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Comment Marriott souhaite-t-il s’imposer sur le marché de l’hôtellerie plein air ? –

Marriott met la main sur Postcard Cabins, une société spécialisée dans l’hébergement plein air. Un rachat stratégique pour le géant de l’hôtellerie qui témoigne de l’évolution des comportements et des tendances de voyage. Postcard Cabins (ex-Getaway House) est une société américaine spécialisée dans l’hébergement plein air et propose à la location des bungalows/cabines premium en pleine nature dans plus de 29 destinations aux Etats-Unis. Au total, elle détient 1 200 cabines à proximité de parcs nationaux à travers le pays. Marriott a annoncé le rachat de la jeune pousse dans l’optique de se développer sur le marché de l’hôtellerie plein air de luxe. Contacté par la rédaction, le groupe confirme que cet accord, couplé à celui passé avec Trailborn, un autre acteur de l’hébergement de plein air, viendra améliorer son offre de voyages expérienciels et renforcer sa présence sur ce segment. Des changements de comportements en faveur de l’hôtellerie de plein air « Alors que les clients sont de plus en plus intéressés par des voyages immersifs et axés sur la nature, nous sommes ravis de développer le portefeuille de Marriott en offrant des options d’hébergement et des expériences diversifiées dans certaines destinations et axées sur la nature », ajoute un porte-parole du groupe. L’offre des deux entreprises devrait être intégrée sur la plateforme de Marriott Bonvoy en 2025, dans une collection dédiée à l’hôtellerie plein air. Ce rachat reflète un changement dans les habitudes et tendances de voyage et témoigne de l’intérêt croissant de ce type d’expérience du côté des voyageurs. Soucieux de leur impact environnemental, les touristes se tournent de plus en plus vers des solutions d’hébergements durables, avec un accès à la nature facilité.

By |2024-12-28T10:05:24+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Matières premières : trois choses à savoir sur Trafigura, le géant du négoce dans la tourmente

C'est une nouvelle lumière crue jetée sur Trafigura. Le négociant en matières premières est au coeur d'un procès retentissant en Suisse pour une affaire de corruption en Angola. L'entreprise aurait versé des pots-de-vin pour obtenir des contrats. Un ancien haut dirigeant est sur le banc des accusés. Une nouvelle affaire qui vient s'ajouter à une longue liste de scandales et de fraudes, qui commencent à coûter cher Trafigura. Voici trois choses à savoir sur le géant du négoce. 1. Un négociant aux activités très larges Si le procès de Trafigura fait tant parler de lui, c'est que l'entreprise est un géant du négoce des matières premières. Elle intervient dans le pétrole, le gaz, ainsi que dans de nombreuses filières métallurgiques et minières. Elle est notamment très investie dans le négoce des métaux de la transition énergétique, indispensables particulièrement pour développer l'électrification des usages. LIRE AUSSI : Richard Holtum, nouveau patron du négociant de matières premières Trafigura Le groupe intervient aussi dans le secteur du transport maritime. Il possède notamment une flotte de plus de 350 navires, qui lui permet notamment de transporter ses propres productions. Il possède également des parts dans la société Lobito Atlantic Railway, une société ferroviaire qui permet de relier les bassins miniers de l'Angola à la mer. Trafigura intervient aussi dans le stockage de carbone. 2. Un géant de stature mondiale En 2024, Trafigura indique avoir échangé une moyenne de 6,8 millions de barils de pétrole et produits pétroliers par jour, soit près de sept fois les importations françaises. L'entreprise a également traité 21,9 millions de tonnes de métaux non ferreux - cuivre, aluminium, nickel, etc. - et 102,2 millions de tonnes de minéraux en vrac, comme le fer ou le charbon. Résultat, Trafigura a généré quelque 243 milliards de dollars de revenus en 2024 et un bénéfice net de 2,8 milliards. Cela le place dans le peloton de tête des négociants indépendants, aux côtés de Vitol, Gunvor ou encore Mercuria. 3. Un groupe régulièrement dans la tourmente Outre le procès en lien avec la corruption en Angola, Trafigura est régulièrement dans la tourmente. En mars dernier, le groupe a plaidé coupable aux Etats-Unis et versé 127 millions de dollars de pénalités après avoir été accusé de versements de pots-de-vin à la classe politique brésilienne. LIRE AUSSI : Corruption, manipulation de cours : les négociants de matières premières peinent à tourner la page des affaires Il y a quelques semaines, Trafigura a aussi été éclaboussé par une autre affaire qui pourrait lui coûter jusqu'à 1,1 milliard de dollars de perte. Le négociant accuse en effet certains de ses salariés en Mongolie de surfacturation et de dissimulation d'impayés. En février 2023, Trafigura avait déjà été victime d' une fraude « systématique » en négociant du nickel, pour un préjudice supérieur au demi-milliard d'euros. Le négociant s'était fait livrer des conteneurs du précieux métal de moins bonne qualité que ceux commandés, voire des conteneurs vides.

By |2024-12-28T10:05:07+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments

IA : qui est Databricks, l’entreprise qui a levé un montant record de 10 milliards de dollars ?

