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Coup de grâce pour Didier Raoult, son étude phare sur l’hydroxychloroquine retirée

En mars 2020, alors que la pandémie de Covid-19 commence à menacer le monde entier, une étude française fait naître un immense espoir. Publiée dans la revue International Journal of Antimicrobial Agents par le Pr Didier Raoult et son équipe de l'IHU de Marseille, elle semble démontrer l'efficacité spectaculaire de l'hydroxychloroquine (HCQ) associée à l'azithromycine contre le coronavirus. Cette étude historique vient tout juste d'être rétractée par Elsevier, son éditeur. Sur le plan scientifique, cela signifie qu'elle n'existe plus, que son contenu n'est plus valide. En d'autres termes, elle ne démontre pas l'efficacité de l'hydroxychloroquine contre le virus du Covid. Le coup de grâce pour Didier Raoult. À lire aussi EXCLUSIF. L'IHU et les hôpitaux de Marseille lancent une alerte contre le Pr Raoult L'infectiologue marseillais avait menacé, par lettre d'avocat, de poursuivre Elsevier en cas de rétractation de cet article. Du jamais vu dans ce milieu académique où le débat se tranche sur le fondement d'arguments scientifiques et non juridiques. C'est donc une victoire pour les médecins, chercheurs, lanceurs d'alerte et journalistes, qui pendant la pandémie n'ont eu de cesse de dénoncer cette publication marquée par d'énormes biais méthodologiques, mais aussi des manipulations grossières des résultats. LA NEWSLETTER SANTÉ Tous les mardis à 9h30 Recevez notre sélection d’articles issue de notre rubrique Santé ainsi que les Palmarès des hôpitaux et cliniques, dossiers spéciaux, conseils et astuces… En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. Mais une victoire au goût très amer, car cette rétractation arrive presque 5 ans trop tard. « Cela aurait dû se faire dans les jours ou au pire les semaines qui ont suivi la publication de cet article irresponsable, affirme Fabrice Franck, docteur en biochimie et l'un des principaux lanceurs d'alerte durant la pandémie. Elsevier a reculé face aux menaces de poursuites juridiques brandies par Didier Raoult. Ce qui pose la question de la responsabilité de cette maison d'édition dans les dommages causés par cette étude. Même la société savante qui gère ce journal avait déclaré depuis longtemps que cette étude était problématique. » La « folie hydroxychloroquine » Effectivement, malgré les dénégations et les discours rassurants que l'infectiologue marseillais tiendra à la télé, sur YouTube ou sur les réseaux sociaux, il sera très vite montré que l'hydroxychloroquine est responsable d'une surmortalité chez les malades du Covid. « Grâce à la pharmacovigilance, 8 arrêts cardiaques ont été signalés, dont 4 ont conduit à la mort, rien que durant le premier mois de prescription de HCQ en France. Par la suite, des études de grande ampleur ont estimé une surmortalité de 11 % chez les patients qui recevaient l'HCQ. Ce sont donc des dizaines, voire des centaines de milliers de morts de par le monde que l'on doit à la folie hydroxychloroquine », assure Mathieu Molimard, professeur au service de pharmacologie médicale du CHU de Bordeaux et l'un des plus farouches opposants aux thèses de l'infectiologue. À lire aussi Le Pr Raoult suspendu (trop tard) par l'Ordre des médecins Cette rétractation tardive est difficile à comprendre tant les alertes n'ont pas tardé : « Le 3 avril, soit quelques jours après la parution de l'étude, j'ai fait une vidéo qui a fait environ 400 000 vues dans laquelle j'explique la fraude de Didier Raoult, comment il a truqué ses résultats. Mais elle est passée inaperçue auprès des médias traditionnels », raconte Alexander Samuel, docteur en biologie et professeur de mathématiques dans un lycée de Grasse. Le jeune prof de math regrette surtout que l'attention se soit focalisée sur la mauvaise qualité de l'étude, sa méthodologie. « Si on avait admis tout de suite que cela reposait sur une fraude scientifique, je pense que la gravité de la situation aurait été comprise. Truquer ses résultats pour faire croire qu'un traitement marche, ce n'est pas la même chose que d'avoir des résultats vaguement positifs avec une méthodologie imparfaite. » À lire aussi EXCLUSIF. Les complotistes antivax français préparent un juteux business au Brésil Cette fraude sera d'ailleurs affirmée publiquement et avec force dans l'émission Complément d'enquête, par Louis Schweitzer, alors vice-président du Conseil d'administration de l'IHU. Mais en novembre 2022, bien trop tard encore. Populistes et conspirationnistes en soutien Lonni Besançon, chercheur à l'université de Linköping, en Suède, très engagé dans la lutte contre la désinformation sur le Covid-19, insiste sur ce point : « Il y a aussi une possible fraude lors de l'évaluation de l'article par les pairs censés valider la qualité scientifique de l'article. Habituellement, cela prend du temps. Là, cela a été bouclé en une journée seulement. Une partie des données indiquant que cette relecture a été très rapide ont depuis été supprimées du site de l'éditeur. Dans le cas d'études comme celle-ci, pouvant modifier la pratique clinique et la politique de santé publique, il est très important d'agir très rapidement. » Que disait l'étude ? « Le traitement par hydroxychloroquine est significativement associé à une réduction/disparition de la charge virale chez les patients atteints de Covid-19 et son effet est renforcé par l'azithromycine ». Des résultats qui ont rapidement fait le tour du monde, relayés par des personnalités influentes et même des chefs d'État, dont Donald Trump aux États-Unis et Jair Bolsonaro au Brésil. À lire aussi Didier Raoult : 30 ans d'expérimentations sauvages sur l'être humain L'article a ainsi eu un impact majeur sur la gestion de la pandémie : une promotion massive de l'hydroxychloroquine comme traitement miracle, des pénuries pour les patients souffrant de maladies comme le lupus ou l'arthrite traités en routine par ce médicament et un gaspillage considérable de ressources pour tenter de reproduire ces résultats. L'HCQ est même devenue une sorte de symbole contre l'industrie pharmaceutique au sein de la sphère conspirationniste et antivaccination. Une revue scientifique remise en question Pourtant, les biais méthodologiques, relevés dès les premiers jours, sautaient aux yeux pour qui savait lire une publication scientifique. Ils concernaient un échantillon très réduit de seulement 26 patients traités, l'absence de randomisation, c'est-à-dire de répartition aléatoire des patients entre groupe traité et groupe contrôle non traité, un groupe contrôle inadapté, composé de patients d'autres hôpitaux, et des incohérences dans les données rapportées. « Les patients en mauvais état, transférés en réanimation ou décédés, avaient été exclus de l'analyse, biaisant encore davantage les conclusions. L'étude a également été publiée en un temps record – un jour seulement – par une revue dont l'éditeur était affilié aux auteurs, soulevant des questions sur la rigueur de cette évaluation par les pairs », rappelle le docteur Jérôme Barrière, oncologue médical, membre du Conseil scientifique de la Société française du cancer et très impliqué dans la lutte contre la désinformation médicale. À lire aussi Devant le tribunal, le Pr Didier Raoult recule à la dernière minute À découvrir Le Kangourou du jour Répondre L'histoire n'est pas terminée. Cette étude est la première d'une longue série publiée par le professeur marseillais et son équipe, avec à chaque fois toujours plus de patients traités. La dernière, portant sur plus de 30 000 patients, a été rétractée en 2023 et attaquée en justice par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Écarté de la direction de son IHU en septembre 2022, mis à la retraite, banni de la communauté scientifique, suspendu par l'Ordre des médecins il y a quelques mois, Didier Raoult devra dans les mois et années à venir affronter plusieurs procédures judiciaires pour ses essais jugés illégaux. Comme on dit à Marseille, à trop faire le cacou…

