Critiqué pour son impact environnemental, l’avion n’a plus la cote auprès des jeunes générations, qui lui préfèrent, du moins en principe, le train. Et les Suédois, jamais à court d’idées, ont trouvé un mot pour désigner cette tendance : le « tågskryt ». 

 Victor Mottin
– 21 juillet 2022

«  Tu pars où cet été ?  » À chaque « pause clope », on y revient : la team Bretagne explique  les vertus de l’eau glacée du Morbihan aux mordus de la Côte d’Azur, les juillettistes prêchent la bonne parole auprès des aoûtiens et les randonneurs de l’extrême se gaussent des adeptes du « farniente option feignasse ». Dates de départ, activités, destinations… Quand on parle de vacances, tout est bon pour débattre. Un sujet risque pourtant d’animer plus qu’à l’accoutumée ces sempiternelles causeries : le choix du mode de transport.

L’aviation, un mode de transport de plus en plus critiqué
En première ligne de ces nouvelles controverses, l’aviation, élevée au rang de moyen de locomotion « le plus polluant ». Au fil des années, l’impact climatique du secteur aéronautique s’est en effet imposé dans le débat public, au point qu’il est devenu difficile d’ignorer qu’un kilomètre parcouru en Airbus est 45 fois plus nocif pour l’environnement que s’il était effectué à bord d’un train à grande vitesse, selon les données de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

« Pro-rails VS pro-réacteurs », un avant-goût des futurs octogones verbaux organisés sous l’égide de la machine à café ? Pas si sûr. Comme le rappelle le magazine Forbes, « les préoccupations liées à l’urgence climatique dans un monde post-pandémique semblent remettre l’accent sur des formes de voyage plus lentes et une approche différente des déplacements quotidiens ». En d’autres termes, nous risquons de culpabiliser à l’idée de prendre l’avion. Pour qualifier ce sentiment, les Suédois ont même inventé un terme il y a déjà quelques temps : le « flygskam » (ou avi-honte, excuse my french).
Une tendance qui s’exporte (modestement) dans l’Hexagone. Ainsi, une étude, rendue publique en juin 2022 et réalisée par la Fondation Jean-Jaurès et l’IFOP, souligne qu’après les prix élevés et les difficultés d’accès à un aéroport, l’impact de l’aviation sur l’environnement représente la troisième raison dissuadant les Français d’opter pour ce mode de transport (27 % des 18-24 ans en font même une raison prioritaire).

Fier de prendre le train
Dans ce contexte, difficile d’assumer son aller-retour semestriel aux Bahamas ou de crier haut et fort son amour des plateaux repas AirFrance. A contrario, les partisans des wagons-bar SNCF, satisfaits de ne pas griller tous leurs efforts écolos de l’année dans un trajet de 4 heures, pourront s’en donner à cœur joie à base de hashtags #mobilitédouce.

Encore une fois, les Suédois nous ont gratifié d’un néologisme, le « tågskryt », pour définir cet état de fierté à l’idée de prendre le train plutôt que d’utiliser des moyens de transport moins écologiques.

Et France Info de rapporter, dans un papier publié en début de semaine, ces témoignages de voyageurs ayant décidé de réduire l’empreinte-carbone de leurs vacances.

Un changement de paradigme pris en compte par de nombreux États européens. Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a ainsi annoncé que les billets multi-voyages seront gratuits du 1er septembre à la fin de l’année. Le mois dernier, l’Allemagne a lancé un billet mensuel illimité à 9 € pour les transports publics pouvant être utilisé sur les transports locaux et régionaux dans tout le pays tandis que fin 2021, l’Autriche a introduit un « billet climatique » à prix fortement réduit, valable sur tous les modes de transport public du pays, dans le but d’encourager les gens à laisser leur voiture à la maison. En France, le « pass jeune TER », qui permettait aux 12–25 ans de voyager en illimité sur les trains express régionaux (en juillet et août) pour 29 euros par mois, n’est quant a lui pas reconduit.

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