Au Niger, le géant français de l’uranium Orano perd le contrôle de sa dernière mine en activité
La tension est à son comble entre le géant français de l'uranium Orano et les nouvelles autorités militaires du Niger. Ce mercredi 4 décembre, Orano a confirmé avoir perdu le contrôle opérationnel de la Somaïr (la Société des mines de l'Aïr), sa dernière filiale active dans le pays. Avec cette prise en main par Niamey, une page se tourne dans l'histoire des relations économiques entre la France et le Niger, désormais déterminées par la souveraineté proclamée du régime issu du coup d'État de juillet 2023. « Depuis plusieurs mois, Orano alerte sur les ingérences que le groupe subit dans la gouvernance de la Somaïr, dont il est actionnaire majoritaire et opérateur au Niger », pointe le groupe français dans son communiqué de mercredi. « En effet, les décisions prises lors des conseils d'administration de la société ne sont plus appliquées et, de fait, Orano constate aujourd'hui que les autorités nigériennes en ont pris le contrôle opérationnel », poursuit-il. LA NEWSLETTER AFRIQUE Tous les mardis à 16h45 Recevez le meilleur de l’actualité africaine. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. À lire aussi Au Niger, la France poussée hors des mines d'uranium Une escalade de décisions unilatérales Depuis des mois, le climat s'est détérioré. En juin, le gouvernement nigérien avait déjà retiré à Orano son permis d'exploitation sur le gigantesque gisement d'Imouraren. Fin octobre, le groupe français annonçait qu'il suspendait les activités de la Somaïr en dénonçant des « ingérences » dans sa gouvernance. Mais la junte a continué à défier son partenaire historique, refusant catégoriquement l'exportation de 1 150 tonnes de concentré d'uranium pourtant prêtes à quitter le pays. Mais la frontière du Niger avec le Bénin est fermée pour des raisons de sécurité, selon Niamey après une brouille diplomatique avec son voisin. Ces stocks, d'une valeur estimée à 200 millions d'euros, s'entassent désormais sur les sites d'Arlit, aggravant les pertes financières. Orano accuse les autorités nigériennes d'avoir bloqué les résolutions visant à prioriser le paiement des salaires et la préservation des infrastructures industrielles. Au contraire, Niamey a maintenu les dépenses liées à la production, amplifiant les difficultés économiques de la Somaïr. « Les dépenses de production qui se poursuivent sur le site dégradent chaque jour davantage la situation financière de la société », estime le groupe français. À lire aussi Seidik Abba : « Le Niger a un agenda diplomatique qui inclut la Russie et l'Iran » Souveraineté contre partenariats historiques Le Niger, quatrième producteur mondial d'uranium, est une source stratégique pour l'approvisionnement énergétique français. Orano, qui détient 63,4 % de la Somaïr, évoque désormais une action en justice et reste ouvert à un accord. Mais l'État nigérien, qui possède 36,6 % des parts, semble vouloir affirmer une souveraineté totale sur ses ressources stratégiques. En parallèle, Niamey multiplie les ouvertures vers d'autres partenaires. En novembre, le ministre des Mines, Ousmane Abarchi, a invité des sociétés russes à explorer et exploiter les ressources naturelles du pays. Une démarche qui marque une rupture géopolitique nette avec l'ex-puissance coloniale française. Depuis l'annonce, les réseaux sociaux nigériens s'enflamment. De nombreux soutiens de la junte militaire au pouvoir saluent cette décision, la considérant comme un pas crucial vers la souveraineté économique du pays et une rupture nécessaire avec des décennies de domination étrangère sur les ressources stratégiques du Niger. Un internaute écrit : « Pendant des décennies, notre uranium a alimenté les centrales françaises pendant que nos écoles manquaient de bancs. Il est temps que ça change ! » Cependant, ce soutien unanime n'est qu'en apparence. Quelques voix, plus rares, appellent à la prudence face à ce repositionnement stratégique. Certains craignent que les nouveaux partenaires, notamment les entreprises russes, n'offrent pas de meilleures conditions et perpétuent les déséquilibres déjà critiqués. À découvrir Le Kangourou du jour Répondre Cette crise ne concerne pas seulement les relations bilatérales entre les deux pays, elle illustre aussi des tensions géopolitiques autour des ressources stratégiques africaines. L'uranium, clé de la transition énergétique mondiale, est devenu un levier de négociation majeur pour des pays en quête de contrôle sur leurs richesses. Si les entreprises russes s'imposaient comme de nouveaux acteurs dans l'exploitation de l'uranium nigérien, cela pourrait avoir des implications géopolitiques majeures. La France, qui dépend en partie de l'uranium nigérien pour son industrie nucléaire, verrait son approvisionnement fragilisé. L'Europe dans son ensemble, engagée dans la transition énergétique, pourrait également pâtir de cette redistribution des cartes. À lire aussi Niger : très cher coup d'État Orano, détenu à 90 % par l'État français, a exprimé ses « plus vifs regrets » face à cette situation, soulignant son impact sur les salariés et les communautés locales. En 2021, le Niger représentait 4,7 % de la production mondiale d'uranium naturel, loin derrière le Kazakhstan (45,2 %), selon des chiffres de l'agence d'approvisionnement d'Euratom (ESA). Désormais, cette filière vit un tournant décisif.
