La Boring Company, la petite dernière de la galaxie des sociétés d’Elon Musk, est désormais valorisée 5,7 milliards de dollars (5,2 milliards d’euros) après un imposant tour de table mené par Vy Capital et Sequoia.

Les 675 millions de dollars levés s’ajoutent à au moins deux autres levées de fonds, en 2018 (113 millions) et 2019 (120 millions), selon Dealroom. Fondée en 2017, la start-up commence donc à disposer d’un certain capital, elle qui affiche l’objectif de « mettre fin aux bouchons », en particulier dans les grandes villes congestionnées.

Creuser plus vite, et donc moins cher
L’ambition n’est pas la plus démesurée d’Elon Musk, qui souhaite, par ailleurs, coloniser Mars, démocratiser la voiture électrique ou connecter le cerveau humain à des ordinateurs. Mais le projet n’en reste pas moins pharaonique : pour révolutionner les transports, la start-up compte bâtir d’immenses réseaux de tunnels sous les métropoles, sortes de tubes dans lesquels transiteraient à haute vitesse des capsules remplies d’utilisateurs.

Tout a commencé, comme souvent avec l’entrepreneur le plus célèbre de la planète, avec un tweet. Le 17 décembre 2016, Elon Musk est coincé dans les bouchons de Los Angeles. « Le trafic me rend fou. Je vais construire une machine à forer des tunnels et creuser… », s’agace-t-il sur le site de micro-blogging. Et d’enchaîner : « Je vais vraiment le faire ».
Deux mois plus tard, en effet, The Boring Company (de l’anglais « boring », « forer ») entreprend ses premiers travaux : une fosse de 9 mètres de large, 15 mètres de long et 4,6 mètres de profondeur sur le site californien de Space X, une autre société d’Elon Musk à laquelle la start-up appartient encore (elle s’en détachera en 2018) et où il n’est pas nécessaire d’obtenir de permis. Puisque c’est par des souterrains que l’entreprise a choisi d’attaquer son problème – là où la météo n’a pas de prise et où l’espace ne manque pas -, il lui faut trouver un moyen de creuser plus vite, et donc moins cher.

Lance-flammes
C’est donc dans ses tunneliers que réside aujourd’hui la principale valeur ajoutée de The Boring Company : les Prufrock, dont la deuxième génération, aujourd’hui utilisée, est capable de creuser 1,6 kilomètre de tunnel par semaine, sans assistance humaine au sol. Le tour de table de 675 millions de dollars doit permettre de développer la troisième génération, qui doit elle atteindre un rythme de 11 kilomètres par jour.
C’est notamment en externalisant sa technologie que la société compte engranger des profits. Mais pas seulement : la commercialisation de produits dérivés (des chapeaux, des extincteurs) lui rapporte aussi des revenus non négligeables – elle a par exemple gagné 10 millions de dollars en écoulant 20.000 lance-flammes.

La technologie ne fait toutefois pas tout. C’est l’obstacle réglementaire qui apparaît aujourd’hui le plus difficile à surmonter pour The Boring Company, qui a dû renoncer à plusieurs projets, à Los Angeles, entre Washington et Baltimore, et surtout à Chicago où la liaison entre le centre-ville et l’aéroport, annoncée en grande pompe, est restée lettre morte.
Pire, les premières réalisations de l’entreprise sont loin, très loin du tableau dépeint originellement par Elon Musk. Loin des capsules totalement autonomes et électrifiées capables de transporter jusqu’à 16 personnes à 250 km/heure, la boucle du Las Vegas Convention Center, d’une longueur de 2,74 km, s’est en fait avérée un simple tunnel réservé aux seules Tesla, et à l’intérieur de laquelle se forment… des bouchons, comme n’ont pas manqué de le remarquer des journalistes.

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