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Baisse des ventes, restructuration, divergences familiales : le déclin de l’empire Estée Lauder

Sur le papier, l'empire américain de la beauté Estée Lauder n'est pas prêt de vaciller. Le groupe, avec la marque éponyme, Clinique, La Mer ou le maquillage MAC, figure toujours au second rang mondial de la cosmétique après L'Oréal . L'entreprise new-yorkaise, fondée en 1946 par la fille d'immigrants juifs hongrois devenue pionnière de la beauté, est néanmoins confrontée à des difficultés sans précédent. Le déclin de ses performances financières s'accentue depuis deux ans et un cap symbolique est en passe d'être franchi : le 8 novembre, l'entreprise ne comptera plus aucun « Lauder » à des fonctions opérationnelles avec le départ, à 64 ans, de William P. Lauder, le petit-fils de la fondatrice. Jusque-là président exécutif du groupe, il est aussi le fils de Leonard Lauder qui a transformé la PME américaine en multinationale (130 pays). L'ambiance est décidément morose. Le cours de l'action plonge depuis janvier (en repli de 54 %) et désormais des dissensions entre héritiers apparaissent au grand jour. Ce n'est pas sans conséquences sur la gestion du géant des cosmétiques coté à Wall Street depuis 1996. Dans son ensemble, la famille Lauder détient environ 35 % d'actions du groupe, mais contrôle 80 % des droits de vote. A lui seul, Leonard demeure le premier actionnaire avec une part évaluée à 22 % du capital. La troisième génération quitte l'opérationnel « Nous sommes une famille en affaires, pas une entreprise familiale », a déclaré un jour Leonard, 91 ans, qui n'a quitté le conseil d'administration que l'an passé et en demeure le président émérite. Mais les affaires, en famille ou pas, peuvent parfois mal tourner. L'entreprise a récemment annoncé que Jane Lauder, 51 ans (la nièce de Leonard) quittera ses fonctions de responsable du marketing et des data d'ici à la fin de l'année. Un an plus tôt, elle avait pourtant été pressentie comme candidate sérieuse au poste de PDG. C'est un homme du sérail, Stéphane de La Faverie, qui a rejoint le groupe Lauder en 2011, qui prendra cette fonction au 1er janvier, a-t-on appris le 30 octobre. William P. Lauder et Jane Lauder, petits-enfants d'Estée Lauder, pionnière de la beauté aux Etats-Unis. Le premier a renoncé au rôle de PDG en 2009. La seconde en rêvait, mais a été évincée. Getty Images via AFP Son prédécesseur, Fabrizio Freda, 67 ans, se dirige vers la retraite après seize années d'activité dans l'entreprise, mais « assurera la transition » pendant quelques mois. Signe que, décidément, une page se tourne, la directrice financière est aussi récemment partie. Et Mark Loomis, patron de l'activité américaine et au service du groupe depuis vingt-huit ans, le quittera à la fin « de l'exercice 2025 ». La situation est assez paradoxale souligne un observateur. La troisième génération Lauder quitte l'opérationnel, mais reste très présente dans l'actionnariat et la gouvernance. Et si une héritière ambitieuse vient d'être évincée, il y a aussi William P. Lauder qui a, lui, refusé de conserver les commandes il y a quelques années. Désaccords en famille PDG depuis 2004, il passe finalement le relais en 2009 sur fond de frictions persistantes avec son père. « Une décision personnelle alors prise sans concertation, contraignant le groupe à recruter hors de la famille », estime un familier. « Diriger une entreprise cotée est une condamnation, mais diriger une entreprise cotée et familiale est une condamnation à perpétuité », avait déclaré William. C'est William P. qui a alors suggéré le nom de Freda pour prendre la relève. Cet ancien de Procter & Gamble avait fait savoir qu'il rêvait du poste. « Il a offert, en 2009, une solution à William P. qui lui est depuis redevable. Les deux hommes sont restés très proches », témoigne-t-on. William P. Lauder et Fabrizio Freda au New York Stock Exchange le 12 août 2010.Bloomberg Et quand, à 66 ans, Freda s'est approché de l'âge de la retraite, les débats ont été houleux, l'an dernier, au siège feutré de l'entreprise sur la très chic Cinquième Avenue. Contrairement à son père, William P. aurait souhaité que son allié reste un peu plus longtemps à bord en raison des turbulences traversées par le navire. C'est Freda qui a défini le plan de redressement visant à redynamiser les ventes et gonfler le bénéfice en restructurant la distribution, en écoulant les stocks d'invendus et en réduisant les effectifs… Ce fut un « conflit entre le duo William P. - Freda et Leonard ». Car comme dans la série à succès « Succession », diffusée sur HBO, le « patriarche » a ses marottes et n'en démord pas. Leonard louait, il y a encore quelques mois, une distribution à privilégier dans les grands magasins qui firent la gloire d'Estée Lauder. Toutefois, tous connaissent une baisse de fréquentation à quelques exceptions près. Mais à 91 ans, même s'il répète depuis des années qu'il « ne se mêle plus des affaires du groupe », il demeure une personnalité écoutée et respectée. Prévisions revues à a baisse Il était temps de réagir : depuis la pandémie, les revenus et les bénéfices ont plongé. Sur son dernier exercice clos au 30 juin, les ventes ont accusé un repli de 2 % à 15,6 milliards de dollars alors que L'Oréal brave le ralentissement de la demande. Le bénéfice net du géant américain est tombé sur cette période à 390 millions contre 1 milliard de dollars un an plus tôt. Une boutique Estée Lauder à Hong Kong.Sopa Images/SIPA Au cours du dernier trimestre , l'entreprise a blâmé l'atonie de la demande en Chine (20 % de ses revenus). Ses difficultés ne se limitent cependant pas à l'Asie. Les ventes en « duty free » (20 %), en chute libre, sont un lourd handicap. Le 31 octobre, l'entreprise new-yorkaise du groupe, qui a fait l'acquisition de la marque de prêt-à-porter Tom Ford pour 2,3 milliards de dollars en 2022, a annoncé, outre des résultats décevants , l'abandon de ses prévisions à l'horizon 2025 et sa décision de réduire le dividende… De quoi faire encore dévisser le titre. LIRE AUSSI : RECIT - Estée Lauder met la main sur Tom Ford pour 2,3 milliards de dollars Autre déconvenue majeure et beaucoup plus traumatisante pour la « dynastie Lauder » : ses marques ont aussi perdu de leur éclat dans son marché d'origine, les Etats-Unis, premier marché de la beauté. « C'est peut-être le plus grand choc pour le clan familial au-delà même du frein aux bénéfices que cela constitue », juge un observateur du groupe qui détient aussi les marques Tom Ford Beauty ou les parfums Jo Malone et Frédéric Malle… Ainsi, dans les « soins haut de gamme », l'entreprise s'est fait devancer en début d'année par L'Oréal passé en tête sur cette catégorie. Tout un symbole. Il manque un effet « Oh my God ! » Collectionneur d'art et mécène des musées Metropolitan Museum (MET) et Whitney Museum à New York, Leonard Lauder aime rappeler la méthode infaillible de son cadet, Ronald, également collectionneur et dont le premier achat à 13 ans fut une toile d'Egon Schiele. Pour ce dernier, face à une oeuvre d'art, « il y a trois effets possibles : le ‘‘Oh' , le ‘‘Oh my' et le ‘‘ Oh my God'  ». Il préconise de ne céder qu'au troisième. L'effet « Oh my God », c'est peut-être ce qui manque aujourd'hui aux marques de cosmétiques de l'empire Lauder. « Les marques Estée Lauder et Clinique ont de très bons produits mais le groupe s'est fait doubler en raison d'erreurs commerciales et d'une approche marketing trop traditionnelle » note un expert. « C'est le premier géant en difficulté, mais cela pourrait arriver à d'autres », souligne Joël Hazan, directeur associé de BCG. LIRE AUSSI : RECIT - Fragilisé, Estée Lauder accélère le départ de son patron Avec des effets sur le patrimoine du clan Lauder. Selon les estimations du « Wall Street Journal », sa fortune aurait fondu de 15 milliards de dollars l'an passé. Charge au nouveau CEO, Stéphane de La Faverie, de retrouver la formule. Il a pour atout d'avoir dirigé la marque Estée Lauder et supervisé plus récemment des marques qui ont le vent en poupe comme The Ordinary chez Lauder. Il hérite cependant d'un plan de relance draconien et « il n'est pas certain d'avoir les coudées franches », note un analyste.