Ce que l’on sait de cette maladie « inconnue » qui a fait des dizaines de morts en RDC
La République démocratique du Congo est en « alerte maximale » après la détection d’une nouvelle maladie qui a déjà fait des dizaines de morts en un peu plus d’un mois. Par Juliette Vignaud avec AFP Publié le 06/12/2024 à 12h56 Le ministre congolais de la Santé, Samuel Roger Kamba, en conférence de presse à Kinshasa, le 5 décembre 2024. © Samy Ntumba Shambuyi / AP / SIPA Temps de lecture : 2 min Ajouter à mes favoris Google News Commenter Partager Lecture audio réservée aux abonnés Écouter cet article Powered by ETX Studio 00:00/03:21 Les autorités sanitaires sont sur le qui-vive. Des dizaines de personnes sont mortes d'une maladie encore inconnue et des centaines l'ont contractée en un peu plus d'un mois en République démocratique du Congo (RDC). « Nous sommes en alerte maximale, nous considérons que c'est un niveau d'épidémie que nous devons surveiller », a déclaré le ministre de la Santé, Samuel Roger Kamba, lors d'une conférence de presse jeudi dans la capitale Kinshasa. LA NEWSLETTER SANTÉ Tous les mardis à 9h30 Recevez notre sélection d’articles issue de notre rubrique Santé ainsi que les Palmarès des hôpitaux et cliniques, dossiers spéciaux, conseils et astuces… En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. Le phénomène décrit par les autorités sanitaires comme « un événement de santé publique inconnu » est pour l'instant localisé dans la région de Panzi, à quelque 700 km au sud-est de Kinshasa. Le point sur la situation. De premiers cas fin octobre, un mode de transmission inconnu Les premiers cas ont été détectés fin octobre dans une zone reculée du pays, Panzi. Ce territoire est difficilement accessible par la route et les infrastructures sanitaires sont quasi inexistantes. La population vit dans une précarité généralisée, en manque cruel d'accès aux médicaments et à l'eau potable. Le taux de malnutrition (61 %) est parmi les plus élevés du pays, a souligné le ministre, rappelant que la région a déjà connu il y a deux ans une grave épidémie de fièvre typhoïde. D'après les premières données, les symptômes sont proches de ceux d'une grippe. Les malades souffrent d'une forte fièvre, de maux de tête ou encore d'anémie et ont le nez qui coule. Cette mystérieuse maladie touche particulièrement les jeunes. 40 % des cas déclarés concernent des enfants de moins de 5 ans. Selon les spécialistes, cette maladie affecte le système respiratoire, mais n'est pas le Covid. Le mode de transmission est encore inconnu. Des dizaines de morts Toujours d'après le ministre de la Santé, au moins 27 personnes sont mortes dans les centres de santé. « Et, avec l'évaluation menée par le médecin-chef de zone dans la communauté, on signale aussi 44 décès », a-t-il précisé jeudi, ajoutant toutefois que, sur ces derniers, « nous ne pouvons pas dire que c'est d'emblée lié au phénomène car il y a d'autres causes possibles ». Parmi les 27 décès survenus dans les centres de soins, 17 personnes ont succombé après être tombées en détresse respiratoire, a précisé le ministre congolais de la Santé. Dix sont mortes, par manque de transfusion, en état d'anémie sévère. À découvrir Le Kangourou du jour Répondre Mardi, les autorités locales ont fait état, auprès de Reuters, d'au moins 143 morts, majoritairement des femmes et des enfants. Des épidémiologistes ont été envoyés à Panzi pour faire des prélèvements. L'Organisation mondiale de la santé a aussi dépêché une équipe sur place « pour recueillir des échantillons en vue d'une analyse en laboratoire », rapporte Le Parisien. À lire aussi Variole du singe : ce que disent les virologues L'arrivée de cette maladie inconnue intervient alors que le RDC a déjà été frappé de plein fouet par le virus du Mpox, ex-variole du singe, avec plus de 1 000 morts recensés.
