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VIDEO – TGV, la folle histoire du train qui a dévoré la France

Dans le monde ferroviaire, c'est un tournant historique. En 1964, quelques jours avant l'ouverture des Jeux Olympiques organisés au Japon, le pays inaugure le premier train à grande vitesse. Avec des pointes à 210 km/h, le Shinkansen, qui relie Osaka à Tokyo, est une prouesse pour l'époque. En France, la SNCF rêve alors d'un train encore plus rapide. Une ambition qui marque le début d'une épopée industrielle et politique hors du commun, faite de succès, d'échecs et de rebondissements. Dans les années 1960, un projet est à la pointe de l'innovation : l'aérotrain. Grâce à une technologie révolutionnaire, qui repose notamment sur des coussins d'air, le prototype bat des records de vitesse. Problème : des rails d'un nouveau type sont nécessaires. L'impossibilité de rouler sur un réseau ferré classique fait de l'aérotrain un choix trop coûteux : le projet est abandonné. Le choc pétrolier de 1973 bouscule tout En parallèle, un autre projet prend la lumière : le turbotrain. Le bolide, alimenté par des turbines à gaz, fait ses preuves : les 300 km/h sont facilement dépassés. Avec lui, la France semble en passe de réussir son pari. Mais en 1973, le choc pétrolier bouscule tout. L'économie d'énergie devient le mantra de l'époque. Exit les turbines à gaz : il est acté que le futur train à grande vitesse sera tout électrique. C'est la naissance de ce qui deviendra le TGV. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Concurrence dans les TGV : le big bang européen est en route BUSINESS STORY - Le TGV, ce train qui a changé la France Les études se poursuivent et les grands travaux commencent. Alstom (qui s'écrivait « Alsthom » à l'époque) fabrique les rames à Belfort et la SNCF les achète pour les opérer. En 1981, le TGV entre enfin dans l'histoire : le président François Mitterrand inaugure la première ligne à grande vitesse reliant Paris à Lyon. Auprès du public, le succès est immédiat : les Français se ruent vers ce nouveau train qui fait chuter les temps de trajet. Un train plébiscité… et décrié La France ambitionne dès lors de construire des lignes à grande vitesse partout. Le début d'un véritable casse-tête. Chaque tracé nécessite des années d'étude. Il faut éviter les virages trop secs, sonder la nature des sols, mesurer les impacts socio-économiques et préparer des débats publics… Surtout, il faut beaucoup de terres et négocier avec ceux qui les possèdent. Dans les villes, le TGV attire autant qu'il révulse. Les maires veulent une gare, mais souhaitent que les rails soient construits ailleurs pour échapper aux nuisances sonores. LIRE AUSSI : EN CHIFFRES - TGV, locomotives, trains de nuit, fret : les industriels du ferroviaire en pleine euphorie RECIT - La saga TGV Néanmoins, le réseau s'agrandit au fil des ans : vers l'Ouest (1989), vers Lille (1993), vers le Sud avec Paris-Marseille (2001) ou encore vers l'Est avec Strasbourg (2007) et le TGV Rhin-Rhône (2011), puis vers Rennes et Bordeaux (2017). Dans le même temps, les rames se modernisent et un deuxième étage voit le jour. D'années en années, le succès ne se dément pas : 122 millions de passagers ont voyagé avec le TGV en 2023, un record. Comment le TGV français est-il né ? Comment a-t-il bouleversé le voyage en France ? A-t-il été un succès économique, notamment à l'international ? Quelles sont, aujourd'hui, les limites du « modèle TGV » ? Et quelles sont ses perspectives pour l'avenir ? Explications dans notre documentaire vidéo.

By |2024-12-05T20:46:14+00:00December 5th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Le Nigeria, laboratoire de la nouvelle politique africaine d’Emmanuel Macron

