Dans les prochains mois, le groupe dirigé par Tim Cook proposera des comptes d’épargne rémunérés à ses clients. (Nic Coury/Bloomberg)

Par Hortense Goulard, Publié le 18 nov. 2022 

Plusieurs grandes entreprises de la tech ont essayé de se lancer dans la finance, et la plupart s’y sont cassé les dents. Facebook a tenté de lancer sa propre monnaie numérique, baptisée Libra, puis Diem, avant d’y renoncer face à l’hostilité des régulateurs. L’année dernière, Google a de son côté mis fin à son projet Google Plex , qui permettait à ses clients d’ouvrir un compte d’épargne auprès de banques partenaires.

Pendant ce temps, Apple accélère. Mi-octobre, l’entreprise dirigée par Tim Cook a annoncé un nouveau partenariat avec Goldman Sachs. Dans « les prochains mois », le groupe californien proposera des comptes d’épargne rémunérés à ses clients et à ceux de la banque américaine.

Ce service permettra aux utilisateurs d’Apple Card « d’accumuler, au fil du temps, des récompenses quotidiennes en espèces, tout en économisant pour le futur », a commenté Jennifer Bailey, qui dirige les services Apple Pay et Apple Wallet.

Un succès progressif
Les efforts d’Apple pour percer dans la finance ont commencé il y a huit ans, avec le lancement discret d’Apple Pay. Les experts se montraient alors plutôt sceptiques, mais le service de paiement sans contact d’Apple s’est imposé au fil du temps. Aujourd’hui, les trois quarts des utilisateurs d’iPhone aux Etats-Unis l’utilisent, selon les estimations de Loup Venture.
Le groupe californien s’est appuyé sur ce premier succès pour commercialiser d’autres produits. Depuis août 2019, il dispose de sa carte bancaire, l’ Apple Card , proposée en partenariat avec Goldman Sachs. En juin dernier, il a décidé de se passer de partenaire pour lancer Apple Pay Later, qui permet aux utilisateurs de régler leurs achats en quatre fois sans frais.

Une alliance gagnante
Alyson Clarke, analyste chez Forrester, est convaincue que la stratégie d’Apple s’avérera payante. « Vous ne pouvez pas évaluer leurs produits de la même façon que des produits bancaires classiques, explique-t-elle. Apple veut que davantage de personnes entrent dans son écosystème, achètent plus de produits et profitent des services Apple. Ils n’ont pas besoin de faire de l’argent sur la carte de crédit ou sur un compte de dépôts. »
L’alliance avec Goldman Sachs leur permet par ailleurs d’éviter des complications légales. Le groupe californien n’a pas besoin d’obtenir une licence bancaire, par exemple.

Les régulateurs méfiants
Mais les régulateurs ne sont pas dupes. En France, l’Autorité de la concurrence a alerté l’an dernier sur la menace que représentent les Gafa pour la finance. Au Royaume-Uni, l’autorité financière, la Financial Conduct Authority (FCA), a ouvert une enquête le 24 octobre pour passer en revue les investissements des grandes entreprises de la tech dans la finance.
Dans un premier temps, les consommateurs pourraient bénéficier des nouveaux produits et services offerts par les Gafa, reconnaît le régulateur britannique. Mais, à terme, cela pourrait leur permettre « d’exploiter leurs écosystèmes » et d’y « enfermer » les consommateurs, s’alarme la FCA. Ce qui nuirait à la concurrence.
De tous les Gafa, Apple semble le mieux positionné pour percer dans la finance. « Apple se présente comme un champion de la confiance, du respect des données des utilisateurs et de la sécurité, explique Alyson Clarke. Avec l’Apple Card, Apple ne récupère 

La « banque sur mesure » d’Amazon
Les autres grands groupes de la tech pourraient encore investir pour rattraper leur retard. Amazon est sans doute le plus avancé. Mais le groupe fondé par Jeff Bezos « ne construit pas une banque traditionnelle, note le cabinet de conseil CB Insights dans un rapport. Amazon a pris des éléments clés de l’expérience bancaire moderne et il les a transformés en fonction des besoins de ses clients ».
L’entreprise de Seattle propose surtout des services de paiements en ligne, adaptés à son site d’e-commerce, ainsi que des produits bancaires classiques (carte de crédit, compte de dépôt et compte d’épargne) grâce à une alliance avec Chase. Sans se montrer aussi ambitieux qu’Apple pour l’instant.
A l’avenir, le groupe dirigé par Andy Jassy « pourrait faire plus s’il le voulait, estime Alyson Clarke. Mais je ne sais pas s’ils ont l’appétit en ce moment. » Quant à Google, son projet de compte bancaire a surtout été arrêté à cause de problèmes d’organisation interne. Il pourrait y avoir une opportunité pour le groupe de relancer un produit similaire, note l’analyste.

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