By |2024-11-12T22:52:32+00:00November 12th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Electricité : la France s’apprête à battre son record historique d’exportation

La France devrait exporter 90 TWh d'électricité en Europe cette année. (Laurent Grandguillot/REA) Par Sharon Wajsbrot Publié le 7 nov. 2024 à 16:48Mis à jour le 7 nov. 2024 à 17:10 PREMIUM Votre abonnement Premium vous permet d'accéder à cet article L'hiver ne fait que commencer mais les chiffres sont déjà impressionnants. Depuis le début de l'année, la France a exporté 75 térawattheures (TWh) d'électricité vers ses voisins européens, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie, le Benelux et dans une moindre mesure l'Espagne qui, avec ses grands champs solaires, bénéficie de prix encore plus attractifs que l'Hexagone. Ce score est tel que Marc Benayoun, le directeur exécutif d'EDF chargé du pôle Clients, Services et Territoires, estime que la France est en passe de battre tous ses records. « On attend autour de 90 TWh d'exportations d'électricité cette année », a expliqué ce dernier, à l'occasion d'une conférence de presse ce jeudi. Soit largement plus que le record historique de 77 TWh atteint il y a plus de vingt ans… en 2002. Une demande atone Pour EDF, cette performance traduit « le regain de production des centrales nucléaires » et « l'accélération des énergies renouvelables ». Cette année, le parc de 57 réacteurs du groupe devrait produire 340 à 360 TWh, un niveau encore en deçà des belles années mais largement supérieur à l'année 2022, qui avait été catastrophique. Ce score d'exportations exceptionnelles, EDF le doit aussi à l'écart de prix qui profite à la France, en matière d'électricité, sur les marchés de gros. Désormais et depuis la fin de la crise de production du nucléaire tricolore, les Français payent à nouveau leur électricité une quinzaine d'euros moins cher que les Allemands sur les marchés de gros. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Data center : poussée de fièvre sur les demandes de raccordement au réseau électrique L'autre facteur qui pèse largement dans l'explosion de ce niveau d'exportations, c'est la faiblesse de la demande d'électricité en France. « Sur tous nos segments de clientèle, la demande est en baisse de 8 % à 10 % par rapport à avant la crise », explique Marc Benayoun, qui concède que le groupe EDF n'avait pas prévu que la demande se limite à 400 TWh en France cette année. C'est environ 10 % de ce qu'attendait le groupe en 2019 à cet horizon. Ruée des géants des data centers vers EDF Les raisons de ce coup de frein sont connues : ralentissement de la vente de véhicules électriques, réindustrialisation plus difficile qu'anticipé mais aussi pérennité des écogestes et des économies d'énergie. En dépit de ce contexte, EDF garde son cap. Il vise 150 TWh de consommations supplémentaires d'ici à 2035 en France, grâce d'abord à la demande des véhicules électriques mais aussi à celle des data centers et des industriels. Dans le détail, le groupe attend 70 TWh de demande supplémentaire liée au transport, 60 TWh issus de l'industrie et 20 à 30 TWh des centres de données, avec un vrai décollage des connexions au réseau « d'ici à 2028-2029 ». 150 TWh Les consommations électriques supplémentaires attendues par EDF d'ici à 2035 en France. « La demande électrique des data centers est en train d'exploser », confirme Marc Benayoun, qui explique discuter avec trois géants du secteur qui demandent la mise à disposition d'une puissance allant jusqu'à 1 GW pour un seul site « soit l'équivalent d'un réacteur nucléaire » par data center. C'est considérable et lié aux besoins de l'intelligence artificielle. A ce jour, la puissance moyenne d'un centre de données implanté en France oscille plutôt autour de 100 MW. De quoi mettre l'approvisionnement national sous tension ? Pas vraiment, estime EDF. « On a largement assez d'électricité pour approvisionner ce type de sites, la question clé c'est notre capacité à les raccorder très rapidement : pour ces sites il faut de la haute tension, ce sont donc des pylônes visibles dont l'installation implique des débats publics parfois trop longs aux yeux des acteurs internationaux », précise le dirigeant. 

