Greener Is Getting Going
From wildfires in Canada to flooding in India, people across the world are dealing with the realities of climate change. The world recorded its highest temperatures ever this summer and the climate models for 2100 make sobering reading. To tackle climate change we need a data-driven approach, using technology to help decarbonize the sectors that contribute to it. The transportation sector is the largest contributor to climate change in the US and Europe. Simply put, travel is in need of a long-overdue update. The good news is that, in 2024, we will kickstart that much needed moment for green mobility. The International Energy Agency estimates 55 percent of the reductions needed to cut all greenhouse gas emissions by 2050 are linked to everyday consumer choices, particularly driving. Over two-thirds of consumers cite the lack of electric charging stations as the biggest barrier to buying electric vehicles (EVs). However, new legislation, such as the European Green Deal and universal EV charging standards in the US, will help to put new chargers on the road. READ MORE This story is from the WIRED World in 2024, our annual trends briefing. Read more stories from the series here—or download a copy of the magazine. The infrastructure is growing, but the information is still catching up. That’s why, to empower drivers with the information they need, Google has updated its Search experience to make it easier to research the costs and incentives associated with EVs. Google Maps also shows nearby EV chargers and offers eco-friendly routing—providing directions optimized for fuel or battery efficiency. In 2024, drivers will not only be able to more easily purchase an electric vehicle, they will be able to more easily charge them. The theory is simple: When billions of people have the tools to make more informed decisions, meaningful change is possible. The impact of individuals grows exponentially when coupled with systemic investments by government officials and business leaders. We all know the feeling of impatience when waiting for the light to turn green. It’s not just an inconvenience, it’s bad for the environment—US Department of Energy data suggests that eliminating idling vehicles is equivalent to taking 5 million cars off American roads. In partnership with local governments, Google (where I am the chief sustainability officer) recently expanded Project Green Light—which leverages AI to improve traffic light efficiency—to 12 cities around the world. Early results show there’s potential to reduce the number of vehicle stops by up to 30 percent, lowering emissions for up to 30 million car trips monthly. Yet, we cannot focus exclusively on cars—providing sustainable public transport is also vital. Nowhere is the value clearer than in Japan, a leader in high-speed rail. One passenger traveling between Tokyo and Osaka emits 4.2 kilograms of carbon dioxide—one-twelfth the emissions of a passenger on a Tokyo-Osaka flight. That's why it's so important for people to have information on alternative, climate-friendly modes of transport at their fingertips—including comparable train routes, biking, and walking suggestions. This also illustrates the potential impact of projects like the Brightline train, designed to connect Los Angeles and Las Vegas by electric, high-speed rail. ADVERTISEMENT Along with opportunities on roads and rails, in 2024 we will make progress on our skies. Aviation is responsible for 3.5 percent of global warming—35 percent of which is non-emissions related. The culprit? Contrails—the feathery white trails created by airplanes. They may look harmless, but they trap heat inside the Earth’s atmosphere. Using AI-based technology, Google partnered with American Airlines and Breakthrough Energy to reduce contrails by 54 percent—achieving the first proof point of verifiable and cost-effective contrail avoidance. Delta Airlines, Massachusetts Institute of Technology, and others are also working to tackle the issue. In 2024, clean mobility will move closer to the norm across transportation, not the exception.
Atacadao, l’arme anti-inflation brésilienne que Carrefour dégaine en France
L'inventeur de l'hypermarché innove. Carrefour a inauguré ce jeudi matin à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, en lieu et place d'un hypermarché Carrefour, son premier Atacadao français, un concept importé du Brésil inédit dans l'Hexagone. Depuis le développement du drive dans les années 2010, puis celui de la livraison à domicile, le groupe de distribution dirigé par Alexandre Bompard n'avait pas révolutionné son métier. Atacadao constitue une vraie nouveauté. « Carrefour est un groupe qui prend des risques. Nous avons décidé de lancer cette expérience lorsque l'hyperinflation a touché le marché de l'alimentaire », a déclaré le PDG de Carrefour lors de l'inauguration. Le magasin pionnier situé dans le centre commercial O'Parinor est exploité par le groupe marocain LabelVie qui exploite 13 Atacadao en franchise au Maroc et a repris quelques hypers Carrefour en location-gérance en France. Atacadao signifie « grossiste » en portugais. L'enseigne est accessible à la fois aux particuliers et aux professionnels. C'est une sorte de mélange entre un cash-and-carry type Metro et un hypermarché. Carrefour a racheté l'enseigne au Brésil en 2007 et l'a développé jusqu'à en faire son format phare dans le pays continent avec 366 unités. Magasin entrepôt Le premier Atacadao tricolore reprend les codes de son inspirateur brésilien, ceux du magasin entrepôt. Les stocks sont rangés en hauteur sur des grandes étagères au-dessus des rayons. Les produits sont dans leur carton et un espace promotionnel présente même des palettes de colis. Les livraisons par camions entiers sont effectuées en direct depuis chez le fournisseur, sans passer par des entrepôts. Une source d'économie. LIRE AUSSI : Analyse : Carrefour acte le déclassement de la société française L'ancien hyper Carrefour dans lequel s'est installé le nouveau concept a été profondément modifié. Ses fondations ont été renforcées pour supporter le poids des stocks. L'espace de vente a été ramené de 15.000 à 9.000 mètres carrés de façon à agrandir les réserves. Selon nos informations, 10 millions d'euros ont été investis. « Dans un magasin qui vend des gros volumes à des professionnels, il faut beaucoup de stocks », explique Noël Prioux, ancien patron de Carrefour Brésil et directeur exécutif chargé du projet Atacadao en France. 