Destruction d’emplois

Si l’e-commerce est une activité florissante, ses effets sur la société sont pour le moins contrastés. Sur le volet de l’emploi, il mène à des destructions particulièrement visibles dans le domaine du commerce physique traditionnel. Bien sûr, l’innovation est synonyme de destruction créatrice, mais le commerce en ligne est loin de remplacer la totalité des emplois qu’il supprime. On estime qu’un vendeur en ligne mobilise environ quatre fois moins de personnel qu’un vendeur physique.

Les emplois créés sont souvent qualifiés, notamment du fait de la robotisation qui s’accroît dans les entrepôts. Les personnes les moins qualifiées se retrouvent donc exclues de ces nouvelles opportunités. Une exclusion qui touche aussi les centres-villes, où le petit commerce disparaît progressivement. On peut également critiquer le consumérisme à outrance exacerbé par certaines plates-formes, qui n’hésitent pas à exploiter la pulsion d’achat de consommateurs passant toujours plus de temps sur leurs écrans.

Optimisation fiscale

Les performances du secteur de la vente en ligne sont bien évidemment liées aux services rendus au consommateur, inutile de le nier. Mais ce n’est pas tout. La fiscalité pesant sur ces derniers est lourde et foisonnante, principalement basée sur le foncier, une charge à laquelle échappe l’e-commerce, qui opère depuis un nombre limité d’entrepôts.

Certains acteurs profitent de l’absence d’harmonisation fiscale au niveau européen pour localiser leurs profits dans des pays à l’imposition très avantageuse – comme Amazon au Luxembourg – et ne paient donc quasiment pas d’impôts dans les autres pays où ils opèrent. Dans une telle situation, on imagine bien les difficultés auxquelles fait face le commerce traditionnel pour tenter de rivaliser.

Une charge pour l’environnement

Contrairement, peut-être, à une idée reçue, l’impact environnemental de l’e-commerce est également problématique. Son développement a conduit à la multiplication des trajets – parfois depuis l’autre bout du monde – et des emballages, du fait du caractère plus fragmenté de l’achat en ligne, du besoin accru de protection des marchandises, et d’une incitation plus forte au retour.

Lorsque l’on se déplace soi-même, au contraire, on a tendance à regrouper ses achats et l’on est moins enclin à retourner le produit. Si l’on ajoute à cela la consommation d’énergie de l’utilisation d’Internet, souvent sous-estimée, il n’est pas étonnant qu’une récente étude ait conclu que l’impact écologique d’un produit acheté en ligne est équivalent à celui de vingt-cinq produits achetés en magasin.

Un marché oligopolistique

La valeur économique créée par l’e-commerce se concentre entre quelques mains. Certes, le secteur est en pleine croissance, certains spécialistes envisagent, par exemple, son maintien à un rythme de croissance de 10 % par an en France pour les années à venir, mais la concentration à l’oeuvre laisse les investisseurs dubitatifs. Ce sont 5 % des acteurs de l’e-commerce qui captent 85 % du chiffre d’affaires dans le pays.

La concurrence est féroce et le risque d’éclatement d’une nouvelle bulle financière bien réel, comme le montrent les difficultés rencontrées récemment par le site de vente Sarenza. Il y a fort à craindre que l’e-commerce devienne un marché oligopolistique, du fait des hautes barrières présentes à l’entrée.

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