By |2024-12-17T14:06:18+00:00December 17th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Les hallucinations des IA génératives : faire avec, car ces IA apportent des bénéfices

Les hallucinations des IA génératives sont leur principal talon d’Achille. Pour autant, malgré ce phénomène, cela vaut la peine pour les entreprises d’employer ce type d’intelligence artificielle. De plus, des dispositifs permettent d’encadrer et de réduire ces hallucinations. C’est ce que détaille Robert Vesoul, CEO et cofondateur d’Illuin Technology, spécialiste des projets d’IA générative. Dans […]

By |2024-12-17T09:13:07+00:00December 17th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Mayotte : la collision d’un cyclone avec une situation sociale explosive

Le bilan humain et matériel du passage de Chido sur Mayotte s'annonce déjà très lourd. Il va être d'autant plus élevé que le département français de l'archipel des Comores est moins habitué aux cyclones que d'autres territoires de cette partie de l'océan Indien. Les météores, qui se forment principalement entre décembre et mars, l'été dans l'hémisphère Sud, ne balaient pas souvent le 101e département français. Ses 321.000 habitants, selon le dernier recensement, sont moins préparés à les encaisser que ceux de La Réunion, touchée par des tempêtes tropicales plusieurs fois par saison. Mayotte a joué de malchance, en se trouvant exactement sur la trajectoire de Chido. Elle a été exposée aux vents les plus violents, ceux qui tournent autour de l'oeil du cyclone. Lequel, heureusement, se déplaçait rapidement : l'île y a été exposée quelques heures seulement, dans la matinée de samedi. Lorsqu'ils transitent lentement, les cyclones déversent souvent d'énormes quantités de pluie, qui, sous les tropiques, ont des conséquences encore plus dévastatrices que le vent. Autoconstruction et immigration clandestine L'habitat mahorais moderne est censé avoir été construit dans le respect des normes anticycloniques, qui lui permettent de résister à des rafales de la puissance de celles de Chido. Mais l'autoconstruction est une tradition à Mayotte, et elle a pris de l'ampleur au cours des dernières décennies, en même temps que l'immigration clandestine en provenance des Comores voisines. Les nouveaux arrivants se sont d'abord installés dans les interstices, puis leurs bidonvilles ont commencé à recouvrir des collines ; notamment celles qui dominent la zone d'activités économiques de Kaweni, aux portes de Mamoudzou, le chef-lieu. Elles offrent depuis samedi après-midi un spectacle de désolation. Selon l'Insee, près de la moitié des habitants de Mayotte ne possèdent pas la nationalité française, mais un tiers des étrangers y sont nés. LIRE AUSSI : ENQUETE - A Mayotte, l'urgence permanente Plusieurs jours seront nécessaires pour dresser un bilan précis du passage de Chido dans les nombreux quartiers informels de Petite-Terre et Grande-Terre, les deux îles qui composent l'archipel. Les premières informations diffusées jusqu'en milieu de journée, dimanche, concernaient essentiellement l'agglomération de Mamoudzou et Petite-Terre, où se trouve l'aéroport. Les dimensions de Grande-Terre, malgré son nom, sont modestes (une quarantaine de kilomètres de long sur une vingtaine de large), mais le réseau routier y est peu dense et certains villages se trouvent sans doute encore coupés du monde. La géographie mahoraise ne facilite pas l'organisation des secours. Le département est distant de 1.500 kilomètres de La Réunion, l'autre terre française de la région, d'où sont organisées une partie des opérations. L'aéroport de Mayotte a été durement touché, sa tour de contrôle a été dévastée et la date de la reprise des vols commerciaux en provenance de La Réunion ou à destination de Paris n'est pas connue. Les avions militaires peuvent toutefois se poser sur la piste de Pamandzi. La priorité des autorités est de rétablir la circulation entre le port de Longoni et Mamoudzou, d'une part, et les rotations des barges qui font quotidiennement la navette sur le lagon, entre Petite-Terre et Grande-Terre. Les forces de l'ordre sont, de plus, confrontées à des pillages de commerces, d'entreprises et de maisons éventrées, phénomène dont l'ampleur n'est pas mesurée à cette heure. Prise de conscience Une partie de la population mahoraise s'apprête à vivre les jours difficiles d'après-cyclone, accueillis par des proches pour ceux qui ont perdu leur toit, dans l'attente du rétablissement des réseaux : électricité, téléphone et surtout eau potable, élément vital pour la sécurité sanitaire dans une situation aussi dégradée. De nombreux habitants des bidonvilles ont trouvé refuge dans des centres d'hébergement aménagés à la hâte, notamment dans des écoles. Le passage de Chido coïncidant avec le premier jour des vacances scolaires d'été, qui vont durer un mois, on peut penser que ces établissements ne vont pas désemplir au cours des prochaines semaines. L'archipel est aussi le département le plus jeune de France : la moitié de la population est mineure. LIRE AUSSI : ENQUÊTE - Les îles d'outre-mer, premières victimes françaises du changement climatique Le relogement des dizaines de milliers de personnes, qui ont tout perdu dans la destruction de leurs modestes cases en tôles, annonce des problèmes vertigineux. Les sinistrés sont en grande partie des clandestins, qui se heurtent à l'hostilité grandissante des Mahorais. Le département avait connu en début d'année plusieurs semaines de paralysie et de manifestations contre l'immigration illégale. Alors que les appels à la solidarité nationale se multiplient, les Mahorais les plus anciens entretiennent peut-être un espoir. C'est après le passage du cyclone Kamisy, en 1984, que Paris avait pris la mesure des attentes de l'île qui avait refusé de suivre les Comores sur la voie de l'indépendance. L'Etat avait commencé à débloquer des crédits pour mettre Mayotte sur la voie du développement, qui allait aboutir à sa transformation en département en 2011. Chido, encore plus dévastateur que Kamisy, aura-t-il le même effet ?

