Comment la Corse passe à l’électricité verte à marche forcée
Après plus de vingt ans d'attente, et près de dix ans après la décision politique de fermer la vieille centrale polluante du Vazzio, EDF a enfin posé la première pierre de la future usine de production électrique d'Ajaccio, ce vendredi. « Un moment heureux qui vient de loin », a souligné Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse. Le projet a en effet « généré tellement d'attente, de peur, d'anxiété dans notre population », a rappelé Stéphane Sbraggia, le maire d'Ajaccio. Mais il faudra encore patienter trois années avant qu'un carburant à base d'huile de colza fasse tourner les huit moteurs à cylindre de la future centrale du Ricanto, qui couvrira environ 15 % des besoins de l'Ile de Beauté. En attendant, le Vazzio reste la dernière centrale au fioul lourd en activité en France, depuis la fermeture de Porcheville en 2017, et l'une des dernières en Europe. Virage vert Le Ricanto « va ouvrir une nouvelle page dans l'histoire de l'électricité en Corse pour renforcer l'autonomie et la résilience du territoire », explique Luc Rémont, PDG d'EDF. L'énergéticien public va investir « plus d'un milliard d'euros dans les cinq années qui viennent » sur l'île de Beauté, dont 800 millions d'euros pour le Ricanto. Car « la sécurité d'approvisionnement de la Corse est encore très tendue », rappelle Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie. En atteste encore, l'été dernier, l'arrêt d'un câble électrique reliant la Sardaigne à la Corse. La centrale du Ricanto se dressera à quelques centaines de mètres de la plage du même nom, sur une bande de terre de 3,5 ha coincée entre la route de l'aéroport d'Ajaccio et les contreforts d'une colline où se dressent, depuis plus de quarante ans, les deux cheminées du Vazzio. Peintes en rouge et blanc, elles dominent le littoral de 85 mètres et font de l'ombre aux maisons tout proches. Leurs remplaçantes surplomberont la mer de 50 mètres. De couleur grise, elles devraient se fondre davantage dans le paysage, tout comme la centrale elle-même, avec ses bardages en bois. LIRE AUSSI : Malgré un démarrage « modeste », le biofioul croit en son avenir Après le « black-out » , la Guadeloupe s'inquiète pour le tourisme Ce projet symbolise le virage vert pris par la Corse, qui devrait atteindre une production électrique locale 100 % verte « en 2030 », selon Luc Rémont. Mais sans l'aide du nucléaire comme sur le continent. « Dans un territoire insulaire, l'électricité est déjà au XXIe siècle. Nous avons l'occasion d'y déployer les technologies les plus avancées », rappelle le patron d'EDF. Première étape avec le Ricanto : « nous allons passer de 34 % d'énergies renouvelables à 74 % » en 2028, pointe Gilles Simeoni. Restera à convertir la centrale au fioul léger de Lucciano, au nord de l'île, à la biomasse liquide. Une transition déjà expérimentée par EDF à La Réunion, pour la centrale de Port-Est. La Corse devra aussi cesser de recourir à des groupes électrogènes, fonctionnant au gazole, pour absorber les pics de consommation, dus notamment à la climatisation en été. Le site du Ricanto rejettera dans l'atmosphère trois fois moins de CO2 que le Vazzio, soit 300.000 tonnes de moins chaque année, promet EDF. Un calcul qui prend en compte les émissions liées à la production d'huile de colza et à son transport par bateau. Autres promesses : une baisse de 75 % des émissions d'oxydes d'azote, de 90 % pour les poussières, et plus un gramme d'oxyde de soufre. Les besoins en eau seront quant à eux inférieurs de 90 % aux 350.000 mètres cubes nécessaires pour refroidir le Vazzio. Une électricité plus chère La biomasse liquide n'était toutefois pas le choix initial de la Corse. L'île avait d'abord misé sur le gaz avant l'abandon d'un projet d'un gazoduc qui devait relier l'Algérie à l'Italie, via la Corse. La flambée du prix du gaz causée par la guerre en Ukraine a définitivement disqualifié ce combustible fossile, au profit du biocarburant. Avec ses 130 MW, la centrale du Ricanto ne sera pas plus puissante que celle du Vazzio, et loin des 250 MW envisagés initialement pour le gaz. Il faudra 100.000 tonnes de biocarburant, d'origine européenne, pour la faire tourner chaque année, soit la production de « 60.000 hectares de colza », précise Cédric Dupuis, directeur du projet du Ricanto, chez EDF. Pour une tonne de colza récoltée, une grosse moitié servira à fabriquer des tourteaux pour l'alimentation animale , et le reste du biocarburant. Le fonctionnement de la centrale coûtera 6,3 milliards d'euros sur vingt-cinq ans, précise la CRE. Aux cours actuels, le mégawattheure (MWh) produit au Ricanto reviendrait à « 400 euros », contre « 230 euros » pour le fioul lourd au Vazzio et « 280 euros » pour le fioul léger de Lucciana, précise Amandine Bono, cheffe du service de gestion du système électrique d'EDF en Corse. L'Etat met déjà la main à la poche - 370 millions d'euros l'an dernier - pour que les Corses paient leur électricité au même prix qu'ailleurs en France. Un système de péréquation qui fonctionne aussi outre-mer. Dépendance à l'Italie Contrairement à ces territoires, la Corse bénéficie toutefois d'une connexion avec le continent, via la Sardaigne et l'Italie. Cette électricité importée coûte « 100 euros le MWh », selon Amandine Bono. Provenant de sources carbonées ou non, elle a représenté l'an dernier 27 % de l'électricité consommée en Corse. « En 2050, ce sera toujours de l'ordre de 30 % », indique Amandine Bono. Une entorse à l'autonomie énergétique promise par l'exécutif corse à cet horizon. EDF va d'ailleurs investir dans la modernisation et l'augmentation de la capacité de la liaison par câble avec l'Italie SACOI3 (de 50 à 100 MW). « En 2050, nous voulons être capables, uniquement à travers la maîtrise de l'énergie et la montée en puissance des énergies de renouvelables, de produire en théorie la totalité [de l'électricité] sur le territoire insulaire », réaffirme toutefois Gilles Simeoni. Les barrages hydroélectriques, éoliennes et panneaux solaires en représentent déjà un tiers, produit essentiellement par EDF, mais aussi Corsica Sole. Pour lisser cet approvisionnement, par nature intermittent et aléatoire, l'île va investir dans des batteries de stockages. EDF veut aussi transformer une de ses stations hydroélectriques, pour pomper l'eau en aval et la réinjecter dans les turbines en amont. Les projets à base d'hydrogène restent en revanche embryonnaires sur l'île. Dernier levier pour absorber la demande croissante : changer les habitudes des consommateurs. EDF expérimente sur l'île les heures creuses (moins chères) en journée plutôt que la nuit.