A quoi devront ressembler les villes et les mobilités en 2050 ? –
Face aux enjeux sociaux, économiques et environnementaux, les zones urbaines et les acteurs de la mobilité vont devoir répondre à de nombreux défis. Parmi eux, celui de la décarbonation. A l’échelle nationale, le constat est à la carence d’offres alternatives à la voiture thermique, qui reste le premier mode de transport en France. Selon Jean Coldefy, Président du Conseil Scientifique de France Mobilités, le futur de la mobilité décarbonée passera par l’intermodalité, notamment le combo vélo et transports en commun. A Paris, les mobilités décarbonées permettront de répondre à trois défis principaux, dont la santé, l’environnement et le bruit. Un objectif partagé par de nombreuses communes d’Ile-de-France, qui se heurtent néanmoins à des difficultés de maillage du réseau de transport et de gouvernance. Jean-Jacques Grousseau, Maire d’Athis Mons (Essonne), revient par exemple sur la création du pôle d’Orly : « A l’époque tout a été fait sans penser aux transports en commun. Soixante ans plus tard, nous avons enfin la ligne de métro 14 qui transporte ses premiers voyageurs et la ligne 18 qui arrive. Mais il aura fallu attendre 60 ans… ». Marier intermodalité et outils numériques Selon Charles Telitsine, Directeur Général D’EONA-X et Chef du Département Stratégie des Systèmes d’information chez ADP, sont métier a évolué et les infrastructures doivent aujourd’hui répondre à l’objectif net zéro carbone d’ici 2035. « L’intermodalité et le numérique sont devenus les deux sujets principaux pour parvenir à atteindre la neutralité carbone, que cela soit pour que cela soit pour le transport de voyageurs ou la récolte et l’exploitation de la data », explique-t-il. « Si on arrive à partager nos données et à entreprendre un travail collaboratif à l’échelle nationale, nous arriverons à respecter les objectifs de décarbonation », ajoute Charles Telitsine. Mais concernant le sujet des données, tous les opérateurs ou acteurs publics ne sont pas au même niveau. A Paris, par exemple, Cécile Guillou, Cheffe de la Section Etudes et Exploitation à la mairie de Paris, déplore le manque de données disponibles pour le vélo, alors que ce mode de transport est désormais privilégié par de nombreux franciliens, notamment intra-muros et en petite couronne. Pour un meilleur partage et optimisation des infrastructures Chez Sanef (Société des autoroutes du Nord et de l’Est de la France), l’enjeu est également de mieux partager les infrastructures et de les adapter aux changements climatiques. Etienne Mercier, Directeur Délégué du Développement des Concessions chez Sanef, prend l’exemple des voies réservées pour inciter les voyageurs à modifier leurs habitudes. Repenser l’utilisation des espaces et les optimiser plutôt que de les agrandir ou d’en construire des nouveaux, comme l’illustre Charles Telitsine avec le déploiement d’outils numériques au sein des aéroports parisiens d’ADP afin de fluidifier le trafic et limiter le temps passer dans les infrastructures. Pour conclure, la décarbonation des villes et des mobilités ne pourra se faire sans une collaboration étroite entre les différents organes de gouvernance et les infrastructures de transport. La récolte et l’exploitation de la data joueront un rôle crucial pour définir des solutions durables qui répondent aux usages et à la situation géographique de chaque territoire.
Compagnie des Alpes : pour la première fois, les parcs de loisirs dépassent les domaines skiables
Lorsqu’elle a décidé d’investir dans les parcs de loisirs pour désaisonnaliser son activité au début des années 2000, la Compagnie des Alpes (CDA) ne s’attendait sans doute pas à en faire son activité principale. Une vingtaine d’années plus tard, c’est pourtant le cas. En effet, avec un chiffre d’affaires de 570,1 millions d’euros (+5,9%), les parcs de loisirs occupent désormais une part plus importante que les domaines skiables (552,8 millions d’euros soit +13%) dans les performances globales du groupe (1 239,2 millions d’euros soit +8,9%). « Ça montre que notre ambitieuse stratégie d’investissement créé de la valeur », se réjouit Dominique Thillaud, le directeur général de la CDA. Cela montre aussi le pivot opéré par l’entreprise, alors que la neige va se raréfier dans les décennies à venir et que le portefeuille de domaines exploités par la CDA se réduit. Les investissements sont payants « 95% des investissements réalisés dans les domaines skiables concernent leur entretien, et non leur extension. Dans les parcs de loisirs, 60% des investissements portent sur le développement de l’offre », détaille Dominique Thillaud. Ainsi, les investissements industriels de la CDA s’élèvent à 261,6 millions d’euros à l’issue de l’exercice 2023/24. 127,3 millions d’euros ont été investis dans les parcs de loisirs, 113,1 millions d’euros dans les domaines skiables. Et 9 millions d’euros pour la division Distribution & Hospitality. Dans les résultats opérationnels, les domaines skiables demeurent toutefois largement en avance (193,6 millions d’euros soit +28,1%). Le nombre de journées-skieurs est en hausse (8,1%) et atteint 13,8 millions, le prix moyen augmente aussi (+5,2%). Les parcs de loisirs, confrontés à un contexte globale largement défavorable (météo, grands événements sportifs, contexte politique…) se maintiennent (142,3 millions d’euros, soit -0,8%). La fréquentation est stable (+0,4% à 10,6 millions de visites), mais la dépense moyenne par visiteur est plus dynamique (+5,2%). L’opérationnel assure, seul, la croissance de la CDA Finalement, l’excèdent brut opérationnel atteint 350,7 millions d’euros (+15 %). Et le résultat opérationnel de la CDA s’élève à 158,2 millions d’euros (+13,3%). « Nous avons atteint tous nos objectifs », pourtant relevés au printemps, se réjouit Dominique Thillaud. Le résultat net part du groupe s’élève à 92,5 million d’euros (+2,3%). Peu endettée, la CDA va proposer à l’assemblée générale des actionnaires prévue le 13 mars prochain un dividende d’un euro par action (+10%). © Compagnie des Alpes Et entrevoit surtout l’avenir avec optimisme. « Nous voulions démontrer que l’opérationnel pouvait assurer, seul, la rentabilité et la croissance organique de l’entreprise. C’est désormais prouvé », s’enorgueillit Dominique Thillaud. En creux, cela signifie que la CDA ne s’interdit pas d’acquérir de nouvelles entités. Des parcs de loisirs dans l’est et le centre de l’Europe pourraient, par exemple, entrer dans le giron du groupe.