By |2024-12-17T09:03:19+00:00December 17th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Syrie : les chiffres vertigineux d’une économie à totalement reconstruire

Tout est à reconstruire ou presque en Syrie. Le Premier ministre de transition, Mohammed Al-Bachir l'a reconnu implicitement mercredi dans une interview au quotidien italien « Corriere della Sera ». Il a appelé les Syriens de l'étranger à rentrer. « Leur capital humain, leur expérience permettront au pays de prospérer […] Revenez. Nous devons reconstruire, renaître et nous avons besoin de l'aide de tous », a-t-il déclaré. Avec la chute de Bachar Al-Assad, « la communauté internationale dispose désormais d'un important levier pour planifier la reconstruction du pays. Mais aucune entité ne sera en mesure de diriger efficacement le pays sans dépendre presque totalement de l'aide étrangère. La priorité sera de s'assurer que la reconstruction se déroule avec plus de succès que celle de l'Irak ou de l'Afghanistan », avertit dans une note publiée mardi Kirsten Fontenrose, chercheuse à l'Atlantic Council. De leur côté, les économistes de Barclays ont souligné cette semaine un facteur positif : « L'un des actes marquants d'Al-Joulani pour faire pencher la balance dans la guerre a été sa capacité à rétablir les services locaux dans les zones contrôlées par les rebelles, de la collecte des déchets aux transports, aux communications et aux produits de base, rassurant ainsi les résidents locaux et les représentants étrangers. » C'est peut-être un signe. LIRE AUSSI : Syrie : comment la transition politique s'organise DECRYPTAGE - Comment la Turquie espère profiter de la nouvelle donne en Syrie Après treize années de conflit, la Syrie est exsangue. Dans un rapport publié au printemps dernier, la Banque mondiale estimait que le produit intérieur brut (PIB) du pays avait diminué de 54 % entre 2010 et 2021. Mais, reconnaît-elle, la situation réelle est certainement bien plus catastrophique. En recourant à des données satellitaires de la Nasa, l'analyse des points lumineux de la Syrie (ampoules électriques et torchage du gaz), elle avance plutôt le chiffre d'un recul de 84 % entre 2010 et 2023. Avant la guerre civile, la Syrie était considérée comme un pays à revenu intermédiaire à forte croissance. Son profil économique actuel est celui d'un pays à faible revenu, selon la classification de l'institution multilatérale. La production pétrolière du pays n'est plus que l'ombre d'elle-même. L'observation du torchage nocturne du gaz révèle que, en 2023, la production a encore reculé de 6 %. Si en 2010, la production d'or noir s'élevait à 383.000 barils par jour, elle n'était plus que de 90.000 barils par jour l'an dernier, selon l'Administration américaine de l'information sur l'énergie. LIRE AUSSI : PORTRAIT - Qui est Abou Mohammed Al-Joulani, le chef de la coalition djihadiste qui a fait chuter Bachar Al-Assad ? Côté agriculture, secteur majeur de l'économie syrienne avant le début du conflit, la situation n'est guère plus brillante. Entre 2001 et 2007, par exemple, la production nationale de blé s'élevait en moyenne à environ 4 millions de tonnes. Après un creux historique en 2022 (1 million de tonnes), la production a rebondi l'an dernier pour s'établir à 2 millions de tonnes. Le conflit a endommagé les infrastructures et les systèmes d'irrigation. Un commerce en berne L'effondrement de la production agricole et industrielle nationale a logiquement accru la dépendance de la Syrie aux importations. Entre 2011 et 2023, les importations ont couvert près de la moitié de la consommation nationale de pétrole et environ un tiers de la consommation de céréales. Reste que le commerce extérieur du pays s'est effondré en une décennie. Selon la Banque centrale de Syrie, les exportations de biens ont diminué de 8,8 milliards de dollars en 2010 à seulement 1 milliard de dollars en 2023, les ventes de pétrole représentant la plus forte baisse des exportations. Les importations, elles, sont passées de 17,5 milliards de dollars en 2010 à 3,2 milliards de dollars en 2023, selon les statistiques officielles.  Le captagon, drogue illégale à base de fenéthylline devenue populaire au Moyen-Orient, est peut-être le secteur le plus précieux du commerce syrien. Les ventes du pays se seraient élevées aux environs de 5,6 milliards de dollars entre 2020 et 2023. Les bénéfices des acteurs basés en Syrie ou liés à la Syrie s'élèveraient à « près du double des revenus générés par toutes les exportations syriennes licites en 2023 », souligne la Banque mondiale. Chute de la monnaie Face à cette détérioration de l'économie, les recettes budgétaires du pays n'ont pas cessé de reculer. Elles ont baissé de 85 % par rapport à 2010. Entre 2011 et 2023, le déficit budgétaire annuel de la Syrie a atteint en moyenne 11 % du PIB. L'effondrement du commerce, l'expansion de l'économie souterraine et l'affaiblissement des capacités administratives de collecte des impôts expliquent ces piètres résultats. Faute de rentrées d'impôt, les dépenses budgétaires ont logiquement reculé de 87 % entre 2010 et 2023. La livre syrienne, quant à elle, n'a cessé de se déprécier . Son taux de change officiel a été divisé par 270 par rapport au dollar américain, atteignant 12.562 livres syriennes pour un dollar l'an dernier, contre 47 en 2011. Sur le marché noir, la monnaie s'échange même à un peu plus de 14.000 livres pour un dollar. L'effondrement de la monnaie nationale s'est traduit par une inflation galopante exacerbée également par les réductions des subventions de l'Etat à l'essence et aux produits pharmaceutiques. Pour l'année 2023, l'inflation culminait ainsi à 115 %. Dans de telles conditions, la pauvreté (personnes vivant avec moins de 3,65 dollars par jour), pratiquement inexistante avant le conflit, touchait, en 2022, 69 % de la population, soit environ 14,5 millions de Syriens. Pour les analystes, l'économie syrienne pourrait mettre une décennie à surmonter les turbulences de la guerre civile. Avec une importante diaspora d'expatriés fortunés et l'aide de la communauté internationale des organisations internationales prêtes à intervenir, le pays peut espérer un rebond.

