Pas d’autre choix possible, il faut percer. Pour prolonger sa nouvelle ligne de bus à haut niveau de service , baptisée « TEO », la ville de Saint-Brieuc doit couper en deux le rond-point Pablo-Neruda, situé sur le boulevard de l’Atlantique. Un chantier classique qui, dans la préfecture des Côtes-d’Armor, a pourtant agité les débats du Conseil municipal. En cause : le montant des travaux – 130.000 euros, selon la commune -, leur impact sur le commerce, mais aussi sur l’environnement, le carrefour végétalisé devant être rasé pour permettre le passage des bus.

L’affaire pourrait sembler anecdotique. Elle illustre pourtant la place centrale qu’occupent désormais les giratoires dans nos villes. Il faut dire que, depuis quarante ans, urbanistes et ingénieurs de l’équipement en ont semé partout. A l’entrée des zones d’activité, des lotissements, au milieu des carrefours… Au point que personne n’est plus en mesure d’en chiffrer leur nombre exact. 55.000 ? 65.000 ? Une chose est certaine : en la matière, la France est championne du monde et a même réussi, avec la crise des « gilets jaunes » , à faire du rond-point un symbole politique.

« Milliards engloutis »
Malgré cette omniprésence, le rythme de construction ne décélère pas. Entre 500 et un millier de nouvelles constructions sortent de terre chaque année. La Cour des comptes et des associations de contribuables se sont, à maintes reprises, alertées de cette inflation. Car cette originalité française à un coût : jusqu’à un million d’euros l’unité, auquel s’ajoutent les frais d’entretien, variables selon les ouvrages. Il y a près de dix ans, l’homme d’affaires Matthieu Pigasse , alors à la tête de la banque Lazard, s’indignait ainsi des « six milliards d’euros engloutis chaque année dans les ronds-points, dont deux dans leur seule décoration ». Une situation à peu près inchangée depuis.

Dans l’Hexagone, le rond-point s’est en effet érigé en véritable business, alimentant une filière économique hétéroclite composée de bureaux d’études, d’entreprises de travaux publics, de sociétés d’entretien d’espaces verts, et même d’étonnants spécialistes… de « l’art giratoire ». En Vendée, Jean-Luc Plé est l’un d’eux. Depuis plus de deux décennies, cet artiste fabrique des sculptures monumentales destinées à trôner au milieu des carrefours. A son actif, une quarantaine d’oeuvres uniques, dont « la Baigneuse » de Mers-les-Bains (Somme), les « Toucans » géants de Kourou (Guyane) ou les « Cagouilles charentaises », des escargots XXL imaginés pour la commune de Lorignac (Charente-Maritime).

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