Ce milliard versé par Decathlon qui met le feu à la galaxie Mulliez
Dans le Nord, le milliard de Decathlon a allumé un incendie. Le montant des réserves financières que l'enseigne de sport a reconnu verser à son actionnaire, l'Association familiale Mulliez (AFM), fait scandale parmi les dizaines de milliers de salariés de la galaxie qui rassemble, outre Decathlon, Leroy Merlin, Boulanger, Kiabi et Auchan. Il faut dire que quelques jours après l'annonce de 2.400 suppressions de postes chez Auchan, l'opération financière arrive au mauvais moment. « Le momentum n'était pas idéal au niveau médiatique », a reconnu dans « La Voix du Nord » Fabien Derville, le président de Decathlon, bien placé pour traiter le sujet puisqu'il siège aussi au conseil de gérance de l'AFM. « Créer de la valeur » Après avoir rappelé que le milliard provenait des réserves de Decathlon, c'est-à-dire de la part des résultats mis de côté depuis plusieurs années, le dirigeant précise que la somme, distribuée avec l'accord de l'assemblée générale des actionnaires de Decathlon, n'est pas destinée à tomber dans la poche des plus de 800 héritiers Mulliez qui sont rassemblés dans l'AFM. LIRE AUSSI : Decathlon fait sa révolution pour devenir une marque mondiale « L'objectif est de créer de la valeur. Et créer de la valeur, pour nous, c'est créer des emplois, a déclaré Fabien Derville sur le site Internet de 'La Voix du Nord'. Si l'entreprise Decathlon a largement les moyens de suivre son propre développement, sa propre transformation, on est en droit de pouvoir en faire un autre usage au travers des enjeux de l'AFM sur des nouveaux métiers, sur des accélérations d'entreprises qu'on a déjà, sur des accélérations de transformation. Donc, ce n'est évidemment pas de l'argent qui va dans la poche des actionnaires. » Une source proche de l'AFM affirme que « pas un euro n'ira dans la poche des Mulliez ». Renvoi d'ascenseur En gros, Fabien Derville suggère que la bonne santé de Decathlon va financer les activités de l'AFM qui se portent moins bien, comme Auchan, qui a enregistré une perte de 900 millions d'euros au premier semestre 2024. « Par le passé, Auchan, qui était l'entreprise mère, a fait des petits - Michel Leclercq [membre de la famille Mulliez et fondateur de Decathlon, en 1976, NDLR] et Decathlon en sont un exemple » explique-t-il pour justifier une forme de renvoi d'ascenseur. Mais au moment où Auchan taille dans le vif et où Leroy Merlin montre quelques signes de faiblesse dans un marché du bricolage en chute avec une rupture conventionnelle collective portant sur 250 collaborateurs, ce discours est difficilement audible par les dizaines de milliers de salariés de la galaxie Mulliez et leurs représentants syndicaux. Barbara Martin Coppola, la nouvelle directrice générale de Decathlon, voit sa stratégie critiquée en interne.Sébastien Leban/Der Spiegel La CGT-Services appelle à une manifestation ce mercredi matin devant le magasin Auchan de Fontenay-sous-Bois, en banlieue parisienne. « Comment peut-on cautionner que Decathlon, enseigne du groupe, puisse verser une somme pharaonique de dividendes et qu'Auchan, enseigne du même groupe, puisse massacrer la vie de milliers de personnes en supprimant 2.400 emplois ? » a demandé ce syndicat, mardi, dans un communiqué. Grève dans les Decathlon français Plus grave sur le plan commercial, la CFDT de Decathlon appelle à la grève dans les 320 magasins français ce samedi, un jour de pic de ventes avant les fêtes de Noël. Le syndicat se dit « sous le choc » et a estimé que cette somme était « hors-sol », au vu de résultats non atteints. « Toutes les enseignes du groupe Mulliez sont très en colère, c'est honteux », a confirmé auprès de l'AFP le délégué central CFDT chez Auchan France, René Carette. Le malaise est d'autant plus fort que les représentants du personnel d'Auchan entament les négociations avec leur direction sur les modalités de mise en oeuvre du plan social. L'AFM pâtit du fait que ses dirigeants refusent de considérer l'association comme un véritable groupe, ce qui impliquerait que des reclassements soient ouverts automatiquement dans les autres enseignes de la galaxie. LIRE AUSSI : Le plan de Decathlon pour conquérir l'Allemagne ANALYSE - La galaxie Mulliez, ce groupe qui ne veut pas dire son nom Selon nos informations, comme cela avait été le cas lors de la fermeture de magasins de meubles Alinea, l'AFM entend faire jouer la solidarité entre ses chaînes, mais ceci n'est pas exprimé de façon tout à fait officielle. Une source proche d'Auchan répond que l'enseigne fera « le maximum pour faciliter la relation entre ses collaborateurs et les entreprises de l'AFM », « en fonction des zones géographiques, des qualifications et des compétences recherchées ». Une transformation qui crée des frictions Cela suffira-t-il à éteindre la colère des salariés ? Le problème est que les étoiles de la galaxie Mulliez palissent toutes en raison de l'atonie de la consommation en France. Decathlon se porte bien et poursuit une importante expansion internationale, mais selon plusieurs sources, la transformation entamée par la directrice générale Barbara Martin Coppola, venue de chez Ikea, créerait des frictions. La dirigeante a créé un logo pour permettre à Decathlon de rivaliser avec les grandes marques de sport comme Nike et Adidas, rationalisé le nombre de marques propres de l'enseigne et réorganisé les magasins. Selon un « observateur de l'AFM » critique de la gestion de Barbara Martin Coppola et cité dans un autre article du quotidien nordiste, « en termes de business, [l'enseigne] a été dépositionnée : ils ont trop augmenté les prix, arrêté d'investir dans les magasins qui sont le coeur de l'activité », avec un effet sur l'implication des salariés. LIRE AUSSI : Restructuration chez