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Ce milliard versé par Decathlon qui met le feu à la galaxie Mulliez

Dans le Nord, le milliard de Decathlon a allumé un incendie. Le montant des réserves financières que l'enseigne de sport a reconnu verser à son actionnaire, l'Association familiale Mulliez (AFM), fait scandale parmi les dizaines de milliers de salariés de la galaxie qui rassemble, outre Decathlon, Leroy Merlin, Boulanger, Kiabi et Auchan. Il faut dire que quelques jours après l'annonce de 2.400 suppressions de postes chez Auchan, l'opération financière arrive au mauvais moment. « Le momentum n'était pas idéal au niveau médiatique », a reconnu dans « La Voix du Nord » Fabien Derville, le président de Decathlon, bien placé pour traiter le sujet puisqu'il siège aussi au conseil de gérance de l'AFM. « Créer de la valeur » Après avoir rappelé que le milliard provenait des réserves de Decathlon, c'est-à-dire de la part des résultats mis de côté depuis plusieurs années, le dirigeant précise que la somme, distribuée avec l'accord de l'assemblée générale des actionnaires de Decathlon, n'est pas destinée à tomber dans la poche des plus de 800 héritiers Mulliez qui sont rassemblés dans l'AFM. LIRE AUSSI : Decathlon fait sa révolution pour devenir une marque mondiale « L'objectif est de créer de la valeur. Et créer de la valeur, pour nous, c'est créer des emplois, a déclaré Fabien Derville sur le site Internet de 'La Voix du Nord'. Si l'entreprise Decathlon a largement les moyens de suivre son propre développement, sa propre transformation, on est en droit de pouvoir en faire un autre usage au travers des enjeux de l'AFM sur des nouveaux métiers, sur des accélérations d'entreprises qu'on a déjà, sur des accélérations de transformation. Donc, ce n'est évidemment pas de l'argent qui va dans la poche des actionnaires. » Une source proche de l'AFM affirme que « pas un euro n'ira dans la poche des Mulliez ». Renvoi d'ascenseur En gros, Fabien Derville suggère que la bonne santé de Decathlon va financer les activités de l'AFM qui se portent moins bien, comme Auchan, qui a enregistré une perte de 900 millions d'euros au premier semestre 2024. « Par le passé, Auchan, qui était l'entreprise mère, a fait des petits - Michel Leclercq [membre de la famille Mulliez et fondateur de Decathlon, en 1976, NDLR] et Decathlon en sont un exemple » explique-t-il pour justifier une forme de renvoi d'ascenseur. Mais au moment où Auchan taille dans le vif et où Leroy Merlin montre quelques signes de faiblesse dans un marché du bricolage en chute avec une rupture conventionnelle collective portant sur 250 collaborateurs, ce discours est difficilement audible par les dizaines de milliers de salariés de la galaxie Mulliez et leurs représentants syndicaux. Barbara Martin Coppola, la nouvelle directrice générale de Decathlon, voit sa stratégie critiquée en interne.Sébastien Leban/Der Spiegel La CGT-Services appelle à une manifestation ce mercredi matin devant le magasin Auchan de Fontenay-sous-Bois, en banlieue parisienne. « Comment peut-on cautionner que Decathlon, enseigne du groupe, puisse verser une somme pharaonique de dividendes et qu'Auchan, enseigne du même groupe, puisse massacrer la vie de milliers de personnes en supprimant 2.400 emplois ? » a demandé ce syndicat, mardi, dans un communiqué. Grève dans les Decathlon français Plus grave sur le plan commercial, la CFDT de Decathlon appelle à la grève dans les 320 magasins français ce samedi, un jour de pic de ventes avant les fêtes de Noël. Le syndicat se dit « sous le choc » et a estimé que cette somme était « hors-sol », au vu de résultats non atteints. « Toutes les enseignes du groupe Mulliez sont très en colère, c'est honteux », a confirmé auprès de l'AFP le délégué central CFDT chez Auchan France, René Carette. Le malaise est d'autant plus fort que les représentants du personnel d'Auchan entament les négociations avec leur direction sur les modalités de mise en oeuvre du plan social. L'AFM pâtit du fait que ses dirigeants refusent de considérer l'association comme un véritable groupe, ce qui impliquerait que des reclassements soient ouverts automatiquement dans les autres enseignes de la galaxie. LIRE AUSSI : Le plan de Decathlon pour conquérir l'Allemagne ANALYSE - La galaxie Mulliez, ce groupe qui ne veut pas dire son nom Selon nos informations, comme cela avait été le cas lors de la fermeture de magasins de meubles Alinea, l'AFM entend faire jouer la solidarité entre ses chaînes, mais ceci n'est pas exprimé de façon tout à fait officielle. Une source proche d'Auchan répond que l'enseigne fera « le maximum pour faciliter la relation entre ses collaborateurs et les entreprises de l'AFM », « en fonction des zones géographiques, des qualifications et des compétences recherchées ». Une transformation qui crée des frictions Cela suffira-t-il à éteindre la colère des salariés ? Le problème est que les étoiles de la galaxie Mulliez palissent toutes en raison de l'atonie de la consommation en France. Decathlon se porte bien et poursuit une importante expansion internationale, mais selon plusieurs sources, la transformation entamée par la directrice générale Barbara Martin Coppola, venue de chez Ikea, créerait des frictions. La dirigeante a créé un logo pour permettre à Decathlon de rivaliser avec les grandes marques de sport comme Nike et Adidas, rationalisé le nombre de marques propres de l'enseigne et réorganisé les magasins. Selon un « observateur de l'AFM » critique de la gestion de Barbara Martin Coppola et cité dans un autre article du quotidien nordiste, « en termes de business, [l'enseigne] a été dépositionnée : ils ont trop augmenté les prix, arrêté d'investir dans les magasins qui sont le coeur de l'activité », avec un effet sur l'implication des salariés. LIRE AUSSI : Restructuration chez Auchan : les quatre points faibles du géant de la distribution Réagissant auprès des « Echos » aux propos du président de Decathlon, Sébastien Chauvin, de la CFDT, dénonce ce qu'il estime être « une formule démagogique : si les actionnaires réinvestissent cet argent, c'est bien qu'il va dans leurs poches, contrairement à ce qu'il dit ». Ce dernier estime par ailleurs qu'il n'est pas exact de dire que Decathlon fait de la croissance. « Decathlon fait moins de résultat que l'année dernière, tout en diminuant à la fois les mètres carrés et les effectifs, qui ont perdu mille équivalents temps complets par non-renouvellement des départs… ce n'est pas ce qu'on peut appeler de la croissance. » De même, précise-t-il, qu'en termes d'activité, l'enseigne peine comme toute la grande distribution, avec un chiffre d'affaires qui accuse une baisse de 1 % en France sur l'année à ce jour. « On est loin des objectifs », conclut-il. La direction assure à l'inverse de la bonne santé de Decathlon, qui conserve, selon elle, les moyens d'investir au moins 2,5 milliards d'euros dans les années à venir. Selon nos informations, certains reprocheraient aussi à la directrice générale d'avoir procédé à un trop grand nombre de recrutements externes. Chez les Mulliez, l'esprit de famille et la promotion interne sont des valeurs cardinales. Aides publiques Les syndicats s'interrogent, en outre, sur le bien-fondé de certaines aides publiques à destination des entreprises, la CFDT appelant à la création d'une commission d'enquête « afin de pouvoir réellement comprendre à quoi l'argent public a été utilisé » par les différentes enseignes de l'AFM. LIRE AUSSI : Galaxie Mulliez : Barthélémy Guislain organise le renouvellement des générations Le Premier ministre lui-même, Michel Barnier, avait dit vouloir « savoir » ce qu'Auchan et un autre groupe prévoyant des suppressions d'emplois, Michelin, « ont fait de l'argent public qu'on leur a donné ». Un sujet « encore en cours d'instruction », disait le cabinet du ministre de l'Economie, Antoine Armand, mi-novembre. Auchan avait alors assuré que sa réduction de charges annuelle au titre du CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi), de 83 millions d'euros entre 2013 et 2018, avait été « intégralement utilisée pour les objectifs ciblés par ce dispositif », ajoutant avoir « payé 258 millions d'impôts et de taxes (hors taxes collectées : TVA, taxes sur les alcools, TICPE) et 607 millions d'euros de charges sociales pour la part patronale ».