Où s'arrêtera la folie de l'intelligence artificielle ? Databricks, spécialiste américain du logiciel de traitement des données, vient d'annoncer un tour de table record à près de 10 milliards de dollars. Soit la plus grosse levée de fonds jamais vue - la précédente était celle de la pépite OpenAI en octobre, à 6,6 milliards de dollars. Cette opération valorise l'entreprise dirigée par Ali Ghodsi, un informaticien irano-suédois, à 62 milliards de dollars, près de 20 milliards de plus qu'il y a un an et demi. La transaction a été menée par Thrive Capital, qui aurait acquis une participation d'environ un milliard de dollars dans l'entreprise, d'après Bloomberg, accompagné d'Andreessen Horowitz, DST Global, GIC, Insight Partners et WCM. « Ces fonds seront investis dans de nouveaux produits d'IA, des acquisitions, et l'expansion des opérations à l'international. En plus de financer sa croissance, ce capital servira à fournir des liquidités aux collaborateurs, actuels et anciens », a annoncé mardi l'entreprise, qui revendique une croissance de 60 % sur un an. Un concours de Netflix Comme tout bon élève de la Silicon Valley, Databricks a lui aussi sa légende. L'entreprise est née en 2013 à San Francisco, du fruit de la collaboration de six étudiants en doctorat à Berkeley. A l'époque, ils tentent leur chance à un concours organisé par un certain Netflix - dont la notoriété commence tout juste à résonner à dépasser les frontières américaines - pour optimiser le moteur de recommandation des contenus sur la plateforme. Onze ans après, les fondateurs sont encore à la tête de cette organisation qui emploie désormais 7.000 personnes et compte parmi ses clients de grandes entreprises comme Toyota, Astra Zeneca, Credit Suisse ou Michelin. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - OpenAI, Microsoft, Nvidia : le vertige des dépenses dans l'IA IA : les entreprises au défi de la formation de leurs salariés Comme de nombreux acteurs du big data et du cloud, Databricks reste peu connue du grand public. Et pour cause, son métier consiste dans l'optimisation des données des entreprises, une activité par essence peu visible en dehors des directions informatiques. Mais c'était avant l'explosion de l'intérêt pour l'IA générative ces deux dernières années. Concrètement, Databricks structure les données de ses clients, y accole une couche logicielle (une plateforme de gestion des données) ainsi que des fonctionnalités d'IA, permettant à n'importe quel employé d'utiliser les montagnes de données que possèdent les entreprises. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - IA : ChatGPT, le top départ d'une incroyable course aux milliards DECRYPTAGE - OpenAI, ByteDance, SpaceX : ces start-up aux valorisations XXL « Pour faire de la bonne IA générative, il faut de la bonne data », explique Guillaume Brandenburg, directeur général France de Databricks. La philosophie de l'entreprise réside aujourd'hui dans l'usage de petits modèles d'IA, qui permettent d'interroger des données structurées avec un coût nettement inférieur à celui des grands modèles de langages (LLM). Elle a notamment racheté en 2022 la pépite d'IA générative MosaicML pour 1,3 milliard de dollars, avant de créer son propre grand modèle, DBRX, pour seulement 10 millions de dollars. Bien loin des centaines de millions de dollars investis pour développer les LLM les plus célèbres. Croissance insolente Le marché est particulièrement porteur. Databricks vise un chiffre d'affaires de 3 milliards de dollars cette année et un flux de trésorerie positif pour la première fois au 31 janvier 2025. En France, le spécialiste de la data affiche une insolente croissance de 70 %. « Nous sommes en position pour devenir numéro un du secteur », martèle Guillaume Brandenburg, qui veut croire que dans la course à l'IA, les gagnants seront bel et bien les fournisseurs de logiciel. Pour de nombreux observateurs, cette levée de fonds XXL pourrait être l'ultime étape avant une éventuelle introduction en Bourse. L'un de ses principaux concurrents, le franco-américain Snowflake, est actuellement valorisé 56 milliards de dollars à Wall Street.

By |2024-12-28T10:04:24+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments

IA : Elon Musk rend gratuit Grok, le plus polémique des chatbots

Le match entre OpenAI et la dernière start-up d'Elon Musk bat son plein. Après des semaines de rumeurs, xAI a bel et bien décidé de rendre gratuite l'utilisation de son chatbot Grok pour les plus de 600 millions d'utilisateurs du réseau social X. Jusqu'ici, cette intelligence artificielle sans filtre en comparaison du ChatGPT de son concurrent n'étaient disponible que pour 1 à 3 millions d'abonnés payants de la plateforme également détenue par le milliardaire, tout comme Tesla et SpaceX. « Comme toujours, les utilisateurs Premium et Premium + bénéficient de limites d'utilisation plus élevées et seront les premiers à accéder aux nouvelles fonctionnalités à venir », précise l'entreprise sur son blog. « Essayez Grok pour répondre à n'importe quelle question, créer n'importe quelle image et analyser n'importe quelle image, même les scanners médicaux ! » a lancé Elon Musk en relayant l'annonce sur son propre compte X, suivi par plus de 200 millions de personnes. Mensonge et théorie du complot Cette ouverture du plus polémique des chatbots inquiète les défenseurs d'une information fiable et vérifiée. D'abord présenté sous le nom de « TruthGPT » par Elon Musk, Grok s'est déjà fait, moins d'un an après son lancement, une triste réputation. Conçu pour dépasser les limites du politiquement correct, il est entraîné à répondre en tenant compte d'une base de données piochée sur le Web mais aussi dans les messages publiés à tout instant sur X. Or, à croire plusieurs études, la très modeste modération sur X trouble les réponses du chatbot. LIRE AUSSI : RECIT - Milliards, divorce et rancoeurs : la féroce bataille entre Elon Musk et OpenAI DECRYPTAGE - IA : ChatGPT, le top départ d'une incroyable course aux milliards « Parmi les contenus mis en avant par Grok, on trouve des messages promouvant des théories du complot avant que nous ne le demandions, comme l'affirmation que l'élection de 2020 était frauduleuse et que la CIA avait assassiné John F. Kennedy », notait par exemple une étude publiée fin août 2024 par l'ONG Global Witness. De même, l'administration électorale américaine s'était inquiétée cet été quand le chatbot répondait qu'il était réglementairement trop tard pour qu'un autre candidat démocrate puisse remplacer Joe Biden dans la course à la Maison-Blanche. La participation au pied levé de Kamala Harris a démontré l'inverse. Contre-attaque d'OpenAI Mais pour Elon Musk, la liberté d'expression absolue de Grok est justement ce qui va lui permettre de se différencier de ses concurrents plus policés, tels ChatGPT et Google Gemini. Cofondateur d'OpenAI, le milliardaire attaque sur tous les fronts l'entreprise. Il l'avait quittée en 2018 alors que le laboratoire né comme une structure à but non lucratif entamait une démarche plus commerciale et se rapprochait de Microsoft. Sur le front judiciaire, OpenAI vient d'ailleurs de répondre à la longue plainte du milliardaire qui s'estime floué par ce changement de pied stratégique passé. Tout en demandant à la juge californienne Yvonne Gonzalez Rogers de rejeter la plainte d'Elon Musk, l'entreprise de Sam Altman assure, messages à l'appui, que le milliardaire avait soutenu cette orientation vers les profits. Jusqu'à ce qu'il échoue à convaincre ses associés qu'il devait, lui-même, être actionnaire majoritaire et directeur général… Meta se rallie à la cause d'Elon Musk Mais Elon Musk vient par ailleurs de gagner un soutien de poids. D'après le « Wall Street Journal », Meta, la maison mère de Facebook, d'Instagram et de WhatsApp, également dans la course au développement des meilleurs modèles d'intelligence artificielle, a adressé au procureur de Californie une lettre lui enjoignant de bloquer le nouveau pas d'OpenAI vers un statut d'entreprise à part entière. Alors qu'OpenAI entend désormais devenir officiellement une entreprise à but lucratif, Meta estime qu'autoriser cette transition créerait un dangereux précédent : les start-up pourraient s'estimer en droit de bénéficier des avantages, notamment fiscaux, du statut d'entreprise à but non lucratif jusqu'à ce qu'elles soient prêtes à devenir rentables. Meta espère surtout que son concurrent conserve le plus longtemps possible les contraintes liées à son statut actuel. Il fallait bien OpenAI pour qu'Elon Musk et Mark Zuckerberg oublient leurs idées de combat à mains nues l'un contre l'autre.

