, la société de tête d'Intermarché, a racheté 294 Casino . Intersport a racheté Go Sport et talonne désormais Decathlon en France . La Grande Récré a, elle, été reprise par JouéClub. Réactivité, gestion au plus près, participation des exploitants de terrain aux décisions des structures centrales, « intelligence collective », dit Jean-Pierre Dry, le président de la FCA, ancien patron de la chaîne Passion Beauté : les recettes du commerce coopératif sont nombreuses. Elles soulignent en creux la lourdeur des organisations intégrées du commerce.

Soulagement ou chaos : comment vont réagir les marchés après les législatives ?

By |July 2nd, 2024|Categories: Scoop.it|

Quatre scénarios principaux émergent, à quelques jours du premier tour. Avec chacun son lot de conséquences sur les marchés. 1- Trois blocs à l'assemblée avec une majorité relative du RN C'est le scénario qui, à en croire les sondages, serait le plus probable. Lorsqu'ils ont fait tourner leurs modèles, les économistes de banques et les spécialistes chargés d'élaborer des stratégies de marché, lui ont souvent attribué une probabilité autour de 50 %. Dans ce cas, Jordan Bardella ayant déclaré qu'il refuserait d'être Premier ministre d'un gouvernement minoritaire, un gouvernement de transition devrait être constitué. Le risque d'instabilité politique serait accru. En l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale, le recours au 49.3 serait plus fréquent, avec un risque réel et répété de motion de censure. Et les marchés pourraient devenir plus nerveux à l'approche du débat sur le budget à la rentrée prochaine. En revanche, comme l'explique Hadrien Camatte chez Natixis, « la capacité de mise en oeuvre du programme du RN serait relativement limitée, à l'exception de quelques mesures consensuelles sur le pouvoir d'achat ». La discipline budgétaire est un point sensible pour les marchés. Le 19 juin dernier, la Commission européenne a ouvert une procédure pour déficit excessif concernant la France. Laquelle doit lui soumettre sa proposition de budget pluriannuel d'ici au 20 septembre. Par ailleurs, il y a moins d'un mois, l'agence S&P a dégradé la note de la France à « AA- ». Cette combinaison entre blocage des réformes voulues par Emmanuel Macron, instabilité politique accrue, et léger dérapage budgétaire laisserait les marchés dans l'incertitude. De nouveaux pics de volatilité ne pourraient être exclus. « Sur les marchés, il y aurait néanmoins une forme de soulagement d'avoir évité le pire et le RN serait obligé de revoir ses ambitions à la baisse en matière budgétaire », résume Benoît Gérard, chez Natixis. Le spread entre les taux français et allemands à 10 ans pourrait alors se resserrer légèrement, pour atterrir entre 60 et 70 points de base - une prime de risque nettement plus élevée qu'avant la dissolution - avec des pics possibles autour de 80 pb. Risques politiques et marchésbloomberg LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Dix questions pour comprendre les effets durables de la dissolution sur les marchés Quant à la Bourse de Paris, elle pourrait se stabiliser, même si les banques resteront vulnérables. Non seulement elles détiennent des quantités importantes d'Obligations assimilables du Trésor français, mais en plus, leur activité de crédit pourrait se réduire si les entreprises se montrent plus hésitantes à investir dans un environnement incertain. 2- Une majorité absolue pour le RN Il s'agit du scénario le plus incertain car, même avec les premiers chiffrages, le programme du RN reste flou. En outre, il reste à savoir si, dans une situation de cohabitation, le nouveau gouvernement multiplierait les dépenses pour mettre en oeuvre son programme. Dans ce cas, la réaction des marchés serait forte. Le spread pourrait facilement monter à 100-150 points de base. Autre possibilité, qui semble correspondre avec une certaine inflexion du discours pendant la campagne éclair, le RN adopterait une attitude pragmatique, favorable aux entreprises et conciliante avec Bruxelles. Objectif : gagner en crédibilité dans l'optique des élections présidentielles de 2027. Ce scénario « à la Meloni » n'empêcherait sans doute pas la mise en oeuvre de certaines dispositions phares comme la baisse de la TVA, une mesure coûteuse, inefficace économiquement et qui ne profite que peu aux consommateurs car les expériences passées montrent que les entreprises ont tendance à en profiter pour remonter leurs marges. « On