Le règlement ePrivacy réduirait le marché publicitaire aux seuls acteurs du Web qui collectent des données sans passer par les cookies. Un coup dur pour les médias dont le modèle économique repose en partie sur la publicité ciblée.

« Il y a ce qui se voit et ce qui ne se voit pas. » Cette formule de l’économiste français Frédéric Bastiat illustre parfaitement la polémique autour  du projet de règlement européen ePrivacy. Prévu pour entrer en application en mai 2018, le texte est actuellement en discussion entre la Commission, le Conseil et le Parlement européens.

« Ce qui se voit », ce sont les motivations tout à fait respectables du projet, qui vise à mieux protéger les données relatives à la navigation des internautes. Actuellement, les internautes donnent leur consentement pour les cookies (ces petits bouts de code spécialisés dans l’enregistrement des données de navigation) sur chaque site consulté.

Le projet de règlement prévoit de demander l’accord des internautes une seule fois, lors de leur première connexion à leur navigateur. C’est beaucoup trop simple. L’option sélectionnée par défaut étant le refus, il y a fort à parier que peu d’internautes feront le choix contraire.  Le règlement ePrivacy, s’il était voté en l’état, acterait donc la quasi-disparition des cookies en Europe.

Tout pour les Gafa

« Ce qui ne se voit pas », ce sont les conséquences sur l’économie d’Internet et le pluralisme de l’information. En effet, la mise en oeuvre de cette directive impliquerait un avantage inédit et décisif en matière de collecte de données personnelles offert aux fameux Gafa (Google, Amazon, Facebook, Apple), mais aussi un coup (fatal ?) porté au pluralisme de l’information. Car priver les médias des cookies et donc des publicités ciblées, ce serait saborder leur modèle économique.

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