Tous ceux qui craignent une « coagulation » à venir des mouvements sociaux se trompent. La coagulation est déjà faite et se constatera bel et bien ce jeudi, avec les grèves et les manifestations auxquelles appellent les syndicats. Agents de la SNCF, fonctionnaires, contrôleurs aériens, enseignants, personnels de santé, étudiants : c’est un ensemble large et hétéroclite qui battra le pavé, avec des convergences qui laissent rêveur. Des cheminots et fonctionnaires qui bénéficient d’un emploi à vie vont côtoyer des étudiants qui n’en ont pas du tout parce que l’actuel tri par l’échec à l’université les envoie par dizaines de milliers au chômage.
Dysfonctionnements
Le paradoxe est qu’il y a bien un point commun entre la plupart de ceux qui se mobiliseront. Ils appartiennent à des entreprises et des services publics qui dysfonctionnent. Tous les clients de la SNCF -qui vont être pénalisés pendant trois mois par les grèves sans y être pour rien- souffrent des retards de trains et le système ferroviaire coûte très cher à la collectivité sans donner satisfaction à ses clients ; les urgences hospitalières sont encombrées ; les résultats du système éducatif ne sont pas à la hauteur ; les fonctionnaires sont malheureux parce qu’ils ne se sentent ni reconnus ni dans un environnement qui reconnaît leurs talents. Bref, le service rendu n’est pas à la hauteur de l’argent public qui est investi.
Manque de courage
Les fonctionnaires et assimilés ont raison sur un point. Ils ne sont pas les premiers responsables ce qui leur arrive. C’est souvent l’absence de choix des politiques qui est en cause dans les mauvais résultats des services publics : trains du quotidien délaissés pour gagner dix minutes en TGV ; sureffectifs maintenus dans des administrations de « papiers » qui interdisent d’embaucher dans le régalien et la santé ou d’augmenter les bas salaires (professeurs des écoles) etc. En revanche, la responsabilité syndicale, quand elle cogère le manque de courage et bloque toute réforme apparaît immense quand l’Etat est à sec, n’a plus d’argent.
Sourced through Scoop.it from: www.lesechos.fr
Leave A Comment