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Cession de Chrome : le gouvernement américain ne cache plus sa volonté de démanteler Google

Cette fois-ci ce n'est plus une simple rumeur ou spéculation. Le gouvernement américain vient de demander officiellement en justice un démantèlement de Google. Et notamment de céder son navigateur Chrome. Dans un document judiciaire, le ministère de la Justice (DOJ) réclame une scission des activités de la filiale du groupe Alphabet, interdisant également à Google de signer des accords avec les constructeurs pour imposer l'utilisation par défaut de son moteur de recherche sur les smartphones. Une audition spéciale en avril prochain Si la justice suit cette demande, ce serait alors une sanction historique pour le géant technologique qui a déjà été épinglé par le passé pour ses pratiques anticoncurrentielles. De fait, même si les intentions du futur gouvernement de Donald Trump à ce sujet restent inconnues, cette requête marque un changement profond de la part des autorités américaines de la concurrence. Puisqu'elles ont essentiellement laissé tranquilles les géants des technologies depuis leur échec à démanteler Microsoft il y a une vingtaine d'années. Le ministère de la Justice veut que Google se sépare de Chrome, le navigateur Internet le plus utilisé au monde, parce qu'il constitue un point d'accès majeur au moteur de recherche, sapant ainsi les chances de potentiels concurrents. Selon le site StatCounter, Google pesait, en septembre, 90 % du marché mondial de la recherche en ligne et même 94 % sur les smartphones. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Procès Google : les mesures potentielles pour mettre fin au monopole DECRYPTAGE - Google, Microsoft : les derniers combats de l'antitrust américain avant l'arrivée de Trump « Le comportement illégal de Google a privé ses concurrents non seulement de canaux de distribution essentiels, mais aussi de partenaires de distribution qui pourraient autrement leur permettre d'entrer sur ces marchés par des moyens nouveaux et innovants » indique notamment le DOJ. Après avoir reçu la requête officielle des autorités mercredi, le juge attend désormais les propositions de Google le mois prochain avant d'entendre les deux parties lors d'une audition spéciale prévue en avril. Mais si le juge retient les propositions des autorités, celles-ci pourraient remodeler le marché de la recherche en ligne. L'inconnue liée à l'arrivée de Trump à la Maison-Blanche Mais les changements, s'ils ont lieu, prendront sans doute des années, Google ayant prévu de faire appel et dénonçant l'hypothèse d'un démantèlement comme « radicale ». L'affaire risque de finir entre les mains de la Cour suprême et reste suspendue à l'arrivée au pouvoir en janvier de Donald Trump. LIRE AUSSI : Après la victoire de Trump, les espoirs et les craintes de la Big Tech ENQUETE - Présidentielle américaine : l'avenir incertain de Lina Khan, icône de l'antitrust Le milliardaire républicain va placer une nouvelle équipe à la tête des autorités de la concurrence et a soufflé le chaud et le froid sur ses intentions concernant la puissance des géants technologiques. Il a nommé, pour diriger le régulateur américain des télécoms, la FCC, Brendan Carr , qui veut « démanteler le cartel de la censure » imposé selon lui par les géants de la tech que sont Facebook, Google, Apple ou encore Microsoft. Mais le président élu a aussi signalé qu'un démantèlement serait excessif.

By |2024-11-21T08:27:53+00:00November 21st, 2024|Scoop.it|0 Comments

Google Maps lance la recherche par photo –

Google Maps s’inspire d’Instagram et Snapchat pour lancer une nouvelle fonctionnalité : la recherche locale par photo. Désormais, les utilisateurs peuvent trouver des produits ou des lieux en parcourant un carrousel d’images, facilitant la prise de décision. Google Maps lance une nouvelle fonctionnalité : la recherche locale par photo. Il est désormais possible de chercher des produits spécifiques en fonction des photos publiées par d’autres utilisateurs (on parle alors d’UGC, de contenu créé par l’utilisateur). Si un touriste cherche un lieu pour manger une pizza par exemple, il pourra parcourir le carrousel pour sélectionner celle qui lui donne le plus envie. Il accèdera ainsi à l’itinéraire pour se rendre dans le restaurant en question. Le processus de recherche est le même si l’on cherche un musée à visiter par exemple. Une fonctionnalité inspirée des réseaux sociaux Avec cette nouvelle fonctionnalité, Google Maps s’appuie sur une interface visuelle inspirée des réseaux sociaux comme Snapmap ou Insta Map. Sur Instagram, la recherche se fait avant tout via les photos postées par les utilisateurs de l’application. Google s’aligne donc sur ces usages afin de rendre la recherche plus inspirationnelle et immersive. « Google passe d’une approche par activité à une approche par produit. Cela s’inscrit dans sa volonté de créer un Internet visuel dans lequel on interagit avec l’image plus qu’avec le texte« , explique Thibault Renouf, CEO de Partoo. Un enjeu stratégique pour les professionnels Pour les restaurants et les acteurs touristiques, cette nouvelle fonctionnalité met en lumière l’importance de soigner sa présence en ligne et notamment les photos de sa page Google. Or, la plupart d’entre elles sont ajoutées par des utilisateurs et non pas par les professionnels eux-mêmes. Selon Thibault Renouf cela est dû à un détail technique : « Aujourd’hui, il n’est pas possible d’ajouter une photo dans sa page Google via mobile. Les photos doivent être téléchargées sur ordinateur », détaille-t-il. Il faut donc que le professionnel opère un transfert, ce qui n’est pas très pratique. « Sauf si vous passez par notre application mobile qui est directement connecté à Google par une API », conclut le CEO de Partoo.