By |2024-12-17T09:02:27+00:00December 17th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Instagram : le sulfureux business de la récupération de comptes

Sur LinkedIn, les entrepreneurs sont plutôt du genre à se gargariser et à ne partager que les bonnes nouvelles. Quand Cédric O'Neill, fondateur de la proptech Bricks.co - start-up d'investissement immobilier - pousse un coup de gueule, il ne passe pas inaperçu. « Après quatre ans à développer le compte Instagram de Bricks.co, à y consacrer des heures infinies pour vulgariser l'investissement immobilier et apporter de la valeur à nos 400.000 utilisateurs, notre compte a été supprimé du jour au lendemain, sans raison apparente, sans avertissement et sans recours concret. » Même mésaventure pour Tanja Miletic, qui propose des formations en finances personnelles. « On a suspendu mon compte. Puis il a été désactivé de façon définitive », raconte aux « Echos » la jeune femme, qui assure être contactée toutes les semaines par d'autres entrepreneurs dans cette situation. Sur les réseaux sociaux, un compte peut être suspendu puis banni à la suite de signalements. « Il est possible de signaler des publications ou commentaires inappropriés, ou des personnes enfreignant nos règles de la communauté ou nos conditions d'utilisation dès que vous les constatez au moyen des fonctionnalités de signalement intégrées », est-il précisé sur le site d'Instagram. Parmi les contenus non autorisés, on trouve les arnaques, la violence, l'exploitation sexuelle ou encore les discours haineux. Il est aussi possible de signaler les cas d'usurpation d'identité ou les profils qui appartiennent à un enfant de moins de 13 ans. Une pratique facilitée par le règlement européen sur les services numériques (DSA), entré en vigueur en août 2023. Signalements « malveillants » en masse Les grandes plateformes en ligne (plus de 45 millions d'utilisateurs en Europe) sont ainsi tenues de proposer aux internautes un outil leur permettant de signaler facilement les contenus illicites. Cette fonctionnalité de signalement a des avantages mais aussi des faiblesses puisqu'il existe des méthodes pour automatiser des signalements sur Instagram, et ce, en masse. Des particuliers ainsi que des groupes en ont fait un véritable business et se font rémunérer pour signaler des comptes selon certains critères. Il est possible de trouver facilement des tutoriels et des conseils pour automatiser cette tâche. « Mon ami et moi-même allons créer un robot Instagram qui bloquera chaque compte de plus de 10.000 followers ainsi que les comptes qui ont certains mots dans leur bio/nom tels que 'quotidien' ou 'Jésus'. […] La raison : j'en ai assez des influenceurs », écrit ainsi un internaute sur le réseau social Reddit. LIRE AUSSI : EN CHIFFRES - « C'est une vraie économie » : les créateurs de contenu créent aussi des emplois et engrangent des milliards DECRYPTAGE - Ce que le DSA change en pratique pour le grand public Cédric O'Neill assure n'avoir jamais eu d'explications de la part de Meta - le propriétaire d'Instagram - sur la suppression de son compte. « J'ai contacté quelqu'un du support. Il a ouvert un ticket [l'enregistrement d'une tâche en informatique, NDLR], mais Meta n'a rien fait pour moi », raconte de son côté Tanja Miletic. « Il m'est arrivé exactement la même chose en 2021. J'ai tout essayé. Pareil, impossible de récupérer le compte ! Courriers d'avocats, etc. On m'a parlé d'un concurrent malveillant qui aurait payé des signalements en masse », témoigne sur LinkedIn Adrien Hardy, un expert immobilier. Difficile de savoir si les signalements sont justifiés, en particulier dans des domaines comme l'investissement (Bourse, immobilier, etc.), où la ligne rouge est parfois franchie par les entrepreneurs et créateurs de contenus. Ou s'ils ont été réalisés par des robots. L'absence de justification illustre en revanche la lenteur voire l'inaction des services d'assistance de grandes plateformes comme Instagram et Facebook. Avec plus de 2 milliards d'utilisateurs chacun, ces géants de la tech n'arrivent plus à maîtriser leur propre machine. Règlement au comptant ou en crypto Mais le coup de gueule de Cédric O'Neill ne s'arrête pas à cette suppression de compte, restée selon lui sans justification de la part de Meta. Dans un entretien au podcast « Silicon Carne » - auquel « Les Echos » ont participé - l'entrepreneur raconte avoir cherché à remettre la main sur ce compte, qui lui apporte de la visibilité et des revenus. Plusieurs internautes lui parlent alors d'une mystérieuse solution. « Si tu le souhaites, j'ai un contact qu'on m'avait transmis pour le déblocage de mon compte, cela n'est pas donné mais utile », lui a soufflé une entrepreneuse qui lui transmet dans la foulée un numéro de téléphone français. On s'est posé la question de payer ou pas car on faisait 60 % de notre chiffre d'affaires via Instagram. David Cohen, dirigeant du site d'e-commerce Clarosa Même processus pour David Cohen, alors à la tête de Clarosa, un site d'e-commerce de chaussures. Un mystérieux prestataire lui promet de