A Marseille, les beaux quartiers tentés de faire sécession
l y a une certaine harmonie, peut-être même de la poésie, dans l'incohérence architecturale de Marseille. Les grands gestes urbanistiques qui ont façonné le littoral du sud de la ville, celui des beaux quartiers et des calanques, ont été menés de manière anarchique, à grands coups d'opportunités foncières. Pêle-mêle, on peut citer la création de l'avenue du Prado, du château et du parc Borély, de la Corniche, des 50 hectares de plages gagnées sur la mer grâce aux déblais du chantier du métro… Les concessions de l'escale Borély et de l'Hippodrome arrivant bientôt à leur terme (2026 pour l'une, 2028 pour l'autre), la ville a décidé de profiter de l'occasion pour remettre un peu d'ordre. Alors début octobre, elle a lancé un appel d'offres pour travailler à l'élaboration d'un « plan guide d'aménagement et de développement durable ». Peut-être, enfin, une preuve d'intérêt pour les quartiers sud ? Priorité aux quartiers nord Depuis son élection en 2020, le maire, Benoît Payan (Printemps Marseillais, union des gauches hors LFI), a beau répéter sur tous les tons être venu « recoudre la ville, retisser les liens », il s'agissait avant tout de réarrimer les quartiers nord, qui comptent parmi les plus pauvres d'Europe et partaient à la dérive, au centre-ville. Pour réancrer le nord, le jeune quadra n'a pas ménagé ses efforts, parvenant à gagner l'aide de l'Etat avec le plan « Marseille en Grand ». Des milliards d'euros de prêts garantis par l'Etat aux collectivités locales pour multiplier les transports en commun, rénover les écoles, réparer l'habitat indigne. Pendant ce temps, plus rien ne bougeait dans les quartiers sud, à l'exception de deux nouvelles infrastructures : l'extension de la ligne 3 du tram et la nouvelle marina, grâce à la tenue des Jeux Olympiques. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Plan « Marseille en grand » : la Cour des comptes fustige un suivi « indigent » A Marseille, Macron cherche une réponse inédite à « l'urgence » éducative Territoire aisé, où l'on compte plus de diplômés de l'enseignement supérieur, plus de chefs d'entreprise, de professions libérales, de foyers imposables, de propriétaires que partout ailleurs dans la ville, ils n'étaient ni l'urgence, ni la priorité. La rénovation des hôpitaux sud ? A l'arrêt depuis le Covid. La piscine Luminy ? Toujours fermée depuis 2009. Le boulevard urbain sud, une autoroute urbaine pour mettre fin aux immenses embouteillages des heures de pointe ? La discussion est bloquée depuis des années, la droite poussant, au nom de la fluidité du trafic automobile, la gauche bloquant, pour la même raison exactement. Le tram de la corniche ? C'est non pour la ville, qui veut des bus à haute densité, ce que refuse la métropole. La rénovation du parc Chanot ? La délégation de service public arrive à son terme fin décembre et on n'a pas encore la moindre idée de ce que va devenir le dernier gros territoire foncier de la ville. Des quartiers aisés mais délaissés « On ne peut pas tout faire en même temps », se défend Eric Mery, l'adjoint à l'urbanisme. Ainsi, pour le tram de la corniche, la Ville voudrait déjà que les travaux en cours de la ligne 3 du tram soient terminés avant d'en planifier d'autres. L'adjoint rappelle aussi que la rénovation de la piscine Luminy est prévue pour 2027, quand un partenaire sera choisi. La lenteur du processus s'explique selon lui par la complexité du dossier : « Nous n'avons pas les moyens financiers pour faire les travaux tout seuls, et le cahier des charges est difficile parce que le terrain jouxte le parc national des Calanques. Le parc aura donc son avis à donner, le préfet aussi… C'est difficile. » La piscine du parc aquatique de Luminy est fermée depuis 2008.AFP Cette lenteur agace profondément Lionel Royer-Perreaut, ancien maire du 9/10, qui y voit une succession de prétextes. « Le concept imaginé à Luminy par la mairie est hallucinant de fantaisie : il est prévu de créer un complexe aquatique, alors qu'il est loin, très difficile d'accès. Et pour cela, il faudrait dépenser 40 millions d'euros, quand on cherche des financements dans tous les sens, dans un contexte de restrictions budgétaires. Cela n'a aucun sens ! » En conseil municipal, dès que j'évoque les quartiers sud, on me renvoie la situation des quartiers nord au visage. Lionel Royer-Perreaut Ex-député macroniste Et l'ancien député macroniste, défait en juillet par un adversaire RN, de déplorer, au passage, que les écoles des quartiers sud à rénover soient dans la dernière tranche de Marseille en Grand - « les travaux ne démarreront donc pas avant très longtemps » -, ou encore le choix de construire la nouvelle cité judiciaire à Euroméditerranée, dans les quartiers nord, plutôt qu'à la Capelette, dans les quartiers sud, « un quartier en friche, avec énormément de place, qui aurait permis de mixer les populations ». Lionel Royer-Perreaut soupire : « De toute façon, en conseil municipal, dès que j'évoque les quartiers sud, on me renvoie la situation des quartiers nord au visage. » Les « gated communities » se multiplient Le résultat de ces interminables discussions, c'est que ces arrondissements du sud de la ville ne voient rien bouger chez eux et se replient sur eux-mêmes. La partie la plus visible de ce phénomène a démarré il y a environ quinze ans, avec la fermeture massive des résidences privées et l'apparition de « gated communities » à l'américaine. « Aujourd'hui, les deux tiers environ de ce territoire sont fermés », reconnaît Eric Mery.