By |2024-11-20T23:42:12+00:00November 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Dogecoin (DOGE), le retour en fanfare de la crypto fétiche d’Elon Musk

Sur les cryptos, la bouffonnerie rapporte plus que jamais. Le dogecoin (DOGE), conçu à l'origine comme une plaisanterie , a encore fait tache d'huile. La crypto, au 6e rang mondial (soit 59 milliards de dollars), a fait parler d'elle grâce à son autoproclamé parrain, Elon Musk, qui a fait son entrée dans l'équipe de Trump à la Maison-Blanche. Il a fait bondir, cette fois involontairement, le cours de la crypto dont l'acronyme (DOGE) est le même que celui de l'agence dont il a désormais la charge. Son Department of Government Efficiency (DOGE) est chargé de tailler dans les dépenses. Le thème de l'Etat tentaculaire et inefficace est très porteur dans le monde des cryptos, qui se voit comme une alternative décentralisée. L'annonce de la création du DOGE, mardi, a provoqué une envolée des recherches sur le dogecoin sur Google. Elles ont été multipliées par 8 en 24 heures selon le site cases.gg. Les spéculateurs et les algorithmes de trading ont pris le relais en constatant ce regain d'intérêt et en achetant massivement la crypto. Son cours a bondi de 25 % en quelques heures à 0,4355 dollar et n'a que modérément baissé depuis. Cette envolée a entraîné un bond de 8 % d'une autre crypto à la tête de chien, le Shiba Inu (SHIB) , pourtant sans aucun lien avec le dogecoin. Elon Musk a totalement assumé ce « crypto gag » et cette confusion chaotique. Le lendemain, il jubilait sur son réseau X en publiant un dessin ressemblant à la mascotte du dogecoin posant fièrement sous l'enseigne du nouveau département à l'efficacité gouvernementale. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Comment Elon Musk a usé de Twitter pour manipuler les cryptos A 0,37 dollar lundi, le dogecoin, est coutumier de ces montagnes russes. Avec un gain de 315 % cette année, elle est la plus performante des 15 premières cryptos. C'est aussi la troisième crypto la plus volatile. Son cours a évolué dans son histoire entre 0,000085 et 0,73 dollar (record en mai 2021). Il n'a pas encore établi de nouveau record, à la différence du bitcoin, qui lorgne les 100.000 dollars cette année. L'envolée de la crypto parodique peut être le signe que le marché, en manque d'idées d'investissement nouvelles, est mûr pour une correction après son ascension électorale parabolique. Elle serait aussi la manifestation de l'immaturité et de l'inefficience de pans entiers du marché des cryptos qui continuent d'évoluer selon les lois de la société du spectacle . La crypto la plus performante du Top 15 Populaire sur les réseaux sociaux et chez les influenceurs , utilisée dans le monde des jeux virtuels, la crypto fait régulièrement partie du Top 10 ou du Top 20 des cryptos. Une prouesse dans un marché où le taux de mortalité est élevé. Madoff du dogecoin La crypto à l'effigie de chien est-elle la meilleure amie de l'homme, ou du moins du spéculateur ? La plus inflationniste des cryptos (offre illimitée) est en tout cas bien plus performante que la plus austère d'entre elles, le bitcoin à l'offre limitée (21 millions d'unités). Sur les 5 dernières années (2020-novembre 2024), son cours a été multiplié par 200 alors que celui de la leader des cryptos a été multiplié par 12. En 2022, Elon Musk a été accusé d'avoir manipulé le cours de la crypto. Un reproche fantaisiste selon la justice.Bloomberg Cette année, un juge avait débouté un plaignant qui réclamait pas moins de 258 milliards de dollars à Elon Musk pour manipulation du cours de la crypto. Le dirigeant de Tesla était accusé d'être le Madoff du dogecoin , un reproche fantaisiste et non fondé selon la justice. Pour elle, Elon Musk n'a pas spéculé sur la crypto pour en retirer un avantage financier au détriment des particuliers. L'homme d'affaires ne prend pas beaucoup de risques en s'amusant avec la crypto. Il aurait eu affaire depuis longtemps au régulateur des marchés américains, la Securities and Exchange Commission (SEC) s'il avait agi de même sur une action, comme Tesla.

By |2024-11-20T23:41:39+00:00November 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments

La nouvelle tarification des transports franciliens sera appliquée le 1er janvier 2025

La nouvelle tarification des transports en Ile-de-France prendra effet au 1er janvier 2025. Les voyageurs occasionnels bénéficieront de deux titres uniques. Un titre spécial sera néanmoins nécessaire pour accéder aux aéroports. Annoncée en septembre dernier, la nouvelle tarification a été votée par le Conseil d’administration le 12 novembre. Selon IDF Mobilités, dès le 1er janvier 2025, les voyageurs occasionnels n’auront plus que deux titres de transport pour leurs déplacements et le service Navigo Liberté + sera généralisé à l’ensemble de l’Ile-de-France. Après le dézonage du Pass Navigo en 2016, cette révolution tarifaire comprend deux offres : un ticket Métro-Train-RER à 2,50 euros, valable sur toutes les lignes du réseau ferré, hors Orlyval et un ticket de Bus-Tram à 2 euros, valable sur toutes les lignes de tramway, bus (hors Orlybus et Roissybus), cars, Noctilien, bus longues distance, et transports à la demande.  > A lire aussi : La ligne 14 relie désormais le centre de Paris à Orly en 25 minutes  Ces deux titres sont sans limite de distance, peu importe la gare de départ ou d’arrivée (du moment qu’elle est en Île-de-France) et la ligne empruntée. Elles permettent des correspondances Métro-Train-RER jusqu’à 2 heures après la première validation, et jusqu’à 1h30 pour le Bus-Tram (hors interruption et aller-retour pour ce dernier).  Un titre spécifique pour les aéroports franciliens En parallèle, un titre permettra de se rendre aux aéroports, le Ticket Paris Région Aéroports, quel que soit le point de départ par les modes Métro train, RER et Orlyval au tarif de 13€. Le service Navigo Liberté + sera également disponible pour l’ensemble du réseau francilien (hors Orlyval). IDF Mobilités précise que pour les abonnés Navigo annuel, mensuel ou hebdomadaire, aucun changement n’est à prévoir.