3.000 mètres carrés ont tout de même été rendus à la galerie commerciale attenante. LES CHIFFRES CLÉS 14.000 références à comparer aux 40.000 proposées par un hyper traditionnel. Il faut dire que le choix est plus restreint que celui d'un hypermarché : 14.000 références (jusqu'à 20.000 avec certains produits saisonniers) quand un hyper monte à 40.000. Pour autant, il ne s'agit pas d'un magasin de hard-discount comme Aldi, qui ne vend que ses articles ou presque. Les marques propres Carrefour sont au nombre de 3.000, le reste est composé de grandes marques et de marques de PME. Il y a des nouveautés comme les boissons naturelles pour enfants Vitago ou Kato (une marque coréenne). Les conditionnements peuvent être gros (un pot de 10 kilos de mayonnaise, par exemple) pour plaire aux professionnels, mais des volumes plus petits sont disponibles et tout peut être acheté à l'unité. Jusqu'à 8 % de réduction pour les professionnels Le premier Atacadao compte réaliser entre 20 % et 30 % de son chiffre d'affaires (plus de 70 millions d'euros annuels et plus que le chiffre de l'ancien hyper) avec des restaurateurs, des tenanciers de supérettes indépendantes, des associations, des entreprises classiques. En fonction de leurs quantités d'achats, ils bénéficient de prix dégressifs avec 4 % à 8 % de réduction. « Le nombre de professionnels susceptibles d'être intéressés est un critère de choix de la zone d'implantation », explique Noël Prioux. LIRE AUSSI : Les secrets de la réussite d'Atacadao, le rouleau compresseur de Carrefour au Brésil Pour doper la fréquentation, les produits non alimentaires saisonniers (la papeterie pour la rentrée des classes, par exemple) sont présents sous forme d'arrivages. Quand un lot est terminé, la vente est finie. Idem pour les articles d'hygiène-beauté, à la façon du néerlandais Action. Un peu d'art de la table et d'instruments de cuisine est proposé en permanence. Les prix sont bas parce que nous ferons peu de promotions et pas de publicité. Mais la grande nouveauté de l'assortiment tient aux produits internationaux et exotiques : asiatiques (chinois, japonais, coréens), orientaux, africains, etc. Les marques présentes ne se retrouvent pas dans les supermarchés traditionnels. La zone de chalandise d'Aulnay-sous-Bois a été choisie parce que les populations qui l'occupent sont d'origines diverses, avec notamment beaucoup d'Asiatiques. La part belle est faite aux fruits et légumes, variés eux aussi. Une boucherie et une boulangerie complètent le tout. Bouche à oreille « Les couleurs sont chatoyantes. Les prix sont bas parce que nous ferons peu de promotions et pas de publicité. Nous comptons sur le bouche-à-oreille pour attirer depuis bien au-delà de notre zone de chalandise naturelle. Ce n'est pas un magasin paupérisé. C'est un magasin qui fait envie et au Brésil, nous constatons que les classes aisées y viennent beaucoup. L'idée est de donner du plaisir », résume Noël Prioux. A titre d'exemple, la côte de boeuf est à 18,50 euros le kilo et un paquet de 500 grammes de penne rigate Barilla vaut 0,98 euro quand un Carrefour City le vend 1,55 euro. A Sevran, à côté d'Aulnay-sous-Bois, les élus avaient refusé d'accueillir Atacadao en lieu et place de leur Carrefour. Ils craignaient un sentiment de déclassement dans la population. Le maire d'Aulnay-sous-Bois, le LR Bruno Beschizza y voit, lui, « un gain pour le pouvoir d'achat » de ses concitoyens. Carrefour se donne six à huit mois pour tirer un premier bilan de son premier Atacadao français. D'ores et déjà d'autres zones d'implantation ont été identifiées. Dans le Nord notamment.
Taxis volants : Volocopter obtient le feu vert pour des expérimentations à Paris
Volocopter a de l’avance dans son retard. L’entreprise allemande, qui veut être la première au monde à commercialiser des vols en eVTOL (aéronef à décollage et atterrissage verticaux électrique), nous confiait il y a quelques semaines que ses taxis volants ne transporteraient pas les athlètes lors des Jeux olympiques et paralympiques, faute d’avoir obtenu les certifications nécessaires. Néanmoins, elle espérait obtenir une autorisation courant de l’été pour réaliser ses premiers vols d’expérimentation dans le ciel de Paris. Volocopter a finalement obtenu le feu vert du ministre des Transports, Patrice Vergriete, il y a quelques jours pour mener ces expérimentations, à la veille des JO. Démontrer le potentiel technique et commercial Ces premiers vols de pré-certification vont permettre de démontrer le potentiel technique et commercial de Volocity, le taxi volant développé par Volocopter. Electrique et peu bruyant (67 décibels à l’atterrissage, l’équivalent du bruit d’une tondeuse), il pourra voler à une vitesse de 80 km/h. Il est équipé de 18 moteurs électriques et de 9 batteries rechargeables (de 30 kilos chacune), situées à l’arrière de l’appareil. Il peut transporter deux personnes (le pilote et un passager). Après ces tests, Volocopter pourrait décrocher les certifications nécessaires auprès de l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne (EASA) et de la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) afin de voler au-dessus des zones habitées. La prochaine étape serait alors la commercialisation. Dirk Hoke, CEO de Volocopter, espère qu’elle commencera d’ici la fin de l’année. L’entreprise serait alors la première au monde à pouvoir commercialiser des vols en eVTOL. 5 vertiports en région parisienne 5 vertiports vont pouvoir accueillir des passagers en région parisienne : à Roissy, Issy-les-Moulineaux, à Saint Cyr l’École, à Pontoise et bientôt sur les berges de la gare d’Austerlitz. Ce dernier sera temporaire et sera démonté d’ici la fin de l’année. L’entreprise SITA, qui fournit des solutions technologiques dans le domaine aéronautique, planche actuellement sur l’expérience client délivrée dans les vertiports. « Les passagers ne voudront pas attendre aussi longtemps que dans un aéroport pour monter à bord. Il va donc falloir que la vérification des bagages et de leur identité soit réalisée en moins de 5 minutes », nous explique Sergio Colella, Président de SITA Europe. Cette expérience simplifiée sera possible grâce à l’usage de la biométrie notamment.