By |2024-12-05T21:08:07+00:00December 5th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Le paradoxe des banques en ligne, nouvelles championnes de la proximité

Après plusieurs années à réduire la voilure dans leurs réseaux d'agences, les banques de proximité n'ont plus le monopole… de la proximité. Selon une étude OpinionWay pour MoneyVox sur la satisfaction des clients, pour la première fois, les banques traditionnelles - celles disposant d'agences physiques - sont devancées par leurs concurrentes en ligne en matière de proximité. « L'an dernier, banques traditionnelles et en ligne étaient quasiment ex aequo, les Français étant plus attachés aux banques traditionnelles mais reconnaissant le rapport qualité-prix des banques en ligne, rappelle Maxime Chipoy, président de MoneyVox. Cette année, ces dernières dépassent les banques avec agences sur tous les critères de l'attachement et de la proximité. C'est un vrai avertissement pour les banques traditionnelles. » LIRE AUSSI : Banque : avec ses nouvelles agences de luxe, JP Morgan veut séduire les Américains aisés BNP Paribas en pleine réflexion pour rendre son réseau d'agences plus rentable Concrètement, alors que l'an dernier, les 5.000 répondants se disaient plus satisfaits par les banques historiques en matière d'écoute de leurs préoccupations, avec 84 % de satisfaction contre 82 % pour les établissements en ligne, le vent tourne brutalement cette année : les marques dématérialisées font un bond en avant pour atteindre 89,5 % de satisfaction, contre 84,6 % pour les banques avec présence physique. Idem sur la question de l'attachement, où les banques en lignes affichent 4 points de plus que les banques traditionnelles (87 % contre 83 %), alors qu'elles avaient encore 5 points de retard lors de la précédente étude (76 % contre 81 %). Les banques sans agence apparaissent aujourd'hui plus solides et inspirent plus confiance, alors qu'elles étaient à égalité l'an passé. La disponibilité est la nouvelle proximité Plusieurs éléments expliquent ce basculement : d'abord, la stratégie même des banques, qui cherchent à réduire la voilure - le réseau français est le plus dense d'Europe - en diminuant les interactions physiques avec un conseiller au profit des appels et des mails. Ensuite, la montée en gamme des banques en ligne qui, pour certaines, ont une palette de produits qui commence à s'approcher de celle des banques physiques. Ou encore, une évolution des attentes des clients, de plus en plus habitués à se servir eux-mêmes, dans tous les domaines, au-delà du monde bancaire. LIRE AUSSI : TRIBUNE Quel avenir pour la banque de détail ? Le retour du risque politique pèse sur les banques françaises « C'est une illustration très marquante d'une évolution profonde des attentes et comportements des clients, où la 'proximité', en matière de relation bancaire, devient moins une affaire de distance géographique que de disponibilité, pour une part croissante de la population », analyse Olivier Sampieri, associé au Boston Consulting Group. D'ailleurs, la grande majorité des interactions « humaines » des clients avec leurs banques, y compris « traditionnelles », ne se font plus déjà en agence mais à distance, au téléphone ou par e-mail, poursuit-il. A l'inverse, « certaines banques digitales parviennent très bien à pallier l'absence d'agences pour créer ce sentiment de proximité par la réactivité et la qualité de service ». La crise du Covid a habitué les clients, même les plus réticents, au numérique pour les opérations bancaires courantes, comme un virement, rappelle Frédéric Bois, du cabinet Sémaphore Conseil. « Les banques traditionnelles ont modifié l'organisation des agences avec l'accès à ces dernières uniquement sur rendez-vous, ce qui joue un rôle sur la perception de la proximité, ajoute-t-il. Les clients se rendent en agences pour des opérations plus complexes, et moins fréquentes, comme l'épargne ou le crédit où le conseiller à un rôle primordial dans le conseil et doit être à la hauteur ». Par ailleurs, l'important turnover de conseillers dans les agences a sa part de responsabilité. Un modèle qui résiste « Cela reste dans les agences que les particuliers se rendent pour effectuer les actions rentables pour les banques comme les crédits », souligne-t-il. Le modèle français avec un grand nombre d'agences résiste d'ailleurs bien, malgré la baisse de la fréquentation. « En quinze ans, les banques ont supprimé entre 15 % et 20 % de leurs agences mais ça reste beaucoup moins important qu'aux Pays-Bas, au Royaume-Uni ou en Allemagne, note Nicolas Miart, associé chez Circle Strategy. Et les établissements