L’heure de vérité approche pour Sam Bankman-Fried (SBF). L’ancien fondateur et dirigeant de FTX a témoigné pendant près de trois heures jeudi, dans le procès qui doit décider s’il est coupable ou non d’avoir « fraudé » et « conspiré », faisant perdre des milliards de dollars aux clients de sa plateforme de cryptomonnaie et à ses investisseurs.
Le témoignage ne s’est toutefois pas déroulé comme beaucoup l’anticipaient. Le juge Lewis Kaplan a donné son après-midi aux jurés , souhaitant d’abord entendre le prévenu pour l’autoriser, ou non, à utiliser ensuite ses arguments devant ceux qui le jugeront.
Une procédure inhabituelle, mais liée à la défense de SBF, centrée sur la responsabilité de ses conseils juridiques du temps où il dirigeait FTX. Et en particulier celle du directeur de la régulation Dan Friedberg, d’abord conseil extérieur de FTX au sein du cabinet d’avocats Fenwick & West, puis embauché par la plateforme de cryptomonnaies.
Messages effacés
A propos des « conditions d’utilisation » des services de FTX, dont la refonte avait été supervisée par le directeur des affaires juridiques Can Sun, Sam Bankman-Fried a aussi plaidé la confiance, expliquant avoir « lu certaines parties en profondeur » et en avoir « survolé d’autres ».
Il a aussi assuré avoir pensé qu’ Alameda était autorisé, « dans de nombreuses circonstances », à emprunter des fonds à FTX. « Notre position est que la source des fonds, l’utilisation des fonds n’était pas inappropriée et notre client ne pensait pas que c’était inapproprié », a conclu l’avocat de SBF, Mark Cohen.
Contre-interrogatoire
Au cours du contre-interrogatoire mené par la procureure adjointe Danielle Sassoon, Sam Bankman-Fried a souvent perdu pied, hésitant, ne se souvenant plus des détails ni des conversations. L’accusation s’est notamment focalisée sur l’usage de la messagerie Signal et l’effacement systématique des messages, ainsi que sur les signatures de différents documents – ouvertures de comptes, autorisations diverses.
Après cette audition en forme de répétition, Sam Bankman-Fried devrait à nouveau témoigner ce vendredi, cette fois devant les jurés. L’ancien « petit Prince des cryptos », qui plaide non-coupable des sept motifs de fraude et de conspiration dont il est accusé, risque en théorie jusqu’à 110 années de prison, en raison du cumul possible des charges.
Avant le témoignage de SBF, sa défense avait produit quelques témoins en sa faveur, dont Krystal Rolle, une avocate de FTX aux Bahamas, et un expert des données, Joseph Pimbley. Un nombre plus réduit de témoignages que ceux à charge, qui se sont multipliés durant les premières semaines du procès. Les anciens proches de SBF, Gary Wang et Caroline Ellison, ont tous deux plaidé coupable mais coopèrent désormais avec la justice, dans l’espoir aussi de minorer leurs propres peines.
Le dernier témoignage à charge d’un ancien proche de SBF avait été celui de Can Sun, « general counsel » (directeur juridique) de FTX depuis un peu plus d’un an quand l’entreprise a implosé. Il a assuré avoir pensé jusqu’au bout que les actifs déposés par les clients de FTX étaient « sauvegardés, séparés et protégés », et non utilisés par les dirigeants de FTX et son fonds Alameda pour leurs investissements, leur lobbying politique et leurs oeuvres de charité – SBF était adepte de « l’altruisme effectif » .
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