By |2024-11-12T22:50:53+00:00November 12th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Quand l’IA aide la police à traquer la mafia italienne

« Suis l'argent et tu trouveras la mafia », répétait le juge Giovanni Falcone, assassiné en 1992 par Cosa Nostra . Pour les aider dans leur traque, les institutions italiennes ne disposent plus seulement du flair de leurs magistrats et policiers mais pourront bientôt compter sur l'intelligence artificielle : celle des algorithmes mis au point pour débusquer les accointances entre la criminalité organisée et les milieux économiques et politiques. Depuis la mort des célèbres juges anti-mafia Falcone et Borsellino il y a un peu plus de trente ans, près de 400 conseils municipaux ont été dissous pour infiltrations mafieuses. La corruption est un délit qui laisse bien peu de traces, à la différence des crimes et règlements de compte éclatants auxquels les mafieux ont de moins en moins recours. L'idée est ainsi venue à Gian Maria Campedelli, criminologue spécialisé en « machine learning » à la fondation Bruno Kessler, ainsi qu'aux économistes étudiant la criminalité organisée Marco Le Moglie et Gianmarco Daniele, d'utiliser l'IA pour anticiper les infiltrations mafieuses au sein des conseils municipaux, sans attendre le résultat de longues et complexes enquêtes. 200 algorithmes testés « Nous avons travaillé pendant deux ans sur un système avec des résultats prometteurs et encourageants, se félicite Gian Maria Campedelli, qui s'apprête à publier, avec ses collègues, un article scientifique sur leurs travaux. Nous avons recueilli 152.000 informations concernant plus de 90 % des communes italiennes entre 2001 et 2020 ». Initialement, seules les dépenses publiques étaient prises en compte mais des variables politiques ont été ajoutées comme le parti politique du maire, son genre, son niveau d'études, ou encore le score obtenu lors de son élection. LIRE AUSSI : ZOOM - Quand le FBI lance sa propre crypto pour piéger des manipulateurs de marché PRESSE ETRANGERE - La mafia italienne s'infiltre sur la Côte d'Azur « Ce sont autant de facteurs qui nous permettent d'affiner le risque d'infiltrations mafieuses, précise Gian Maria Campedelli. Nous avons confronté 200 algorithmes et celui que nous avons élaboré est le plus performant. Il indique dans plus de 90 % des cas les communes dont le conseil municipal a bien été dissous. » « Il y a enfin les cas des 'faux positifs', poursuit l'expert. Ils sont indiqués par l'algorithme comme étant infiltrés, mais s'avèrent, pour l'instant, ne pas l'être officiellement. On s'aperçoit que leurs caractéristiques sont très proches, ce qui ouvre de grandes perspectives pour anticiper et faciliter les enquêtes. » L'algorithme a déjà 80 % de chances de prédire les infiltrations mafieuses lorsqu'il est utilisé pour analyser des informations d'un conseil municipal deux ans avant sa dissolution. L'intérêt du monde économique Outre les autorités italiennes, qui devraient bientôt manifester publiquement leur intérêt pour cette technologie, « le monde économique pourrait également en tirer profit, considère Gian Maria Campedelli. Il sera plus facile par exemple pour une entreprise française qui souhaite investir en Italie de faire son choix dans la commune qui est la plus propice à l'accueillir ». L'utilisation de l'IA devient en effet un allié précieux dans la lutte contre la criminalité organisée. La mafia italienne n'opère évidemment pas uniquement dans les régions reculées et plus pauvres du Mezzogiorno. LIRE AUSSI : PRESSE ETRANGERE - Italie : comment la mafia a conquis les élites du pays Un long travail de recherche a été initié en 2014 par Antonio Parbonetti, professeur d'économie d'entreprise à l'université de Padoue. L'analyse de centaines de condamnations définitives pour appartenance à la mafia prononcées au nord et au centre de la péninsule lui a permis, avec l'aide de deux autres chercheurs, de mettre au point un outil prédictif capable « d'identifier, en termes de risque, la probabilité qu'une entreprise soit liée à une mafia ». Il est alimenté en continu par les données financières qui « dressent » l'algorithme à déceler la moindre anomalie ou incohérence dans les finances ou le fonctionnement : un chiffre d'affaires faisant un brusque bond par rapport au nombre d'employés à des administrateurs au passé trouble ou des changements de gestion fréquents. Interpol s'inspire de l'Italie Pour la seule Vénétie, l'un des poumons économiques italiens, 30.000 sociétés - soit 5 % à 7 % du tissu économique du pays - sont liées d'une manière ou d'une autre au crime organisé. Elles opèrent dans des secteurs traditionnellement à risque, comme le BTP, l'immobilier, l'industrie manufacturière ou encore la gestion des déchets. Interpol s'est d'ailleurs inspiré d'un logiciel similaire à celui de l'université de Padoue pour lancer I-Can, un programme de collaboration internationale contre la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise considérée comme la plus puissante du monde. Au total, treize pays - dont la France, l'Espagne, la Suisse et les Etats-Unis - ont rejoint l'Italie pour combattre son expansion hors de la botte. Le logiciel devrait atteindre son plein potentiel d'ici à l'an prochain devenant ainsi l'un des plus fins limiers de la police dans son combat contre le crime organisé.

