Les ravages provoqués par la révolution numérique deviennent de plus en plus visibles. Et de moins en moins supportables. Quelle forme pourrait prendre une révolte ? Les exemples de la mondialisation et de l’automobile.

La révolte gronde. Avec des griefs qui s’accumulent chaque jour, elle déborde largement la SNCF ou même les réformes Macron. En réalité, elle est mondiale. Et s’attaque au plus puissant moteur de l’économie en ce XXIe siècle : la révolution numérique.

Retour de bâton

Usage politique des données Facebook , accident mortel provoqué par une Volvo Uber , taxation européenne des géants numériques … Les innombrables réactions provoquées par ces faits montrent que la fermentation progresse. La meilleure preuve en est sans doute l’émotion suscitée aujourd’hui par le scandale Facebook. Car l’information elle-même n’est pas neuve : deux enquêteurs de l’hebdomadaire suisse « Das Magazin » avaient tout raconté dans  un article saisissant publié en janvier 2017, juste après l’élection de Donald Trump.

Le numérique n’est déjà plus ce qu’il était. Antan, c’était la promesse d’un monde meilleur, d’un immense progrès, d’une magnifique liberté. La connaissance et l’éducation allaient devenir accessibles à tous, gratuitement ou presque. Le consommateur verrait l’éventail des choix s’ouvrir à l’infini. Le producteur pourrait s’organiser comme bon lui semble. Nous serions mieux informés, mieux organisés, mieux soignés. Tout ceci reste vrai, ou au moins possible. Mais le retour de bâton s’annonce terrible.

Le numérique, une révolution pas comme les autres
Car la circulation et le traitement d’informations, à une échelle et une vitesse jamais vues dans l’histoire, n’a pas que des effets positifs. Au fur et à mesure que cette révolution avance, nous découvrons non seulement les progrès qu’elle peut apporter, mais aussi les dégâts qu’elle peut provoquer. Bien au-delà de ce qu’avaient anticipé les meilleurs auteurs de science-fiction.

Notre identité est en jeu

« Big brother is watching you », avait imaginé George Orwell il y a soixante-dix ans. Aujourd’hui, Big Brother ne se contente pas de vous regarder. Il influe sur vos achats et vos votes. Il échappe à la loi (fiscale, par exemple). Demain, il pourrait choisir de vous tuer (en jugeant par exemple qu’il vaut mieux que ce soit votre voiture qui aille dans le ravin plutôt que le car scolaire en face, ou que vous n’avez plus l’âge de recevoir des soins médicaux coûteux). Au forum de Davos, où l’on se passionne depuis longtemps pour les technologies de l’information, l’industrie du numérique était comparée cette année à celle du… tabac.

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