Un défi qui mobilise sa R&D depuis une dizaine d’années, et que devra relever son nouveau directeur général, Nicolas Hieronimus. Car, aujourd’hui, 32 % des matières premières sont d’origine naturelle. « Le bio est un des éléments de réponse. Mais c’est une petite partie du marché. Nous voulons aller bien au-delà afin de pouvoir transformer l’intégralité de notre portefeuille », insiste le directeur de l’innovation durable du groupe, Laurent Gilbert. « Et pour cela, il faut y associer les biotechnologies », ajoute-t-il.

Pour relever le défi, L’Oréal à plusieurs cordes à son arc . « Nous avons deux types d’approches, remplacer la pétrochimie par la voie des biotechnologies, et travailler sur la fonctionnalité des produits. C’est-à-dire ne pas remplacer un ingrédient en tant que tel, mais délivrer les mêmes effets à partir de polymères naturels », précise le scientifique.

Reproduire des fils d’araignées
L’Oréal travaille ainsi avec une start-up sur les toiles d’araignées, dont les fils sont souples et résistants, d’où leur intérêt pour les cheveux. Mais pas question d’élever des millions d’araignées. L’idée est donc, à partir de molécules issues de plantes, de reproduire ces fonctions. Les enzymes sont également une ressource intéressante.

Grâce à sa collaboration avec le laboratoire Micreos, le géant mondial va lancer au dernier trimestre 2021, chez La Roche-Posay, une crème qui permet de cicatriser son acné ou son eczéma en quelques jours de traitement. « Obtenu à partir d’enzymes, ce principe actif inclus dans une crème est capable de cibler spécifiquement l’acné, et il est obtenu à partir des biotechnologies, avec une performance bien supérieure à celle des procédés traditionnels. C’est une grande innovation », souligne Laurent Gilbert.

Culture de cellules de roses
Autre piste : remplacer des matières de synthèse obtenues via la pétrochimie par d’autres, d’origine végétale. Au lieu du silicone, utilisé dans les shampoings pour réparer les cheveux, L’Oréal mène ainsi des recherches sur l’extraction de sucre à partir de champignons. Un polymère naturel qu’il faut ensuite transformé, et formulé pour améliorer ses qualités de démêlage et de touché soyeux. Un process encore très en amont.

Ses scientifiques travaillent aussi sur la possibilité d’imiter la nature. Un savoir-faire pour lequel le groupe a déjà une expertise. En 1974, il a ouvert à Tours une unité de production capable de reproduire des cellules de plancton, via un fermenteur. Il faut 21 jours pour fabriquer ce principe actif de Biotherm qui, jusque-là provenait d’une source thermale des Pyrénées.

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