Jeudi 28 et vendredi 29 novembre, Paris déroulait le tapis rouge à Bola Tinubu élu en 2023 pour une visite d'État, la première d'un président nigérian depuis celle d'Olusegun Obasanjo en 2000. Une rencontre hautement symbolique pour Emmanuel Macron, qui voit dans le Nigeria un partenaire stratégique clé pour réorienter la politique africaine de la France, dans un contexte marqué par une perte d'influence en Afrique francophone et notamment au Sahel. « Le volet politique de cette visite est aussi important que l'économique », souligne Teniola Tayo analyste politique et économique. LA NEWSLETTER AFRIQUE Tous les mardis à 16h45 Recevez le meilleur de l’actualité africaine. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. Depuis son arrivée à l'Élysée en 2017, Emmanuel Macron s'est engagé à redéfinir la politique africaine de la France. Délaissant le traditionnel pré carré francophone, il s'efforce de tisser des partenariats avec des pays comme le Nigeria, « première économie d'Afrique jusqu'en 2022 et désormais quatrième selon le FMI ». Avec plus de 220 millions d'habitants (410 millions attendus en 2050, selon l'ONU), le géant d'Afrique de l'ouest reste un acteur incontournable sur le continent. En accueillant successivement des chefs d'État comme le Ghanéen Nana Akufo-Addo et, dès le début de 2025, l'Angolais João Lourenço, Emmanuel Macron multiplie les gestes symboliques pour montrer que la stratégie africaine française ne se limite plus à ses anciennes colonies, dont plusieurs ont rompu leurs relations avec Paris. Le choix du Kenya pour accueillir le sommet Afrique-France en 2026 témoigne également de cette réorientation. À lire aussi Olivier Laouchez : « le président Macron au Shrine, c'est historique ! » Un partenariat commercial qui repose sur le pétrole et le gaz La France, n'ayant pas de passif colonial avec le Nigeria, bénéficie d'une relation bilatérale relativement décomplexée. En 2018, Macron avait déjà affiché sa volonté de se rapprocher de Lagos, en visitant le New Afrika Shrine, temple de la culture afrobeat fondé par le grand Fela Kuti. Les intérêts économiques français ne sont pas non plus étrangers à l'attitude bienveillante de Paris. En 2023, le Nigeria était devenu le premier partenaire commercial de la France en Afrique subsaharienne, les échanges bilatéraux entre les deux pays s'élevaient à 4,5 milliards d'euros. Plus de 100 entreprises françaises y opèrent, dans des secteurs aussi variés que l'énergie, la construction, les télécommunications et la santé. « La France est un marché important pour les exportations de pétrole et de gaz du Nigeria, on estime à environ 5 à 6 % des exportations totales l'année dernière mais ce n'est pas tout, de nombreux projets se développent dans des secteurs d'avenir comme le renouvelable », insiste Teniola Tayo. TotalEnergies a récemment investi six milliards de dollars dans des projets gaziers et d'énergie verte. « C'est d'autant plus significatif que le Nigeria bénéficie d'un très bon excédent commercial avec la France ». À lire aussi Tony Elumelu, le héros de l'africapitalisme Une puissance émergente essentielle sur le continent africain Mais le Nigeria est un géant aux pieds d'argile. Le pays de Bola Tinubu est confronté à des crises multiples. La dévaluation du naira, la flambée des prix alimentaires et l'insécurité due à la présence de groupes armés comme Boko Haram et l'État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) grèvent son potentiel. Ces défis économiques et sécuritaires poussent le chef de l'État, âgé de 72 ans, à courtiser les investisseurs étrangers partout dans le monde. À son compteur plus de 18 pays visités en 18 mois. « Bola Tinubu, plus familier de la France à titre personnel et issu du secteur privé semble adopter une approche plus amicale vis-à-vis de la France, comparé à son prédécesseur Muhammadu Buhari qui est ancien officier en fonction au moment de la guerre du Biafra », juge l'analyste nigériane. « Il a pour lui, tout un secteur privé nigérian qui ne se préoccupe pas des questions coloniales, tout ce qui l'intéresse, c'est le business ». À lire aussi La mégaraffinerie du milliardaire Aliko Dangote entre en service À découvrir Le Kangourou du jour Répondre Le Nigeria abrite un puissant secteur privé symbolisé par des figures comme Aliko Dangote, dont le conglomérat est actif dans des secteurs clés comme le ciment, les engrais et le sucre. En 2023, la mise en service de sa raffinerie, la plus grande d'Afrique, a marqué un tournant dans l'autonomie énergétique régionale. Outre Dangote, une nouvelle génération de banquiers, d'investisseurs et d'entrepreneurs de la fintech comme la success story Flutterwave, contribue à diversifier l'économie nigériane. C'est cette élite économique que Paris courtise pour renforcer les liens bilatéraux. Cette ambition s'est concrétisée ce jeudi matin avec une réunion du Conseil d'affaires franco-nigérian à l'Élysée, où des représentants d'une vingtaine d'entreprises françaises et nigérianes ont échangé en présence des deux dirigeants. La veille, United Bank for Africa (UBA), l'une des principales institutions financières nigérianes, a ouvert une succursale dans la capitale française, faisant de la France un nouvel ancrage stratégique pour connecter l'Afrique, l'Europe et d'autres régions autour des services financiers. « Avec le retour de Donald Trump, les États-Unis vont renforcer leurs politiques protectionnistes ciblant aussi bien l'Union européenne que la Chine, pointe Teniola Tayo, cette réalité pousse de nombreux pays, y compris le Nigeria, à explorer des partenariats au-delà des alliances traditionnelles. » Confrontée à la concurrence de la Chine, de l'Inde ou de la Turquie, la France voit son poids dans les échanges avec l'Afrique subsaharienne diminuer, même s'il reste important. À lire aussi « Les milliardaires africains sont de vrais panafricains » Convergence géopolitique Au-delà des aspects économiques, cette visite s'inscrit également dans un contexte géopolitique complexe. Paris a exprimé son soutien aux forces de sécurité nigérianes, notamment à travers la Force multinationale mixte autour du lac Tchad. Ce partenariat sécuritaire vise à répondre aux menaces djihadistes tout en stabilisant la région. Bola Tinubu, actuellement président en exercice de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), joue un rôle central dans la gestion des crises politiques régionales, notamment face aux putschistes au Niger, au Burkina Faso et au Mali. Si Abuja a envisagé une intervention militaire au Niger après le coup d'État de juillet 2023, la forte opposition populaire au Nigeria a conduit à une stratégie plus prudente. Emmanuel Macron voit en son homologue nigérian un partenaire essentiel pour stabiliser une région où la France a perdu de son influence, mais rien n'est moins sûr. Les trois pays du Sahel ont claqué la porte de la Cedeao en début d'année. Leur départ pourrait être acté lors du prochain Sommet des chefs d'État de l'organisation le 15 décembre.

By |2024-12-05T20:44:47+00:00December 5th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Canal+ va rendre sa fréquence TNT

