Le chien était sympa. Le maître aussi. A l’heure du goûter, Yassine a toqué à la porte d’un bel immeuble du quartier Opéra, à Paris. Dans l’appartement cossu, un shar-peï de taille moyenne attendait tout excité l’heure de sa promenade du soir. Une heure de balade contre 12 euros. Un petit complément de revenu pour Yassine, postier le matin et dingue d’animaux à l’année ; une aubaine pour le propriétaire, trentenaire surbooké. L’affaire s’est conclue par le biais de Rover, une plateforme américaine de réservation de  dog-sitters et autres dog-walkers, fraîchement débarquée en France. Yassine promène Médor en solitaire. D’autres baladent à Montmartre ou aux Tuileries de turbulents attelages canins. Une habitude que l’on croyait réservée à l’élite new-yorkaise de l’Upper East Side.

Jamais la Ville Lumière n’a autant attiré les plus riches. Selon le Barnes City Index 2019, elle est même depuis peu la ville la plus attrayante du monde pour les plus grandes fortunes de la planète (plus de 30 millions de dollars de patrimoine) devant New York, Tokyo, Los Angeles, Hongkong et Londres ! « Paris est devenue une ville de riches, excluant progressivement les plus pauvres, rejetés bien au-delà du périphérique, ou les parquant dans des zones dédiées aux HLM, barrière invisible à la gentrification. La mixité célébrée par Doisneau ou Ferré constituait pourtant sa richesse symbolique » se désole la sociologue Monique Pinçon-Charlot, spécialiste de la grande bourgeoisie.

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