Auchan : les quatre points faibles du géant de la distribution Réagissant auprès des « Echos » aux propos du président de Decathlon, Sébastien Chauvin, de la CFDT, dénonce ce qu'il estime être « une formule démagogique : si les actionnaires réinvestissent cet argent, c'est bien qu'il va dans leurs poches, contrairement à ce qu'il dit ». Ce dernier estime par ailleurs qu'il n'est pas exact de dire que Decathlon fait de la croissance. « Decathlon fait moins de résultat que l'année dernière, tout en diminuant à la fois les mètres carrés et les effectifs, qui ont perdu mille équivalents temps complets par non-renouvellement des départs… ce n'est pas ce qu'on peut appeler de la croissance. » De même, précise-t-il, qu'en termes d'activité, l'enseigne peine comme toute la grande distribution, avec un chiffre d'affaires qui accuse une baisse de 1 % en France sur l'année à ce jour. « On est loin des objectifs », conclut-il. La direction assure à l'inverse de la bonne santé de Decathlon, qui conserve, selon elle, les moyens d'investir au moins 2,5 milliards d'euros dans les années à venir. Selon nos informations, certains reprocheraient aussi à la directrice générale d'avoir procédé à un trop grand nombre de recrutements externes. Chez les Mulliez, l'esprit de famille et la promotion interne sont des valeurs cardinales. Aides publiques Les syndicats s'interrogent, en outre, sur le bien-fondé de certaines aides publiques à destination des entreprises, la CFDT appelant à la création d'une commission d'enquête « afin de pouvoir réellement comprendre à quoi l'argent public a été utilisé » par les différentes enseignes de l'AFM. LIRE AUSSI : Galaxie Mulliez : Barthélémy Guislain organise le renouvellement des générations Le Premier ministre lui-même, Michel Barnier, avait dit vouloir « savoir » ce qu'Auchan et un autre groupe prévoyant des suppressions d'emplois, Michelin, « ont fait de l'argent public qu'on leur a donné ». Un sujet « encore en cours d'instruction », disait le cabinet du ministre de l'Economie, Antoine Armand, mi-novembre. Auchan avait alors assuré que sa réduction de charges annuelle au titre du CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi), de 83 millions d'euros entre 2013 et 2018, avait été « intégralement utilisée pour les objectifs ciblés par ce dispositif », ajoutant avoir « payé 258 millions d'impôts et de taxes (hors taxes collectées : TVA, taxes sur les alcools, TICPE) et 607 millions d'euros de charges sociales pour la part patronale ».
Le paradoxe des banques en ligne, nouvelles championnes de la proximité
Après plusieurs années à réduire la voilure dans leurs réseaux d'agences, les banques de proximité n'ont plus le monopole… de la proximité. Selon une étude OpinionWay pour MoneyVox sur la satisfaction des clients, pour la première fois, les banques traditionnelles - celles disposant d'agences physiques - sont devancées par leurs concurrentes en ligne en matière de proximité. « L'an dernier, banques traditionnelles et en ligne étaient quasiment ex aequo, les Français étant plus attachés aux banques traditionnelles mais reconnaissant le rapport qualité-prix des banques en ligne, rappelle Maxime Chipoy, président de MoneyVox. Cette année, ces dernières dépassent les banques avec agences sur tous les critères de l'attachement et de la proximité. C'est un vrai avertissement pour les banques traditionnelles. » LIRE AUSSI : Banque : avec ses nouvelles agences de luxe, JP Morgan veut séduire les Américains aisés BNP Paribas en pleine réflexion pour rendre son réseau d'agences plus rentable Concrètement, alors que l'an dernier, les 5.000 répondants se disaient plus satisfaits par les banques historiques en matière d'écoute de leurs préoccupations, avec 84 % de satisfaction contre 82 % pour les établissements en ligne, le vent tourne brutalement cette année : les marques dématérialisées font un bond en avant pour atteindre 89,5 % de satisfaction, contre 84,6 % pour les banques avec présence physique. Idem sur la question de l'attachement, où les banques en lignes affichent 4 points de plus que les banques traditionnelles (87 % contre 83 %), alors qu'elles avaient encore 5 points de retard lors de la précédente étude (76 % contre 81 %). Les banques sans agence apparaissent aujourd'hui plus solides et inspirent plus confiance, alors qu'elles étaient à égalité l'an passé. La disponibilité est la nouvelle proximité Plusieurs éléments expliquent ce basculement : d'abord, la stratégie même des banques, qui cherchent à réduire la voilure - le réseau français est le plus dense d'Europe - en diminuant les interactions physiques avec un conseiller au profit des appels et des mails. Ensuite, la montée en gamme des banques en ligne qui, pour certaines, ont une palette de produits qui commence à s'approcher de celle des banques physiques. Ou encore, une évolution des attentes des clients, de plus en plus habitués à se servir eux-mêmes, dans tous les domaines, au-delà du monde bancaire. LIRE AUSSI : TRIBUNE Quel avenir pour la banque de détail ? Le retour du risque politique pèse sur les banques françaises « C'est une illustration très marquante d'une évolution profonde des attentes et comportements des clients, où la 'proximité', en matière de relation bancaire, devient moins une affaire de distance géographique que de disponibilité, pour une part croissante de la population », analyse Olivier Sampieri, associé au Boston Consulting Group. D'ailleurs, la grande majorité des interactions « humaines » des clients avec leurs banques, y compris « traditionnelles », ne se font plus déjà en agence mais à distance, au téléphone ou par e-mail, poursuit-il. A l'inverse, « certaines banques digitales parviennent très bien à pallier l'absence d'agences pour créer ce sentiment de proximité par