« La sobriété heureuse » : l’étonnant plaidoyer du patron de FNAC Darty
l ne faut pas se fier aux apparences. Enrique Martinez illustre l'adage. Son physique massif de deuxième ligne de rugby des années 1970 cache un ancien basketteur de haut niveau. Sa voix douce et son ton mesuré camouflent une détermination de fer et des convictions que bien d'autres crieraient sur tous les toits. Le directeur général de FNAC Darty les habille de démonstration, d'arguments et les couche sur le papier. Ses idées n'en résonnent pas moins fort dans le petit monde de la consommation. Celui qui a succédé à Alexandre Bompard à la tête du distributeur en 2017 s'est fait un nom, désormais devenu une signature depuis la publication de « Et si on consommait mieux » aux Editions de l'Observatoire, ouvrage dans lequel il revendique de bousculer les codes du consumérisme. Un paradoxe pour quelqu'un qui a suivi un parcours très classique dans la distribution, un métier où le chiffre et la croissance restent l'alpha et l'oméga. Il n'en est pas moins, parmi les distributeurs, celui qui a pris les positions les plus radicales en matière de commerce durable. Parcours classique de distributeur L'Espagnol, qui a forgé la rampe de son ascension dans les FNAC du Portugal, s'est bien intégré au sein du patronat français. La promotion de ce directeur opérationnel pour remplacer Alexandre Bompard, chouchou de l'establishment, avait surpris à l'époque. Enrique Martinez le justifie avec malice : « Au fond, le profil d'Alexandre était plus atypique que le mien dans la distribution. » Il est vrai que celui qui a pris la présidence de Carrefour venait des médias : Europe 1 et Canal+. Aujourd'hui, Thierry Cotillard, le président d'Intermarché, l'invite à son anniversaire. Alexandre Bompard salue « une très grande capacité d'analyse et son sens managérial ». A l'opéra, dont il est un abonné studieux, il côtoie le gratin du CAC 40. LIRE AUSSI : EN CHIFFRES - FNAC Darty de plus en plus porté par les services Enrique Martinez Ballesteros, de son nom complet, est un pur « retailer » : école de commerce de Madrid, boulot d'été chez Toys'R'Us, puis embauché dans une grande surface de jouets de Grenade comme responsable de département avant d'être nommé directeur de magasin au Portugal. C'est sur les rives du Douro qu'il est chassé pour le lancement de la FNAC au pays de la révolution des OEillets. Premier point de vente à Lisbonne en 1998 dans le centre commercial Colombo (un succès qui dépasse trois fois les prévisions de ventes), suivi rapidement de six autres. En 2004, Denis Olivennes, alors PDG de l'enseigne culturelle, le nomme directeur général de la filiale, puis de la région Espagne-Portugal. En 2010, il passe au Brésil. Alexandre Bompard, arrivé en 2011, lui confie ensuite la France, la Belgique et la Suisse. « La fusion avec Darty, j'étais pour. Nous étions trop petits pour négocier avec les géants de la tech », se souvient-il. Cela tombe bien : il sera chargé en 2016 de l'intégration de la maison au contrat de confiance dans l'univers du premier libraire de France. « Sobriété heureuse » Au départ de son PDG vers Carrefour, la transition se fait naturellement. Seul accroc à sa nouvelle tunique de chef : le conseil du groupe, désormais coté en Bourse, sépare la présidence de la direction générale. En France, le statut de PDG reste un privilège dont seule l'aristocratie des grandes écoles peut se prévaloir. Alexandre Bompard est énarque. Jacques Veyrat, X 1983, lui succède au poste de président de FNAC Darty, dans un rôle toutefois non exécutif. LIRE AUSSI : ENQUÊTE - Et si on se mettait tous à la sobriété environnementale ? ENQUÊTE - High-tech : et si l'avenir était à la low-tech ? C'est donc fort de son expérience de vendeur que l'homme aux trois pays - l'Espagne où il est né, le Portugal où il a épousé sa première femme qui lui a donné deux fils et la France où il prospère aux côtés de sa seconde épouse et de ses deux petits derniers - interroge le consumérisme à l'aune du changement climatique. « Ecrire un livre sur la consommation durable. La démarche peut sembler surprenante de la part d'un commerçant censé vendre le plus d'articles possible au plus grand nombre », reconnaît-il à la première page de son manifeste en faveur « d'un nouveau modèle écologique et vertueux ». La dédramatisation de l'acte d'achat a perverti nos habitudes. Enrique Martinez Directeur général de FNAC Darty Sensibilisé par Al Gore, convoquant tous les prophètes de l'écologie, de l'Ademe au sociologue Gilles Lipovetsky en passant par Pierre Rabhi, il dénonce « la stimulation perpétuelle des besoins de la consommation de masse issue des années 1970 » et lui préfère « la sobriété heureuse ». Le directeur général de FNAC Darty propose une troisième voie entre l'hyperconsommation et la déconsommation. Il donne en exemple son entreprise, qui pousse les fabricants à conserver des pièces de rechange et qui a fait de la réparation un axe stratégique avec 2,5 millions d'intervention par an et un abonnement Darty Max qui a dépassé le million d'abonnés. Les combats de la FNAC « A l'origine, les combats de la FNAC concernaient l'accès à la technologie, à la culture […]. Aujourd'hui, notre mission est de guider nos compatriotes vers une consommation plus écologique et plus engagée », écrit-il. Tel un prophète vert, Enrique Martinez va loin, jusqu'à imaginer des quotas carbone pour les consommateurs. « Chacun se verrait attribuer une quantité précise de carbone à utiliser sur plusieurs années. La quantité allouée diminuerait selon l'intensité de la consommation. Les consommateurs qui verraient leur niveau de carbone baisser trop vite auraient alors intérêt à faire des achats utiles, à réparer plutôt que jeter », imagine-t-il. « Les consommateurs les plus vertueux se