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A la diète, le secteur du Web3 attend la prochaine vague

C'est la gueule de bois dans les start-up du Web3. De façon encore plus marquée que dans la tech en général, et même la fintech, le secteur crypto, affronte un net reflux des investissements en capital-risque depuis six mois. La méfiance des fonds de capital-risque (VC) à l'égard de ce secteur incertain avait pris forme au lendemain du crash de la plateforme FTX fin 2022, elle n'a cessé de s'accentuer. Au premier semestre 2023, les jeunes pousses du Web3 (blockchain, cryptos, tokens, NFT…) ont levé 78 % de capitaux en moins auprès des VC que l'année d'avant à la même période, selon RootData. Soit 4,43 milliards de dollars de janvier à juin 2023, contre 20,19 milliards au premier semestre 2022 et 20,33 milliards au second semestre. Le nombre de tours a lui aussi décru : 611 mi-2023 contre plus de 1.000 six mois plus tôt. Indicateurs contrastés Quelques indicateurs laissaient penser que le soutien au secteur crypto pouvait se maintenir en 2023. D'abord, le bitcoin (qui donne le « la » dans l'industrie) a repris 85 % de sa valeur depuis janvier ; de plus, la reine des cryptos est tombée à son plus faible niveau de corrélation avec l'indice technologique boursier Nasdaq (3 %, contre 60 % en janvier, selon Kaiko). Ensuite, plusieurs places (Union européenne,Royaume-Uni , Hong Kong) ont clarifié leurs règles et cherchent à séduire les acteurs du Web3. Mais l'environnement macroéconomique, marqué par l'inflation et la hausse des taux , n'a, lui, pas changé et continue de refroidir les fonds de capital-risque. La chasse aux sorcières de la SEC (le gendarme américain de la Bourse) contre la crypto s'ajoute à l'incertitude. « Si elle décide que certaines cryptos doivent être des titres financiers, cela influencera le marché mondial, y compris l'Union européenne, malgré son règlement MiCA », souffle Zohair Dehnadi, associé fondateur du fonds allemand XVentures, rencontré au sommet Proof of Talk Paris. LIRE AUSSI : ANALYSE - Start-up : la fin d'un cycle ? DECRYPTAGE - La finance traditionnelle passe à l'offensive dans la crypto En France, où l'on se félicite d'avoir une visibilité réglementaire depuis la loi Pacte de 2019 (dont s'est inspirée MiCA), les fonds de capital-risque Web3 ont participé à deux fois moins de levées au premier semestre 2023 qu'à la même période en 2022, estime Ivan de Lastours, responsable blockchain et crypto chez Bpifrance, pour 130 millions d'euros injectés contre 250 millions. « Le Web3, c'est un peu comme le marketing, c'est le premier budget qu'on coupe », compare-t-il. Tokenisation XAnge, qui a annoncé un véhicule Web3 (Digital Ownership) de 80 millions d'euros en 2022, pense que c'est le moment de se positionner, y compris d'investir en token et pas seulement en equity. Il a obtenu en juin une extension d'agrément auprès de l'Autorité des marchés financiers pour consacrer 10 à 30 % des fonds en jetons dès septembre. Les secteurs porteurs : la blockchain et la finance décentralisée. Bref, des sujets toujours très techniques. « Ce qui manque, ce sont des protocoles Web3 qui ont une utilité, dans le stockage, par exemple, ou les télécoms », pointe Luc Jodet, associé chez XAnge. Trop jeunes, ils ne génèrent pas assez de volumes et de revenus. D'autres fonds chercheraient à se positionner sur les tokens, dont Cathay Innovation et Aglaé (family office de Bernard Arnault, propriétaire des « Echos »), qui ont tous deux déjà annoncé des enveloppes de 100 millions d'euros pour le Web3. Eurazeo et Alven se pencheraient eux aussi sur la question. La perspective est de surfer sur la tokenisation d'actifs réels (immobilier, art, vin, identité…), vue en coulisses comme la prochaine vague. Une évolution technique du bitcoin (« halving ») mi-2024 augmentera mécaniquement sa valeur. D'aucuns espèrent que l'histoire bégaie et qu'il entraîne les tokens vers les cieux.

By |2023-07-07T07:49:38+00:00July 7th, 2023|Scoop.it|0 Comments

A peine posés, les réseaux de fibre optique nécessitent des milliards d’investissements

Avec le réchauffement climatique, les réseaux télécoms ont aussi de plus en plus chaud. L'an dernier, l'incendie du massif des Maures (Var) a calciné 71 kilomètres de fibre optique qu'il a fallu remplacer. Les vents violents et les inondations emportent eux aussi chaque année des longueurs et des longueurs du fil de verre devenu la technologie privilégiée des Français pour leur accès fixe à Internet. Alors même que le secteur se débat depuis des mois avec des malfaçons responsables de pannes en série sur ces mêmes réseaux très haut débit, la question de la résilience des infrastructures occupe tout autant la filière des télécoms. Dix ans après le lancement du plan France Très Haut Débit pour 36 milliards d'euros d'investissements publics et privés, des voix s'élèvent pour un effort financier supplémentaire. Une résilience « moyennement satisfaisante » Pour aller vite dans le déploiement de la fibre, la France avait choisi de faire courir les câbles de fibres optiques sur les poteaux téléphoniques vulnérables aux aléas. Il est maintenant question d'enterrer ces mêmes câbles. « Les polémiques sur la qualité des raccordements ne doivent pas masquer l'importance du sujet de fond qu'est la résilience des réseaux », expliquait Victor Denouvion, le président de Haute-Garonne Numérique, lors d'une conférence organisée mardi 4 juillet par InfraNum, la fédération représentant la filière. Mandaté par InfraNum, le cabinet Tactis y a présenté une étude évaluant le coût du chantier de la résilience des réseaux. Le résultat est cohérent avec l'estimation à la louche (10 milliards d'euros) déjà évoquée l'an dernier. La qualité des réseaux en matière de résilience est estimée « moyennement satisfaisante ». Trois scénarios, des risques locaux Selon les scénarios, la facture se situerait entre 7 et 17 milliards d'euros. De très loin, l'enfouissement des réseaux est le plus cher. Mais il s'agit aussi de déplacer des installations situées à proximité de portions routières accidentogènes - un à deux « points de mutualisation » sont endommagés par la perte de contrôle d'un véhicule chaque année - ou des noeuds de raccordement optique situés en zones inondables. LIRE AUSSI : Fibre optique : l'Arcep désigne les réseaux les plus mal conçus de France Le scénario « plancher » permettrait d'enfouir les plus gros câbles de fibre optique en inter-bourg, c'est-à-dire entre deux communes ou localités non urbaines. Le scénario dit « ambitieux » prévoit l'enfouissement de l'ensemble des câbles en forêt et d'une partie d'entre eux en inter-bourg. Mais les risques variant beaucoup selon la météo et la topographie locale, tous les départements n'auront pas la même charge à financer.