Et si la France avait un gouvernement à la Trump…
Une bande de branquignols à la tête du monde. Voilà à quoi ressemble la fine équipe réunie par Donald Trump pour former le prochain gouvernement des Etats-Unis. Faut-il pour autant prédire la catastrophe ? Pour mesurer l'étrangeté des choix du prochain président américain, il suffit de les transposer en France. Bien sûr, un Trump bleu-blanc-rouge n'existe pas. Il faudrait à la fois être né avec une louche en argent dans la bouche, avoir été un chef d'entreprise qui a possédé une tour à son nom à La Défense et couru de faillite en faillite, s'être raccroché aux branches en devenant présentateur de télévision et enfin incarner un populisme caricatural. « Envie de foutre le bordel » Mais il est possible de trouver des personnalités qui ont des traits communs avec celles choisies par l'ancien casinotier. Commençons par Elon Musk, choisi pour piloter ce qui serait en France un Commissariat à l'efficacité publique. Avant d'être l'homme le plus riche du monde, Musk est un joyeux trublion. Comme un grand patron français, Xavier Niel. LIRE AUSSI : Gouvernement Trump : la loyauté avant la compétence Le patron de l'opérateur de télécoms Free vient de publier un livre dont le titre pourrait résumer la vie de Musk, « Une sacrée envie de foutre le bordel ». Comme lui, il a réussi dans la tech (même s'il n'a pas poussé le sens de la provocation jusqu'à appeler ses enfants X AE A-XII ou Exa Dark Siderael). Et il n'est pas toujours convaincu par le dynamisme des institutions étatiques, comme le montre sa décision de créer 42, une école alternative d'informatique. Nommons donc Niel Haut-commissaire à l'efficacité publique ! Balkany à la Justice Continuons le jeu. Conservateur bon teint, François-Xavier Bellamy pourrait constituer un équivalent français de Marco Rubio, même s'il n'a pas épousé une pom-pom girl. Le voilà donc ministre des Affaires étrangères. Journaliste vedette de la chaîne de télé CNews, Pascal Praud serait au moins aussi incompétent comme ministre de la Défense à Paris que Pete Hegseth, commentateur chez Fox News, à Washington. Donald Trump a choisi comme procureur général Matt Gaetz, un député au coeur de plusieurs enquêtes pour abus sexuels. Condamné à deux reprises pour des affaires de fraude fiscale, Patrick Balkany connaît les arcanes de la justice encore mieux que Gaetz et ferait donc en France un honnête garde des Sceaux. LIRE AUSSI : ENQUÊTE - La chute de la maison Balkany Ancien du service public européen de l'immigration devenu figure de proue de l'anti-immigration, Fabrice Leggeri, élu député européen sur la liste du RN en juin dernier, a un profil proche de celui de Tom Homan, promu « tsar des frontières » par Trump. Il mériterait donc le même poste. Un poutiniste au Renseignement national Comme Robert Kennedy Jr, Martine Wonner est un électron libre de la vie politique. Médecin psychiatre, elle a réussi la performance de se faire exclure de deux groupes parlementaires (LREM puis LIOT). Aussi antivax que Kennedy, elle ferait donc comme lui un parfait ministre de la Santé. Le jeu peut être complété à l'infini. Le partisan de la colonisation israélienne en Cisjordanie Meyer Habib deviendrait ambassadeur à Tel-Aviv aux côtés de Mike Huckabee, Thierry Mariani qui est aussi poutiniste que Tulsi Gabbard prendrait la tête du Renseignement national… Ce serait n'importe quoi. A l'échelle de la première puissance mondiale, c'est du grand n'importe quoi. Coûteuse négligence des nominations Le constat est d'autant plus frappant que Donald Trump sait ce qu'il fait. Quand il était arrivé à la Maison-Blanche en 2017, il avait laissé traîner nombre de nominations. Il a vu ensuite à quel point cette négligence l'avait empêché d'actionner pleinement les leviers du pouvoir. Et commence donc cette fois-ci à annoncer très tôt ses choix pour les postes clés de l'administration. Il est facile de prévoir la cacophonie, voire la catastrophe. Mais les séismes qui surviennent ne sont pas toujours ceux qui ont été prévus. Aussi étrange que cela puisse paraître, les outrances peuvent cacher des signaux faibles. Et la folie trumpienne débouchera peut-être sur des changements salvateurs. C'est d'abord le cas de la régénération du service public assignée à Elon Musk. Dans le passé, Musk a réussi à plusieurs reprises des missions impossibles. Les patrons de l'industrie spatiale ricanaient il y a dix ans quand il parlait de lanceurs réutilisables. Leurs collègues de l'automobile ne croyaient pas à la voiture électrique. Ils avaient