verraient attribuer un bonus et, par la suite, nous pourrions imaginer une bourse entre particuliers où les plus économes en carbone pourraient en revendre aux plus dépensiers », ajoute-t-il, avant de conclure le chapitre : « Le bilan personnel écologique pourrait même se retrouver sur la feuille d'impôt. » Au passage, le patron de FNAC Darty tacle le géant Amazon, pionnier de l'e-commerce, de la commande 24 heures sur 24 depuis son canapé, de la livraison illimitée quasi gratuite et champion du retour immédiat en cas de non-satisfaction. « Cette dédramatisation de l'acte d'achat a perverti nos habitudes », estime-t-il, même si les différences avec les services proposés par sa propre enseigne ne sautent pas aux yeux. La consommation sobre et vertueuse n'est pas si facile à mettre en oeuvre dans une industrie de l'offre comme le livre. Antoine Gallimard Président des éditions Gallimard Enrique Martinez croit en l'action du politique. Il compte sur l'Etat et l'Union européenne dans sa croisade vers la frugalité. Il soutient l'exception culturelle française, le prix unique du livre de Jack Lang et le bonus réparation des doublures et des semelles du gouvernement Attal. Il prône une taxe carbone aux frontières. Adepte du « volontarisme » et de « l'autodiscipline », ses idées cumulent des contraintes qui l'amènent au bord de ce que certains qualifient d'écologie « punitive ». L'occasion Tout sauf naïf, il reconnaît que la consommation sobre qui consiste à acheter moins mais des produits de meilleure qualité à un coût plus élevé pose un problème social. Il recherche un juste équilibre des prix, mais concède que « les consommateurs les plus aisés pourront, eux, accepter de payer plus cher pour des appareils dernier cri ». Bien sûr, il préfère l'usage à la propriété, l'abonnement perpétuel à la transmission d'un bien que l'on possède. « Rêveur », de ses propres termes, il défend une « ascèse » qui « exclut les achats plaisir » et fait « oublier les folies du passé ». « Revenir à des fondamentaux », s'exclame-t-il, en regrettant « le monde stable que décrivait Stefan Zweig dans 'Le Monde d'hier' ». Un monde dont il ne rappelle pas qu'il était d'abord un monde de rentiers… LIRE AUSSI : TRIBUNE - La consommation responsable a toujours de l'avenir CHRONIQUE - Responsabiliser les consommateurs Il veut quitter la mondialisation et revenir au local et à la proximité. Une aporie apparente pour un vendeur d'iPhone conçus aux Etats-Unis, fabriqués en Chine et renouvelés souvent tous les ans. « Un commerçant qui contribue à restreindre les ventes », cela surprend, avoue le patron de FNAC Darty. Pour autant, l'homme d'affaires n'est pas fou et n'entend pas sacrifier son entreprise sur l'autel du mieux-consommer. « Nous avons longtemps sous-estimé la capacité des consommateurs à adopter de nouveaux comportements », insiste-t-il avec raison, citant pêle-mêle les exemples de la pratique du vélo à Paris, des succès de Vinted, le spécialiste des vêtements d'occasion, et de Back Market, le site de smartphones reconditionnés. « Vendre moins » Réparation, service après-vente, pression sur les marques pour qu'elles fournissent des pièces détachées, conseil en magasin comme en ligne : l'objectif d'Enrique Martinez est de faire pivoter le modèle de FNAC Darty vers « un leader des services d'assistance à la maison ». Il y a Darty Max mais aussi l'abonnement FNAC Vie Digitale, qui protège la pratique informatique. L'Espagnol sait que la FNAC vit depuis des années sur des marchés en déclin structurel. Les ventes de musique, malgré le regain du vinyle, sont à peine revenues à leur niveau de 2011. Les clés de sol ont pris la clé des champs numériques de Spotify et Deezer. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Comment la seconde main est passée du phénomène de mode à la tendance lourde « La consommation est compliquée », approuve Jacques Veyrat, qui soutient l'ambition volontariste de « changer la nature des revenus du groupe ». Le milliardaire qui a créé le fonds Impala pour investir dans l'énergie propre se pose en « grand fan » d'Enrique Martinez. A propos du tournant vers la durabilité, il affiche son soutien, même quand on souligne l'incongruité pour un distributeur de vouloir vendre moins : « On est la FNAC, en avance sur la société. Sur le long terme, cela signifie quelque chose même si c'est une promesse qui n'est pas encore quantifiable. » « Darty Max est au coeur de la stratégie. Ça a de la valeur. Tout le conseil est derrière Enrique », conclut-il, tout en ajoutant un bémol au sujet de la décroissance : « On ne peut tout de même pas s'affranchir des règles de base du capitalisme. » « C'est un homme de conviction, à la fois engagé et ouvert, qui se bat contre les idées dogmatiques. Et un dirigeant qui sait écouter et décider », commente pour sa part Antoine Gallimard, le grand éditeur dont la FNAC est le premier vendeur en France. « La consommation sobre et vertueuse n'est pas si facile à mettre en oeuvre dans une industrie de l'offre comme le livre », reconnaît Antoine Gallimard. « Cependant nous n'avons pas le choix, il faut poursuivre nos efforts ensemble dans ce domaine », poursuit-il, soulignant que ses maisons d'édition ajustent les tirages au plus près pour éviter les retours, impriment sur du papier issu de forêts gérées durablement et développent des technologies d'impression numériques qui permettent de petits tirages à la demande. « Mais pour le groupe FNAC Darty, un des premiers employeurs en France, il fallait oser assumer le choix de devenir le leader pour le recyclage et la réparation des produits techniques ou informatiques », admet-il. L'Espagnol Enrique Martinez a osé. L'avenir dira s'il aura été le Don Quichotte du durable ou à l'inverse le Cortés, défricheur d'un nouveau monde commercial.
