Cession de Chrome : le gouvernement américain ne cache plus sa volonté de démanteler Google
Cette fois-ci ce n'est plus une simple rumeur ou spéculation. Le gouvernement américain vient de demander officiellement en justice un démantèlement de Google. Et notamment de céder son navigateur Chrome. Dans un document judiciaire, le ministère de la Justice (DOJ) réclame une scission des activités de la filiale du groupe Alphabet, interdisant également à Google de signer des accords avec les constructeurs pour imposer l'utilisation par défaut de son moteur de recherche sur les smartphones. Une audition spéciale en avril prochain Si la justice suit cette demande, ce serait alors une sanction historique pour le géant technologique qui a déjà été épinglé par le passé pour ses pratiques anticoncurrentielles. De fait, même si les intentions du futur gouvernement de Donald Trump à ce sujet restent inconnues, cette requête marque un changement profond de la part des autorités américaines de la concurrence. Puisqu'elles ont essentiellement laissé tranquilles les géants des technologies depuis leur échec à démanteler Microsoft il y a une vingtaine d'années. Le ministère de la Justice veut que Google se sépare de Chrome, le navigateur Internet le plus utilisé au monde, parce qu'il constitue un point d'accès majeur au moteur de recherche, sapant ainsi les chances de potentiels concurrents. Selon le site StatCounter, Google pesait, en septembre, 90 % du marché mondial de la recherche en ligne et même 94 % sur les smartphones. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Procès Google : les mesures potentielles pour mettre fin au monopole DECRYPTAGE - Google, Microsoft : les derniers combats de l'antitrust américain avant l'arrivée de Trump « Le comportement illégal de Google a privé ses concurrents non seulement de canaux de distribution essentiels, mais aussi de partenaires de distribution qui pourraient autrement leur permettre d'entrer sur ces marchés par des moyens nouveaux et innovants » indique notamment le DOJ. Après avoir reçu la requête officielle des autorités mercredi, le juge attend désormais les propositions de Google le mois prochain avant d'entendre les deux parties lors d'une audition spéciale prévue en avril. Mais si le juge retient les propositions des autorités, celles-ci pourraient remodeler le marché de la recherche en ligne. L'inconnue liée à l'arrivée de Trump à la Maison-Blanche Mais les changements, s'ils ont lieu, prendront sans doute des années, Google ayant prévu de faire appel et dénonçant l'hypothèse d'un démantèlement comme « radicale ». L'affaire risque de finir entre les mains de la Cour suprême et reste suspendue à l'arrivée au pouvoir en janvier de Donald Trump. LIRE AUSSI : Après la victoire de Trump, les espoirs et les craintes de la Big Tech ENQUETE - Présidentielle américaine : l'avenir incertain de Lina Khan, icône de l'antitrust Le milliardaire républicain va placer une nouvelle équipe à la tête des autorités de la concurrence et a soufflé le chaud et le froid sur ses intentions concernant la puissance des géants technologiques. Il a nommé, pour diriger le régulateur américain des télécoms, la FCC, Brendan Carr , qui veut « démanteler le cartel de la censure » imposé selon lui par les géants de la tech que sont Facebook, Google, Apple ou encore Microsoft. Mais le président élu a aussi signalé qu'un démantèlement serait excessif.