Un grand écran en face. Deux sur les côtés, à l’oblique. Un autre sous les pieds… Depuis le poste de pilotage du simulateur du LCA60T, le futur dirigeable rigide de Flying Whales, le champ de vision est bluffant. On se croirait vraiment suspendu dans le ciel. Lorsqu’on pousse sur la manette des gaz qui actionne les 32 moteurs électriques à hélice alimentés par quatre turboréacteurs de 1 mégawatt chacun, l’appareil tarde à réagir. Il faut attendre une quinzaine de secondes avant que le paysage ne commence à défiler. Signe que cette « baleine volante » de 200 m de long pour 50 m de diamètre s’est mise en mouvement.
« Cet été, les autorités de certification nous ont fait simuler une perte de contrôle, raconte le technicien chargé de la mise au point du simulateur. Nous devions réussir à nous poser au sol en disposant juste d’une heure d’autonomie de batterie. Ce crash test nous a notamment fait prendre conscience qu’il fallait augmenter la vitesse de déballastage de l’hélium qui permet à l’engin de redescendre. » Des ajustements de ce type, il y en aura probablement d’autres avant que l’appareil ne soit homologué. Mais le programme est désormais bien calé.
Accident de parcours
En témoigne notamment la présence au capital d’actionnaires de référence comme Bouygues, ADP, Air Liquide, Société Générale mais aussi les Etats français, canadien et, depuis peu, australien. « A ce stade, plus rien ne peut nous arrêter », affirmait il y a trois mois, lors d’un premier rendez-vous, Sébastien Bougon, président fondateur de Flying Whales. « Le financement est acquiset la certification de l’ingénierie quasiment terminée. Nous pourrions tout au plus être retardés dans notre calendrier par des tracasseries administratives. »
Il ne croyait pas si bien dire ! Mi-octobre l’Inspection générale de l’environnement et du développement Durable (Igedd) rendait un avis défavorable à la construction de l’usine de fabrication du premier démonstrateur, prévue à Laruscade près de Bordeaux, sur un site de 70 hectares. Argument avancé : « le très fort impact sur le patrimoine naturel régional ». Un revers qui n’inquiète pas outre mesure l’entrepreneur. « Nous allons très vite représenter un dossier enrichi avec notamment un programme de compensation de 300 hectares » , confie-t-il aujourd’hui. L’avis de cette autorité environnementale n’est d’ailleurs que consultatif. Au final c’est le préfet qui décide. Le programme, soutenu par l’Etat français, doit déboucher sur la création d’au moins 300 emplois directs ! Et favoriser l’émergence d’un champion national proposant une solution de transport décarboné. Cet événement, qui ne devrait être qu’un accident de parcours, va tout de même faire perdre à Flying Whales au moins six mois sur son calendrier.
Si l’obstacle est franchi, la construction de l’usine devrait démarrer l’an prochain. A moyen terme, l’entreprise vise une flotte de 160 appareils, avec deux sites de construction supplémentaires au Québec et en Australie. Les essais en vol du démonstrateur sont prévus pour 2026. Et, une fois la certification obtenue, l’activité pourrait commencer en 2027.
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