gagnants en termes de revenus sont ceux qui ont gardé leurs agences. » LIRE AUSSI : Conseillers financiers : ce que révèlent les visites mystères des agences bancaires « Avant, les clients nous respectaient » : le drame des conseillers bancaires Tant que les banques conservent les relations rentables avec les clients, c'est-à-dire les crédits, pour lesquels la plupart des particuliers sont encore attachés au rendez-vous physique, la partie est loin d'être jouée, estiment les spécialistes. Cependant, plusieurs acteurs dématérialisés s'y attaquent sans pour autant changer leur promesse d'un service totalement en ligne. Reste à savoir si cela va prendre. « Les banques doivent accélérer leur transformation numérique pour ne pas se retrouver le bec dans l'eau dans dix ans », glisse un spécialiste.

By |2024-12-05T21:05:25+00:00December 5th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Le plan de la dernière chance pour sauver Benetton

Claudio Sforza, le nouveau capitaine de Benetton depuis juin dernier, est chargé de redresser la barre d'une entreprise en pleine dérive financière. Le directeur général de la marque de mode vénitienne avait appelé les employés à « ramer tous dans la même direction » pour sortir des eaux troubles financières… et il a commencé à en dévoiler, ces derniers jours, les grandes lignes aux syndicats. Avec au programme une réduction sensible du nombre de magasins. LIRE AUSSI : L'Italie nationalise les autoroutes contrôlées par les Benetton Le nouveau dirigeant est arrivé aux manettes après le départ fracassant du patriarche Luciano Benetton , s'est immédiatement attelé à un vaste plan de réorganisation et de relance remaniant profondément la première ligne du management. Le poste de directeur des achats était également créé afin de centraliser le contrôle de toutes les dépenses du groupe. Drastique réduction des coûts Avec ces premières annonces aux représentants du personnel, il déroule son programme. Après avoir rappelé le contexte de marché difficile (-10 % en 2024), il s'est malgré tout fixé pour objectif une réduction de moitié des pertes cette année pour atteindre dès 2026 le seuil de rentabilité. Pour y parvenir il mènera une stratégie de marque plus ciblée accompagnée d'une drastique réduction des coûts. Le nombre de boutiques physiques sera considérablement réduit avec la fermeture de 500 magasins en Italie incluant des franchises et des points de vente directs (sur un total de 3.600 boutiques dans le monde). Après son retrait du Japon, de Pologne et du Sud-Est asiatique, Benetton poursuit cette fois la réduction de son réseau commercial en Europe. Concernant le volet industriel, les délais de production des collections seront réduits de 12 à 6 mois (contre 2 mois pour le concurrent Zara) en intensifiant l'usage des produits commercialisés et en diminuant les volumes envoyés aux usines de Tunisie, Serbie et Croatie. L'usine en Croatie sera fermée tandis que celles serbe et tunisienne se concentreront davantage sur des productions pour des tiers. Le groupe reverra enfin son offre qui sera rationalisée. Certaines lignes, notamment la ligne enfant, seront réduites pour mettre l'accent sur des produits emblématiques et facilement identifiables par les consommateurs. La stratégie publicitaire sera revue avec une attention toute particulière sur la vente en ligne et les plateformes numériques. 1,6 milliard d'euros de pertes en dix ans Aucun licenciement collectif n'est pour l'instant prévu. Près de 1.000 salariés sont pourtant déjà concernés par un programme de réduction du temps de travail et un plan de départ volontaire prévoyant des indemnités pouvant aller jusqu'à 50.000 euros a été lancé. Au cours de la dernière décennie, le groupe a accumulé des pertes de 1,6 milliard d'euros tandis qu'Edizione, la holding financière des Benetton, a déboursé 800 millions d'euros ces cinq dernières années pour lui porter secours. Une somme importante pour le symbole de l'origine de la fortune familiale qui ne représente plus désormais qu'environ 1 % des activités d'Edizione . En 2023 la perte nette de l'entreprise a presque triplé à 230 millions d'euros dus notamment à des dépréciations de 150 millions d'euros. Le chiffre d'affaires dépassait à peine le milliard d'euros stagnant par rapport à 2022. En 2024, il devrait chuter de 20 % pour atteindre environ 900 millions d'euros, en partie à cause de l'impact des fermetures de magasins. Symbole de la profonde crise que traverse le groupe, la Villa Minelli, propriété historique de la famille Benetton, n'abritera plus son siège qui déménagera dans un bureau situé à Castrette di Villorba.

