C’est l’un des plus grands fonds de capital-risque américains, et il a désormais pignon sur rue en Europe. Sequoia, le fonds qui a investi avant tout le monde dans Google et a osé dès 1978 miser 150.000 dollars sur un fabricant de PC alors peu connu qui s’appelait Apple, a désormais un appétit d’ogre pour les start-up européennes. A tel point que le fonds qui a parié sur Stripe, YouTube, Airbnb ou encore WhatsApp, et qui vient tout juste d’investir dans la Fintech française Pennylane, dispose depuis peu d’un bureau à Londres.

« C’est vraiment une évolution naturelle, explique Luciana Lixandru, recrutée en mars 2020 chez Accel par Sequoia afin d’orchestrer son lancement en Europe depuis septembre. Il y a nettement plus d’opportunités qu’avant ! Le marché européen a tellement évolué et gagné en maturité qu’il produit désormais des leaders dans leur catégorie. Comme nous voulons les repérer tôt, cela a du sens d’être sur place. Pour les aider, nous pensons aussi que la proximité physique est importante. »

Plus d’un millier d’investissements
Sequoia investit déjà depuis plus de dix ans en Europe, où il a pris des tickets dans des entreprises comme Klarna (paiements), Unity (plateforme de développement de jeux vidéo), Graphcore (semi-conducteurs), Skyscanner (agence de voyage en ligne), Tourlane (voyages sur mesure) ou encore UiPath (robotique). Mais la société de capital-risque est arrivée trop tard pour investir dans le spécialiste de l’intelligence artificielle britannique DeepMind, acheté par Google en 2014, ou le concepteur de puces britannique ARM, en cours d’acquisition par Nvidia. Et sur plus d’un millier d’investissements réalisés au total par Sequoia, seulement une vingtaine l’ont été en Europe.

On ne change pas une formule qui gagne : le VC reste concentré sur les entreprises ayant les moyens de devenir des leaders mondiaux, et en particulier celles qui cherchent à s’attaquer au marché américain. Et il cible celles qui sont capables d’« être là pour des générations », mais aussi « de bouleverser la façon dont les consommateurs consomment, ou de transformer celle dont les entreprises gèrent leur business », explique Luciana Lixandru. Bref, sur les Apple et les Google de demain, fussent-ils européens.

Pas de limites pour investir
« Nous investissons à tous les stades de développement, mais idéalement nous cherchons à investir en amorçage ou en série A, puis à accompagner les entreprises sur la durée », autrement dit non pas pour 5 ou 7 ans, mais pour 15 ou 20 ans. Les fonds sont les mêmes pour investir aux Etats-Unis et en Europe. Et même si Sequoia s’étend désormais sur deux géographies, « il y a une seule équipe et un seul partnership ».

Aucune limite n’a été fixée à l’équipe de quatre associés basés à Londres pour investir en Europe, ni en nombre d’opérations ni en montant. « Si c’est 20 deals, nous en ferons 20, si c’est 2 nous en ferons 2 », disait récemment Luciana Lixandru au site spécialisé Sifted. Les tickets peuvent osciller entre 100.000 dollars et 100 millions de dollars.

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