rétablir son compte pour la modique somme de 15.000 euros. « On s'est posé la question de payer ou pas car on faisait 60 % de notre chiffre d'affaires via Instagram », témoigne le dirigeant, qui a fini par négocier le prix à 12.000 euros. Le paiement s'est fait en espèces par coursier. Une semaine après, le compte était débloqué. Difficile de savoir si c'est ce fameux prestataire qui a rétabli le compte ou Instagram lui-même. Tanja Miletic, elle, a vu son compte suspendu à deux reprises. Elle a fait deux paiements : le premier de 700 dollars et l'autre de 1.000 euros. Un « prestataire » français lui a même demandé 4.500 euros ! « Le tarif varie en fonction du pays. J'ai trouvé quelqu'un en Turquie qui pouvait me débloquer le compte pour moins cher », raconte-t-elle. 5.000 dollars pour moins de 100.000 abonnés Ces « magiciens » envoient des messages bien marketés aux entrepreneurs, avec un prix, des délais de résolution du problème (24 à 72 heures en général) et les modes de paiement acceptés (cryptomonnaie, virement bancaire ou PayPal). « Les prix sont standardisés, moins de 100.000 followers c'est 5.000 dollars, plus de 500.000 c'est 10.000 dollars », indique Carlos Diaz, hôte du podcast « Silicon Carne ». Dans un article de ProPublica, un certain OBN assure avoir touché plusieurs centaines de milliers de dollars avec ce business. Selon les personnes interrogées, ces « prestataires » n'agiraient pas seuls et bénéficieraient de l'aide de salariés de Meta. L'interlocuteur de Cédric O'Neill lui a ainsi demandé de fournir des informations pour envoyer « tout à son contact chez Instagram ». « Tu peux compter sur moi pour un process pro et rapide », écrit l'interlocuteur. « Update [mise à jour, NDLR] : j'ai envoyé à différents contacts qui travaillent chez Meta et qui peuvent s'occuper de ton compte. J'attends encore quelques retours pour prendre celui qui donne le tarif le plus bas », répond-il plus tard. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Comment obliger les réseaux sociaux à combattre le fléau des arnaques à l'investissement ? Un autre mystérieux interlocuteur a envoyé à une entrepreneuse un message titré : « Récupération via Meta Insider (employé) ». « Je dois payer le gars en USDT [cryptomonnaie tether, NDLR], actuellement j'en ai pas [sic], donc il faut que je fasse un transfert demain… tu peux payer au résultat si tu veux », explique un autre dans un message WhatsApp précisant qu'il prend une marge de 500 euros sur les 3.000 euros facturés. Contacté, la maison mère d'Instagram indique aux « Echos » que « seulement Meta, par le biais de [ses] canaux officiels et de [ses] équipes d'assistance, a le pouvoir d'examiner et de rétablir les comptes Instagram qui ont été désactivés ou supprimés, et ce gratuitement ». « Nous conseillons vivement aux utilisateurs de ne verser aucune somme à une entreprise ou un individu prétendant pouvoir rétablir directement des comptes contre de l'argent », ajoute Meta. « Professionnels » des réseaux sociaux Ce phénomène n'est pas nouveau, comme l'a révélé le « Wall Street Journal » en 2022. Meta aurait licencié ou sanctionné une vingtaine d'employés pour avoir enfreint les règles et, dans certains cas, accepté des pots-de-vin pour récupérer des comptes Instagram. Ils seraient passés par l'outil de récupération de comptes interne de Meta, « Oops » (Online Operations). Lancé peu après la création de Facebook, le système était initialement réservé aux célébrités, aux proches des salariés ou aux relations de Mark Zuckerberg. Il est aussi parfois utilisé pour prendre le contrôle du compte d'une personne décédée. Certains intermédiaires sont assez mystérieux, d'autres ont des profils publics sur les réseaux sociaux. Dans tous les cas, les entrepreneurs interrogés n'ont jamais échangé de vive voix avec eux, seulement par le biais de la messagerie WhatsApp. L'un d'eux dirige une agence immatriculée à Dubaï qui propose d'« automatiser votre croissance Instagram ». Il encaissait l'argent sur le compte [en banque] de sa mère. Tanja Miletic, entrepreneuse dont le compte Instagram a été suspendu deux fois Contacté, il confirme aux « Echos » passer par des salariés de Meta « depuis des années » et minimise l'illégalité de cette activité. « Ce n'est pas abusé, lâche-t-il, à aucun moment je ne fais des menaces ou de l'extorsion. » Au passage, il pointe du doigt Instagram : « Il n'y a pas assez de monde à la modération et il n'y a pas vraiment de support client. » Un autre, sous pseudo et qui n'a pas de mentions légales sur son site (uniquement un contact WhatsApp et Instagram), propose des programmes et des guides pour aider « les grands influenceurs, artistes, et entreprises à protéger leur présence sur les réseaux sociaux ». D'autres sont beaucoup moins « professionnalisés ». N'ayant pas retrouvé accès à son compte deux semaines après avoir payé, Tanja Miletic a déposé plainte et lancé une procédure de rappel de fonds auprès de sa banque. « Il encaissait l'argent sur le compte de sa mère », indique la jeune entrepreneuse. On trouve toujours de tout sur Internet.