By |2024-12-05T21:04:43+00:00December 5th, 2024|Scoop.it|0 Comments

L’essor du bitcoin préoccupe les banques centrales

La popularité retrouvée d'un bitcoin, qui vient de franchir la barre des 100.000 dollars réjouit la cryptosphère. Mais, au sein des grandes banques centrales, le coeur est beaucoup moins à la fête. Même si cette menace semble encore très éloignée, elles redoutent que les cryptoactifs ne viennent concurrencer leurs propres monnaies. Au risque de porter atteinte à la stabilité monétaire dont elles sont les garantes. « Depuis quelques semaines, et particulièrement depuis l'élection de Donald Trump qui a fait bondir le bitcoin, on sent une plus grande fébrilité, souligne une bonne connaisseuse de l'univers des banques centrales. Cela pourrait même pousser la Banque centrale européenne (BCE) à accélérer ses travaux sur l'euro numérique. » Moyen de paiement alternatif Les inquiétudes des grands instituts d'émissions portent d'abord sur le risque de voir les cryptos s'imposer comme un moyen de paiement alternatif. Cet usage pourrait se démocratiser auprès du grand public. La chaîne de grands magasins Printemps accepte désormais les règlements en bitcoin. Cela pourrait créer un engouement nouveau, avec le risque que la volatilité inhérente aux cryptos classiques affecte la valeur des portefeuilles dédiés des particuliers. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - A plus de 100.000 dollars, le bitcoin confirme sa percée vers les sommets DECRYPTAGE - Le bitcoin doit aux ETF son extraordinaire envolée Dans le domaine des entreprises, la récente expérience du géant des paiements numériques PayPal a déclenché un signal d'alarme. Ce dernier possède sa propre crypto stable (stablecoin en anglais), le PYUSD, qui est adossé au dollar. Et il l'a utilisée pour régler une facture au cabinet comptable EY. Jusqu'à présent les paiements interentreprises en cryptomonnaies étaient plutôt réservés aux entreprises du secteur. Elles pourraient se multiplier. Coinbase affirme ainsi être contacté par un nombre croissant de sociétés appartenant au classement Fortune 500 pour expérimenter des paiements en crypto. Perte de surveillance Si cet usage devenait plus répandu, de nombreux paiements échapperaient au système bancaire, et donc à la surveillance des banques centrales qui les supervisent. Avec à la clé, estiment les banquiers centraux, un risque accru en termes de défaut de contrepartie, d'opacité et de solidité des intermédiaires. D'où l'émergence de projets plus ou moins aboutis de monnaie numérique de banque centrale pour les paiements. La Chine teste depuis 2020 son yuan électronique, le e-CNY, avec des volumes en constante croissance. La BCE semble de son côté de plus en plus décidée à lancer son euro numérique, même si celui-ci ne sera probablement pas disponible avant 2028. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Etats-Unis : Donald Trump désigne le pro-crypto Paul Atkins pour reprendre en main le gendarme de Wall Street Mais un autre risque, encore plus systémique, inquiète les grands instituts d'émission. Celui-ci est lié à la tokenisation de la chaîne des transactions financières. L'idée est d'utiliser la technologie de la blockchain pour toutes les étapes de création d'un titre financier, une obligation par exemple, depuis son émission jusqu'au règlement-livraison, c'est-à-dire le paiement et le transfert de propriété. Cette évolution aurait le mérite d'accélérer le processus en assurant la sécurité des opérations. Toutefois, à l'heure actuelle, la phase de règlement-livraison n'est pas aussi solide que pour les transactions physiques. Classiquement, ces opérations entre établissements dépositaires des titres se concluent en monnaie de banque centrale. C'est-à-dire, en Europe, avec leurs fonds conservés par la BCE qui offrent une sûreté plus forte que les sommes qu'elles ont simplement à leur bilan. Sécurité des transactions financières Or, il n'y a pas d'équivalent de cette monnaie de banque centrale dans l'univers des cryptos. Ce qui freine actuellement la démarche de tokenisation. Certes, les stablecoins pourraient représenter une solution, puisque la valeur de ces jetons est censée être arrimés à celle d'une grande devise « fiat » comme le dollar. Mais leur solidité est égale à celle de la société qui les émet. Bien loin de celle d'une banque centrale. Faute d'une alternative convaincante disponible suffisamment rapidement, certains acteurs de marchés pourraient tout de même être tentés d'utiliser les cryptos stables, avec tous les dangers que cela comporte. La BCE a donc lancé un projet pilote sur la tokenisation des transactions financières, afin de fournir une solution aussi sûre que pour les opérations physiques. La Banque de France est particulièrement en pointe dans cette initiative, avec une chaîne d'opérations entièrement numérique grâce à une monnaie numérique de banque centrale de gros utilisée pour le règlement livraison. Plusieurs tests ont jusqu'ici validé ce dispositif. Le conseil des gouverneurs de la BCE doit décider de se lancer, ou non, dans une phase plus dynamique en 2025.

