La propulsion par hélice va bientôt fêter son bicentenaire, bien que l’idée originelle soit deux fois millénaire et remonte à la célèbre vis d’Archimède, conçue vers 200 avant notre ère. Mais c’est bien en 1827 que l’ingénieur autrichien Joseph Ressel dépose le premier brevet d’une hélice opérationnelle pour les navires. Une invention alors promise à un bel avenir, puisqu’elle équipe l’écrasante majorité des bateaux aujourd’hui. Mais voilà que, depuis peu, un nouveau venu plein d’ambition, FinX, a l’outrecuidance de contester ce vénérable mode de propulsion.

L’histoire commence par les travaux de Jean-Baptiste Drevet, ingénieur des Arts et Métiers, portant sur une alternative à l’hélice pour déplacer des fluides. « Il est allé chercher des solutions dans la nature », raconte Harold Guillemin, fondateur de FinX et ancien collègue de « l’inventeur génial », qu’il a épaulé durant plusieurs années après une formation d’ingénieur. En observant la célérité de certains animaux marins – que l’on songe aux 60 km/h atteints par le dauphin ou aux 110 km/h de l’espadon -, Jean-Baptiste Drevet conçoit une membrane ondulante protégée par un brevet, elle aussi promise à la postérité. L’invention est notamment exploitée aujourd’hui par la société Eel Energy, qui développe des hydroliennes pour produire de l’électricité, ainsi que par la start-up CorWave et ses pompes cardiaques d’un nouveau genre. Jean-Baptiste Drevet, décédé en 2022, n’aura hélas pas eu l’occasion de voir mûrir toutes les innovations issues de son invention.

Sa mémoire se perpétue cependant grâce à FinX et son fondateur, Harold Guillemin : « J’ai racheté la licence de la membrane ondulante pour fonder l’entreprise en 2019. En tant que Breton passionné de navigation, il était inévitable que je me tourne vers le secteur nautique. » L’ambition de la start-up ? Rien de moins que remplacer l’hélice dans le secteur de la plaisance par une motorisation propre, biomimétique et sans danger pour l’homme ou pour l’environnement. Un marché potentiel de plus d’un million de navires, rien qu’en France.

Méduse et dauphin
La jeune pousse ne perd pas de temps. Après avoir levé 6 millions d’euros en fin d’année dernière auprès de Supernova Invest, BPI France et plusieurs investisseurs normands, elle s’apprête à lancer l’industrialisation de son premier moteur électrique de bateau sans hélice, le Fin 5. D’une puissance de 2 kW – l’équivalent de 5 CV thermiques -, il est destiné aux petites embarcations et voiliers de moins de 3 tonnes. « Environ 80 % des pièces seront fabriquées en Normandie, et l’assemblage sera entièrement réalisé dans cette région par Calip », assure le fondateur de FinX.

La partie émergée du moteur ne semble pas à première vue différente de ses équivalents thermiques ou électriques. Mais sous l’eau, l’hélice a fait place à un genre d’anneau contenant une membrane en élastomère, inspirée de la méduse, dont les ondulations permettent de propulser le navire. Alimenté par une batterie de 48 V, le moteur permet une autonomie d’1 h 40 à pleine puissance et se recharge sur secteur en deux heures et demie. En 2023, l’entreprise souhaite fabriquer pas moins de 800 Fin 5 et engranger un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros.

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