By |2024-11-20T23:40:31+00:00November 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Rouen va accueillir sa première navette logistique urbaine fluviale

La décarbonation du transport des marchandises est en marche. A Rouen, sur les quais de Seine, au pied du pont Guillaume-le-Conquérant, un nouvel acteur fluvial prépare sa venue. En contrebas du centre-ville, la société Urban Logistic Solutions (ULS), créée en 2022 et installée à Strasbourg, a été désignée pour y développer son projet de logistique urbaine fluvio-cyclable. « C'est tout l'enjeu de la logistique du dernier kilomètre, devenu pour les villes un point noir. Face aux camions, le bateau est le meilleur moyen d'arriver dans l'hypercentre, surtout si l'on y ajoute les vélos-cargos électriques pour livrer particuliers, magasins ou restaurants. C'est un nouveau modèle de supply chain », plaide Thomas Castan, le président-fondateur d'ULS. Une plateforme de dégroupage de 1.200 m2 pour commencer, située dans la métropole à moins de 30 minutes de navigation du quai Guillaume-le-Conquérant, réceptionnera les marchandises avant de les transformer en colis et de les disposer sur une navette fluviale équipée d'une grue autodéchargeante. Une fois arrivés sur l'aire de distribution urbaine, les colis seront acheminés à vélos électriques. Les premiers colis devraient voyager sur la Seine en 2025. Réduire la pollution Comme 33 autres sites, celui de Rouen s'inscrit dans le cadre d'un appel à manifestation d'intérêt pour le déploiement d'une telle logistique sur l'axe Seine, lancé en 2022 par les métropoles du Grand Paris et de Rouen Normandie, la Ville de Paris, Le Havre Seine Métropole, Voies navigables de France et Haropa. LIRE AUSSI : Du Havre à Paris, l'axe de la Seine fait affluer les projets industriels « C'est une première pour la métropole. Nous souhaitons donner du sens aux déplacements et au transport, notamment fluvial. Ce dernier, en lui accordant une place plus importante, présente plusieurs avantages majeurs comme minimiser les coûts sociaux du transport et réduire la pollution atmosphérique et la congestion des routes dues au transport de marchandises », se félicite Hugo Langlois, délégué à la gestion de la Seine à la métropole de Rouen, dont la participation financière s'élève à 400.000 euros (40 % du coût du projet). ULS, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 1,3 million d'euros en 2023 et compte 57 salariés, a fait ses preuves sur les canaux de Strasbourg (avec 260.000 livraisons en 2022-2023) puis de Lyon, avant de séduire d'autres villes. Outre Rouen, une vingtaine de communes, dont Paris et Mulhouse, s'apprêtent à retenir la solution de la logistique urbaine fluviale et décarbonée. L'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique ou le Royaume-Uni regardent aussi de près sa solution, qui est « globalisée, industrialisée et intégrée », souligne le fondateur d'ULS, qui espère conclure une levée de fonds de 10 millions d'euros « pour nous accompagner sur notre développement en France et en Europe ».

By |2024-11-20T23:40:09+00:00November 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Akamai, l’indispensable géant du Web que personne ne connaît

