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Cargos à voiles : TOWT passe à la vitesse supérieure

Amarré au pied de l'Ecole nationale supérieure maritime du Havre (Seine-Maritime), « Anemos », le premier voilier cargo de TOWT a déjà déchargé sa cargaison, au retour de New York, après son premier voyage inaugural. Le temps de remplir à nouveau les soutes et le bateau reprendra sa traversée, dès cette semaine, pour rejoindre les Etats-Unis. Fondée en 2011 par Diana Mesa et Guillaume Le Grand, la compagnie TransOceanic Wind Transport (TOWT) compte déjà deux bateaux pour cinq liaisons transatlantiques entre, notamment, Le Havre, New York, Santa Marta (Colombie), Québec (Canada) ou Santos (Brésil). Avec l'« Anemos » - tout juste baptisé au Havre - et l'« Artemis » - en mer actuellement -, les goélettes peuvent transporter, sous forme de palettes, plus de 1.100 tonnes de marchandises. Atlantis Pour « faire de la filière vélique un acteur incontournable de la scène logistique », selon Guillaume Le Grand, la compagnie vient de passer à la vitesse supérieure avec la construction de six nouveaux bateaux auprès du chantier naval Piriou, installé à Concarneau (Finistère), dont le montant n'est pas communiqué. « Les six sont commandés et le premier cargo voilier de la nouvelle série, dont le nom sera 'Atlantis', est déjà en chantier au Vietnam pour une livraison en 2026 », poursuit le dirigeant. Longs de 81 mètres et larges de 13 m, les bateaux innovants de TOWT, qui naviguent à une vitesse moyenne de 10 noeuds, sont équipés de deux mâts en carbone de 52 m de haut pour une voilure totale de 3.000 m2. A propulsion principale vélique, ces premiers navires marchands réduisent les émissions de CO2 de plus de 95 %. L'« Anemos », à son arrivée à New York en septembre, réduit les émissions de CO2 de ce type de transport de plus de 95 %.Jose Mendez/TOWT « Nous décarbonons le transport maritime en utilisant la force du vent pour un mode de transport plus sobre, moins dépendant des hydrocarbures et plus transparent. Ce vent, abondant au large et désormais prédictible, est une source de propulsion fiable », plaide le dirigeant. Dans les cales de l'« Anemos » : café, champagne, cognac et confitures constituent les principales marchandises des premières traversées. L'entreprise compte une cinquantaine de clients, en France et à l'international, dans des secteurs aussi variés que la production de vins et spiritueux, la distribution de cosmétiques ou la fabrication manufacturière. LIRE AUSSI : Cargos à voiles : les PME françaises face au défi de l'industrialisation D-Ice Engineering guide les nouveaux cargos à voile « En 2024, nous aurons transporté 25 % de nos importations avec ces voiliers cargos, puis les deux tiers en 2025, pour atteindre près de 80 % dans les années futures », se félicite Alexandre Bellangé, à la tête de Belco, sourceur et importateur de café et de cacao, créé et installé au Havre depuis 2007. « Nous sommes en recherche de solutions de rupture. Demain, 100 % de notre champagne Mumm transitera à la voile », assure Tatiana Carpentier au nom de Martell Mumm Perrier-Jouët (groupe Pernod Ricard). Dès la fin de cette année, TOWT proposera sa première cabine à des passagers. La liste d'attente est longue. « Nous disposerons de six cabines doubles par navire, mais nous souhaitions prendre en main le bateau avant d'accueillir des clients. Progressivement, nous les ouvrirons à la réservation », confie Guillaume Le Grand.

By |2024-11-13T23:09:06+00:00November 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Ces entreprises offrent des congés à ceux qui préfèrent le train à l’avion pour leurs vacances