By |2023-07-07T07:48:02+00:00July 7th, 2023|Scoop.it|0 Comments

Usbek & Rica – À Hong Kong, les collégiens suivront des cours d’intelligence artificielle à partir de la rentrée

Dès la rentrée prochaine, les élèves hongkongais âgés de 12 à 15 ans prendront des cours d’intelligence artificielle (IA). Au programme, les adolescents apprendront à guider une IA générative pour lui faire résoudre des problèmes, et à entraîner les machines à analyser les images dans un but précis. Les enjeux éthiques liés aux impacts sociaux des IA seront également abordés. L’objectif : que les collégiens comprennent à la fois les bases de fonctionnement et le potentiel des IA, mais aussi et surtout les dérives potentielles dont elles peuvent faire l’objet.  Pas moins de 450 écoles publiques sont concernées par cette formation de 14 heures mise en place par les autorités locales du pays. D’ici septembre, le gouvernement multipliera les formations pour mettre les enseignants à niveau.

By |2023-07-05T12:36:16+00:00July 5th, 2023|Scoop.it|0 Comments

Usbek & Rica – Pourquoi les jeunes se détournent de l’alcool

Pablo Maillé - 3 juillet 2023 Lorsque Champ lui demande de revenir sur « la première fois qu’il a bu », le personnage de BoJack balaie d’un revers de main la question : « Quand n’était-ce pas la première fois que j’ai bu ? » Les rires que l’on entend autour de lui n’émanent pas d’une bande de potes éméchés, mais d’un groupe d’anciens addicts désormais « sur la route de la sobriété ». Et si la séquence fait temporairement travailler les muscles zygomatiques de ses spectateurs, ce n’est que pour mieux souligner la gravité du sujet. À LIRE AUSSI : Ils ont arrêté (ou réduit) l’alcool : « Je suis dans le contrôle de moi-même » (2/3) Cette scène de BoJack Horseman, série animée Netflix à succès en forme de portrait grinçant d’une ancienne star de télévision, s’inscrit dans un épisode (S06,E01) tout entier dédié à la délicate prise de conscience, par le protagoniste lui-même, de son addiction. Questions introspectives tournées en dérision, déni vis-à-vis d’un passé traumatique, vannes agressives envoyées à la figure de ses partenaires… « A Horse Walks into a Rehab » dépeint avec finesse les différents mécanismes de défense employés par BoJack pour éviter de se confronter à son trouble. Jusqu’à sa rédemption, qui se déroulera pas à pas au fil de la saison, grâce à plusieurs sessions thérapeutiques et aux conseils avisés du docteur Champ. Extrait de la série BoJack Horseman © Netflix Shameless, Euphoria, Mom, Flaked… De fait, BoJack Horseman est loin d’être un cas isolé. Les séries contemporaines traitant frontalement des périls et des risques liés à la consommation d’alcool – et plus seulement de son effet euphorisant – se multiplient. Symbole parmi d’autres de ce changement de paradigme, même le récent sequel de Sex and the City tente de corriger le tir de sa glorification d’antan des boissons alcoolisées, en faisant de l’addiction de Miranda une intrigue de premier plan. Baisse « significative » Signe que les temps changent ? De l’autre côté de l’écran, en tout cas, les chiffres montrent une baisse significative de la consommation d’alcool chez les jeunes générations occidentales. Notamment en France où de plus en plus d’adolescents assument haut et fort ne pas goûter aux plaisirs de la boisson. De là à parler de révolution culturelle, il n’y a qu’un pas que les commentateurs les plus téméraires ont déjà osé franchir. Mais quelle réalité recouvre vraiment ce phénomène ? Entre facteurs contextuels et transformations durables, comment expliquer cette chute ? Surtout, est-il réaliste d’envisager un avenir où les générations futures se passeraient totalement de l’alcool ? Le vin, alcool en chute libre mais toujours romantisé En France, de 128 litres par an et par personne en moyenne en 1960, la consommation de vin est tombée à 36 litres en 2018. Chez les 25–35 ans, le vin n’occupe même « que » 27 % des parts de marché, contre 32 % pour la bière. Au grand dam des professionnels… mais aussi du gouvernement, fervent défenseur de la filière. En 2019, le ministre de l’Agriculture de l’époque, Didier Guillaume, assurait notamment que « le vin n’est pas un alcool comme les autres ». Selon l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), un verre de vin ou de champagne de 10 cl contient pourtant autant d’alcool qu’un verre de Porto de 6 cl, un demi de bière de 25 cl, ou encore un verre de whisky de 3 cl. Pour se faire une idée précise du tableau général dans l’Hexagone, les spécialistes du sujet se réfèrent généralement à l’enquête ESCAPAD (pour « Enquête sur la Santé et les Consommations lors de l’Appel de Préparation À la Défense »).   Comme son nom l’indique, celle-ci est menée depuis les années 2000 par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) auprès de 22 000 jeunes pendant leur rituelle Journée défense et citoyenneté, soit autour de 17 ans.   La dernière version disponible, datée de mars 2022, souligne bel et bien une « augmentation significative de la part d’adolescents n’ayant jamais bu d’alcool au cours de leur vie » ces quinze dernières années, celle-ci étant passée de 4,4 % en 2002 à 14,4 % en 2017. Dans le détail, l’OFDT fait notamment valoir que cette hausse s’est « logiquement accompagnée » d’une élévation de l’âge moyen d’expérimentation (passé de 13,3 ans en 2000 à 14,3 ans en 2017), mais aussi d’un recul des usages occasionnels ainsi que d’une chute la proportion d’ados n’ayant pas bu du tout durant le mois précédant l’enquête (33,6 % en 2017 contre 20,8 % en 2000). Même si, « avec près de 4 millions d’expérimentateurs avant l’âge légal d’accès, les boissons alcoolisées demeurent à ce jour les substances les plus répandues à l’adolescence (…) cette tendance s’inscrit dans un cadre plus large de baisse continue des usages d’alcool [et en particulier du vin, voire notre encadré] chez les adultes depuis maintenant deux décennies », résume l’organisme publ