Amazon-Powered AI Cameras Used to Detect Emotions of Unwitting UK Train Passengers
Thousands of people catching trains in the United Kingdom likely had their faces scanned by Amazon software as part of widespread artificial intelligence trials, new documents reveal. The image recognition system was used to predict travelers’ age, gender, and potential emotions—with the suggestion that the data could be used in advertising systems in the future. During the past two years, eight train stations around the UK—including large stations such as London’s Euston and Waterloo, Manchester Piccadilly, and other smaller stations—have tested AI surveillance technology with CCTV cameras with the aim of alerting staff to safety incidents and potentially reducing certain types of crime. The extensive trials, overseen by rail infrastructure body Network Rail, have used object recognition—a type of machine learning that can identify items in videofeeds—to detect people trespassing on tracks, monitor and predict platform overcrowding, identify antisocial behavior (“running, shouting, skateboarding, smoking”), and spot potential bike thieves. Separate trials have used wireless sensors to detect slippery floors, full bins, and drains that may overflow. The scope of the AI trials, elements of which have previously been reported, was revealed in a cache of documents obtained in response to a freedom of information request by civil liberties group Big Brother Watch. “The rollout and normalization of AI surveillance in these public spaces, without much consultation and conversation, is quite a concerning step,” says Jake Hurfurt, the head of research and investigations at the group. The AI trials used a combination of “smart” CCTV cameras that can detect objects or movements from images they capture and older cameras that have their videofeeds connected to cloud-based analysis. Between five and seven cameras or sensors were included at each station, note the documents, which are dated from April 2023. One spreadsheet lists 50 possible AI use cases, although not all of these appear to have been used in the tests. One station, London Euston, was due to trial a “suicide risk” detection system, but the documents say the camera failed and staff did not see need to replace it due to the station being a “terminus” station. Hurfurt says the most “concerning” element of the trials focused on “passenger demographics.” According to the documents, this setup could use images from the cameras to produce a “statistical analysis of age range and male/female demographics,” and is also able to “analyze for emotion” such as “happy, sad, and angry.”
3D, IA générative : les start-up transforment la création de contenus visuels pour l’e-commerce
C'est une idée aussi ancienne que le commerce. Un produit élégamment mis en valeur crée du désir et a davantage de chance d'être acheté. Omi, un studio virtuel qui facilite la création de visuels (photos et vidéos), l'a bien compris. Née en 2020, la jeune pousse a développé des outils mêlants 3D et IA générative qui aident à modéliser un article (parfum, high-tech, vêtement, meuble, etc.), le mettre en scène avec de multiples habillages et accessoires, et le visualiser à 360 degrés. « Nous voulons que la création de contenus soit de nouveau un plaisir et pas une galère, comme c'est le cas actuellement », lance Hugo Borensztein, un ancien de Meta qui a fondé Omi avec son frère Paul, un ingénieur passé, lui, par Zenly et PayFit. La start-up veut aider à concevoir davantage de visuels et à les diffuser sur de multiples canaux (site Internet, réseaux sociaux…). Et ce, à moindre coût par rapport aux séances traditionnelles de shooting, argue-t-elle. Ebullition technologique Omi ne communique pas sur ses revenus. Mais la jeune pousse assure générer « plusieurs millions d'euros d'ARR » (revenus récurrents annuels), l'indicateur économique phare dans le logiciel. Une traction qui a poussé son investisseur Dawn Capital à « préempter » un tour de table de 13 millions d'euros, affirme Hugo Borensztein. « Nous avions prévu un financement en 2025 à l'origine », précise le dirigeant. Founders Future et Paul Robson, ancien président international d'Adobe, ont aussi participé à l'opération. LIRE AUSSI : Photoroom, la start-up française d'IA qui flambe dans la retouche de photos Le marché de la création de contenus visuels est en ébullition. Photoroom, une start-up d'IA générative fondée par des Français passés par le Y Combinator, en est l'une des plus