Gare à l’usage de WhatsApp dans les salles de marché. Coup sur coup, Credit Suisse et HSBC ont licencié des employés après avoir analysé leur téléphone personnel. La banque helvétique a démis de ses fonctions le responsable de la syndication de ses activités actions qui avait employé des canaux non autorisés avec ses clients. La banque britannique a, de son côté, mis fin au contrat d’un trader de Londres. Elle avait retrouvé un échange datant d’il y a plusieurs années avec un courtier qui lui avait acheté des tickets pour un événement sportif. Mais, officiellement, pas d’indices de fraudes.

En mai, le gendarme boursier américain (SEC) a ainsi exigé que les banques saisissent plus d’une centaine de téléphones personnels appartenant à des traders ou des responsables pour déterminer s’ils avaient envoyé des informations sensibles à travers ces réseaux sur des transactions ou des ordres de Bourse. De Goldman Sachs à Morgan Stanley en passant par HSBC, Bank of America, Citi et Credit Suisse, tous les grands noms de la banque d’investissement sont dans le viseur.

Frontière floue
Il y a un an, le gendarme des marchés avait créé un électrochoc en infligeant au géant JP Morgan une amende de 200 millions de dollars, l’amenant à mettre à pied un trader vedette qui avait monté un groupe WhatsApp pour discuter de sujets de marchés avec des collègues. Une dizaine d’employés avaient par ailleurs vu leurs bonus réduits.

« Avec les confinements et le télétravail, la frontière entre le personnel et le professionnel devient très poreuse, constate Lionel Vuidard, avocat associé chez Linklaters. C’est vrai aussi avec la tendance au ‘BYOD’ (Bring Your Own Device) qui amène les employeurs à pousser les salariés à utiliser leur propre téléphone ou ordinateur. » Or lorsque le matériel et la messagerie sont personnels, la présomption est que la conversation a un caractère privé. « L’employeur ne peut pas la consulter et devra passer par un juge pour exploiter les données », ajoute l’avocat. Plusieurs contentieux sont déjà en cours.

En Europe aussi, les autorités sont sur les dents. La FCA britannique et la BaFin allemande ont lancé des enquêtes similaires à celle de la SEC. Présentes aux Etats-Unis, les deux grandes banques d’investissement françaises, BNP Paribas et Société Générale, sont-elles aussi concernées ?

« De facto, les banques n’ont pas le pouvoir de s’opposer à l’extraterritorialité des autorités américaines, dit un responsable au sein de l’équipe conformité d’une grande banque. D’autant moins si elles sont présentes aux Etats-Unis. » « La SEC interroge les grandes banques. Qu’il s’agisse de WhatsApp ou de Zoom pour l’usage professionnel sur des téléphones personnels, c’est une entrave à la règle », ajoute un acteur.

Interrogées, BNP Paribas ne fait pas de commentaire, ni Société Générale. De son côté, l’Autorité des marchés financiers renvoie à la régulation en vigueur sur l’usage de ces réseaux.

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