By |2023-07-05T12:33:12+00:00July 5th, 2023|Scoop.it|0 Comments

La Corée, nouvelle terre promise de la beauté

Cela s'appelle une « routine ». Chaque matin et soir, la Coréenne en respecte scrupuleusement dix étapes. Dans l'ordre, elle applique démaquillant, nettoyant, exfoliant, lotion tonique, essence, sérum, masque, crème pour les yeux, crème pour le visage et enfin protecteur solaire. Elle passera plus d'une heure devant son miroir sans même compter le temps du maquillage. Tel est le prix pour s'assurer d'être belle et irréprochable. A l'inverse de l'extravagance américaine, la beauté coréenne vise à la perfection non seulement physique, mais aussi morale. Cet idéal est propre aux sociétés confucéennes qui prônent le dépassement de soi, la rigueur du travail, en somme « un stakhanovisme de la beauté », résume Eric Briones, spécialiste du luxe. Pour cela : une peau sans défaut, des paupières larges, un visage ovale, le modèle de beauté coréen doit être homogène et uniforme. L'objectif reste de ne surtout pas verser dans l'originalité, au risque de paraître vulgaire. Le « nude », tendance maquillage du teint au naturel, prend d'ailleurs ses racines en Corée. Les femmes, mais aussi les hommes Ici, il est impensable de sortir de chez soi sans être parfaitement apprêté au risque de subir l'opprobre de ses amis et collègues. Il s'agit d'abord de se démarquer socialement. L'apparence est un moyen de se distinguer dans un pays marqué par les inégalités sociales, comme l'a brillamment montré le film « Parasite », du réalisateur Bong Joon-ho. Elle est aussi un atout essentiel à l'embauche dans un marché du travail tendu. « La concurrence est rude, les places sont chères, les Coréennes misent donc sur l'apparence physique », signale Sylvie Octobre, auteure de « K-pop, soft power et culture globale ». LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Le business de la beauté, un eldorado ? K-Pop, série, tech… Les 7 piliers du « soft power » sud-coréen « Pour les femmes, cet idéal est un nouveau modèle de féminité, pour les hommes, il constitue une référence aux éphèbes grecs », estime Vincenzo Cicchelli, coauteur de l'ouvrage. Car dans cet essor des cosmétiques, les hommes ne sont pas en reste : 20 % des produits de beauté masculins vendus dans le monde le sont en Corée. Cela fait des hommes coréens les premiers consommateurs au monde de cosmétiques. Vague Hallyu Cette obsession de la beauté et de l'apparence que nourrissent les Coréens se retrouve dans la sphère culturelle. La vague Hallyu a fait émerger des modèles venant tout droit des stars de la K-pop, tel que le groupe Blackpink aux 86 millions d'abonnés YouTube ou des acteurs de K-drama, ces séries à l'eau de rose que l'on voit fleurir sur les plateformes de streaming. La vague Hallyu L'engouement autour de la culture coréenne. Elle couvre à la fois la musique avec la K-pop, les séries avec les K-drama mais aussi les cosmétiques avec la K-beauty. Dans ces séries, les promotions des produits de beauté s'enchaînent à l'écran. Lorsque les personnages féminins vont prendre un verre d'alcool, elles n'oublient pas leur brumisateur pour pouvoir se réhydrater le visage. Même chose pour les personnages masculins. Dans la série « Descendents of the Sun », des soldats d'une base militaire sont surpris en train de s'étaler un masque pour le visage la veille de leur permission. Un miroir connecté Depuis une dizaine d'années, les marques se délectent de cet Hallyu de la beauté. Selon Global Data, les ventes de produits de maquillage en Corée du Sud vont augmenter de 5,5 % chaque année jusqu'en 2026. Le marché devrait donc atteindre2, 8 milliards de wons - soit 2,5 milliards de dollars. LIRE AUSSI : A VivaTech, les start-up coréennes en pleine ascension Sur l'imposant stand coréen de VivaTech 2023, un objet attire l'attention : Icon.ai, un miroir connecté présenté par son fondateur, James Shin. Il y a quelques années, sa fille de 13 ans lui a donné l'idée de ce miroir multitâche. Non seulement il livre une analyse détaillée de la qualité de la peau, mais diffuse également de la musique et donne la météo. James Shin veut aujourd'hui exporter son produit à l'étranger. Des marques dépassées Sur le marché coréen, plus de 2.000 marques de cosmétiques coexistent. « Mais malgré quelques percées de marques coréennes comme Laneige ou Erborian, paradoxalement ce ne sont pas les marques nationales qui bénéficient le plus de cette passion pour les cosmétiques », explique Eric Briones. Les grandes gagnantes sont les entreprises occidentales notamment françaises. Partenariat entre le géant coréen Amore Pacific et Christian Dior en 2015, lancement à Séoul de la ligne de maquillage pour hommes de Chanel ou encore rachat de la marque de maquillage Stylenanda par L'Oréal en 2018, les marques occidentales courtisent également les égéries locales. Lisa des Blackpink est désormais la star du canadien MAC Cosmetics tandis que Dior (qui appartient comme « Les Echos » à LVMH) a choisi Jimin du groupe coréen BTS comme égérie mondiale. Grâce à TikTok, ces stars communiquent sur les nouvelles tendances qui se succèdent : du « layering perfume » au « skin fooding » en passant par la « quiet luxury beauty ». « Mais cet enchaînement effréné de tendance n'écarte pas le risque d'une montée de la concurrence étrangère et donc d'une perte de vitesse de la K-beauty », estime Eric Briones. En Asie, d'autres pays se développent sur le marché. Les investisseurs sont notamment tournés vers l'Inde, qui pourrait devenir le futur terrain de jeu de la beauté mondiale.