célèbres et revendique « 30 millions d'utilisateurs actifs », précise son fondateur Matthieu Rouif. La jeune pousse a levé 43 millions de dollars en 2024 sur une valorisation d'environ 500 millions. Elle touche aussi bien les particuliers qui revendent des produits sur des plateformes comme Vinted que des petites entreprises qui se développent en ligne. Un concurrent sérieux pour Omi ? « Nous sommes plutôt sur le haut du marché », réplique Hugo Borensztein, qui revendique « plus de 500 clients », parmi lesquels des marques comme Clarins, Nestlé et Fauchon. Sa société travaille avec leurs équipes marketing qui cherchent un rendu haut de gamme grâce à la 3D. A l'inverse, Photoroom a un côté plus instantané, voire ludique - la jeune pousse a développé, par exemple, des solutions pour les fans du film « Barbie » et ceux de Taylor Swift. Accélérer aux Etats-Unis De son côté, AniML a lancé récemment Doly, une application qui permet de créer des vidéos en 3D de produits en quelques clics. Cette start-up, qui a levé 2 millions de dollars en 2023, a noué un partenariat avec l'Inria pour concevoir une technologie qui a fait sensation dans le petit monde de l'IA (« Gaussian Splatting »). « Nous avons été les premiers à les contacter », avance Rémi Rousseau, cofondateur d'AniML. LIRE AUSSI : French Tech : ces start-up d'IA qui veulent « sublimer le génie créatif » des artistes Les vidéos créent souvent plus d'engagement que les photos sur Internet. Cela n'a pas échappé à Photoroom qui, de l'aveu de son patron, planche sur le sujet avec ses équipes. Omi fait de la vidéo depuis ses débuts mais veut accélérer dans le domaine. « Nous venons d'annoncer une fonctionnalité 'generative video'. Cela permet de générer automatiquement des vidéos des produits. Vous pouvez, par exemple, placer un objet sur une plage et faire en sorte qu'un oiseau passe au-dessus dans le ciel », explique le dirigeant. Pour toutes ces start-up, une course de vitesse est engagée car les évolutions technologiques avancent vite et la concurrence s'aiguise. « Nous voyons plein de petits qui naissent partout. Nous voulons donc maintenir notre avance commerciale et produit », commente Hugo Borensztein. Omi compte notamment sur son financement pour se lancer en 2024 aux Etats-Unis, un pays qui est en pointe dans l'IA générative et la 3D et où se bâtissent les champions mondiaux du logiciel.
Avec sa nouvelle IA, Gojob peut remplacer l’équivalent de 130 agences d’intérim
L'intelligence artificielle ne date pas d'hier. Les entreprises de la tech l'ont depuis bien longtemps incorporé à leurs outils internes ou leurs produits. C'est le cas de Gojob. Fondée en 2015, cette start-up développe depuis plusieurs années une plateforme d'IA qui met en relation les candidats intérimaires et les entreprises. « Pour nous, il y a clairement un avant et un après IA générative », lâche Pascal Lorne, PDG de la jeune société, qui dévoile aux « Echos » son nouvel assistant IA. Baptisé « Gojob Aglaé », il effectue l'équivalent du travail de… 200 recruteurs, soit 130 agences d'intérim traditionnelles, selon le dirigeant. Concrètement, cette IA permet aux recruteurs de préqualifier des candidats (disponibilité, compétences…), ce qui leur évite d'effectuer des recherches manuelles et de passer des dizaines d'appels. « Elle trouve le bon candidat et le recruteur n'a plus qu'à passer 30 minutes avec lui au téléphone », explique Pascal Lorne. Surtout, cet assistant fonctionne 24 h/24 et 7 j/7, alors que les agences d'intérim traditionnelles dépendent d'horaires classiques. OpenAI et Mistral AI derrière Pour créer Gojob Aglaé, la start-up a bâti deux briques technologiques : un algorithme propriétaire qui fait du « scoring » (analyse d'indicateurs) et un système conversationnel qui échange avec le candidat. Ce dernier est alimenté par les grands modèles de langage (LLM) d'OpenAI et de Mistral AI. LIRE AUSSI : Ce que l'IA générative a déjà changé dans les entreprises IA : former rapidement les équipes pour ne pas perdre en compétitivité « Nous avons dû 'finetuner' [spécialiser un modèle d'IA pré-entraîné, NDLR] pendant un an et enlever toutes les hallucinations », explique Pascal Lorne, qui ajoute avoir déposé deux brevets, un en France et un autre aux Etats-Unis. Le choix d'OpenAI a été naturel car « c'était le premier », observe le dirigeant. Celui de Mistral a notamment relevé de la souveraineté. « Il est impératif que chaque pays utilise un LLM souverain, sinon chaque pays va perdre son âme », estime le patron.
IA : Paolo Benanti, le moine franciscain qui murmure à l’oreille du pape
Avec son large sourire et sa fine barbe noire, il a un faux air de l'auteur du « Nom de la Rose », le regretté Umberto Eco. Mais ses « best-sellers » à lui ont plutôt pour titres « Homo Faber » ou « Le Hamburger de Frankenstein ». C'est lui qui a oeuvré, dans l'ombre, à l'idée d'un G7 très particulier. Pour la première fois dans l'histoire de l'Eglise, un pape participera, du 13 au 15 juin, au sommet des pays industrialisés du G7 à Fasano, dans les Pouilles. Ainsi l'a voulu la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, qui a invité le souverain pontife à se joindre aux travaux du G7 centrés sur l'impact de l'intelligence artificielle. Après tout, le pape argentin n'a-t-il pas récemment noué le dialogue avec le patron d'Apple, Tim Cook, et Elon Musk, le patron de X et de Space X, figure de proue des libertariens de la Silicon Valley ? A l'origine de ces rencontres inédites, on retrouve la patte discrète d'un infatigable globe-trotteur, un moine franciscain de 50 ans, membre du Tiers-Ordre régulier fondé par saint François d'Assise. Une thèse en théologie morale sur le cyborg « La participation du pape François au G7 a un potentiel comparable au discours retentissant de Paul VI aux Nations Unies, qui a fait date, en 1965. On verra comment il peut influencer l'agenda global sur l'intelligence artificielle », confie Paolo Benanti, de retour de Singapour. Aussi jovial qu'érudit, ce théologien en robe de bure, féru de philosophie et d'ingénierie, sillonne les continents pour tenter de rallier le soutien des brebis égarées de la Big Tech, quand il n'enseigne pas l'« éthique de la technologie » et l'impact de la robotique sur les problématiques sociales à l'Université grégorienne pontificale de Rome. Paolo Benant a été nommé président de la « Commission sur l'IA pour l'information » italienne.© Emanuele Camerini Sa thèse de doctorat en théologie morale portait sur le cyborg, le robot humanoïde qui hante notre imaginaire depuis Frankenstein. En l'espace de quelques mois, il est devenu la tête pensante du Vatican sur les questions d'intelligence artificielle. Il a l'oreille du pape François, mais aussi du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, du patron de Microsoft, Satya Nadella, et de la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, qui l'a nommé à la présidence de la nouvelle « Commission sur l'IA pour l'information », en remplacement de l'ancien président du Conseil, Giuliano Amato, en janvier 2024. Pour cause : auteur d'une flopée d'essais remarqués, il s'est taillé la réputation d'être l'un des principaux éclaireurs du Saint-Siège sur les questions d'éthique dans la high-tech, avec son « rival » français, le dominicain Eric Salobir, fondateur du think tank Optic Technology . Menace pour la justice sociale Sans sombrer dans l'angélisme ou la diabolisation, le conseiller IA du pape est loin d'enfoncer des portes ouvertes. « C'est un vrai expert très respecté dans le milieu scientifique », confirme Paolo Landi, auteur d'un récent ouvrage sur « La Dictature des algorithmes » (Krill Books). Depuis son essai sur la viande synthétique ( « Le Hamburger de Frankenstein », 2017) ou son livre sur les « Machines Savantes », le padre Benanti a pris l'habitude de décortiquer les « révolutions » technologiques avec des « lunettes éthiques ». Pour lui, il est excessif de parler d'une « révolution » pour l'essor des IA génératives. Il préfère parler de renaissance, du nom de la Fondation RenAIssance, une organisation à but non lucratif dédiée à la réflexion éthique sur les nouvelles technologies, créée sous l'aile du Vatican, dont il a pris la direction scientifique en 2021. « Le terme révolution est trop fort, mais c'est évident que c'est le dernier anneau de la chaîne liée à la révolution industrielle. Cela ne veut pas dire pour autant que l'impact sur la société ne sera pas considérable », ajoute Paolo Benanti. Aggravation de la fracture numérique De fait, il reste persuadé que l'IA peut avoir un impact social « dévastateur » sur les cols blancs et la classe moyenne. « Ce sera le cas si nous ne gérons pas la transition sur la base de critères de justice sociale, dit-il. L'effet contre-révolutionnaire de l'IA pourrait être le démantèlement d'une série de droits sociaux que nous avons péniblement construits au cours des derniers cent cinquante ans. » Face au succès spectaculaire de ChatGPT, l'outil conversationnel développé par OpenAI, Paolo Benanti évoque le risque d'un grand malentendu. « Lorsque cet outil est arrivé, la plupart des gens n'ont pas vu qu'il s'agissait d'une sorte de grande démo destinée à montrer au public la puissance de ce nouvel instrument développé par OpenAI, et non d'un système définitif. Ils l'ont pris pour un véritable moteur de recherche auquel on peut faire confiance », déplore-t-il. Or, les réponses de ChatGPT sont souvent loin d'être fiables et réelles. On l'a vu de façon spectaculaire avec l'émergence des « deepfakes » symbolisés par la désormais célèbre image du pape en doudoune blanche Balenciaga. A plus long terme, c'est la menace d'une aggravation de la fracture numérique entre pays industrialisés et pays défavorisés qui se profile. « La façon dont l'IA pourrait remodeler la distribution des richesses et du pouvoir risque d'être vraiment sans pitié pour les plus fragiles », martèle le moine franciscain. L'inventeur de « l'algoréthique » Lors de la dernière Conférence des ambassadeurs de l'Ordre souverain militaire et hospitalier de Malte, organisée à Rome, le conseiller du pape a ainsi tiré la sonnette d'alarme en brandissant la menace d'un effondrement social, en l'absence de la création d'une gouvernance globale. Pour lui, n'importe quelle technologie puissante est politique. C'est pourquoi l'IA a besoin de garde-fous . En mars 2023, il a publié un article remarqué sur « l'urgence de l'algoréthique », un