By |2024-12-28T10:03:31+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Mon prof est une IA

Et si demain, mon professeur était une IA ? C'est encore de la science-fiction, mais alors que l'Education nationale peine à séduire de nouveaux professeurs, l'utilisation d'avatars pour enseigner pourrait bien présenter quelques avantages. L'an prochain, le ministère a encore réduit le nombre de postes proposés au concours. La baisse atteint 4,8 % pour le Capes. Sont les plus touchés l'allemand, la physique chimie, les mathématiques, les lettres classiques et modernes et l'éducation musicale. Des disciplines qui ont traditionnellement des problèmes de recrutement. L'idée n'est pas tant de remplacer les professeurs que de les aider à mieux appréhender une classe, parfois surchargée. Et de faire reculer l'échec scolaire ? « Chaque professeur a une manière d'enseigner particulière, qui parfois ne passe pas avec l'ensemble des élèves », constate Etienne Genvrin, fondateur de Edailabs, une start-up dans ce domaine de l'apprentissage de langue et créateur de l'application Speekoo. « La technologie nous permet aujourd'hui de créer un professeur virtuel, qui comprendrait la manière d'apprendre de chacun de nous. Un professeur qui donnera envie d'apprendre. » L'IA n'est pas là pour remplacer les professeurs, mais pour les aider sur certaines tâches. L'anglais, mais pas l'allemand Des start-up travaillent aujourd'hui à la création d'avatars pour l'apprentissage notamment des langues. L'avatar prend ici la forme d'une jeune femme de 25 ans, brune et avenante, avec un faux air de maîtresse d'école. Pour l'instant, l'application Klea AI Teacher de edailabs ne permet encore que de faire l'apprentissage de l'anglais. « Les modèles de langage pour entraîner l'IA sont assez complexes, hormis pour l'anglais », explique Etienne Genvrin. « Ils sont moins performants - pour l'instant - pour l'allemand ou l'espagnol. Mais c'est aussi le cas pour les modèles de voix », nécessaire pour l'interaction avec les utilisateurs de l'application. « Pour créer un avatar, il faut une voix, et celles-ci sont très peu performantes en dehors de l'anglais ». Mais nous ne sommes encore qu'au début de l'histoire. L'IA pourra se perfectionner, notamment dans la prise en compte des accents.

By |2024-12-28T10:02:33+00:00December 28th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Coup de grâce pour Didier Raoult, son étude phare sur l’hydroxychloroquine retirée