By |2024-12-17T09:01:13+00:00December 17th, 2024|Scoop.it|0 Comments

« Il faut changer cet état d’esprit colonial » : à Casablanca, la révolte des banques africaines

Comme un dernier bastion défiant le millier de financiers venus des quatre coins de l'Afrique. Point de repère de la « skyline » de Casablanca, la BMCI, filiale flambant neuve de BNP Paribas, se dresse face à l'hôtel Hyatt où les champions de la finance africaine se sont donné rendez-vous les 9 et 10 décembre pour le sommet annuel de l'AFIS (Africa Financial Summit). Cette année encore, ils sont venus célébrer la libération du continent des banques occidentales. « Eux aussi leur tour viendra », est persuadé un participant. L'homme d'affaires Moulay Hafid Elalamy vient de clôturer, quelques jours plus tôt, le rachat de la filiale de la Société Générale pour 745 millions d'euros, et les rumeurs vont bon train sur les autres « occasions » françaises à venir. La BMCI, elle, a vendu l'an dernier sa gestion d'actifs et sa participation dans les paiements. « Beaucoup de rente » Galvanisée dès le coup d'envoi du sommet, l'assistance applaudit le scénario d'ouverture déroulé sur écran XXL : avec vue plongeante sur la Grande Arche de La Défense, le cinquième conglomérat bancaire européen, sciemment dénommé la « Compagnie Générale », se fait racheter par la « First Eco Bank of Africa » née de la fusion de trois champions bancaires africains à l'issue d'une « vague de consolidation sans précédent ». Les leaders de la finance africaine ont des ambitions dévorantes et veulent y croire. La compétition fait rage pour les actifs occidentaux. Outre le Maroc, Société Générale a finalisé la cession au burkinabé Coris Bank de ses actifs au Tchad. Au Mozambique, c'est le holding rival Vista qui l'a emporté. Le nigérian Access Bank a finalisé la reprise des filiales du britannique Standard Chartered en Angola et en Sierra Leone, et est donné vainqueur pour le Botswana, l'Ouganda et la Zambie officiellement en vente. « Les institutions internationales, depuis plus de cent ans, se sont habituées à croître dans des périodes où il y avait beaucoup de gras, beaucoup de rente. Ces conditions ont changé, elles n'ont pas vu la nécessité d'avoir un impact direct sur les populations. C'est une opportunité pour les banques africaines », se félicite Roosevelt Ogbonna, le patron d'Access Bank. LIRE AUSSI : ENQUETE - Les banques françaises désertent l'Afrique Mais des ambitions aux actes, il y a un pas. Les Etats africains ne sont pas prêts à laisser partir ces actifs stratégiques simplement au plus offrant. Le Congo a écarté Vista, choisi par Société Générale, pour préempter sa filiale et la céder au gabonais BGFI. La Mauritanie aurait rejeté l'offre de Coris Bank, l'une des principales du pays, et ferait son propre tour de table. Au Cameroun, la vente serait en pause, l'Etat cherchant à reprendre la main sur la seconde banque du pays. Au Sénégal, les pouvoirs publics chercheraient à racheter l'entité de la banque française, n° 1 du secteur. Au Bénin, l'Etat a directement négocié le rachat des actifs avec ceux du Togo. « Ces actifs sont de taille marginale pour des groupes comme Société Générale, mais à l'échelle des Etats, ils sont systémiques. Cela crée des frictions », réagit un financier. Le plus sensible reste potentiellement à venir. Tous les yeux sont tournés vers la Côte d'Ivoire, le plus gros actif restant de Société Générale en Afrique, et première banque du pays. Officiellement, à la différence de la Tunisie et du Ghana, il n'y aurait pas de processus, mais à l'AFIS, la rumeur voulait qu'Abidjan tente de rallier des investisseurs, à la manière de son opération sur la filiale de BNP Paribas en 2023. Il ne suffit pas de planter un drapeau, il faut apporter de la valeur. Mohamed El Kettani, directeur général d'Attijariwafa Bank « Acheter une banque, c'est facile. Et encore, on a vu des régulateurs retirer leur accord au dernier moment, dit un banquier. Ensuite, le plus dur commence : il faut engager des questions difficiles avec le management, fermer des entités non rentables… et rembourser. » « Tout le monde veut que des champions africains émergent, mais dans la finance, il y a des 'sapeurs' », avertit un autre, en référence aux jeunes flambeurs qui se mettent en scène sur les réseaux, habillés des dernières marques de mode occidentales. Pilier de la finance africaine, le marocain Attijariwafa Bank, issu en 1904 de l'ancienne Compagnie française de crédit et de banque, avertit : « Il ne suffit pas de planter un drapeau, il faut apporter de la valeur », prévient Mohamed El-Kettani, le directeur général du groupe présent dans plus de 20 pays. « La sortie des grandes banques internationales fait porter une responsabilité extrêmement forte sur le secteur bancaire africain, mais aussi les gouvernements et les régulateurs », dit-il. En l'absence de système de paiements transfrontaliers cohérent sur les 42 monnaies du continent, avec des cadres macroéconomiques divergents - du plus stable au plus volatile -, les défis sont nombreux. Dernier gros acteur bancaire français après la vente de la filiale de Société Générale, la BMCI, filiale de BNP Paribas, fait face au sommet de l'Africa Financial Summit.Anne Drif « Tous les capitaux réunis des banques africaines représentent moins de 1 % de ceux des banques américaines ou chinoises. On n'a pas assez de capital pour financer les projets », rappelle Jeremy Awori, PDG du togolais Ecobank. Il faut le chercher ailleurs. C'est tout l'enjeu, selon Kamal Mokdad, directeur général du marocain BCP : 85 % des échanges africains se font avec le reste du monde, plus qu'entre pays du continent. Or la plupart des banques africaines n'ont pas accès aux correspondants bancaires étrangers. « Pour remplacer Standard Chartered, vous ne pouvez pas faire ça seulement de la côte ivoirienne ou de Gambie, et dire 'salut'. Ils avaient peut-être une petite présence dans un pays africain, mais ce n'est pas là que ça se passait : la banque se faisait à Londres, Dubaï, Hong Kong, New York », dit Roosevelt Ogbonna, PDG d'Access Bank, qui veut s'implanter aux Etats-Unis fin 2025, en plus de trois hubs actuels dont Paris. Attijariwafa, lui, s'est implanté en Chine il y a deux ans LIRE AUSSI : TRIBUNE - Afrique : le grand désengagement des banques françaises Mais le plus gros défi est intra-africain. Ini Ebong, directeur de la First Bank of Nigeria, pointe les « régulateurs trop nationalistes dans les contrôles », tandis qu'Amine Bouabid, CEO de Bank of Africa, estime que « les banques centrales doivent donner plus de marges de manoeuvre ». « Tous ces chefs d'Etats avec qui j'ai discuté parlent de prendre le destin de l'Afrique en main, dit Roosevelt Ogbonna. Mais à qui ces Etats vont-ils confier leurs réserves ? Pas à des banques africaines, mais à des banques comme JP Morgan. Et ils nous demandent de faire des miracles ! Il faut d'abord changer cet état d'esprit colonial, qui associe la sécurité aux banques étrangères. » Et le dirigeant de relater son échange avec l'agence de notation Fitch : « Pourquoi suis-je différent de JP Morgan ? leur ai-je demandé. Vous devez me convaincre, parce qu'on a fait les mêmes écoles, je les ai battus en classe. Et nous avons ici bâti le même business bancaire. » Même chose sur les superviseurs. « Je ne suis pas sûr qu'ils demandent la même chose à Citi, à JP Morgan ou Standard Chartered quand il s'agit de reconnaître une licence bancaire », regrette-il.

By |2024-12-17T08:59:19+00:00December 17th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Scission de Vivendi : les trois grands défis qui attendent Canal+