By |2024-11-11T19:17:47+00:00November 11th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Grâce à l’IA, les stars d’Hollywood n’ont plus d’âge

Bienvenue dans l'époque des comédiens « synthétiques ». Dans le film « Here - Les plus belles années de notre vie », en salle en France depuis mercredi, l' intelligence artificielle générative joue le premier rôle. En rajeunissant ou vieillissant à souhait Tom Hanks et Robin Wright, l'IA fait traverser les époques à ce couple qui se retrouve à l'écran trente ans après « Forrest Gump ». Certes, ce type d'initiative n'est pas nouveau pour le septième art, mais dans ce long-métrage l'utilisation de l'IA est assez omniprésente. Pour faire voyager les deux protagonistes dans le temps, le producteur Miramax et le réalisateur Robert Zemeckis (« Forrest Gump », « Retour vers le futur »…) ont fait appel à la start-up d'IA Metaphysic qui avait notamment ressuscité Elvis en 2022 pour le programme télévisé « America's Got Talent. Dans le dernier « Indiana Jones » en 2023, le producteur Lucasfilm (Disney) s'était servi de ses technologies pour rajeunir l'octogénaire Harrison Ford. Vers une forme d'immortalité ? « Avec l'IA, on touche au transhumanisme et on repousse les limites dans lesquelles les artistes peuvent participer à une intrigue », observe Elizabeth Le Hot, directrice générale gérante de l'Adami, l'organisme qui gère les droits de 44.000 artistes-interprètes (comédiens, musiciens, etc.) en France. « On crée même une forme d'immortalité » poursuit-elle tout en appelant à la vigilance car les technologies d'IA pourraient « imposer une forme de barrière à l'entrée pour de nouveaux artistes. » LIRE AUSSI : Les chiffres affolants d'OpenAI, la star de l'IA générative DECRYPTAGE - L'IA générative monte en puissance au Festival de Cannes « C'est à la fois fascinant et inquiétant : on est face à l'avènement de technologies qui vont redéfinir les limites du « star-système », abonde Nicolas Gaudemet, en charge de la pratique IA chez Onepoint. L'allongement des carrières de stars est déjà bien visible à Hollywood. En témoigne le record de « box-office » de Tom Cruise en 2022 dans la suite de « Top Gun », trente-six ans après le premier opus. Selon Nicolas Gaudemet, « l'IA générative permet désormais d'imaginer que dans cent ou deux cents ans il y aura encore des films avec Tom Cruise, Tom Hanks ou Julia Roberts après leur mort ». Dans le dernier « Indiana Jones » en 2023, le producteur Lucasfilm s'était servi de ses technologies pour rajeunir l'octogénaire Harrison Ford.Lucasfilm Ltd. & TM Quant aux entreprises de la tech, elles multiplient les initiatives touchant le cinéma ou l'audiovisuel mais se concentrent en général sur des solutions qui génèrent des vidéos à partir de prompts textuels. Depuis février, OpenAI teste son outil ( Sora ) tandis que Google est en train de développer un autre projet, Veo. Meta a, de son côté, noué un partenariat avec un producteur de films d'horreur, Bloomhouse. Acteurs « hybrides » Si cette technologie permet de réaliser des prouesses dans le secteur, elle suscite aussi des inquiétudes. Elle permet par exemple de créer des avatars ou des acteurs « hybrides » empruntant le nez à une star, les yeux à une autre et la bouche à une autre encore… Le tout étant rendu possible par la numérisation des traits de visage, de la silhouette, la gestuelle et la voix. LIRE AUSSI : ANALYSE - Culture : quand l'IA pousse à la « surproduction » OpenAI et Microsoft tentent de redorer leur image auprès des médias américains Aux Etats-Unis, à l'issue de la grève qui a paralysé Hollywood l'an dernier, le puissant syndicat Sag-Aftra a obtenu des clauses très protectrices pour les droits des comédiens et des figurants contre les éventuels « pillages ». Des initiatives existent aussi pour protéger leur identité numérique contre les deepfakes. La Creative Artists Agency (l'agence de talents contrôlée par la famille Pinault) s'est associée par exemple avec la start-up Veritone pour proposer un service de stockage des « actifs numériques » des comédiens. Risques de « pillages » et de pertes d'emploi Le sujet est très anxiogène pour les créateurs et les comédiens. Dans une pétition internationale, plus de 30.000 écrivains, chanteurs mais aussi des stars d'Hollywood comme Julianne Moore et Kevin Bacon s'insurgent contre les risques de l'IA générative. Et une récente étude de l'Adami montre que 74 % des artistes-interprètes français craignent un remplacement par l'IA. Dans le cinéma français, les risques les plus immédiats portent sur les métiers du doublage, de la postproduction et de l'écriture de scénarios. En septembre dernier, la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) a trouvé un accord de principe avec Genario, une start-up qui utilise l'IA pour générer des scénarios, afin de garantir la rémunération des ayants droit. Et le 23 octobre, la SACD a signé avec les syndicats des producteurs français un accord pour assurer un cadre transparent et protecteur aux auteurs face aux applications de l'IA générative, met en avant Patrick Raude, son secrétaire général.