By |2024-12-05T21:04:14+00:00December 5th, 2024|Scoop.it|0 Comments

A plus de 100.000 dollars, le bitcoin confirme sa percée vers les sommets

2024, année de tous les records pour le bitcoin et les cryptos. Un mois après l'élection de Donald Trump, le bitcoin (BTC) vient de franchir les 100.000 dollars, à près de 104.000 dollars (98.000 euros). Après avoir frôlé ce cap symbolique des 100.000 dollars il y a dix jours, le bitcoin a profité ces dernières heures de la désignation par Donald Trump de l'avocat républicain pro-crypto Paul Atkins pour devenir le nouveau patron de la SEC (Securities and Exchange Commission), le régulateur des marchés financiers. Il aura fallu à peu près autant de temps au bitcoin - plus de sept ans - pour grimper de 1 à 1.000 dollars, et pour s'envoler de 10.000 (décembre 2017) à 100.000 dollars. Il lui avait en revanche suffi de dix mois en 2017 pour avancer, à pas de géant, de 1.000 à 10.000 dollars. La leader des cryptos vaut désormais le quart du prix d'une maison aux Etats-Unis, estimé autour de 400.000 dollars par la Réserve fédérale. Le bitcoin vaut plus qu'un kilo d'or, qui se traite autour de 85.000 dollars. En 2016, après l'élection surprise de Donald Trump, le bitcoin avait bondi de 50 % en trois mois. Il avait alors atteint un premier seuil psychologique à 1.000 dollars. Mais, à l'époque, le nouveau président n'était guère intéressé par les cryptos. Le bitcoin n'était pas un enjeu électoral ni un objet de discorde, comme aujourd'hui, entre démocrates et républicains. Jugée anecdotique ou condamnée à disparaître à terme, la crypto ne faisait de l'ombre à personne. Huit années plus tard et presque autant de crises, la victoire du républicain a offert une nouvelle échappée solitaire à la leader des cryptos. Elle s'est effectuée dans des volumes très élevés, que ce soit sur le marché au comptant ou sur les dérivés, constate Kaiko Research. Les traders sur options n'excluent pas une poussée jusque vers 120.000 dollars. Avec l'ether, le bitcoin est dans le peloton de tête des progressions depuis la victoire de Donald Trump, qui veut réconcilier l'Amérique avec les cryptos. Cette année, le bitcoin gagne 144 %, derrière le dogecoin (390%), ripple (291%) et TRON (207%). C'est la quatrième crypto la plus performante du Top 10 en 2024. L'autorisation d'ETF sur les cryptos, ces fonds cotés en Bourse à Wall Street (New York Stock Exchange et Nasdaq), a surtout profité au bitcoin. Ce sont les souscriptions massives dans ces instruments, après la victoire de Trump, qui ont contribué à son ascension fulgurante. Wall Street, tout autant que les plateformes de crypto américaines comme Coinbase, est devenu le marché directeur du bitcoin. C'est lui qui donne le ton à toute la cryptoplanète, alors que c'était l'Asie aux débuts de l'ère des nouvelles monnaies virtuelles. La conquête des 100.000 dollars Dernier cadeau des démocrates Le secteur des cryptos espère que les Etats-Unis vont redevenir, sous Trump, la patrie de la prise de risque décomplexée et de la dérégulation. Il a versé 135 millions de dollars à la campagne du républicain et en espère un retour sur investissement : un environnement réglementaire propice au développement et à la poursuite de la démocratisation de l'investissement en bitcoin. Mais, un dernier « cadeau » de l'administration démocrate pourrait mettre un terme provisoire à cette cryptoeuphorie. Si le département de la Justice décidait, avant la passation de pouvoir au camp républicain, d'inculper le géant Tether, leader des cryptos stables (ou stablecoins), le marché pourrait connaître, à nouveau, de violentes secousses. Comme les autres actifs (actions, obligations, or), les cryptos devraient au moins profiter d'un environnement monétaire plus favorable et de liquidités plus abondantes. « La récente baisse des taux de 25 points de base de la Réserve fédérale constitue un environnement favorable pour les cryptos. La préférence de Donald Trump pour les taux bas […] renforce l'attrait du bitcoin », estime Marion Labouré, analyste spécialisée sur les cryptos à la Deutsche Bank. Comme Musk l'a fait par le passé, Donald Trump veut faire bouger les lignes sur le bitcoin. Parmi les membres de sa nouvelle équipe, la plupart ont déjà investi sur les cryptos, selon leurs déclarations de patrimoine. Aucun n'est idéologiquement hostile au bitcoin. Un conseil des actifs cryptos et numériques, regroupant les principales firmes du secteur, devrait être créé à la Maison-Blanche. Un signe de plus de la bonne volonté des républicains à l'égard des cryptos et du changement de cap à 180 degrés par rapport aux démocrates.