Premier jour du reste de sa vie pour Canal+. Le groupe démarre ce lundi sa cotation en solo à Londres, loin de l'ex-maison mère Vivendi qui s'est divisée en quatre entités. Désormais en direct face aux investisseurs, l'entreprise devra convaincre sur sa capacité d'expansion, tout en rassurant sur le marché français où Canal+ tire encore 60 % de ses revenus, mais où elle n'est pas encore à l'équilibre. Tour d'horizon de ses défis. 1. Recruter plus d'abonnés La croissance du groupe pour 2024 sera stable par rapport à 2023, mais, dès 2025, une légère décroissance devrait se faire sentir, avec la fin de la chaîne C8 et la perte du contrat de distribution avec Disney. « Des changements pas forcément mauvais pour le compte de résultat », fait remarquer Jean-Michel Salvador, analyste chez Alphavalue, qui précise que l'enjeu de 2026 sera de retrouver la croissance. « Aujourd'hui, les investisseurs sont un peu circonspects, ils ne savent pas si elle sera vraiment là. » LIRE AUSSI : CHRONIQUE - Canal+ au pays des géants Après la scission du groupe, la nouvelle vie de Vivendi Canal+ doit donc recruter davantage d'abonnés. Une piste serait de renforcer sa stratégie de porte d'entrée de la télévision, souffle François Godard, analyste chez Enders, « en élargissant par exemple son offre TV+ à 2 euros, en y intégrant TF1 + ou M6 +. » En somme, amplifier son modèle de super-agrégateur de contenus, comme il le fait avec Netflix, Max ou BeIN Sports pour les offres premium. Le problème avec le développement de ce modèle est la baisse observée ces dernières années du revenu moyen par client pour Canal+… au profit de la rémunération de ses partenaires. Enders estime à 60 % la part de l'abonnement donnée aux streamers. C'est donc ce modèle de super-agrégateurs qui sera mis sur le gril des investisseurs. 2. Améliorer sa marge Les investisseurs regarderont si la hausse du nombre d'abonnés va de pair avec une augmentation du résultat et une amélioration de la marge. Après une légère progression ces dernières années, cette dernière est passée de 7,8 % au premier semestre 2023 à 7,4 % sur la même période de 2024… Loin des 8 % de 2015, année d'arrivée de Maxime Saada à la tête de l'entreprise. Un niveau jamais retrouvé. LES CHIFFRES CLÉS +234 % La hausse du nombre d'abonnés entre 2015 et 2023. +10 % Celle du chiffre d'affaires sur la même période. L'enjeu sera de savoir comment la direction entend compresser le coût des contenus. Car la tendance est à la hausse. Ils représentaient 58,5 % des ventes en 2021, puis 60 % en 2023. Et s'ils suivent la tendance amorcée au cours de ce premier semestre, ils pourraient atteindre 63 % des ventes en 2024, selon une note d'AlphaValue. Une stratégie d'agrégations qui coûte visiblement cher à Canal, et qui pourrait au détour d'une renégociation mettre le groupe dans une situation de dépendance. Un acteur incontournable de son offre agrégée, Netflix par exemple, pourrait renégocier à la hausse les conditions, taillant un peu plus dans la marge de Canal+. « L'affaire Disney montre qu'il n'est pas évident de gérer les coûts avec les tiers », ajoute Jean-Michel Salvador. 3. Intégrer MultiChoice 2,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 15 millions d'abonnés, MultiChoice est le plus gros opérateur de télévision du continent africain et l'intégrer sera pour Canal+ l'un des défis majeurs de 2025. D'autant que MultiChoice sort d'années difficiles, avec 1,8 million d'abonnés perdus sur les douze derniers mois. LIRE AUSSI : Canal+ quitte la TNT : 4 questions sur un big bang Maxime Saada, le monsieur + de Canal Mais les prochaines années du géant africain devraient être meilleures, anticipe François Godard. Ainsi, si Canal+ réussit son rachat en avril prochain (il en détient aujourd'hui 45 %), le groupe français dominera le marché africain francophone mais aussi anglophone et lusophone, où MultiChoice est implanté. Il pourrait y avoir des synergies sur les droits du foot, peut-être les programmes, et surtout la technologie. Tout cela à condition que Canal+ parvienne à racheter la totalité des actions. Les négociations sont en cours avec les autorités sud-africaines. « Surtout, pour la direction, l'enjeu sera d'avoir des partenaires sud-africains qui investissent dans la maison mère à Londres. S'ils restent au niveau des entités locales, les dividendes pourraient rester dans MultiChoice et ne pas remonter jusqu'à Canal+. La Bourse ne valorisera alors pas le cours de Canal+ autant qu'espéré », estime Jean-Michel Salvador d'AlphaValue. Canal+ va plus loin avec Apple Apple TV + était déjà disponible à l'abonnement sur MyCanal. Le 12 décembre, Canal+ a annoncé que ses abonnés bénéficient désormais de 30 % de réduction sur l'abonnement Apple Music.

By |2024-12-17T08:57:49+00:00December 17th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Trains grande vitesse : top départ de la liaison directe entre Paris et Berlin

Etape symbolique dans l'Europe du rail. A partir de ce lundi matin, les Parisiens pourront pour la première fois rallier la capitale allemande, via une liaison ferroviaire directe à grande vitesse. Un premier train va quitter la gare de l'Est, à Paris, à 9 h 55, pour arriver, si tout se passe bien, à Berlin à 18 h 03, après un peu plus de huit heures de trajet. En sens inverse, un train grande vitesse partira de Berlin à 11 h 54 pour arriver à Paris à 19 h 54. La nouvelle liaison directe bénéficiera d'un train par jour dans chaque sens et desservira également les gares de Strasbourg, Francfort et Karlsruhe. Elle sera assurée par des ICE, les trains à grande vitesse allemands, et non par les TGV français. Chaque ICE proposera 444 sièges et réservera des sièges à bord à son partenaire français. La coopération entre la SNCF et son alter ego allemand, Deutsche Bahn, prend donc une forme différente de ce qui existe aujourd'hui. Sur des destinations comme Francfort, les deux compagnies nationales alternent chaque jour leurs TGV et ICE au départ de Paris-Est. Une première historique « Pour la première fois de l'histoire ferroviaire entre les deux pays », les deux capitales Paris et Berlin « seront directement reliées de centre-ville à centre-ville, à grande vitesse », a expliqué la SNCF dans un communiqué. « SNCF Voyageurs et Deutsche Bahn envoient un signal fort pour l'intégration de l'Europe par le rail », avait déclaré à l'automne Michael Peterson, le patron de l'activité voyageur grandes lignes de la SNCF allemande. LIRE AUSSI : La SNCF et Deutsche Bahn vont coopérer sur un nouveau train de jour Paris-Berlin Le gain de temps s'avère toutefois modeste. Malgré une correspondance de 14 minutes, il est déjà possible de rallier Paris à Berlin en train grande vitesse en 8H10, même si cet horaire s'avère théorique. LIRE AUSSI : Train : la Deutsche Bahn s'offre le nec plus ultra de l'usine de maintenance La SNCF allemande, la Deutsche Bahn, et SNCF Voyageurs avaient annoncé cette nouvelle liaison directe en mai 2022, et visaient initialement un démarrage fin 2023. En septembre 2024, la date d'inauguration avait été finalement été fixée au 16 décembre. Pourquoi le train ? Pourquoi prendre le train plutôt que l'avion ? La SNCF et la Deutsche Bahn mettent en avant l'argument écologique et soulignent qu'un Paris-Berlin en train émet 2kg de dioxyde de carbone par passager, contre 200 kg pour un voyage en avion. « Nous continuons à miser sur la collaboration afin de permettre des liaisons ferroviaires internationales plus nombreuses et de meilleure qualité. C'est la seule façon pour l'Europe d'atteindre ses objectifs climatiques », jugeait Michael Peterson, à l'automne. LIRE AUSSI : Un tiers de trains en retard : l'Allemagne s'attaque à son vieux réseau ferroviaire Côté prix, SNCF Voyageurs et la Deutsche Bahn, la SNCF allemande, annoncent un prix d'entrée à 59,99 euros en seconde classe et 69,99 euros en première classe. Dans les faits, les prix varieront en fonction du taux de remplissage des trains. Pour un week-end à Berlin du 8 au 11 mai 2025, il fallait compter ce matin sur un billet à 100 euros l'aller et à 80 euros le retour. Un voyage en avion reste à la fois nettement plus rapide et moins cher, avec un premier prix à 89 euros l'aller-retour. Mais il faut ensuite rallier le centre-ville, avec une liaison parfois laborieuse en France, de l'aéroport de Roissy. LIRE AUSSI : Deux mois après son retour, le train de nuit Paris-Berlin fait de nombreux déçus Les trains de nuit Paris-Berlin et Paris-Vienne suspendus pour deux mois et demi En décembre 2023, Paris et Berlin avaient célébré la relance du train de nuit entre les deux capitales mais la liaison opérée par l'autrichien ÖBB avait ensuite suscité pas mal de critiques en matière de qualité. Elle avait été ensuite suspendue plusieurs mois pour travaux, entre les mois d'août et octobre, avant de reprendre dernièrement. Si le train de nuit bénéficie d'un certain engouement de la part des clients, il reste peu rentable pour les compagnies ferroviaires. L'Etat français subventionne largement les lignes relancées : environ 10 millions d'euros par an pour la liaison vers Berlin, pour le tronçon jusqu'à la frontière allemande.