Budapest, en Hongrie. C'est la destination choisie par Corentin Hervé, 28 ans, pour ses vacances en 2024. Restait à savoir comment s'y rendre. En un peu plus de deux heures d'avion depuis Paris ? Ou en passant seize heures en train, avec un changement à Stuttgart, en Allemagne ? Le jeune homme a préféré la seconde option. Et ce, notamment car Axionable, son employeur, l'y a encouragé. Cette année, ce cabinet de conseil spécialisé dans l'intelligence artificielle « durable » a mis en place des congés payés atypiques dans le paysage français. Il offre deux jours par an à ses salariés qui renoncent à l'avion pour leurs vacances au profit d'un moyen de transport moins polluant. Des congés payés qui s'additionnent à leurs congés classiques. Conditions pour y être éligible : opter pour le train, le bus, le covoiturage ou le bateau à l'aller et au retour, que ce moyen de transport soit réellement une alternative à l'avion et que le trajet dure au moins quatre heures et demie. Un salarié qui déciderait, par exemple, de rallier Paris à Briançon, dans les Alpes, n'y serait pas éligible. Certes, le trajet dure plus de six heures mais cette destination n'est pas atteignable en avion. Cette mesure, Corentin l'applaudit des deux mains. « Elle a un réel impact sur mon empreinte carbone personnelle et c'est une symbolique très forte », estime ce consultant en durabilité et changement climatique qui y voit « l'engagement de sa direction » et souligne que cela va « augmenter notre implication en retour ». Pour l'entreprise, c'est l'occasion de se démarquer d'autres employeurs, et de fidéliser ses recrues sensibles à l'environnement. A chacun ses critères Comme Axionable, une poignée d'entreprises françaises proposent des congés de ce type, à hauteur d'un ou deux jours par an. C'est Ubiq, une entreprise d'une trentaine de salariés qui répertorie des annonces de bureaux, qui a ouvert la voie dans l'Hexagone, en 2023. Dernière en date, la start-up Matera, qui accompagne les propriétaires dans la gestion de leur copropriété et leurs investissements locatifs. Elle propose cet avantage à ses quelque 200 salariés depuis octobre. LIRE AUSSI : Ces entreprises qui offrent un mois de congé sabbatique (rémunéré) à leurs salariés Congé pour votre anniversaire, si vous adoptez un animal… Voici 5 congés atypiques offerts par des entreprises françaises Pour parler de ces congés, toutes utilisent la même dénomination : congés pour « Temps de trajet responsable ». En revanche, chacune édicte ses propres règles pour les accorder. Chez Vendredi, HomeExchange, Ubiq et Matera par exemple, le trajet doit durer au moins six heures. Contrairement à Axionable, ces employeurs ont mis en place ce qu'ils appellent des jours « semi-off ». En clair : les salariés sont invités à télétravailler depuis leur moyen de transport, si c'est possible. Mais si ces derniers ne souhaitent pas ou ne peuvent pas voyager avec leur ordinateur et s'en servir pendant leur trajet, ils peuvent être off à 100 %. « C'est à chaque collaborateur de faire ce choix en toute conscience et avec bon sens, et en communiquant bien avec son manager et son équipe », précise-t-on chez Vendredi, start-up qui a créé une plateforme qui favorise l'engagement associatif des salariés. Gare au greenwashing Pour l'heure, ces congés sont seulement proposés par quelques PME. Peut-on imaginer que des grands groupes s'y mettent ? C'est possible selon Antoine Poincaré, coauteur du livre « Green RH », qui voit d'un bon oeil ce dispositif. « Dans une logique de marque employeur, ils peuvent avoir intérêt à le faire. » Reste à savoir s'ils pourront et souhaiteront en supporter le coût. « A l'heure où le voyage bas carbone coûte souvent plus cher que l'avion, on imagine que ce genre de congé ne va pas déplacer les foules, pense celui qui est aussi directeur de l'AXA Climate School. Mais si le voyage en avion devient plus onéreux, le train et donc ces congés pourraient séduire beaucoup de monde, et donc être coûteux pour les employeurs. » Si les grands groupes sautent le pas, Antoine Poincaré voit mal comment ils pourraient proposer, comme les start-up, des jours « semi-off », où chaque salarié décide s'il travaille ou pas pendant le trajet. « Il faudra édicter des règles claires, ne serait-ce parce que cela risque de poser question aux syndicats. » Et attention à ne pas tomber dans les effets d'annonce, rappelle-t-il. « Avant d'inviter leurs salariés à éviter l'avion durant leurs trajets personnels, les entreprises doivent s'interroger sur leurs pratiques en interne. Tous les déplacements qu'elles font sont-ils nécessaires ? Si oui, évitent-elles toujours l'avion ? Pour être crédibles, elles doivent déjà se montrer exemplaires. »

By |2024-11-13T23:08:40+00:00November 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Evaneos veut inciter les voyageurs à privilégier le train grâce à Rail Europe –

Evaneos et Rail Europe s’associent pour inciter les voyageurs à privilégier le train comme mode de transport. L’objectif est d’inciter au voyage décarboné grâce à la mise en avant d’itinéraires. Les clients d’Evaneos se verront désormais suggérer un accès aux offres de trains dès lors qu’ils voudront se rendre dans un pays en Europe. Ce contenu ferroviaire sera fourni par Rail Europe, l’un des concurrents de Trainline, et poussé par la mise en avant d’itinéraires. Selon les deux entreprises, ce partenariat vise à inciter les voyageurs à choisir des modes de transport moins polluants, notamment l’avion ou la voiture, tout en simplifiant l’expérience client pour la réservation des billets. Rail Europe dispose d’une large offre ferroviaire européenne et distribue plus de 200 compagnies sur le continent. « En s’associant à Rail Europe, les voyageurs Evaneos peuvent, en un clic, opter pour une alternative en train. Nous sommes convaincus que cette collaboration incitera davantage les voyageurs à privilégier des modes de transport plus verts, tout en leur garantissant une expérience de voyage de qualité », commente Aurélie Sandler, co-CEO d’Evaneos à travers un communiqué. De 50 à 80% d’émissions carbone en moins Une dizaine de « trajets combinés » sont proposés sur la plateforme avec des itinéraires multi-destinations qui prévoient des étapes en train. Selon Evaneos, ces trajets ont été spécialement pensés pour contribuer à réduire l’intensité carbone des voyages de 50 à 80%. Parmi eux, les tracés Italie-Autriche-Allemagne, Suisse-Norvège ou bien encore Albanie-Macédoine-Kosovo. La société précise qu’elle sollicite régulièrement des agences locales pour co-construire de nouveaux trajets.

By |2024-11-13T23:08:18+00:00November 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Le chiffre de la semaine : 20 milliards de smartphones –

Dans une étude de la très sérieuse revue scientifique Nature Computational Science, des chercheurs estiment que l’intelligence artificielle générative polluera autant que 20 milliards de smartphones ou 10 milliards d’iPhone d’ici 2030. Pour arriver à cette projection, les scientifiques ont quantifié les flux de matériaux nécessaires pour la construction des systèmes et la puissance de calcul d’une IA. Ils ont ensuite croisé ces données avec les différents moyens de gérer les e-déchets. Une quantité de e-déchets multipliée par 1 000 si rien n’est mis en place « Nos résultats indiquent que ce flux de déchets électroniques pourrait augmenter, atteignant potentiellement une accumulation totale de 1,2 à 5 millions de tonnes au cours de la période 2020-2030, dans différents scénarios de développement de l’IA », est-il indiqué. En 2023, l’étude rappelle que l’IA aurait généré 2 600 tonnes de e-déchets, soit près de 1 000 moins que les projections pour 2030. Et ce chiffre pourrait encore augmenter « dans le contexte des restrictions géopolitiques sur les importations ». L’étude démontre également que la mise en œuvre d’une stratégie d’économie circulaire tout au long de la chaîne de valeur, pourrait réduire la production de déchets électriques de 16 à 86%. « Cela souligne l’importance d’une gestion proactive des déchets électroniques face à l’avancement des technologies de l’IA », concluent les scientifiques.