concept qu'il a lui-même inventé en 2018 dans son livre « Oracles, entre algoréthique et algocratie », et qui a fait école depuis. Dans son message de paix pour 2024, le pape François a plaidé pour l'élaboration d'un vrai traité international garantissant l'utilisation éthique des technologies de l'IA. Un vaste chantier. Pour l'heure, le conseiller du pape s'est d'abord fixé pour objectif de rallier le maximum de soutiens dans la société civile. Après IBM et Microsoft, le PDG de Cisco, Chuck Robbins, est le dernier en date à avoir signé, le 24 avril, l'Appel de Rome pour l'algoréthique qu'il a lancé en 2020. En outre, le directeur scientifique de la Fondation RenAIssance du Vatican va organiser en juillet un sommet pour l'adhésion des religions orientales (hindouisme, bouddhisme, taoïsme…) à l'Appel de Rome, à Hiroshima, lieu symbolique pour « rappeler que, jamais plus, la technologie ne doit être utilisée comme instrument de destruction. Nous y travaillons depuis dix-huit mois. Tous les leaders religieux qui adhéreront à l'appel représenteront ainsi la majorité des personnes vivant sur la planète », se félicite-t-il. En bon théologien, Paolo Benanti aime résumer son propos par une parabole. Y compris sur les limites de l'IA. Un jour, un industriel du secteur médical a cherché à le confronter à un agent de conversation virtuel en l'invitant à lui poser une question. Flairant le mirage, le franciscain lui a carrément demandé comment éliminer le cancer de la surface de la Terre. La machine lui a répondu : « En éliminant tous les hommes. » La machine avait visiblement omis les critères éthiques…
Les memecoins de célébrités, nouvelle dérive à la mode dans les cryptos
Bras tendus portant la bannière étoilée, t-shirt « Jenner ETH », foule en liesse, médaille olympique au cou en référence à son passé… Sur cette image générée par une IA postée sur le réseau social X mercredi, Caitlyn Jenner assure la promotion du « jenner », son nouveau memecoin. C'est une cryptomonnaie parodique créée de toutes pièces pour « enrichir tout le monde ». A commencer par elle. Et le candidat à la présidentielle Donald Trump : les frais prélevés soutiendront sa campagne. Si la star américaine, qui promet aussi de « rendre sa grandeur aux memecoins », affiche aussi clairement que son jeton est inscrit sur la blockchain Ethereum (ETH), c'est parce qu'elle a découvert une semaine plus tôt que sa précédente initiative en la matière (sur la blockchain Solana cette fois) était une arnaque. Des observateurs ont remarqué que l'équipe de Jenner avait confié la création de sa crypto à un certain Sahil Arora, un hacker indien coutumier du fait. Celui-ci - banni de X depuis, mais qui a annoncé qu'il sévirait encore - serait à l'origine des memecoins d'autres personnalités, telles que le modèle Ivana Knöll, ou encore les rappeurs Rich The Kid, Soulja Boy et Iggy Azalea. Les memecoins pour remplacer les NFT ? Le phénomène des jetons parodiques est un pur croisement des cultures internet (et notamment le forum Reddit) et crypto. Il vise à créer des jetons à l'effigie de figures qui font le buzz. Le premier est le dogecoin , une image de shiba inu présentée comme une blague en 2013 et qui pèse 23,6 milliards de dollars aujourd'hui. Des milliers d'autres ont suivi et le dernier qui a vraiment percé est le pepecoin, à l'image de la grenouille Pepe the frog (6,1 milliards de dollars). Si on peut monétiser une image de chien, pourquoi pas une star ? Plusieurs d'entre elles avaient sauté le pas dès 2021 mais avec des NFT (Paris Hilton, Bella Hadid, Eminem, Snoop Dogg, Kate Moss…). Mais les « jetons non fongibles » ont vécu. Alors que les memecoins restent porteurs. En seulement quatre jours, rapporte le site CryptoPotato, Caitlyn Jenner a empoché 405.000 dollars. Quand un « VC » s'en mêle... Malgré son piratage, Iggy Azalea a (comme Caitlyn Jenner) décidé de relancer sa crypto, le mother, dont le cours a gagné 2.000 % en une semaine pour une capitalisation de 160 millions de dollars. Malgré un rapport de Bubblemaps selon lequel 20 % de l'offre de lancement est allée à des initiés, la crypto a connu un bon démarrage, et a même piqué la curiosité de Chris Burniske, associé chez Placeholder VC. Selon Bybit, les avoirs institutionnels en memecoins ont bondi de 226 % de février à avril, à 293,7 millions de dollars... même si la moitié a été revendue « de façon agressive » dans la foulée. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Comment la folie des « meme coins » embrase le marché crypto ENQUETE - Le business florissant des cryptos parodiques « Si le mother réussit à créer de la valeur à long terme, il deviendra la mère des expérimentations [des memecoins] de célébrités », a-t-il écrit sur X. Une sortie qui a fait réagir le cofondateur d'Ethereum lui-même, Vitalik Buterin, se disant « assez mécontent de ces expérimentations », et dénonçant « la financiarisation comme une fin en soi », sans objectif comme « la santé ou l'art ». … Vitalik Buterin s'énerve Attaché à une certaine éthique, le Russe avait déjà vu sa création lui échapper avec la bulle spéculative des NFT, dont une grande partie avait été créée sur Ethereum. Cette fois encore, il semble ne rien pouvoir faire, d'autant que beaucoup de memecoins se créent de la blockchain Solana. Selon The Block, un demi-million de memecoins ont été créées dessus le mois dernier, ainsi que 144.000 sur Base (la blockchain de Coinbase) , ou encore 40.000 sur BNB Chain (Binance). LIRE AUSSI : Donald Trump présente une collection de cartes NFT à sa gloire Pour ne rien arranger, ce « cycle parodique » est attisé par Donald Trump lui-même, qui a annoncé accepter les dons en cryptos pour financer sa campagne. Selon Arkham Intelligence, le portefeuille du candidat républicain a dépassé 28 millions de dollars en cryptos, porté (à hauteur de 12,7 millions de dollars) par un nouveau memecoin à son image créé par des fans, le « Trump Frog ».