By |2024-11-11T19:16:42+00:00November 11th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Dopé par Trump, le bitcoin vole de record en record

Le monde des cryptos jubile à mesure que les derniers résultats de l'élection présidentielle américaine tombent et confirment la victoire sans appel de Donald Trump. Alors qu'une poignée de scrutins restent à dépouiller, les républicains se rapprochent du « grand chelem » : Maison-Blanche, Sénat et Chambre des représentants. Du petit-lait pour tout l'écosystème largement acquis à la cause du candidat républicain. Pour cause, ce dernier avait fait de la défense des cryptos un cheval de bataille pendant la campagne. Après avoir déjà battu le record des 80.000 dollars dimanche, le bitcoin, qui est négocié 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 sur toute la planète, a dépassé, ce lundi, les 84.000 dollars pour la première fois. Et il continue sur sa lancée, portant son envolée depuis le début de l'année à plus de 90 %. Certains traders ont désormais le cap symbolique des 100.000 dollars en ligne de mire. Vers une régulation moins stricte Dans son sillage, les autres cryptomonnaies sont aussi à la fête. A l'image du Solana, qui a bondi de 36 % en une semaine. « Pour le bitcoin, l'un des plus risqués des actifs à risque, c'est l'heure de gloire, explique Eswar Prasad, professeur d'économie à l'Université de Cornell, cité par le « Financial Times ». Les nuages de la régulation s'éloignent. Les conditions financières s'assouplissent et les conditions macroéconomiques aux Etats-Unis continuent de briller. »

By |2024-11-11T19:15:36+00:00November 11th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Climat : à Bakou, une COP29 décisive pour savoir qui va payer