tort. LIRE AUSSI : Réduire le déficit public, la mission impossible de Musk De Tesla à la Maison Blanche, la méthode infernale de Musk pour réduire les coûts Des craquements vont bien sûr se faire entendre dans le secteur public. Mais il faut vivre seul sur une île déserte pour ne pas voir que les réglementations, décidées à chaque fois pour d'excellentes raisons, finissent par aboutir à une accumulation mortifère, que ce soit dans l'agriculture, le bâtiment, l'énergie, l'automobile, ou même parfois la finance et le numérique. Un desserrement peut libérer des énergies insoupçonnées. « Cartel à démanteler » Et Trump ne sera pourtant pas forcément le promoteur d'un libéralisme échevelé. En matière d'environnement, il veut « libérer le pouvoir des entreprises américaines », mais aussi préserver « l'air et l'eau les plus propres de la planète ». En matière de santé, il a fait comprendre aux laboratoires pharmaceutiques qu'il va falloir se calmer sur le prix des médicaments. Dans le numérique, Google, Apple et Facebook ne se réjouissent sans doute pas d'être qualifiés de « cartel à démanteler » par Brendan Carr, pressenti pour prendre la tête de l'Autorité de régulation des télécoms. Un gouvernement de branquignols ne va donc pas fatalement aboutir à une politique grand-guignolesque. Le pire n'est pas toujours sûr, même dans l'Amérique de Trump.
Name and shame : le pari « très militant » de Yuka pour faire réagir les marques
Interpeller une marque en un clic. C'est ce que propose désormais Yuka à ses 37 millions d'utilisateurs en France et aux Etats-Unis. Objectif on ne peut plus clair pour l'appli de notation de la qualité nutritionnelle : pointer du doigt publiquement les marques dont les produits contiennent un des 55 additifs catégorisés comme « à risque » (code couleur rouge sur l'application) les plus répandus. Il s'agit entre autres de sels de nitrite et de nitrate (E249, E250, E251 et E252), du mono/diglycérides d'acides gras (E471), de l'aspartam ou encore de certains colorants alimentaires. Concrètement, quand un utilisateur scanne un tel produit en faisant ses courses, il peut depuis son application envoyer un email prérédigé au service client du fabricant et, ou au choix, publier un tweet pour l'épingler publiquement. Le tout assorti d'un hashtag dénonciateur et bien senti : « Balance ton additif ». Au total, cette fonctionnalité cible au moins 15.000 produits alimentaires sur les 3 millions référencés aujourd'hui en France dans l'appli, estime Julie Chapon, cofondatrice de Yuka. 1.200 marques françaises dans le viseur L'application veut ainsi mettre sous pressions des fabricants bien connus de sodas, de jus de fruit, de gâteaux, ou encore des marques de confitures ou de chips… Une liste loin d'être exhaustive. Rien que pour la France, Julie Chapon estime à 1.200 les marques qui sont dans leur collimateur, et qui pourraient donc se retrouver mises sous les projecteurs à leur corps défendant. « C'est le « truc » le plus gros que l'on a lancé depuis la création de l'application en 2017 », se réjouit la cofondatrice, assumant un pari « juridiquement risqué » et un projet « très militant ». Aux yeux de la patronne, le dispositif est toutefois conforme aux deux ambitions initiales de son entreprise : « mieux consommer » et « mettre la pression sur les industriels ». Pour mener cette nouvelle bataille, les rangs de l'équipe (composée de 16 personnes aujourd'hui) se sont récemment étoffés en embauchant à plein temps l'avocate Louise Decarsin, qui les a justement épaulés dans une affaire de nitrites. Trois années de « tumulte juridique », résume Julie Chapon, remporté en appel contre la Fédération des entreprises de charcuterie traiteur (FICT), qui regroupe plus de 300 entreprises. LIRE AUSSI : Les charcutiers perdent une nouvelle manche face à Yuka Agroalimentaire : ces entreprises qui veulent rompre avec l'opacité des étiquettes Pour rappel, en janvier 2021, la FICT a attaqué Yuka en justice pour « dénigrement » des charcuteries françaises. Elle reprochait à la société éditrice de l'application « des allégations fausses dénuées de fondement scientifique sur le caractère cancérigène des nitrites de la charcuterie ». La FICT avait remporté la première manche de son action face au tribunal de commerce de Paris. Tout comme les entreprises de charcuterie qui avaient engagé des actions individuelles devant les tribunaux de commerce d'Aix-en-Provence et de Brive-la-Gaillarde. « On a la jurisprudence avec nous ! » Mais le vent a tourné en appel. Le 8 juin 2023, la