estime que la mise en oeuvre des principales mesures du programme du RN entraînerait un creusement du déficit de 1 % par an, avec un financement qui reste, à ce stade à la fois flou et optimiste », commente Hadrien Camatte. Les investisseurs demanderaient donc une prime de risque liée au risque de dérapage budgétaire. En outre, si en fin d'année, Moody's s'aligne sur Fitch et S&P et relègue la France tout en bas de la catégorie « double A », les investisseurs risquent de commencer à anticiper la dégradation suivante et d'aligner les taux français sur ceux de l'Espagne. Mais si le nouveau gouvernement respecte les règles budgétaires de Bruxelles et si le ministre des Finances est un technicien qui n'est pas issu des rangs du RN, le spread pourrait rester cantonné entre 80 et 120 points de base. L'impact sur la Bourse est plus difficile à évaluer, mais compte tenu de la dégradation de la prime de risque sur les actifs français (et donc du coût de financement) et des incertitudes sur l'environnement économique, fiscal et réglementaire, les actions pourraient souffrir, en particulier dans le secteur financier, celui de la construction et celui des services aux collectivités. 3 - Percée du Nouveau Front populaire qui obtient une majorité relative Sur le papier, c'est le scénario du pire pour les marchés. Le programme de la gauche unie prévoit de très fortes augmentations de dépenses, censées être financées par des hausses d'impôts et une plus forte croissance. De quoi effrayer les investisseurs qui doutent de la réalité de ces recettes futures. Mais là encore, tout dépend de l'application ou non de ces promesses. « Il y a quand même peu de chance que le programme mis en place soit celui qui a été présenté, souligne Hadrien Camatte. Les réformes mises en oeuvre le seront dans un cadre budgétaire contraint. Et le choix du Premier ministre devrait jouer un grand rôle aussi. » Le dérapage tant redouté des finances publiques n'aurait donc pas lieu. « En revanche, on changera de paradigme, avec des hausses d'impôts et une politique beaucoup moins « pro business » que celle du gouvernement actuel, avertit Benoît Gérard. Cela va forcément se traduire dans les rendements demandés par les investisseurs. » Pour les analystes de Natixis, cela se solderait par un maintien du spread avec l'Allemagne à ses niveaux actuels. Ils estiment peu probable de le voir redescendre sous les 60 points de base, niveau auquel il évoluait avant l'annonce de la dissolution. Il pourrait même connaître quelques soubresauts avec des pics entre 80 et 100 pb. Cette sérénité ne tiendrait pas, en revanche, face à une plus large victoire du Nouveau Front populaire. S'il devait atteindre la majorité absolue, le spread pourrait décoller. Il devrait dépasser les 100 pb, prédit un gérant de JP Morgan AM. D'autres le voient même atteindre les 150 pb, soit le niveau de spread actuel entre l'Italie et l'Allemagne. Côté actions, la Bourse devrait réagir très vivement à cette issue du scrutin qu'elle n'anticipe absolument pas. Certains experts envisagent même un plongeon de 20 % de l'indice CAC 40. 4 - Une majorité relative pour les alliés du président Macron C'est de loin la solution qui aurait le plus la faveur des marchés. Mais c'est aussi la moins probable, au vu des derniers sondages. Ce qui apparaît certain est que, même si les macronistes obtenaient la majorité des sièges à l'Assemblée nationale, cette dernière serait encore plus faible qu'actuellement. « Les députés de la majorité présidentielle ont été très ébranlés par la surprise de la dissolution, analyse Hadrien Camatte. Cela devrait laisser des traces. » Il deviendrait donc plus compliqué de mener à bien les réformes. En outre, le programme du camp du président prévoit lui aussi quelques dépenses nouvelles en faveur du pouvoir d'achat. On assisterait donc à un retour au calme sur les taux, mais avec une perspective un peu moins favorable. « Le spread devrait évoluer entre 50 et 65 pb, plutôt dans la partie haute de la fourchette », confirme Benoît Gérard. En attendant la composition définitive, les marchés devraient être très attentifs aux résultats du premier tour dimanche. Si c'est la perspective d'une majorité relative pour le RN qui se dessine, la situation sur les marchés ne devrait pas trop se détériorer. Il est même possible qu'elle s'apaise quelque peu. Mais en cas de surprise, quelle qu'elle soit, les réactions pourraient bien être extrêmes.