By |2024-11-13T23:08:03+00:00November 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Renault met en scène la montée en cadence de sa filiale électrique Ampere

Des petites voitures jaune pissenlit parsèment le grand parking de l'usine de voitures électriques de Renault à Douai. Ce sont les dernières R5 à batterie, la voiture star de cette rentrée automobile, tout juste sorties des lignes de production. Elles viennent égayer le premier anniversaire d'Ampere, la filiale électrique du groupe au losange. Pour souffler cette première bougie, le patron de Renault a fait le déplacement dans le nord de la France, en provenance du Maroc où il accompagnait le président Emmanuel Macron en visite officielle. Le contexte est plutôt morose. Les ventes de voitures électriques se sont tassées depuis le début de l'année, à cause de la fin des aides à l'achat en Allemagne. « L'avenir sera électrique » « Beaucoup s'inquiètent de ventes de voitures électriques qui plafonnent et des obligations européennes de décarbonation, a reconnu devant la presse le directeur général du groupe au losange, Luca de Meo, qui n'est pas le dernier à en parler. Mais il est important de regarder à long terme : l'avenir sera électrique, quels que soient les cahots sur la route. » Le groupe table sur une croissance du marché de l'électrique, bon an mal an, de 25 %. « Le marché européen a perdu 4 millions de véhicules depuis 2019 et la croissance se trouve du côté de l'électrique », insiste Josep Maria Recasens, qui dirige Ampere. Les voitures à batterie pèsent 35 % du marché des voitures de plus de 45.000 euros. Il faut maintenant convaincre les 80 % de clients qui achètent moins cher et réclament, poursuit le dirigeant, « des prix abordables et de l'autonomie ». LIRE AUSSI : PORTRAIT - Josep Maria Recasens, l'Espagnol qui monte chez Renault ENQUETE - Comment Luca de Meo façonne le Renault du futur Et Renault, via sa filiale Ampere, s'y prépare à fond de train, a martelé la direction du groupe mercredi à Douai. Bonne nouvelle du jour, le patron de son partenaire japonais Nissan, Makoto Uchida, s'est fendu d'une vidéo pour annoncer que son groupe a décidé de charger Ampere « d'étudier le développement de son prochain véhicule électrique du segment A ». Cadeau japonais Cette demande vient combler le vide laissé par l'échec des négociations sur le partage de la future petite plateforme électrique d'Ampere avec Volkswagen. Ce cadeau d'anniversaire en provenance du Japon vient aussi confirmer, veut croire Luca de Meo, l'attractivité de la plateforme développée actuellement d'arrache-pied par les ingénieurs maison pour la future Twingo tout électrique. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Nissan : l'ex-fiancé de Renault est-il en train de refaire sa vie avec Honda ? Renault : d'Alpine à Ampere, la « Renaulution » de Luca de Meo au milieu du gué Celle-ci est annoncée pour 2026, soit un temps de développement de deux ans condensé à l'extrême. En plus de ne pas coûter plus de 20.000 euros à l'achat, elle ne devra pas consommer plus de 10 kWh aux 100 kilomètres, contre 13 kWh pour la Model 3 de Tesla. Ampere développe déjà le Compact EV de Nissan de segment B, et met la dernière touche au SUV milieu de gamme de Mitsubishi pour l'Europe, lequel sera produit à Douai à partir de 2025. De quoi occuper, aussi, les lignes de production de l'usine de Douai et la gigafactory d'AESC (du groupe Envision), ensemble industriel assez unique baptisé Electricity. 300 R5 produites par jour Aujourd'hui, Renault y produit tous ses modèles électriques. Sur la chaîne de montage se succèdent la R5, le SUV familial Scenic et la Megane E-Tech. Pas de quoi saturer les capacités du site. Avec seulement une équipe et demie, celui-ci produit 52 véhicules par heure, soit un peu plus de 500 par jour. Dont environ 300 R5, en pleine montée en cadence. Le site est dimensionné pour sortir 400.000 voitures par an, voire 600.000 en poussant un peu les murs. La filiale électrique de Renault, qui ambitionnait initialement d'atteindre le point mort en 2025, est lancée dans une course contre la montre. Objectif : combler l'écart avec les concurrents chinois, référence de l'électrique. « Ampere est en ligne avec son objectif de réduire ses coûts de 40 % d'ici à 2028, entre la première et la deuxième génération de véhicules électriques du segment C [les familiales, NDLR] », assure le groupe dans un communiqué publié mercredi. Branché sur l'écosystème chinois C'est que la filiale électrique s'est directement branchée sur l'écosystème chinois, via une équipe de 150 personnes implantée dans l'empire du Milieu. Baptisée « Advanced China Development Center » (ce qui donne le sigle ACDC), cette équipe doit « apprendre de l'écosystème chinois sur les processus de développement et en tirer les bons enseignements pour ses équipes et celles du groupe ». LIRE AUSSI : INTERVIEW - Voiture électrique : « Nous avons besoin d'un peu plus de souplesse dans le calendrier », demande le patron de Renault DECRYPTAGE - Moteurs, Twingo : pourquoi Renault joue la carte audacieuse de la Chine En premier lieu, elle doit superviser une partie du développement de la future Twingo, confiée à une société d'ingénierie chinoise. Inévitable pour pouvoir développer le projet en deux ans et sortir un produit à moins de 20.000 euros, défend Luca de Meo. « J'ai dû faire avaler ça par la force à mes équipes, qui me disaient que ce n'était pas possible à développer en deux ans », a glissé le patron. L'équipe chinoise devra aussi s'assurer qu'Ampere ne rate aucun train technologique lancé par les Chinois. « Nous allons apprendre et imiter de nos compétiteurs, reconnaît sans ambages Luca de Meo. Comme nos aïeux l'avaient fait au début du XXe siècle aux Etats-Unis, et comme les Chinois l'ont fait avec nous ces dernières décennies. »