Cour d'appel de Paris a reconnu le droit à Yuka, après les Cours d'appel d'Aix en Provence et de Brive-la-Gaillarde, d'alerter sur les risques pour la santé des additifs à base de nitrites et de nitrates dans l'alimentation, au nom de l'intérêt général. Pour la dirigeante, cet épisode marque un tournant. « Ça nous a coûté beaucoup d'énergie et plus de 400.000 euros de frais de défense mais on a gagné », se réjouit-elle, estimant qu'avec une jurisprudence « avec nous, tout peut changer ! » Si les utilisateurs français et américains s'approprient le bouton, la prochaine étape sera de le dupliquer aux dix autres pays (soit 23 millions d'utilisateurs) dans lesquels Yuka est disponible, et aux 2 millions de produits cosmétiques déjà répertoriés dans l'appli. Et surtout, d'ajouter d'autres canaux d'interpellation comme Instagram, Threads ou encore Bluesky.
Google pourrait être forcé de vendre Chrome
Google sera-t-il forcé de vendre son navigateur ? Selon l'agence Bloomberg, c'est la solution que prônera le département de la Justice dans le procès qui l'oppose au géant californien. Les autorités américaines demanderont d'autres aménagements, dont l'obligation de partager davantage de données avec les annonceurs et la possibilité, pour les sites web, de contrôler l'utilisation qui est faite de leurs données par l'intelligence artificielle. Cet été, un juge fédéral a conclu que Google avait fait obstacle à ses concurrents en payant 26 milliards de dollars à Apple, Samsung et d'autres afin d'installer par défaut son moteur de recherche sur les smartphones. Il s'agit d'une décision historique dans un procès qui a commencé sous l'administration Trump, avant de se poursuivre sous Joe Biden. Mesures ambitieuses D'autres solutions devraient être proposées par le DoJ, selon Bloomberg. Le juge pourrait, par exemple, forcer Google à vendre séparément son système d'opération Android d'une part, et d'autre part les fonctionnalités de recherche ainsi que l'accès à son magasin d'applications. En revanche, les autorités américaines s'abstiendraient de demander à Google de se séparer d'Android, une solution plus extrême, envisagée par certains experts. D'autres demandes des autorités américaines portent sur « AI Overview », ce résumé généré par l'IA qui s'affiche parfois en réponse à une requête sur Google dans plus de 100 pays (mais pas dans l'Union européenne). Pour l'instant, il est difficile pour les sites web de refuser de livrer leurs données à Google pour cette fonctionnalité, de peur que leur site descende dans la liste de liens. Mais plusieurs d'entre eux se plaignent que cela réduit le nombre de clics sur leur site, et donc leurs revenus publicitaires. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Procès Google : les mesures potentielles pour mettre fin au monopole Présidentielle américaine : l'avenir incertain de Lina Khan, icône de l'antitrust Même si le juge ne reprend pas à son compte toutes ces mesures, ce procès devrait faire date dans l'histoire américaine. Il s'agit de la tentative la plus ambitieuse pour tenter de limiter le pouvoir des géants de la tech, depuis le procès contre Microsoft en 2001, qui avait échoué. Après la publication de l'article de Bloomberg, l'action Alphabet a perdu près de 1 % de sa valeur dans les échanges après la fermeture des marchés financiers. 61 % du marché Chrome est le navigateur le plus populaire au monde. Aux Etats-Unis, il contrôle plus de 61 % du marché, selon Statcounter. Les autorités américaines veulent forcer Google à se séparer Chrome car il s'agit de la principale porte d'entrée pour l'utilisation de son moteur de recherche. Mais elles pourraient encore y renoncer si les autres solutions favorisent suffisamment la libre concurrence. LIRE AUSSI : Antitrust : la justice condamne Google à verser 26,8 millions d'euros à l'adtech française Equativ Comment l'Europe peut riposter aux attaques commerciales de Donald Trump Google a déjà annoncé sa décision de faire appel. Lee-Anne Mulholland, la vice-présidente chargée des affaires publiques, a déclaré que le département de la Justice poursuivait un « agenda radical qui va bien au-delà des problèmes légaux que posent ce cas. » Elle ajoute que « le gouvernement, en pesant sur la balance de cette façon, allait nuire aux consommateurs, aux développeurs et au leadership technologique américain. » Le juge, Amit Mehta, a prévu une audience de deux semaines en avril avant de décider de la sanction qui tombera sur Google. Il devrait rendre sa décision finale d'ici le mois d'août 2025.