Environnement : les savoirs autochtones face au défi climatique

By |July 2nd, 2024|Categories: Scoop.it|

« Il y a deux décennies, il était impossible qu'un machi (chaman, NDLR) puisse venir ici parler avec vous et partager sa sagesse avec les Blancs. » Sur la plage du Larvotto, à Monaco, la présence de Jorge Quilaqueo détonne dans le paysage. Venue tout droit du Chili, cette figure spirituelle Mapuche inaugure la discussion par une cérémonie traditionnelle. Ses murmures se perdent un peu sous le ronflement des voitures. Tout entier tourné vers la mer, plumes et grelots à la main, le chaman remercie le grand Esprit, les quatre grands esprits qui viennent des quatre coins de la terre et l'Univers cosmique. « Nous n'avons aucun scénario qui nous propose un monde auquel on aspire », observe Olivier Wenden, vice-président et administrateur délégué de la Fondation Prince Albert II de Monaco, en ouvrant la deuxième édition du Green Shift Festival le 5 juin dernier. Pendant trois jours, artistes, intellectuels et militants se sont réunis dans l'objectif de faire émerger de nouveaux imaginaires écologiques. « Nous devons réfléchir avec le coeur plutôt qu'avec le cerveau, poursuit Olivier Wenden. Chaque occasion de faire parler les peuples indigènes est un pas de plus vers un changement de paradigme. » Un lien très fort avec la nature « Si je suis ici, c'est pour apporter plus de bien-être et c'est aussi à cause du changement climatique que nous vivons. » Jorge Quilaqueo vient de la communauté Mapuche, originaire du Chili et de l'Argentine, qui représente près de deux millions de personnes. Les Mapuches entretiennent avec la nature une relation animiste : « Notre peuple est un peuple très spirituel », affirme celui qui, en tant que machi, a pour rôle d'organiser les cérémonies auprès de son peuple. LIRE AUSSI : Biopiraterie : accord à l'ONU pour un traité « historique » Nemonte Nenquimo, l'Amazonienne qui lutte pour protéger ses terres Car Jorge Quilaqueo possède une connexion très forte avec l'eau. Un don qu'il a hérité de ses ancêtres, des femmes médecins. « Je suis capable de parler avec l'eau et l'eau me répond. Dans ma communauté, quand on a besoin de la pluie, on fait appel à moi. Nous faisons partie des peuples encore capables d'appeler l'eau et de faire tomber la pluie. » Selon l'Onu, ces peuples premiers qui ne représentent que 5 % à 6 % de la population mondiale préservent 80 % de la biodiversité de la planète. « Ce qui caractérise la vision du monde des peuples autochtones, c'est d'abord qu'ils établissent un lien de parenté avec le vivant », insiste Hélène Collongues, anthropologue spécialiste des communautés indigènes de la vallée de l'Alto Mayo au Pérou. Dans ces communautés, les femmes parlent des plantes qu'elles cultivent comme de leurs enfants et les hommes considèrent le gibier comme leurs beaux-frères. Ce lien de parenté s'accompagne nécessairement d'une connaissance et d'une conscience de la fragilité du vivant. « Notre péché capital, c'est la démesure, c'est l'avidité, c'est l'excès », affirme l'anthropologue. The Green Shif Festival à Monaco du 5 au 7 juin 2024 Philippe Fitte La motivation doit venir du coeur « Les peuples racines ont maintenu cette connexion sensible au monde, mais cela ne leur est pas spécifique. C'est quelque chose d'universel, de profondément humain. C'est notre propre nature. » Sabah Rahmani est journaliste et anthropologue. Elle travaille sur la question des « peuples racines » depuis une vingtaine d'années. A ses yeux, notre système matérialiste nous a déconnectés de notre rapport au sensible : « Aujourd'hui, il y a vraiment une urgence universelle à nous rallier au vivant, au-delà du simple temps de loisirs. Il ne s'agit pas d'une idéologie, mais de notre nature qui nous concerne tous, au-delà de toutes les différences culturelles, économiques, politiques, sociales. » Ses propres échanges avec ces communautés lui ont personnellement permis de renouer avec « ce sentiment universel d'union avec le vivant et la fraternité ». « Malgré toute l'histoire violente que ces peuples autochtones ont vécue, il n'y a pas de rancoeur », observe-t-elle. Un constat partagé par Hélène Collongues. En 1994, cette dernière rencontrait Albertina Nanchijam Tuwits, une dirigeante Awajun du Pérou, avec laquelle elle tisse une forte amitié. Témoin très jeune de la violence coloniale envers les femmes, cette grande oratrice vit tous les bouleversements qui ont frappé les peuples autochtones. Confiée à une