En mars 2020, alors que la pandémie de Covid-19 commence à menacer le monde entier, une étude française fait naître un immense espoir. Publiée dans la revue International Journal of Antimicrobial Agents par le Pr Didier Raoult et son équipe de l'IHU de Marseille, elle semble démontrer l'efficacité spectaculaire de l'hydroxychloroquine (HCQ) associée à l'azithromycine contre le coronavirus. Cette étude historique vient tout juste d'être rétractée par Elsevier, son éditeur. Sur le plan scientifique, cela signifie qu'elle n'existe plus, que son contenu n'est plus valide. En d'autres termes, elle ne démontre pas l'efficacité de l'hydroxychloroquine contre le virus du Covid. Le coup de grâce pour Didier Raoult. À lire aussi EXCLUSIF. L'IHU et les hôpitaux de Marseille lancent une alerte contre le Pr Raoult L'infectiologue marseillais avait menacé, par lettre d'avocat, de poursuivre Elsevier en cas de rétractation de cet article. Du jamais vu dans ce milieu académique où le débat se tranche sur le fondement d'arguments scientifiques et non juridiques. C'est donc une victoire pour les médecins, chercheurs, lanceurs d'alerte et journalistes, qui pendant la pandémie n'ont eu de cesse de dénoncer cette publication marquée par d'énormes biais méthodologiques, mais aussi des manipulations grossières des résultats. LA NEWSLETTER SANTÉ Tous les mardis à 9h30 Recevez notre sélection d’articles issue de notre rubrique Santé ainsi que les Palmarès des hôpitaux et cliniques, dossiers spéciaux, conseils et astuces… En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. Mais une victoire au goût très amer, car cette rétractation arrive presque 5 ans trop tard. « Cela aurait dû se faire dans les jours ou au pire les semaines qui ont suivi la publication de cet article irresponsable, affirme Fabrice Franck, docteur en biochimie et l'un des principaux lanceurs d'alerte durant la pandémie. Elsevier a reculé face aux menaces de poursuites juridiques brandies par Didier Raoult. Ce qui pose la question de la responsabilité de cette maison d'édition dans les dommages causés par cette étude. Même la société savante qui gère ce journal avait déclaré depuis longtemps que cette étude était problématique. » La « folie hydroxychloroquine » Effectivement, malgré les dénégations et les discours rassurants que l'infectiologue marseillais tiendra à la télé, sur YouTube ou sur les réseaux sociaux, il sera très vite montré que l'hydroxychloroquine est responsable d'une surmortalité chez les malades du Covid. « Grâce à la pharmacovigilance, 8 arrêts cardiaques ont été signalés, dont 4 ont conduit à la mort, rien que durant le premier mois de prescription de HCQ en France. Par la suite, des études de grande ampleur ont estimé une surmortalité de 11 % chez les patients qui recevaient l'HCQ. Ce sont donc des dizaines, voire des centaines de milliers de morts de par le monde que l'on doit à la folie hydroxychloroquine », assure Mathieu Molimard, professeur au service de pharmacologie médicale du CHU de Bordeaux et l'un des plus farouches opposants aux thèses de l'infectiologue. À lire aussi Le Pr Raoult suspendu (trop tard) par l'Ordre des médecins Cette rétractation tardive est difficile à comprendre tant les alertes n'ont pas tardé : « Le 3 avril, soit quelques jours après la parution de l'étude, j'ai fait une vidéo qui a fait environ 400 000 vues dans laquelle j'explique la fraude de Didier Raoult, comment il a truqué ses résultats. Mais elle est passée inaperçue auprès des médias traditionnels », raconte Alexander Samuel, docteur en biologie et professeur de mathématiques dans un lycée de Grasse. Le jeune prof de math regrette surtout que l'attention se soit focalisée sur la mauvaise qualité de l'étude, sa méthodologie. « Si on avait admis tout de suite que cela reposait sur une fraude scientifique, je pense que la gravité de la situation aurait été comprise. Truquer ses résultats pour faire croire qu'un traitement marche, ce n'est pas la même chose que d'avoir des résultats vaguement positifs avec une méthodologie imparfaite. » À lire aussi EXCLUSIF. Les complotistes antivax français préparent un juteux business au Brésil Cette fraude sera d'ailleurs affirmée publiquement et avec force dans l'émission Complément d'enquête, par Louis Schweitzer, alors vice-président du Conseil d'administration de l'IHU. Mais en novembre 2022, bien trop tard encore. Populistes et conspirationnistes en soutien Lonni Besançon, chercheur à l'université de Linköping, en Suède, très engagé dans la lutte contre la désinformation sur le Covid-19, insiste sur ce point : « Il y a aussi une possible fraude lors de l'évaluation de l'article par les pairs censés valider la qualité scientifique de l'article. Habituellement, cela prend du temps. Là, cela a été bouclé en une journée seulement. Une partie des données indiquant que cette relecture a été très rapide ont depuis été supprimées du site de l'éditeur. Dans le cas d'études comme celle-ci, pouvant modifier la pratique clinique et la politique de santé publique, il est très important d'agir très rapidement. » Que disait l'étude ? « Le traitement par hydroxychloroquine est significativement associé à une réduction/disparition de la charge virale chez les patients atteints de Covid-19 et son effet est renforcé par l'azithromycine ». Des résultats qui ont rapidement fait le tour du monde, relayés par des personnalités influentes et même des chefs d'État, dont Donald Trump aux États-Unis et Jair Bolsonaro au Brésil. À lire aussi Didier Raoult : 30 ans d'expérimentations sauvages sur l'être humain L'article a ainsi eu un impact majeur sur la gestion de la pandémie : une promotion massive de l'hydroxychloroquine comme traitement miracle, des pénuries pour les patients souffrant de maladies comme le lupus ou l'arthrite traités en routine par ce médicament et un gaspillage considérable de ressources pour tenter de reproduire ces résultats. L'HCQ est même devenue une sorte de symbole contre l'industrie pharmaceutique au sein de la sphère conspirationniste et antivaccination. Une revue scientifique remise en question Pourtant, les biais méthodologiques, relevés dès les premiers jours, sautaient aux yeux pour qui savait lire une publication scientifique. Ils concernaient un échantillon très réduit de seulement 26 patients traités, l'absence de randomisation, c'est-à-dire de répartition aléatoire des patients entre groupe traité et groupe contrôle non traité, un groupe contrôle inadapté, composé de patients d'autres hôpitaux, et des incohérences dans les données rapportées. « Les patients en mauvais état, transférés en réanimation ou décédés, avaient été exclus de l'analyse, biaisant encore davantage les conclusions. L'étude a également été publiée en un temps record – un jour seulement – par une revue dont l'éditeur était affilié aux auteurs, soulevant des questions sur la rigueur de cette évaluation par les pairs », rappelle le docteur Jérôme Barrière, oncologue médical, membre du Conseil scientifique de la Société française du cancer et très impliqué dans la lutte contre la désinformation médicale. À lire aussi Devant le tribunal, le Pr Didier Raoult recule à la dernière minute À découvrir Le Kangourou du jour Répondre L'histoire n'est pas terminée. Cette étude est la première d'une longue série publiée par le professeur marseillais et son équipe, avec à chaque fois toujours plus de patients traités. La dernière, portant sur plus de 30 000 patients, a été rétractée en 2023 et attaquée en justice par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Écarté de la direction de son IHU en septembre 2022, mis à la retraite, banni de la communauté scientifique, suspendu par l'Ordre des médecins il y a quelques mois, Didier Raoult devra dans les mois et années à venir affronter plusieurs procédures judiciaires pour ses essais jugés illégaux. Comme on dit à Marseille, à trop faire le cacou…