Pourquoi faut-il plus que jamais investir dans l’éducation en Afrique ?
Nos tout premiers dirigeants ont commis une grave erreur : ils ont tout de suite parlé de développement au lieu de parler d'éducation. Ils ont voulu bâtir la maison en commençant par le toit. Il fallait commencer par poser la première pierre, c'est-à-dire préparer les générations du développement. Cela veut dire quoi, préparer les générations du développement ? Cela veut dire établir un plan simple, plein de bon sens, parfaitement réalisable à moyen terme : nourrir, éduquer, soigner. Surtout, éduquer ! Avant les autoroutes et les néons, la bonne sauce et la bonne science ! LA NEWSLETTER AFRIQUE Tous les mardis à 16h45 Recevez le meilleur de l’actualité africaine. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. C'est pour avoir oublié cela que l'Afrique a décroché pour laisser la voie libre à l'Asie du Sud-Est. Pourquoi croyez-vous que la Corée du Sud qui, dans les années 1960, avait un niveau de vie comparable à celui de la Guinée est devenue la 13e économie du monde ? Parce qu'elle a consacré 60 % de son budget à l'éducation pendant au moins 40 ans. Vous connaissez sans doute, cette blague qui court sur le pays du Matin calme : Quand le téléphone portable a été inventé, ce pays de 40 000 000 d'habitants n'en aurait commandé que 19 exemplaires pour ses 19 meilleurs ingénieurs et cela aurait donné Samsung qui pèse aujourd'hui près de 240 milliards de dollars, soit plus d'une fois et demie le PIB du Nigeria, la plus grande puissance économique du continent ? À lire aussi Rendez-vous histoire – TV5 : « L'Afrique des partis uniques » Le succès de la Corée du Sud Dix-neuf téléphones pour 40 000 000 d'habitants, c'est peut-être une blague de corps de garde. Il n'empêche que plus personne ne peut nier que l'éducation est la condition sine qua non du développement. Pour nous en convaincre, quittons l'Asie, mettons l'humour de côté, tournons notre regard vers la Suisse, ce pays sérieux où toutes les plaisanteries sont de mauvais goût. Pourquoi ce pays qui n'a ni or, ni diamant, ni bauxite, ni cobalt, qui n'a rien d'autre que des sapins et des neiges, détient-il le niveau de vie le plus élevé du monde ? La réponse est simple : parce que c'est la patrie de Piaget, le père de la pédagogie moderne. On n'a pas besoin de relire La Fontaine pour savoir qu'il y a plus de trésors cachés dans les collèges suisses que dans les banques du même pays. Tierno Monénembo, écrivain guinéen invité de La Grande Librairie dans la galerie des Glaces du chateau de Versailles, decembre 2012. Paris, France. © BALTEL/SIPA Inversement, pourquoi l'Afrique, ce scandale géologique du monde est-il le continent le plus pauvre ? Parce que seulement 9 de ses 49 pays consacrent plus de 20 % de leur budget à l'éducation et que 6 d'entre eux n'atteignent même pas la barre ridicule des 10 %. À lire aussi Corée : « L'Afrique peut et va se sortir des difficultés actuelles » L'instruction comme levier de développement Mais la Corée du Sud et la Suisse, c'est trop loin. Restons en Afrique et comparons ce qui est comparable : il saute aux yeux que la Tunisie, le Ghana, la Namibie, l'île Maurice, l'Algérie, le Cap-Vert, le Maroc, l'Afrique du Sud et le Kenya (les neuf pays cités plus haut) ont un niveau de vie nettement supérieur à celui du Soudan, du Soudan du Sud, de la Guinée, du Niger, du Burkina ou du Mali (les six derniers de la classe). À découvrir Le Kangourou du jour Répondre Certes, les défis à relever étaient énormes, certes, nos dirigeants pour la plupart étaient sans diplôme (le nombre de nos universitaires se comptait alors sur le bout des doigts) et sans expérience dans un contexte particulièrement ingrat, celui de la guerre froide. Malgré tout, si aujourd'hui nos pays vont à vau-l'eau, on est en droit de dire que c'est de la faute des pionniers de nos indépendances qui ont tous, à peu de chose près, manqué de discernement. Dans l'analyse géopolitique comme dans les projections économiques, les envolées lyriques et les projets sans lendemain ont très vite pris le pas sur le sens des réalités. S'ils avaient pris la peine d'instruire, s'ils s'étaient souciés de santé et d'agriculture, je ne dis pas que Bamako aurait le même clinquant que Séoul mais au moins les enfants du Mali ne finiraient pas dans les ventres des requins au large de Lampedusa.