Nouveau coup de tonnerre dans un audiovisuel français déjà en pleine ébullition. Alors que l'Arcom, le gendarme du secteur, est dans la toute dernière ligne droite pour finaliser l'attribution de 15 fréquences de la TNT, le groupe Canal+ a pris une décision drastique pour ses quatre chaînes payantes. Confirmant nos informations, la filiale de Vivendi a annoncé qu'elle allait rendre la fréquence de sa chaîne phare, qui occupe le très prisé canal 4, ainsi que celles de ses trois autres canaux payants (Canal+ Cinéma, Canal+ Sport et Planète+). Jeudi en fin d'après-midi, le groupe Canal+ s'est fendu d'un communiqué se plaignant de « décisions fiscales et réglementaires pénalisantes pour [son] exploitation en France ». Pour justifier son choix d'arrêter la TNT payante, qui prendra effet dès le mois de juin, il avance plusieurs raisons : augmentation de sa taxe versée au Centre national du cinéma (CNC), menaces sur son taux de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) « pourtant directement lié à son statut de premier financeur du cinéma français » et, enfin, le retrait de la fréquence TNT de C8, une de ses trois chaînes gratuites. Source marginale de revenus Déjà en 2020, le groupe dirigé par Maxime Saada avait brandi la menace de sortir de la TNT payante. L'enjeu à l'époque était de faire pression sur les autorités pour conserver une TVA réduite (ce que Bercy lui conteste) et un meilleur positionnement dans la diffusion des films par rapport aux plates-formes mondiales de streaming (Netflix, Amazon, Disney+). A l'époque, Canal+ avait fini par renouveler la licence de sa chaîne phare (sur le canal 4) d'abord pendant trois ans, puis pour seulement dix-huit mois, jusqu'au 5 juin 2025. Mais aujourd'hui, l'alignement des planètes semble bien différent. LIRE AUSSI : Canal+ dévoile le montant « substantiel » de son litige de TVA avec le fisc Sur le plan fiscal, Canal+ a depuis été visée par plusieurs propositions de rectifications, et doit déjà régler 131 millions d'euros avant la fin de l'année. Pour le groupe, la TNT n'est donc plus synonyme de TVA à taux réduit. Sur le plan commercial, ensuite, la TNT payante est devenue une source marginale de revenus. Dans le prospectus préalable à son entrée en Bourse, prévue le 16 décembre sur la place londonienne, Canal+ écrit que fin septembre, seulement 70.000 de ses abonnés (moins de 1 % du total de ses clients français) recevaient le signal de la chaîne uniquement via le décodeur TNT. Le résultat d'un basculement vers les usages numériques qui s'accélère du fait du déploiement de la fibre sur le territoire et de la généralisation des visionnages sur Internet et sur les box, prisés par les plus jeunes. Depuis un an et demi, le nombre d'abonnés de moins de 26 ans a doublé à 500.000 pour Canal+. Sans compter que le groupe mise surtout sur la croissance à l'international. « Seuls les abonnés qui sont encore sur la TNT seront concernés, précise Canal+. Le groupe leur proposera les équipements nécessaires afin qu'ils puissent continuer à profiter de l'ensemble des programmes de leurs chaînes sur d'autres modes de diffusion » (satellite, box, les opérateurs télécoms, Internet, etc). Cotation à la Bourse de Londres Cette décision arrive en plein projet de scission de Vivendi en plusieurs entités, qui doit encore être validé par les actionnaires réunis en assemblée générale lundi 9 décembre. Ce projet se concrétisera par l'entrée en Bourse des différentes entités, dont Canal+. Or, réaliser des économies sur les coûts de distribution de ses chaînes hertziennes - une dizaine de millions d'euros de frais fixes pour chaque fréquence - serait un argument de plus pour séduire les investisseurs. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Canal+, Havas et Hachette en Bourse : le big-bang de Vivendi entre dans la dernière ligne droite Toutefois, le canal 4 représente encore potentiellement un actif précieux dans le paysage audiovisuel français. Il n'y a qu'à voir l'intense lobbying déployé par les nouveaux entrants de la TNT (Reels TV et OFTV) pour obtenir les fréquences 8 ou 12 (libérées par C8 et NRJ 12) et ne pas se retrouver en 26e et 27e positions dans le zapping des Français. A priori, le canal 4 ne sera pas réattribué. Les conventions de toutes les chaînes devraient être finalisées d'ici à la semaine prochaine, le groupe Canal+ conservant deux fréquences en clair (CNews et CStar). Le flou demeure encore sur l'avenir de Cyril Hanouna et de son émission « TPMP », qui pourrait basculer sur CStar après l'arrêt de C8. Chronologie des médias Ce chamboulement du paysage de la TNT intervient au moment où se négocie la chronologie des médias. Canal+, en tant que premier financeur du cinéma français, avec 200 millions d'euros par an (hors OCS ), joue historiquement un rôle prépondérant. La chaîne dispose jusqu'à présent d'une fenêtre privilégiée, avec le droit de diffuser un film six mois après sa sortie en salle, quand Netflix est à quinze mois, et Disney à dix-sept mois. Mais selon nos informations, Disney serait prêt, dans la négociation actuelle, à augmenter considérablement sa contribution pour se rapprocher des six mois de Canal+. Cela permettrait au géant américain de proposer à ses abonnés son imposant catalogue de films, dont certains rencontrent un grand succès en salle, comme en ce moment « Vaiana 2 », beaucoup plus tôt qu'actuellement.

By |2024-12-05T20:43:12+00:00December 5th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Armée française en Afrique : un départ à marche forcée

La résiliation des accords militaires liant la France au Tchad et le désir manifesté par le Sénégal de ne plus accueillir de soldats français sur son sol, pour inattendus qu’ils ont été, s’inscrivent pourtant dans un mouvement plus large de retraits forcés des troupes françaises en Afrique de l’Ouest. Courrier international Lecture 1 min. Publié le 4 décembre 2024 à 17h20 Bientôt la fin de la présence militaire française en Afrique de l’Ouest ? SOURCES : « LE MONDE », MALIWEB.NET. Partager “Une douche froide en plein hiver sur Paris”, affirme Le Pays. “Une double gifle pour la France”, renchérit Le Temps. Les images choisies par les titres de presse internationaux illustrent parfaitement la surprise qu’a constituée l’annonce par le Tchad, jeudi 28 novembre, de la fin des accords de sécurité et de défense avec la France. Comme le rappelle le titre burkinabè, le Tchad était devenu “une zone de repli idéale” pour une armée française devenue indésirable dans les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Pourtant, quelques heures avant cette annonce, le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, se trouvait en visite officielle à N’Djamena. LIRE AUSSI : Géopolitique. L’armée française priée de quitter le Tchad et le Sénégal De façon concomitante, le Sénégal, par la voix de son président, Bassirou Dimaye Faye, a aussi indiqué son souhait de ne plus voir de base militaire française au Sénégal. Des déclarations survenues alors que le pays allait célébrer les 80 ans du massacre de Thiaroye. “Voilà l’armée [française] sommée de fermer ses bases dans les pays voisins : le Sénégal à l’ouest, le Tchad à l’est. Cette fois, ce ne sont pas des juntes à l’orientation prorusse assumée qui rompent avec l’armée française, mais des pays considérés comme alliés”, analyse Le Temps. Le quotidien suisse rappelle que le dispositif militaire français au Tchad comprend trois bases permanentes et environ un millier de soldats. Pour ce qui est du Sénégal, environ 350 soldats sont actuellement sur place. Tentative de reconfiguration La “dynamique de souveraineté” à l’œuvre conduit donc à la dénonciation successive des accords militaires noués par la France avec les pays d’Afrique de l’Ouest. “[C’est] loin d’être véritablement une surprise”, estime encore Le Pays, qui rappelle que des dynamiques diverses traversent la sous-région, dont l’arrivée au pouvoir de “dirigeants de plus en plus jeunes et décomplexés”. LIRE AUSSI : Diplomatie. Nigeria, Tchad, Éthiopie : comment la France réinvente ses relations avec l’Afrique Pourtant, la France avait tenté de proposer une reconfiguration de son dispositif militaire en Afrique avec le rapport établi par Jean-Marie Bockel, ancien secrétaire d’État à la coopération durant la présidence de Nicolas Sarkozy. Ce rapport, élaboré après une série d’entretiens menés avec les autorités du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Gabon et du Tchad, avait été remis à Emmanuel Macron trois jours avant les déclarations tchadienne et sénégalaise. Il préconisait notamment une “réduction significative de [l’] empreinte militaire [française]”, pour “faire baisser la visibilité” des bases françaises. Mais sans indiquer le nombre de soldats qui auraient été déployés dans le futur. Une information “classifiée”, selon Le Temps.