C'est un peu comme si l'on arpentait quotidiennement les rayons d'un immense magasin sans jamais avoir entendu son nom. Ou plutôt : c'est comme si cet immense magasin habillait chacun de ses rayons aux couleurs de Carrefour, Ikea ou Decathlon, nous laissant dans l'ignorance du propriétaire des lieux. Rarement décalage aura été aussi perceptible entre la taille d'une entreprise et sa notoriété auprès du grand public. Akamai ? Il faut tomber sur le dernier rapport de l'autorité de régulation des télécommunications (Arcep) pour prendre la mesure de ce mastodonte. Sans grande surprise, on y apprend que Netflix est le premier utilisateur de bande passante sur Internet en France, avec 15,3 % du trafic. Mais en deuxième position, devant Google, Meta et Amazon, figure Akamai, avec 12,3 %. « Nous sommes le plus gros diffuseur de trafic Internet au monde », affirme même Jérôme Renoux, directeur général d'Akamai France. Qu'un internaute consulte le « New York Times », TF1 ou France Télévision, qu'il réserve un logement sur Airbnb, il y a de fortes chances pour qu'il soit en train d'interagir, sans le savoir, avec les serveurs d'Akamai. La probabilité en est encore plus élevée lorsqu'il suit en direct un événement faisant l'objet d'une forte audience mondiale. « Pendant la Coupe du monde de football ou la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, nos services ont permis d'assurer une diffusion sans faille tout en faisant face aux cyberattaques, massives », explique Jérôme Renoux. Diffuser en direct un contenu pour des centaines de millions de gens nécessite une infrastructure numérique hors de portée des médias traditionnels. Risque de saturation du réseau La plupart des clients d'Akamai gardent secret leur partenariat. Mais « si un e-commerçant tient le choc pendant le rush qui précède Noël, c'est souvent grâce à Akamai », résume Fatima Boolani, codirectrice de la recherche sur le secteur des entreprises de logiciel chez Citi. Car, veut croire Jérôme Renoux, « avec 350.000 serveurs, nous pouvons évidemment avoir des problèmes techniques, mais un black-out total de notre plateforme est impossible ». La plupart des clients d'Akamai gardent secret leur partenariat. Mais « si un e-commerçant tient le choc pendant le rush qui précède Noël, c'est souvent grâce à Akamai ».DR Il n'empêche : les quelque 20.000 sites qui, en juillet 2021, ont connu des difficultés allant jusqu'à la panne à la suite d'une mise à jour chez Akamai savent que la toute-puissance de la société américaine peut aussi avoir son revers de médaille. Ce jour-là, les problèmes ont concerné notamment BNP Paribas, Canal Plus, la FNAC ou encore, à l'étranger, British Airways, UPS, Oracle ou Amazon. LIRE AUSSI : L'autorité de la concurrence va mettre le secteur du cloud sous haute surveillance L'histoire du plus invisible des géants du Net, qui commence en 1995, témoigne de la façon dont une technologie pensée en Europe a pris son envol de l'autre côté de l'Atlantique. Cette année-là, celui qui est considéré comme le père du Web mondial, le Britannique Tim Berners-Lee lance un défi à ses collègues du Massachusetts Institute of Technology (MIT), à Boston : l'équipe qui trouvera les moyens de repenser l'acheminement des données sur Internet et de diminuer ainsi les risques d'engorgement remportera 50.000 dollars pour amorcer un projet entrepreneurial. Si Tim Berners-Lee voit se profiler un risque de saturation du réseau mondial, c'est que celui-ci est en plein essor, et que son armature, bâtie dans une forme d'anarchie, va bientôt être submergée. « Jusqu'au début des années 1990, les flux qui circulent sur Internet sont relativement modestes, et le réseau ne subit pas de grosse pression », rappelle Pascal Griset, professeur à Sorbonne Université et spécialiste de l'histoire de l'innovation. Mais, précise-t-il, une triple révolution va changer la donne dans la dernière décennie du millénaire : « la demande se met à exploser avec le développement du Web et des services commerciaux qui y sont associés, la montée en puissance de l'ordinateur personnel et le développement de la fibre optique qui vient démultiplier les possibilités de trafic par rapport au cuivre ». Francesca Musiani, directrice de recherches au Centre Internet et Société du CNRS, confirme : « Akamai est intervenu à un moment où la congestion et la mauvaise qualité de l'acheminement des données sur les réseaux se traduisaient par un ralentissement du trafic. » Akamai est particulièrement sollicité pour les événements retransmis en direct faisant l'objet d'une forte audience mondiale.Shutterstock Au MIT, un jeune professeur de mathématiques appliquées, Tom Leighton, crée une équipe de recherche pour résoudre le problème posé par Tim Berners-Lee. Ce spécialiste des algorithmes est rapidement rejoint par un autre mathématicien, Daniel Lewin. En s'appuyant sur le travail de leur équipe du MIT, ils mettent au point une technologie qui va révolutionner Internet : le CDN, pour « content delivery network ». Elle repose sur deux idées clés. D'une part, il s'agit de dupliquer les contenus numériques des entreprises clientes d'Akamai sur de multiples serveurs dans le monde afin de réduire drastiquement la distance entre chaque internaute et l'information qu'il va chercher - tout en soulageant les serveurs du client d'Akamai. Et d‘autre part, un calcul informatique se charge d'optimiser, en permanence, la façon dont les données de ce maillage sont sollicitées et acheminées. « C'est cette technologie que nous avons toujours protégée et qui constitue notre trésor de guerre », résume Jérôme Renoux. Course de vitesse La mécanique entrepreneuriale américaine se met en route : un nom habilement trouvé (Akamai signifie « intelligent » en hawaïen), des financements généreux et une équipe qui se forme « en mobilisant tout un réseau de compétences démontrant la puissance du tissu industriel américain », estime Pascal Griset. Celui-ci pointe également « l'écosystème porteur qui se développe alors aux Etats-Unis, cet humus qui fait défaut en Europe ». Le premier client d'Akamai, en 1999, sera un certain Yahoo !. LIRE AUSSI : Cybersécurité : la surveillance du gendarme financier bientôt étendue à des acteurs de la tech La suite est une course de vitesse. Grandir rapidement est doublement stratégique. D'abord parce que la multiplication des serveurs permet de rapprocher l'utilisateur de la donnée qu'il consulte - un enjeu toujours plus important, comme en témoigne aujourd'hui la très faible latence requise dans le jeu vidéo en ligne. Mais aussi, ajoute Jérôme Renoux, parce que l'algorithme d'Akamai permet à ces serveurs « de communiquer entre eux et de dresser en permanence une météo du web mondial en temps réel ». Plus la toile d'Akamai s'étend sur celle du Web, plus la société affine sa vue d'ensemble de l'architecture du réseau mondial et sa capacité à optimiser le transit des données d'un point à l'autre. Akamai va donc frapper à la porte de la plupart des opérateurs de télécommunications de la planète et revendique aujourd'hui 4.200 implantations géographiques dans le monde ainsi qu'une interconnexion avec plus de 1.400 réseaux d'opérateurs. Avec ses 350.000 serveurs, Akamai dispose d'une force de frappe avec peu d'équivalents.Wendy Sue Lamm/Contrasto-rea Sur ce chemin, difficile de ne pas mentionner la sombre date du 11 septembre 2001. Triste paradoxe : ce jour-là fut une tragédie chez Akamai en même temps qu'une première démonstration de force pour la société. Victime des terroristes, Daniel Lewin périt dans l'avion qui s'écrase sur le Pentagone. Au même moment, rappelle Jérôme Renoux, « la plupart des grands médias américains, trop sollicités, n'ont pas réussi à maintenir leur diffusion, tandis que CNN continuait d'assurer ses services au niveau mondial, grâce à Akamai ». Forte de son maillage sans équivalent dans le monde, Akamai est devenu incontournable à mesure que la quantité de données transférées autour de la planète explosait, que l'usage de la vidéo se banalisait et que les smartphones rendaient l'internet accessible à la poche de milliards d'êtres humains. « Dans les couches plus basses de l'infrastructure Internet, il y a des acteurs tout aussi dominants que Google », commente Francesca Musiani. Aujourd'hui, la société affirme être prestataire « des 10 plus grandes sociétés de streaming vidéo, des 10 plus grandes entreprises de jeux vidéo, des 10 plus grandes banques, des 10 plus grandes entreprises de logiciels ». Jérôme Renoux estime que sa société assure plus de 60 % du marché mondial du CDN, même si « la Chine fausse un peu la donne », étant largement en marge du reste du Web mondial. Ils gèrent autour de 20 % de l'Internet mondial mais ils n'ont pas de véritable capacité de fixation des prix, ce qui les distingue d'un monopole. Fatima Boolani Analyste chez Citi Bien sûr, des concurrents comme Cloudflare, Fastly, Limelight, ou Edgecast sont apparus, « parfois financés par des entreprises de télécommunications agacées de voir le savoir-faire d'Akamai se développer sur la base d'une infrastructure qu'elles-mêmes fournissaient », analyse Fatima Boolani. Mais, note le consultant en cybersécurité Allan Kinic, « aucun de leurs concurrents ne s'approche de leur taille et toute société qui voudrait se lancer sur le même marché aujourd'hui aurait intérêt à avoir les reins extrêmement solides ». Car en plus des investissements colossaux qui seraient nécessaires pour concurrencer une entreprise valorisée autour de 15 milliards de dollars, le marché du CDN n'est plus ce qu'il était. Après l'explosion du trafic au moment du Covid, s'est produit un affaissement de la croissance. En outre, « c'est en quelque sorte devenu un marché de matière première, avec un prix du gigaoctet qui n'a cessé de diminuer à mesure que le volume de données augmentait », résume Fatima Boolani. Malgré sa position dominante, Akamai n'a pas échappé à cette pression sur les prix. « Ils gèrent autour de 20 % de l'Internet mondial mais ils n'ont pas de véritable capacité de fixation des prix, ce qui les distingue d'un monopole », poursuit l'analyste chez Citi. LIRE AUSSI : Informatique : dans le « nuage d'or » du cloud, le vent souffle moins fort « Nous avons senti le vent tourner et nous avons effectué des mouvements assez radicaux », assure Jérôme Renoux. Depuis quelques années déjà, le groupe s'est fixé un nouvel objectif : capitaliser sur son métier historique pour diversifier ses savoir-faire. Le premier axe, amorcé il y a une dizaine d'années, porte sur la cybersécurité, tandis que le second concerne le « cloud computing », consistant à proposer aux clients d'effectuer des opérations de calcul informatique dans des serveurs situés à distance - mais au plus près des besoins. Petit Poucet La méthode a consisté, essentiellement, à acquérir des sociétés expertes dans ces domaines. Rachat, en 2014, de Prolexic, leader de la protection contre les très fréquentes cyberattaques de « déni de service distribué », pour 370 millions de dollars. Acquisition, en 2021, du spécialiste du cloud Linode pour 900 millions de dollars. Prise de contrôle de Guardicore, en 2022, pour 600 millions - cette fois dans le but de renforcer les compétences en cybersécurité. Un objectif également poursuivi en mettant la main sur Noname, cette année, pour 450 millions. Le virage est pris : « sur 3,8 milliards de dollars de chiffre d'affaires, plus de la moitié proviennent aujourd'hui du cloud et de la cybersécurité », explique Jérôme Renoux. Alors que, rappelle Fatima Boolani, « le CDN représentait 72 % de leur activité en 2019, et probablement près de 90 % il y a dix ans ». Reste à pérenniser ce nouveau modèle économique. En tenant le rôle, cette fois, du petit poucet face à des géants du cloud qui s'appellent Amazon , Microsoft et Google.