By |2024-12-05T21:03:07+00:00December 5th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Amazon revient dans la course à l’IA avec de nouveaux modèles

Amazon a dévoilé ce mardi toute une famille de modèles d'IA, capables de rivaliser avec les produits stars d'OpenAI, de Meta et de Google. Lors de l'événement annuel « reInvent » de la filiale cloud Amazon Web Services (AWS) à Las Vegas, le patron du géant américain de l'e-commerce a fait une apparition surprise sur scène. Andy Jassy a annoncé pas moins de 6 nouveaux modèles d'intelligence artificielle. La famille de modèles Nova comprend notamment quatre modèles fondamentaux, allant du plus petit, Micro, qui coûte le moins cher pour effectuer des tâches simples, au plus grand et au plus cher, Premier. Un autre modèle, Canvas, permet de générer des images, tandis que Reels peut créer des vidéos, de six secondes seulement pour l'instant. Le géant américain de la tech devrait maintenir la cadence l'an prochain. Au premier trimestre, Amazon dévoilera un modèle « speech-to-speech », reposant exclusivement sur la voix. Et au milieu de l'année prochaine, le groupe de Seattle lancera un modèle « entièrement multimodal », qui pourra comprendre et générer du texte, des commandes vocales, des images et des vidéos. Amazon à la traîne ? Le groupe fondé par Jeff Bezos a pâti, ces dernières années, d'une réputation de retardataire dans l'IA, derrière Google et Microsoft. En mai, le patron de sa branche cloud, Adam Selipsky, a démissionné après trois ans seulement à son poste. Il a été accusé d'avoir manqué le virage de l'IA générative, pendant que Microsoft, le grand rival d'Amazon dans le cloud, investissait avec succès dans OpenAI. Il a été remplacé par Matt Garman, qui a fait de l'IA une priorité.

By |2024-12-05T21:02:25+00:00December 5th, 2024|Scoop.it|0 Comments

John Lewis Christmas ad achieves highest effectiveness score this decade

The retailer put its products, flagship store and a family focus at the heart of its Christmas ad, which has seen its best score for potential effectiveness since 2019. By Amrit Virdi 15 Nov 2024 John Lewis’ latest Christmas ad, ‘The Gifting Hour’, has scored a 4.6 star rating on System1’s Test Your Ad platform, making it the brand’s most effective ad since ‘Excitable Edgar’ in 2019. This year’s advert depicts a woman frantically trying to find a gift for her sister in the Oxford Street flagship store before she falls through a rack of dresses and is transported to a world of memories she and her sister have shared from teenage arguments to pregnancies and happy memories in their childhood home. The rating is based on a 5.9-star scale that predicts the ad’s potential to drive long-term brand growth and market share. The last time the ad scored within the 4-star range was in its 2020 efforts. The 2024 ad, created with Saatchi & Saatchi, also saw its highest brand fluency (recognisability) score for over a decade, which System1 puts down to the advert’s focus on the store and products. John Lewis strayed away from its traditional theme of using brand characters this year, as the advert forms part of a trilogy that kicked off in September. The product-focused ads have highlighted the return of its ‘Never Knowingly Undersold’ price promise, which was brought back in September to enhance value perceptions of the brand. John Lewis positions itself as ‘home of gifting’ with festive love letter to physical retail Charlotte Lock, customer director at John Lewis, told Marketing Week that releasing the adverts in a trilogy helped to drive conversion at Christmas, and that the ad would cement John Lewis as the “Christmas gifting destination” after being “dormant for a few years”. “Shoppers start thinking about Christmas and thinking about buying in September. This was the right time to bring back Never Knowingly Undersold as people were starting to think about purchasing. We had to make sure there wasn’t just awareness, but there was consideration and conversion,” she said. She also shared that the first two chapters of the trilogy have generated “fantastic results”, with organic search up 17% year on year and the Net Promoter Score up by 10 points. Jon Evans, CMO of System1, says “thoughtful gifting” has been the “common thread” in John Lewis ads over the past decade. “It’s what makes ‘The Gifting Hour’ such a great Christmas ad too,” he adds. Last year’s Christmas ad from the retailer scored 3.6 stars on the System1 rating, beaten by Aldi and M&S Food. This was higher than its score in 2022 (3.3 stars) and in 2021 (3.1 stars). “The lifetime bond between the sisters means love, family and gifts are among the strongest associations viewers have with the ad,” adds Evans on this year’s effort. “John Lewis continues to make Christmas ads like nobody else, and the people have spoken – it’s one of their best.” Lock hopes this year’s ad will reach a wider demographic with in-store events and a social-first TikTok campaign and competition, run alongside singer Richard Ashcroft, accompanying the ad.

By |2024-12-05T20:56:34+00:00December 5th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Fin des cookies tiers : le marketing digital repensé par les marques 

Finalement, la fin des cookies tiers, avec ou sans Google s’avère un puissant moteur d’innovation. Elle pousse les entreprises à adopter des approches plus éthiques et centrées sur l’utilisateur. Elle ouvre la voie à un paysage digital plus respectueux de la vie privée et plus engageant pour les consommateurs. C’est l’opinion de Lilia Sadiki, directrice data […]

By |2024-12-05T20:55:12+00:00December 5th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Budget 2025 : les compagnies aériennes vont devoir rembourser le trop-perçu de taxe

La chute du gouvernement Barnier aura au moins une conséquence positive pour les passagers ayant acheté un billet d'avion au départ de la France pour 2025. Les compagnies aériennes qui, comme Air France, avaient anticipé l'augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSBA) prévue en 2025 vont devoir leur rembourser du trop-perçu. Avec la censure du gouvernement, toutes les dispositions fiscales inscrites dans le projet de loi de finance 2025 devraient ainsi être mises sur pause pour une durée encore incertaine, le scénario le plus probable étant que le Parlement vote une loi d'urgence reconduisant le budget 2024, dans l'attente d'un nouveau gouvernement. Il faudra sans doute attendre un nouveau projet de loi de finance rectificative, début 2025, pour que ces dispositions nouvelles puissent éventuellement refaire surface. LIRE AUSSI : Censure : le projet de budget 2025 a-t-il encore un avenir ? De quoi compliquer sérieusement les prévisions budgétaires des entreprises. A lui seul, le triplement de la TSBA devait se traduire par un milliard d'euros de prélèvements supplémentaires sur le transport aérien, dont 280 millions pour le groupe Air France. Chaque semaine qui passe sans cette mesure serait donc autant d'argent économisé pour les compagnies et leurs clients. Mais il est à craindre que cette surtaxe réapparaisse en cours d'année. Il serait même possible que l'augmentation, qui avait été fortement atténuée par des amendements au Sénat, soit plus importante que prévu, afin de compenser le manque à gagner du début de l'année. Les crédits d'impôts dans les limbes Même incertitude pour l'une des mesures les plus décriées du budget 2025 : le relèvement pour deux ans du taux d'imposition des bénéfices des grandes entreprises de plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires. Si Air France-KLM et les autres compagnies aériennes françaises étaient susceptibles d'échapper à cette ponction supplémentaire, les grands noms de l'aéronautique étaient clairement dans le collimateur. Safran avait ainsi estimé ce supplément d'impôt à 500 millions d'euros sur la période 2025-2026, dont plus de 300 millions rien qu'en 2025, avec un taux d'imposition qui serait passé de 25 % à 36 %. En l'état actuel des choses, son taux d'imposition ne bougera pas. Mais là encore, le répit n'est peut-être que provisoire. Face à cette incertitude, le groupe n'a pas modifié ses prévisions financières dans l'immédiat, mais il pourrait avoir à le faire lors de la présentation des résultats 2024, en février. LIRE AUSSI : Aéronautique : Safran livrera plus de moteurs Leap en 2025 D'autant que d'autres mesures susceptibles d'affecter le budget 2025 des entreprises à la hausse ou à la baisse, sont également en suspens. Parfois pour le mieux, comme la baisse du crédit d'impôt recherche et la réduction des exonérations de charges sur les bas salaires qui étaient autant de pierres dans le jardin des industriels. Mais c'est aussi le cas des rares mesures favorables aux entreprises. Les compagnies aériennes se réjouissaient notamment de l'instauration d'un crédit d'impôt sur les achats de carburant d'aviation durable, qui devait représenter une ristourne fiscale d'environ 50 millions d'euros en 2025, essentiellement pour le groupe Air France. La mesure n'entrera pas en vigueur au 1er janvier. Pas plus que la suppression annoncée de la taxe Tiruert, qui renchérit le prix des carburants d'aviation durables en France. Et rien ne garantit, là encore, que ces dispositions, issues d'amendements, seront reprises dans une loi de finances rectificative.

By |2024-12-05T20:53:45+00:00December 5th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Rwanda : six mois après la réélection de Paul Kagame, les défis ne manquent pas