Ces chefs africains qui font bouger la gastronomie française
Mulet noir aux infusions de fleurs d'hibiscus à l'épice Pèbè de Pierre Siewe (d'origine camerounaise), tartare de veau café et passion de Phildera Diazabakana (Normand d'origine congolaise) ou encore Bobotie du Jabiru du chef Gilles Dolatabadi (Franco-Irano-Togolais). Des recettes aussi originales que subtiles qui donnent le tournis. Toutes sont issues du dernier livre de la journaliste Vérane Frédiani. Pour L'Afrique cuisine en France, la journaliste a sillonné l'Hexagone et interviewé une vingtaine de chefs. Objectif : mettre en avant l'effervescence de cette cuisine. Il y a quelques années, les chefs afropéens se comptaient encore sur le doigt de la main. Aujourd'hui, que ce soit à Paris, Lyon ou Étretat, ces derniers se dépassent et revisitent la cuisine française. LA NEWSLETTER AFRIQUE Tous les mardis à 16h45 Recevez le meilleur de l’actualité africaine. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. À lire aussi Georgiana Viou : « Ma cuisine est d'instinct, de l'âme et du cœur » De Paris à Marseille, une scène culinaire franco-africaine en ébullition Vérane Frédiani est réalisatrice de documentaires. Elle a cofondé le festival We Eat Africa, qui a eu lieu à Paris, Dakar et Lomé. Les cuisines et ses coulisses sont son terrain de jeu favori. La journaliste prend un malin plaisir à questionner notre société en filmant les cuisiniers dans leur pièce favorite. À ses yeux, ces chefs sont terriblement talentueux, mais encore trop peu médiatiques « Je veux faire entendre ceux et celles qui n'ont pas suffisamment accès aux micros, les photographier en mouvement, et créer du lien entre nous tous. » Dès l'introduction du livre, le ton est donné, et la trajectoire, audacieuse : rendre hommage à une cuisine africaine injustement éclipsée alors que c'est selon elle cette diaspora qui contribue à l'inventivité de la cuisine française. La productrice, réalisatrice et journaliste Vérane Frédiani. © Franck Ribière Le résultat est un ouvrage pittoresque, joyeux, qui ressemble à un food court littéraire, qui respire les épices, grouille de recettes, d'idées. Avec ce livre, on sillonne une Afrique profonde et attachante. On découvre de futurs chefs prometteurs, même si des stars, à l'instar de Mory Sacko ou Georgiana Viou y ont aussi leur place… et on valse dans des effluves originaux. Un livre inspirant qui met nos papilles en ébullition. À l'instar de Pierre Siwé, tous les chefs sont habités par le « démon de la cuisine » et distillent leur inventivité en mixant produits français et africains, avec créativité et fierté. Ils se disent chefs afropéens, et promeuvent l'alchimie entre la cuisine française et africaine qui les émeut et est devenue leur moteur. À lire aussi Gastronomie : la partition africaine se fait une place À découvrir Le Kangourou du jour Répondre L'Afrique cuisine en France est plus qu'une invitation à aller vers la cuisine africaine, c'est une injonction délicate à la connaître. « Le berceau de l'humanité et donc de la civilisation doit reprendre sa place dans notre culture générale », martèle Vérane Frédiani. Et elle a raison. Son livre coloré nous en apporte la preuve et nous permet de traverser un continent et une époque, terriblement en mouvement.