By |2023-07-05T09:04:06+00:00July 5th, 2023|Scoop.it|0 Comments

Le Rwanda, futur sous-traitant des demandeurs d’asile en Europe ?

es premiers logements étaient prêts. De petites maisons agrémentées d'un carré de pelouse et proprement alignées, ont été construites au sommet d'une des innombrables collines de Kigali, à l'ouest de la ville. Derrière la palissade, les ouvriers continuent de s'affairer sur un ensemble d'appartements, les pelleteuses creusent la terre rouge pour y installer d'autres bâtiments. Un panneau indique « Bwiza Riverside Estate », qui sera une cité de 2 500 logements agrémentée d'espaces communs. Rien ne le précise, mais ce chantier dans la capitale rwandaise n'est pas celui d'une banale résidence. Il était prévu pour accueillir des demandeurs d'asile envoyés par le Royaume-Uni. Londres avait conclu un partenariat avec le Rwanda, en avril 2022, pour « externaliser » ses demandes d'asile et

By |2023-07-04T21:58:08+00:00July 4th, 2023|Scoop.it|0 Comments

Quelles institutions culturelles se sont lancées dans le Web3 ?

Dans une étude, Metaseum revient sur 57 projets Web3 menés par des institutions culturelles de 2020 à 2023. Pour la plupart, l’objectif était d’explorer les opportunités de ce web décentralisé et d’interagir avec la communauté. Dans son étude, Metaseum, entreprise spécialisée dans le Web3 et la culture, recense 57 projets d’institutions culturelles qui se sont lancées dans le Web3 (1 projet en 2020, 11 projets en 2021, 28 projets en 2022 et 17 projets en 2023). Elle distingue trois types de projets : les NFT, les métavers et les expériences immersives en réalité virtuelle. Une sélection à prendre néanmoins avec des pincettes, puisque certains projets ne sont pas décentralisés et ne peuvent donc pas être considérés comme faisant partie du Web3. Les projets NFT Les institutions culturelles utilisent les NFT à partir de leur propre collection afin de restaurer leurs œuvres d’art (comme le Museum of Fine Arts de Boston) ou pour agrandir leurs communautés (comme le Leopold Museum à Vienne). Certains lieux, comme le centre Pompidou, font directement l’acquisition d’œuvres numériques d’artistes connus dans le milieu des NFT. Metaseum note que pour la plupart des ventes, les intéressés n’étaient pas toujours obligés de payer en cryptomonnaies. Ils pouvaient régler en carte bancaire. La première initiative recensée par l’étude est celle de la Galerie des Offices, à Florence, qui vendu le Tondo Doni (1504-1506) de Michel-Ange sous forme de NFT pour la somme de 240 000 euros en mai 2021. HENI a lancé la collection NFT The Great Expectations contenant 10 000 œuvres d’art uniques réalisées par Damien Hirst. Les NFT ont été distribués aux détenteurs de The Currency, la première collection de NFT de Damien Hirst. Du 23 novembre 2021 au 6 février 2022, Le Museo della Permanente a exposé la plus grande collection d’oeuvres NFT lors de l’exposition «2121» à Milan. Il fut le premier grand projet d’exposition consacré au Crypto Art. Le 14 février 2022, pour le jour de la Saint-Valentin, le musée du Belvédère situé à Vienne a mis en vente 10 000 NFT du chef-d’œuvre historique Le Baiser de Gustav Klimt. Le Centre Pompidou-Metz a été le premier musée français à exposer une œuvre NFT en juin 2022. L’artiste turc Refik Anadol a présenté l’installation immersive Machine Hallucinations – Nature Dreams. Le Centre Pompidou de Paris a quant à lui fait l’acquisition de deux NFT début 2023. Dans le cadre de l’exposition Venise Révélée, le Grand Palais Immersif donnait la possibilité aux visiteurs de choisir une séquence vidéo NFT individuelle pour prolonger leur expérience au-delà de l’exposition avec un objet personnalisé et inédit. Un souvenir numérique proposé à la fin de l’exposition, en janvier 2023. Les projets métavers Le musée Dezentral est un musée décentralisé créé en 2021 dans le métavers dans lequel les utilisateurs peuvent contempler 222 œuvres sous forme de NFT dans onze salles différentes. Chaque propriétaire d’un cadre peut exposer son œuvre virtuelle et la vendre. Lancé en 2022, The African Museum of the Metaverse est l’un des premiers musées multi-métavers au monde. Les utilisateurs peuvent explorer l’art africain dans deux emplacements virtuels différents dans le métavers Somnium. Ses créateurs ont également investi d’autres plateformes, telles que Decentraland et Voxels. L’artiste JR a créé JR Reality en mai 2022, une plateforme interactive qui permet à chacun de faire la chronique de sa ville en attachant un portrait ou un souvenir personnel à un lieu particulier, laissant derrière lui un souvenir numérique que d’autres découvriront dans les années à venir. La Galerie nationale de Finlande a été le premier musée finlandais à ouvrir un espace d’exposition virtuelle gratuit dans le métavers en octobre 2022. Plus de 50 millions de personnes ont visité l’exposition universelle. Dans l’espace virtuel du musée, les utilisateurs pouvaient créer leur propre avatar et découvrir les œuvres de la collection de la Galerie nationale de Finlande. ArtMeta s’est associé à Tezos pour construire le premier musée d’art contemporain dans le métavers en janvier 2023. Les visiteurs peuvent acheter des œuvres d’art sous forme de NFT directement auprès de galeries d’art et d’artistes de renommé mondiale. La célèbre maison de vente aux enchères internationale Sotheby’s a lancé en octobre 2021 le Sotheby’s Metaverse puis une place de marché secondaire dédiée aux NFT en 2023, permettant aux artistes de vendre leurs œuvres d’art numériques directement aux collectionneurs. Les expériences immersives Metaseum met en lumière plusieurs projets créés par la société Emissive, « Éternelle Notre-Dame » qui sera proposé sur le parvis de la Cathédrale et « L’Horizon de Khéops », proposé à l’Institut du Monde Arable en 2022. Ces deux expériences proposent d’immerger les visiteurs pendant 45 minutes par le biais de la réalité virtuelle. Emissive a également travaillé avec la Fondation Louis Vuitton afin de développer une expérience inédite en réalité virtuelle autour du bâtiment de la Fondation. En mai 2023, Real Illusions, plateforme spécialisée dans le domaine de la réalité augmentée, a annoncé un nouveau partenariat avec le Musée subaquatique de Marseille. L’expérience propose de découvrir la biodiversité marine et de contempler 10 sculptures en ciment marin d’artistes de renommée internationale.