famille de colons, elle est réduite en esclavage mais en tire un apprentissage de l'espagnol qui lui permettra de passer d'un monde à l'autre. « Elle était comme un pont entre les deux rives d'un fleuve, raconte l'anthropologue. Celui lui a permis d'apporter des changements jusqu'à l'intérieur de sa communauté. » Albertina a notamment fait partie des autochtones à avoir protesté face à un décret du gouvernement péruvien qui consistait à mettre en vente des terres indigènes amazoniennes il y a une dizaine d'années. Hélène Collongues a tenu à immortaliser son histoire à travers son livre « Uyaïnim, Mémoires d'une femme Jivaro » paru en 2022 aux éditions Actes Sud. « La route a transformé notre territoire. Avec la fabrique de ciment, tout a pris la couleur de la cendre et tout ce qui était immense est devenu misérable », se remémore l'autochtone à travers les quelques pages que lit Hélène Collongues au son d'un handpan. « Albertina était sur le chemin de la résistance, mais une résistante dépourvue de haine et d'esprit de revanche. » « Nous avons besoin de nous relier les uns aux autres. Soit on choisit l'amour et la vie, soit on choisit la destruction et l'obscur », affirme Sabah Rahmani. A ses yeux, ce changement ne peut se faire sans joie et sans intention : « Si cette motivation ne vient pas du coeur, on ne peut pas changer. Les peuples autochtones nous disent que toute vie est énergie. Or, l'amour est l'énergie la plus puissante. » Jorge Quilaqueo confirme : « Ma grand-mère m'a enseigné que chaque acte est important. Chaque acte, bon ou mauvais, finit par nous revenir et a des conséquences sur les futures générations. » Raisonner avec son coeur plus qu'avec sa raison, agir dans la joie et la simplicité, tels sont les maîtres mots sur lesquels insiste le machi. Selon l'Onu, les peuples autochtones qui ne représentent que 5 % à 6 % de la population mondiale préservent 80 % de la biodiversité de la planète. Philippe Fitte La nature est pleine de réciprocité Depuis plusieurs années, Sabah Rahmani observe un regain d'intérêt pour les peuples autochtones, le défi climatique incitant la population occidentale à renouer avec ses propres racines. Mais cette attention croissante s'accompagne parfois d'une folklorisation de ces communautés. « On les attend beaucoup là où elles ne sont pas, témoigne Hélène Collongues. Il y a parfois une obsession de l'authenticité qui nous sert finalement à vérifier que nos stéréotypes sont bien là. Certaines personnes sont effarées en découvrant que les chamans peuvent regarder la télévision et porter des jeans. » Or, rappelle-t-elle, les sociétés sont dynamiques et les peuples autochtones vivent à la même époque que la nôtre : « Là où il faut les attendre, c'est sur leur relation avec le vivant. Car contrairement à nous, ils ne sont pas dans le mépris du vivant. » Jorge Quilaqueo rappelle de son côté : « Nous-mêmes, les êtres humains, sommes composés par ces quatre éléments que sont l'eau, la terre, le feu et l'air. Quand l'un de ces éléments est en déséquilibre à l'intérieur de notre corps, il provoque des maladies dans notre organisme. C'est pourquoi nous collectons des plantes médicinales dans nos forêts. Nous devons absolument les préserver, car c'est là que se trouve notre médecine. » Parmi les clés essentielles de transition, il insiste sur le sens de nos actes au quotidien : « Quand on boit de l'eau pure, notre pensée devient pure. Quand notre corps reçoit de l'eau contaminée, nos pensées se contaminent. La nature est pleine de réciprocité. » Alors que notre société a tendance à dresser des hiérarchies à l'intérieur du monde vivant, le chaman rappelle que rien sur terre ne nous appartient : « La seule chose avec laquelle nous allons quitter ce monde, ce sont nos actes. » Persuadé que la lutte doit se faire dans la joie, Jorge Quilaqueo appelle à l'union entre tous : « A mes yeux, les êtres humains sont tous frères et soeurs. Nos différences ne sont que des illusions. Nous sommes tous des êtres de la terre. Nous avons tous une mission sur terre et il faut la trouver. » Une union que le machi a tenu à symboliser à travers un dernier rituel. A la tombée du jour, Jorge Quilaqueo verse dans la mer Méditerranée un mélange bien particulier composé d'eaux de sources, rivières et océans du monde entier. « Elles vont désormais parcourir un long chemin », observe-t-il. Les pieds enfoncés dans la plage monégasque, le chaman vient de sceller une alliance entre les eaux et les peuples. Charlotte Meyer