By |2024-12-05T20:42:16+00:00December 5th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Un nouveau rapport accablant sur la pollution de l’eau par les pesticides

Le sujet est explosif, et particulièrement sensible : comment mieux protéger les zones de captage, d'où provient l'eau destinée à la consommation humaine ? Au moment même où la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a promis de s'attaquer rapidement à la question, un rapport d'inspections ministérielles montre en tout cas qu'il y a urgence. Daté de juin 2024, et publié seulement ce 22 novembre, ce rapport de près de 600 pages a été réalisé par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable (Igedd), et le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER). Il avait été commandé par le gouvernement Borne en novembre 2023, alors que la crise agricole commençait à couver. Echec de la préservation de la qualité de l'eau Ses conclusions sont accablantes. Rappelant que les substances chimiques contenues dans les pesticides se retrouvent dans l'eau des captages à travers le ruissellement ou l'infiltration dans les sols, souvent à l'état de métabolite (molécules issues de leur dégradation), les inspections concluent à « l'échec global de la préservation de la qualité des ressources en eau ». Soulignant que les procédures de surveillance « pourraient être améliorées », le rapport constate aussi que les eaux brutes, tout comme les eaux distribuées, contiennent des concentrations de pesticides et de métabolites bien supérieures aux normes. LIRE AUSSI : Comment le réchauffement climatique va bouleverser les ressources en eau en France DECRYPTAGE - Pollution de l'eau par les pesticides : un coût financier largement sous-estimé Les inspections ont ciblé trois substances : deux dérivées de la chloridazone (un herbicide utilisé dans la culture des betteraves sucrières) et le chlorothalonil (un fongicide utilisé dans la culture des céréales). Pour chacune d'elles, des dépassements « préoccupants » ont été constatés, particulièrement dans la moitié nord de la France. Les inspections citent notamment l'Aisne, où de nombreux captages (dans les rivières et les nappes souterraines) révèlent une concentration supérieure à 2 microgrammes par litre : selon elles, « ces ressources ne devraient plus être utilisées pour produire de l'eau potable, et devaient être abandonnées ». « C'est la première fois qu'un rapport, qui plus est signé à la fois par les ministères de l'Agriculture et de l'Environnement, constate une telle impasse sur certains territoires », relève Régis Taisne, spécialiste de l'eau à la FNCCR, qui représente des collectivités locales. Les régions Hauts-de-France et Normandie, ainsi que le Calvados, sont également pointés. Redevance pour pollution diffuse Les inspections rappellent que le dernier bilan annuel disponible du ministère de la Santé (2022) a aussi relevé des dépassements dans l'eau du robinet , pendant plus d'un mois, sur cinq métabolites. De fait, ont-elles constaté, la « gestion des non-conformités » souffre également de graves lacunes. Les règles en vigueur ne sont pas forcément pertinentes, avec par exemple de nombreuses dérogations sources de bureaucratie. En aval, elles pointent l'efficacité variable des filières de dépollution pour rendre l'eau potable, sachant que les plus efficaces (osmose inverse, nanofiltration) coûtent « entre deux et trois fois plus cher ». Avec un impact déjà constaté sur le prix de l'eau dans certains départements, comme l'Aisne (2,55 euros/m3) ou le Calvados (2,49 euros/m3), par rapport à la moyenne nationale (2,13 euros/m3). LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Dépollution des eaux usées : la facture s'annonce salée pour la France Le rapport préconise donc toute une série de mesures à mettre en place d'urgence, allant du relèvement de la redevance pour pollution diffuse à la création de « zones soumises à contrainte environnementale » pour les aires de captage en dépassement, qui seraient alors soumises à un programme d'actions spécifiques. Il évoque aussi des solutions plus fondamentales, comme la refonte des autorisations de mise sur le marché des molécules concernées, ou le changement des pratiques agricoles de sorte à réduire l'utilisation des pesticides dans les aires de captages - sans toutefois proposer de les y interdire comme le souhaiteraient certains. Quelque 12.500 captages ont déjà été fermés entre 1980 et 2019, essentiellement en raison des pollutions. Il en reste environ 33.000, dont environ 3.000 « sensibles », où des dépassements ont été constatés. Opposition des agriculteurs Que retiendra le gouvernement de ces préconisations ? Agnès Pannier-Runacher a promis faire de la protection des captages « une priorité ». «Ce rapport servira de base de travail entre les différents ministères», affirme-t-on au sein de son cabinet, sans préciser à ce stade quelles mesures concrètes sont envisagées. «Mais nous ne l'avons pas attendu. Le plan Ecophyto [de réduction des pesticides, NDLR] comporte déjà des dispositions en ce sens». Le gouvernement précédent avait promis que l'année 2 du plan eau de mars 2023 serait consacrée à la qualité. «Le groupe de travail sur les captages ne s'est toutefois pas réuni depuis deux ans… », déplore Régis Taisne. Il n'est pas sûr toutefois que ce groupe de travail, qui réunit tous les acteurs, soit réactivé avant les élections professionnelles agricoles, en janvier. Car il s'agit d'un sujet qui fâche chez les agriculteurs. En décembre 2023, la FNSEA avait déjà fait renoncer le gouvernement Borne à la hausse de la redevance pour pollution diffuse mise en place l'an dernier dans le cadre du plan eau. La protection des captages fait aussi l'objet d'une proposition de loi déposée le 29 octobre par le député écologiste Jean-Claude Raux. Ayant recueilli 74 signatures, elle n'est pas encore inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale.

By |2024-12-03T17:19:02+00:00December 3rd, 2024|Scoop.it|0 Comments

Opinion | Lutter contre la pollution plastique, maintenant ou jamais !