By |2024-11-20T23:39:27+00:00November 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments

EDF, Flamanville : l’entretien testament du gendarme du nucléaire après un mandat « renversant »

Son mandat à la tête de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) aura été « renversant », selon ses propres mots. Avant de passer la main ce mercredi à Pierre-Marie Abadie, qui dirigeait jusqu'ici l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), Bernard Doroszczuk se livre. Arrivé à la tête de l'Autorité de sûreté en 2018, il a vu la culture de l'atome redevenir centrale dans la politique énergétique française, ces dernières années. A la suite notamment des bouleversements de la crise énergétique engendrée par la guerre en Ukraine et à la mise à l'arrêt forcée de nombreux réacteurs d'EDF du fait de fissures (corrosion sous contrainte). Plus de 40 événements de sûreté à Flamanville Si cette décision a été prise par EDF et validée par l'ASN, rappelle Bernard Doroszczuk, pour lui, « la plus difficile » à prendre a été celle de juin 2019, lorsque l'ASN a demandé à EDF de réparer les fissures de traversée de l'enceinte de l'EPR de Flamanville, le premier réacteur construit en France depuis deux décennies. « Ce n'était pas la proposition d'EDF », rappelle le nouveau retraité, âgé de 67 ans. Et cela a engendré de nouveaux retards et surcoûts. LIRE AUSSI : EPR de Flamanville : retour sur un programme maudit Nucléaire : le petit réacteur du groupe Gorgé lance son homologation en France Alors que l'EPR a enfin été mis en service, il y a deux mois, l'ASN reste vigilante. « Il y a un nombre d'événements significatifs pour la sûreté qui est assez important, plus qu'une quarantaine depuis la divergence du réacteur », indique le président sortant de l'ASN. Le phénomène étant « attendu », « pour l'instant, on ne peut pas dire que nous sommes inquiets », affirme-t-il, mais « il y a plus d'événements que ce qu'on pensait », et un « certain nombre » sont liés à des « erreurs humaines ». La majorité des événements sont classés au niveau 0 sur l'échelle de l'ASN, donc sans importance du point de vue de la sûreté, et 14 relèvent d'une « anomalie » de niveau 1, précise l'Autorité. Alors que Flamanville tourne à 10 % de sa puissance pour le moment, « nous souhaitons qu'EDF vienne expliquer en audition au collège de l'ASN, au début de l'année prochaine, son retour d'expérience de cette montée en puissance », indique Bernard Doroszczuk. EDF pointe de son côté que l'EPR « nécessite une appropriation » et que les événements « de niveau 0 et 1 sont des anomalies sans impact réel sur la sûreté des installations ». Un potentiel angle mort La centrale de Flamanville devrait être connectée au réseau électrique avant la fin de l'automne, puis mise à l'arrêt dans un peu plus d'un an pour remplacer son couvercle. Défectueux dès l'origine, il deviendra un déchet nucléaire d'ampleur. LIRE AUSSI : EDF investit dans une usine pilote pour déconstruire ses vieux réacteurs La gestion de l'ensemble des déchets nucléaires semble d'ailleurs un potentiel angle mort de la nouvelle politique énergétique de la France. Bernard Doroszczuk pointe « un certain nombre de catégories de déchets pour lesquels il n'existe pas encore de politique sûre de gestion ». Par exemple, les déchets de faible activité mais à vie longue des réacteurs toujours en attente de démantèlement à Chinon, Saint-Laurent et au Bugey. Son successeur, Pierre-Marie Abadie, s'est déporté de ces sujets pour éviter tout conflit d'intérêts avec ses fonctions passées à l'Andra. Cela « n'empêchera pas l'ASN de prendre des décisions fortes » en la matière, assure son prédécesseur. La question des déchets est aussi capitale dans les réflexions en cours sur la faisabilité technique et l'acceptation sociale des futurs réacteurs. Autre grand défi de l'Autorité, selon son président sortant : la « fragilité des installations du cycle du combustible ». Une situation illustrée par la saturation du site de retraitement d'Orano à La Hague et sa dépendance au bon fonctionnement de l'usine de recyclage Orano Melox. Enfin, l'adaptation des centrales au réchauffement climatique est au coeur du réexamen, par l'ASN, des réacteurs de 900 MW d'EDF. Le possible allongement de leur durée de vie pose aussi des questions sur le partage futur de l'eau, avec les autres usagers.