Symbole écologique, le train des primeurs Perpignan-Rungis menacé d’arrêt définitif

By |July 2nd, 2024|Categories: Scoop.it|

Le « train des primeurs » risque à nouveau de rester définitivement à quai. Ce convoi spécialisé, qui transporte des fruits et légumes avec des wagons réfrigérés entre Perpignan-Saint-Charles et le marché de Rungis cinq fois par semaine, s'arrêtera de fonctionner dès ce vendredi, le dernier du mois de juin. Comme de coutume, puisqu'il s'agit d'un service saisonnier, qui reprend d'ordinaire en octobre. Sauf que cette fois, l'arrêt risque d'être définitif, faute de garanties sur l'avenir. Au grand dam des défenseurs du fret ferroviaire, qui dénoncent une aberration écologique. Symbole du fret ferroviaire Cette ligne, symbole de la décarbonation des transports longue distance (elle évite de mettre 9.000 camions par an sur les autoroutes françaises selon la SNCF, et même plus de 20.000 d'après la CGT) est hautement menacée : elle fait partie des 23 « flux » (soit 30 % de son trafic total) que Fret SNCF doit abandonner et céder à la concurrence , dans le cadre du « plan de discontinuité » imposé par Bruxelles au groupe français, au terme d'une longue enquête sur des aides publiques excessives. A ce jour, 22 de ces services réguliers de marchandises ont été stoppés, la seule dérogation agréée par Bruxelles portant sur un train de produits sidérurgiques. LIRE AUSSI : Cinq questions sur le train des primeurs La SNCF a joué les prolongations La SNCF avait même joué les prolongations jusqu'à présent, car le Perpignan-Rungis devait logiquement changer d'opérateur au 1er janvier dernier, mais aucune autre compagnie n'avait répondu à « l'appel à manifestation d'intérêt » du ministère des transports. Autre problème à l'horizon, des travaux prévus sur le terminal de Rungis par son exploitant Semmaris, qui pourraient durer un an et demi, retardant de beaucoup une éventuelle reprise. Les pouvoirs publics espèrent néanmoins trouver l'oiseau rare, après l'inauguration de la nouvelle plateforme francilienne. Le ministère a ainsi publié à la mi-mai un nouvel appel à manifestation d'intérêt « à compter du service ferroviaire annuel 2026 ». En laissant la porte ouverte à « un accompagnement nécessaire par la puissance publique », en clair une nouvelle subvention annuelle. Consultation qui sera close dès le 19 juillet prochain, selon nos informations. LIRE AUSSI : Ces 23 lignes stratégiques que Fret SNCF va devoir sacrifier Fret SNCF : le train des primeurs obtient un sursis Sans baisser les bras, le ministre des transports Patrice Vergriete s'était dit volontariste, quelques jours avant. « Des travaux vont être réalisés à Rungis pour augmenter et moderniser les capacités du fret ferroviaire combiné. Le train des primeurs reste plus que jamais une priorité et l'Etat va relancer un AMI pour garantir la relance d'un service ferroviaire », avait-il assuré en avril. Des engagements laissés à son probable successeur. Un arrêt de deux ans en 2019 Un épisode de plus dans l'histoire en accordéon de ce train spécialisé. Ce convoi de nuit, chargé de fruits et légumes majoritairement importés du Maroc par camions jusqu'à Perpignan, avait subi un premier arrêt entre 2019 et 2020, avant d'être relancé en octobre 2021 par le gouvernement Castex… jusqu'au plan de discontinuité bruxellois. A l'époque, l'ex-premier ministre et ex-élu local catalan, espérait étendre ce service sur un axe ferroviaire européen plus large, de Barcelone à Anvers. Puis il n'a pas roulé pendant deux mois en 2023, lors des manifestations syndicales contre la réforme des retraites. LIRE AUSSI : Fret : 2023, l'année noire pour le transport combiné L'Etat acculé à un nouveau plan de survie pour Fret SNCF Une chose est sûre, un éventuel repreneur ne prendra pas les antiques wagons de Fret SNCF, modernisés et repeints pour la relance de 2021. « Les wagons ne sont pas au niveau, coûtent cher en entretien, et en exploitation. L'avenir de la ligne serait plus pertinent en mode transport combiné », avance-t-on chez Rail Logistics Europe, la maison mère de Fret SNCF. L'autre problème récurrent de la ligne est le retour à vide des trains. Des contacts avec des enseignes de bricolage, pour charger le convoi dans le sens nord-sud, n'ont rien donné. « Le taux de remplissage du train des primeurs est variable, et la question du retour n'a pas été réglée », indique Jean-Luc Gibelin, le vice-président de la région Occitanie en charge des mobilités. « Nous continuons à travailler d'arrache-pied au développement du terminal Saint-Charles », ajoute-t-il, en l'occurrence pour du transport combiné, consistant diriger des semi-remorques vers des trains spéciaux.