Commerce : l’étonnante proposition de Christine Lagarde face à la politique de Donald Trump
Faire du troc. En schématisant, c'est ce que propose la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, face aux menaces de Donald Trump d'imposer des droits de douane sur les produits européens exportés aux Etats-Unis. Dans une interview au « Financial Times », elle recommande à l'Union européenne (UE) de négocier avec le prochain président américain plutôt que de s'engager dans une guerre commerciale dure. « Je pense qu'il s'agit d'un meilleur scénario qu'une stratégie de représailles pure et simple […], où personne n'est vraiment gagnant », indique-t-elle. En cas de « guerre commerciale au sens large », elle prédit « un résultat négatif pour tout le monde » et une « réduction mondiale du PIB ». Buy America « Je ne suis pas une spécialiste du commerce […]. Mais en général, l'Europe pourrait discuter de l'achat de plus de gaz naturel liquéfié aux Etats-Unis. Il y a évidemment des équipements de défense dont certains ne sont pas en mesure d'être produits ici en Europe et qui pourraient être achetés », détaille-t-elle. En clair, elle ne propose rien de moins que d'entrer dans le jeu de Donald Trump, homme d'affaires et de « deal » avant tout . LIRE AUSSI : Comment l'Europe peut riposter aux attaques commerciales de Donald Trump « L'idée de dire que l'Europe s'engage à acheter plus de certains produits aux Etats-Unis me paraît curieuse. Elle le fera si elle en a besoin. Acheter plus de gaz, si c'est du gaz de schiste, est en complète contradiction avec les objectifs d'une économie européenne décarbonée », commente Pascal Lamy, l'ancien directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). « Je trouve curieux qu'une haute autorité européenne propose de céder à un chantage de mafieux », ajoute-t-il. « Je suis perplexe face à la soumission du Canada et de l'Union européenne, avance Elvire Fabry, spécialiste des questions de géopolitique commerciale à l'institut Jacques-Delors. Les Européens se doivent de réagir. Ils seront plus crédibles si la cohésion des Vingt-Sept est réelle. Il s'agit d'être en position de force. Si Donald Trump perçoit le moindre manque de fermeté, il ira plus loin. L'Europe risque de subir un double choc de compétitivité avec la dérégulation aux Etats-Unis et des taxes douanières. Il est vital de répondre, à moyen terme, par un sursaut en matière d'investissement, d'innovation, et réaliser enfin l'intégration du marché financier ». L'exemple de Jean-Claude Juncker Quoi qu'il en soit, « l'Europe a besoin d'un visage et d'une voix pour négocier avec Trump, légitimée par un mandat clair du Conseil européen et s'appuyant sur les services de la Commission, comme dans le cadre du Brexit », juge Thierry Chopin, professeur invité au Collège d'Europe à Bruges. Jean-Luc Demarty, l'ancien directeur général de la division commerce de la Commission européenne, rappelle d'ailleurs ce qu'avait obtenu le prédécesseur d'Ursula von der Leyen sous le premier mandat Trump. « Je suis pour un transatlantisme debout et non un transatlantisme couché. L'approche de Christine Lagarde me gêne dans la mesure où elle semble prête à accepter le relèvement des droits de douane de Donald Trump. L'Europe ne peut pas rester sans réagir face à ces menaces du président américain. D'autant que nous disposons des outils nécessaires pour le faire. En 2018 sous la commission Juncker, nous avions répondu aux taxes américaines sur l'acier et l'aluminium en taxant des produits américains de manière ciblée pour des montants de droits équivalents, et nous avions évité l'instauration de droits de douane américains sur les automobiles européennes » , explique-t-il. Quid de l'OMC ? Pascal Lamy se montre en outre étonné de la teneur de l'interview. « Je suis surpris de ne pas trouver, dans cette interview, le moindre mot sur la défense des principes d'un système commercial international ouvert et basé sur des règles ». A ses yeux, « l'Europe doit menacer les Etats-Unis de mesures de rétorsion et exercer ses droits à l'OMC. Elle doit prendre, au sein de l'organisation, la tête d'une coalition contre les pratiques américaines. Il ne faut pas oublier que 90 % des pays de la planète sont en faveur d'un système commercial avec des règles ». LIRE AUSSI : Donald Trump déclenche une guerre commerciale avec les trois principaux partenaires de l'Amérique DECRYPTAGE - Avec le retour de Trump, les marchés misent sur une baisse des taux plus rapide en Europe Certes, mais comment manoeuvrer avec une administration américaine qui se désintéresse de cette organisation multilatérale et la bloque même dans certaines de ses prérogatives, comme le règlement des différends commerciaux ? L'effet inflationniste incertain Le risque, à ce stade, est d'assister à une floraison de taxes douanières américaines dans le seul but de réduire les déficits commerciaux que les Etats-Unis enregistrent avec la Chine et les pays de l'UE. Avec pour conséquence de possibles effets sur l'inflation et donc, des implications sur la politique monétaire de la BCE. D'autres soutiennent la position de Christine Lagarde. « Il est dans l'intérêt des Européens de ne pas prendre de mesure de rétorsion telles que des hausses de droits de douane », estime ainsi Nicolas Goetzmann, chef économiste de la Financière de la Cité. « Acheter du GNL et des armes aux Etats-Unis, cela va aider politiquement. Mais il s'agit d'un ajustement à la marge. Cela ne va pas permettre de corriger le déséquilibre structurel des balances commerciales entre les deux zones qui est d'abord dû à un manque de demande intérieure dans la zone euro », poursuit-il. Pour lui, « ce rééquilibrage des balances commerciales voulu par les Américains passe nécessairement par une hausse de la demande intérieure européenne et pourrait passer par une baisse des taux d'intérêt pour relancer la machine économique. Réagir à Trump de cette manière est dans notre intérêt. Cela permettrait de commencer à répondre à la crise du pouvoir d'achat et de redonner de l'oxygène à nos entreprises ».
Nucléaire : l’Etat doit choisir ses champions dans la course aux mini-réacteurs
Il y a tout juste un an, six start-up rejoignaient le club très fermé des nouveaux acteurs du nucléaire soutenus par l'Etat français, dans le cadre du programme France 2030. Avec la troisième vague, en mars dernier, 11 jeunes pousses au total, dont Jimmy, Newcleo ou Naarea bénéficient de ce programme de subventions publiques, destiné à faire émerger de nouvelles pépites, au côté du géant français du nucléaire EDF. Leur créneau : les SMR, pour « small modular reactors » ou AMR pour « advanced modular reactor », autrement dit les mini-réacteurs nucléaires. Leur promesse : produire de l'électricité ou de la chaleur décarbonée, à l'aide d'une technologie de rupture. Rendez-vous début 2025 Mais en cette fin d'année, les start-up piaffent et l'enthousiasme semble en partie retombé. Sur le milliard d'euros promis par l'Etat, seuls 130 millions d'euros leur ont été attribués, et la deuxième vague de financements publics se fait attendre. D'autant que l'enveloppe promise a d'emblée été amputée de 500 millions d'euros, promis à EDF. Problème, le projet de mini-réacteur de l'énergéticien tricolore, Nuward, parti initialement pour être le champion français, a été mis en pause, l'été dernier. LIRE AUSSI : ENQUETE - Nucléaire : le marathon des start-up de l'atome Les déboires d'EDF vont-ils faire tache d'huile et l'argent promis sera-t-il mis sur la table, en ces temps de disette budgétaire ? Les start-up et leurs investisseurs attendaient un nouveau coup de pouce financier cet automne, mais il n'est pas venu. Le prochain conseil de politique nucléaire prévu en décembre a été repoussé début 2025, selon plusieurs sources. Or, ce dernier doit acter le choix du gouvernement des start-up qu'il veut continuer à soutenir, après l'évaluation de haut vol pilotée cet été par le haut-commissaire à l'énergie atomique, Vincent Berger. Cet audit, classé secret-défense, vise à faire le tri parmi toutes les promesses incroyables de ces start-up. De fait, les jeunes pousses craignent désormais d'être exclues de la deuxième phase de subventions, au motif que leur design compterait parmi les moins matures. Une crainte ravivée en fin de semaine par un article sans concessions du « Point », pointant la très faible maturité de la plupart des concepts. « Logique d'entonnoir » Dans la deuxième phase de subventions, « on ne va pas se focaliser uniquement sur les technologies les moins risquées en termes d'innovation, explique Matignon aux 'Echos'. Le resserrement de l'appel à projet dans une logique d'entonnoir ne veut pas dire que l'on va abandonner les projets basés sur des innovations de rupture. » En d'autres termes, l'Etat ne va pas choisir une famille de projets, mais sélectionner, dans chacune, une ou plusieurs initiatives. LIRE AUSSI : Quand la pépite du nucléaire italien joue au glouton du secteur Les conclusions du haut-commissaire rejoignent aussi, dans les grandes lignes, celles de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), estiment plusieurs sources. Au printemps, l'ASN avait dressé le panorama des technologies SMR, des réacteurs à eau légère proches du marché, comme le projet de Calogena (groupe Gorgé) aux réacteurs au plomb (Newcleo) ou à sels fondus (Naarea, Thorizon, Stellaria), plus hypothétiques. Chaque start-up a bénéficié, ce mois-ci, d'une restitution orale sur son projet… et s'est félicitée des conclusions rendues. « C'est un peu l'école des fans, le but n'est pas de classer les start-up », explique un fondateur de start-up. Mais à mesure que le temps des décisions politiques s'allonge, le doute, lui, commence à s'installer. D'autant que l'audit de l'Etat n'est pas public. « C'est dommage car pour les fonds, c'est la meilleure 'due diligence' possible, pour sélectionner leurs projets d'investissements sur un sujet aussi régalien », explique un observateur. Coup de frein sur les levées de fonds Ces derniers mois, seules deux start-up tricolores ont bouclé une levée de fonds. Blue Capsule a réuni 2 millions d'euros avant l'été et Otrera 2,5 millions d'euros ce mois-ci. Un soulagement pour les jeunes pousses, qui doivent attirer des investisseurs privés pour débloquer leur enveloppe de 10 millions d'euros de subventions. LIRE AUSSI : ANALYSE - Northvolt : les quatre racines du mal qui frappe les constructeurs européens de batteries Mais pour les acteurs plus mûrs, la tâche est plus ardue. « Nos actionnaires actuels continuent de nous soutenir et de réinvestir, mais les nouveaux investisseurs potentiels attendent tous une prise de position du gouvernement, en particulier les français », déclare Jean-Luc Alexandre, président de Naarea. Sa société de 300 personnes, qui revendique 69 millions d'euros de capital et quasi-capital, cherche depuis l'an dernier 125 millions d'euros supplémentaires. Jimmy espère de son côté conclure un nouveau tour de table significatif, début 2025. « La dynamique des levées de fonds est légitimement plus prudente qu'il y a deux trois ans, après le Covid, constate son cofondateur, Antoine Guyot. Les déboires de certaines start-up industrielles, encore récemment, contribuent à ce ralentissement. » Une allusion à la chute d'Ynsect en France, ou de Northvolt, dans les batteries. Mais pour lui, le nucléaire demeure « une valeur sûre ».
En Afrique, l’indispensable chasse aux milliards volatilisés
L'Europe se serre la ceinture et c'est a priori une mauvaise nouvelle pour l'Afrique. Pour faire des économies, les pays du Vieux Continent sabrent en priorité dans les budgets de l'aide au développement : la Suède, les Pays-Bas et la Finlande ont d'ores et déjà annoncé un rabotage de l'aide financière apportée aux pays pauvres. En Allemagne, championne européenne de ces aides, les libéraux du FPD caressent l'idée de supprimer le ministère du Développement. Mais le record pourrait bien venir de France : le projet de loi de finance présenté au Parlement devrait diminuer de 34 % le budget de l'aide au développement. De l'autre côté de l'Atlantique, les nouvelles ne sont pas meilleures : le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, qui avait qualifié les pays africains de « pays de merde » lors de son précédent mandat, pourrait également signifier une baisse significative de ces aides. Selon les chiffres de l'OCDE, Washington injecte chaque année près de 10 milliards de dollars dans l'aide au développement en Afrique. Mais jusqu'à quand ? Qualité de vie Ces budgets financent des secteurs délaissés, stimulent l'économie des pays en développement et améliorent in fine la qualité de vie des populations. En 2020, les montants de l'aide publique au développement à destination de l'Afrique représentaient 83,7 milliards de dollars. Or, le continent pourrait presque empocher la même somme en s'attaquant durablement aux flux financiers illicites (FFI), un terme qui englobe les marchés illégaux, le blanchiment, le financement du terrorisme et la corruption. Selon un rapport des Nations unies, ces flux financiers coûteraient annuellement près de 89 milliards de dollars à l'Afrique, soit 3,7 % de son PIB. 30 à 52 milliards de dollars les flux financiers illicites de la corruption, de l'exploitation illégale et de la fraude fiscale En tête des flux financiers illicites les plus coûteux : ceux provenant du secteur extractif. Un enjeu stratégique pour l'Afrique qui tire près de 85 % de ses revenus des ressources de son sous-sol. Or, toujours d'après les Nations unies, le continent perdrait entre 30 et 52 milliards de dollars dans ce secteur à cause de la corruption, l'exploitation illégale ou la fraude fiscale. L'exploitation de l'or en Afrique de l'Ouest, par exemple, contribuerait directement au financement de groupes armés terroristes en traversant les frontières poreuses de la région. Selon la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), des groupes armés auraient empoché près de 126 millions de dollars en exploitant l'or du Burkina Faso . Fraude fiscale La fraude fiscale coûte également des milliards de dollars aux budgets des Etats africains. Environ 8 milliards, d'après un rapport de Tax Justice Network de 2023. En République du Congo, ces pertes représenteraient 578 millions d'euros par an, soit la moitié du budget national. En République démocratique du Congo, pays voisin au sous-sol riche en minerais, elles seraient équivalentes à 89 % du budget de la santé. LIRE AUSSI : En Afrique, le fléau de la contrebande d'or prend de l'ampleur CHRONIQUE - Aide publique au développement : le grand rétropédalage Autre priorité : la lutte contre le blanchiment d'argent. En effet, sur les 20 pays qui constituent la liste grise des pays sous « surveillance renforcée » de la GAFI, la vigie internationale de la lutte contre le blanchiment d'argent, 12 sont africains. En 2021, le Sénégal avait été ajouté à cette liste à cause de ses lacunes en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Un manque à gagner pour l'Etat et un mauvais signal envoyé aux investisseurs étrangers qui ont poussé Dakar à renforcer son arsenal législatif ces derniers mois pour être finalement retiré de cette liste il y a quelques semaines. Délocalisation des profits des multinationales Malgré les efforts de certains pays africains pour stopper ces flux financiers illicites, une partie de ces sommes continuent de passer sous les radars. Plusieurs millions de dollars sont en effet soustraits à la fiscalité via des circuits opaques mais légaux : évitement fiscal, délocalisation des profits, optimisation fiscale agressive de la part de multinationales… En 2021, le FMI indiquait que 15 pays d'Afrique perdaient entre 450 et 730 millions de dollars par an en recettes fiscales à cause de transferts de bénéfices réalisés par les multinationales étrangères. LIRE AUSSI : La souveraineté économique, priorité du nouveau président du Sénégal « Les organisations comme le GAFI ne considèrent pas que l'évitement fiscal pratiqué par certaines multinationales implantées sur le continent soit un flux financier illicite. Donc ça ne sera pas pris en compte pour lister les pays à risque » rapporte Idriss Linge, de l'ONG Tax Justice Network. La solution selon lui : « s'attaquer à l'opacité financière qui bénéficie aux multinationales et aux pays riches. » Toujours au Sénégal, le gouvernement a justement sonné la charge il y a quelques mois contre l'entreprise pétrolière Woodside, qui exploite le gisement de Sangomar , au large des côtes du pays. Le fisc sénégalais, qui estime que l'entreprise australienne a contourné certaines règles, lui réclame 62,5 millions d'euros.
Grandes écoles : une levée de fonds record pour HEC Paris
C'est un record dans l'enseignement supérieur en France. La Fondation HEC vient de lever 213 millions d'euros, pour financer des aides aux étudiants et alimenter ses activités de recherche et d'enseignement supérieur. Le montant est à comparer aux 113 millions de la précédente campagne, clôturée en 2013. Le résultat a été dévoilé mardi, lors d'une soirée avec les donateurs, parmi lesquels figurent des anciens élèves et des entreprises, mais aussi des fondations et des particuliers non diplômés d'HEC Paris - « une nouveauté », se félicite l'école. 6.000 donateurs Le coup d'envoi de la campagne avait été donné en 2019, avec un objectif de 200 millions d'euros. En cinq ans, 6.000 donateurs se sont manifestés, le nombre de grands donateurs (plus de 1 million d'euros) a doublé, les dons en provenance de l'international ont augmenté (30 % du total) et les 53 entreprises mécènes représentent 40 % des dons. Les 213 millions récoltés ont déjà été utilisés en grande partie, pour des bourses, pour la refonte des cursus et pour alimenter le fonds d'endowment (100 millions d'euros), dont les intérêts serviront à alimenter d'autres projets. « Hors endowment, 50 % des fonds ont été alloués aux programmes de diversité, d'égalité des chances et d'expérience étudiante, et 50 % à la recherche et à la pédagogie », précise Delphine Colson, déléguée générale de la Fondation HEC. « Il faut financer des bourses pour plus de diversité, témoigne un petit donateur. Le business et l'entre-soi, c'est nul, ça ne correspond pas à la vraie vie. » Il est scandaleux que beaucoup d'universités et d'écoles en France soient subventionnées, et que HEC n'ait pas 1 euro [d'argent public]. Jean-Paul Agon, président du conseil d'administration de la Fondation HEC Cette levée de fonds est surtout un moyen de « renforcer le modèle de financement autonome », souligne l'école. La fondation a « accru considérablement sa participation à la gouvernance du conseil d'administration » d'HEC, indique son président, Olivier Sevillia. En août dernier, la Cour des comptes avait déjà relevé cette « montée rapide de la fondation au capital social de l'école », au vu de l'importance des financements apportés par cette voie. « Cette trajectoire a vocation à se poursuivre et à s'accompagner d'un rôle croissant de la fondation dans la gouvernance de l'établissement, aux côtés de la chambre de commerce et d'industrie qui restera actionnaire majoritaire », indiquaient les magistrats financiers. La fondation en route pour monter au capital Selon les statuts de l'école, la chambre de commerce et d'industrie ne peut détenir moins de 50 % du capital, mais la fondation peut y renforcer sa présence jusqu'à 34 % (contre 17,4 % aujourd'hui, selon « Challenges »). « On va continuer [sur cette voie], confie aux « Echos » Olivier Sevillia. On peut monter jusqu'à 34 % et on va le faire progressivement. » Dans l'entourage de l'école, certains jugent probable que ce niveau soit atteint dans les cinq prochaines années. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Polytechnique lance une levée de fonds XXL pour faire face à la concurrence internationale DECRYPTAGE - HEC : le concours pour le grand projet de rénovation du campus est lancé L'accélération de la montée de la fondation au capital pourrait venir du très gros projet immobilier en cours qui contraint HEC Paris à devoir lever des fonds pour le financer. Si la fondation détient 34 % du capital et que la chambre diminue sa part à 50 % - les statuts lui imposent de rester majoritaire -, « il reste une place pour un troisième actionnaire », glisse un fin connaisseur de l'enseignement supérieur. Pour le moment, « il n'y a personne d'autre que la fondation et la chambre de commerce », balaie Eloïc Peyrache, doyen et directeur général de l'école. « Cela fait quelques années qu'il n'y a plus de subventions publiques ou parapubliques relevant de la collecte de taxes, insiste Olivier Sevillia. L'école doit s'autofinancer. Et la philanthropie devient un pilier de plus en plus important pour assurer le développement de l'école. » C'est un soutien « vital » et « existentiel » pour que l'école devienne « une marque mondiale », abonde Eloïc Peyrache. « Ces ressources sont le turbo éducatif, le turbo en matière de recherche, le turbo en matière d'égalité des chances, s'enthousiasme Jean-Paul Agon, président du conseil d'administration d'HEC Paris et lui-même grand donateur. L'argent des donateurs est devenu indispensable, c'est le kérosène de l'école. » « Cette école n'est pas aidée » Le président du conseil d'administration de L'Oréal juge « scandaleux que beaucoup d'universités et d'écoles en France soient subventionnées, que HEC n'ait pas 1 euro, et que la chambre - qu'on adore - ne donne pas non plus 1 euro ». Pour financer des projets de recherche, Eloïc Peyrache verrait d'un bon oeil un système de « matching money », où l'Etat abonderait les sommes investies par HEC Paris. « Je ne demande pas d'argent public pour gérer le campus ni pour gérer HEC, confie-t-il. Mais nous avons l'un des meilleurs centres de recherche d'Europe en sciences sociales et en management, et la recherche, c'est un bien public. » « Cette école n'est pas aidée, alors que c'est une école extraordinaire », déplore encore Jean-Paul Agon. En oubliant de mentionner que le gouvernement vient de confirmer à l'école qu'elle recevrait bien les 70 millions d'euros sur cinq ans, issus des fonds de France 2030, pour le centre d'intelligence artificielle Hi ! Paris qu'elle partage avec l'Institut polytechnique de Paris.
Comment SNCF Connect & Tech souhaite-t-elle professionnaliser le numérique responsable ? –
SNCF Connect & Tech s’engage en faveur des solutions numériques plus sobres et inclusives et obtient le label Numérique Responsable. La plateforme souhaite professionnaliser le numérique responsable et en faire le fil conducteur de chaque projet développé en interne. Ce label RSE valorise le niveau de maturité, « des actions concrètes mises en place par l’entreprise et déployé par l’ensemble des collaborateurs afin d’intégrer les principes de sobriété, d’accessibilité et d’inclusion », est-il précisé à travers un communiqué. Selon SNCF Connect & Tech, cette certification vient reconnaître les engagements de la plateforme en tant que distributeur de mobilités durables et comme celle de créateur de services et solutions numériques pour le groupe SNCF, les territoires et les collectivités. L’objectif de cette labélisation est de professionnaliser le numérique responsable dans l’ensemble des projets. L’écoconception mais pas que… Sur son site, SNCF Connect & Tech, détaille sa démarche d’éco-conception en précisant optimiser son impact environnemental à travers l’architecture de son application et site, l’expérience utilisateurs, les contenus ou bien encore en front et back-end. Contactée par la rédaction, Anne Pruvot, directrice générale SNCF Connect & Tech, nous confie que cette labellisation est avant tout un moyen de s’attacher à des standards qui permettent d’avoir un cadre de travail cohérent. « Le numérique responsable n’est pas qu’une question d’écoconception et de nombreux standards existent mais restent encore peu développés ou inconnus. Aujourd’hui, en tant qu’acteur du numérique qui innove pour rendre la mobilité durable plus accessible, nous devons être capables de mesurer notre impact environnemental », ajoute-t-elle. SNCF Connect & Tech précise que le numérique est responsable de 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et, que d’ici 2040, cette part pourrait augmenter de 60% si rien n’est fait pour les réduire. « Notre objectif est de minimiser notre impact environnemental en travaillant sur l’affichage, l’usage du processeur selon le device utilisé, la transmission des informations…Et de facilité l’utilisation de nos solutions, quelque soit le public. Pour cela, nous avions besoin de nous appuyer sur des éléments tangibles », explique la directrice générale. Pour rappel, en 2022, l’ex-OUI.SNCF, s’était déjà engagée pour développer une solution moins énergivore. Un audit par Greenspector avait alors été lancé.