By |2024-12-17T08:56:58+00:00December 17th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Sciences Po : ce qui va changer pour les admissions en 2025

Luis Vassy avait annoncé mi-octobre « une modification de la procédure d'admission » pour entrer à Sciences Po après le bac. Il faut « qu'au-delà des notes de contrôle continu reçues sur Parcoursup , nous soyons capables de comparer les mérites des étudiants avec un instrument qui les mette tous à égalité », avait annoncé le nouveau directeur de Sciences Po aux « Echos », mi-octobre. « L'inflation à la hausse des notes de contrôle continu altère la capacité à distinguer les dossiers […] », a-t-il encore insisté, ce mercredi matin, lors d'une audition au Sénat. Luis Vassy a fait voter mardi, au conseil de l'Institut, une réforme transitoire qui s'appliquera notamment aux lycéens qui sont aujourd'hui en terminale. Un autre volet de la réforme interviendra ultérieurement pour modifier en profondeur la procédure à partir de 2026. La réforme complète concernera donc des lycéens qui sont actuellement en classe de première. Epreuve écrite du bac de français Pour ceux qui postuleront à Sciences Po dans les prochaines semaines, plusieurs changements sont prévus. Les bulletins de la classe de seconde ne seront plus pris en compte. L'établissement veut « soulager la pression pesant sur les candidats à un âge trop précoce ». La sélection ne se fera plus sur les lettres et écrits personnels qui pesaient pour un tiers de la première phase de la procédure, a ajouté Luis Vassy. Certains de ces écrits étaient soit écrits par des proches - pour ceux qui pouvaient s'appuyer sur leur famille -, soit par ChatGPT. « Utiliser un texte dont on ne savait pas s'il avait été écrit par les étudiants n'avait pas grand sens », a précisé le directeur de Sciences Po devant les sénateurs. LIRE AUSSI : EXCLUSIF - Réforme de l'admission, évolution du bachelor : ce que prépare Luis Vassy pour Sciences Po Dans les notes que l'établissement prendra en compte pour sélectionner les dossiers, celle de l'épreuve écrite du bac de français comptera désormais pour 60 % du total. « Nous avons décidé d'accroître sensiblement le poids de l'écrit du bac de français car c'est le seul [élément] noté de manière homogène sur l'ensemble du territoire national », a justifié Luis Vassy. Accroître le poids de l'oral Les autres notes prises en compte seront celles de l'oral du bac de français et celles du contrôle continu pour l'histoire-géographie et les enseignements de spécialité. A l'avenir, la nouvelle épreuve anticipée de mathématiques pourrait aussi entrer en ligne de compte. Luis Vassy a « salué » la création de cette épreuve qui permettra à Sciences Po de « nous faire sortir de la contrainte du contrôle continu » et de « disposer de données objectives des élèves le plus tôt possible » dans la procédure de sélection. LIRE AUSSI : INTERVIEW - Luis Vassy : à Sciences Po, « nous recrutons les plus compétents, et non pas les plus militants » Sciences Po maintient la décision qui avait été prise par le directeur par intérim, Jean Bassères, d'accroître le poids de l'oral avec un coefficient de 50 %. C'est donc une rupture avec la réforme de 2021 qui avait conduit à un poids de l'oral qui ne pesait que 25 %. « On atteignait un oral dont le poids était finalement assez faible dans la sélection », explique Luis Vassy. « L'évaluation qualitative de la trajectoire scolaire par la lecture de l'ensemble des bulletins de première et de terminale » sera maintenue, selon l'établissement. « Nous continuerons à lire individuellement tous les bulletins des candidats, de manière à les regarder dans la granularité des commentaires des enseignants qui, entre les lignes, peuvent laisser percevoir si la même note [entre deux candidats] caractérise le même niveau de performance », a souligné Luis Vassy.

By |2024-12-17T08:55:23+00:00December 17th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Bagages : United intègre la fonctionnalité Share Item Location d’Apple pour AirTag

United Airlines annonce l’intégration de la fonctionnalité Share Item Location d’Apple à son application mobile. Les passagers pourront ainsi utiliser des AirTags pour connaître la localisation de leurs bagages. Cette fonctionnalité, compatible avec les AirTags et accessoires du réseau Find My d’Apple, permet aux passagers de partager la localisation de leurs bagages avec le service client de la compagnie aérienne. Pour rappel, un AirTag est une balise connectée qui permet de connaître l’emplacement d’un objet. L’objectif pour United est d’accélérer la récupération des bagages retardés et renforcer la satisfaction des voyageurs. Une couche supplémentaire de sécurité et de transparence Avec la mise à jour iOS 18.2*, les utilisateurs d’AirTags peuvent générer un lien « Share Item Location » dans l’application Find My sur leur iPhone, iPad ou Mac. Ce lien permet aux agents du service client de United d’accéder à une carte interactive et mise à jour en temps réel, localisant précisément le bagage égaré. Pour garantir la confidentialité, la localisation partagée est automatiquement désactivée au bout de sept jours ou à la demande du client. Ni Apple ni les fabricants d’accessoires n’ont accès à ces informations, précise United Airlines. Les passagers de la compagnie peuvent depuis plusieurs années suivre leurs bagages en temps réel via l’application de la compagnie. Cependant, la nouvelle fonctionnalité Share Item Location d’Apple ajoute une couche supplémentaire de sécurité et de transparence, afin de faciliter la récupération rapide des bagages en cas d’imprévus. « Il y a un vrai travail de réassurance à effectuer » Selon Nicole Hogg, Directrice du traitement des bagages chez SITA, si les voyageurs utilisent des AirTag, c’est en effet parce qu’ils ne possèdent pas assez d’information. Les consommateurs veulent savoir où se trouvent leurs effets personnels en temps réel, comme c’est le cas sur Amazon. « Il y a un vrai travail de réassurance à effectuer », nous a-t-elle confié. Et d’ajouter : « Au-delà du tracking des bagages, c’est donc l’information qui doit être mieux délivrée ». *Pour utiliser cette fonctionnalité, les passagers doivent disposer d’iOS 18.2 ou version ultérieure et s’assurer que l’application United est à jour.

By |2024-12-17T08:52:18+00:00December 17th, 2024|Scoop.it|0 Comments