À travers le monde, près d'un million de bouteilles en plastique sont vendues chaque minute. Depuis 2015, ce sont plus de 6,9 milliards de tonnes de déchets plastiques qui ont été produites, dont 9 % ont été recyclées, 12 % ont été incinérées et 79 % ont été accumulées dans des décharges ou dans la nature. Les plastiques représentent 85 % des déchets dans les mers et les océans. Ces chiffres, au-delà d'être alarmants, appellent à une réaction concertée d'ampleur de la part de la communauté internationale pour lutter contre la pollution plastique dans le monde et préserver les milieux marins. Un texte revu à la baisse Alors qu'ont lieu les négociations de la dernière chance à Busan (Corée du Sud) pendant la cinquième - et dernière - session de négociations du Traité mondial contre la pollution plastique, la France doit se mobiliser pour obtenir un traité aussi ambitieux dans ses exigences que contraignant dans ses provisions pour apporter une réponse efficace à la hauteur des enjeux. Le plastique représente une menace environnementale et de santé publique majeure qui ne peut plus être ignorée. LIRE AUSSI : ZOOM - Le plastique, un poison pour l'homme Il est urgent et indispensable que notre société accélère les analyses de l'évaluation des risques liés au plastique et prenne les mesures nécessaires, en se référant notamment au principe de précaution. Et pourtant, alors que la pollution plastique est en constante augmentation, depuis le début des négociations, le texte du traité a été revu à la baisse. Aujourd'hui, ces négociations se jouent davantage entre pays préoccupés par la préservation d'intérêts politiques et économiques qu'entre nations engagées pour la préservation de notre planète, prenant ainsi en otage l'humanité tout entière. Nous regrettons d'ailleurs le manque de représentation de la société civile dans ces négociations. Fausses bonnes idées Nous mettons en garde contre les fausses bonnes idées qui pourraient irriguer le texte du traité en cas de statu quo. Si le recyclage fait partie de la solution, il ne suffit pas. Seuls 9 % des produits plastiques fabriqués à travers le monde sont recyclés et tous les plastiques ne sont pas recyclables. Il faut aller plus loin et être plus exigeant ! Pour cela, nous appelons notamment à inscrire l'interdiction de principe des plastiques à usage unique d'ici 2040 dans le traité. Cessons de cultiver l'illusion confortable selon laquelle le recyclage pourra résoudre à lui seul le problème de pollution plastique et de production de déchets plastiques. Pour réduire la pollution plastique, c'est l'entièreté du cycle de vie qui doit être prise en compte. Il faut inclure dans le traité la notion « d'empreinte plastique » similaire à celle d'empreinte carbone. Elle permettra de mesurer et d'évaluer l'impact réel des produits fabriqués en plastique. LIRE AUSSI : EN CHIFFRES - Où produit-on le plus de plastique dans le monde ? CHRONIQUE - De l'utilité d'un « GIEC » du plastique ! Enfin, et surtout, il faut s'assurer de l'efficacité du traité, pour ne pas aboutir à une énième contrainte réglementaire non respectée, non appliquée voire décriée. Pour cela, nous souhaitons un traité international de type convention spécifique assortie d'annexes techniques. Ce type de texte permettra de s'entendre sur des objectifs précis au sein du traité et de le faire évoluer de façon souple grâce à ses annexes techniques. Alors que l'impact des activités humaines sur le changement climatique n'a jamais été aussi évident, que la récente élection américaine semble inaugurer un recul des engagements environnementaux internationaux, la France, qui fait partie de la Coalition pour la Haute ambition pour ce trait, a un rôle de leader à jouer. Nous appelons de nos voeux qu'elle se saisisse pleinement de cette dernière chance pour obtenir un texte réellement protecteur de notre planète et de ses citoyens. Nathalie Van Den Broeck est présidente de Surfrider Foundation Europe, rapporteure de l'avis du Conseil économique social et environnemental sur le Traité international sur la pollution par les plastiques. Sabine Roux de Bézieux est présidente de la Fondation de la mer, rapporteure de l'avis du Conseil économique social et environnemental sur le Traité international sur la pollution par les plastiques.

By |2024-12-03T17:17:39+00:00December 3rd, 2024|Scoop.it|0 Comments

La France évincée du Sahel après la décision du Tchad de rompre les accords de défense

Bientôt la fin définitive de la présence française au Sahel ? Le Tchad, dernier pays sahélien à abriter des forces tricolores et maillon clef de la présence militaire française en Afrique, a annoncé jeudi soir mettre fin aux accords de sécurité et de défense avec Paris, une annonce survenue quelques heures après une visite du chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot. « La France est un partenaire essentiel mais elle doit aussi considérer désormais que le Tchad a grandi, a mûri et que le Tchad est un Etat souverain et très jaloux de sa souveraineté », avait relevé un peu plus tôt le ministre des Affaires étrangères tchadien, Abderaman Koulamallah, à l'issue une rencontre entre le président Mahamat Idriss Déby Itno et Jean-Noël Barrot . Ce dernier, arrivé jeudi soir en Ethiopie, n'était pas immédiatement joignable pour réagir à cette information, tout comme le ministère français des Armées. « Pas une rupture » En mai dernier se sont achevées à N'Djamena trois années de transition avec l'élection de Mahamat Idriss Déby Itno , porté au pouvoir par une junte militaire après la mort de son père Idriss Déby tué par des rebelles au front. Menacé par des offensives rebelles, Déby père avait pu compter sur l'appui de l'armée française pour repousser celles-ci en 2008 puis en 2019. LIRE AUSSI : ENQUÊTE - Les banques françaises désertent l'Afrique OPINION - Une « gueule de bois » entre la France et l'Afrique, vraiment ? « Ce n'est pas une rupture avec la France comme le Niger ou ailleurs », a assuré à l'AFP Abderaman Koulamallah, joint par téléphone, dont le pays abrite encore environ un millier de militaires français , constituant le dernier point d'ancrage de Paris au Sahel après les retraits forcés de ses troupes au Mali, au Burkina Faso et au Niger. « Le Tchad, conformément aux dispositions de l'accord, s'engage à respecter les modalités prévues pour sa résiliation, y compris le délai de préavis », précise le communiqué ministériel, qui n'évoque pas de date de retrait des troupes françaises. La décision a été « prise après une analyse approfondie » et marque un « tournant historique », a souligné le chef de la diplomatie du Tchad dans son communiqué. « Après 66 ans de la proclamation de la république du Tchad, il est temps pour le Tchad d'affirmer sa souveraineté pleine et entière, et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon les priorités nationales », a-t-il ajouté, assurant que la visite de Jean-Noël Barrot avait par ailleurs permis de renforcer les relations bilatérales « à tous les niveaux ». Un soldat Français de la force Barkhane patrouille dans les rues de Faya-Largeau dans le nord du Tchad le 2 juin 2022.AFP Seulement 200 militaires français en base permanente à terme en Afrique Une réduction en peau de chagrin mais qui ne chagrine pas tous les Africains. La présence militaire française, qui apporte un soutien en logistique, formation et appui des forces locales pour certaines opérations de combat mais sert aussi à protéger des intérêts économiques et les ressortissants vivant sur place, s'est réduite drastiquement ces dernières années, au fil des expulsions par des régimes putschistes. Ceux-ci n'appréciant pas les admonestations de Paris sur l'Etat de droit et le respect des Droits de l'Homme, ou simplement par volonté, au demeurant légitime, d'afficher souveraineté et capacité à se défendre seul. Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a ainsi déclaré que la souveraineté de son pays était « incompatible avec la présence durable de bases militaires étrangères ». Résultat, la France ne conserve plus que cinq bases militaires permanentes dans ce continent dont jadis, grosso modo, un tiers était constitué de ses colonies ; au Gabon, avec 350 militaires, des effectifs équivalents au Sénégal, près de 600 en Côte d'Ivoire et 1.000 au Tchad, où la dénonciation de l'accord de coopération devrait, normalement, faire tomber les effectifs à zéro, et enfin 1.500 à Djibouti. Des effectifs (non compris ceux engagés sous mandat de mission internationale, essentiellement l'ONU) relativement stables depuis des décennies, contrastant avec le « redéploiement » - en clair le retrait - imposé par les régimes putschistes du Mali, du Burkina Faso et du Niger. 2 militaires Français sur la base de N'Djamena au Tchad le 13 novembre 2007.Thomas Coex/AFP Point d'appui clé Ce dernier, avec jusqu'à 1.500 militaires à Niamey, était pourtant considéré comme le point d'appui clé de la France notamment pour lutter contre les djihadistes au Sahel. Au Mali, la lutte contre, précisément, des djihadistes qui s'apprêtaient prendre Bamako début 2013, avait imposé le déploiement de jusqu'à 3.000 militaires français. La France a dû aussi quitter la République centrafricaine. Un rapport au président Macron de son envoyé spécial en Afrique, Jean-Marie Bockel, et qui a récemment « fuité », préconise d'ailleurs de réduire ces effectifs à 100 militaires au Gabon, tout comme en Côte d'Ivoire et au Sénégal, ainsi que 300 au Tchad (une préconisation qui semble désormais obsolète pour ce dernier pays), voire le Sénégal. Soit un total, à terme, d'à peine 200 hommes sur des bases permanentes, contre… 7.000 il y a seulement dix-huit mois, un niveau équivalent au demeurant à celui fixé en 1981. Au temps de la « splendeur » de la présence militaire française en Afrique, c'est-à-dire juste après l'indépendance en 1960, la France maintenait au total 60.000 hommes dans près de 90 garnisons sur le continent et Madagascar. La France va devoir fermer ses bases au Sénégal Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a indiqué jeudi que la France allait devoir fermer ses bases militaires dans son pays. « Le Sénégal est un pays indépendant, c'est un pays souverain et la souveraineté ne s'accommode pas de la présence de base militaire dans un pays souverain », a-t-il justifié. « La mise à jour de notre doctrine militaire n'est pas seulement portée sur la question de la présence militaire, elle va au-delà. Elle impose évidemment qu'il n'y ait plus de bases militaires de quelque pays que ce soit au Sénégal, mais elle impose aussi d'autres évolutions dans la coopération militaire avec ces différents pays qui entendent encore la maintenir avec le Sénégal », a-t-il précisé. Les Echos MONDE Emmanuel Macron à Riyad pour signer un partenariat stratégique avec l'Arabie saoudite INTERVIEW « En Europe, la désindustrialisation va encore plus vite que la décarbonation » DÉCRYPTAGE Echec des négociations pour un traité mondial sur la pollution plastique Etats-Unis : Joe Biden accorde la grâce présidentielle à son fils Hunter Roumanie : percée de l'extrême droite aux élections législatives