Pourquoi la tokenisation des actifs financiers ne sera pas aussi massive que prévu

By |June 27th, 2024|Categories: Scoop.it|

Des clapotis plutôt qu'un tsunami ? Dans une nouvelle étude parue en fin de semaine dernière, le cabinet McKinsey minore considérablement l'ampleur de la déferlante attendue de la tokenisation - l'inscription dans une blockchain (Ethereum, par exemple) d'actifs comme des actions, de la dette, des bons du Trésor ou de l'immobilier. Et parle plutôt de petites vagues successives. Malgré les promesses de cette technologie (en termes de rapidité des transactions, de baisse des coûts, de traçabilité, ou encore de liquidité), McKinsey (en anglais) évalue ce marché à 2.000 milliards de dollars (1.865 milliards d'euros) en 2030, loin des 10.000 milliards et 16.000 milliards avancés l'année dernière par Roland Berger et le Boston Consulting Group. Il s'agit du scénario « de base » du cabinet, dans lequel l'environnement réglementaire international parvient à se clarifier malgré ses disparités, les infrastructures ( blockchain ) atteignent une forme de maturité, de gros acteurs catalysent la demande pour certains actifs tokenisés, et les risques en matière de sécurité sont contenus. Dans un scénario plus pessimiste où tous ces indicateurs ne sont pas aussi avancés, le marché de la tokenisation n'atteindrait que 800 milliards de dollars en 2030. Et même dans le cas où tous les feux seraient passés au vert, le cabinet anticipe qu'il n'excéderait pas les 3.800 milliards. BlackRock, l'arbre qui cache la forêt « Après de nombreuses années de promesses, la tokenisation a atteint un point de bascule, avec de premières applications concrètes à grande échelle, mais aussi de nombreux faux départs », pointent les auteurs de l'étude. A l'ombre des annonces de Fidelity , JP Morgan ou BlackRock , dont le fonds tokenisé BUIDL a levé 460 millions de dollars en un trimestre (selon Kaiko), McKinsey voit des « acteurs d'infrastructures remiser leurs expérimentations au profit de solutions qui ont fait leurs preuves ». Et conclut que « l'adoption généralisée de la tokenisation est encore loin ». LIRE AUSSI : ANALYSE - Immobilier, finance, montres : le pari de la « token économie » DECRYPTAGE - Comment la tokenisation permet de sécuriser les paiements L'étude exclut les monnaies numériques de banques centrales , mais celles-ci offrent un bon éclairage des limites des tokens. L'euro numérique, en plein chantier actuellement, privilégiera ainsi des technologies conventionnelles plutôt que la blockchain. Elle serait incapable, selon les professionnels, d'absorber les dizaines de milliers de transactions par seconde qui seront demandées. L'immobilier et les actions en retrait La tokenisation des actifs (RWA en anglais, pour « real world assets ») devrait se faire en plusieurs temps. McKinsey entrevoit une croissance rapide de la tokenisation des dépôts, fonds communs de placement, produits cotés ( ETF et ETN ), pension livrée (repo), prêts ou titrisation. Mais le cabinet pointe une adoption plus lente dans l'immobilier, les métaux précieux et les actions, cotées et non cotées. Les obstacles sont « des avantages insuffisants, des inquiétudes sur la faisabilité, le manque d'incitation des institutions et une conformité complexe ». Depuis mars 2023, les banques de l'Union européenne bénéficient pourtant du « régime pilote DLT », qui assouplit les règles pour trois ans afin d'expérimenter l'émission, l'enregistrement, le transfert et le stockage d'instruments tokenisés. Cependant, à l'échelle mondiale, de nombreuses institutions restent « attentistes ». McKinsey prévient quand même : « Les premiers qui saisiront la vague pourraient atteindre une part de marché démesurée et définir les canons des futurs standards. »