La COP28 a été une COP des fossiles, en mettant sur les rails la « sortie progressive » du charbon et des hydrocarbures. La suivante, qui débute ce lundi et pour deux semaines à Bakou, en Azerbaïdjan, sera une COP de la finance. C'est en tout cas le sujet qui mobilise le plus les négociateurs en amont de l'événement. Et pour cause, les pays membres de la Conférence of the Parties (COP), qui se tient chaque année sous l'égide des Nations Unies, vont devoir se mettre d'accord sur un objectif de financement des pays du Nord vers ceux du Sud pour les aider à mettre en oeuvre leur transition climatique. Cet objectif est baptisé NCQG pour « new collective quantified goal ». Adopté en 2009, il stipule que les pays industrialisés, selon la définition des Nations Unies, devaient verser 100 milliards de dollars par an aux pays du Sud à partir de 2020. L'objectif a été atteint, mais avec deux ans de retard, ce qui a largement entamé la confiance des pays du Sud dans leurs partenaires du Nord. Selon l'accord de Paris, signé lors de la COP21, les pays doivent fixer un nouveau montant « avant 2025 ». Pas de définition de la finance climat « Après trois ans de négociations techniques, on n'a pas la moindre idée du montant que les pays industrialisés vont proposer à Bakou », constate Mark Tuddenham, responsable de l'information au Citepa, l'organisme public chargé, entre autres, du calcul des émissions de gaz à effet de serre de la France. LIRE AUSSI : La COP29 se présente sous de mauvais auspices La COP29 est donc le moment ou jamais de se mettre d'accord, mais les discussions piétinent, aussi bien sur le montant - les besoins des pays en voie de développement ont été évalués à 2.400 milliards de dollars par an d'ici à 2030 par des experts mandatés par l'ONU, mais ce montant ne fait pas consensus. « Qu'est-ce que la finance climat ? D'où vient l'argent ? Pour quoi faire ? Il n'y a pas de définition commune », soulignait Yannick Glemarec, ancien directeur du Fonds vert pour le climat, lors d'une audition au Sénat la semaine dernière. Fonds privés, fonds publics, dons, prêts bonifiés, prêts concessionnels, la palette des outils de la finance climat est large et explique que les estimations, selon le périmètre, puissent varier du simple au triple. L'une des tentations pour les pays riches est d'y inclure le maximum d'acteurs et de sources de financement possible, mais comme le rappelait le chef de l'ONU Climat, Simon Stiell, les financements publics doivent être « le coeur » de la nouvelle enveloppe pour lui donner un socle solide. Sur les 116 milliards de dollars versés en 2022 dans le cadre du NCQG, 15 milliards provenaient de fonds privés. LIRE AUSSI : A Bonn, une pré-COP sous tension « Un bon accord pour les pays occidentaux, ce serait un accord avec un montant atteignable. Une promesse intenable serait un échec. Mais un bon accord, de leur point de vue, c'est aussi un accord avec davantage de contributeurs », estime Sébastien Treyer, directeur général de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). La question des contributeurs sera au centre des débats car la liste des pays ayant l'obligation de fournir un soutien financier, censée regrouper les pays les plus riches de la planète, n'a pas évolué depuis 1992 ! « Singapour ne contribue pas alors que son PIB est trois fois plus élevé que celui du Portugal », relève Yannick Glemarec. Dans la ligne de mire des négociateurs européens figurent les pays du Golfe, la Corée du Sud mais surtout la Chine. En réalité, ces pays contribuent déjà volontairement à la finance climat, « mais pas au niveau de leur capacité à agir », indique-t-on à Bercy, et de façon peu transparente. Pour l'Union européenne, l'élargissement des contributeurs est une condition sine qua non pour s'entendre sur un montant financier. Vers + 3,1 °C d'ici à 2100 Les questions financières seront donc au centre de la COP29, avec le risque qu'elles éclipsent les autres sujets, voire qu'elles les fassent capoter. « Les difficultés pour aboutir sont nombreuses et il est tout à fait possible qu'il n'y ait pas d'accord », juge Thomas Melonio, chef économiste de l'Agence française de développement (AFD). Or pas d'accord sur le financement fragiliserait grandement les négociations sur l'atténuation, c'est-à-dire la baisse des émissions de gaz à effet de serre, qui est aussi au coeur de la diplomatie climatique. C'est en tous les cas le message que les pays en voie de développement - et pas forcément les moins bien dotés financièrement - font entendre. Un « chantage » qui irrite les pays industrialisés. Ces tensions n'augurent rien de bon sur l'ambition que vont afficher les différents pays pour respecter l'accord de Paris, à savoir contenir le réchauffement bien en dessous de 2 °C et poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5 °C, par rapport à 1850-1900. LIRE AUSSI : Les milliards nécessaires à l'adaptation au réchauffement manquent toujours cruellement Selon le dernier bulletin de Copernicus, le météo France européen, paru jeudi, la température mondiale des douze derniers mois était supérieure de 1,62 °C à la moyenne préindustrielle. Les 1,5 °C sont donc déjà dépassés, et l'ONU a calculé que les promesses d'effort de réduction des émissions fait par les différents pays - baptisés NDC pour contributions déterminés au niveau national - nous mènent vers un réchauffement de 3,1 °C d'ici à 2100. Ces NDC sont censées détailler la stratégie de décarbonation mise en oeuvre par les pays signataires de l'accord de Paris. « Il y a un double déficit. Un déficit d'offre car les NDC ne sont pas assez ambitieuses, et un déficit de mise en oeuvre », estime Philippe Deprédurand, sous-directeur de l'action internationale au ministère de la Transition écologique. Les pays ont jusqu'au 10 février 2025 pour soumettre leurs contributions mises à jour mais la pression est forte sur les grands émetteurs pour remettre leur copie bien avant, lors de la COP29. Les Emirats arabes unis, hôte de la dernière COP, ont publié la leur tout récemment. Le Brésil et le Royaume-Uni ont promis de le faire d'ici quelques jours. Tout comme les Etats-Unis. Une promesse faite avant l'élection de Donald Trump .

By |2024-11-11T19:15:11+00:00November 11th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Opinion | Pour une souveraineté numérique articulée autour de l’IA

Le numérique et l'intelligence artificielle (IA) représentent des enjeux déterminants pour l'avenir de notre pays , récemment regroupés au sein d'un même secrétariat d'Etat qui a quitté Bercy pour rejoindre la tutelle de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Alors que Michel Barnier vient de former son gouvernement, il est essentiel de rappeler que ces secteurs stratégiques sont au coeur de la souveraineté nationale et de la compétitivité de la France sur la scène internationale. Une refondation s'impose pour garantir notre souveraineté numérique et le succès de la French Tech. Une nouvelle phase pour la French Tech L'écosystème numérique français a été fragilisé par des mois d'instabilité politique et une lenteur du monde public à comprendre les nouveaux enjeux liés à l'IA. En dépit des talents mathématiques français et de quelques success stories parmi les start-up , la France est loin d'avoir gagné cette nouvelle bataille de long terme qui dépend aussi du rythme de diffusion de la technologie dans notre société et parmi les entreprises. Dans le récent « Technology and the Rise of Great Powers » (non traduit), Jeffrey Ding montre que c'est cette capacité de diffusion des nouvelles technologies, et non le nombre de brevets ou de start-up, qui définit in fine la place des nations dans la course technologique et la contribution de cette dernière au PIB. LIRE AUSSI : IA - 10 pépites françaises à suivre INTERVIEW - IA : « La France est face à une opportunité qui ne se produit qu'une fois par siècle » La French Tech, après une décennie de succès, doit passer à une nouvelle phase marquée par la maturité et la consolidation. Les start-up, certes florissantes, peinent encore à évoluer en PME et ETI technologiques capables de structurer notre économie. Ce défi est d'autant plus important que la crise mondiale a montré les limites des modèles purement basés sur le capital-risque. Aujourd'hui, l'enjeu est de consolider ces entreprises, pour qu'elles deviennent des acteurs incontournables sur la scène internationale, tout en préservant l'intérêt national et en rassurant les investisseurs étrangers. Urgence absolue La souveraineté numérique doit être l'une des urgences absolues du secrétariat d'Etat. Or, elle n'a jamais été la priorité de l'écosystème trop ébloui par le mythe du startuper déconnecté de la sphère publique. Nous ne pouvons plus nous contenter de suivre des modes dictées par des intérêts étrangers et de faire preuve d'autant de naïveté : acceptable sur l'e-commerce ou les réseaux sociaux, elle porte en germe notre déclassement général si on la transpose dans les domaines de la cybersécurité, de l'IA et de la robotique. La France doit reprendre le contrôle de sa destinée en matière de cybersécurité et de localisation des infrastructures critiques telles que les data centers. Le temps est venu de consolider nos acquis et d'accélérer notre marche vers l'avenir, avec enthousiasme, car la France est aussi une nation d'ingénieurs résolument prométhéenne et innovatrice. L'IA génère une transformation radicale de l'économie mondiale. D'ici 2027, la France doit se positionner en tête de cette révolution, en anticipant les enjeux de l'intelligence artificielle générale (AGI) et en structurant un écosystème solide et compétitif. Cela implique d'accroître le soutien à nos talents locaux et de lancer des initiatives internationales, notamment à l'approche du Sommet IA de 2025 que la France accueillera. Ce sommet sera une occasion unique de démontrer notre leadership sur la scène mondiale. Nous pouvons garantir à la France une place de premier rang dans la compétition technologique mondiale, tout en veillant à ce que cette transformation profite à l'ensemble de nos concitoyens , et non seulement à une élite parisienne et cosmopolite. Le temps est venu de consolider nos acquis et d'accélérer notre marche vers l'avenir, avec enthousiasme, car la France est aussi une nation d'ingénieurs résolument prométhéenne et innovatrice. Sébastien Laye est le fondateur du think tank The Economic Singularity Institute.