la réactivité et la qualité de service ». La crise du Covid a habitué les clients, même les plus réticents, au numérique pour les opérations bancaires courantes, comme un virement, rappelle Frédéric Bois, du cabinet Sémaphore Conseil. « Les banques traditionnelles ont modifié l'organisation des agences avec l'accès à ces dernières uniquement sur rendez-vous, ce qui joue un rôle sur la perception de la proximité, ajoute-t-il. Les clients se rendent en agences pour des opérations plus complexes, et moins fréquentes, comme l'épargne ou le crédit où le conseiller à un rôle primordial dans le conseil et doit être à la hauteur ». Par ailleurs, l'important turnover de conseillers dans les agences a sa part de responsabilité. Un modèle qui résiste « Cela reste dans les agences que les particuliers se rendent pour effectuer les actions rentables pour les banques comme les crédits », souligne-t-il. Le modèle français avec un grand nombre d'agences résiste d'ailleurs bien, malgré la baisse de la fréquentation. « En quinze ans, les banques ont supprimé entre 15 % et 20 % de leurs agences mais ça reste beaucoup moins important qu'aux Pays-Bas, au Royaume-Uni ou en Allemagne, note Nicolas Miart, associé chez Circle Strategy. Et les établissements gagnants en termes de revenus sont ceux qui ont gardé leurs agences. » LIRE AUSSI : Conseillers financiers : ce que révèlent les visites mystères des agences bancaires « Avant, les clients nous respectaient » : le drame des conseillers bancaires Tant que les banques conservent les relations rentables avec les clients, c'est-à-dire les crédits, pour lesquels la plupart des particuliers sont encore attachés au rendez-vous physique, la partie est loin d'être jouée, estiment les spécialistes. Cependant, plusieurs acteurs dématérialisés s'y attaquent sans pour autant changer leur promesse d'un service totalement en ligne. Reste à savoir si cela va prendre. « Les banques doivent accélérer leur transformation numérique pour ne pas se retrouver le bec dans l'eau dans dix ans », glisse un spécialiste.
Le plan de la dernière chance pour sauver Benetton
Claudio Sforza, le nouveau capitaine de Benetton depuis juin dernier, est chargé de redresser la barre d'une entreprise en pleine dérive financière. Le directeur général de la marque de mode vénitienne avait appelé les employés à « ramer tous dans la même direction » pour sortir des eaux troubles financières… et il a commencé à en dévoiler, ces derniers jours, les grandes lignes aux syndicats. Avec au programme une réduction sensible du nombre de magasins. LIRE AUSSI : L'Italie nationalise les autoroutes contrôlées par les Benetton Le nouveau dirigeant est arrivé aux manettes après le départ fracassant du patriarche Luciano Benetton , s'est immédiatement attelé à un vaste plan de réorganisation et de relance remaniant profondément la première ligne du management. Le poste de directeur des achats était également créé afin de centraliser le contrôle de toutes les dépenses du groupe. Drastique réduction des coûts Avec ces premières annonces aux représentants du personnel, il déroule son programme. Après avoir rappelé le contexte de marché difficile (-10 % en 2024), il s'est malgré tout fixé pour objectif une réduction de moitié des pertes cette année pour atteindre dès 2026 le seuil de rentabilité. Pour y parvenir il mènera une stratégie de marque plus ciblée accompagnée d'une drastique réduction des coûts. Le nombre de boutiques physiques sera considérablement réduit avec la fermeture de 500 magasins en Italie incluant des franchises et des points de vente directs (sur un total de 3.600 boutiques dans le monde). Après son retrait du Japon, de Pologne et du Sud-Est asiatique, Benetton poursuit cette fois la réduction de son réseau commercial en Europe. Concernant le volet industriel, les délais de production des collections seront réduits de 12 à 6 mois (contre 2 mois pour le concurrent Zara) en intensifiant l'usage des produits commercialisés et en diminuant les volumes envoyés aux usines de Tunisie, Serbie et Croatie. L'usine en Croatie sera fermée tandis que celles serbe et tunisienne se concentreront davantage sur des productions pour des tiers. Le groupe reverra enfin son offre qui sera rationalisée. Certaines lignes, notamment la ligne enfant, seront réduites pour mettre l'accent sur des produits emblématiques et facilement identifiables par les consommateurs. La stratégie publicitaire sera revue avec une attention toute particulière sur la vente en ligne et les plateformes numériques. 1,6 milliard d'euros de pertes en dix ans Aucun licenciement collectif n'est pour l'instant prévu. Près de 1.000 salariés sont pourtant déjà concernés par un programme de réduction du temps de travail et un plan de départ volontaire prévoyant des indemnités pouvant aller jusqu'à 50.000 euros a été lancé. Au cours de la dernière décennie, le groupe a accumulé des pertes de 1,6 milliard d'euros tandis qu'Edizione, la holding financière des Benetton, a déboursé 800 millions d'euros ces cinq dernières années pour lui porter secours. Une somme importante pour le symbole de l'origine de la fortune familiale qui ne représente plus désormais qu'environ 1 % des activités d'Edizione . En 2023 la perte nette de l'entreprise a presque triplé à 230 millions d'euros dus notamment à des dépréciations de 150 millions d'euros. Le chiffre d'affaires dépassait à peine le milliard d'euros stagnant par rapport à 2022. En 2024, il devrait chuter de 20 % pour atteindre environ 900 millions d'euros, en partie à cause de l'impact des fermetures de magasins. Symbole de la profonde crise que traverse le groupe, la Villa Minelli, propriété historique de la famille Benetton, n'abritera plus son siège qui déménagera dans un bureau situé à Castrette di Villorba.