By |2024-11-20T23:37:01+00:00November 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Face à des IA trop humaines, le défi de l’identification

« Blade Runner », le film culte de Ridley Scott sorti en 1982, comporte un test de Turing qui tourne mal : Leon Kowalski, l'androïde sur la sellette, assassine le policier qui tente de déterminer s'il est un humain ou un robot en l'interrogeant et en scrutant son iris. Quarante-deux ans plus tard, « il est devenu impossible de distinguer à l'oeil ou à l'oreille les contenus générés par certaines Intelligences Artificielles », s'inquiète Erwan Le Merrer, chercheur au sein de l'équipe Artishau (ARTificial Intelligence, Security, trutHfulness and Audit) d'Inria, à Rennes. « Certaines IA ont déjà passé mieux que des humains les tests de Turing, y compris les Captchas, utilisés sur Internet pour vérifier qu'un visiteur n'est pas un robot », ajoute Steven Smith, vice-président ingénierie chez TFH (Tools for Humanity), une entreprise de San Francisco qui propose une technologie permettant de s'assurer que la personne avec qui l'on discute sur Telegram ou Zoom n'est pas un bot : il suffit de se faire enregistrer comme humain auprès de TFH en faisant photographier son iris par l'Orb, sorte de gros oeil mécanique et bourré d'IA. L'objet est déjà programmé pour repérer les robots. L'ombre de Sam Altman Cynisme ? Intuition de ce que sera notre avenir ? Un des deux cofondateurs de TFH n'est autre que Sam Altman, également patron d'OpenAI, l'éditeur de ChatGPT. Cette GenAI (Intelligence Artificielle générative) qui fêtera ses deux ans à la fin du mois est à l'origine du grand carnaval actuel, où l'on ne peut plus distinguer un humain d'une IA. LIRE AUSSI : Les chiffres affolants d'OpenAI, la star de l'IA générative CHRONIQUE - IA : il faut protéger les enfants des chatbots « Les bots, ces logiciels qui se font passer pour des humains, représentent entre 50 et 60 % du trafic sur Internet », rappelle Christophe Lebrun, data scientist et adjoint scientifique à la Haute Ecole de Gestion de Genève où il s'occupe, entre autres, de plagiat (voir encadré). Sur le site de Harvard, Latanya Sweeney, professeur dans cette université, estime qu'à l'avenir, sur Internet « 90 % du contenu ne sera plus généré par des humains mais par des robots. » Déjà, la start-up américaine NewsGuard a identifié plus de 1.110 sites d'information, y compris en français, non fiables car entièrement rédigés par une IA. « Si nous ne faisons rien, les activités malveillantes permises par l'IA risquent de définitivement polluer le Web », avertissent trente-deux chercheurs d'OpenAI, Microsoft, Harvard, Berkeley, du MIT etc., dans un article scientifique paru en août. Ces juristes, informaticiens et spécialistes de l'éthique appartiennent à une nouvelle discipline, la « sécurité de l'IA ». « Ce domaine scientifique, qui explore de nouvelles méthodes pour s'assurer qu'un contenu n'a pas été généré par une GenAI, est à la jonction de la cybersécurité, l'algorithmique, la statistique, du traitement du signal, par exemple », détaille Erwan Le Merrer. Tests de Turing Même si ses travaux peuvent également protéger les humains, la sécurité de l'IA tente surtout de garantir sa propre intégrité : l'utilisation de data synthétiques pour l'entraînement des prochaines générations de ces algorithmes , provoquera un effondrement de leurs performances. « Dans ce cas, il pourrait y avoir à terme une baisse de la richesse linguistique des nouvelles données produites », prévient ainsi Chloé Clavel, directrice de recherche en IA, à Inria Paris. « Il faut donc une sorte de test de Turing inversé, afin de vérifier si les données présentes sur le web sont le fait d'humains ou, au contraire, de GenAI », insiste Erwan Le Merrer. LIRE AUSSI : OpenAI dégaine ChatGPT Search et lance la grande offensive contre Google CHRONIQUE - L'IA à vitesse grand V Même s'il s'agit des deux versants d'un même problème, prouver que l'on est bien un humain lors d'une visioconférence ou de l'ouverture d'un compte bancaire en ligne est une chose ; certifier l'origine - humaine ou synthétique - d'un contenu en est une autre, beaucoup plus difficile, car facilement contournable. Pour s'assurer de la réalité humaine de leurs clients, les sites en ligne recourent à des techniques de KYC (Know Your Customer) qui jusqu'à présent reposaient souvent sur des selfies. Pour distinguer le vrai (humain) du faux (généré par une IA), il faudrait pouvoir se livrer à une analyse spectrale de la photo envoyée et comparer les résultats à ceux d'une base de données la plus large possible. Première étape : des chercheurs du Huawei Noah's Ark Lab, à Montréal, au Canada, spécialisé dans l'IA, viennent de bâtir une photothèque comportant 1,3 million de vrais clichés et autant de faux. Identification biométrique L'identification biométrique, comme celle proposée par TFH, constitue également une solution fiable mais très longue à mettre en oeuvre à l'échelle planétaire : TFH n'a scanné que 7 millions d'iris, essentiellement, en Amérique du Sud ; en Europe, elle fait l'objet d'une enquête des CNIL locales. En attendant, les 32 chercheurs d'OpenAI, Microsoft, Harvard, Berkeley, du MIT etc., proposent de mettre en place des PHC (PersonHood Credentials), « des certificats numériques qui permettent aux utilisateurs de prouver qu'ils sont des personnes réelles aux services en ligne auxquels ils souhaitent s'inscrire, sans divulguer d'informations personnelles. ». Des tiers indépendants seront chargés de vérifier les preuves (papier d'identité…) apportées par les impétrants. Certifier l'origine Second problème, donc : la certification de l'origine des contenus. Pour l'instant, il n'existe pas de solutions. Jusqu'ici, la validation des textes, des photos ou des vidéos mis en ligne reposait soit sur la détection d'un tatouage, un filigrane invisible (suites de mots, pixels…) volontairement introduit au moment de leur génération, soit sur leur analyse par une autre IA, tentant d'y déceler le style typique d'une GenAI : construction du texte, vocabulaire utilisé… Exemple de tatouage : SynthID-text, partagé en open source fin octobre par des chercheurs de DeepMind, la filiale de Google spécialisée dans l'IA. « SynthID-text introduit des informations supplémentaires au moment de la génération du texte en modulant la probabilité que certains morceaux de phrase soient présents, sans compromettre la qualité du texte », explique, par mail, Pushmeet Kohli, en charge de la recherche chez DeepMind. Problème : il suffit le plus souvent de demander à une seconde IA de réécrire le texte rédigé par une première GenAI pour faire disparaître toute trace de filigrane ou tout style particulier… La chasse au plagiat La copie d'un contenu existant concerne aussi bien l'enseignement secondaire, le supérieur que les places de marché éditoriales. L'une de ces dernières, DCM Swiss, a collaboré avec Christophe Lebrun, de la Haute Ecole de Gestion de Genève, pour élaborer une méthode de validation des textes proposés par ses contributeurs. « Comme lorsque vous posez une question à ChatGPT, nous convertissons le texte en vecteurs, des points dans un espace numérique, qui permettent d'identifier des mots possédant le même sens, explique Christophe Lebrun. Cela permet de comparer le texte à une base de données, puis après traitement, de voir s'il y a plagiat ou pas. » À Aix-Marseille Université, des efforts sont menés pour repérer les « faussaires » non seulement parmi les productions des étudiants, mais aussi dans les publications du monde entier. « Certaines revues scientifiques prédatrices acceptent des articles générés par une IA, parfois enrichis de résultats expérimentaux fictifs, constate Ismail Badache, maître de conférences en informatique à l'Inspé (Institut national supérieur du professorat et de l'éducation) de cette université. Une liste noire de ces supports sans scrupule existe, mais un article bidonné peut aussi se glisser dans une revue sérieuse. » Rien ne remplace l'esprit critique.