By |2024-11-11T18:59:36+00:00November 11th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Mode : le luxe ne sera plus la locomotive de la croissance en 2025

Pour l'industrie de la mode, 2025 devrait s'inscrire dans la continuité de 2024 et la croissance du chiffre d'affaires se stabiliser à un niveau inférieur à 10 %, selon le rapport annuel « State of Fashion » du cabinet américain McKinsey. Les dirigeants sont aussi inquiets que l'an dernier et 39 % voient même la situation se dégrader. Petite révolution : le non-luxe devrait être le principal moteur de la création de valeur et générer l'essentiel de l'accroissement des bénéfices pour la première fois depuis 2010 (hors Covid-19). L'autre changement historique concerne la donne géographique : le secteur bénéficierait de l'augmentation du tourisme en Europe, tout comme des nouveaux moteurs de croissance en Asie, pour contrebalancer l'incertitude entourant les dépenses de consommation en Chine. Si le pays reste le centre de gravité de la région, les marques se tournent vers le Japon, la Corée et l'Inde. Editorialiser l'offre en ligne Le luxe a connu des difficultés dans ses ventes physiques et les acteurs de la mode, conscients d'être face à des consommateurs plus attentifs au rapport qualité-prix, veulent saisir les nouvelles opportunités en élargissant leurs gammes et en enrichissant l'expérience d'achat avec un personnel bien formé dans les magasins. Ceux-ci ont d'ailleurs retrouvé leurs niveaux de fréquentation d'avant pandémie dans une grande partie du monde. Les acteurs du e-commerce se concentrent, eux, sur de nouvelles manières de présenter leurs produits. Car les clients, autrefois éblouis par le choix infini offert en ligne, déplorent aujourd'hui la difficulté de trouver ce qu'ils veulent. La curation, le contenu et l'IA pourraient les aider à découvrir les marques et les produits plus efficacement. Une vague d'acteurs innovants Autre tournant : la « Silver Generation » de plus de 50 ans. Cette dernière représente une part croissante de la population et des dépenses. Résultat : les marques devraient spécialement la courtiser en 2025 après avoir toujours privilégié les jeunes acheteurs. Les enseignes plus récentes, libérées des carcans historiques que ce soit en matière de gammes, de magasins et de clients, devraient s'imposer, particulièrement dans les vêtements de sport où les opérateurs traditionnels sont concurrencés par une vague de petits acteurs innovants qui conquièrent rapidement des parts de marché.

By |2024-11-11T18:58:22+00:00November 11th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Mode : le luxe ne sera plus la locomotive de la croissance en 2025

Pour l'industrie de la mode, 2025 devrait s'inscrire dans la continuité de 2024 et la croissance du chiffre d'affaires se stabiliser à un niveau inférieur à 10 %, selon le rapport annuel « State of Fashion » du cabinet américain McKinsey. Les dirigeants sont aussi inquiets que l'an dernier et 39 % voient même la situation se dégrader. Petite révolution : le non-luxe devrait être le principal moteur de la création de valeur et générer l'essentiel de l'accroissement des bénéfices pour la première fois depuis 2010 (hors Covid-19). L'autre changement historique concerne la donne géographique : le secteur bénéficierait de l'augmentation du tourisme en Europe, tout comme des nouveaux moteurs de croissance en Asie, pour contrebalancer l'incertitude entourant les dépenses de consommation en Chine. Si le pays reste le centre de gravité de la région, les marques se tournent vers le Japon, la Corée et l'Inde. Editorialiser l'offre en ligne Le luxe a connu des difficultés dans ses ventes physiques et les acteurs de la mode, conscients d'être face à des consommateurs plus attentifs au rapport qualité-prix, veulent saisir les nouvelles opportunités en élargissant leurs gammes et en enrichissant l'expérience d'achat avec un personnel bien formé dans les magasins. Ceux-ci ont d'ailleurs retrouvé leurs niveaux de fréquentation d'avant pandémie dans une grande partie du monde. Les acteurs du e-commerce se concentrent, eux, sur de nouvelles manières de présenter leurs produits. Car les clients, autrefois éblouis par le choix infini offert en ligne, déplorent aujourd'hui la difficulté de trouver ce qu'ils veulent. La curation, le contenu et l'IA pourraient les aider à découvrir les marques et les produits plus efficacement. Une vague d'acteurs innovants Autre tournant : la « Silver Generation » de plus de 50 ans. Cette dernière représente une part croissante de la population et des dépenses. Résultat : les marques devraient spécialement la courtiser en 2025 après avoir toujours privilégié les jeunes acheteurs. Les enseignes plus récentes, libérées des carcans historiques que ce soit en matière de gammes, de magasins et de clients, devraient s'imposer, particulièrement dans les vêtements de sport où les opérateurs traditionnels sont concurrencés par une vague de petits acteurs innovants qui conquièrent rapidement des parts de marché.