By |2024-12-03T17:16:31+00:00December 3rd, 2024|Scoop.it|0 Comments

Comment va fonctionner le futur « écoscore » des vêtements

Huit mois après avoir présenté son projet de calculateur pour mesurer l'impact environnemental des vêtements, le gouvernement entre dans le dur. Jeudi, à la veille du Black Friday, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé la mise en consultation des textes qui permettront aux marques d'attribuer une note à chaque vêtement, un peu à la manière du Nutriscore pour les produits alimentaires. L'affichage environnemental, qui restera dans un premier temps volontaire, est prévu par la loi climat et résilience de 2021. « Il s'agit à la fois d'aider les fabricants à piloter leurs efforts d'écoconception des vêtements, et de donner aux consommateurs une information sur le coût environnemental des produits qu'ils achètent », précise-t-on au ministère de la Transition écologique. Impact sur le climat L'enjeu est loin d'être négligeable. Le textile représente entre 8 % et 10 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Il génère une quantité astronomique de déchets, notamment plastiques, entraînant une pollution dramatique dans l'eau ou les sols. Son traitement et sa teinture génèrent 20 % de la pollution des eaux. Même les fibres naturelles ont un impact négatif : le coton est la première culture consommatrice de pesticides. LIRE AUSSI : ENQUETE - La mode commence à s'habiller plus vert Matérialisé par une note en « points d'impact » comprise entre 0 et l'infini, qui s'affichera sur un logo en noir et blanc en forme d'étiquette, cet « écoscore » entend mesurer à la fois l'impact sur le climat et sur la biodiversité. Il s'appuie sur l'outil d'évaluation développé depuis 2013 par la Commission européenne, le Product Environmental Footprint (PEF), qui comporte seize critères (émissions de gaz à effet de serre, toxicité de l'eau douce, utilisation d'eau et de ressources fossiles, émission de particules, etc.). Mais la France y a ajouté trois critères spécifiques : les conditions de fin de vie du produit, avec une note très pénalisante (5.000 points d'impact par kilo) s'ils sont exportés hors d'Europe après avoir été portés ; les émissions de microfibres, qui entraînent une forte pollution ; et un coefficient de « durabilité », mesuré à partir de la largeur de gamme, la réparabilité, et la traçabilité géographique des étapes de production. Avec ce dernier critère, l'idée est de pénaliser aussi les marques dites de fast-fashion, qui renouvellent très rapidement des collections vendues à des prix défiant toute concurrence - et plombent les filières plus vertueuses. Selon un rapport publié mercredi par l'ONG Les Amis de la Terre, la fast-fashion a provoqué la destruction de 300.000 emplois dans l'industrie textile française depuis 1990. L'Assemblée nationale avait adopté en mars une proposition de loi pour la limiter, mais son parcours législatif a été interrompu avec la dissolution. Mise en oeuvre au printemps L'outil est toutefois, comme en avril, vivement critiqué - même si selon le ministère, le calculateur présenté en avril a été simplifié. Notamment parce qu'il diffère de l'outil européen, en cours de finalisation. « Contrairement au PEF qui s'appuie sur des critères scientifiques, cet 'écoscore' prend en compte des critères politiques comme le made in France, qui ne devraient pas être son objet », explique Christophe Girardier, fondateur de Glimpact, une société qui aide les marques à utiliser le PEF. « L'outil français pénalise par exemple fortement une marque comme Lacoste, qui affiche un grand nombre de références », poursuit le dirigeant, qui revendique parmi ses clients non seulement Lacoste, mais aussi Decathlon, Carrefour, Pimkie, Chantelle, Celio, ou Aigle. LIRE AUSSI : TRIBUNE - La mode peut-elle devenir écologique ? L'Union des industries textiles se dit à l'inverse plutôt satisfaite. « Nous sommes très favorables à un affichage environnemental, or cet outil est à la fois simple d'utilisation et transparent », indique Sophie Frachon, responsable RSE de l'UIT. D'autant que selon elle, le PEF européen n'est pas satisfaisant à ce stade. « Il ne pénalise pas l''ultra fast-fashion', ne prend pas assez en compte la biodiversité, ni les microplastiques… » pointe-t-elle, toute en reconnaissant qu'« une convergence sera nécessaire » d'ici à mi-2025, lors du vote sur le PEF européen. En attendant, l'arrêté correspondant a été publié ce jeudi sous forme de projet, pour consultation réglementaire pendant vingt et un jours. Il sera ensuite notifié à la Commission européenne, dont l'approbation est attendue sous trois mois. « Nous visons une mise en oeuvre au printemps 2025 », dit-on au ministère, tout en espérant que de nombreuses marques joueront le jeu. Il mise notamment sur H&M, Kiabi, Monoprix, Pimkie, Petit Bateau, ou 1083, qui ont participé à l'élaboration de ce nouvel « écoscore ».