By |2024-11-20T23:36:16+00:00November 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Avec l’IA, l’avenir des enceintes intelligentes en question

Elles avaient fait du bruit au cours de la dernière décennie. Pourtant, elles résonnent aujourd'hui comme un lointain souvenir. Les enceintes intelligentes, ces petits gadgets connectés présents chez un quart des foyers américains, ont-elles encore un avenir dans nos maisons ? Alexa, l'assistante vocale d'Amazon présente sur les enceintes Echo, fête ses dix ans ce mois-ci. Cet objet, vendu à plusieurs centaines de millions d'exemplaires à travers le monde, n'a pas rencontré le succès escompté par le géant de Seattle, qui n'a jamais dégagé de bénéfices sur cette gamme. Et ses concurrents, Google Home ou encore HomePod d'Apple, ne sont pas non plus parvenus à véritablement percer sur ce marché, Amazon restant encore, de loin, l'acteur dominant. Si les chiffres de ventes sont tout de même impressionnants, ces enceintes très grand public - dont le prix se situe pour la plupart autour de 100 euros - n'ont pas atteint les objectifs initiaux : devenir un indispensable du quotidien du foyer et révolutionner l'usage de la voix. Les ventes continuent de décliner depuis la fin de la période Covid et l'irruption de l'inflation, avec une estimation autour de 87 millions d'unités vendues cette année, contre 107 millions l'année dernière, d'après les données d'IDC. Des enceintes pas si intelligentes ? « Elles sont plutôt utilisées comme une enceinte connectée que comme une enceinte intelligente, observe Frédéric Cavazza, consultant spécialisé dans les usages du numérique. Ces objets permettent finalement d'écouter de la musique, de connaître la météo, le tout avec une bonne qualité de son. Mais elles ne sont pas devenues un terminal de référence dans les usages. Il n'y en a qu'une seule par foyer, alors que le mobile, lui, est dans la poche de tous les membres de la famille, toute la journée. » LIRE AUSSI : Apple relance son HomePod pour réveiller le marché des enceintes connectées DECRYPTAGE - Bousculé par la concurrence, Apple veut faire de Siri un super-assistant Ces enceintes sont arrivées aux prémices des assistants vocaux, il y a quinze ans. Les voix qui sortaient alors de ces petits objets n'étaient pas aussi fluides qu'aujourd'hui, et surtout, n'avaient pas la capacité de répondre aussi efficacement aux questions des utilisateurs. « Il fallait apprendre des commandes vocales, mémoriser des requêtes toutes faites. C'était beaucoup à l'époque », ajoute l'expert. Et face à des réponses moins performantes qu'espéré, les consommateurs ont fini par préférer les usages les plus basiques de l'enceinte. « On est loin de la révolution au sein du foyer, explique Thomas Husson, analyste chez Forrester. La domotique reste une application de niche : peu de gens ont une maison connectée. On est plutôt autour de profils geeks, habitués des objets tech. Il y a aussi eu un effet 'cadeau sous le sapin' au début qui n'est plus à l'ordre du jour ». Des familles clientes, en somme, mais pas si avides d'utiliser ces produits. Apple travaille actuellement sur une tablette capable de contrôler les fonctions de la maison qui pourrait voir le jour en 2025, d'après Bloomberg. Progrès de la voix La donne pourrait néanmoins changer avec les progrès liés à l'intelligence artificielle générative. En tout état de cause, les vendeurs ont bien l'intention de profiter de leurs progrès sur le sujet pour explorer cette hypothèse. LIRE AUSSI : L'IA générative relance la bataille des assistants vocaux IA : Kyutai, le laboratoire soutenu par Niel, se lance dans la bataille des assistants vocaux Google va déployer Gemini, son modèle d'IA, dans ses enceintes intelligentes moyennant un abonnement de 8 dollars par mois. Amazon devrait lui aussi lancer un abonnement spécifique pour Echo. Un moyen de rentabiliser davantage les très coûteuses recherches de chacun sur l'IA générative et les produits connectés à la maison. Peu de chances, toutefois, que cela suffise à relancer le marché. « Il suffira d'une mise à jour logicielle pour utiliser l'IA sur les enceintes connectées. Alors que pour les smartphones et les PC, c'est un nouvel argument de vente, puisqu'il faudra les renouveler pour accéder aux applications d'IA, note Frédéric Cavazza. Même s'il faut rendre à César ce qui est à César. Siri, lancé en 2011, et Alexa, en 2014, ont amené les prémices de l'IA dans les foyers ». Joséphine Boone