By |2024-12-17T14:06:18+00:00December 17th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Les hallucinations des IA génératives : faire avec, car ces IA apportent des bénéfices

Les hallucinations des IA génératives sont leur principal talon d’Achille. Pour autant, malgré ce phénomène, cela vaut la peine pour les entreprises d’employer ce type d’intelligence artificielle. De plus, des dispositifs permettent d’encadrer et de réduire ces hallucinations. C’est ce que détaille Robert Vesoul, CEO et cofondateur d’Illuin Technology, spécialiste des projets d’IA générative. Dans […]

By |2024-12-17T09:13:07+00:00December 17th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Mayotte : la collision d’un cyclone avec une situation sociale explosive

Le bilan humain et matériel du passage de Chido sur Mayotte s'annonce déjà très lourd. Il va être d'autant plus élevé que le département français de l'archipel des Comores est moins habitué aux cyclones que d'autres territoires de cette partie de l'océan Indien. Les météores, qui se forment principalement entre décembre et mars, l'été dans l'hémisphère Sud, ne balaient pas souvent le 101e département français. Ses 321.000 habitants, selon le dernier recensement, sont moins préparés à les encaisser que ceux de La Réunion, touchée par des tempêtes tropicales plusieurs fois par saison. Mayotte a joué de malchance, en se trouvant exactement sur la trajectoire de Chido. Elle a été exposée aux vents les plus violents, ceux qui tournent autour de l'oeil du cyclone. Lequel, heureusement, se déplaçait rapidement : l'île y a été exposée quelques heures seulement, dans la matinée de samedi. Lorsqu'ils transitent lentement, les cyclones déversent souvent d'énormes quantités de pluie, qui, sous les tropiques, ont des conséquences encore plus dévastatrices que le vent. Autoconstruction et immigration clandestine L'habitat mahorais moderne est censé avoir été construit dans le respect des normes anticycloniques, qui lui permettent de résister à des rafales de la puissance de celles de Chido. Mais l'autoconstruction est une tradition à Mayotte, et elle a pris de l'ampleur au cours des dernières décennies, en même temps que l'immigration clandestine en provenance des Comores voisines. Les nouveaux arrivants se sont d'abord installés dans les interstices, puis leurs bidonvilles ont commencé à recouvrir des collines ; notamment celles qui dominent la zone d'activités économiques de Kaweni, aux portes de Mamoudzou, le chef-lieu. Elles offrent depuis samedi après-midi un spectacle de désolation. Selon l'Insee, près de la moitié des habitants de Mayotte ne possèdent pas la nationalité française, mais un tiers des étrangers y sont nés. LIRE AUSSI : ENQUETE - A Mayotte, l'urgence permanente Plusieurs jours seront nécessaires pour dresser un bilan précis du passage de Chido dans les nombreux quartiers informels de Petite-Terre et Grande-Terre, les deux îles qui composent l'archipel. Les premières informations diffusées jusqu'en milieu de journée, dimanche, concernaient essentiellement l'agglomération de Mamoudzou et Petite-Terre, où se trouve l'aéroport. Les dimensions de Grande-Terre, malgré son nom, sont modestes (une quarantaine de kilomètres de long sur une vingtaine de large), mais le réseau routier y est peu dense et certains villages se trouvent sans doute encore coupés du monde. La géographie mahoraise ne facilite pas l'organisation des secours. Le département est distant de 1.500 kilomètres de La Réunion, l'autre terre française de la région, d'où sont organisées une partie des opérations. L'aéroport de Mayotte a été durement touché, sa tour de contrôle a été dévastée et la date de la reprise des vols commerciaux en provenance de La Réunion ou à destination de Paris n'est pas connue. Les avions militaires peuvent toutefois se poser sur la piste de Pamandzi. La priorité des autorités est de rétablir la circulation entre le port de Longoni et Mamoudzou, d'une part, et les rotations des barges qui font quotidiennement la navette sur le lagon, entre Petite-Terre et Grande-Terre. Les forces de l'ordre sont, de plus, confrontées à des pillages de commerces, d'entreprises et de maisons éventrées, phénomène dont l'ampleur n'est pas mesurée à cette heure. Prise de conscience Une partie de la population mahoraise s'apprête à vivre les jours difficiles d'après-cyclone, accueillis par des proches pour ceux qui ont perdu leur toit, dans l'attente du rétablissement des réseaux : électricité, téléphone et surtout eau potable, élément vital pour la sécurité sanitaire dans une situation aussi dégradée. De nombreux habitants des bidonvilles ont trouvé refuge dans des centres d'hébergement aménagés à la hâte, notamment dans des écoles. Le passage de Chido coïncidant avec le premier jour des vacances scolaires d'été, qui vont durer un mois, on peut penser que ces établissements ne vont pas désemplir au cours des prochaines semaines. L'archipel est aussi le département le plus jeune de France : la moitié de la population est mineure. LIRE AUSSI : ENQUÊTE - Les îles d'outre-mer, premières victimes françaises du changement climatique Le relogement des dizaines de milliers de personnes, qui ont tout perdu dans la destruction de leurs modestes cases en tôles, annonce des problèmes vertigineux. Les sinistrés sont en grande partie des clandestins, qui se heurtent à l'hostilité grandissante des Mahorais. Le département avait connu en début d'année plusieurs semaines de paralysie et de manifestations contre l'immigration illégale. Alors que les appels à la solidarité nationale se multiplient, les Mahorais les plus anciens entretiennent peut-être un espoir. C'est après le passage du cyclone Kamisy, en 1984, que Paris avait pris la mesure des attentes de l'île qui avait refusé de suivre les Comores sur la voie de l'indépendance. L'Etat avait commencé à débloquer des crédits pour mettre Mayotte sur la voie du développement, qui allait aboutir à sa transformation en département en 2011. Chido, encore plus dévastateur que Kamisy, aura-t-il le même effet ?