By |2023-07-04T21:57:37+00:00July 4th, 2023|Scoop.it|0 Comments

A Crypto Micronation’s Future Hangs on a Border Dispute

IT’S A MAKE-OR-BREAK moment for Liberland. In January, neighboring Croatia joined the Schengen Area, a zone of open borders and free travel that spans most of Europe. In the past, entering Liberland from Serbia or down the river from Hungary meant illegally crossing the Croatian border. But now, although crossing from non-Schengen Serbia remains illegal, there is no border control between Croatia and Hungary, creating shakier legal ground, says Jedlička, for the arrest of settlers that travel by this route. (The Croatian Ministry for Foreign Affairs did not respond to a request for comment.) Since Croatia’s entrance into Schengen, settlers have managed to occupy Liberland territory for more than a month for the first time, Jedlička claims, building a small house in the process. He calls this a “great success,” after eight years of impasse. “We are using this opportunity to prepare for permanent settlement. We have finished our homework. I don’t think there is any way we could fail. The question is only how fast things will grow. I don’t even consider the other option.” As Liberty and the convoy of Liberland boats made their way along the river, the first police boat fell away, passing the baton to the next patrol stationed up the line. Jedlička was unperturbed: “They’re our security escort,” he joked. But in reality, they are there to stop anyone from making landfall on Liberland, irrespective of the Schengen loophole. The police relay went on until, a couple of hours later, the Liberty crossed into Liberland waters, marked by a green buoy in the center of the river. Liberland itself is mostly verdant forest, the roots of which spill into the river, but at its edge floats a small island with white sandy beaches. The plan was to moor close to Liberland and—if possible—for a more agile craft to deposit a smaller group of brave Liberlandians on the shore. But anticipating trouble on the anniversary weekend, the Croatian police had laid on additional manpower. Multiple police boats patrolled the waters and foot patrols were stationed at intervals along the beach, ready to scoop up interlopers. Jedlička gave them a wave, to an unsmiling response. Shooed away, the Liberty parked up on the opposite riverbank, on the Serbian side, just outside Liberland territory. Its passengers disembarked on a makeshift ramp made of planks and a ladder. The others had already arrived. “You haven’t been arrested yet?” said Štern-Vukotić. “Well, the day is still young.” In spite of the police presence, the scene was a happy one; it was easy to forget, temporarily, the strangeness of the situation. Davide’s twins had built a fire on the bank and were toasting food on sticks. On the middle deck of Liberty, meats were barbecued and served with salads and bread. Liberland-branded wine, made from local grapes, was passed around. After people finished eating, Jedlička called for attention. It was time to award the newest citizens their Liberland passports. The group applauded and hollered as the passports were handed over and presidential handshakes accepted, and broke into a chorus of “Lib, lib, lib, lib, lib, lib!”—a chant that came out whenever there was cause for celebration. For the next month, Liberty remained parked on the opposite side of the river to Liberland, with someone stationed aboard to provide support for the settlers coming down the river from Hungary, and to relay Wi-Fi to any that managed to make camp inland. The rest of the party returned to Apatin on the other boats, but not before another go at setting foot on Liberland. A small craft attempted the crossing, but a police boat shepherded it away from the shore, whipping water into the hull with sharp turns. On this occasion, the would-be settlers were easily repelled. ON THE BOAT ride home, wrapped in a blanket to shelter from the wind, Rubio, the ex-pastor, sat ruminating. For all the celebrations, the weekend had left him worried about the future of Liberland. “Where are all the followers?” he asked. It was a fair observation. Of the 70 to 80 people at the anniversary, few were not directly affiliated with the Liberland government. Once the president and his cabinet, the delegates, and the speakers were counted, Rubio was one of only a few “followers” that had made the journey. By Jedlička’s reckoning, only 300 or so people have ever set foot on Liberland soil. Part of the problem is the emphasis on crypto, Rubio believes, which threatens to alienate those for whom Liberland is primarily a political endeavor. “I found the idea of Liberland attractive—the romantic idea of freedom and living in peace. But they are centering the message in technology,” said Rubio. “It’s part of the bones, the skeleton—but you need the heart.” If Jedlička aims to attract the support of libertarians, said Rubio, he should be preaching the new country’s values openly on social media. Nation-building requires activism, after all, and a careful topping-up of momentum. But Liberland, like crypto projects before it, may not be able to count on its founder to carry it forward forever. Although Jedlička has promised to dedicate his full energy to Liberland at least until “things are really on track,” he has grander ambitions. “I’m quite excited about space exploration,” he said, “and the area of longevity.” “I think Liberland would already survive without me. But of course it would lose momentum,” Jedlička continued. “I will do my best to make sure that Liberland gets internationally recognized first.” As the boats headed back through Serbian waters, they passed the ruin of a larger boat, abandoned near the mouth of the Apatin marina. The fallen vessel, also owned by the Liberlandians, had caught fire, sunk, and been sold for scrap. The wreckage listed to the side, the lower deck almost fully submerged. Rubio gestured to the wreck: “I hope this is not a premonition for Liberland.”

