Alléluia ! Vingt-huit ans après l’inauguration de la gare TGV de Roissy-CDG et le lancement de l’offre combiné « train + avion » d’Air France et de la SNCF, les forçats de l’intermodalité – ces millions de provinciaux qui doivent prendre le train pour prendre un vol à Roissy-CDG et Orly – verront bientôt leur peine allégée. A compter du 1er novembre, les clients du produit « train + air » d’Air France pourront enfin s’enregistrer en ligne pour la totalité de leur trajet et n’auront plus besoin d’aller récupérer un billet SNCF en gare.

Jusqu’à présent, les détenteurs d’un billet « train + avion » doivent en effet passer au guichet de la gare pour récupérer un billet cartonné aux armes de la SNCF. Une situation qualifiée d’« aberrante en 2022 » par la directrice générale d’Air France, Anne Rigail , qui devrait donc prendre fin cet hiver, avec la généralisation du billet numérique unique, testé avec succès depuis un an sur Lille et Strasbourg.

Enfin un billet unique train + avion
« Nous allons l’élargir à toutes les lignes «train + air», a annoncé Anne Rigail, lors de la conférence «Les Etats de l’air». Il y en a 33 aujourd’hui [18 sur CDG et 15 sur Orly, NDLR] et nous allons en rajouter une dizaine au premier trimestre 2023. » De quoi renforcer l’attractivité d’une offre intermodale, qui reste aujourd’hui largement ignorée.
Aujourd’hui encore, 87 % des 770.000 passagers d’Air France arrivant en train à Roissy-CDG ont acheté séparément leurs billets de train et d’avion. Seulement 13 % ont recours à l’offre combinée, qui présente pourtant l’avantage de pouvoir être recasé sur un autre vol ou un autre train, en cas de retard. En incluant les autres compagnies aériennes, le total des passagers en correspondance directe « train + air » grimpe à 3 millions, sur les 15 millions de passagers transitant par la gare de Roissy-CDG. Mais la plupart passent par une gare parisienne avant de se rendre à Roissy.
Et rien que pour Air France, 4,5 millions de passagers continuent d’opter pour des correspondances régionales en avion, qui présentent l’avantage d’être incluses dans le prix du vol long-courrier, avec des horaires adaptés, des indemnités en cas de retard et la possibilité d’enregistrer les bagages de bout en bout, dès l’aéroport de départ. Ce que le « train + avion » n’est toujours pas en mesure d’offrir.

Le problème non résolu des bagages
« Le sujet des bagages est compliqué, explique Anne Rigail. Il fut une époque où nous proposions l’enregistrement de bout en bout, à Strasbourg, mais les coûts de manutention n’étaient pas tenables. Pour autant, c’est une demande forte de nos clients… La première réponse pourrait être de pouvoir déposer le bagage dès la descente du train. Mais cela suppose des aménagements dans les rames et dans les gares… »
Des aménagements qui ne sont malheureusement pas d’actualité, même si du côté des aéroports de Paris, beaucoup a déjà été fait pour favoriser les transferts train-avion. « La plupart des infrastructures nécessaires ont été décidées ou sont sur le point de l’être, souligne Edward Arkwright , directeur général exécutif du groupe ADP.

Les infrastructures déjà prévues à Roissy et Orly
« A Roissy, nous avons déjà la ligne TGV, qui sera renforcée, d’ici à la fin de la décennie, par la desserte de la Picardie et des sillons supplémentaires, si le projet de tronçon Massy-Valenton se débloque, explique-t-il. Nous aurons aussi le CDG Express et la ligne 17. La gare de Roissy, qui fait déjà 15 millions de passagers, devrait ainsi doubler de taille d’ici à 2030. A Orly, nous aurons la ligne 14 en 2024 et la ligne 18 en 2027 ou 2028, qui ira peut-être jusqu’à la gare TGV de Massy, poursuit le directeur général d’ADP. Cela pourrait ouvrir la voie à une nouvelle gare à Pont de Rungis ou à Massy. »

Toutefois, si les infrastructures sont prévues, l’amélioration de l’expérience client ne semble pas aller au même rythme. La possibilité d’éviter au passager de devoir traîner ses valises du train jusqu’aux comptoirs d’enregistrement, en installant, par exemple, une dépose bagages en gare, se heurte toujours à des obstacles rédhibitoires.

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