By |2024-12-17T09:03:19+00:00December 17th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Syrie : les chiffres vertigineux d’une économie à totalement reconstruire

Tout est à reconstruire ou presque en Syrie. Le Premier ministre de transition, Mohammed Al-Bachir l'a reconnu implicitement mercredi dans une interview au quotidien italien « Corriere della Sera ». Il a appelé les Syriens de l'étranger à rentrer. « Leur capital humain, leur expérience permettront au pays de prospérer […] Revenez. Nous devons reconstruire, renaître et nous avons besoin de l'aide de tous », a-t-il déclaré. Avec la chute de Bachar Al-Assad, « la communauté internationale dispose désormais d'un important levier pour planifier la reconstruction du pays. Mais aucune entité ne sera en mesure de diriger efficacement le pays sans dépendre presque totalement de l'aide étrangère. La priorité sera de s'assurer que la reconstruction se déroule avec plus de succès que celle de l'Irak ou de l'Afghanistan », avertit dans une note publiée mardi Kirsten Fontenrose, chercheuse à l'Atlantic Council. De leur côté, les économistes de Barclays ont souligné cette semaine un facteur positif : « L'un des actes marquants d'Al-Joulani pour faire pencher la balance dans la guerre a été sa capacité à rétablir les services locaux dans les zones contrôlées par les rebelles, de la collecte des déchets aux transports, aux communications et aux produits de base, rassurant ainsi les résidents locaux et les représentants étrangers. » C'est peut-être un signe. LIRE AUSSI : Syrie : comment la transition politique s'organise DECRYPTAGE - Comment la Turquie espère profiter de la nouvelle donne en Syrie Après treize années de conflit, la Syrie est exsangue. Dans un rapport publié au printemps dernier, la Banque mondiale estimait que le produit intérieur brut (PIB) du pays avait diminué de 54 % entre 2010 et 2021. Mais, reconnaît-elle, la situation réelle est certainement bien plus catastrophique. En recourant à des données satellitaires de la Nasa, l'analyse des points lumineux de la Syrie (ampoules électriques et torchage du gaz), elle avance plutôt le chiffre d'un recul de 84 % entre 2010 et 2023. Avant la guerre civile, la Syrie était considérée comme un pays à revenu intermédiaire à forte croissance. Son profil économique actuel est celui d'un pays à faible revenu, selon la classification de l'institution multilatérale. La production pétrolière du pays n'est plus que l'ombre d'elle-même. L'observation du torchage nocturne du gaz révèle que, en 2023, la production a encore reculé de 6 %. Si en 2010, la production d'or noir s'élevait à 383.000 barils par jour, elle n'était plus que de 90.000 barils par jour l'an dernier, selon l'Administration américaine de l'information sur l'énergie. LIRE AUSSI : PORTRAIT - Qui est Abou Mohammed Al-Joulani, le chef de la coalition djihadiste qui a fait chuter Bachar Al-Assad ? Côté agriculture, secteur majeur de l'économie syrienne avant le début du conflit, la situation n'est guère plus brillante. Entre 2001 et 2007, par exemple, la production nationale de blé s'élevait en moyenne à environ 4 millions de tonnes. Après un creux historique en 2022 (1 million de tonnes), la production a rebondi l'an dernier pour s'établir à 2 millions de tonnes. Le conflit a endommagé les infrastructures et les systèmes d'irrigation. Un commerce en berne L'effondrement de la production agricole et industrielle nationale a logiquement accru la dépendance de la Syrie aux importations. Entre 2011 et 2023, les importations ont couvert près de la moitié de la consommation nationale de pétrole et environ un tiers de la consommation de céréales. Reste que le commerce extérieur du pays s'est effondré en une décennie. Selon la Banque centrale de Syrie, les exportations de biens ont diminué de 8,8 milliards de dollars en 2010 à seulement 1 milliard de dollars en 2023, les ventes de pétrole représentant la plus forte baisse des exportations. Les importations, elles, sont passées de 17,5 milliards de dollars en 2010 à 3,2 milliards de dollars en 2023, selon les statistiques officielles.  Le captagon, drogue illégale à base de fenéthylline devenue populaire au Moyen-Orient, est peut-être le secteur le plus précieux du commerce syrien. Les ventes du pays se seraient élevées aux environs de 5,6 milliards de dollars entre 2020 et 2023. Les bénéfices des acteurs basés en Syrie ou liés à la Syrie s'élèveraient à « près du double des revenus générés par toutes les exportations syriennes licites en 2023 », souligne la Banque mondiale. Chute de la monnaie Face à cette détérioration de l'économie, les recettes budgétaires du pays n'ont pas cessé de reculer. Elles ont baissé de 85 % par rapport à 2010. Entre 2011 et 2023, le déficit budgétaire annuel de la Syrie a atteint en moyenne 11 % du PIB. L'effondrement du commerce, l'expansion de l'économie souterraine et l'affaiblissement des capacités administratives de collecte des impôts expliquent ces piètres résultats. Faute de rentrées d'impôt, les dépenses budgétaires ont logiquement reculé de 87 % entre 2010 et 2023. La livre syrienne, quant à elle, n'a cessé de se déprécier . Son taux de change officiel a été divisé par 270 par rapport au dollar américain, atteignant 12.562 livres syriennes pour un dollar l'an dernier, contre 47 en 2011. Sur le marché noir, la monnaie s'échange même à un peu plus de 14.000 livres pour un dollar. L'effondrement de la monnaie nationale s'est traduit par une inflation galopante exacerbée également par les réductions des subventions de l'Etat à l'essence et aux produits pharmaceutiques. Pour l'année 2023, l'inflation culminait ainsi à 115 %. Dans de telles conditions, la pauvreté (personnes vivant avec moins de 3,65 dollars par jour), pratiquement inexistante avant le conflit, touchait, en 2022, 69 % de la population, soit environ 14,5 millions de Syriens. Pour les analystes, l'économie syrienne pourrait mettre une décennie à surmonter les turbulences de la guerre civile. Avec une importante diaspora d'expatriés fortunés et l'aide de la communauté internationale des organisations internationales prêtes à intervenir, le pays peut espérer un rebond.