By |2023-07-04T21:19:47+00:00July 4th, 2023|Scoop.it|0 Comments

Start-up : la fin d’un cycle ?

Après plus de deux années d'euphorie, le monde des start-up arrive à la fin d'un cycle : celui de l'argent « pas cher », voire « gratuit ». Fini les levées de fonds de plusieurs centaines de millions d'euros et les valorisations record. Au premier trimestre 2023, le montant total levé par les start-up au niveau mondial a baissé de 53 % par rapport à la même période l'année précédente, pour atteindre 76 milliards de dollars, d'après le site spécialisé Crunchbase. Le nombre de nouvelles licornes est aussi en chute : elles étaient 10 à avoir rejoint ce club en mai dernier, contre 34 en mai 2022. C'est aussi la fin d'un autre cycle : celui des logiciels sous abonnement pour entreprises (les « SaaS » dans le jargon) et des places de marché. Pendant plus de dix ans, ces modèles ont explosé et ont fait partie des thèses d'investissement de la majorité des fonds de capital-risque de la planète. Des solutions trop de niche D'un côté, cet afflux d'argent a fait naître des succès mondiaux comme la messagerie collaborative Slack, le spécialiste de la signature électronique Docusign ou encore Figma, outil à destination des designers, racheté récemment par Adobe pour 20 milliards de dollars. LIRE AUSSI : Ces trois nouvelles tendances à l'oeuvre dans la French Tech OPINION - La French Tech va très bien, merci De l'autre, il a participé à la multiplication de solutions de niche. Très niche. Avec la crise, les entreprises doivent couper leurs budgets et arrêter d'utiliser des outils non essentiels, qui ne leur font pas vraiment gagner d'argent ou du temps. « En 2021, on voyait des entrepreneurs se lancer sans juger la taille du marché adressable et avec des boîtes sans grande utilité », se souvient Marc Menasé, fondateur du fonds de capital-risque Founders Future. Les logiciels sous abonnement ne vont pas disparaître non plus. La preuve avec la nouvelle vague de logiciels basés sur l'intelligence artificielle mais aussi des segments encore sous-exploités. « Il reste encore tout à faire dans le domaine des places de marché BtoB [business to business, NDLR]. Le monde des PME est progressivement en train de se déporter en ligne. Par exemple, l'activité de ManoMano dans le BtoB est colossale », souligne Marc Menasé. LIRE AUSSI : ENQUÊTE - Meero, l'archétype des hauts et des bas de la French Tech Le célèbre site de décoration a créé en 2019 une plateforme dédiée aux professionnels en France (achat de matériel et rénovation) qu'elle a ensuite déployée dans plusieurs pays européens. Selon la licorne française, trois ans après son lancement dans l'Hexagone, un professionnel de la construction sur quatre s'est inscrit sur le site. Place aux start-up industrielles Mais d'autres types de start-up sont en train d'émerger, notamment dans l'industrie. En début d'année, Emmanuel Macron a fixé l'objectif de 100 sites industriels issus de la French Tech et six mois plus tard, à l'occasion de VivaTech, il a révélé le French Tech 2030, un programme d'accompagnement financier et extra-financier d'acteurs en ligne avec les objectifs de France 2030. « Tout ça va ruisseler vers une politique d'investissement industriel 3.0. C'est grâce à cela qu'on aura un leadership mondial », note Marc Menasé. LIRE AUSSI : OPINION - Marketplaces : trop de choix tue le choix OPINION - Réinventons la marketplace de demain ! Les deeptechs, ces start-up qui développent des technologies disruptives (quantique, cybersécurité, spatial…), séduisent de plus en plus les investisseurs, majoritairement des spécialistes. Les fonds de capital-risque préfèrent encore les modèles sous abonnement, qui donnent lieu à des revenus récurrents et une perspective de rentabilité rapide. Les deeptechs, elles, nécessitent beaucoup de capitaux pour investir en R&D et le retour sur investissement est assez long. « Si une deeptech présente des perspectives financières considérables, elle sera financée par des VC [fonds de capital-risque, NDLR] audacieux, qui sont une autre espèce que les fonds suiveurs qui prennent un peu moins de risques », estime Etienne Krieger, entrepreneur et professeur affilié au Centre entrepreneuriat et innovation d'HEC Paris. L'espoir des greentechs Pour changer la donne, ces start-up peuvent compter sur Bpifrance, qui a lancé un plan deeptech en 2019 et a investi 1,1 milliard d'euros dans ces jeunes pousses en trois ans. Sans compter une poche de 1,2 milliard d'euros qui a atterri dans les fonds de capital-risque. « La filière deeptech française continue de prospérer dans cette période assez sportive », assure Etienne Krieger. LIRE AUSSI : Contre vents et marées, la deeptech française accélère CHRONIQUE - Comment multiplier les deeptechs françaises Depuis le début de l'année, les levées de fonds à deux chiffres ou plus se sont multipliées, comme celle du spécialiste du quantique Pasqal (100 millions d'euros) ou encore d'Exotrail (53 millions), jeune société qui conçoit des systèmes de propulsion électrique miniaturisés pour les petits satellites. « Il ne faut pas sous-estimer le talent nécessaire pour que des équipes de développeurs, de designers et de marketeurs fassent de leurs solutions un succès », indique Etienne Krieger. Sans oublier les chercheurs. En début d'année, le gouvernement a annoncé mobiliser 500 millions d'euros pour pousser les chercheurs à lancer des deeptechs. Autre tendance de fond : la greentech, l'écosystème de start-up qui oeuvre pour la transition énergétique. « C'est exceptionnel ce qui se passe en Europe. Les sujets autour du climat et de la rénovation énergétique seront les plus belles opportunités des dix prochaines années. Je crois beaucoup qu'on peut créer des vrais champions sur ces thématiques », prédit Marc Menasé, qui a commencé à investir sur l'optimisation de l'énergie ou encore l'équipement prise de recharge électrique. En 2022, c'est l'un des rares segments de la tech qui a continué à croître en termes de levées de fonds.