Qui est Anne Kerdi, cette IA bretonne présente sur Instagram ? –
Tombée dessus par hasard, la rédaction de TOM.travel s’est vite demandée qui se cache derrière le profil Instagram d’Anne Kerdi. Sur sa bio, l’influenceuse précise « intelligence artificielle bretonne ». Contacté par la rédaction, le CRT Bretagne nous avoue qu’il n’est pas à l’initiative de ce compte Instagram et que l’identité du « créateur » leur est inconnue. De quoi attiser (encore plus) notre curiosité. Après quelques échanges par mail avec Anne, son créateur nous propose un rendez-vous téléphonique. En reconversion professionnelle pour devenir développeur, Sébastien K. s’est lancé dans ce projet dans le but d’améliorer ses connaissances en intelligence artificielle et la pratiquer pour se professionnaliser. Ce Breton, qui n’est absolument pas en relation avec France Tourisme Bretagne, souhaite mettre en avant sa région ainsi que son patrimoine économique et culturel. L’IA au profit de la valorisation des territoires L’IA qu’il a créée, Anne, est capable de générer des images et du texte. C’est elle qui choisit le contenu qu’elle souhaite mettre en avant sur son profil, avec un texte qu’elle a généré et des images, sauf lorsque Sébastien utilise de « vraies » photos qu’il a l’autorisation de diffuser. Selon lui, ce projet vise à démocratiser l’IA et à montrer que son usage peut être mis à profit de quelque chose de positif. Il se dit agréablement surpris des retours et du succès de Anne : « J’ai eu très peu de mauvais retours et Anne reçoit de nombreux messages bienveillants. » En parallèle, Anne lui permet de proposer du contenu plus ludique et de montrer sa région sous différents aspects. Pour ce Breton, il y a une vraie demande, du moins de la place, pour l’IA dans le secteur du Tourisme : « Les voyageurs veulent une information moins classique que celle disponible sur les sites officiels et les réseaux sociaux permettent de toucher une cible plus large, plus jeune. » Anne n’est pas directement connectée à Instagram, c’est Sébastien qui se charge de faire le « switch » entre les demandes ou interactions sur un logiciel qu’il a lui-même configuré. Pour la suite, plusieurs entreprises lui ont faire part de leur intérêt et Anne à vocation à se professionnaliser. En revanche, il assure ne pas avoir eu de contact avec le CRT ou Offices de Tourisme pour le moment…
Multimodalité et dernier kilomètre : repenser l’accès aux stations de montagne
L’accès aux stations de montagne, hiver comme été, constitue un enjeu stratégique pour l’amélioration de l’expérience voyageur et pour limiter les impacts négatifs des déplacements sur l’environnement fragile de ces territoires. Si la voiture reste encore majoritairement utilisée, des solutions émergent pour favoriser une mobilité multimodale et réduire l’empreinte carbone du voyage. Alors, peut-on réellement envisager à l’avenir de se rendre en station sans voiture ? Quels sont les freins et quelles sont les startups innovantes qui permettent de lever ces obstacles ? Le défi du dernier kilomètre en montagne En France, l’accessibilité sans voiture des stations reste un défi majeur. Parmi les rares exemples d’excellence, la station des Arcs 1600 est directement relié par le train depuis Londres, Amsterdam ou encore Paris grâce à une connexion ferroviaire bien pensée. Ce cas demeure cependant une exception, soulignant le déficit global d’infrastructures adaptées à un tourisme durable en montagne. À l’international, des modèles inspirants montrent qu’une approche différente est possible. En Suisse, des stations comme Zermatt et Saas Fee imposent depuis des décennies une arrivée sans voiture. Les visiteurs terminent leur trajet en train à crémaillère, et des amendes dissuasives sanctionnent tout contrevenant. Au Japon, la gestion du dernier kilomètre illustre l’excellence opérationnelle : 100 % des stations touristiques sont accessibles en train et en bus, complétés par un service performant de transport des bagages. Les voyageurs n’ont plus à gérer leurs effets personnels. En effet, les bagages sont récupérés la veille au soir du départ au domicile du voyageur et sont livrés avant son arrivée sur place, très souvent directement dans sa chambre d’hôtel ou dans la pension de son choix. Pour le retour, ils sont récupérés le matin du départ du lieu de séjour et livrés le lendemain de l’arrivée au domicile du voyageur. Quels sont les freins à l’abandon de la voiture ? Malgré ces exemples, plusieurs obstacles freinent l’adoption massive d’un modèle sans voiture dans les stations françaises : Des infrastructures insuffisantes : les connexions entre les réseaux ferroviaires et les transports locaux (bus, navettes) restent souvent mal optimisées. Des horaires non adaptés : les correspondances ne coïncident pas toujours avec les flux touristiques. Une perception du coût élevé : les alternatives à la voiture individuelle sont très souvent jugées onéreuses. Des habitudes culturelles ancrées : la flexibilité perçue de la voiture demeure un argument clé pour de nombreux voyageurs. Les solutions innovantes pour une mobilité durable Pour répondre à ces enjeux, plusieurs acteurs, start-ups et territoires développent des solutions innovantes. Antidots : la mobilité à la demande Antidots propose une solution de recherche et de réservation de transport « Door to Door » facile et intelligente. Elle repose sur une innovation majeure, permettant d’agréger et de vendre toutes les méthodes de transport, tous les itinéraires et tous les horaires de train, bus, avion, car, bateau, taxi, VTC, mobilité douce, location de véhicule dans le monde afin de créer l’itinéraire le plus abouti possible pour l’utilisateur et ce jusqu’au dernier kilomètre. Very Train by Tic Tac Trip : fluidifier les connexions multimodales Ce service facilite la réservation de trajets combinant train et navettes locales, simplifiant ainsi l’accès aux stations. En offrant une expérience unifiée, Very Train encourage l’usage des transports publics pour limiter le recours à la voiture individuelle. Grincat et Skiif : s’orienter efficacement en station Une fois arrivés en station, les visiteurs ont besoin de solutions pour se déplacer localement. Grincat offre une application regroupant les horaires des navettes, une géolocalisation sur les pistes de ski, les sentiers de randonnée ou encore les itinéraires alternatifs et de nombreux autres services permettant une mobilité très fluide intra station, ainsi que sur les domaines skiables. Skiif se spécialise dans la localisation sur les pistes et permet de ne plus avoir de plan en papier dans ses poches. Le transport des bagages : une piste à développer en France Inspiré du modèle japonais, le transport des bagages directement depuis le domicile des voyageurs jusqu’à leur lieu de séjour pourrait considérablement fluidifier l’expérience de voyage en transport en commun. Ce service commence à se structurer, porté par des entreprises logistiques et des initiatives locales. Mais de nombreux progrès restent à accomplir. Le dernier kilomètre, nouvelle vitrine de l’excellence touristique ? Alors que la Suisse et le Japon démontrent l’efficacité d’un modèle touristique sans voiture, la France affiche encore un retard important dans le développement de solutions multimodales intégrées. Réussir cette transition nécessitera une collaboration renforcée entre opérateurs de transport, collectivités territoriales et entreprises privées, mais aussi un investissement dans des infrastructures modernes. Enfin, sensibiliser les voyageurs à l’impact positif d’une mobilité durable sur l’environnement et l’expérience en station sera essentiel. L’accès multimodal et sans voiture aux stations de montagne n’est pas une utopie. C’est une ambition réaliste, mais qui exige une vision commune, des moyens conséquents et une approche résolument tournée vers l’innovation. En France comme ailleurs, le dernier kilomètre pourrait devenir une nouvelle vitrine de l’excellence touristique.
Ces nouvelles concessions qui pourraient éloigner le risque de grève à la SNCF
Les représentants des 4.500 salariés de Fret SNCF n'ont pas obtenu le moratoire espéré sur la « liquidation » de leur entreprise le 1er janvier prochain, à laquelle succédera deux nouvelles sociétés, Hexafret et Technis, toujours logées dans le transporteur public. Mais les conditions matérielles de leur transfert se précisent. Lors d'une séance de négociation avec les quatre principaux syndicats, le 27 novembre, la direction de la SNCF a lâché du lest sur un certain nombre de points. Difficile de dire à ce stade si ces échanges seront de nature à lever le préavis de grève reconductible, posé par les mêmes syndicats à compter du 11 décembre au soir, peu de temps avant les congés de fin d'année. Nouvelle table ronde le 3 décembre D'une part, une relecture commune était encore programmée pour ce jeudi en fin d'après-midi, avant finalisation du texte, dès lors proposé à la signature, selon la CFDT-Cheminots. D'autre part, une nouvelle table ronde a été fixée au 3 décembre prochain, présidée par le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, pour élargir ces débats aux autres transferts attendus vers plusieurs nouvelles filiales, côté SNCF Voyageurs cette fois, pour des lignes régionales (TER) ou Intercités. Face à cet épisode malheureux du « plan de discontinuité », négocié en 2023 par le gouvernement français avec la Commission européenne pour ne pas risquer de devoir rembourser plus de 5 milliards d'euros d'aides publiques à Fret SNCF tenues pour illégales, un point important a été mis sur la table cette semaine. Jusqu'à présent, les 4.500 cheminots transférés (4.000 chez Hexafret et 500 chez Technis) devaient en principe conserver l'intégralité de leurs droits sociaux pendant quinze mois. Finalement, cette durée sera portée à trente-six mois (soit trois ans à compter de janvier 2025), « la durée maximale prévue par l'accord », selon la CFDT-Cheminots. LIRE AUSSI : Redécoupage de Fret SNCF : l'Etat tient bon face aux syndicats Après négociation avec Bruxelles, Fret SNCF coupé en deux sociétés Divers points étaient déjà acquis, comme le maintien du statut SNCF (garantie de l'emploi, etc.) de façon pérenne pour les cheminots statutaires, majoritaires dans l'activité fret. D'autres éléments ont été précisés, comme le maintien des droits à la nouvelle mutuelle groupe à compter du 1er mai prochain, le statu quo sur les « facilités de circulation » (billets quasi gratuits en France et à l'international) pour les agents du fret et leurs proches. Ou le droit de bénéficier des accords sur les aménagements de fin de carrière, signés au printemps dernier et applicable à compter de 2025. Par ailleurs, les dispositions groupe sur l'organisation du temps de travail sont maintenues pour trente-six mois, à l'instar des garanties sur les rémunérations, y compris leur part variable. Avant ces négociations, SUD-Rail s'était ému qu'un total de « plus de 400 règlements ne seraient pas transférés » dans les prochaines filiales. Cela recouvre des avantages des plus divers. Notamment des compteurs temps, une avalanche de primes (dont primes de langue, de manoeuvres de conduite, de véhicule de service, etc.). Sans oublier des congés supplémentaires accordés aux agents pour activités sportives ou « action de solidarité ». Dans ce maquis de dispositions lâchées au fil du temps, « il faudra sans doute introduire un peu de simplification », avançait un dirigeant avant les dernières négociations.