By |2024-12-17T09:02:27+00:00December 17th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Instagram : le sulfureux business de la récupération de comptes

Sur LinkedIn, les entrepreneurs sont plutôt du genre à se gargariser et à ne partager que les bonnes nouvelles. Quand Cédric O'Neill, fondateur de la proptech Bricks.co - start-up d'investissement immobilier - pousse un coup de gueule, il ne passe pas inaperçu. « Après quatre ans à développer le compte Instagram de Bricks.co, à y consacrer des heures infinies pour vulgariser l'investissement immobilier et apporter de la valeur à nos 400.000 utilisateurs, notre compte a été supprimé du jour au lendemain, sans raison apparente, sans avertissement et sans recours concret. » Même mésaventure pour Tanja Miletic, qui propose des formations en finances personnelles. « On a suspendu mon compte. Puis il a été désactivé de façon définitive », raconte aux « Echos » la jeune femme, qui assure être contactée toutes les semaines par d'autres entrepreneurs dans cette situation. Sur les réseaux sociaux, un compte peut être suspendu puis banni à la suite de signalements. « Il est possible de signaler des publications ou commentaires inappropriés, ou des personnes enfreignant nos règles de la communauté ou nos conditions d'utilisation dès que vous les constatez au moyen des fonctionnalités de signalement intégrées », est-il précisé sur le site d'Instagram. Parmi les contenus non autorisés, on trouve les arnaques, la violence, l'exploitation sexuelle ou encore les discours haineux. Il est aussi possible de signaler les cas d'usurpation d'identité ou les profils qui appartiennent à un enfant de moins de 13 ans. Une pratique facilitée par le règlement européen sur les services numériques (DSA), entré en vigueur en août 2023. Signalements « malveillants » en masse Les grandes plateformes en ligne (plus de 45 millions d'utilisateurs en Europe) sont ainsi tenues de proposer aux internautes un outil leur permettant de signaler facilement les contenus illicites. Cette fonctionnalité de signalement a des avantages mais aussi des faiblesses puisqu'il existe des méthodes pour automatiser des signalements sur Instagram, et ce, en masse. Des particuliers ainsi que des groupes en ont fait un véritable business et se font rémunérer pour signaler des comptes selon certains critères. Il est possible de trouver facilement des tutoriels et des conseils pour automatiser cette tâche. « Mon ami et moi-même allons créer un robot Instagram qui bloquera chaque compte de plus de 10.000 followers ainsi que les comptes qui ont certains mots dans leur bio/nom tels que 'quotidien' ou 'Jésus'. […] La raison : j'en ai assez des influenceurs », écrit ainsi un internaute sur le réseau social Reddit. LIRE AUSSI : EN CHIFFRES - « C'est une vraie économie » : les créateurs de contenu créent aussi des emplois et engrangent des milliards DECRYPTAGE - Ce que le DSA change en pratique pour le grand public Cédric O'Neill assure n'avoir jamais eu d'explications de la part de Meta - le propriétaire d'Instagram - sur la suppression de son compte. « J'ai contacté quelqu'un du support. Il a ouvert un ticket [l'enregistrement d'une tâche en informatique, NDLR], mais Meta n'a rien fait pour moi », raconte de son côté Tanja Miletic. « Il m'est arrivé exactement la même chose en 2021. J'ai tout essayé. Pareil, impossible de récupérer le compte ! Courriers d'avocats, etc. On m'a parlé d'un concurrent malveillant qui aurait payé des signalements en masse », témoigne sur LinkedIn Adrien Hardy, un expert immobilier. Difficile de savoir si les signalements sont justifiés, en particulier dans des domaines comme l'investissement (Bourse, immobilier, etc.), où la ligne rouge est parfois franchie par les entrepreneurs et créateurs de contenus. Ou s'ils ont été réalisés par des robots. L'absence de justification illustre en revanche la lenteur voire l'inaction des services d'assistance de grandes plateformes comme Instagram et Facebook. Avec plus de 2 milliards d'utilisateurs chacun, ces géants de la tech n'arrivent plus à maîtriser leur propre machine. Règlement au comptant ou en crypto Mais le coup de gueule de Cédric O'Neill ne s'arrête pas à cette suppression de compte, restée selon lui sans justification de la part de Meta. Dans un entretien au podcast « Silicon Carne » - auquel « Les Echos » ont participé - l'entrepreneur raconte avoir cherché à remettre la main sur ce compte, qui lui apporte de la visibilité et des revenus. Plusieurs internautes lui parlent alors d'une mystérieuse solution. « Si tu le souhaites, j'ai un contact qu'on m'avait transmis pour le déblocage de mon compte, cela n'est pas donné mais utile », lui a soufflé une entrepreneuse qui lui transmet dans la foulée un numéro de téléphone français. On s'est posé la question de payer ou pas car on faisait 60 % de notre chiffre d'affaires via Instagram. David Cohen, dirigeant du site d'e-commerce Clarosa Même processus pour David Cohen, alors à la tête de Clarosa, un site d'e-commerce de chaussures. Un mystérieux prestataire lui promet de rétablir son compte pour la modique