By |2024-11-11T18:53:08+00:00November 11th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Émissions de gaz à effet de serre : ça va être chaud ! – Hommes et Sciences

Alors que la température moyenne à la surface du globe a déjà dépassé de 1,45 °C la moyenne préindustrielle (1850-1900), les dernières données publiées par l’AIE et l’ONU-E il y a quelques jours sont claires : les objectifs de la conférence de Paris risquent d’être hors de portée. A moins que… Année record en 2023 Les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) ont ont atteint 57,1 GtCO2eq en 2023, soit 1,3% de plus qu’en 2022. Cette progression relative est supérieure au taux moyen des augmentations annuelles observées au cours de la décennie pré-Covid qui était de 0,8%. A l’exception du secteur de l’utilisation des terres-changement d’affectation des terres et foresterie (UTCATF) toutes les sources de GES ont augmenté en 2023 : la production d’électricité (15,1 GtCO2eq), le transport (8.4 GtCO2eq), l’agriculture (6,5 GtCO2eq) et l’industrie (6,5 GtCO2eq ). Les secteurs dont les émissions ont progressé de plus de 2,5% comprennent les fuites dans de la infrastructures de production de ressources énergétiques fossiles (pétrole, gaz et charbon), dans le transport routier et dans l’industrie (Source UNEP 2024). Il y a de grandes disparités régionales. Les émissions de GES des pays du G20 ont augmenté de 1,8 % en 2023 pour s élever à 40,9 GtCO2eq soit 77% du total mondial. Six pays ou régions ont produit environ plus de 60 % des émissions mondiales l’an passé : la Chine (30%), les États-Unis (11%) et l’Inde (8%), l’Union européenne (6%), la Russie (5%), le Brésil 2 %. La part des émissions des 55 pays de l’Union africaine atteint seulement 5 % et les pays les moins développés ne représentaient que 3% de toutes les émissions de GES en 2023. Malgré leur évolution au cours des deux dernières décennies, on observe des écarts significatifs sur les émissions par habitant  par rapport à la moyenne mondiale de 6,6 tCOeq/an/habitant : 19 en Russie, 18 au États-Unis, 11 en Chine, 7,3 dans l’Union Européenne (UE), 6 au Brésil, 2,9 en Inde, 2,2 pour l’Union Africaine et 1,5 pour les pays les moins développés. Alors que les émissions ont baissé de 7,5 % dans l’ensemble de l’UE et de 1,4 % aux États-Unis elle ont augmenté plus que la moyenne mondiale en Inde (6,1%), en Chine (5%) et en Russie (2%). Les objectifs de l’accord de Paris risquent d’être dépassés L’accord de Paris pour le climat (2015) a pour objectif primordial de maintenir « l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels » et de poursuivre les efforts « pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. ». Ses 195 signataires définissent eux-mêmes les contributions qu’ils apportent pour atteindre ces objectifs avec des plans d’action appelés contributions déterminées au niveau national (CDN). Ou en est on aujourd’hui ? La lutte contre le réchauffement climatique a pris du retard. La poursuite des politiques actuelles conduiront à une augmentation de la température planétaire moyenne de 3,1° C d’ici à la fin du siècle. Si elles sont mis en œuvre mise en œuvre, les CDN connues à ce jour nous nous mènent vers un réchauffement global de 2,6 °C en 2100. Pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, les émissions de GES doivent diminuer de 43% d’ici à 2030 (par rapport aux niveaux de 2019), or les engagements actuels des pays signataires se traduiront par une baisse des émissions de 2,6 % à la fin de la décennie. Il est encore « techniquement » possible de se maintenir sous 1,5 °C… …s’il y a une « mobilisation internationale d’une ampleur et d’un rythme sans précédent » (PNUE). En pratique ce la signifie que les émissions mondiales doivent diminuer de 9% par an des émissions mondiales d’ici à 2030. (NB : pendant la pandémie Covid au cours de laquelle l’économie mondiale a été ralentie (PIB -2,8%), les émissions des GES ont baissé de 5 % en 2020 versus 2019). Outre l’accélération de la substitution des énergies fossiles par des ressources décarbonée et la protection des puits de carbone naturels, c’est la gouvernance globale coordonnée de politiques volontaristes dans tous les pays qu’il convient d’activer parallèlement à la réorganisation des ressources financières internationales nécessaire à la réussite de cette mobilisation qui ne pourra s’affranchir d’un véritable soutien des pays développés au bénéfice des pays en développement. A l’approche de la COP 29 qui se tiendra dans deux semaines il n’est inutile de rappeler le réchauffement climatique n’a pas de frontières.

By |2024-11-11T18:51:05+00:00November 11th, 2024|Scoop.it|0 Comments