By |2024-12-03T16:33:30+00:00December 3rd, 2024|Scoop.it|0 Comments

Comment la Corse passe à l’électricité verte à marche forcée

Après plus de vingt ans d'attente, et près de dix ans après la décision politique de fermer la vieille centrale polluante du Vazzio, EDF a enfin posé la première pierre de la future usine de production électrique d'Ajaccio, ce vendredi. « Un moment heureux qui vient de loin », a souligné Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse. Le projet a en effet « généré tellement d'attente, de peur, d'anxiété dans notre population », a rappelé Stéphane Sbraggia, le maire d'Ajaccio. Mais il faudra encore patienter trois années avant qu'un carburant à base d'huile de colza fasse tourner les huit moteurs à cylindre de la future centrale du Ricanto, qui couvrira environ 15 % des besoins de l'Ile de Beauté. En attendant, le Vazzio reste la dernière centrale au fioul lourd en activité en France, depuis la fermeture de Porcheville en 2017, et l'une des dernières en Europe. Virage vert Le Ricanto « va ouvrir une nouvelle page dans l'histoire de l'électricité en Corse pour renforcer l'autonomie et la résilience du territoire », explique Luc Rémont, PDG d'EDF. L'énergéticien public va investir « plus d'un milliard d'euros dans les cinq années qui viennent » sur l'île de Beauté, dont 800 millions d'euros pour le Ricanto. Car « la sécurité d'approvisionnement de la Corse est encore très tendue », rappelle Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie. En atteste encore, l'été dernier, l'arrêt d'un câble électrique reliant la Sardaigne à la Corse. La centrale du Ricanto se dressera à quelques centaines de mètres de la plage du même nom, sur une bande de terre de 3,5 ha coincée entre la route de l'aéroport d'Ajaccio et les contreforts d'une colline où se dressent, depuis plus de quarante ans, les deux cheminées du Vazzio. Peintes en rouge et blanc, elles dominent le littoral de 85 mètres et font de l'ombre aux maisons tout proches. Leurs remplaçantes surplomberont la mer de 50 mètres. De couleur grise, elles devraient se fondre davantage dans le paysage, tout comme la centrale elle-même, avec ses bardages en bois. LIRE AUSSI : Malgré un démarrage « modeste », le biofioul croit en son avenir Après le « black-out » , la Guadeloupe s'inquiète pour le tourisme Ce projet symbolise le virage vert pris par la Corse, qui devrait atteindre une production électrique locale 100 % verte « en 2030 », selon Luc Rémont. Mais sans l'aide du nucléaire comme sur le continent. « Dans un territoire insulaire, l'électricité est déjà au XXIe siècle. Nous avons l'occasion d'y déployer les technologies les plus avancées », rappelle le patron d'EDF. Première étape avec le Ricanto : « nous allons passer de 34 % d'énergies renouvelables à 74 % » en 2028, pointe Gilles Simeoni. Restera à convertir la centrale au fioul léger de Lucciano, au nord de l'île, à la biomasse liquide. Une transition déjà expérimentée par EDF à La Réunion, pour la centrale de Port-Est. La Corse devra aussi cesser de recourir à des groupes électrogènes, fonctionnant au gazole, pour absorber les pics de consommation, dus notamment à la climatisation en été. Le site du Ricanto rejettera dans l'atmosphère trois fois moins de CO2 que le Vazzio, soit 300.000 tonnes de moins chaque année, promet EDF. Un calcul qui prend en compte les émissions liées à la production d'huile de colza et à son transport par bateau. Autres promesses : une baisse de 75 % des émissions d'oxydes d'azote, de 90 % pour les poussières, et plus un gramme d'oxyde de soufre. Les besoins en eau seront quant à eux inférieurs de 90 % aux 350.000 mètres cubes nécessaires pour refroidir le Vazzio. Une électricité plus chère La biomasse liquide n'était toutefois pas le choix initial de la Corse. L'île avait d'abord misé sur le gaz avant l'abandon d'un projet d'un gazoduc qui devait relier l'Algérie à l'Italie, via la Corse. La flambée du prix du gaz causée par la guerre en Ukraine a définitivement disqualifié ce combustible fossile, au profit du biocarburant. Avec ses 130 MW, la centrale du Ricanto ne sera pas plus puissante que celle du Vazzio, et loin des 250 MW envisagés initialement pour le gaz. Il faudra 100.000 tonnes de biocarburant, d'origine européenne, pour la faire tourner chaque année, soit la production de « 60.000 hectares de colza », précise Cédric Dupuis, directeur du projet du Ricanto, chez EDF. Pour une tonne de colza récoltée, une grosse moitié servira à fabriquer des tourteaux pour l'alimentation animale , et le reste du biocarburant. Le fonctionnement de la centrale coûtera 6,3 milliards d'euros sur vingt-cinq ans, précise la CRE. Aux cours actuels, le mégawattheure (MWh) produit au Ricanto reviendrait à « 400 euros », contre « 230 euros » pour le fioul lourd au Vazzio et « 280 euros » pour le fioul léger de Lucciana, précise Amandine Bono, cheffe du service de gestion du système électrique d'EDF en Corse. L'Etat met déjà la main à la poche - 370 millions d'euros l'an dernier - pour que les Corses paient leur électricité au même prix qu'ailleurs en France. Un système de péréquation qui fonctionne aussi outre-mer. Dépendance à l'Italie Contrairement à ces territoires, la Corse bénéficie toutefois d'une connexion avec le continent, via la Sardaigne et l'Italie. Cette électricité importée coûte « 100 euros le MWh », selon Amandine Bono. Provenant de sources carbonées ou non, elle a représenté l'an dernier 27 % de l'électricité consommée en Corse. « En 2050, ce sera toujours de l'ordre de 30 % », indique Amandine Bono. Une entorse à l'autonomie énergétique promise par l'exécutif corse à cet horizon. EDF va d'ailleurs investir dans la modernisation et l'augmentation de la capacité de la liaison par câble avec l'Italie SACOI3 (de 50 à 100 MW). « En 2050, nous voulons être capables, uniquement à travers la maîtrise de l'énergie et la montée en puissance des énergies de renouvelables, de produire en théorie la totalité [de l'électricité] sur le territoire insulaire », réaffirme toutefois Gilles Simeoni. Les barrages hydroélectriques, éoliennes et panneaux solaires en représentent déjà un tiers, produit essentiellement par EDF, mais aussi Corsica Sole. Pour lisser cet approvisionnement, par nature intermittent et aléatoire, l'île va investir dans des batteries de stockages. EDF veut aussi transformer une de ses stations hydroélectriques, pour pomper l'eau en aval et la réinjecter dans les turbines en amont. Les projets à base d'hydrogène restent en revanche embryonnaires sur l'île. Dernier levier pour absorber la demande croissante : changer les habitudes des consommateurs. EDF expérimente sur l'île les heures creuses (moins chères) en journée plutôt que la nuit.

By |2024-12-03T16:19:21+00:00December 3rd, 2024|Scoop.it|0 Comments

Commerce : l’étonnante proposition de Christine Lagarde face à la politique de Donald Trump

Faire du troc. En schématisant, c'est ce que propose la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, face aux menaces de Donald Trump d'imposer des droits de douane sur les produits européens exportés aux Etats-Unis. Dans une interview au « Financial Times », elle recommande à l'Union européenne (UE) de négocier avec le prochain président américain plutôt que de s'engager dans une guerre commerciale dure. « Je pense qu'il s'agit d'un meilleur scénario qu'une stratégie de représailles pure et simple […], où personne n'est vraiment gagnant », indique-t-elle. En cas de « guerre commerciale au sens large », elle prédit « un résultat négatif pour tout le monde » et une « réduction mondiale du PIB ». Buy America « Je ne suis pas une spécialiste du commerce […]. Mais en général, l'Europe pourrait discuter de l'achat de plus de gaz naturel liquéfié aux Etats-Unis. Il y a évidemment des équipements de défense dont certains ne sont pas en mesure d'être produits ici en Europe et qui pourraient être achetés », détaille-t-elle. En clair, elle ne propose rien de moins que d'entrer dans le jeu de Donald Trump, homme d'affaires et de « deal » avant tout . LIRE AUSSI : Comment l'Europe peut riposter aux attaques commerciales de Donald Trump « L'idée de dire que l'Europe s'engage à acheter plus de certains produits aux Etats-Unis me paraît curieuse. Elle le fera si elle en a besoin. Acheter plus de gaz, si c'est du gaz de schiste, est en complète contradiction avec les objectifs d'une économie européenne décarbonée », commente Pascal Lamy, l'ancien directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). « Je trouve curieux qu'une haute autorité européenne propose de céder à un chantage de mafieux », ajoute-t-il. « Je suis perplexe face à la soumission du Canada et de l'Union européenne, avance Elvire Fabry, spécialiste des questions de géopolitique commerciale à l'institut Jacques-Delors. Les Européens se doivent de réagir. Ils seront plus crédibles si la cohésion des Vingt-Sept est réelle. Il s'agit d'être en position de force. Si Donald Trump perçoit le moindre manque de fermeté, il ira plus loin. L'Europe risque de subir un double choc de compétitivité avec la dérégulation aux Etats-Unis et des taxes douanières. Il est vital de répondre, à moyen terme, par un sursaut en matière d'investissement, d'innovation, et réaliser enfin l'intégration du marché financier ». L'exemple de Jean-Claude Juncker Quoi qu'il en soit, « l'Europe a besoin d'un visage et d'une voix pour négocier avec Trump, légitimée par un mandat clair du Conseil européen et s'appuyant sur les services de la Commission, comme dans le cadre du Brexit », juge Thierry Chopin, professeur invité au Collège d'Europe à Bruges. Jean-Luc Demarty, l'ancien directeur général de la division commerce de la Commission européenne, rappelle d'ailleurs ce qu'avait obtenu le prédécesseur d'Ursula von der Leyen sous le premier mandat Trump. « Je suis pour un transatlantisme debout et non un transatlantisme couché. L'approche de Christine Lagarde me gêne dans la mesure où elle semble prête à accepter le relèvement des droits de douane de Donald Trump. L'Europe ne peut pas rester sans réagir face à ces menaces du président américain. D'autant que nous disposons des outils nécessaires pour le faire. En 2018 sous la commission Juncker, nous avions répondu aux taxes américaines sur l'acier et l'aluminium en taxant des produits américains de manière ciblée pour des montants de droits équivalents, et nous avions évité l'instauration de droits de douane américains sur les automobiles européennes » , explique-t-il. Quid de l'OMC ? Pascal Lamy se montre en outre étonné de la teneur de l'interview. « Je suis surpris de ne pas trouver, dans cette interview, le moindre mot sur la défense des principes d'un système commercial international ouvert et basé sur des règles ». A ses yeux, « l'Europe doit menacer les Etats-Unis de mesures de rétorsion et exercer ses droits à l'OMC. Elle doit prendre, au sein de l'organisation, la tête d'une coalition contre les pratiques américaines. Il ne faut pas oublier que 90 % des pays de la planète sont en faveur d'un système commercial avec des règles ». LIRE AUSSI : Donald Trump déclenche une guerre commerciale avec les trois principaux partenaires de l'Amérique DECRYPTAGE - Avec le retour de Trump, les marchés misent sur une baisse des taux plus rapide en Europe Certes, mais comment manoeuvrer avec une administration américaine qui se désintéresse de cette organisation multilatérale et la bloque même dans certaines de ses prérogatives, comme le règlement des différends commerciaux ? L'effet inflationniste incertain Le risque, à ce stade, est d'assister à une floraison de taxes douanières américaines dans le seul but de réduire les déficits commerciaux que les Etats-Unis enregistrent avec la Chine et les pays de l'UE. Avec pour conséquence de possibles effets sur l'inflation et donc, des implications sur la politique monétaire de la BCE. D'autres soutiennent la position de Christine Lagarde. « Il est dans l'intérêt des Européens de ne pas prendre de mesure de rétorsion telles que des hausses de droits de douane », estime ainsi Nicolas Goetzmann, chef économiste de la Financière de la Cité. « Acheter du GNL et des armes aux Etats-Unis, cela va aider politiquement. Mais il s'agit d'un ajustement à la marge. Cela ne va pas permettre de corriger le déséquilibre structurel des balances commerciales entre les deux zones qui est d'abord dû à un manque de demande intérieure dans la zone euro », poursuit-il. Pour lui, « ce rééquilibrage des balances commerciales voulu par les Américains passe nécessairement par une hausse de la demande intérieure européenne et pourrait passer par une baisse des taux d'intérêt pour relancer la machine économique. Réagir à Trump de cette manière est dans notre intérêt. Cela permettrait de commencer à répondre à la crise du pouvoir d'achat et de redonner de l'oxygène à nos entreprises ».

By |2024-12-02T17:58:18+00:00December 2nd, 2024|Scoop.it|0 Comments