Sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos alarmantes sont devenues virales ces derniers jours. L’une d’entre elles, tournée par un assistant social, montre une femme nonagénaire se tenant devant les étagères vides de son frigo, expliquant d’une voix deséspérée avoir hurlé à la fenêtre pendant des jours pour réclamer de l’aide et de la nourriture. Autre exemple, les autorités locales séparaient jusqu’à récemment de leurs parents les enfants testés positifs, pour les envoyer dans des entrepôts ou des hôpitaux de campagne montés à la va-vite en dehors du centre-ville, où « les gens disent tous qu’ils s’y sentent traités comme du bétail », selon le correspondant de France Inter Simon Leplâtre. Pour éviter à tout prix un tel sort, certaines familles expliquent depuis leurs comptes en ligne utiliser désormais « une seule brosse à dents commune », afin de permettre au virus de se diffuser rapidement au sein du foyer – et ainsi éviter toute séparation.

« Des douches froides tous les jours » 
Pour celles et ceux n’ayant pas réussi à passer entre les gouttes, l’isolement est brutal. La jeune Xiao Xiao témoigne dans les colonnes de Mediapart : « Tu peux imaginer dormir avec la lumière allumée pendant 24 heures ? Tu peux imaginer dormir dans un espace ouvert avec 200 personnes à tes côtés qui ronflent ? Tu peux imaginer prendre des douches froides tous les jours ? C’est comme un train de nuit sans fin. » D’après le site d’information, la jeune femme a été testée positive et transférée dans un centre de quarantaine le 4 avril. En arrivant, elle a découvert que son hôpital-refuge est seulement équipé de dix douches pour 2 000 personnes, et la condition sanitaire des toilettes est « affreuse ». Des constats corroborés par les témoignages d’expatriés recueillis par France Info ou France Culture, qui racontent avoir subi le même sort.

« À partir de 20 heures ou 21 heures, les gens enfilent leur pyjama et leurs chaussons. Et je dois dire que se retrouver à se brosser les dents en compagnie de son patron, c’est plutôt gênant »
Yan Yuejin, analyste immobilier interrogé par le Wall Street Journal

Les travailleurs habituellement les plus privilégiés ne sont pas en reste. Depuis la mi-mars, de nombreuses banques, sociétés d’assurance et autres prestigieuses institutions assument ainsi « avoir installé leur personnel sur leur lieu de travail pour maintenir l’activité de l’entreprise ». Comme le raconte le Wall Street Journal, ici traduit en français par Courrier International, Xiangru Zheng, employé de la Banque industrielle et commerciale de Chine (BICC), explique avoir choisi d’installer une tente dans son open space. Il y dort depuis maintenant deux semaines, et devrait bénéficier d’une prime grâce à cette néo-sédentarité improvisée. D’autres n’ont pas eu le luxe du « choix ». Ainsi de Yan Yuejin, analyste immobilier qui a le mois dernier fait partie des 2 000 personnes enfermées durant sept jours dans leur bureau après des cas positifs dans le voisinage. « À partir de 20 heures ou 21 heures, les gens enfilent leur pyjama et leurs chaussons, raconte-t-il au Wall Street Journal. Et je dois dire que se retrouver à se brosser les dents en compagnie de son patron, c’est plutôt gênant. »

Les autorités comptent-elles pour autant relâcher la pression ? Des essais « d’allègement » des restrictions ont été annoncés ces derniers jours, non seulement à Shanghai mais aussi dans d’autres grandes villes du pays jusqu’ici contraintes au même sort (Guangzhou,  Suzhou et plusieurs villes dans le Hubei). Pour autant, la courbe des contaminations ne s’est encore franchement infléchie nulle part. Et si de nombreux commentateurs prophétisent la fin de la politique « zéro Covid », force est de constater que le gouvernement chinois « ne le voit pas de cet œil », selon la newsletter spécialisée East is red. « Pour Zhong Nanshan, figure de la lutte contre le SARS, la faute repose sur le manque de préparation des autorités shanghaiennes, et le directeur du groupe d’expert sur le Covid de la Commission Nationale à la Santé continue de rappeler que “la dynamique zéro COVID” reste le meilleur choix pour le pays », explique East is red. Le récent suicide du directeur du Centre d’information de la Commission de la santé du district de Hongkou, à Shanghai, semble n’a visiblement rien changé.

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