Opinion | L’Europe ne peut plus se passer de l’euro numérique

By |June 27th, 2024|Categories: Scoop.it|

La liberté est un principe essentiel de l'Union européenne (UE). Chaque habitant de l'UE est libre de vivre, de travailler, d'étudier ou de mener des activités commerciales dans l'Etat membre de son choix. Et l'euro joue un rôle essentiel à cet égard. Il peut être utilisé partout dans la zone euro pour acheter des biens ou des services. La Banque centrale européenne (BCE) contribue à la préservation de ces libertés à travers la mise à disposition des billets en euros. La plupart des Européens souhaitent pouvoir continuer à payer en espèces car ils les considèrent comme essentielles à leur liberté : les espèces sont en effet facilement accessibles par tous, acceptées partout dans la zone euro et respectueuses de la vie privée. Mais, face à la numérisation croissante de l'économie, l'absence de solution équivalente pour effectuer des paiements en ligne entrave notre liberté. Il existe dans certains pays européens des moyens de paiement numériques locaux permettant de payer en magasin - comme des cartes bancaires ou des portefeuilles numériques -, mais de telles solutions nationales font défaut dans la plupart des pays de la zone euro. Et, lorsqu'elles existent, ces options ne fonctionnent généralement pas pour les achats en ligne, ni pour partager des additions entre amis ou lorsque l'on se déplace au sein de la zone euro. Nous sommes donc contraints de recourir à des cartes ou des solutions de paiement non européennes, qui ne sont d'ailleurs pas non plus systématiquement acceptées, et devons utiliser des méthodes de paiement multiples. Euro numérique Pour remédier à ces carences, la BCE travaille à la création d'un euro numérique. Nous restons pleinement convaincus de l'importance des espèces mais entendons faire bénéficier le monde numérique de leurs atouts. Avec un euro numérique, les consommateurs disposeraient d'une nouvelle option de paiement complémentaire aux espèces, à laquelle ils seraient libres de recourir ou non. LIRE AUSSI : LE REGARD DU JOUR - L'euro, 25 ans et toujours là DECRYPTAGE - Une crise politique jetterait une ombre sur le rayonnement de l'euro Un euro numérique associerait les avantages pratiques des paiements numériques et les fonctionnalités comparables à celles des espèces. A l'instar des billets, il donnerait aux Européens la liberté d'utiliser un moyen de paiement unique accepté dans l'ensemble de la zone euro pour effectuer des paiements numériques dans les magasins, sur les sites Internet de vente en ligne ou entre particuliers. Il pourrait également être utilisé hors ligne, car des transactions seraient possibles même en cas de faible couverture du réseau ou de coupure de courant. Réduction des coûts Avec un euro numérique, les entreprises européennes pourraient également proposer des solutions de paiement numérique utilisables partout dans la zone euro. La concurrence accrue qui en résulterait sur un marché actuellement dominé par une poignée d'acteurs non européens réduirait les coûts pour les commerçants et les consommateurs. L'autonomie stratégique et la solidité de l'économie européenne en seraient également renforcées. Dans un monde toujours plus divisé et exposé à la domination des grandes entreprises technologiques, nous avons la responsabilité de proposer aux Européens des solutions de paiement abordables et sûres. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - 7 questions sur l'euro numérique, le chantier monétaire du siècle CHRONIQUE - Euro numérique : un projet mort né Un euro numérique garantirait une meilleure protection de la vie privée que la plupart des solutions commerciales existantes. Pour les paiements hors ligne, seuls le payeur et le bénéficiaire auraient accès aux détails des transactions. S'agissant des paiements en ligne, nous ferions appel aux technologies les plus modernes en matière de respect de la vie privée. Toutes les données seraient anonymisées et resteraient dans l'UE, qui garantit le plus haut niveau de protection de la vie privée au monde. Enfin, le respect des règles de protection des données serait surveillé par des autorités spécialisées indépendantes. Moyen accessible à tous Un euro numérique, dont l'utilisation de base serait gratuite, ne laisserait personne de côté, en particulier les personnes ayant des compétences numériques ou financières limitées ou appartenant à des groupes vulnérables. Une application offrirait un moyen de paiement accessible à tous. Plus qu'une simple option de paiement, un euro numérique rapprocherait les Européens dans un environnement plus numérisé et plus instable. Il faciliterait notre vie quotidienne tout en préservant notre liberté de choix. LIRE AUSSI : TRIBUNE - 25 ans de l'euro : face aux mutations, la force de l'Union INTERVIEW - Fabio Panetta : « L'euro numérique apportera aux Européens des services financiers innovants » Il y a un an, la Commission européenne a proposé le « paquet monnaie unique » afin de protéger les paiements en espèces à travers la zone euro tout en offrant un cadre réglementaire pour l'émission éventuelle d'un euro numérique. Le lancement de l'euro numérique ne sera envisagé qu'une fois ce cadre réglementaire adopté par les législateurs européens. Nous nous félicitons du débat démocratique en cours et poursuivrons nos échanges avec l'ensemble des parties concernées. Dans un monde en pleine mutation et face à la multiplication des risques géopolitiques, nous devons aller de l'avant. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que l'euro - notre monnaie - soit adapté à l'ère numérique tout en protégeant les libertés chères aux Européens.