By |2023-07-04T17:11:59+00:00July 4th, 2023|Scoop.it|0 Comments

Jean-Charles Naouri, la chute d’un surdoué

Comme chez Dumas, dans le monde des affaires les trois mousquetaires se seraient comptés quatre si la fichue dette de Casino n'avait empêché Jean-Charles Naouri de rejoindre Bernard Arnault, François Pinault et Vincent Bolloré au panthéon des milliardaires qui ont construit leur fortune à partir de rien ou presque. Le PDG de Casino a fait preuve de talent, de vision et de détermination. La crise que traverse l'entreprise n'en mène pas moins à sa perte de contrôle, au profit soit de Daniel Kretinsky, soit du trio Zouari-Niel-Pigasse, soit du cartel des créanciers. Il a conquis l'Europe, l'Amérique du Sud et l'Asie et bâti en un quart de siècle un empire de la distribution fort de 200.000 salariés. Aujourd'hui, le dirigeant de 74 ans s'agace des portraits qui tournent à la nécrologie. Peur de tout perdre Solitude, modèles mathématiques qui n'ont pas résisté à la réalité, mauvaise conjoncture au Brésil, ingénierie financière poussée à ses limites : comme souvent, la recette de l'insuccès mêle un peu de chaque ingrédient. Un ancien cadre dirigeant se souvient. Dans les années 1990, quand le cours du distributeur valait 80 euros, « les propositions de prises de participation se multipliaient ». L'enfant de Bône, aujourd'hui Annaba, en Algérie, n'est jamais descendu sous la barre des 51 % qui sécurisaient son emprise. « Un réflexe de boutiquier », cingle un concurrent. « A côté, rappelle l'ancien fidèle, Bernard Arnault était l'actionnaire de référence de Carrefour avec 12 % du capital. » LIRE AUSSI : Casino : les prétendants dévoilent un peu plus leurs cartes L'instinct de propriété se double par nature de la peur de tout perdre. Jean-Charles Naouri a pris le contrôle de Casino en 1997 en défense d'une OPA que lançait Promodès. Il repoussera avec sécheresse, en 2018, l'approche d'Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour. Il se sent menacé. Le génie et les diplômes ont longtemps constitué la seule richesse du garçon que sa mère a élevé seule dans le sud de la France. A 14 ans, il termine premier du concours général de latin et de grec au lycée Périer de Marseille. Il monte à Louis-le-Grand en prépa, arrive premier au concours d'entrée à Normale Sup', section science, et bat au passage le record de points du mathématicien Henri Poincaré. Il sort docteur en mathématiques, étudie les finances publiques et l'économie à Harvard puis intègre l'ENA en 1974. Dans la botte, il rejoindra l'Inspection des finances. « Jean-Charles est l'homme le plus intelligent qu'il m'est arrivé de rencontrer », a confié à « L'Express » Louis Schweitzer, l'ancien patron de Renault. Le vent tourne au Brésil De sa formation, il garde le goût du calcul, des trois coups d'avance et une première inclination à la méfiance : l'ENA a surpondéré le sport dans son barème en cours d'année, ce qui l'a privé de la première place, dit la petite histoire. Mais le calcul et la méfiance provoquent parfois des arbitrages à contretemps. En 2016, un confrère du commerce non alimentaire cherche une issue de secours à une OPA incertaine. Il lui propose 1 milliard pour le rachat de Cdiscount. Le PDG de Casino s'étouffe : « C'est une plaisanterie. Ça vaut 2 milliards d'après mes projections de valorisation. » L'affaire ne se fait pas. Sept ans après, Cdiscount paraît promis à Fnac Darty dont Daniel Kretinsky détient 25 %. Le prix ne sera pas de 1 milliard… Jean-Charles Naouri fait mieux quand il cède ses filiales en Thaïlande, au Vietnam, à la Réunion, le champion du photovoltaïque GreenYellow et les murs de Monoprix à des multiples records pour un total de près de 10 milliards d'euros. Cela ne suffira pas. Le bateau Casino tangue depuis que le vent a tourné au Brésil qui constitue le deuxième pilier du groupe. La crise politique, morale et économique qui implique Lula et son successeur Dilma Rousseff enraye la cash machine tropicale. L'Ebitda de Grupo Pao de Açucar passera de 1,7 milliard d'euros en 2014 à 762 millions en 2018. La valeur des actifs plonge de 5 milliards à 800 millions. L'attaque de Muddy Waters qui suit savonne la planche de salut qu'aurait représenté un refinancement à bas coût. L'activiste Carson Block publie le 16 décembre 2015 une note baptisée : « Quand le génie échoue », dans laquelle il dénonce l'endettement du distributeur et la cascade de holdings qui en détient le contrôle. Ce que Jean-Charles Naouri qualifie à l'époquede « calomnie » entame la signature de Casino et relègue au second plan la vision du PDG axée sur le commerce de précision. Premium et proximité Le docteur en mathématiques calcule que la combinaison du vieillissement de la population et de la fin des courses du samedi en voiture dans les centres commerciaux de périphérie favorise le commerce de proximité, comme au Japon. Il mise tout sur Monoprix, Franprix qui tiennent 60 % de l'alimentation à Paris et les petits supermarchés Casino, Vival, Spar des campagnes. Il vend ses hypermarchés Géant et acte le premier la mort du concept roi des années 1970. Il croit au « premium » et affirme que « personne ne battra les prix de Lidl et Aldi dans le discount ». L'e-commerce avec Cdiscount complète le paysage du « new retail » qu'il dessine. « C'est un visionnaire », concède Moez-Alexandre Zouari, son ambitieux franchisé.  « La stratégie du pauvre » constitue toutefois une autre de ses faiblesse. Elle multipliera les ennemis. Car Casino s'est construit sur une succession de coups. Jean-Charles Naouri joue et rejoue l'histoire du chevalier blanc qui à la fin prend le contrôle de la citadelle. A la tête du fonds Euris, il vole ainsi en 1991 au secours de Jean Cam, qui a développé l'enseigne Rallye de Brest au Sud-Est, et se trouve à court de trésorerie. En 1992, la plus que centenaire institution de Saint-Etienne Casino, qui nourrit des ambitions mondiales aux Etats-Unis avec ses cafétérias et à Taïwan avec des supermarchés, fusionne avec Rallye qui lui apporte ses magasins en échange de 29 % du capital. Une excellente affaire pour Euris. Jean-Charles Naouri passera au-dessus des 50 % au gré de l'OPA hostile de Promodès en 1997, avec l'appui d'Antoine Guichard, héritier des fondateurs. Il devient distributeur. Ascenseur et « panic room » Casino grandit vite. L'année 1997 change son destin avec le rachat de Franprix et Leader Price au fondateur Jean Baud, auquel s'ajoute l'entrée au capital de Monoprix et de Grupo Pao de Açucar au Brésil. Jean-Charles Naouri a lancé des lignes auxquelles de gros poissons ont mordu. Il les ferrera des années plus tard. En échange de 21 % du capital, Casino aide au rachat de Prisunic par Monoprix. Il montera à près de 50 % en 2003, avec une option sur le solde du capital qu'il exercera en 2012. A Sao Paulo, Grupo Pao de Açucar (GPA) contrôlé par Abilio Diniz subit la crise du real. Casino acquiert une participation de 25,5 % pour 1 milliard de dollars. En 2005, le magnat brésilien veut plus pour acheter les murs de 60 hypermarchés dont les loyers assureront ses vieux jours. Il cède le contrôle futur à Casino contre 900 millions de dollars. Le call sera exercé en 2012. Les anciens associés n'assument pas de perdre la main. Philippe Houzé, l'ancien président de Monoprix, et Abilio Diniz ressassent leur rancoeur chez Carrefour dont ils sont devenus les premiers actionnaires. Devant les élèves de la FGV, l'HEC paulista, Abilio Diniz affirmera en 2017 qu'il a mal lu le contrat : « La plus grande erreur de ma vie ». La star des affaires au Brésil lancera même une opération Gamma de la dernière chance. Une OPA sur Pao de Açucar qu'appuient la BPI locale et Carrefour. La combine renforcera la conviction de « JCN » que des ennemis l'entourent. Au départ, je le prenais pour un financier. Au final, c'est un épicier Michel-Edouard Leclerc La détermination à se défendre qui l'anime derrière son visage un peu triste de Buster Keaton des affaires accentuera la mauvaise réputation de dur qui l'enveloppe au fil du temps. Jean-Charles Naouri ne lâche jamais rien. Le PDG enrôle communicants, banquiers et avocats à tour de bras. Il multiplie les procédures, y compris contre les journaux. L'avocate de Muddy Waters, Sophie Vermeille, affirme avoir été suivie. Ses téléphones disparaissent. L'analyste Fabienne Caron reçoit des menaces. Un faux journaliste questionne Carson Block. Rien ne prouve que le PDG de Casino ou son conseiller « sécurité » Alain Marsaud soient mêlés à ces barbouzeries. Elles écrivent néanmoins une légende noire. L'ascenseur qui relie son parking à son bureau comme la « panic room » qui le jouxte dans l'ancien siège de la rue de l'Université, à Paris, nourrissent le mythe. Depuis 2020, le dirigeant est l'objet d'une enquête du parquet national financier (PNF) pour « manipulation de cours en bande organisée, corruption privée active et passive » et « délit d'initié ». Elle l'a conduit en garde en vue le mois dernier au moment même où il négociait le destin de son groupe dans le cadre d'une procédure de conciliation, sans qu'il soit mis en examen. La volonté ne suffit pas Jean-Charles Naouri le répète, il n'a pas d'affect en affaires. « Quand je cherche un dirigeant je prends le meilleur du cheptel », explique-t-il dans un salon du Bristol. Il refuse à son fils Gabriel la présidence de Monoprix qu'il donne à Régis Schultz, l'ancien patron de Darty. Cela ne l'empêche pas de jeter un regard tendre à son aîné un jour d'inauguration de la livraison des Franprix parisiens par péniches, ni de chérir ses deux derniers, Emmanuelle et Mickaël auquel il lit Thucydide et que les professeurs trouvent aussi doué que son père. Jean-Charles Naouri a aussi des amis. Directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy aux Affaires sociales puis aux Finances de 1982 à 1986, il libéralise les marchés financiers : création du Matif, du Monep, des certificats de dépôts, des billets de trésorerie, des OAT et des produits dérivés. LIRE AUSSI : Les dix dates clés de la riche histoire de Casino Le retour de la droite en 1986 le poussera chez Rothschild, où il deviendra le premier associé qui n'est pas issu de la famille. C'est là qu'il créera Euris. Il refusera plus tard la présidence de Lazard pour des raisons philosophiques. Les banquiers, dont BNP Paribas, l'ont soutenu longtemps avec un mélange d'admiration et de reconnaissance pour celui qui a permis la création des fructueuses banques d'investissement. La finance ne sauvera pourtant pas Casino. Au final, c'est la dette qui a géré les magasins.

By |2023-07-04T17:09:40+00:00July 4th, 2023|Scoop.it|0 Comments