HelloFresh, au revoir la croissance
HelloFresh, c'est à l'origine une bonne idée que la crise sanitaire a dopé avant que l'inflation ne la mette en difficulté . Devenu numéro un mondial des boxes à cuisiner, la société a été fondée en octobre 2011 par un trio de jeunes entrepreneurs berlinois. Alors que les services du web sont en plein boom, HelloFresh reprend un concept suédois qui consiste, sur abonnement, à livrer des ingrédients et les recettes qui vont avec. L'idéal pour des clients pressés soucieux de manger sain. Dès sa création, son modèle a tracé son chemin vers le succès. Installé à Berlin, dans le quartier branché de Kreutzberg, HelloFresh cultive un esprit « fun » avec ses décors de Playmobil et ses salles de réunion nommées « Ratatouille », « Blinis » ou « Churros ». Mais derrière, c'est du sérieux. L'entreprise compte 20.000 salariés et a livré, au plus fort, plus d'un milliard de repas. En 2017, la start-up berlinoise s'introduit en Bourse , seulement six ans après sa création. Conte de fées Elle s'étend à l'international et devient numéro un aux Etats-Unis. Battant les défis du frais et du local partout grâce à sa redoutable analyse des datas et à la standardisation des processus. Un imprévu va littéralement la faire décoller . C'est la pandémie de Covid en 2020. Entre 2019 et 2002, son chiffre d'affaires est multiplié par quatre. C'est l'euphorie autour d'HelloFresh, que certains regardent déjà comme un futur Amazon ou un nouveau Nestlé. LIRE AUSSI : Le do-it-yourself, le nouveau dada des cadres Mais, progressivement, ses clients vont retourner au bureau et l'inflation va arriver. Les commandes commencent à reculer jusqu'à un double coup de semonce. Deux avertissements sur résultats ont fait chuter l'action de presque 65 % au total depuis septembre 2023. La Bourse s'inquiète du déclin du marché des boxes à cuisiner. Dû, notamment, au coût supérieur à celui des supermarchés et aux contraintes de la livraison. HelloFresh est à la recherche de relais de croissance, notamment dans les plats préparés.
Le géant des centres d’appels Teleperformance veut sabrer dans ses effectifs en France
Le géant mondial des centres d'appels se prépare à sabrer dans ses effectifs en France. Teleperformance a présenté vendredi en comité d'entreprise un vaste plan de départs volontaires : il prévoit de se séparer du tiers de ses effectifs dans l'Hexagone, soit « 598 postes » sur les 1.872 que compte le groupe en France. La procédure ne devrait toutefois pas entraîner de fermeture de site. Cette sévère cure de minceur vise à pallier le sureffectif chronique dont souffrirait le groupe en France . Qualifié d' « indispensable » par la direction France, ce plan doit « permettre à l'entreprise de retrouver une situation et un avenir pérennes », selon La Lettre. Restaurer la compétitivité « Depuis plusieurs années, Teleperformance France fait face à des défis structurels significatifs qui nécessitent aujourd'hui une nouvelle organisation afin de restaurer sa compétitivité et assurer sa pérennité dans un environnement de plus en plus concurrentiel », a confirmé le groupe à l'AFP. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Teleperformance, gouvernance : Succession II Teleperformance comptait fin 2023 quelque 492.000 employés dans le monde, répartis dans près de 100 pays. Sur les neuf premiers mois de cette année, le chiffre d'affaires du groupe est en hausse de 2,1 % et il a confirmé début novembre ses objectifs financiers annuels, avec une hausse de ses revenus comprise entre 2 et 4 %. « Manque de compétitivité structurel » Mais en France, « les prévisions 2025 sont alarmantes, avec des projetions de chiffre d'affaires en recul de 19,5 % », a indiqué Karine Jan, la directrice générale France du groupe, dans une note interne révélée par La Lettre. La faute a « un manque de compétitivité structurel qui hypothèque son développement ». Près de 35 % de la capacité de production serait encore « inutilisée » aujourd'hui, contre un standard habituel de 15 % dans le secteur de la relation client. LIRE AUSSI : ZOOM - Nominations chez EDF, Teleperformance, Arkema et Bpifrance Depuis 2022, la moitié des contrats perdus par Teleperformance France l'ont été « en raison de nos prix trop élevés », avance encore Karine Jan. EDF n'a ainsi, par exemple, pas renouvelé son contrat avec le groupe. A la Bourse de Paris, le titre perdait 1,5 % mardi en fin de séance, soit un repli de près d'un tiers de sa valeur depuis le début de l'année. Une chute liée notamment aux inquiétudes liées à la concurrence de l'intelligence artificielle .