L’open source au défi du modèle économique de l’intelligence artificielle

By |June 27th, 2024|Categories: Scoop.it|

Avec son approche open source, Meta persiste et signe dans sa prise à contrepied d'OpenAI et des modèles fermés d'intelligence artificielle de ce dernier. Basé à Paris, son laboratoire de recherche Fair va apporter ses conseils à cinq nouvelles start-up utilisatrices de Llama ou d'autres modèles ouverts, dans le cadre d'un partenariat avec la plateforme spécialisée Hugging Face et le fournisseur de cloud Scaleway. Les candidats sont appelés à se manifester d'ici le 16 août. Parmi les défenseurs de la libre circulation des modèles d'IA dernier cri - un principe reconnu comme ayant permis les progrès scientifiques dans le domaine ces dernières années - Meta fait figure de dernier résistant. Fondé pour partager les recherches ayant créé ChatGPT avec une large communauté, OpenAI vit maintenant depuis plusieurs années sous une bulle opaque en ne rendant quasiment plus rien de public à propos de ses modèles d'IA pour empêcher tout mauvais usage de sa technologie mais aussi pour mieux les monétiser. Dans son sillage, Google ou encore Anthropic jettent un voile sur la plupart de leurs modèles et en facturent l'usage. Achats massifs auprès de Nvidia La même histoire se répète en Europe. Grand ambassadeur de l'open source, les Français de Mistral AI ne publient pourtant plus librement et gratuitement tous leurs modèles, notamment le plus puissant d'entre eux. La même raison financière aide à comprendre. « Avant cela, ils n'avaient pas de modèle économique », souligne un bon connaisseur du secteur. LIRE AUSSI : L'énergie, l'autre goulet d'étranglement des champions de l'IA En dépit des investissements gigantesques qu'elle suscite, l'intelligence artificielle n'en reste pas moins un pari économique incertain. A date, ceux qui profitent le plus de la nouvelle manne ne sont pas les spécialistes du domaine mais ceux qui les équipent : le roi des puces Nvidia, son fabricant TSMC et, dans une moindre mesure, les marques de serveurs comme HPE ou Dell. La course à l'intelligence artificielle se matérialise actuellement en achats massifs auprès de ces fournisseurs. La coûteuse course aux GPU Meta possédera par exemple 350.000 processeurs graphiques (GPU) Nvidia d'ici à la fin 2024 selon son patron Mark Zuckerberg, soit une dépense estimée par des analystes à environ 9 milliards de dollars en quelques années. Dans ce contexte, la viabilité économique de l'open source pose évidemment question. Sans les profits de son métier historique dans la publicité ciblée et ses propres besoins en IA pour ses plateformes, Meta pourrait-il justifier de telles sommes sans espoir de retour sur investissement ? A l'inverse, ce n'est qu'après avoir abandonné l'idée de développer une activité à but non lucratif qu'OpenAI a pu nouer un partenariat rémunérateur avec Microsoft. Selon le média « The Information », l'entreprise de Sam Altman devrait doubler ses recettes en 2024 par rapport à l'année précédente, à 3,4 milliards de dollars. Open source ou pas, ses rivaux purs player des modèles d'IA vivent encore davantage de leurs levées de fonds que de leurs propres revenus. Les applications plutôt que les modèles Les difficultés commerciales de ces entreprises alimentent toutefois les espoirs du camp de l'open source. « Je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup d'argent à faire avec les modèles fermés dans la mesure où les modèles ne sont peut-être pas la poule aux oeufs d'or que certains imaginent », relève Thomas Wolf, le directeur scientifique d'Hugging Face. La start-up franco-américaine vit des conseils et des services qu'elle propose aux développeurs à l'oeuvre sur des modèles open source. Et sa conviction est faite. Ce ne seront bientôt plus les modèles mais les applications exploitant un modèle open source à l'état de l'art, avec les conseils de ses concepteurs, qui offriront le plus d'opportunités. Chez Meta, le chercheur Yann Le Cun est sur la même ligne. C'est d'ailleurs tout l'intérêt de soutenir des start-up adeptes des modèles ouverts. « L'avenir de l'IA, ce sera beaucoup de petites sociétés qui vont adapter des modèles ouverts pour une expertise métier. L'enjeu est de trouver les bonnes niches de marchés où ce sera utile », dit-il. Devenus superflus mais coûteux, les modèles fermés seraient alors, peut-être, poussés dans une impasse.

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