Le violent conflit ayant opposé Liliane Bettencourt, décédée en 2017, à sa fille Françoise, a profondément marqué la famille héritière du groupe de cosmétiques L’Oréal. Les deux fils de Françoise gèrent aujourd’hui leur vie et leur fortune de façon beaucoup plus discrète. Et apaisée.

Le 6 décembre 2010, une mère et sa fille se retrouvent pour une réunion de famille d’un genre très particulier. Ni tasse à thé ni petits gâteaux pour agrémenter ce rendez-vous, mais un avocat, Me Pascal Wilhelm, stylo à la main et un document de vingt-huit pages posé devant lui, dont il fait la lecture pour approbation. Liliane Bettencourt, 88 ans, première fortune de France, et sa fille unique, Françoise Bettencourt Meyers, 57 ans, paraphent chaque page, annexes comprises. Ce protocole rédigé dans le secret, clôt juridiquement la guerre qui les a opposées, au grand jour, trois ans plus tôt.

En signant ce texte, que Le Monde a pu consulter, Liliane Bettencourt, héritière du fondateur du groupe L’Oréal, Eugène Schueller, rend les armes. Elle accepte un « mandat de protection future », une mise sous tutelle qui l’empêchera à l’avenir de disposer de ses biens et de son argent à sa guise. En échange, elle obtient que François-Marie Banier, le photographe malin et mondain dont elle s’était entichée au point de lui donner pour 1 milliard d’euros de cadeaux, soit autorisé à garder les fruits de cette folle générosité.

Soupçons d’escroquerie, de manipulations
Mère et fille s’engagent, par ailleurs, à se désister de toutes les actions juridiques entamées les années précédentes. Enfin, Jean-Pierre Meyers, époux de Françoise et gendre mal aimé de Liliane, est désigné directeur général de Téthys, la holding familiale, et de Clymène, le « family office » chargé de gérer les milliards générés par le géant des cosmétiques. Une transmission des pouvoirs codifiée ligne à ligne par un homme de loi dans un climat de méfiance aussi totale que réciproque : du jamais-vu à un tel niveau dans l’histoire du capitalisme français.

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