C’était il y a tout juste deux ans. Sa dernière chronique, lancée comme un appel à la résistance. « Je m’en vais et je veux que vous me rejoigniez… » Ce 26 novembre 2016, dans les colonnes du Financial Times, Lucy Kellaway, une des vedettes du journal, annonçait trois choses : qu’elle démissionnait après trente et un ans à travailler pour le prestigieux quotidien anglais des affaires ; qu’elle devenait professeure de maths ; et qu’elle créait NowTeach, une fondation pour aider ceux qui s’étaient accomplis en entreprise à devenir enseignant dans des écoles publiques en difficulté. Son appel résonne encore, aujourd’hui, sur le site de la fondation : « Vous avez eu une carrière à succès. Maintenant faites quelque chose de plus important ! Enseignez ! »

Pour le Financial Times, semaine après semaine, elle disséquait jusqu’alors la vie des cadres sup dans leur habitat naturel – les salles de réunion, les open-space… –, raillait la pensée en PowerPoint, les chartes et missions d’entreprise, l’engouement pour la disruption, la bienveillance, ou n’importe quel autre concept managérial en vogue. Elle a anticipé la crise de sens de la vie de cadre avant même que l’expression « bullshit job », créée voilà cinq ans par l’anthropologue David Graeber, ne soit à la mode. Elle a déconstruit, observe-t-elle, jusqu’à avoir envie de construire.

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