L’essor du bitcoin préoccupe les banques centrales
La popularité retrouvée d'un bitcoin, qui vient de franchir la barre des 100.000 dollars réjouit la cryptosphère. Mais, au sein des grandes banques centrales, le coeur est beaucoup moins à la fête. Même si cette menace semble encore très éloignée, elles redoutent que les cryptoactifs ne viennent concurrencer leurs propres monnaies. Au risque de porter atteinte à la stabilité monétaire dont elles sont les garantes. « Depuis quelques semaines, et particulièrement depuis l'élection de Donald Trump qui a fait bondir le bitcoin, on sent une plus grande fébrilité, souligne une bonne connaisseuse de l'univers des banques centrales. Cela pourrait même pousser la Banque centrale européenne (BCE) à accélérer ses travaux sur l'euro numérique. » Moyen de paiement alternatif Les inquiétudes des grands instituts d'émissions portent d'abord sur le risque de voir les cryptos s'imposer comme un moyen de paiement alternatif. Cet usage pourrait se démocratiser auprès du grand public. La chaîne de grands magasins Printemps accepte désormais les règlements en bitcoin. Cela pourrait créer un engouement nouveau, avec le risque que la volatilité inhérente aux cryptos classiques affecte la valeur des portefeuilles dédiés des particuliers. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - A plus de 100.000 dollars, le bitcoin confirme sa percée vers les sommets DECRYPTAGE - Le bitcoin doit aux ETF son extraordinaire envolée Dans le domaine des entreprises, la récente expérience du géant des paiements numériques PayPal a déclenché un signal d'alarme. Ce dernier possède sa propre crypto stable (stablecoin en anglais), le PYUSD, qui est adossé au dollar. Et il l'a utilisée pour régler une facture au cabinet comptable EY. Jusqu'à présent les paiements interentreprises en cryptomonnaies étaient plutôt réservés aux entreprises du secteur. Elles pourraient se multiplier. Coinbase affirme ainsi être contacté par un nombre croissant de sociétés appartenant au classement Fortune 500 pour expérimenter des paiements en crypto. Perte de surveillance Si cet usage devenait plus répandu, de nombreux paiements échapperaient au système bancaire, et donc à la surveillance des banques centrales qui les supervisent. Avec à la clé, estiment les banquiers centraux, un risque accru en termes de défaut de contrepartie, d'opacité et de solidité des intermédiaires. D'où l'émergence de projets plus ou moins aboutis de monnaie numérique de banque centrale pour les paiements. La Chine teste depuis 2020 son yuan électronique, le e-CNY, avec des volumes en constante croissance. La BCE semble de son côté de plus en plus décidée à lancer son euro numérique, même si celui-ci ne sera probablement pas disponible avant 2028. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Etats-Unis : Donald Trump désigne le pro-crypto Paul Atkins pour reprendre en main le gendarme de Wall Street Mais un autre risque, encore plus systémique, inquiète les grands instituts d'émission. Celui-ci est lié à la tokenisation de la chaîne des transactions financières. L'idée est d'utiliser la technologie de la blockchain pour toutes les étapes de création d'un titre financier, une obligation par exemple, depuis son émission jusqu'au règlement-livraison, c'est-à-dire le paiement et le transfert de propriété. Cette évolution aurait le mérite d'accélérer le processus en assurant la sécurité des opérations. Toutefois, à l'heure actuelle, la phase de règlement-livraison n'est pas aussi solide que pour les transactions physiques. Classiquement, ces opérations entre établissements dépositaires des titres se concluent en monnaie de banque centrale. C'est-à-dire, en Europe, avec leurs fonds conservés par la BCE qui offrent une sûreté plus forte que les sommes qu'elles ont simplement à leur bilan. Sécurité des transactions financières Or, il n'y a pas d'équivalent de cette monnaie de banque centrale dans l'univers des cryptos. Ce qui freine actuellement la démarche de tokenisation. Certes, les stablecoins pourraient représenter une solution, puisque la valeur de ces jetons est censée être arrimés à celle d'une grande devise « fiat » comme le dollar. Mais leur solidité est égale à celle de la société qui les émet. Bien loin de celle d'une banque centrale. Faute d'une alternative convaincante disponible suffisamment rapidement, certains acteurs de marchés pourraient tout de même être tentés d'utiliser les cryptos stables, avec tous les dangers que cela comporte. La BCE a donc lancé un projet pilote sur la tokenisation des transactions financières, afin de fournir une solution aussi sûre que pour les opérations physiques. La Banque de France est particulièrement en pointe dans cette initiative, avec une chaîne d'opérations entièrement numérique grâce à une monnaie numérique de banque centrale de gros utilisée pour le règlement livraison. Plusieurs tests ont jusqu'ici validé ce dispositif. Le conseil des gouverneurs de la BCE doit décider de se lancer, ou non, dans une phase plus dynamique en 2025.