somme de 15.000 euros. « On s'est posé la question de payer ou pas car on faisait 60 % de notre chiffre d'affaires via Instagram », témoigne le dirigeant, qui a fini par négocier le prix à 12.000 euros. Le paiement s'est fait en espèces par coursier. Une semaine après, le compte était débloqué. Difficile de savoir si c'est ce fameux prestataire qui a rétabli le compte ou Instagram lui-même. Tanja Miletic, elle, a vu son compte suspendu à deux reprises. Elle a fait deux paiements : le premier de 700 dollars et l'autre de 1.000 euros. Un « prestataire » français lui a même demandé 4.500 euros ! « Le tarif varie en fonction du pays. J'ai trouvé quelqu'un en Turquie qui pouvait me débloquer le compte pour moins cher », raconte-t-elle. 5.000 dollars pour moins de 100.000 abonnés Ces « magiciens » envoient des messages bien marketés aux entrepreneurs, avec un prix, des délais de résolution du problème (24 à 72 heures en général) et les modes de paiement acceptés (cryptomonnaie, virement bancaire ou PayPal). « Les prix sont standardisés, moins de 100.000 followers c'est 5.000 dollars, plus de 500.000 c'est 10.000 dollars », indique Carlos Diaz, hôte du podcast « Silicon Carne ». Dans un article de ProPublica, un certain OBN assure avoir touché plusieurs centaines de milliers de dollars avec ce business. Selon les personnes interrogées, ces « prestataires » n'agiraient pas seuls et bénéficieraient de l'aide de salariés de Meta. L'interlocuteur de Cédric O'Neill lui a ainsi demandé de fournir des informations pour envoyer « tout à son contact chez Instagram ». « Tu peux compter sur moi pour un process pro et rapide », écrit l'interlocuteur. « Update [mise à jour, NDLR] : j'ai envoyé à différents contacts qui travaillent chez Meta et qui peuvent s'occuper de ton compte. J'attends encore quelques retours pour prendre celui qui donne le tarif le plus bas », répond-il plus tard. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Comment obliger les réseaux sociaux à combattre le fléau des arnaques à l'investissement ? Un autre mystérieux interlocuteur a envoyé à une entrepreneuse un message titré : « Récupération via Meta Insider (employé) ». « Je dois payer le gars en USDT [cryptomonnaie tether, NDLR], actuellement j'en ai pas [sic], donc il faut que je fasse un transfert demain… tu peux payer au résultat si tu veux », explique un autre dans un message WhatsApp précisant qu'il prend une marge de 500 euros sur les 3.000 euros facturés. Contacté, la maison mère d'Instagram indique aux « Echos » que « seulement Meta, par le biais de [ses] canaux officiels et de [ses] équipes d'assistance, a le pouvoir d'examiner et de rétablir les comptes Instagram qui ont été désactivés ou supprimés, et ce gratuitement ». « Nous conseillons vivement aux utilisateurs de ne verser aucune somme à une entreprise ou un individu prétendant pouvoir rétablir directement des comptes contre de l'argent », ajoute Meta. « Professionnels » des réseaux sociaux Ce phénomène n'est pas nouveau, comme l'a révélé le « Wall Street Journal » en 2022. Meta aurait licencié ou sanctionné une vingtaine d'employés pour avoir enfreint les règles et, dans certains cas, accepté des pots-de-vin pour récupérer des comptes Instagram. Ils seraient passés par l'outil de récupération de comptes interne de Meta, « Oops » (Online Operations). Lancé peu après la création de Facebook, le système était initialement réservé aux célébrités, aux proches des salariés ou aux relations de Mark Zuckerberg. Il est aussi parfois utilisé pour prendre le contrôle du compte d'une personne décédée. Certains intermédiaires sont assez mystérieux, d'autres ont des profils publics sur les réseaux sociaux. Dans tous les cas, les entrepreneurs interrogés n'ont jamais échangé de vive voix avec eux, seulement par le biais de la messagerie WhatsApp. L'un d'eux dirige une agence immatriculée à Dubaï qui propose d'« automatiser votre croissance Instagram ». Il encaissait l'argent sur le compte [en banque] de sa mère. Tanja Miletic, entrepreneuse dont le compte Instagram a été suspendu deux fois Contacté, il confirme aux « Echos » passer par des salariés de Meta « depuis des années » et minimise l'illégalité de cette activité. « Ce n'est pas abusé, lâche-t-il, à aucun moment je ne fais des menaces ou de l'extorsion. » Au passage, il pointe du doigt Instagram : « Il n'y a pas assez de monde à la modération et il n'y a pas vraiment de support client. » Un autre, sous pseudo et qui n'a pas de mentions légales sur son site (uniquement un contact WhatsApp et Instagram), propose des programmes et des guides pour aider « les grands influenceurs, artistes, et entreprises à protéger leur présence sur les réseaux sociaux ». D'autres sont beaucoup moins « professionnalisés ». N'ayant pas retrouvé accès à son compte deux semaines après avoir payé, Tanja Miletic a déposé plainte et lancé une procédure de rappel de fonds auprès de sa banque. « Il encaissait l'argent sur le compte de sa mère », indique la jeune entrepreneuse. On trouve toujours de tout sur Internet.

By |2024-12-17T09:01:13+00:00December 17th, 2024|Scoop.it|0 Comments