By |2024-11-13T23:07:43+00:00November 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Les recettes de Miu Miu, nouvelle fusée du luxe

Peu de groupes de luxe ont résisté à l'affaiblissement de la demande des consommateurs, notamment en Chine, au troisième trimestre. La performance d'Hermès, publiée la semaine dernière, s'explique par son positionnement ciblant essentiellement la clientèle à hauts revenus et le lancement réussi de produits plus accessibles, comme les rouges à lèvres. Mais que Miu Miu échappe à la morosité du secteur surprend davantage, car la mode est une des catégories les plus exposées à la volatilité des consommateurs. La marque fondée en 1993 et qui porte le surnom de sa fondatrice Miuccia Prada a connu un doublement de ses ventes (+105 %) au troisième trimestre, période plus difficile pour d'autres, comme Gucci en repli de -25 %. Cette maison milanaise, qui assure 15 % des revenus du groupe Prada, a connu cette année une croissance fulgurante. Dans une note publiée l'an passé, l'analyste Luca Solca de Bernstein évoquait déjà Miu Miu comme « le miracle du groupe Prada ». Une identité bien assumée La recette tient d'abord à l'identité de l'enseigne. Sa fondatrice, qui demeure à 75 ans sa directrice artistique, n'apprécie justement guère pour Miu Miu le surnom de « la petite soeur de Prada », tant elle a veillé à démarquer leurs identités respectives, Prada étant réputée plus traditionnelle. Parmi les clés, une manière de se positionner sans jamais suivre les tendances, avec un état d'esprit réputé décomplexé. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Le luxe tourne la page de l'euphorie DECRYPTAGE - Comment le luxe prépare son rebond Alors que les concurrents se concentraient sur leurs fondamentaux, « postpandémie, la marque a été portée par des succès retentissants, les minijupes, les twin-sets courts, les ballerines, les lunettes plus récemment. Et elle a également misé sur TikTok et d'autres réseaux sociaux et aussi des plateformes en Asie où sa notoriété est forte », rappelle Joël Hazan, directeur associé de BCG et spécialiste du luxe. « Elle a beaucoup de liberté et d'agilité dans son positionnement, ce qui lui a permis de connaître la plus forte croissance en prêt-à-porter à une période difficile pour la mode », poursuit l'expert de BCG. La notoriété explose Miu Miu, qui défile à la Paris Fashion Week depuis 2006 mais pas à Milan, « n'est jamais ennuyeuse », dit un spécialiste de la mode, alors que d'autres ont lassé à force de retravailler leurs modèles iconiques. Sa notoriété a explosé, et depuis deux ans elle apparaît régulièrement en tête des classements des marques de mode les plus « désirables ». Sur le plan industriel, elle a revu sa logistique et son réseau de boutiques, et ceci sur tous les marchés. « Elle a un fort ancrage local, quand elle communique, ses produits sont en boutiques », souligne une ancienne salariée. LIRE AUSSI : EN CHIIFRES - Hermès snobe la morosité du luxe EN CHIIFRES - Luxe : une année noire en perspective pour Kering L'enseigne va encore grandir, avec, d'ici à la fin 2025, l'ouverture d'une vingtaine de magasins. Après l'Europe et l'Asie, les Etats-Unis sont dans son viseur. « Mais pour transformer l'essai en succès durable, il faut des fondamentaux solides », estime Joël Hazan (BCG). « Il faut à présent que Miu Miu parvienne à faire de ses modèles de sacs un catalyseur de croissance, et à établir des pièces iconiques, notamment dans la maroquinerie », poursuit-il. En janvier, le groupe L'Oréal, qui a développé avec succès Paradoxe de Prada, un des plus grands lancements de parfum de l'année 2023, va lancer un parfum Miu Miu. Et, le numéro un de la beauté a prévu de développer la marque dans toutes les catégories de la beauté, dont le maquillage. Miu Miu devrait probablement réaliser un milliard de revenus cette année et, selon une estimation récente de Bernstein, ils pourraient même atteindre les 2 milliards dès 2026.

By |2024-11-13T23:06:49+00:00November 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Yannick Bolloré et Arnaud de Puyfontaine : « La scission va révéler le vrai potentiel des actifs de Vivendi »

Le big bang de Vivendi, destiné à se diviser en quatre entités, se rapproche. Le conseil de surveillance du conglomérat a validé lundi les résolutions qui seront soumises aux actionnaires du groupe, lors d'une assemblée générale décisive le 9 décembre. Si elles sont votées, Canal+, Havas et Louis Hachette Group (regroupant Prisma Media et la participation dans Lagardère) voleront de leurs propres ailes sur les Bourses respectives de Londres, Amsterdam et Paris, aux côtés de la holding d'investissement Vivendi SE - toujours à Paris - qui conservera Gameloft et les participations financières dans des entreprises telles qu'Universal Music Group (UMG) ou Telecom Italia (TIM). Pourquoi scinder le conglomérat du divertissement que forme Vivendi ? Yannick Bolloré (YB) : Pendant des années, le conseil de surveillance et le directoire ont réfléchi à la manière d'optimiser la valeur de Vivendi pour toutes ses parties prenantes : pour ses actionnaires, à travers le cours de Bourse, mais également pour le développement de ses filiales. Jusqu'à l'annonce de l'étude de faisabilité d'un projet de scission en décembre 2023, le groupe Vivendi souffrait d'une décote de conglomérat de près de 45 % en moyenne, qui nous empêchait de développer le groupe comme nous le souhaitions, malgré des résultats de croissance organique tout à fait satisfaisants ces dernières années. Le directoire y a répondu avec ce projet de scission. Quid des synergies entre les activités ? Arnaud de Puyfontaine (AdP) : C'est l'autre aspect qui a motivé cette décision. Sous le drapeau Vivendi, nous agissions de manière séquentielle dans le développement de nos différents métiers. A partir du moment où nos métiers ont atteint un important niveau de maturité, et face à l'accélération des mutations générées notamment par la digitalisation, nous voulons pouvoir penser un avenir où ces métiers évolueront de manière indépendante, avec toujours un dénominateur commun : un actionnaire de référence dans les quatre sociétés - le groupe Bolloré - qui permettra de passer d'un modus operandi de « fratrie » aujourd'hui, à une forme de « cousinade » entre entités demain. LIRE AUSSI : Havas met la main sur une agence publicitaire de renom YB : Arnaud de Puyfontaine et moi-même resterons présents dans les gouvernances des quatre sociétés, qui partagent une même culture de créativité, notamment afin d'assurer la continuité des coopérations existantes entre les entités - comme par exemple entre Havas et Canal+ - et qu'il est intéressant de faire perdurer, car elles créent des avantages concurrentiels. Il est vrai que pour Havas, par exemple, c'est une tristesse de quitter le groupe Vivendi. Mais cette décote de conglomérat nuisait à son développement. La manière dont vous valoriserez les entités effacera-t-elle la décote de conglomérat dont souffre Vivendi ? YB : Concernant la valorisation au moment de la cotation, il est trop tôt pour se prononcer. Les Capital Market Days de Canal+ et Havas, à Londres respectivement les 18 et 19 novembre, n'ont pas encore eu lieu. Différentes banques travaillent sur une fourchette de prix. Plusieurs analystes donneront leurs premières estimations fin novembre. A ce stade, dans les comptes, la valorisation de Canal+ est de 6,8 milliards d'euros environ, celle d'Havas de 3,4 milliards d'euros, celle de Louis Hachette Group de 2,1 milliards d'euros et la situation nette de Vivendi sera de l'ordre de 4,5 milliards. La valeur de nos actifs est donc autour de 16 milliards d'euros. LIRE AUSSI : Lagardère Travel Retail, un géant mondial en croissance Rappelons que depuis l'annonce du projet en décembre dernier, le cours a déjà beaucoup progressé, de près de 15 %. Une partie de la décote a donc été effacée. Ensuite, à la cotation, on peut estimer, raisonnablement, qu'il n'y aura plus de décote sur Canal+ ni sur Havas et une faible décote sur Louis Hachette Group, du fait de la cotation de son principal actif Lagardère. Il restera une décote sur Vivendi SE. Sera-t-elle aussi élevée que 45 % ? Nous ne l'espérons pas. Cette fiscalité sur une partie des titres peut-elle dissuader certains actionnaires de voter en faveur du projet ? YB : La fiscalité ne sera pas aussi importante que dans l'opération Universal Music Group dès lors que les réserves distribuables sont de 4,23 milliards d'euros et que la somme des actifs scindés représente une valeur supérieure. La scission reste soumise à un vote en assemblée générale et devra recueillir les deux tiers de votes positifs des actionnaires présents ou représentés. Le groupe Bolloré ne détenant qu'un peu moins de 30 % des droits de vote, nous nous devons de convaincre une majorité d'actionnaires du bien-fondé du projet. Quels sont les atouts de Canal+, Havas et Louis Hachette Group pour séduire les investisseurs ? YB : Nos investisseurs ne réalisaient pas très bien la qualité de ces actifs et de leur stratégie, du fait de leur intégration dans le groupe Vivendi. Cette opération va permettre de révéler le vrai potentiel de chacun. AdP : Canal+ a connu un développement extraordinaire, avec son modèle d'agrégateur et en s'étendant à l'international. L'OPA sur l'opérateur sud-africain MultiChoice, qui pourrait aboutir courant 2025, permettrait à Canal+ de dépasser la barrière des 50 millions d'abonnés, un cap important, le développement du parc d'abonnés permettant d'amortir les investissements dans les contenus. YB : Havas, l'un des six géants mondiaux de la communication, se distingue par des métiers très intégrés, de gros investissements dans la data, la tech et l'IA, qui rendent les campagnes plus efficientes, un poids très fort sur la créativité, une expertise dans la santé et une culture très forte qui nous permet de faire grandir nos talents et d'attirer les meilleurs. En évoluant séparément de Vivendi, Havas et Canal+ seront aussi en meilleure position pour faire des acquisitions en titres. LIRE AUSSI : Havas prêt à faire son retour en Bourse à Amsterdam Chez Hachette, le jour d'après est enfin arrivé AdP : Avec Louis Hachette Group, nous voulons, entre autres, constituer un leader mondial dans le domaine de l'édition. Enfin, Vivendi SE constituera un actif de premier plan avec plus de 7 milliards d'euros de participations financières et accompagnera la croissance d'activités de taille moyenne, comme Gameloft que l'on détient à 100 % , avant d'examiner leur avenir quand elles auront acquis une masse critique plus importante.

By |2024-11-13T23:03:06+00:00November 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Cryptos, dette : le scénario catastrophe de la chute de Tether

Deux ans après la faillite d'un des principaux acteurs des cryptos, la plateforme FTX et sa firme de trading Alameda de Sam Bankman-Fried, c'est le leader mondial des stablecoins, Tether Limited, qui pourrait devenir le maillon faible des marchés. Cet acteur essentiel est un pont entre le dollar et les cryptos. Il émet des cryptos stables, ou stablecoins, qui jouent le rôle de liquidités pour les traders. Sa cryptomonnaie, USDT ou tether, est adossée à la première monnaie mondiale et vaut autour de 1 dollar. C'est la confiance dans la solidité de ce lien et dans la possibilité pour tout détenteur de ces stablecoins de récupérer des dollars qui fonde la valeur du tether. Or, le groupe serait l'objet d'une longue enquête du département de la Justice, selon le « Wall Street Journal ». Tether est depuis plusieurs années dans le collimateur de l'Ofac, l'Office of Foreign Assets Control, un organisme placé sous l'égide du département du Trésor américain. Il n'aurait pas pris toutes les mesures adéquates pour éviter que ses stablecoins soient utilisées à des fins illégales (blanchiment, drogues, armes, terrorisme). Un individu ou une société qui ne respecte pas les sanctions américaines, par exemple en commerçant avec des pays sous embargo, comme l'Iran, ou avec des organisations terroristes ( le Hamas ou le Hezbollah) se retrouve sur la liste noire de l'Ofac. Aucun groupe ou citoyens américains ne peut plus alors être en relations commerciales et financières avec le fautif. Pour Tether, un bannissement du marché américain sonnerait comme la fin d'une des plus grandes success-stories du monde des cryptos. En 2023, le groupe a enregistré des profits supérieurs au géant mondial de la gestion d'actifs, BlackRock - 6,2 milliards de dollars, contre 5,5 milliards pour le gérant - et avec cent fois moins d'employés, seulement 200 contre 19.000. S'il est simplement mis à l'amende, le groupe pourrait s'acquitter d'une pénalité élevée sans que sa survie soit menacée compte tenu de ses profits faramineux, comme ce fut le cas pour Binance. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Cryptos : la baisse des taux marque la fin de l'argent facile du géant Tether DECRYPTAGE - L'instabilité des cryptos stableTs inquiète les Etats Ruée aux cryptos guichets Paolo Ardoino, le dirigeant de Tether, a qualifié les allégations du « Wall Street Journal » de « fausses sans équivoque », « réchauffées » et « irresponsables ». Il estime que sa firme serait au courant si elle faisait l'objet d'une enquête du département de la Justice. Reste à savoir si elle communiquerait sur ce point, au risque de miner la confiance de ses clients. La publication de l'article du quotidien, vendredi 25 octobre, a tout de même fait chuter la capitalisation mondiale des cryptos de 80 milliards de dollars. L'USDT a baissé jusqu'à 0,9974 dollar, contre 0,9988 aujourd'hui. Le recul reste pour le moment limité au regard de ses plongeons historiques à 0,92 dollar en avril 2017 et en novembre 2018. Lors de la crise du Covid, en mars 2020, il avait chuté à 0,97 dollar. Le marché ne croit pas à la disparition du leader mondial des stablecoins, qui pèse 120 milliards de dollars de capitalisation. Sur les cryptos, aucun acteur n'est pourtant à l'abri de la chute car le « too big to fail » (trop gros pour faire faillite) n'existe pas. Le « cointribuable » ne sera pas mis à contribution en cas de faillite et aucun prêteur en dernier ressort, comme une banque centrale des cryptos, ne viendrait secourir un acteur en difficulté. Un « bank run » sur tether (afflux massif et rapide des demandes de conversions des stablecoins en dollars) aurait un impact au-delà du marché des cryptos. Pour rendre leurs dollars aux investisseurs, aux fonds et aux firmes de trading (Cumberland et Jump Crypto, les filiales dédiées des traders haute fréquence, respectivement de DRW et Jump Trading), le groupe devrait vendre rapidement son portefeuille de dette d'Etat américaine. « La planche à cryptos » Tether a fait fonctionner « la planche à billets » comme le font les banques centrales. Le groupe a parfois émis ses stablecoins (USDT) sans contrepartie (sans dollars apportés). Elle a prêté ensuite ses USDT à quelques grands acteurs dans le besoin, comme par le passé Alameda Research - la firme de Sam Bankman-Fried était son principal client - ou Celsius Network (prêts et emprunts de cryptos), qui ont tous deux fait faillite. Ces stablecoins leur ont offert des liquidités supplémentaires pour spéculer davantage, à leurs risques et périls. Pour certains, Tether serait au coeur d'une vaste collusion pour manipuler les cours au bénéfice de ses principaux clients en leur offrant des lignes de crédit « fantômes » pour faire remonter les cours. Tether rétorque en estimant que cette théorie complotiste n'a pas été étayée et qu'elle est une des firmes les plus diffamées du secteur. Elle dit avoir mis fin à ses quelques prêts occultes, sans grands risques selon elle. Ventes paniques Ether détient autour de 100 milliards de dollars de ces titres, en majorité à court terme (moins de 90 jours), en garantie de ses stablecoins. Ces ventes panique pourraient provoquer un krach obligataire et une remontée des taux, alors même que la Réserve fédérale (Fed) a amorcé un cycle d'assouplissement. Tether détient aussi 82.454 bitcoins et 48,3 tonnes d'or dans ses réserves en complément de ses obligations du Trésor. Un moyen de diversifier et d'augmenter les profits du groupe. Parfois, comme au dernier trimestre de 2023, les gains sur l'or et le bitcoin ont été bien supérieurs aux intérêts de ses placements obligataires, 1,85 milliard de dollars contre 1 milliard de dollars. En cas de crise, Tether pourrait vendre une grande partie de ses bitcoins et de son or, tous deux en nette progression en 2024, pour retrouver des liquidités. La cession de son portefeuille de 5,6 milliards de dollars en bitcoins ne pourrait que faire plonger les cours, du fait de la faible liquidité du marché des cryptos lors des tempêtes, comme lors de la faillite de FTX.

By |2024-11-13T23:01:47+00:00November 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

En Côte d’Ivoire, l’hypothèse d’une taxe carbone fait son chemin

« La taxe carbone peut être un outil de financement à même de générer d'importants gains socio-économiques et d'atténuation du changement climatique », soulignait la Banque mondiale à l'issue de son 14e rapport sur la situation économique du pays. Ce message, la puissante organisation internationale le distille depuis près de vingt ans auprès des décideurs ivoiriens. Avec un portefeuille frôlant les 6 milliards d'actifs dans le pays, ses équipes œuvrent depuis 2005 à faire de la Côte d'Ivoire le possible second État africain à adopter un tel mécanisme fiscal. LA NEWSLETTER AFRIQUE Tous les mardis à 16h45 Recevez le meilleur de l’actualité africaine. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. Le fait est rare. Aujourd'hui, seule l'Afrique du Sud s'est dotée d'une taxe carbone en bonne et due forme sur le continent. En 2024, la banque dénombrait un total de 75 instruments visant à réduire cette empreinte dans le monde, dont 39 taxes, le reste prenant la forme de marchés carbone. Cette idée relativement récente, popularisée par le protocole de Kyoto en 1997, se caractérise par un prélèvement obligatoire ajouté au prix de vente d'un bien en fonction de la quantité de gaz à effet de serre émise lors de sa production et, ou de son utilisation. En somme, sa mise en œuvre répond au principe de pollueur-payeur et concerne en premier lieu la consommation d'énergies fossiles. À lire aussi À la COP28, la brutale prise de conscience d'un renversement géopolitique Plusieurs marques d'engagement Si le Maroc, le Sénégal ou le Kenya réfléchissent également aux modalités d'une telle taxe, la Côte d'Ivoire suscite un intérêt particulier du fait de la multiplication de ses promesses. Fin 2015, Abidjan s'était porté signataire de l'accord de Paris, s'engageant à réduire ses émissions de 30 % d'ici 2030. Un programme national de lutte contre le changement climatique précédait d'ailleurs la désormais célèbre COP21 et intègre l'essentiel des recommandations de la Banque mondiale. En juin dernier, le gouvernement a reçu un versement de 35 millions de dollars de l'institution siégeant à Washington, résultat d'une réduction effective de 7 millions de tonnes d'émissions de carbone. En parallèle, plusieurs partenariats public-privé sont en cours de déploiement pour créer des crédits carbone, notamment autour de certaines forêts ivoiriennes en péril. Sur le papier, le deal est alléchant pour l'État ivoirien qui confiera la périlleuse reforestation de ses poumons verts à des structures privées qui devront compter sur des acteurs économiques soucieux de compenser leur empreinte environnementale. Car pour l'heure, c'est bien le volontarisme qui meut ces initiatives peu réglementées, à la différence d'une taxe carbone qui s'imposerait quant à elle comme un prélèvement obligatoire intégré au prix des combustibles. C'est bien là toute la difficulté d'une telle taxe. « Dans nos pays d'Afrique de l'Ouest, le climatoscepticisme est réel, au sens où la population ne s'intéresse pas vraiment à ces enjeux », note Cyprien Yao Yao, docteur en sociologie de l'environnement. Sur le plan théorique, ce sont pourtant les grandes entreprises et le secteur de l'industrie (22 % du PIB en 2022) qui sont censés contribuer le plus à cet effort collectif. À lire aussi COP28 : le mirage des crédits carbone forestiers Le défi de l'acceptabilité Il n'en demeure pas moins qu'en bout de course, la potentielle répercussion de la hausse des coûts de production des industriels vers le consommateur ou le prix de l'essence à la pompe sont des externalités qui pèsent directement sur la population. Pour rappel, la mobilisation des Gilets jaunes en France avait pour origine une augmentation de la taxe carbone sur les hydrocarbures. « Tout cela est-il bien réaliste alors que nous sommes encore rongés par la mal-gouvernance ? Comment s'assurera-t-on que l'argent soit bien réinvesti ? » poursuit perplexe le sociologue. L'acceptabilité sociale dépend à la fois de la sensibilisation aux questions environnementales mais également de la manière dont est utilisée la collecte. Dans la plupart des cas, ces nouvelles recettes sont agrégées au budget général de l'État, qui ne doit pas être tenté de les réutiliser au profit du remboursement de sa dette extérieure, pour ne citer que cet exemple. Ne pas choisir entre développement et préservation du climat ; pour tenter de résoudre cette équation, les économistes de la Banque mondiale planchent sur plusieurs scénarios. Selon leurs premières conclusions, l'utilisation des recettes pour réduire les impôts prélevés auprès des travailleurs déclarés offrirait plusieurs avantages, parmi lesquels : une augmentation du PIB de 0,34 point de pourcentage, une revalorisation du pouvoir d'achat des ménages et une stimulation de l'économie formelle, en plus d'inciter les individus ou les entreprises à changer leurs habitudes. Dans la pratique, la réalité est moins évidente avec un secteur informel qui continuait de pourvoir plus de 90 % des emplois privés, selon les chiffres de l'Institut national de la statistique (2019). De même, des niches fiscales demeurent pour d'importants pollueurs liés au monde du transport, en témoigne « l'exonération de la taxe spécifique unique sur les produits pétroliers » pour les aéronefs. Des privilèges qui n'ont toutefois rien de spécifique à la Côte d'Ivoire. À lire aussi COP28 - les enjeux pour l'Afrique en cinq questions Un projet politique Si les autorités ivoiriennes s'activent dans ce domaine, c'est que l'urgence est déjà là. Le pays qui contribue à hauteur de 0,1 % aux émissions mondiales de gaz à effet de serre est en première ligne de la montée des eaux avec une large façade maritime et sa capitale économique Abidjan construite à flanc de lagune. Dans les terres, il est généralement admis que 80 à 90 % de sa couverture forestière auraient disparu depuis le début du XXe siècle. La faute à l'appétit du secteur agricole fondé sur des monocultures, assurant à lui seul un quart du PIB et principale source de revenu pour une majorité d'Ivoiriens. Cette richesse du sol qui s'amenuise à mesure de son exploitation continue paradoxalement de rendre le pays attractif pour des ressortissants du Sahel. En effet, le risque climatique se caractérise aussi par une pression migratoire accrue en Afrique de l'Ouest. À découvrir Le Kangourou du jour Répondre Pour maintenir sa posture de locomotive sous-régionale, la Côte d'Ivoire se doit d'investir cette question devenue hautement politique. Mais selon Germain Kramo – enseignant-chercheur à l'université Félix Houphouët-Boigny, spécialiste des finances publiques –, ces réflexions autour de la taxe carbone « s'inscrivent dans une perspective générale de meilleure mobilisation des recettes ». Comme précisé par la Banque mondiale elle-même, le caractère contraignant d'une telle taxe se révèle être un important levier de collecte dans un paysage où l'informel est roi. Soucieuse de créer des exemples africains, la Banque mondiale s'active déjà dans l'extrême ouest du pays en étroite collaboration avec le gouvernement ivoirien. À proximité du parc national de Taï, dernier bout de forêt primaire ivoirienne, la Banque prévoit de décaisser plusieurs millions de dollars afin de récompenser les acteurs du reboisement et de l'agroforesterie. De son côté, la Cedeao émet l'idée d'un « marché régional standardisé », dont la Côte d'Ivoire pourrait être le porte-étendard au sein d'une union économique plus que jamais remise en question par l'AES. Ce scénario s'inscrirait dans la même perspective que les pays les plus avancés en la matière, à l'heure où l'Union européenne teste l'ajustement carbone à ses frontières, soit une taxe carbone appliquée aux biens importés jugés trop polluants. Un cadre de référence plus que pertinent pour la Côte d'Ivoire qui importe massivement des biens manufacturés en provenance de pays peu soucieux de l'environnement, faute d'appareil productif assez diversifié.

By |2024-11-13T23:01:03+00:00November 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Quand le FBI lance sa propre crypto pour piéger des manipulateurs de marché

« The agent provocateur » est le terme utilisé par le FBI pour désigner les personnes qui infiltrent des organisations dans le viseur de la justice dans le but de recueillir des informations, et parfois d'inciter leurs membres à commettre des actes qui justifieraient leur arrestation. Si le vocable tire son origine du français et des techniques d'infiltration utilisées par la monarchie, l'agent provocateur s'est adapté à plusieurs révolutions technologiques. Dernière en date, la blockchain. Le FBI a révélé ce mercredi 9 octobre avoir en effet créé sa propre cryptomonnaie pour piéger des teneurs de marché suspectés de fraude, et démantelé une filière de « wash trading ». Le jeton NextFundAI (NEXF) a été lancé sur la blockchain Ethereum par les agents fédéraux américains, avant d'être présenté à des teneurs de marché suspectés de manipuler le cours des cryptos pour en gonfler artificiellement la valeur. L'opération d'infiltration a conduit à la saisie de plus de 25 millions de dollars en cryptomonnaies, et plusieurs robots de trading responsables de transactions correspondant à du blanchiment d'argent pour environ 60 cryptomonnaies différentes ont été désactivés, ont déclaré les procureurs. Robot de trading L'enquête a débuté par une demande d'information de la SEC concernant une société de cryptomonnaies appelée Saitama, suspectée d'avoir fait appel à des teneurs de marché afin de manipuler le prix de son jeton pour faire grimper sa valeur jusqu'à 7,5 milliards de dollars, d'après les procureurs. Le FBI a cherché à entrer en contact avec ces teneurs de marché pour leur demander de faire appel à leur service, et faire gonfler artificiellement la valeur du jeton NextFundAI. LIRE AUSSI : ANALYSE - Le wash trading, mauvaise habitude du marché des cryptos Les sociétés ZM Quant, CLS Global et MyTrade, ont mordu à l'hameçon et permis de remonter une filière de robot traders responsables de plusieurs millions de dollars de fausses transactions sur le marché crypto. Les autorités ont déclaré que le jeton avait été échangé, mais qu'elles l'avaient soigneusement surveillé pour minimiser le risque que des investisseurs particuliers puissent l'acheter avant de désactiver les échanges. « Pump and dump » Alors que les autorités se sont adaptées aux nouvelles technologies, les accusés, eux, avaient recours à une technique vieille comme la Bourse : « le wash trading ». « Le « wash trading » est depuis longtemps interdit sur les marchés financiers », a déclaré Joshua Levy, procureur fédéral par intérim du Massachusetts, dans un communiqué.  Il s'agit de cas où une technologie innovante - la cryptomonnaie - a rencontré un stratagème vieux de plusieurs siècles : le « pump and dump ». LIRE AUSSI : EXCLUSIF - Crypto-actifs : Bercy veut durcir les contrôles Le wash trading démarre avec de nombreux ordres d'achat et de vente de la même action ou cryptomonnaie pour augmenter artificiellement le volume des transactions. Vient alors le « pump » : en voyant le volume élevé, d'autres investisseurs commencent à acheter l'actif, ce qui fait monter le prix. Puis le « dump » : une fois que le prix a suffisamment augmenté, les manipulateurs vendent toutes leurs positions, ce qui fait chuter le prix et laisse les autres investisseurs avec des pertes.

By |2024-11-13T22:59:28+00:00November 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments