Scoop.it

Recruter et manager les divas de l’IA, un casse-tête pour les DRH

Sur le plateau de Saclay, à quelques kilomètres de la capitale, se dessine un bastion de l'excellence française en intelligence artificielle. Là-bas, le master « MVA » (Mathématiques, Vision, Apprentissage) de l'Ecole normale supérieure Paris-Saclay forge des esprits que les recruteurs se disputent. Et ce, jusque dans la Silicon Valley. « La France est en avance sur le sujet, avec une scène de l'IA dont elle n'a pas à rougir », remarque Anshul Bhalla, DRH de Stellia.ai, une start-up spécialisée dans l'IA et l'éducation, qui compte une petite trentaine de salariés. Les grandes entreprises puisent notamment dans le vivier des grandes écoles françaises mais pour une petite entreprise, qui n'a pas les moyens d'un géant de la tech, il faut trouver d'autres arguments pour dérouler le tapis rouge. La société fonctionne en total télétravail, lui permettant de recruter en dehors du bassin uniquement parisien. Elle vend un esprit « familial » et « autonome » à ses collaborateurs, ainsi qu'une « grande flexibilité ». Un de ses data scientists va d'ailleurs bientôt rentrer d'un mois de télétravail en Afrique du Sud pour enchaîner avec l'Argentine. « La difficulté a changé de camp » « Avant la démocratisation de ChatGPT, les profils dans l'intelligence artificielle étaient encore assez disponibles et les salaires alignés d'une entreprise à l'autre. Désormais, le secteur prend une autre ampleur, la difficulté a changé de camp et les salaires ont explosé », estime-t-il. Dans les start-up, le salaire médian d'un ingénieur français en « machine learning » s'élève à 73.000 euros par an, selon une étude de Figures pour « Les Echos » parue fin 2023. Les chercheurs dans cette discipline gagnent autour de 67.000 euros, un data scientist 60.000 euros et un ingénieur computer vision, 62.000 euros. Mais les disparités peuvent être élevées si l'entreprise a levé ou non des fonds. Ils sont data scientists, ingénieurs en compteur vision et algorithmique, data managers… Les métiers liés à l'intelligence artificielle se multiplient et s'immiscent dans toutes les entreprises. « Elles veulent de plus en plus des profils hybrides, avec une expérience sectorielle, comme la finance, et des compétences techniques », remarque Aurélie Vattier Delaunay, recruteuse chez OkayDoc, un cabinet spécialisé dans le placement de chercheurs dans les entreprises. L'écrasante majorité des demandes concernent l'intelligence artificielle. « Certaines entreprises qui veulent vraiment un candidat sont prêtes à attendre six mois qu'il soutienne sa thèse », poursuit-elle. Des « stars » Mais le tapis rouge a aussi ses limites. « Nous allons regarder les desiderata de chacun, mais nous n'allons pas jusqu'à l'extrême. Une personne trop demandeuse et peu renseignée sur l'entreprise peut poser problème », souligne Maxime Paul, chef data scientist Europe de Shift Technology, la licorne française dont l'outil d'intelligence artificielle aide les assureurs. Près de la moitié des effectifs sont liés à l'IA. L'entreprise fait le pari de la « diversité » en recrutant à travers une dizaine de pays, dans des pools universitaires et des écoles d'ingénieurs. « Nous sommes ouverts sur le niveau de séniorité, il est très compliqué de trouver des profils avec plus dix ans d'expérience. Moi-même, je suis l'un des plus âgés de mon équipe », poursuit le trentenaire. LIRE AUSSI : IA générative : les entreprises en tirent les premiers bénéfices French Tech : quelles start-up ont le plus recruté en 2023 ? Chez les Gafam, la lutte est aussi de taille, les Microsoft, Meta et Google cherchant à attirer les mêmes talents. « Les 'stars' de l'IA sont très difficiles à capter, même pour Google. Ces candidats savent qu'ils ont de la valeur et peuvent imposer leurs conditions de venue », souligne Maureen Rousseau, ancienne DRH de Google France. Et de se souvenir du cas d'une « star » du milieu, installée à Grenoble. Pour la recruter, le géant de la tech a alors ouvert une sorte de bureau dans le chef-lieu de l'Isère. Le géant de Mountain View mise aussi sur des mobilités internes, à l'instar de Joëlle Barral , revenue à Paris en 2022, avant de prendre la tête de la recherche en intelligence artificielle de Google DeepMind, la branche IA du groupe. Gérer l'intégration Au-delà du recrutement, ces profils ont souvent leurs spécificités. « Ces équipes font parfois la fierté des autres collaborateurs, mais restent assez secrètes, leur étage n'est pas accessible à tous les employés », poursuit Maureen Rousseau. Certains profils peuvent se montrer aussi plus taiseux ou introvertis. LIRE AUSSI : Plus de recrutements, moins de biais grâce à l'IA générative Intelligence artificielle : ce qu'en pensent les collaborateurs « Plus les personnes sont techniquement douées dans les algorithmes, plus elles ont tendance à être fermées socialement. Il y a tout un défi côté DRH à vérifier cet aspect et à l'accompagner pour fonctionner avec le reste des équipes », remarque Anshul Bhalla, de Stellia.ai, qui consacre également une partie de son temps à retenir ses salariés, souvent sollicités par d'autres entreprises, notamment avant les vacances d'été et la nouvelle année.

By |2024-12-31T18:59:12+00:00December 31st, 2024|Scoop.it|0 Comments

Taxis volants : Volocopter dépose le bilan –

Volocopter, pionnier allemand des taxis volants électriques, a annoncé qu’il déposait le bilan. Malgré des difficultés financières et une concurrence accrue, l’entreprise maintient ses ambitions et prévoit un lancement commercial de son modèle-phare, le Volocity, dès 2025. Ce revers souligne les défis structurels d’un secteur en pleine mutation. Le ciel s’assombrit pour Volocopter, pionnier allemand des taxis volants. Malgré des efforts soutenus pour lever des fonds, l’entreprise a annoncé le 30 décembre avoir déposé une demande de procédure d’insolvabilité auprès du tribunal de Karlsruhe. Ce revers majeur met en évidence les défis financiers et technologiques du secteur des eVTOL (aéronefs électriques à décollage et atterrissage verticaux). Un projet prometteur freiné par le manque de fonds Fondée en 2011, Volocopter s’était imposée comme une figure de proue dans le développement des taxis volants. Son modèle-phare, le Volocity, est un taxi volant biplace électrique, capable de parcourir jusqu’à 20 kilomètres. Présenté en 2019, il incarne, selon Volocopter, l’avenir d’une mobilité urbaine durable. Cependant, faute de certification, l’entreprise n’a pas pu réaliser des vols de démonstration lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, une opportunité manquée pour s’imposer sur le marché. En avril dernier, Volocopter avait déjà signalé des problèmes de financement, bien qu’elle ait levé près de 250 millions d’euros depuis 2021. Malgré un soutien notable de Mercedes-Benz et du constructeur chinois Geely, ces efforts se sont révélés insuffisants pour garantir la viabilité à long terme. Une procédure d’insolvabilité pour rebondir Sous la direction de Tobias Wahl, l’administrateur provisoire nommé par le tribunal, Volocopter espère restructurer ses activités d’ici fin février 2025. « Nous travaillerons à un plan de restructuration ambitieux pour attirer de nouveaux investisseurs et assurer l’avenir de l’entreprise », a-t-il déclaré. L’entreprise reste optimiste quant à ses objectifs. Elle prévoit toujours le lancement commercial du Volocity dès 2025, après avoir rempli 75 % des critères de certification requis par l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA). Un modèle plus grand, capable d’accueillir cinq passagers, est prévu pour 2027. Un secteur européen sous pression Les déboires de Volocopter illustrent les difficultés économiques et technologiques des start-up européennes face à la concurrence mondiale. En Allemagne, Lilium, un autre acteur majeur des eVTOL, a également connu des moments critiques avant d’être sauvé in extremis par un consortium d’investisseurs européens et nord-américains en cette fin d’année. Alors que la Chine et les États-Unis soutiennent activement leurs industries, les startups européennes peinent à mobiliser des fonds suffisants pour rivaliser. « Dans un secteur aussi complexe et capitalistique, un soutien public est essentiel », a rappelé Dirk Hoke, PDG de Volocopter. Une demande d’aide adressée au gouvernement allemand cet été est restée sans suite. Un avenir incertain mais ambitieux Malgré ces épreuves, Volocopter refuse de renoncer à son ambition de révolutionner la mobilité urbaine. La start-up poursuivra ses opérations pendant la procédure d’insolvabilité, espérant convaincre de nouveaux investisseurs. Reste à voir si cette restructuration suffira à redonner des ailes à l’entreprise et à maintenir l’Europe dans la course de l’innovation aéronautique.

By |2024-12-31T18:33:25+00:00December 31st, 2024|Scoop.it|0 Comments

A Mayotte, François Bayrou veut déployer le Starlink d’Elon Musk et froisse Orange, SFR et Free

C'est un pavé dans la mare jeté de l'espace. Alors que les opérateurs télécoms s'affairent à rétablir leurs infrastructures à Mayotte, après le passage du cyclone Chido il y a deux semaines, le nouveau Premier ministre a annoncé le recours aux satellites de Starlink. En déplacement à Mamoudzou le 30 décembre pour y présenter son plan « Mayotte debout », François Bayrou a formulé plusieurs propositions contenant des mesures d'urgence et des engagements à plus long terme. Sur le second volet, le locataire de Matignon a promis le déploiement d'une « solution 5G » d'ici à la fin du mois de juin 2025 et « 50 millions d'euros sur deux ans » pour installer la fibre optique. « Nous sommes heurtés » Mais à court terme, « pour assurer les communications en urgence », François Bayrou a annoncé le déploiement de 200 antennes Starlink. Vendues 350 euros, elles permettent de se connecter rapidement à la constellation de satellites d'Elon Musk. LIRE AUSSI : Cyclone Chido à Mayotte : comment les opérateurs tentent de reconnecter l'île à Internet L'annonce a choqué les opérateurs, comme Orange, qui annonçait le même jour avoir reconnecté 78 % de ses abonnés mobile à Mayotte. « Nous sommes heurtés par une communication du gouvernement qui axe ses annonces sur du wi-fi provisoire by Starlink, pourtant bien moins couvrant et performant qu'un réseau mobile », a réagi aussitôt Laurentino Lavezzi, le directeur des affaires publiques d'Orange, sur X. Souveraineté numérique L'opérateur historique s'inquiète en sus que le peu de générateurs électriques disponibles sur place soient désormais disputés avec Starlink pour ses 200 antennes. S'il reconnaît que l'enjeu est de parer à l'urgence, Orange s'interroge sur la « rationalité économique » du recours aux antennes américaines, ainsi que sur la « souveraineté numérique ». SFR, de son côté, qui est revenu à 85 % de couverture, estime que le satellite « reste une solution temporaire pour les zones inaccessibles » et rappelle l'importance de rétablir le réseau électrique. Le deuxième opérateur de l'archipel utilise d'ailleurs déjà du Starlink comme relais. « Nous avons été surpris par cette décision car l'électricité disponible doit être priorisée pour les antennes mobiles », indique Nicolas Thomas, directeur général de Free (présent avec Only à Mayotte), revenu à 85 % de couverture « de la population rétablie ». LIRE AUSSI : ENQUETE - Internet : la France face à l'irrésistible ascension du Starlink d'Elon Musk DECRYPTAGE - Starlink pousse les feux du mobile par satellite A peine reconduit dans ses fonctions, le ministre chargé de l'Industrie et de l'Energie, Marc Ferracci, a tenté de calmer le jeu sur le réseau social X. « Les opérateurs télécoms sont à pied d'oeuvre » et « beaucoup a déjà été fait, grâce à l'engagement sans faille des salariés présents sur place ou dépêchés depuis d'autres départements », a-t-il indiqué, ajoutant en outre que « l'octroi de nouvelles fréquences » à Mayotte était à l'étude. Le mobile au coeur de la reconstruction Tout n'est en effet pas noir pour les opérateurs dans les annonces de François Bayrou. Ainsi Orange indique fonder « quelques espoirs » sur le projet de loi Mayotte qui doit simplifier les procédures d'autorisation (au titre du code de l'urbanisme) sur les antennes mobiles, et alléger la charge fiscale (« IFER ») qui pèse sur ces infrastructures. Car en attendant le fibrage, le réseau mobile supportera l'essentiel des connexions. Pour rappel, après le passage du cyclone, environ 90 % des réseaux télécoms (fixe et mobile) n'étaient plus opérationnels à Mayotte, en raison de la chute des poteaux et antennes et des coupures d'électricité.

By |2024-12-31T18:32:36+00:00December 31st, 2024|Scoop.it|0 Comments

Comment maintenir le cap de l’interdiction des voitures thermiques en Europe

La fin de la vente des voitures et véhicules utilitaires thermiques est pour dans dix ans. Sommes-nous prêts ? La question ne se pose pas en ces termes. Car, d’une part, le changement climatique n’attend pas, et la neutralité carbone de l’Union européenne est une condition nécessaire pour maintenir le réchauffement en dessous de 2 °C. D’autre part, la Chine est déjà prête et souhaite devenir un des leaders de l’industrie automobile de demain, qui sera électrique. Au-delà de l’enjeu écologique, c’est l’avenir de notre industrie automobile européenne et de notre souveraineté qui est en jeu. Se donner les moyens pour réussir La question est donc plutôt : comment s’assurer d’être prêt pour 2035 ? Tout d’abord, en maintenant le calendrier réglementaire, qui est serré il est vrai, mais qui permet à la fois de donner une visibilité essentielle pour sécuriser les investissements colossaux requis et d’éviter l’attentisme général de tous les acteurs. Il en va de même de la politique à l’égard des acheteurs : les aides à l’achat, le leasing social ou encore la prime à la casse sont essentiels pour maintenir la dynamique et permettre aux ménages modestes d’accéder à ce type de véhicule. En témoigne a contrario l’arrêt subit des aides à l’achat de l’Allemagne en décembre 2023 qui a fortement perturbé le marché de l’électrique, une voie que semble suivre la France avec une division par deux des aides dans le projet de loi de finances pour 2025 présenté par le gouvernement Barnier. Les acteurs institutionnels peuvent également fournir un cadre équitable permettant l’émergence de constructeurs européens, comme le score carbone en France qui pénalise les voitures électriques à la fabrication très carbonée, ou la mise en place par l’Union européenne de taxes qui peuvent aller jusqu’à 35 % sur les véhicules électriques importés de Chine, qui bénéficient de subventions. Toute hésitation dans les projets en Europe est une opportunité pour la concurrence chinoise Pour les acteurs privés, il s’agit aussi d’élaborer une vision stratégique de moyen terme sur l’électromobilité, en donnant une continuité aux investissements déjà engagés et au développement de la production. En effet, si le retard industriel européen sur l’électromobilité peut encore être comblé, toute hésitation dans les projets est une opportunité pour la concurrence chinoise. Par ailleurs, généraliser l’électrique nécessite des véhicules plus abordables. Alors que le coût des batteries a fortement diminué sur les dix dernières années, les constructeurs en profitent pour commercialiser des véhicules électriques premium (SUV…), plus chers et surtout plus rentables. Ces derniers représentent aujourd’hui 64 % des ventes (contre 28 % en 2020) 3. La commercialisation et la généralisation de modèles plus compacts, ainsi que l’utilisation de chimies de batterie moins onéreuses comme le LFP (lithium fer phosphate) sont primordiales pour accélérer le déploiement de l’électrique. Afin d’atteindre l’objectif de 9 millions de bornes en 2030, l’Europe devra multiplier leur nombre par 10 en six ans Enfin, pour pouvoir utiliser ces véhicules, les infrastructures de recharge doivent, elles aussi, se déployer rapidement. L’Europe compte désormais plus de 900 000 bornes, affichant une croissance moyenne annuelle de 55 % par an entre 2021 et 2024. Cependant, les Pays-Bas, l’Allemagne et la France concentrent plus de la moitié de toutes les bornes. Afin d’atteindre l’objectif de 9 millions de bornes en 2030, l’Europe devra donc multiplier leur nombre par 10 en six ans, avec une meilleure répartition sur l’ensemble du territoire. Il est indéniable que l’électrification progresse moins que prévu en 2024 et pèse économiquement sur les acteurs. Mais maintenir une continuité dans les décisions réglementaires et industrielles est essentiel pour garantir que 2024 ne soit qu’un palier dans la courbe de pénétration des véhicules électriques en Europe. Autrement, alerter sur l’effondrement de l’industrie automobile deviendra malheureusement une prophétie autoréalisatrice.

By |2024-12-31T18:31:09+00:00December 31st, 2024|Scoop.it|0 Comments

Ghana, une démocratie de première classe

Le Ghana est un pays mûr qui conjugue avec sérieux démocratie et développement, loin de l'infantilisme politique dans lequel végètent encore certains de nos pays (tous francophones, curieusement !) et où à l'exception du Bénin et du Sénégal, la vie politique s'écoule au rythme des coups d'État, des dynasties présidentielles et de la cacophonie du troisième mandat. Normal, c'est le premier pays décolonisé d'Afrique et c'est la patrie de Kwame Nkrumah et de Jerry Rawlings, les deux figures les plus emblématiques de l'Afrique contemporaine après Mandela et Lumumba. LA NEWSLETTER AFRIQUE Tous les mardis à 16h45 Recevez le meilleur de l’actualité africaine. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. La dernière élection présidentielle tenue dans ce pays, le 8 décembre dernier, n'a pas fait la une des journaux, et pour cause, on ne parle pas des trains qui arrivent à l'heure. Tout s'y est déroulé à bas bruit, la campagne électorale comme le scrutin, le dépouillement comme la proclamation des résultats. Aucun éclat de voix, aucune manifestation de rue, aucun recours devant les juridictions en vigueur ! De quoi faire maigrir de jalousie le Guinéen que je suis ! L’écrivain guinéen Tierno Monénembo était l’un des invités de François Busnel pour une édition spéciale de La Grande Librairie, tournée pour la première fois dans la galerie des Glaces du château de Versailles. Cette émission, diffusée le 20 décembre 2012 sur France 5, réunissait écrivains et historiens autour du thème de l’Histoire. © BALTEL/SIPA / SIPA Regardez donc ! Mahamudu Bawumia, le vice-président sortant est battu par un ancien président, John Mahama, éliminé lui-même en 2017 après un premier mandat. Le vaincu a adressé un message de félicitations à son challengeur avant même la proclamation officielle des résultats : « Le peuple ghanéen s'est exprimé, il a voté pour le changement et nous le respectons en toute humilité. Je fais ce discours de concession avant l'annonce officielle de la Commission électorale pour éviter de nouvelles tensions et préserver la paix de notre pays… Il est important que la communauté mondiale des investisseurs continue de croire au caractère pacifique et démocratique du Ghana. » Qu'un homme politique place les intérêts nationaux au-dessus de sa misérable carrière personnelle, c'est suffisamment rare en Afrique pour qu'on le souligne au fluo ! À lire aussi Ghana : une démocratie plombée par la crise économique Une alternance politique sans fausse note La défaite du candidat du NPP (Nouveau Parti patriotique), le parti au pouvoir, s'explique aisément : inflation galopante, augmentation du coût de la vie, scandales politico-financiers à rebondissements, accroissement de la dette, etc. Le pays a même dû céder sa place de deuxième puissance économique de la Cedeao à la Côte d'Ivoire qui arrive dorénavant juste derrière le géant nigérian. Le genre de bévue que les Ghanéens ne pardonnent pas ! Malgré ce coup de pompe économique, ce pays dynamique, aux institutions solides, bénéficie toujours d'une solide réputation et pas seulement auprès des investisseurs. La stabilité politique attire parfois bien plus que les gisements de cobalt ou de diamant. C'est le gage le plus sûr de la prospérité : elle favorise le climat social et encore mieux, le climat des affaires. À lire aussi Samia Nkrumah : « Le XXIe siècle est celui de l'unification de l'Afrique » Un air de Scandinavie à Accra depuis 1992 Il n'est pas exagéré de dire que depuis 1992, il flotte à Accra comme un air de Scandinavie : les élections s'y déroulent avec la même régularité que les saisons. Nous dansons même si ce n'est pas encore tout à fait la fête. En Afrique centrale, c'est toujours l'immobilisme. Au Cameroun, Biya est encore là, de même que Sassou au Congo. Au Tchad, il y a bien eu des élections mais sous les bottes de celui qu'il faut bien appeler le « maréchal-fils ». Quant au Gabon, on attend de voir, bien que Bongo soit tombé… En Afrique de l'Ouest, les expériences démocratiques ont toutes viré au cauchemar. À découvrir Le Kangourou du jour Répondre Mais bon, l'Afrique a connu pire que ça. Et quoi que l'on dise, elle est mieux armée aujourd'hui pour affronter la montée des périls. En un an, l'opposition a gagné les élections présidentielles dans pas moins de cinq pays. Ce n'est pas rien quand on regarde le champ de ruines que nous ont laissé nos guides éclairés et nos responsables suprêmes. Les amateurs du troisième mandat et les professionnels de la transition n'y peuvent rien, l'Afrique suit son bonhomme de chemin, elle sort doucement des méandres du pouvoir absolu et c'est le Ghana qui tire les autres. *1986, Grand Prix littéraire d'Afrique noire ex aequo pour « Les Écailles du ciel » ; 2008, Prix Renaudot pour « Le Roi de Kahel » ; 2012, Prix Erckmann-Chatrian et Grand Prix du roman métis pour « Le Terroriste noir » ; 2013, Grand Prix Palatine et Prix Ahmadou-Kourouma pour « Le Terroriste noir » ; 2017, Grand Prix de la francophonie pour l'ensemble de son œuvre. À NE PAS MANQUER

By |2024-12-31T18:30:55+00:00December 31st, 2024|Scoop.it|0 Comments

Depuis le Bénin, des femmes font bouger la recherche africaine

ÀCotonou, capitale économique du Bénin, la vie semble orbiter autour du boulevard de la Marina. Long de quatre kilomètres, la large voie ouvre sur la résidence présidentielle, l'imposante statue de l'Amazone, sans oublier son port autonome, véritable poumon économique de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest. Depuis peu, le boulevard arbore également un Sofitel flambant neuf ; fierté des autorités et symbole d'une croissance économique frisant les 7 % en 2024. Le 10 décembre dernier, c'est dans la très sophistiquée salle de conférences internationale du groupe Accor que s'est tenue la 15e édition du prix Jeunes Talents Afrique subsaharienne pour les femmes et la science – chapeauté par l'Unesco et la Fondation L'Oréal. LA NEWSLETTER AFRIQUE Tous les mardis à 16h45 Recevez le meilleur de l’actualité africaine. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. Au fil des années, l'objectif de cet évènement demeure inchangé : mettre en valeur et soutenir financièrement des femmes sur un continent où mener des recherches scientifiques se révèle souvent moins aisé qu'ailleurs. Les chiffres sont sans équivoque : en dépit de son milliard et demi d'habitants, l'Afrique subsaharienne ne totalise que 2,5 % des chercheurs au niveau mondial. Parmi eux, à peine plus de 30 % sont des femmes. Sur leur chemin, les obstacles sont multiples, à commencer par un rôle familial souvent peu compatible avec un tel choix de carrière. Pour celles qui passent le pas, le financement reste une question épineuse qui conduit parfois à envisager un doctorat à l'étranger. Malgré la captation de certains talents prometteurs au profit d'autres continents, des chercheuses continuent pourtant d'innover au cœur des 55 pays que compte l'Afrique. Cette année, trente d'entre elles ont vu leurs travaux récompensés. À lire aussi Recherche scientifique : les Africaines ne lâchent rien La santé en première ligne Au terme d'une sélection stricte de presque 800 dossiers, le choix du jury – composé d'une centaine de chercheurs – s'est majoritairement porté sur les sciences de la vie et de l'environnement. Parmi les lauréates se dégagent ainsi des expertes en santé et biologie dont les sujets d'étude impressionnent par leur précision. Depuis l'université d'Ibadan au Nigeria, Opeyemi Ojueromi met au point un yaourt à base de pelures d'agrumes visant à réduire les risques de paludisme lorsque consommé régulièrement. « Tout l'enjeu est de prouver l'efficacité cliniquement », soutient la chercheuse, qui souhaite intégrer ce traitement traditionnel très populaire à la médecine préventive classique. Passées les phases de tests toxicologiques, la solution ambitionne de s'associer avec l'industrie laitière afin de mieux pénétrer les habitudes alimentaires de 223 millions de Nigérians, souffrant d'une « faible immunité due à la malnutrition ». Outre ce défi d'envergure que constitue la lutte contre le paludisme, d'autres travaux s'intéressent à des maladies tropicales négligées (MTN), nettement moins connues du grand public. Originaire de l'île Maurice, Laëtitia Huët travaille sur des solutions de pansements naturels produits à base de biodéchets issus de cannes à sucre. Cette bande d'aspect gélatineux permet une protection efficace contre les pathogènes susceptibles d'infecter les plaies causées par la leishmaniose, une maladie parasitaire de peau transmise à l'homme par le moustique et le chien. Hydrophile en son centre et naturellement anti-inflammatoire, ce pansement entend soulager des blessures chroniques douloureuses auxquelles est généralement associé un traitement médicamenteux aux lourds effets secondaires. À lire aussi Afrique – Sciences – Rajaâ Cherkaoui El Moursli : « Aussi bien que les hommes » Fraichement débarquée du Cameroun pour la cérémonie, Elisabeth Ngono décrit quant à elle la lente perte d'acuité des sujets atteints d'onchocercose, une autre MTN aussi appelée cécité des rivières. Ce parasite qui cible le nerf optique humain – dont le vecteur est la mouche noire – appartient à ces maux anciens qui ont longtemps limité l'émergence de foyers de peuplement à proximité de certains cours d'eau en Afrique centrale et de l'Ouest. Au Cameroun, la prévalence reste forte avec près de 6 millions de personnes touchées par l'onchocercose, la plupart appartenant à des communautés pauvres aux conditions de vie dégradées. En opposition au traitement d'ivermectine distribué aux humains et dangereux pour les écosystèmes locaux, Elisabeth Ngono souhaite altérer la capacité des mouches à transmettre ce parasite en modifiant leur système intestinal. À lire aussi L'Oréal et l'Afrique : « Nous avons décidé de prendre notre part de RSE » Transformer l'agriculture Sur le plan de l'agriculture, la jeune doctorante béninoise Loukaiya Zorobouragui s'active pour adapter les bovins au changement climatique, une problématique globale pour laquelle l'Afrique se situe en première ligne. Avec la montée des températures, les races d'élevage, majoritairement importées au Bénin, souffrent de conditions parfois extrêmes, induisant une baisse de productivité. En utilisant la sélection génomique, celle-ci entend révéler le potentiel de chaque animal à la naissance afin de déterminer les spécimens les plus adaptés à cette nouvelle donne. À terme, ses travaux visent à réhabiliter le zébu goudali, une espèce endémique de la région plus résistante aux fortes chaleurs. Un enjeu agricole qui revêt également une dimension de bien-être animal, plaide cette future docteure, qui pratique elle-même l'élevage en marge de sa thèse. Du côté de l'Afrique de l'Est, Ruth Lorivi Moirana conduit des recherches sur un secteur hautement stratégique. En Tanzanie, où de nombreux sols présentent une forte concentration en fluorite, à l'origine d'un risque accru d'ostéoporose, la chercheuse développe un fertilisant composé d'algues capable de neutraliser en partie ce minéral. Au gré de la discussion, celle-ci revient sur la difficulté inhérente au fait d'être femme : « Dans la culture Massaï, naître fille n'était vraiment pas valorisé, encore moins pour faire des études. » En parallèle, Ruth accompagne des agriculteurs en quête d'une meilleure compréhension de leurs parcelles pour les orienter vers des fertilisants plus adaptés. Avec ce prix, la scientifique espère aussi que le gouvernement tanzanien s'intéressera à son expertise. À lire aussi Ces femmes qui font avancer la science en Afrique Le Bénin mis à l'honneur À découvrir Le Kangourou du jour Répondre « Nous avons besoin de femmes à la table du changement » ; « faire émerger des modèles inspirants », a-t-on pu entendre dans le sillage des trente lauréates. Au centre de tous les regards, Marie-Marthe Chabi symbolise peut-être un pari réussi. La tout juste doctorante est devenue, durant quelques jours, l'un des porte-étendards du Bénin, pays hôte jouissant d'une certaine tradition universitaire. Son étude, particulièrement remarquée sur le diabète, l'amène désormais à partager son temps entre l'université d'Abomey-Calavi et l'unité de photobiologie de la Sorbonne. Il est question du stress oxydatif, un effet de cette maladie chronique qui augmente de manière inquiétante sur le continent. Le stress des cellules humaines accélère le processus de vieillissement et favorise d'autres pathologies cardiovasculaires ou neurologiques. À lire aussi Arielle Kitio, la passion de transmettre En laboratoire, la solution de Marie-Marthe tient en une multitude de petites diodes lumineuses appliquées plusieurs fois par jour sur le corps humain : l'hypothèse repose ici sur l'effet antioxydant de la lumière rouge et infrarouge. Malgré l'enthousiasme et le soutien financier de dix mille euros associé à la remise du prix, la scientifique insiste sur le besoin de financement pour donner les moyens aux femmes d'inscrire leurs recherches dans la durée. Si l'Afrique ne publie aujourd'hui que 3,5 % des travaux scientifiques, c'est que le budget alloué à la recherche demeure faible, limitant au passage les débouchés pour les femmes qui souhaiteraient emprunter cette voie trop souvent jugée périlleuse. En attendant, « visibilité et confiance en soi iront de pair » pour faire émerger davantage de talents féminins dans le domaine des sciences en Afrique.