Ce que Nestlé prépare pour sortir de l’ornière
L'heure de la relance a sonné pour Nestlé. Après avoir perdu plus 20 % de sa capitalisation boursière en moins d'un an, le numéro un mondial doit convaincre les investisseurs de ses capacités à retrouver de la croissance. Il leur a présenté ce matin les points clés de son plan de bataille dans le cadre d'un « capital day ». Pour Laurent Freixe, qui a pris les rênes du géant de Vevey il y a à peine trois mois, dans une situation internationale à maints endroits éprouvante pour l'industrie agroalimentaire, ce sera le baptême du feu à ce poste. Les marchés n'ont pas repris confiance dans le titre Nestlé, dont la dégringolade se poursuit à la Bourse de Zurich. Les derniers résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes avec une croissance en berne et des perspectives de progrès immédiats limitées à une hausse de 3 %. Présenté en interne comme « l'homme de la situation », Laurent Freixe, 62 ans, a une connaissance approfondie du groupe, qu'il a rejoint il y a quarante ans. Paul Bulcke, président non opérationnel, a salué sa « vaste expérience de terrain et sa compréhension profonde des marchés et des consommateurs ». Scission de l'activité eaux Au chapitre des mesures phares, le groupe a annoncé aux investisseurs qu'il crée une entité mondiale distincte pour les eaux et boissons haut de gamme, qui sera placée sous la houlette de Muriel Lienau, directrice générale de Nestlé Waters Europe. Les eaux représentaient l'an dernier 3,6% du chiffre d'affaires du groupe. La nouvelle direction évaluera la stratégie pour cette activité », a indiqué le groupe. Une formule qui ne peut exclure une potentielle mise en vente ou une forme de désengagement, telle que le géant suisse l'a pratiquée à plusieurs reprises dans certains de ses domaines d'activité. LIRE AUSSI : Nestlé allège son organisation pour mieux se relancer C'est ainsi qu'il a cédé la fabrication et la commercialisation de ses produits laitiers en Europe à Lactalis, en créant une société commune à 60/40 en 2006, qui lui vaut de conserver la propriété des marques et de percevoir des royalties. Dans le même esprit, dix ans plus tard, Nestlé a fait une coentreprise pour les glaces Froneri avec le leader britannique R&R. En 2023, c'est avec le fonds PAI que Nestlé a fondé une JV pour ses pizzas surgelées européennes après le scandale Buitoni en France. Dans l'Hexagone, où Nestlé a dû se justifier de procédés de traitement illégaux pour les eaux minérales Hépar, Vittel, Contrex et Perrier, le Sénat a créé une commission d'enquête. Sur le plan pénal, Nestlé Waters ne devrait plus être inquiété, le tribunal d'Epinal ayant « mis fin à toutes les enquêtes et plaintes déposées contre l'entreprise pour forages illégaux et tromperie du consommateur » moyennant notamment une amende de 2 millions d'euros. Ce qui n'a pas découragé certaines associations, dont la CLCV, qui ont tenté de relancer la machine judiciaire en octobre. De nouvelles économies Sur le plan mondial, pour « stimuler son excellence opérationnelle » et « pleinement exploiter le potentiel de ses produits », le géant de Vevey a annoncé qu'il augmenterait ses investissements publicitaires et marketing de 9 % d'ici à la fin 2025. Il s'est fixé pour objectif de renforcer ses économies de 2,5 milliards de francs suisses au moins d'ici à 2027, afin de dégager de nouvelles marges d'investissement. LIRE AUSSI : Nestlé supprime le tiers de ses forces commerciales en France « Notre plan d'action améliorera également notre manière d'exercer nos activités, nous rendant plus efficaces, plus réactifs et plus agiles. Nous pourrons ainsi offrir de la valeur à toutes nos parties prenantes », a commenté Laurent Freixe. « La croissance organique moyen terme devrait atteindre 4 %, voire plus, dans un environnement opérationnel normal, avec une marge opérationnelle courante récurrente de 17,0 %, voire plus. » Le leader mondial a par ailleurs en projet d'accélérer sa transformation numérique pour devenir « une entreprise connectée en temps réel, de bout en bout, alimentée par les données et l'intelligence artificielle ». Il veillera aussi à ce que le développement durable soit intégré dans ses activités. Nestlé confirme ses prévisions pour 2024, avec une croissance organique des ventes d'environ 2 % et une marge opérationnelle courante récurrente d'environ 17,0 %. La croissance du bénéfice récurrent par action à taux de change constants devrait être globalement stable.