By |2024-11-20T23:35:03+00:00November 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments

A Marseille, les beaux quartiers tentés de faire sécession

l y a une certaine harmonie, peut-être même de la poésie, dans l'incohérence architecturale de Marseille. Les grands gestes urbanistiques qui ont façonné le littoral du sud de la ville, celui des beaux quartiers et des calanques, ont été menés de manière anarchique, à grands coups d'opportunités foncières. Pêle-mêle, on peut citer la création de l'avenue du Prado, du château et du parc Borély, de la Corniche, des 50 hectares de plages gagnées sur la mer grâce aux déblais du chantier du métro… Les concessions de l'escale Borély et de l'Hippodrome arrivant bientôt à leur terme (2026 pour l'une, 2028 pour l'autre), la ville a décidé de profiter de l'occasion pour remettre un peu d'ordre. Alors début octobre, elle a lancé un appel d'offres pour travailler à l'élaboration d'un « plan guide d'aménagement et de développement durable ». Peut-être, enfin, une preuve d'intérêt pour les quartiers sud ? Priorité aux quartiers nord Depuis son élection en 2020, le maire, Benoît Payan (Printemps Marseillais, union des gauches hors LFI), a beau répéter sur tous les tons être venu « recoudre la ville, retisser les liens », il s'agissait avant tout de réarrimer les quartiers nord, qui comptent parmi les plus pauvres d'Europe et partaient à la dérive, au centre-ville. Pour réancrer le nord, le jeune quadra n'a pas ménagé ses efforts, parvenant à gagner l'aide de l'Etat avec le plan « Marseille en Grand ». Des milliards d'euros de prêts garantis par l'Etat aux collectivités locales pour multiplier les transports en commun, rénover les écoles, réparer l'habitat indigne. Pendant ce temps, plus rien ne bougeait dans les quartiers sud, à l'exception de deux nouvelles infrastructures : l'extension de la ligne 3 du tram et la nouvelle marina, grâce à la tenue des Jeux Olympiques. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Plan « Marseille en grand » : la Cour des comptes fustige un suivi « indigent » A Marseille, Macron cherche une réponse inédite à « l'urgence » éducative Territoire aisé, où l'on compte plus de diplômés de l'enseignement supérieur, plus de chefs d'entreprise, de professions libérales, de foyers imposables, de propriétaires que partout ailleurs dans la ville, ils n'étaient ni l'urgence, ni la priorité. La rénovation des hôpitaux sud ? A l'arrêt depuis le Covid. La piscine Luminy ? Toujours fermée depuis 2009. Le boulevard urbain sud, une autoroute urbaine pour mettre fin aux immenses embouteillages des heures de pointe ? La discussion est bloquée depuis des années, la droite poussant, au nom de la fluidité du trafic automobile, la gauche bloquant, pour la même raison exactement. Le tram de la corniche ? C'est non pour la ville, qui veut des bus à haute densité, ce que refuse la métropole. La rénovation du parc Chanot ? La délégation de service public arrive à son terme fin décembre et on n'a pas encore la moindre idée de ce que va devenir le dernier gros territoire foncier de la ville. Des quartiers aisés mais délaissés « On ne peut pas tout faire en même temps », se défend Eric Mery, l'adjoint à l'urbanisme. Ainsi, pour le tram de la corniche, la Ville voudrait déjà que les travaux en cours de la ligne 3 du tram soient terminés avant d'en planifier d'autres. L'adjoint rappelle aussi que la rénovation de la piscine Luminy est prévue pour 2027, quand un partenaire sera choisi. La lenteur du processus s'explique selon lui par la complexité du dossier : « Nous n'avons pas les moyens financiers pour faire les travaux tout seuls, et le cahier des charges est difficile parce que le terrain jouxte le parc national des Calanques. Le parc aura donc son avis à donner, le préfet aussi… C'est difficile. » La piscine du parc aquatique de Luminy est fermée depuis 2008.AFP Cette lenteur agace profondément Lionel Royer-Perreaut, ancien maire du 9/10, qui y voit une succession de prétextes. « Le concept imaginé à Luminy par la mairie est hallucinant de fantaisie : il est prévu de créer un complexe aquatique, alors qu'il est loin, très difficile d'accès. Et pour cela, il faudrait dépenser 40 millions d'euros, quand on cherche des financements dans tous les sens, dans un contexte de restrictions budgétaires. Cela n'a aucun sens ! » En conseil municipal, dès que j'évoque les quartiers sud, on me renvoie la situation des quartiers nord au visage. Lionel Royer-Perreaut Ex-député macroniste Et l'ancien député macroniste, défait en juillet par un adversaire RN, de déplorer, au passage, que les écoles des quartiers sud à rénover soient dans la dernière tranche de Marseille en Grand - « les travaux ne démarreront donc pas avant très longtemps » -, ou encore le choix de construire la nouvelle cité judiciaire à Euroméditerranée, dans les quartiers nord, plutôt qu'à la Capelette, dans les quartiers sud, « un quartier en friche, avec énormément de place, qui aurait permis de mixer les populations ». Lionel Royer-Perreaut soupire : « De toute façon, en conseil municipal, dès que j'évoque les quartiers sud, on me renvoie la situation des quartiers nord au visage. » Les « gated communities » se multiplient Le résultat de ces interminables discussions, c'est que ces arrondissements du sud de la ville ne voient rien bouger chez eux et se replient sur eux-mêmes. La partie la plus visible de ce phénomène a démarré il y a environ quinze ans, avec la fermeture massive des résidences privées et l'apparition de « gated communities » à l'américaine. « Aujourd'hui, les deux tiers environ de ce territoire sont fermés », reconnaît Eric Mery.

By |2024-11-20T23:34:14+00:00November 20th, 2024|Scoop.it|0 Comments