A plus de 100.000 dollars, le bitcoin confirme sa percée vers les sommets
2024, année de tous les records pour le bitcoin et les cryptos. Un mois après l'élection de Donald Trump, le bitcoin (BTC) vient de franchir les 100.000 dollars, à près de 104.000 dollars (98.000 euros). Après avoir frôlé ce cap symbolique des 100.000 dollars il y a dix jours, le bitcoin a profité ces dernières heures de la désignation par Donald Trump de l'avocat républicain pro-crypto Paul Atkins pour devenir le nouveau patron de la SEC (Securities and Exchange Commission), le régulateur des marchés financiers. Il aura fallu à peu près autant de temps au bitcoin - plus de sept ans - pour grimper de 1 à 1.000 dollars, et pour s'envoler de 10.000 (décembre 2017) à 100.000 dollars. Il lui avait en revanche suffi de dix mois en 2017 pour avancer, à pas de géant, de 1.000 à 10.000 dollars. La leader des cryptos vaut désormais le quart du prix d'une maison aux Etats-Unis, estimé autour de 400.000 dollars par la Réserve fédérale. Le bitcoin vaut plus qu'un kilo d'or, qui se traite autour de 85.000 dollars. En 2016, après l'élection surprise de Donald Trump, le bitcoin avait bondi de 50 % en trois mois. Il avait alors atteint un premier seuil psychologique à 1.000 dollars. Mais, à l'époque, le nouveau président n'était guère intéressé par les cryptos. Le bitcoin n'était pas un enjeu électoral ni un objet de discorde, comme aujourd'hui, entre démocrates et républicains. Jugée anecdotique ou condamnée à disparaître à terme, la crypto ne faisait de l'ombre à personne. Huit années plus tard et presque autant de crises, la victoire du républicain a offert une nouvelle échappée solitaire à la leader des cryptos. Elle s'est effectuée dans des volumes très élevés, que ce soit sur le marché au comptant ou sur les dérivés, constate Kaiko Research. Les traders sur options n'excluent pas une poussée jusque vers 120.000 dollars. Avec l'ether, le bitcoin est dans le peloton de tête des progressions depuis la victoire de Donald Trump, qui veut réconcilier l'Amérique avec les cryptos. Cette année, le bitcoin gagne 144 %, derrière le dogecoin (390%), ripple (291%) et TRON (207%). C'est la quatrième crypto la plus performante du Top 10 en 2024. L'autorisation d'ETF sur les cryptos, ces fonds cotés en Bourse à Wall Street (New York Stock Exchange et Nasdaq), a surtout profité au bitcoin. Ce sont les souscriptions massives dans ces instruments, après la victoire de Trump, qui ont contribué à son ascension fulgurante. Wall Street, tout autant que les plateformes de crypto américaines comme Coinbase, est devenu le marché directeur du bitcoin. C'est lui qui donne le ton à toute la cryptoplanète, alors que c'était l'Asie aux débuts de l'ère des nouvelles monnaies virtuelles. La conquête des 100.000 dollars Dernier cadeau des démocrates Le secteur des cryptos espère que les Etats-Unis vont redevenir, sous Trump, la patrie de la prise de risque décomplexée et de la dérégulation. Il a versé 135 millions de dollars à la campagne du républicain et en espère un retour sur investissement : un environnement réglementaire propice au développement et à la poursuite de la démocratisation de l'investissement en bitcoin. Mais, un dernier « cadeau » de l'administration démocrate pourrait mettre un terme provisoire à cette cryptoeuphorie. Si le département de la Justice décidait, avant la passation de pouvoir au camp républicain, d'inculper le géant Tether, leader des cryptos stables (ou stablecoins), le marché pourrait connaître, à nouveau, de violentes secousses. Comme les autres actifs (actions, obligations, or), les cryptos devraient au moins profiter d'un environnement monétaire plus favorable et de liquidités plus abondantes. « La récente baisse des taux de 25 points de base de la Réserve fédérale constitue un environnement favorable pour les cryptos. La préférence de Donald Trump pour les taux bas […] renforce l'attrait du bitcoin », estime Marion Labouré, analyste spécialisée sur les cryptos à la Deutsche Bank. Comme Musk l'a fait par le passé, Donald Trump veut faire bouger les lignes sur le bitcoin. Parmi les membres de sa nouvelle équipe, la plupart ont déjà investi sur les cryptos, selon leurs déclarations de patrimoine. Aucun n'est idéologiquement hostile au bitcoin. Un conseil des actifs cryptos et numériques, regroupant les principales firmes du secteur, devrait être créé à la Maison-Blanche. Un signe de plus de la bonne volonté des républicains à l'égard des cryptos et du changement de cap à 180 degrés par rapport aux démocrates.