Au mémorial de Kigali, les touristes défilent, visages sombres. Nombreux sont ceux qui découvrent la violence du génocide rwandais : 1 million de morts en 3 mois entre avril et juillet 1994. Et une barbarie indescriptible : un taux d'exécution quatre fois supérieur à celui enregistré au plus fort de l'Holocauste. Partout au Rwanda, le génocide reste tapi dans les cœurs, enfoui dans les esprits. LA NEWSLETTER AFRIQUE Tous les mardis à 16h45 Recevez le meilleur de l’actualité africaine. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. Le Rwanda n'oublie pas : Les cérémonies d'avril dernier, qui ont eu une résonance internationale, sont là pour en témoigner. Et les 100 jours dédiés aux commémorations, chaque année, aux quatre coins du pays, soulignent à quel point ce pays se souvient. Mais le Rwanda avance. Et continue à renaître de ses cendres. À ne pas se laisser engloutir par son passé. Quel pays peut se targuer d'être reparti de zéro et de s'être reconstruit aussi vite ? Difficile de trouver pareil cas d'école. À lire aussi Rwanda : « Il n'y a pas que des collines ! » Le Rwanda est un petit pays de l'Afrique des grands lacs. Une tache verte au milieu du continent africain, coincé entre l'Ouganda, la Tanzanie, la RDC et le Burundi… connu pour ses gorilles. Un petit pays qui s'est relevé sur le terrain fécond de la résilience, et a articulé son action autour de 3 piliers : sa réussite économique, son image – séduisante qui attire des touristes du monde entier – et une ouverture d'esprit qui le projette dans le futur. La réussite économique est incontestable. Le Rwanda a, ces dernières années, navigué entre des taux de croissance de son PIB de 7 à 8 % , atteignant même 10,9 % en 2021, le Rwanda a même vu son PIB par habitant presque quadrupler depuis 1995 ! Ses atouts ? l'agriculture, d'abord. Un emploi sur deux y est encore lié, le thé et le café sont des fers de lance des exportations. Le Rwanda a aussi su créer un environnement attractif pour les investissements internationaux. Et est à la pointe en matière de numérique, d'investissements étrangers, d'incubation de start-up… Le Rwanda a su s'appuyer sur le volontarisme d'une population entière qui a cru et voulu ce miracle économique et s'en est donné les moyens. Dans ce contexte, la capitale, Kigali, est devenue la vitrine de cette renaissance économique. Elle attire l'œil pour sa sécurité sans faille, son bitume impeccable, ses jardins coquets et soignés et son intransigeance en matière de développement durable : depuis 2004, le pays a pris un parti drastique : celui d'interdire toute production et toute importation de sacs en plastique. À lire aussi Rwanda : « La région du lac Kivu est comme un diamant brut » Un petit pays qui joue dans la cour des grands en matière de tourisme Autre atout : le tourisme. Ce petit pays joue désormais dans la cour des grands dans ce domaine, avec une offre hôtelière qui rivalise avec les lodges les plus huppés du Botswana ou de Zambie, réputés pour être les plus chers du monde. Comment ce pays inconnu attire-t-il une clientèle fortunée sur une terre de massacres ? Voilà un cas d'école qui pourrait être étudié dans les plus grandes écoles de commerce. « Visit Rwanda », la campagne de publicité vantant le pays s'est invitée ces dernières années dans tous les magazines et jusque sur les maillots de foot des clubs les plus prestigieux. La compagnie aérienne, RwandAir, affiche une des stratégies les plus ambitieuses du continent africain à l'image de son slogan « Voler le rêve de l'Afrique ». Enfin, le Rwanda a su habilement protéger et faire rayonner son joyau : ses gorilles des montages. Le pays est un des trois au monde avec l'Ouganda et la RDC où l'on peut encore apercevoir un des 1 200 gorilles des montagnes du monde. « Le nom du Rwanda éveille une curiosité, c'est certain. Le génocide a su, d'une certaine manière, faire connaitre le pays. Ensuite, nous avons capitalisé sur notre rebond via un marketing intelligent et très efficace. D'un pays qui a su repartir de zéro, le Rwanda est aujourd'hui propre, sûr, en constant développement avec des atouts incontestables comme les gorilles des montagnes », confirme Marcel Walter, le fondateur de l'agence de voyages locale Mapendano. À lire aussi Vincent Duclert : « Le génocide au Rwanda est le grand scandale de la Ve République » Le petit pays aux mille collines attire donc les touristes premium à fort pouvoir d'achat, ceux qui cherchent à s'affranchir du tourisme de masse. En majorité Anglo-saxons, ils viennent séjourner incognito dans des hôtels à 7 000 dollars la nuit dans la forêt tropicale de Nyungwe ou dans le parc des Volcans, proche de l'Ouganda, et traquent les gorilles des montagnes pour la modique somme de 1 500 dollars l'heure. Ils peuvent aussi faire du golf en plein Kigali, un parcours 18 trous, dessiné par le joueur sud-africain Gary Player a été ouvert en plein centre de la capitale il y a 3 ans. Mais si tous les regards sont braqués sur le Rwanda, c'est aussi pour sa trajectoire futuriste qui promeut l'émancipation de la femme rwandaise et l'intègre au pouvoir décisionnel. À lire aussi Au Rwanda, les femmes prennent le pouvoir Le Rwanda est le seul pays du monde où les femmes soient majoritaires au Parlement. Depuis l'élection de Paul Kagame, elles détiennent toujours une large part des portefeuilles ministériels, proche de 40 %. le pays est un modèle en matière d'égalité entre les sexes en Afrique. Les femmes tiennent les rênes de la société qu'elles soient chefs d'entreprise, juges, magistrates, ministres ou députées… c'est une innovation magistrale en matière de développement, dans une Afrique où les femmes sont très souvent invisibles des lieux de décision politique. À découvrir Le Kangourou du jour Répondre Dès 2003, la Constitution rwandaise avait instauré un quota de 30 % de femmes dans toutes les instances étatiques de prise de décision. Depuis, ce seuil a été systématiquement dépassé. Ainsi, c'est tout le pays qui en a profité, porté par d'ambitieuses politiques sociales, notamment en matière de sécurité sociale ou d'éducation. Le Rwanda ne crie pas victoire, et garde cette humilité chevillée au corps. Il reste, c'est vrai, tant à faire pour ce pays : L'enjeu désormais est que les inégalités soient réduites, que l'essor du pays profite à toutes les classes sociales, que Kigali ne soit pas la vitrine tech du pays. Enfin, que le pays limite sa dépendance à l'aide internationale puisque 45 % des revenus de l'État en dépend encore.

By |2024-12-05T20:52:58+00:00December 5th, 2024|Scoop.it|0 Comments