By |2024-12-31T17:51:24+00:00December 31st, 2024|Scoop.it|0 Comments

L’Union africaine se cherche un patron et une boussole

Après un dîner en grande pompe la veille au siège de l'Union africaine (UA), l'ex-Premier ministre kényan Raila Odinga s'est adressé à la presse le samedi 9 novembre dans une salle de réception du luxueux hôtel Radisson Blu d'Addis-Abeba. À 79 ans, celui qui a échoué à cinq élections présidentielles dans son pays a ainsi officiellement lancé sa campagne pour la présidence de la Commission de l'UA. LA NEWSLETTER AFRIQUE Tous les mardis à 16h45 Recevez le meilleur de l’actualité africaine. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. Le scrutin, qui se tiendra au moment du sommet de l'instance panafricaine en février, l'opposera à trois autres candidats : le Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf, le Malgache Richard Randriamandrato et le Mauricien Anil Gayan. Ce sont Raila Odinga et Mahamoud Ali Youssouf qui apparaissent pour l'heure comme les favoris pour remplacer l'actuel président, le Tchadien Moussa Faki, qui ne peut plus se présenter après ses deux mandats de quatre ans. Ce dernier soulignait, lors du dernier sommet de l'instance, la principale faiblesse de cette alliance de 55 États. L'écrasante majorité des décisions – 93 % au cours des années 2021, 2022 et 2023 – n'est pas appliquée. À lire aussi Union africaine : le big bang de la réforme Textes flous et manque d'indépendance financière « La tradition consiste à adopter les décisions à l'unanimité, ce qui produit des textes très flous, très généraux, visant par exemple à “augmenter le commerce sur le continent” ou à “faire taire les armes à l'horizon 2030”, explique Ueli Staeger, spécialiste de l'UA à l'université d'Amsterdam. La réforme institutionnelle entamée en 2016 a, en outre, limité la capacité de la Commission, tandis que les États membres ne mettent pas les moyens nécessaires pour qu'elle fonctionne correctement grâce à un effectif de personnel », précise le chercheur. À lire aussi Les défis qui attendent l'Union africaine en 2018 « Le prochain président de la Commission doit réduire la dépendance de l'UA aux financements externes et encourager les pays membres à régler leur contribution afin que l'instance s'autofinance et serve, enfin, les intérêts de l'Afrique, et non plus du reste du monde », insiste de son côté Patricia Agupusi, professeure adjointe de sciences sociales au Worcester Polytechnic Institute. Elle préconise aussi un engagement accru des populations afin qu'« elles exercent un contrôle sur les activités de l'UA ». Dans le cadre de la campagne pour la présidence de la Commission, des débats entre les candidats auront lieu. Mais ils s'adresseront vraisemblablement davantage aux chefs d'État qu'à leurs administrés. « La plupart des citoyens ne sont pas au courant de cette élection », regrette Patricia Agupusi. À lire aussi Le Tchadien Moussa Faki Mahamat élu président de la Commission de l'Union africaine « Promouvoir l'unité entre les pays africains » Face aux journalistes, ce samedi en début d'après-midi, Raila Odinga a été interrogé sur les premières mesures qu'il mettrait en place s'il était élu… Ses réponses, à l'image des décisions prises par l'instance, se gardent bien d'aborder les détails pratiques. « La première solution est d'essayer de promouvoir l'unité entre les pays africains. L'unité est un concept préalable au développement. Nous voulons être certains que les pays africains parlent d'une voix, esquisse le candidat kényan. Nous voulons nous assurer que les groupements régionaux économiques dits CER soient correctement intégrés […] afin de permettre que les décisions de l'UA soient mises en œuvre à travers ces groupes », ajoute-t-il. Son rival djiboutien, de 21 ans son cadet, compte globalement s'atteler aux mêmes chantiers de « la promotion de la paix et de la sécurité, l'accélération de l'intégration économique, le soutien à l'innovation et à l'entrepreneuriat, ainsi que la défense des droits de l'homme et de la démocratie ». L'équipe de ce ministre des Affaires étrangères, poste qu'il occupe depuis 2005, met en avant sa maîtrise des trois principales langues parlées à l'UA, l'anglais, le français et l'arabe. « C'est un facteur important qui pourrait permettre à Djibouti d'être soutenu par les pays francophones. Il a par ailleurs reçu l'aval de l'Organisation de la coopération islamique, dont 27 pays africains font partie », indique Babatunde Fagbayibo. Ce professeur de droit international à l'université de Pretoria estime néanmoins que la carrière de Raila Odinga au sein de l'instance panafricaine pourrait jouer en sa faveur. À moins que le souvenir de ses deux échecs en son sein ne le desserve. En 2011, il avait perdu son rôle de médiateur en Côte d'Ivoire à cause de sa proximité avec le président tout juste élu, Alassane Ouattara. À lire aussi « L'Afrique ne doit pas rater le virage de la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU » Des visions qui diffèrent peu À découvrir Le Kangourou du jour Répondre L'an dernier, il a dû quitter son poste d'envoyé de la Commission de l'UA pour le développement des infrastructures en Afrique après avoir encouragé à des manifestations contre le gouvernement du Kenya. Toutefois, le président kényan, William Ruto, soutient la candidature de Raila Odinga à la tête de la Commission. Les visions des candidats malgache et mauricien diffèrent peu de celles de Raila Odinga et de Mahamoud Ali Youssouf. Le premier, Richard Randriamandrato, actuel ministre des Affaires étrangères, souhaite privilégier l'intégration et la croissance économique, la paix, la sécurité et la stabilité régionale, l'autonomie financière et le développement durable et, enfin, la gouvernance démocratique et l'État de droit. Le second, l'avocat Anil Gayan, entend « créer une Afrique plus intégrée, plus prospère et plus pacifique, financièrement indépendante, opérationnellement efficace et guidée par une bonne gouvernance ».

By |2024-12-29T14:16:14+00:00December 29th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Le bleisure allonge la durée des déplacements à l’étranger

Une analyse mondiale auprès de 562 décideurs, travel managers et voyageurs d’affaires menée par Corporate Traveller et FCM Travel, révèle que les voyages à l’étranger d’une journée enregistrent la croissance la plus faible entre 2023 et 2024. Ces déplacements sont relégués au second plan par rapport aux séjours prolongés, notamment ceux de 6 ou 7 jours, qui affichent une augmentation de 10 % sur la même période. D’après la même enquête, “des événements tels que des concerts ou des compétitions sportives influencent désormais de manière stratégique les déplacements professionnels.” Extrapolons l’analyse de FCM : la stratégie, en pareil cas, ne relève pas du travel management mais du voyageur lui-même. Dans le cas d’un déplacement que son activité professionnelle lui impose, la date sera choisie en fonction d’une prolongation bleisure offrant une expérience particulière. Melissa Elf, COO Monde de Flight Centre Corporate se fait plus précise : “Selon nos données internes, les séjours prolongés autour de grands événements continuent de gagner en popularité, qu’il s’agisse de concerts de Taylor Swift en Australie, du Grand Prix de Formule 1 à Singapour, des matchs des Jaguars de Jacksonville à Londres, des Mets à New York, ou simplement d’un voyage d’affaires prolongé pour profiter de moments en famille.” Des loisirs pour 75% des voyageurs Que les déplacements d’une journée soient les moins prisés pour les déplacements à l’étranger n’a rien d’inédit. Déjà, l’indice GBTA Business Travel Index Outlook 2024, basé sur les réponses de 4.100 voyageurs d’affaires dans cinq régions du monde, publiée en juillet 2024, le confirmait. Ce qu’il y a de nouveau c’est la progression de 10% des séjours de 6 ou 7 jours. Et tout démontre donc que cette appétence pour les séjours longs est à mettre en relation avec une pratique bleisure - à vrai dire, un séjour de 6 ou 7 jours contenant au moins une partie de week-end l’implique forcément. La même enquête confirme que plus de 75 % des personnes interrogées déclarent qu'eux-mêmes ou leurs collaborateurs intègrent des moments de loisirs à leurs voyages professionnels. “Ces données mettent en avant des tendances mondiales, à la fois émergentes et durables, dans les voyages d’affaires. Elles offrent aux entreprises une opportunité précieuse d’ajuster leurs politiques pour répondre aux attentes de leurs collaborateurs, tout en constituant un levier stratégique pour attirer et fidéliser les talents”, ajoute Melissa Elf.

By |2024-12-29T14:00:55+00:00December 29th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Internet : la France face à l’irrésistible ascension du Starlink d’Elon Musk

L'anecdote est racontée devant un parterre de professionnels des télécoms, dont le métier est de déployer la fibre optique. « Un restaurant sur la côte atlantique ouvre deux mois dans l'année et a souhaité se raccorder à la fibre. Le devis était de 120.000 euros. Pour lui, cela n'a aucun sens de choisir la fibre alors qu'il peut aller chez Darty et acheter une antenne Starlink à 350 euros. » Alors que l'extinction du réseau cuivre, qui sert à véhiculer le téléphone et l'ADSL, va se concrétiser le 31 janvier 2025 avec un premier lot de 162 communes concernées, la question du satellite resurgit de façon aiguë. Un Français sur dix n'est toujours pas éligible à la fibre optique, selon l'Arcep, le régulateur des télécoms. Et ils ne le seront peut-être jamais, car leur raccordement est soit trop cher ou trop complexe. Autant de clients qui intéresseront Starlink, l'opérateur satellite d'Elon Musk. Dans les zones mal desservies par la fibre La France a fait le choix du 100 % fibre : opérateurs et collectivités (qui déploient les réseaux en régions) ne jurent que par les fils de lumière. Si bien qu'ils osent à peine évoquer Starlink, devenu « l'éléphant dans la pièce ». L'opérateur est pourtant de plus en plus présent dans l'Hexagone. D'un point de vue commercial d'abord, il se positionne en concurrence frontale avec les offres fixes du marché, avec un abonnement à 40 euros par mois. Au niveau des usages ensuite : si l'Américain ne dévoile aucun chiffre - et ne répond pas aux sollicitations des journalistes -, le trafic aurait néanmoins triplé en France en 2024, selon Cloudflare. D'après l'Arcep, qui vient de mener une consultation publique auprès de 4.700 personnes, Starlink est plébiscité pour développer la connectivité dans les zones mal desservies par la fibre et le mobile, tant par les particuliers que les entreprises. Les utilisateurs existants du service américain se disent d'ailleurs globalement satisfaits. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Air France va offrir du wi-fi haut débit grâce à la constellation Starlink d'Elon Musk Internet par satellite : comment la Chine veut s'imposer face au Starlink d'Elon Musk Pour les particuliers, le kit satellitaire est seulement distribué par FNAC-Darty, et depuis plus récemment par Boulanger, et sur Internet. Sur le terrain, il suffit de tendre l'oreille. « Starlink perce fort dans les campagnes qui ne sont pas desservies par la fibre, mais aussi dans les quartiers résidentiels où il y a des problèmes », raconte Gaspard Pierre, installateur Starlink. Implanté à Arles et Carpentras, il voit son activité grimper depuis 2021, avec 15 installations par mois. Le recours à un artisan est certes coûteux, de 700 à 1.000 euros pour la main-d'oeuvre, sans l'antenne ni le bras officiel. Mais selon le professionnel, « il y a de plus en plus d'installateurs spécialisés dans la fibre qui proposent Starlink ». Des clients lassés d'attendre la fibre Si le satellite est logiquement envisagé par les propriétaires isolés (fermes, chalets, commerces saisonniers, maisons secondaires…), la solution technologique touche aussi « ceux qui sont lassés d'attendre la fibre, et même les logements neufs, où il faut désormais payer 650 euros rien que pour localiser le point d'accès au réseau, contre 15 euros avant pour le cuivre », souffle Ariel Turpin, délégué général de l'Avicca, l'association du numérique en région. LIRE AUSSI : EXCLUSIF - Le gendarme des télécoms sonne l'alerte sur le déploiement de la fibre et réclame un « portage politique » ENQUETE - Fibre optique : pourquoi les clients saturent « Bravo Orange ! » ironise sur le forum Lafibre.info un abonné qui fait face à ce problème et s'est, depuis, abonné à Starlink pour moins cher. Ce n'est pas tout. Alors que la France est réputée avoir déployé sa fibre optique vite - mais avec parfois des problèmes de qualité -, l'Avicca observe que, de plus en plus d'abonnés, déçus par leur connexion fibre, basculent chez Starlink. « Le satellite peut servir de solution transitoire pendant les déploiements, mais il n'y a rien de mieux que la fibre », plaide Laurent Halimi, le nouveau président de la Fédération française des télécoms. Or, l'exemple de Mayotte a montré que la résilience des réseaux terrestre avait ses limites. L'île, dont les réseaux télécoms sont presque totalement tombés, doit s'en remettre à des kits de secours envoyés par les opérateurs… dont aucun n'avoue qu'ils contiennent du Starlink ! Les entreprises intéressées Chez les opérateurs, seul Bouygues Telecom Entreprises a choisi de « pactiser » avec la firme d'Elon Musk, en nouant un partenariat de distribution en juillet. Cette offre doit répondre aux besoins des entreprises qui seront bientôt coupées du cuivre, et n'ont pas de possibilité de se connecter en 4G ou 5G. Et constitue un mode de connexion en plus (« back-up »), par sécurité. LIRE AUSSI : Turbulences en vue sur les télécoms d'entreprise avec la fin de l'ADSL Télécoms : ces entreprises qui hésitent à passer à la fibre « Starlink apporte une réponse aux entreprises qui n'ont pas encore d'accès à la fibre », relève Sylvain Plagne, directeur marketing chez Bouygues Telecom Entreprises, qui compte accentuer la mise en avant de cette offre à l'avenir. L'intérêt des entreprises serait manifeste, entre inquiétude liée à la fin du cuivre et hésitation à passer à la fibre. La France reste très bien équipée en télécoms. « La guerre porte sur les 10 % qui ne sont pas encore raccordés à la fibre », pointe Sylvain Chevallier, analyste chez BearingPoint. « Mine de rien, cela fait 3 millions de foyers, ce qui est loin d'être négligeable », complète l'expert - c'est à peine moins que le parc fixe de Bouygues Telecom. D'ailleurs, Starlink est en train d'être rejoint par d'autres… Orange et Amazon sur les rangs Orange, qui reste très discret sur ce sujet, a lancé son offre Nordnet d'Internet par satellite en décembre, avec des débits (200 mb/s) et un prix (50 euros par mois) comparables à Starlink, mais une latence supérieure. Contrairement à l'Américain qui possède 6.000 satellites de basse orbite à 550 km de la Terre, Nordnet ne compte que sur un lointain satellite géostationnaire situé à 36.000 km. La différence est la latence : 33 millisecondes pour Starlink et 700 millisecondes pour le second. LIRE AUSSI : Satellites : Face à SpaceX, Bruxelles lance sa constellation pour plus de 10 milliards d'euros Les choses pourraient s'agiter en 2025. Pas avec la constellation européenne Iris2 , attendue seulement en 2030. Mais avec Amazon qui prévoit de lancer commercialement son offre Kuiper l'année prochaine. Après avoir obtenu un feu vert de l'Arcep en juillet pour des tests, Amazon a accéléré mardi 17 décembre avec la demande d'« établir et exploiter un réseau ouvert au public ». Et il se dit que les prix de Kuiper seront inférieurs à ceux de Starlink… Pour le secteur français des télécoms, qui peine à rentabiliser ses 14 milliards d'euros investis dans les réseaux fixes depuis dix ans, il ne manquerait plus que la guerre des prix du mobile s'étende désormais au fixe.

By |2024-12-28T23:33:10+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Allemagne : Elon Musk s’invite avec fracas dans la campagne en apportant son soutien à l’extrême droite

C'est une série de tweets qui n'est pas passée inaperçue. Le milliardaire américain Elon Musk est entré dans la campagne électorale allemande avec des déclarations chocs. « Seule l'AfD peut sauver l'Allemagne », a-t-il écrit sur sa plateforme X, l'ex-Twitter sur laquelle l'entrepreneur peut se targuer d'avoir 208 millions d'abonnés, lui assurant une gigantesque caisse de résonance. « Vous avez parfaitement raison », s'est empressée de réagir la coprésidente du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD), Alice Weidel. Alors que des élections sont prévues pour le 23 février, l'AfD est créditée d'environ 19 % d'intentions de vote. Reste que ce soutien à un parti d'extrême droite, dont les propositions ont été qualifiées «de bon sens» par Elon Musk, n'est pas sans poser de problèmes : il constitue une interférence étrangère, de la part d'un milliardaire non élu, dans une campagne déjà sous tension et un pays fracturé. A l'ancien commissaire européen Thierry Breton qui s'en inquiétait sur X ce week-end, Musk a répondu que si le Français ne parlait pas russe ou allemand aujourd'hui, c'était grâce à une «interférence étrangère américaine»... Appel à la démission de Scholz Quelques heures après l'attentat de Magdebourg, qui a coûté la vie à 5 personnes, Elon Musk est allé plus loin, attaquant directement le chancelier Olaf Scholz, qu'il a appelé à « démissionner immédiatement », en le traitant d'« incompétent » et d'« idiot ». En interpellant de cette façon le chef du gouvernement allemand à la veille d'élections, il est difficile de ne pas y voir une tentative de déstabilisation, venant, qui plus est, d'un homme qui a régulièrement des contacts téléphoniques avec le président russe Vladimir Poutine, selon le « Wall Street Journal ». Ce n'est pas la première fois que l'homme d'affaires sud-africain, qui a vécu sous le régime de l'apartheid jusqu'à l'âge de 17 ans, s'immisce dans la vie politique d'Etats étrangers, en faisant avancer son agenda pro-extrême-droite. Elon Musk, la personne la plus riche du monde et financier de la campagne de Donald Trump, l'a fait dans la politique britannique en attaquant le parti travailliste au pouvoir, et des rumeurs circulent sur une aide financière au parti d'extrême droite Reform UK , de Nigel Farage. En Allemagne, le propriétaire de Tesla et de SpaceX est également un habitué des tweets provocateurs. Il a récemment insulté Angela Merkel, tout comme Olaf Scholz. « Olaf est un imbécile », avait-il écrit en allemand en novembre, en commentaire d'un post annonçant la chute de la coalition. « Sur X, règne la liberté de pouvoir dire ce que l'on veut », s'était contenté de répondre le gouvernement allemand. Quelques jours plus tard, le chancelier avait concédé que la remarque n'était « pas très aimable » mais que comme les entreprises du secteur d'Internet n'étaient « pas des organes d'Etat », il « n'avait pas accordé d'attention » particulière à cette attaque. Des intérêts en Allemagne En septembre 2023, Elon Musk avait également jugé que le gouvernement allemand avait une politique « folle » en matière de réfugiés. « Si un gouvernement démocratique agit contre la volonté du peuple, il devrait être révoqué », avait-il tweeté. Le milliardaire, q ui entend radicalement réformer le fonctionnement de l'Etat fédéral américain, ne se fixe visiblement aucune limite dans ses propos, alors qu'il est désormais un élément clé de l'équipe Trump bientôt au pouvoir. Et qu'il a des intérêts importants en Allemagne. En 2019, Elon Musk avait choisi le pays pour y construire sa seule usine en Europe. Située à Grünheide, près de Berlin , celle-ci emploie 12.000 salariés et dispose d'une capacité de production de 500.000 véhicules par an. Le constructeur, qui occupe une superficie de 300 hectares, souhaite défricher une centaine d'hectares supplémentaires, afin de construire des entrepôts, une gare de marchandises et une crèche et porter la capacité de production du site à 1 million de voitures par an.

By |2024-12-28T23:31:11+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments