Le lait frais pasteurisé à prix coûtant. C’est un des trois engagements pris hier au Maroc par Emmanuel Faber, le PDG de Danone pour tenter de mettre fin au boycott des produits de la Centrale Danone lancé le 20 avril sous le slogan « ne fais pas mal à ma poche ». Le patron du géant laitier a promis de travailler «avec tous les Marocains » pour rendre le lait frais pasteurisé plus abordable. Même si «le prix n’a pas augmenté depuis cinq ans pour une qualité optimale garantie par une filière dans laquelle le groupe a beaucoup investi »
Après avoir écouté des consommateurs, des épiciers, des mères de famille, des salariés et des éleveurs, Emmanuel Faber a déclaré « respecter totalement le choix de ceux qui n’ achètent plus les produits de Danone, même si cela a un impact très grave sur les activités du groupe ». Et proposé de mettre en place «un nouveau modèle » fondé sur trois principes.
Le moins cher possible
Ainsi le groupe est prêt à « assurer le lait le moins cher possible aux épiciers et consommateurs tout en protégeant au maximum le prix aux éleveurs. Nous nous engageons à ce que le lait pasteurisé frais de la marque Centrale soit vendu au prix coûtant pour nous, tout en respectant la loi marocaine. Centrale sera le symbole de l’accès quotidien des familles marocaines aux bienfaits d’un produit essentiel dans l’alimentation familiale et à la croissance des enfants. »
Emmanuel Faber a promis que ce lait continuera d’être élaboré selon « les meilleurs standards de qualité. Nous nous engageons à la transparence totale sur les coûts de collecte, les tests qualité, la pasteurisation, l’emballage, le transport et les coûts de commercialisation du lait pasteurisé frais Centrale. Cette transparence sera vérifiable par tous à tout moment », a t-il assuré.
C’est qui le patron ?
Danone fera confiance aux épiciers et aux consommateurs pour qu’ils décident ensemble de ce que doit être « le juste prix », qu’il soit à la portée de tous les ménages, tout en ménageant les intérêts des éleveurs. «Nous ne savons pas quelle forme prendra cette gouvernance mais des expériences intéressantes existent dans d’autres pays comme «C’est qui le patron? » en France , a ajouté Emmanuel Faber. «Nous pourrons discuter ensemble de ces exemples et évaluer comment les adapter au Maroc. Nous démarrons maintenant les travaux pour conclure sur la viabilité économique de cette proposition ».
Le boycott de ses produits a conduit Centrale Danone,a dû revoir ses prévisions de résultats début juin. La filiale marocaine de Danone, cotée à Casablanca prévoit une chute significative de son chiffre d’affaires et de son résultat net au premier semestre 2018.
Entre le 20 avril et le 12 juin, les ventes ont en effet plongé de moitié. Bénéficiaire au premier semestre 2017 avec 56 millions de dirhams (5 millions d’euros) de profits, la Centrale Danone s’attend désormais à passer dans le rouge sur les six premiers mois de 2018, avec une perte de 150 millions de dirhams (13,5 millions d’euros). L’entreprise a perdu la moitié du marché du lait frais au Maroc en deux mois.Le groupe n’envisage pas à ce stade de quitter le pays, a précisé Emmanuel Faber mardi.
Les éleveurs victimes du boycott
Face au boycott de ses produits, Danone avait décidé en mai de ne pas renouveler les contrats de 886 intérimaires et de réduire sa collecte de lait de 30 %, auprès de 120.000 éleveurs locaux. Une décision qui a été elle aussi critiquée sur les réseaux sociaux.
Le gouvernement marocain a tenté à plusieurs reprises de mettre un terme à ce mouvement, dont nul n’a réussi à identifier l’origine, en pointant les conséquences pour les éleveurs et en menaçant de poursuivre en justice ceux qui diffusent des ‘fausses informations’. Mais sans succès jusqu’à présent.
Deux autres groupes, l’eau minérale Sidi Ali, détenue par Miriem Bensalah, l’ancienne présidente du patronat et les stations d’essence Afriquia, font l’objet d’une campagne similaire sous le slogan « ne fais pas mal à ma poche ».
Ce boycott contre la cherté de la vie intervient alors que les Marocains souffrent d’un niveau de vie très médiocre. Leur pouvoir d’achat serait d’environ un quart de celui des Espagnols, selon un rapport de la Banque mondiale, qui estimait que leur niveau de vie était équivalent à « celui des Français en 1950 ». Actuellement, le salaire moyen ne dépasse pas 350 euros dans le pays et l’équivalent du SMIC près de 120 euros.
Marie-Josée Cougard
Sourced through Scoop.it from: www.lesechos.fr
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